broken crown (lola) -hot

Dès que Woody posa ses mains sur le corps de Lola, il sentit un courant électrique passer en elle, puis en lui. En eux. Il esquissa un sourire, sentant que peu à peu, il se rapprochait de l’objectif. L’objectif d’il y avait deux ans. Aujourd’hui, en allant lui parler, le physiothérapeute n’avait aucunement ce dénouement en tête, mais si au fond sa quête n’avait jamais été totalement terminée avec Lola, il ne reculerait pas maintenant qu’il était si près du but. Il répéta alors qu’à ses yeux, il n’était jamais trop tard, comme pour lui faire comprendre que même si elle lui avait fermé la porte deux ans auparavant, cela ne voulait pas dire qu’elle s’était verrouillée pour l’éternité. Ils n’avaient qu’à se donner la chance de la rouvrir, tous les deux. Traverser enfin de l’autre côté, voir ce que cet autre monde avait à leur offrir. Lola posa à son tour une main sur son corps, à plat sur son torse, avant de l’attirer contre elle pour mieux plaquer ses lèvres sur les siennes. Woody ne se fit pas prier pour partager ce baiser torride et envoûtant. À cause de leurs nombreuses jetées d’eau, les lèvres de la brunette goûtaient le sel de mer, assoiffant encore plus Woody. Il avait soif d’elle. Visiblement, il n’était pas le seul pour qui la température était montée en flèche, l’eau devenant presque bouillante à leur contact – métaphoriquement, bien sûr. Sa main avait escaladé son bras jusqu’à sa nuque, et Woody s’assura de bien retenir Lola contre lui pour qu’elle n’ait pas trop d’efforts à donner des jambes pour se maintenir hors de l’eau. Ses jambes à lui battaient sous l’eau, et sa main libre aussi, afin de les maintenir tous les deux à la surface. Lentement, il les porta jusqu’au catamaran toujours chaviré, et il posa sa main sur la coque renversée afin de trouver un appui qui le fatiguerait moins. Ses lèvres avaient finalement trouvé le chemin jusqu’au cou de Lola, et il commença même à guider ses baisers jusqu’à la poitrine de Lola, bien dévoilée par son haut de maillot de bain.

Si deux ans plus tôt, Lola s’était montrée réticente et même fermée à tout rapprochement entre eux, le vent avait véritablement tourné en l’espace de quelques heures. Maintenant, c’était elle qui s’agrippait à lui, passant ses jambes autour de ses hanches et le serrant contre son bas-ventre. Woody ne se ferait pas prier, cela faisait deux ans qu’il avait mis cette femme dans sa mire, et s’il avait pensé s’être éloigné de la cible et avoir laissé tomber la flèche, il se trompait. Il la voulait tout autant que vingt-quatre mois plus tôt, sinon plus maintenant qu’il était à deux doigts de l’avoir dans toute son intimité, et dans un contexte des plus chauds en plus. En effet, même s’ils étaient maintenant cachés derrière la coque du catamaran, du côté opposé aux vacanciers sur la plage, ils se trouvaient tout de même au beau milieu de ce lieu public. Des bateaux, des jet skis et autres embarcations nautiques passaient à quelques mètres d’eux. Il était carrément impossible que les gens ne remarquent pas ce qui était en train de se passer sous leurs yeux. Woody s’en fichait royalement, il n’avait rien à cacher, et à voir le corps de Lola qu’il goûtait de ses lèvres à coups de baisers torrides, elle non plus ne devait pas avoir peur de se révéler. Elle avait un corps à tomber et il ne se gênait pas pour le découvrir malgré le sel qui l’assoiffait à force d’embrasser sa peau mouillée. Lola releva la tête vers le haut, lui laissant libre accès à sa poitrine, et le jeune homme en profita pour s’aventurer sous son maillot, d’abord en haut, puis en bas. Après un moment à faire monter l’excitation entre eux deux, Woody se décida à retirer le bas du maillot de Lola, prenant soin de le lancer sur la toile du catamaran de sorte à ce qu’elle ne le perde pas dans l’océan, et baissa le sien, afin d’enlever toute distance entre leurs sexes impatients.

Si deux années auparavant ils avaient eu l’air de deux animaux sauvages, incapables de s’apprivoiser, cette fois ils étaient encore les mêmes félins mais partageant une intimité qu’ils ne se connaissaient pas. Leurs corps ne faisaient qu’un, et ils étaient complètement sur la même longueur d’ondes. Leurs pulsations cardiaques battaient au même rythme, leurs souffles se mêlaient l’un à l’autre et leurs mouvements s’enchaînaient comme s’ils avaient été répétés à de multiples reprises. Pourtant, Woody se doutait bien que bien que cette fois était leur première, elle serait aussi leur dernière. Le jeune homme avait sans doute bien été clair sur le fait qu’il ne s’attachait pas, et si Lola avait décidé de baisser sa garde aujourd’hui, c’était probablement parce qu’elle ne cherchait que ça, elle aussi. Un bref instant de bonheur, un petit moment d’extase. Des étincelles pour se rebooster le moral. Alors quand les deux arrivèrent à leurs fins, laissant s’échapper d’entre leurs lèvres un dernier soupir de contentement, Woody l’embrassa une dernière fois, comme pour sceller la fin de l’acte, et lâcha son emprise sur elle et sur la coque du catamaran afin de se retrouver seul à la surface de l’eau, battant doucement des jambes. Il plongea son regard dans celui de Lola, un mince sourire en coin. « J’savais bien que j’t’aurais un jour. » Déclara-t-il, vainqueur.

Il avait voulu la narguer, la mettre hors d’elle, en lui disant qu’il avait bien fini par l’avoir. C’était le jeu de Woody, ça. La chasse. Le plaisir de faire comprendre à sa proie qu’elle s’était faite avoir, qu’il s’était joué d’elle. C’était méchant, c’était malsain, et il ne s’expliquait même pas totalement pourquoi il agissait de cette façon. Après tout, il n’avait pas couché avec Lola dans le seul but de lui remettre en pleine face qu’elle n’avait pas su lui résister. Certes, c’était un motif parmi les autres, parce que l’instinct animal de Woody refaisait toujours surface à un moment ou à un autre, mais ce n’était pas l’unique raison. Il avait eu du plaisir avec elle, cet après-midi. Elle lui plaisait, autant physiquement que psychologiquement. Ils s’amusaient, se complétaient, s’alimentaient. Pourtant, maintenant qu’ils étaient passé à l’acte et qu’il ne restait plus rien d’eux, Woody ressentait ce besoin de reculer, de remettre la distance convenable entre eux. Comme s’il avait peur qu’elle s’attache ; ou que lui s’attache. Le jeune homme savait fort bien que l’amour n’était pas fait pour lui, il l’avait appris de la pire des manières. Il se protégeait donc, à coups d’idioties et de commentaires machistes, auxquels Lola répondit du tac au tac que ça lui avait quand même pris deux ans. Woody esquissa un sourire amusé. « Je préfère deux ans que jamais. » Répliqua-t-il, avant de regarder vers la plage. « Et si on tentait d’attirer leur attention pour de vrai, cette fois ? » Proposa-t-il en levant les bras en l’air, cherchant à avertir un employé qu’ils avaient besoin d’aide pour revenir à la terre ferme. Woody avait eu ce qu'il désirait, et il n'avait pas forcément envie de connaître la suite.

Woody esquissa un bref sourire à la réponse de Lola, qui préférait rentrer à la plage à la nage. Il hocha la tête. « Il faut bien que je reste en attendant que quelqu’un vienne chercher le catamaran … » Déclara-t-il. En même temps, c’était aussi bien, de cette façon il s’évitait d’avoir à lui dire au revoir, de la serrer dans ses bras une fois sur la plage, de se sentir obligé de la raccompagner chez elle peut-être. Woody n’était certes pas le plus grand des gentlemen, au contraire même, mais il avait quand même une certaine pression sociale vis-à-vis de ces stupides conventions. Assez pour le rendre parfois mal à l’aise, même quand il n’avait aucune intention d’être courtois. Lola s’approcha donc de lui une fois son maillot de bain remis en place, et elle l’embrassa sur la joue une toute dernière fois. « Au revoir, Lola. » Lança-t-il, comme pour laisser sous-entendre que cela pourrait se reproduire, mais c’était surtout pour jouer avec son esprit. Son regard et son sourire amusés le laissait bien paraître. La jeune femme lui tourna dos et s’en alla vers la plage, tandis que Woody attendit les employés du centre nautique qui ne tardèrent pas à arriver pour ramener l’embarcation nautique sur le sable. Woody put lui aussi, enfin, retourner à ses occupations.

FIN