too weird to live, too rare to die ▬ free

Une personne connaissant son passé serait facilement inquiète pour lui. Un suicidaire, mélancolique, dépressif, perché sur le haut d'une falaise à plus d'une centaine de mètres du sol. Sauf qu'Ezra n'est pas qu'une liste de mots qu'on prononce avec un frisson. Il n'est qu'un humain, un petit d'homme qui a eu envie de découvrir une des merveilles de Bowen. De là où il est, il découvre la ville comme jamais encore il n'a pas la voir. Minuscule, capable de tenir dans son poing, et si peu impressionnante. Enfin, beaucoup moins que quand il marche à travers ses rues. Les mains plongées dans les poches avants de son pantalon, Ezraël laisse la brise rafraîchir son visage échauffé par la montée de cette falaise. Il ferme les yeux et écoute les murmures du vent avant d'à nouveau porter son attention sur sa ville. Cette ville qu'il aime et qu'il déteste, celle qu'il voudrait quitter mais ne jamais abandonner. Il a déjà vécu ici, mais pas assez pour faire de lui un être entièrement complet. À coté de lui, l'étui de sa guitare est à moitié caché par les hautes herbes. Ces derniers temps, plus qu'avant encore, Ezra se sépare rarement de son instrument. Il a l'impression que jouer lui permet de mieux respirer, et que cet objet en bois est une petite partie de lui qu'il se doit de choyer. Il ouvre les yeux, s'assied en tailleur dans l'herbe, et libère la guitare de son étui. Pris d'une soudaine envie de faire résonner quelques notes dans ce silence trop omniprésent, il cale sa guitare entre sa cuisse et son bras, puis fait aller les cordes. Elles sonnent parfaitement, et le vent se calme comme si il était prêt à écouter Ezra. Alors, il joue pour lui. Il joue pour Bowen, pour qui peut l'entendre, mais aussi pour lui-même. Il enchaîne plusieurs accords et laisse en même temps son regard se perdre dans sa contemplation de la ville qui s'étend devant lui à des kilomètres.

La falaise. Cet endroit qui donne froid dans le dos à certaines personnes et qui fascine d'autres. Toi, tu ne sais pas réellement où tu te situes. D'un côté, tu aimes être en hauteur et avoir cette vue imprenable sur Bowen. D'un autre, lorsque tu es tout en haut, tu te sens comme légèrement étouffée. Comme si quelque chose t'empêchait de t'y rendre sans réellement savoir pourquoi ni comment. Quoi qu'il en soit, aujourd'hui c'est la fascination qui te gagne. Aujourd'hui, tu as simplement envie d'aller y faire un tour et de profiter de l'air frais qu'elle a à t'offrir, cette belle falaise. Alors tu grimpes et tu te retrouves rapidement tout en haut, contemplant cette magnifique ville qu'est Bowen. Cette ville que tu aimes tant et qui est ta maison à présent. Cette ville qui te rend meilleure - du moins un peu - et qui te change de jours en jours. Alors que la brise fait virevolter certains de tes cheveux, tu entends, non loin de toi, une guitare. Toi qui adores la musique et surtout, le chant, ça t'attire immédiatement. Même si tu n'as pas la prétention de dire que tu chantes bien, tu te débrouilles plus ou moins. Alors, en t'approchant, tu n'as envie que d'une chose, te joindre à ce jeune homme qui joue plutôt bien de la guitare, il faut l'avouer. « Je peux me joindre à toi ? » Demandes-tu en montrant sa guitare de la tête pour lui faire comprendre que tu aimerais beaucoup chanter lorsqu'il joue. Tu emploies immédiatement le tutoiement, après tout vous devez plus ou moins avoir le même âge tous les deux. Du moins tu en as l'impression.

Ezraël ne se qualifierait pas de timide, mais plus facilement d'asocial. Non pas qu'il refuse la présence des personnes qu'il connait, il adore passer du temps avec le peu d'amis qu'il a. Mais les inconnus, il a toujours eu du mal. Filles comme garçons, il les mettent mal à l'aise car Ezra, il a trop souvent été repoussé par le passé pour s'imaginer qu'on puisse s'intéresser à lui sans le connaître. Face à un étranger, il a trop souvent à être mal à l'aise, maladroit, peut-être même distant sans le vouloir. La seule chose qui arrive à détruire cette barrière entre lui et le monde, c'est sa guitare. La musique qui en sort, cette impression de pouvoir enfin contrôler une part de la réalité qui l'entoure. C'est pour cette raison que, lorsque cette fille aux cheveux blonds qu'il ne connait ni d'Eve ni d'Adam lui adresse la parole, il ne se braque pas. Au contraire, un sourire étire ses lèvres et il hoche la tête. « Avec plaisir, » dit Ezraël avant de commencer un air plus connu pour qu'elle puisse joindre sa voix à sa mélodie. Hotel California a toujours été un de ses morceaux préférés, et le début de la chanson laisse assez de temps à sa nouvelle chanteuse pour préparer sa voix. Il ne sait pas si elle aimera son choix, mais elle doit au moins le connaître. C'est une si belle chanson à ses yeux, un morceau qu'il pourrait lui-même chanter si il en avait le cran puisqu'il connait les paroles par cœur. D'abord concentré sur l'instrument et les cases où il pose ses doigts, Ezraël lève les yeux vers l'inconnue dont la voix ne devrait pas tarder à joindre le son de sa guitare. Il est étrangement serein pour une première rencontre, sûrement car il se dit qu'une fille qui se balade seule sur une falaise est quelqu'un qui mérite la peine de s'intéresser à elle.

Toi, on peut dire que tu es quelqu'un d'assez sociable en général. Du moins, lorsque c'est à ton avantage. Lorsqu'un homme te plaît, tu n'hésites pas à aller vers lui accompagnée de ton regard charmeur. Si c'est une femme, tu as bien plus de mal. Pourtant, tu as déjà eu des histoires avec des femmes mais ce n'est pas la même chose, tu es bien moins à l'aise lorsque tu dois les draguer. Mais ici, sur cette falaise, tu n'as aucun avantage à parler à ce jeune homme. Bien sûr, tu dois l'avouer, il est séduisant mais ce n'est pas ce que tu recherches à l'instant présent. Là, tu as simplement envie de partager un moment agréable de musicien à musicien. Rien de plus, rien de moins. « Avec plaisir. » Un sourire satisfait se dessine immédiatement sur ton visage, tu rayonnes. Alors, lorsqu'il commence à jouer hotel california des eagles, ton sourire s'agrandit davantage. C'est une chanson que tu affectionnes particulièrement et qui te fait irrémédiablement penser à ton petit frère. Il la mettait souvent lors de vos nombreux road trip. Tu te balances légèrement, complètement en osmose avec la guitare du jeune homme. Puis, lorsque le moment est venu, tu commences à chanter. Au début, un peu timidement et petit à petit tu te laisses aller, complètement prise par cette somptueuse musique. « On a dark desert highway, cool wind in my hair. Warm smell of colitas, rising up through the air (...) » Une fois la chanson terminée, tu regardes le beau brun, ton sourire toujours scotché à tes lèvres. « C'était un très bon choix, tu ne pouvais pas trouver mieux. » Dis-tu, tout en posant ton regard sur la vue que vous offre cette falaise. « Et dans ce cadre... Waw. Merci pour ce moment. » Ajoutes-tu, sincèrement.

Visiblement, le choix d'Ezra n'est pas pour déplaire à la demoiselle. En voyant son sourire s'agrandir, il ne peut s'empêcher d'esquisser lui aussi un rictus avant de porter son attention sur son instrument. Il n'a pas besoin de regarder les cases car il sait parfaitement sur laquelle appuyer à quel moment, mais il n'a pas envie de la fixer pendant qu'elle chante pour l'accompagner. Il préfère l'écouter, et se retrouve d'ailleurs agréablement surpris quand elle entame le refrain d'une voix qui semble avoir été faite pour cette chanson. Vers la fin, Ezra finit même par oser un regard dans sa direction comme pour l'encourager à la finir jusqu'au bout. Rares sont ces moments où il croise par hasard une personne aussi attachée à la musique que lui ne l'est et il doit avouer que, malgré sa tendance parfois un peu asocial, il apprécie le moment. Une fois la dernière note jouée, il laisse retomber sa main aux doigts brûlés par les cordes. C'est une sensation à laquelle il s'est vite habitué, et qu'il ne remarque même plus. « J'avoue qu'ici, la vue est plutôt pas mal, » dit-il en regardant à son tour la ville de Bowen qui s'étend devant eux. « Mais ne me remercie pas, c'est toi qui a une voix envoûtante pas moi. » Il lui sourit, son regard à nouveau posé sur elle. Ezra ne cherche pas à la draguer, il est d'ailleurs certainement la dernière personne qui s'oserait à ce petit jeu avec une inconnue. Il pose sa guitare dans l'herbe à coté de lui et frotte ses mains l'une contre l'autre. « Je m'appelle Ezra, et toi ? » Oui, juste Ezra. Il l'a décidé sur le moment-même, car se présenter sous le nom d'Ezraël est trop long et trop solennel pour le moment présent.

Ce moment que tu partages avec le jeune homme est un moment plutôt rare dans ta vie. En règle générale, tu n'oses même pas chanter devant les autres, trouvant ta voix encore trop "moyenne". Néanmoins, sans réellement savoir pourquoi, sur cette falaise ça sort naturellement. Tu chantes sans même penser à ce que tu es en train de faire. Peu importe qu'il te juge ou qu'on t'entende, ça t'importe peu sur le moment. Mais une fois que la chanson est terminée, même si tu te sens transportée par votre musique, tu es un peu timide face au beau brun. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il a pensé de ta voix, du moins jusqu'à ce qu'il te le dise. « J'avoue qu'ici, la vue est plutôt pas mal. Mais ne me remercie pas, c'est toi qui a une voix envoûtante pas moi. » Tu souris, presque comme une gamine, sous l'effet de ce compliment. Le jeune homme ne le sait pas mais c'est quelque chose de très important à tes yeux. Et il fait beaucoup pour toi - sans le savoir - en te disant cela. « Merci mais j'ai encore quelques progrès à faire. Par contre, toi, à la guitare tu es démentiel ! Tu as un groupe ou quoi ? » Demandes-tu, curieuse. Tu t'intéresses à sa musique car même s'il repris une chanson, le jeune homme l'a joué à sa manière et ça t'a beaucoup plu. « Je m'appelle Ezra, et toi ? » Ezra, tu trouves ça joli. Mais en général, tu aimes beaucoup les prénoms courts. Un peu comme le tien, d'ailleurs. C'est toi qui a décidé qu'ici à Bowen, tu serais Freja alors tu ne peux que l'aimer, ce prénom. « C'est joli. Moi c'est Freja. » Réponds-tu, un léger sourire aux lèvres.

Lui qui peut parfois se montrer si distant avec les autres, il a toujours aimé faire plaisir aux personnes qu'il apprécie et, dans ce cas-ci, connait à peine. Ça doit d'ailleurs faire partie d'une de ses rares qualités, cette bonté de cœur. Il aime les voir sourire, les entendre rire, c'est une émotion chez eux qui arrive à le réconforter et lui enlève pendant un instant l'idée qu'il est totalement inutile à qui que ce soit. Comme si ce compliment n'était pas gratuit, elle lui en renvoie un à son tour qui tire un sourire à Ezra. D'un air rêveur, il regarde son instrument qu'il trimbale avec lui depuis douze ans déjà et qu'il considère comme une partie de lui-même. « Merci, c'est gentil. J'ai fait partie de quelques groupes mais jamais rien de concret, puis disons que j'ai eu le temps de m'entraîner. » Car il ne sort pas, ne voit que très peu de monde, et a passé toute son enfance à s'entraîner sur cet objet et à enchaîner les petits concerts privés histoire de prouver qu'il n'est pas qu'un éternel asocial. Elle se présente à son tour, et Ezra lève vers elle des yeux étonnés. « Freja, comme la chanteuse ? » Il ne connait pas beaucoup de titres de cette nouvelle artiste, mais il sait qu'elle existe. Ezra pousse un léger soupir. « J'aurais aimé porté le nom d'un artiste, du genre Harrison ou Joey. Mais à la place, je me coltine Ezraël qui sonne vachement juif. Tu trouves pas ? » Chose rare, il s'ose à l'humour. Pire même, à l'auto-dérision. Un fin sourire étire ses lèvres et il passe une main dans ses cheveux en sentant sa mèche lui tomber devant les yeux, dégageant ainsi son regard d'un bleu limpide.

« Merci, c'est gentil. J'ai fait partie de quelques groupes mais jamais rien de concret, puis disons que j'ai eu le temps de m'entraîner. » Tu souris tout en hochant la tête. Le jeune homme est plutôt humble et c'est tout à son honneur. Encore une qualité que tu apprécies de découvrir chez lui. « Tu ne voudrais pas en faire ton métier ? » Demandes-tu, curieuse. Tu sais que c'est un métier risqué mais avec le talent du beau brun, tu es à peu près certaine qu'il pourrait percer. La musique est un sujet qui te passionne et tu pourrais sans doute en parler pendant des heures si on ne t'arrêterait pas. « Freja, comme la chanteuse ? » Tu fronces les sourcils ne connaissant pas cette artiste. Tu ne savais même pas qu'une autre Freja était présente à Bowen. Du moins, si elle provient d'ici. Ton prénom est plutôt répandu dans les pays de l'est mais ici, tu as toujours aimé penser que tu étais unique. « Non, malheureusement. Je ne la connais pas. Elle provient d'ici ? » Demandes-tu, légèrement intriguée. Tu iras sans doute voir ce qu'elle fait comme musique en rentrant car tu n'as jamais entendu parler d'elle. Si ça avait été le cas, de part son prénom, tu t'en serais souvenue. « J'aurais aimé porté le nom d'un artiste, du genre Harrison ou Joey. Mais à la place, je me coltine Ezraël qui sonne vachement juif. Tu trouves pas ? » Tu ris, naïvement et à pleine dents. Ce que ça fait du bien. C'est tellement rare chez toi ces moments simples et spontanés. Tout est toujours minutieusement pensé et calculé dans ta vie. Du moins presque toujours. Alors oui, la présence d'Ezra te fait beaucoup de bien. « C'est vrai que ça a une consonnance juïve. Mais j'aime bien moi. Et puis, si tu dis simplement Ezra, je trouve que ça sonne un peu plus américain. Ce qui te laisse le pouvoir de choisir ta nationalité quand tu le veux. C'est pas si mal. » Rétorques-tu, un sourire aux lèvres.

Sa question lui fait hausser les épaules. On lui a souvent demandé pourquoi il ne devenait pas musicien professionnel plutôt que de perdre son temps entre les bouquins, avec pour seule compagnie une vieille peau aux cheveux roux jamais coiffés. Être musicien pourrait être tellement amusant, mais également bien plus stressant. « Parce que je ne crois pas que ce soit le genre de vie qui me correspond. Je n'aime pas vraiment attirer l'attention. » Au contraire, Ezra a toujours préféré être à l'arrière, caché du monde, préférant que personne ne s'intéresse à lui et finisse par être déçu. Quand il évoque la chanteuse de pop à Freja, celle-ci semble ne pas connaître. Pas étonnant, Ezra lui-même a dû tomber dessus totalement par hasard. « Non, je pense qu'elle est danoise. Par contre ne me demande pas ce qu'elle chante, je n'en ai aucune idée, » ajoute-t-il en riant. La pop n'est pas vraiment le style musical qu'il préfère. Lui, il est plus rock indépendant. À la réponse de Freja quant-à son prénom, Ezra ne peut s'empêcher de la regarder avec un grand intérêt facilement visible dans son regard. Il hoche lentement la tête, puis se met à sourire machinalement. « Waw, j'aime beaucoup ta façon de voir les choses. » Il réfléchit plusieurs secondes, paupières plissées, à la vie qu'il aimerait avoir. Il souhaiterait une famille normale, des rêves pleins la tête, et peut-être la capacité d'être enfin sociable. « C'est vrai que j'aurais aimé être américain. Ou anglais, j'ai l'impression qu'ils sont moins prise de tête là-bas. » Il tourne à nouveau la tête vers elle, curieux. « D'où est-ce que tu viens ? » demande-t-il spontanément.

Cela fait un moment que tu n'as plus eu une conversation aussi spontanée, aussi simple et pure et pourtant si agréable. Ta vie est toujours bien trop compliquée à tes yeux comme si tu attirais les mauvaises ondes perpétuellement. Même si récemment, elle s'améliore sans doute un peu, tu ne peux t'empêcher de penser que c'est pour mieux retomber par la suite. Comme si tu étais condamnée à finir au fond du goufre, encore et toujours. Mais en présence d'Ezraël tu ne penses pas à tout ça préférant te concentrer sur la simplicité de votre échange. « Parce que je ne crois pas que ce soit le genre de vie qui me correspond. Je n'aime pas vraiment attirer l'attention. » Tu peux comprendre ce besoin de vivre dans son propre monde, protégé et à l'abris de tout problème. Toi aussi, par moment, tu as besoin de te retrouver et de recréer ce monde dans lequel tu es à l'abris de tout danger. « Je comprends. Même si je suis sûre que beaucoup de gens adoreraient t'entendre jouer. » Réponds-tu, sincère. Finalement, le jeune homme te parle d'une chanteuse nommée Freja que tu ne connais malheureusement pas. Visiblement, Ezra n'en sait pas beaucoup plus que toi. Elle ne semble pas si connue, après tout. « Non, je pense qu'elle est danoise. Par contre ne me demande pas ce qu'elle chante, je n'en ai aucune idée. » Tu hoches la tête tout en riant à ton tour. Vous abordez finalement l'origine de son prénom qui est, pour toi, totalement envisageable sous plusieurs angles. A tes yeux, il peut être n'importe qui et n'importe où dans le monde. Ce qui n'est pas ton cas, naturellement. Ton prénom sonne bien trop pays de l'est. Et ton accent sans doute aussi. « Waw, j'aime beaucoup ta façon de voir les choses. C'est vrai que j'aurais aimé être américain. Ou anglais, j'ai l'impression qu'ils sont moins prise de tête là-bas. » C'est aussi ce que tu penses. Les américains jugent bien moins les autres. Les australiens, plus ou moins aussi. Mais pour avoir vécu en Europe, tu sais que là-bas, le regard des autres est quelque chose d'important. Pourtant, toi, tu n'en vois pas l'intérêt. Tu t'en fiches pas mal de ce que les autres portent ou font. Chacun sa vie, après tout. « Je pense aussi. Mais crois-moi, en Europe c'est bien pire. » Rétorques-tu en haussant les épaules. Ezra te demande finalement d'où tu viens, toi. Même si, à ton avis, il doit déjà avoir une idée. « De Norvège même si j'ai beaucoup bougé durant toute ma vie. Et toi? » Demandes-tu, un sourire au coin des lèvres.

Ezra a toujours trop eu tendance à éviter le monde extérieur. Les autres l'effrayaient, il s'est trop longtemps senti regardé de travers et ça l'a conforté dans sa triste idée que, malheureusement, il n'était peut-être pas fait pour cohabiter avec eux. Il va mieux aujourd'hui, bien qu'il aie dû passer pour un tout un tas d'événements "tragiques" pour en arriver à qui il est aujourd'hui. Son compliment le fait sourire et Ezra baisse timidement les yeux, n'ayant pas l'habitude de ce genre de flatterie. Face à eux, le soleil couchant donne au ciel de magnifiques couleurs orangées. Il hausse les épaules. « Je ne réserve ça qu'à certaines personnes, tu peux te sentir privilégiée, » dit-il en relevant les yeux vers elle avec un petit sourire. Cette phrase pourrait passer pour de la drague venant d'un autre, sauf que le visage d'Ezra est rempli d'une bien trop grande innocence pour que ses mots puissent être interprétés de la sorte. De toute façon, il n'est clairement pas comme ça. Il ne séduit pas, il n'en a jamais été capable. Il se contente de tomber amoureux et de vivre avec ses sentiments qui le brûlent de l'intérieur. Lorsque Freja se met à rire, Ezra ne peut s'empêcher de sourire un peu plus. Même si elle ne l'attire pas, il la trouve jolie. Naturelle, simple, il apprécie de plus en plus sa compagnie. « Tu connais tout le globe ? » demande-t-il avec un petit rire. Elle lui dit venir de Norvège, et il hoche lentement la tête avant qu'elle ne lui retourne la question. « Pologne, mais je n'ai dû y vivre que cinq mois, à tout casser. Je ne me souviens même pas d'à quoi ça ressemble, » dit-il avec un petit sourire pensif au coin des lèvres. « T'as jamais eu envie d'y retourner ? Tu dois avoir de la famille là-bas, enfin je suppose. » Il est curieux, et Ezra a parfois tendance à poser trop de questions même quand il ne le devrait pas.

« Je ne réserve ça qu'à certaines personnes, tu peux te sentir privilégiée. » Tu ne peux t'empêcher de sourire, légèrement flattée. Parce que même si au fond, tu sais que ce n'est pas de la drague, c'est tout de même un compliment à tes yeux. Cela prouve qu'Ezraël se sent assez bien en ta présence que pour te faire des confidences. Et en l'occurrence, des confidences sur sa musique. « Je le suis. » Réponds-tu, naturellement, le regard rivé sur la vue qui s'offre à vous. Bowen est une ville magnifique que tu n'apprécies que davantage de jours en jours. Vous parlez finalement de tes origines : la Norvège. Un pays que tu aimes, malgré tout les mauvais souvenirs que tu as là-bas. Et par mauvais souvenirs tu entends ton père, évidemment. « Tu connais tout le globe ? » Tu ris, amusée, avant de répondre : « Malheureusement non, mais j'adorerais. » Oui, faire le tour du monde est un de tes plus grands rêves. Et même si tu as déjà visité plus de pays que la plupart des gens, tu n'en as pas encore vu assez. Tu en veux plus. Toujours plus. « Pologne, mais je n'ai dû y vivre que cinq mois, à tout casser. Je ne me souviens même pas d'à quoi ça ressemble. » Tu écoutes attentivement Ezra, étonnée qu'il vienne de Pologne. Tu n'aurais pas imaginé que ça soit le cas mais vu la courte durée de son séjour, c'est plutôt logique. « Oh j'ai visité Varsovie, j'ai beaucoup aimé. Tu n'as pas envie de retourner sur les terres de tes origines ? » Demandes-tu, curieuse. Et le jeune homme en fait de même, te posant plus ou moins la même question. Décidément, vous êtes plutôt connectés aujourd'hui. « T'as jamais eu envie d'y retourner ? Tu dois avoir de la famille là-bas, enfin je suppose. » De la famille, certes. Mais pas de la famille que tu désires revoir. A quelques exceptions près, du moins. « Disons que le pays me manque plus que ma famille. Mais j'aime Bowen, je me sens chez moi, ici. » Cela peut paraître un peu cru et franc mais quand ça sort de tes lèvres, cela semble si naturel. Tu ne peux pas être plus sincère que ça avec Ezra, de toute façon. Et même si tu n'aimes pas forcément parler de ta famille, ici, dans cette situation, ça ne te dérange pas tant que ça.

Spoiler:

Lui aussi laisse son regard se perdre le temps d'un instant dans l'horizon devant eux. Il ne sait pas si c'est parce qu'il est trop sensible aux beaux paysages, ou bien parce qu'au fond Ezra a peut-être une trop grande part de féminité, sensible et guimauve, qui lui fait aimer ce spectacle devant eux. La ville, ses lumières, le ciel et toutes ses couleurs. C'est magnifique, ça lui donnerait presque envie de rester là encore des heures si la nuit n'était pas sur le point de tomber. Il sourit en l'entendant rire, chose qu'il a toujours faite. Avant de s'intéresser au sien, Ezra a toujours aimé voir se refléter le bonheur des autres dans les traits de leur visage. Un observateur, qui analyse et note tout, qui s'attarde et s'attendrit. Lui aussi aurait aimer faire le tour du monde, sauf que jamais il n'a même osé franchir le cap de quitter l'Australie. « Je crois que c'est un peu le rêve de tout le monde, » commente-t-il en jouant avec l'herbe qui se glisse entre ses doigts. À sa question, il ne sait pas quoi répondre car en réalité, c'est une option à laquelle il n'a jamais vraiment pensée. « Je pense que tu en connais plus que moi sur mon propre pays, » dit-il en riant avant d'ajouter. « Je pense qu'à part une grand-mère qui ne me reconnaîtrait même pas, rien ne me relie à ce pays. Et puis... j'aime bien être ici. Pas besoin de dépenser une somme monstre dans une doudoune et des après-skis. » Un nouveau sourire amusé vient étirer ses lèvres. Il finit par lui retourner la question, tout aussi curieux qu'elle. C'est amusant, deux étrangers venus de si loin, qui finissent par se rencontrer dans ce si grand pays qu'est l'Australie. « Je ne peux que te comprendre ! » Il hoche la tête pour appuyer ses propos, puis se tourne vers Freja. « Tu sais, je me dis qu'on pourrait peut-être remettre ça un de ces jours non ? Toi qui chante, moi qui joue, enfin, t'as une belle voix ce serait dommage de pas en profiter. Prends pas ça pour un plan drague surtout, je dois être la dernière personne sur Terre à être du genre à ramener des filles chez lui pour.. enfin. T'as compris. » Il se pince les lèvres et baisse les yeux, aussi maladroit dans les mots que dans les gestes.

Le voyage est un sujet qui te passionne et dont tu pourrais parler pendant des heures. Cela ne pose aucun doute. Et heureusement pour toi, Ezraël semble partager cette passion même s'il n'a, semble-t-il, pas autant voyagé que toi. Pour ne pas dire, pas du tout. « Je crois que c'est un peu le rêve de tout le monde. » Certes, beaucoup de personnes partagent ce rêve et pourtant, peu le réalisent. Toi, tu t'es promis de tout faire pour poursuivre tes rêves et jusqu'ici c'est plutôt une réussite. Vous parlez finalement de vos origines, un sujet dont tu n'aimes pas parler habituellement mais en présence du jeune homme, cela te semble bien plus facile. Peut-être parce que tu sais qu'entre vous il n'existe qu'un simple début d'amitié. Vous ne parlez pas d'attirance, de flirt ou de sentiments. C'est bien plus simple que ça et ça te change de tes relations habituelles. « Je pense que tu en connais plus que moi sur mon propre pays. Je pense qu'à part une grand-mère qui ne me reconnaîtrait même pas, rien ne me relie à ce pays. Et puis... j'aime bien être ici. Pas besoin de dépenser une somme monstre dans une doudoune et des après-skis. » Tu ris, à ton tour, tout naturellement. Vous semblez partager les mêmes opinions sur la famille ou du moins sur votre famille. Aussi lointaine qu'elle soit. « C'est vrai qu'on est bien à Bowen. Je me sens bien plus chez moi ici qu'à Oslo. Pour ça, je suis plutôt de ton avis. Et même si j'aime la neige, je préfère la chaleur de l'Australie. » Réponds-tu, bien d'accord avec les propos tenus par Ezra. Vous semblez plutôt sur la même longueur d'ondes et ce pour pas mal de sujets. Même si vous vous connaissez depuis très peu de temps finalement. « Tu sais, je me dis qu'on pourrait peut-être remettre ça un de ces jours non ? Toi qui chante, moi qui joue, enfin, t'as une belle voix ce serait dommage de pas en profiter. Prends pas ça pour un plan drague surtout, je dois être la dernière personne sur Terre à être du genre à ramener des filles chez lui pour.. enfin. T'as compris. » Tu ne peux t'empêcher de rire. Tu n'imaginais pas Ezraël te draguer, non. Mais la façon dont il essaye de te justifier te fait beaucoup rire, tu dois bien l'avouer, tu trouves ça plutôt mignon. « Ne t'en fais pas, je ne te prends pas pour un gars qui veut seulement m'emballer. » Dis-tu en riant avant d'ajouter : « Sinon, j'adhère complètement à l'idée ! Ce serait avec grand plaisir. Je te laisse mon numéro si tu veux ? » Demandes-tu en sortant un petit calepin de ton sac pour écrire ton numéro de téléphone dessus.

Pour un introverti presque asocial, Ezra en vient à de plus en plus apprécier la présence de Freja. Elle dégage quelque chose de particulier, d'agréable, elle est sympa avec lui alors qu'ils se connaissent à peine et surtout, elle ne le regarde pas comme s'il n'était qu'un autre humain de trop, plus bizarre que les autres. Lui qui en général de parle pas beaucoup, le voilà à débattre sur des pays, des familles, tout ça avec elle sans même ressentir le besoin de se cacher derrière sa carapace. C'est agréable. Elle lui dit aimer la chaleur, et lui répond d'abord par un haussement d'épaules avant d'ajouter « J'ai jamais vécu de véritable hiver, ça me donne un peu l'impression de vivre dans un monde parallèle quand je compare avec les films de Noël tournés en Amérique. » Il laisse échapper un rire entre ses lèvres. « Mais ça a l'air cool. J'aimerais pouvoir en vivre un une fois. » Et si possible, être capable de vivre un Noël sous la neige. Pouvoir boire du chocolat chaud au coin du feu, échanger les t-shirts contre des pulls en laine. C'est après qu'il se soit mis à rêvasser qu'Ezraël a eu la soudaine envie de revoir Freja, peut-être un jour. Il a d'abord peur qu'elle refuse, il retient sa respiration en attendant sa réponse et se dit que peut-être, il a parlé trop vite. Mais non. Elle rit, le rassure, et finit même par accepter. Il soupire intérieurement et sourit. « Oui, parfait ! » Il sort son portable de la poche arrière de son jeans et entre le numéro de Freja avant de ranger l'appareil. Vu de loin, on pourrait presque croire qu'Ezra vient d'emballer cette fille et pourtant, cette image serait bien loin de la réalité. « Je sais pas encore trop ce qu'on pourrait faire mais je trouverai, » lui dit-il avec un sourire au coin des lèvres. Pour une fois qu'il est capable de peut-être se faire une amie, il n'a pas vraiment envie de voir l'occasion lui échapper.