Idiot de chien...[PV Tiffany Sawyer]

Toujours la même routine, un café, le boulot et à la fin de la journée, un peu de sport. Ce soir, tu avais été surfer une bonne heure avant de rentrer chez toi, enfiler ton jogging pour aller courir un instant. Tu te dirigeais sans plus attendre vers la forêt, la musique défilant dans tes oreilles, tu te vidais la tête. Tu ne pensais à rien, tu ne te posais pas la moindre question. Tout ce que tu faisais c'était courir. Tu avais vu une ombre à travers les arbres qui s'approchait de toi mais ton attention n'était pas trop concentrée sur ça, tu avais les yeux rivés sur ton chemin. Plus qu'un kilomètre et tu pourrais profiter d'une bonne douche. « Mais c'est quoi ce... » Tu n'avais pas eu le temps de terminer ta phrase que la chose t'étais tombée dessus. Tu l'avais vu courir en ta direction, mais tu pensais qu'elle allait t'esquiver au dernier moment mais pourtant tu avais été surprise. Tu ne pensais pas que le chien allait te sauter dessus. Tu ne pensais pas te retrouver écraser au sol en une fraction de secondes, te faisant lécher le visage. « Ce bordel ? » ajoutais-tu en rigolant, levant les mains pour grattouiller sa tête. Tu adorais les chien mais tu avais toujours eu qu'un chat. Tu avais songé à en prendre un, rien que pour t'accompagner dans ton jogging le soir mais non. Ta mère était allergique et tu vivais encore chez tes parents. C'était peut-être le temps de prendre ta vie en main, mais pourtant tu ne le faisais pas. Tu repoussais encore le moment, pour le moment tu te passais bien d'un chien. Peut-être dans un an, ou deux. Peut-être même jamais, tu verrais bien. Quoiqu'il arrive, son maître n'était pas loin. Il arrivait au pas de course, retirant l'animal en le faisant asseoir au plus vite. Tu en profitais pour te redresser et lui faire face, un léger sourire au coin des lèvres. Tu étais plutôt de bonne humeur ce soir. « Oh, vous n'avez pas à vous faire pardonner, ce n'est qu'un chien et j'ai rien de cassé, ce qui fait de vous un homme chanceux ! » Ca tu pouvais le dire. Si tu avais subi la moindre fracture, tu lui aurais fait sa fête. Le sport c'était à 90% ta vie, le jour où tu ne pourrais plus en faire, tu serais sûrement anéantie, au point que tu étais incapable d'y songer plus d'une seconde.

Tu avais rigolé, il avait l'air pourtant d'avoir une certaine carrure, il devait bien faire un peu de sport, non ? Peut-être un truc statique, comme de la boxe, ou un art martial. Alors que toi tu étais du genre à bouger partout, courir dans tous les sens. Tu avais pratiqué beaucoup de sport mais si tu restais trop souvent à la même place tu finissais par décrocher. Tu voulais de l'action, de l'adrénaline et ce n'était pas en faisant du Judo ou autre que tu en aurais. Tu aimais la course, penser comme si tu étais poursuivie et que tu devais te donner à fond pour t'en sortir. Tu te faisais une petite frayeur toute seule mais ce n'était rien de trop méchant. « Il est adorable. Quel est son nom ? » Tu passais ta main sur sa tête, lui grattant sous les oreilles et sous le menton, avant de reposer ton regard sur son maître. Il suffisait d'un chien pour t'attendrir. C'était bien la première fois que tu paraissais aussi tendre aux premiers abords. Mais tu étais trop occupée à avoir la tête ailleurs, à apprécier cette rencontre pour réaliser ta manière d'être. Peut-être que demain, en y repensant tu te rendrais compte à quel point tu agissais comme une fille stupide. Comme une fille naïve prête à tomber amoureuse du premier venu. Ou alors tu serais encore aveuglée à cause de la boule de poils. « Tiffany, ravie de vous connaître ! » Tu avais tendu la main pour rendre ça plus conventionnel mais surtout parce que tu avais envie d'un contact physique. Bon Dieu, si Sara était là elle se moquerait sûrement de toi. Elle t'aurait vu comme ça pour la première fois de ta vie. La fatigue peut-être qui te rendait plus calme, plus docile, ou le bonheur simple d'un animal qui vous fait la fête sans raison. Tu étais sensible à ça, comme avec ton chat. « Vous êtes nouveau en ville ? Je suis le genre de femme qui ne craint rien, alors j'en profite pour courir tard la nuit. C'est plus calme, plus relaxant, puis je n'ai pas besoin de beaucoup d'heures de sommeil ! » Peur de rien non. Tu avais bien fracassé le crâne d'un pauvre type qui avait voulu te coincer dans une ruelle alors bon, sauf si le chien se mettait aussi à t'attaquer, tu ne devrais pas avoir trop de difficultés pour te sortir de ce mauvais pas. Tu savais où frapper, quelle position adopter et tu étais visiblement plus douée que lui en course, ce qui te permettrait de le semer sans trop de difficultés. Pas de quoi s'inquiéter. Et puis il n'avait pas l'air méchant. Même si c'était toujours les personnes les plus amicales dont il fallait le plus se méfier.

L'animal semblait apprécier plus que nécessaire, tu n'avais pas vraiment l'habitude d'aller vers les animaux. En général tu les regardais de loin, rêvant d'en avoir un, alors pour une fois qu'un chien te sautait dessus, te réclamant des caresses, tu n'allais pas te faire prier. Son pelage était doux et lui était attachant. Tu fixais un instant ses pupilles, craquant complètement pour lui. « C'est finlandais non ? Très joli nom en tout cas. » Tu le regardais s'éloigner un peu avant de revenir vers son maître, de se poser à ses pieds, comme s'il en était le gardien. Il t'aimait bien mais pas trop, fallait pas marcher sur ses plates bandes. En tout cas, ce n'était pas vraiment ce que tu avais prévu pour ta soirée. Il avait tout l'air d'un badboy, c'était peut-être un cliché, mais tu ne contrôlais pas ton ressenti sur le physique. Au contraire, tu aimais même ce que tu voyais. « Une héroïne de la forêt ? Vous devez regarder trop de films de super-héros parce que ça n'existe pas. Juste une femme capable de se défendre et qui connait la forêt comme sa poche si y avait besoin de semer quelqu'un. » affirmais-tu dans un léger sourire. Tu n'étais pas vraiment une super-héroïne non. Tu n'en avais rien même, tu étais juste très sportive, te diversifiant dans plusieurs domaines pour dire d'avoir le temps de tout étudier, de tout essayer et bien sûr tu avais appris à maîtriser le judo avec Jay. Enfin, au moins les prises pour bloquer un adversaire, pour le mettre au tapis ou encore pour lui donner un coup rapidement, autant dire que tu étais largement capable de maîtriser un homme comme celui qui était en face de toi. Mais il n'avait pas l'air méchant, au contraire, même sa question te fit rire. C'était bien la première fois qu'on te demandait une chose pareille. Tu passais ta main dans tes cheveux, te sentant bien bête parce que tu avais ouvert la bouche sans être capable de dire quoi que ce soit. Comment expliquer ce que ça faisait de courir. « Je pourrais vous expliquer, mais si vous n'aimez pas courir, vous ne pouvais pas comprendre la sensation. C'est un sentiment de liberté, l'impression de courir toujours plus vite, toujours plus loin. Ça se vit surtout. » Tu n'avais rien de plus à ajouter, au contraire. C'était une sensation qui te traversait le corps à chaque fois, mais tu n'avais jamais cherché à comprendre comment elle venait, pourquoi elle venait. Elle était là et c'était tout. « Peut-être que pour changer des clichés, c'est vous qui devriez vous méfier de moi.. » Tu laissais ta phrase en suspens en souriant. C'était amusant de se dire que pour une fois s'il y en avait un qui devait craindre pour sa vie, ce n'était pas la fille mais le mec. Abats les préjugés. Tu étais peut-être un peu trop engagée dans la défense féminine, mais avec des pensées peut-être extrêmes parfois.