Give me one last kiss while we're far too young to die. ¤ Thever

Oliver se réveilla et ouvrit les yeux, il lui fallu une ou deux secondes pour se rappeler qu'il se trouvait à l'hôpital. Deux jours plus tôt, le monde leur était tous tombé sur la tête, ou du moins, un luminaire s'était écrasé sur celle d'Oliver pendant un violent tremblement de terre qui avait secouer la place de la ville. Il se maudissait un peu d'avoir louer ses locaux de travail dans ce secteur, mais il ne pouvait pas savoir à ce moment là qu'une telle catastrophe allait arriver. Il redoutait l'instant où il allait devoir remettre les pieds à son studio pour constater les dégâts, beaucoup de choses avaient dû être grandement abîmé. Heureusement, le building ne s'était pas effondré au complet. Il balaya la petite chambre aux murs bleu poudre d'un regard las, rien n'avait vraiment bouger pendant qu'il avait dormit. D'un point de vue positif, il se sentait de mieux en mieux, le bourdonnement qu'il entendait s'était presque complètement tu, il ne voyait plus double et il était beaucoup moins faible. D'un point de vue négatif, ses souvenirs du triste événement refaisaient surface. Il se leva lentement du lit pour se diriger vers la minuscule salle de bain. Son reflet dans le miroir faisait peine à voir, il avait un bandage tout autour de sa tête qui protégeait la blessure sanglante qu'il s'était fait. En plus de ça, il avait plusieurs coupure au visages et sur le reste de son corps, il avait le teint horriblement pâle, les yeux cernés et il ne dirait pas non à un rasoir. Il passa ses mains sous l'eau du robinet pour ensuite se rafraîchir le visage un peu. Il fixa son image dans la glace, les yeux vides et l'expression neutre. Il ne pouvait pas effacer l'image de l'homme empalé dans l'abdomen. Il avait vraiment voulu l'aider, il avait essayé, mais il n'avait pas pu et puis... et puis le monstre en lui avait prit le contrôle. Il avait encore goûter à cette drogue interdite, celle qu'il adore tant. Il se souvenait avoir sourit et s'être sentit si bien, mais cette fois ci il ne pouvait pas mettre ça sur le dos d'aucune substance illicite, il n'avait pas prit de cocaïne ou de crystal meth depuis des années. C'était juste lui, le vrai. Une douleur poignante sur sa main droite le ramena à la réalité d'un coup sec. Il avait enfoncé son poing dans le miroir dans un élan de rage. Il chuchota un juron en tournant encore une fois le robinet d'eau froide pour y rincer sa main sur laquelle le sang perlait. Le miroir s'était cassé lui offrant maintenant une version brisé de son reflet. Le son de son téléphone le ramena dans la pièce principale, un simple message texte lui offrant les mots suivant: « Théia est à l'hôpital, c'est assez sérieux. » Son coeur venait de s'écraser au fond de son thorax, il s'était demandé si elle avait été en sécurité au moment du séisme et il avait fini par se convaincre qu'elle était correct, parce que si il essayait de trop y penser, il allait se perdre. Il devait aller la voir, maintenant, savoir comment elle allait. Il n'était pas très enthousiaste à l'idée d'y aller en jaquette d'hôpital, mais les seuls vêtements qu'il avait était ceux couvert de sang. Bon, temps pis, sa dignité allait attendre.

Après s'être informé auprès d'une infirmière, il fini par trouver la chambre dans laquelle Théia se trouvait. Elle était plus près de l'urgence et ça l’inquiétait encore un peu plus. Il cogna doucement à la porte même si celle-ci était ouverte, question de politesse. Elle était réveillait, mais elle était loin d'avoir l'air aussi pleine de vie qu'à l'habitude, ça lui donnait un choc de la voir comme ça. Il sourit faiblement en s'approchant de son lit. « Hey. » Il n'avait rien trouver d'autre à dire, il avait la gorge un peu serrée. Il n'aurait pas dû venir, elle n'avait pas besoin d'un monstre comme lui autour d'elle tandis qu'elle luttait pour sa vie, il le voyait maintenant, il n'était bon qu'à apporter le malheur autour de lui. Il avait envie de sortir en courant de la chambre et de ne plus jamais la revoir pour lui donner les meilleures chances de survie, mais pourtant ça ne l'empêcha pas de continuer d'avancer pour aller s'asseoir sur la chaise près de son lit.

Théia ne sait plus où elle est. Elle se rappelle les secousses, le visage de Xavier, avoir senti son coeur s'affoler dans sa propre poitrine. Et puis, plus rien. Le néant, une vision sombre qui l'a enveloppée toute entière et qui lui a fait croire pendant plusieurs secondes, peut-être même plusieurs heures, que tout était fini pour elle. Elle tente d'ouvrir un oeil, mais la lumière diffusée par l'ampoule au-dessus de son lit l'aveugle. Ses doigts s'accrochent à un bout de tissu, et c'est seulement maintenant qu'elle réalise qu'un masque à oxygène recouvre la moitié de son visage. Sa poitrine lui fait mal, son coeur plus précisément. En forçant sur ses souvenirs, elle se rappelle d'une première opération. Une pompe qui empêche son coeur de s'arrêter, un objet qu'elle a en elle le temps de lui trouver une autre organe. Elle ne sait pas si c'est possible, mais elle a l'impression que corps rejette l'objet. Elle se sent fiévreuse, fatiguée, coincée entre la vie et la mort. D'énormes cernes entourent ses yeux vides, sa peau est pâle et ses lèvres sèches. Elle se sent mourir, lentement, douloureusement. Alors qu'elle s'apprête à refermer les yeux pour sombrer dans un sommeil sans rêve, une fois familière attire l'attention de Théia. Elle tourne la tête vers l'entrée et, immédiatement, une vague de soulage l'envahit des pieds à la tête. C'est lui. Il est là, vivant, et il n'a pas l'air de n'être qu'une hallucination due aux médicaments. Un faible sourire étire les lèvres de la malade. « Hey, » répond-elle d'une petite voix avant de lever sa main jusqu'à son visage pour retirer son masque. Elle n'a pas envie qu'il la voit comme ça. Quitte à mourir, elle préfère qu'Oliver garde une vision positive d'elle. Une Théia pleine de vie, heureuse, pas une petite chose fragile qui sait à peine se redresser. Il s'assied sur la chaise à coté d'elle et elle tente de se redresser, mais rien que ça lui fait ressentir toute la douleur du monde. Abandonnant l'idée de s'asseoir, elle reste à moitié étalée dans son lit, son dos appuyé sur son oreiller. « T'es blessé, » fait-elle remarquer en parlant de sa tête. Elle aimerait tant lui dire qu'elle est heureuse de le voir, lui sauter au cou et pleurer jusqu'à ne plus avoir la moindre goutte d'eau dans le corps. Sauf qu'elle n'en est pas capable. Elle est faible, bien plus que d'habitude. Et pourtant, revoir Oliver la fait revivre. Ça la rassure, ça lui donne l'impression qu'au final, elle n'a pas tout perdu. Si il est là, à ses cotés, elle peut tout surmonter.

Elle lui sourit faiblement et ça le rassure un peu. Il est inquiet pour elle, qu'est-ce qui pouvait bien lui être arrivé pour qu'elle se retrouve dans un état pareil? Il avait presque peur de la perdre sous ses yeux, si ça arrivait il ne s'en remettrait jamais, ça serait probablement la petite poussée qu'il lui manque pour sombrer dans la folie. Évidemment qu'elle avait remarqué qu'il était lui aussi blessé, même s'il avait souhaité que ses propres égratignures passent inaperçus. Il posa machinalement sa main sur son bandage, comme si il voulait confirmer qu'il était toujours bien présent. « C'est rien, ça semble pire que c'est vraiment. » Il force un sourire pour ne pas qu'elle s'inquiète. Il était chanceux si il n'avait aucune séquelle minime suite à l'impact et au saignement, mais pour le moment ce n'était pas sa préoccupation principale. Il jeta un coup d'oeil rapide autour d'elle, il y avait de nombreuses machines qui avait l'air branché à elle. « Et toi? Tu tiens le coup? » Il avait beau essayer de rester le plus impassible possible, il avait le regard un peu inquiet tandis qu'il la regardait des les yeux. Elle semblait en plein combat, un combat que trop de gens perdait dans cet endroit où la maladie et la souffrance régnaient. Il n'avait pas réalisé à quel point il s'était attaché à elle depuis qu'il l'avait rencontré, Il ne s'était pas attaché comme ça depuis de nombreuses années. Plus il la voit ainsi, plus il sent ses tripes se resserrés en un nœud douloureux. L'air de la pièce lui semble plus dense tandis que le temps passe, l'atmosphère est un peu trop lourde à son goût. « En tout cas, tu auras été la première et la dernière à voir certaines de mes photos, Je pense bien que la plupart sont perdues dans les débris. » Même si il avait une version digital d'une grande majorité de ses clichés, certaine photos étaient des copies unique, des souvenirs du passé perdu à jamais.

Pendant un bref instant, Théia ne pense plus à elle, à son état. Elle voit Oliver, son bandage entourant une partie de son front, sauf qu'elle se concentre plus sur le fait qu'il est toujours là plutôt que sur sa blessure. Vivant, sain et sauf. Il y a tant de personnes pour qui elle se soucie depuis son entrée à l'hôpital, pourtant la présence de ce garçon à la tenue aussi ridicule que la sienne suffit à la faire se sentir plus légère. Et puis, la réalité la rattrape. Sa propre respiration la brûle, mais la douleur n'est que temporaire. En se concentrant, Théia arrive à se redresser en forçant sur ses mains. Elle est à présent assise, souriant malgré le fait que sur le moment, elle ressemble plus à un cadavre qu'à un être vivant. « Si on oublie le fait que je suis une sorte de Robocop vampirique, je pense pouvoir dire que je m'en sors plutôt bien. » Elle n'a pas envie de parler d'elle, de son coeur, et du fait qu'aujourd'hui pourrait être sa dernière journée passée en compagnie d'Oliver. Là, tout de suite, elle veut faire comme si tout était normal. L'entendre rire encore une fois, l'écouter parler de sa passion, sentir à nouveau la chaleur de son corps. À ses mots, Théia repense aux bouts de papier qu'elle a vu s'envoler autour d'elle le jour où le sol s'est mis à trembler sous ses pieds. « Oh, mince. On pourrait chercher après une fois qu'on sera sortis. » Même si elle n'a pas grand espoir, elle préfère voir le positif dans chaque situation. Elle ne peut pas imaginer que le travail de toute une vie puisse s'être tout simplement volatilisé, que ses photos soient à présent dispersées dans la nature, à vue de tous. Et puis, elle repense à sa caméra. « Mon caméscope s'est cassé, donc je peux comprendre ce que ça t'a fait. » Soudainement, son regard semble s'éteindre. Ses pupilles ne deviennent plus que deux billes noires fatiguées, lasses, tristes. Théia sent sa gorge se nouer en réalisant que son rêve s'est tout simplement brisé devant ses yeux. Elle est pessimiste, chose qui ne lui arrive pourtant pratiquement jamais. Nerveusement, elle se met à rire. « Regarde-moi. Coincée dans un lit d'hôpital, à moitié morte, ne possédant même plus ce qui me passionnait le plus sur cette Terre. Je suis pathétique. » Théia pousse un soupir avant de laisser son regard divaguer jusqu'à la fenêtre. Fatiguée de retenir ses émotions, elle laisse une larme perler le long de sa joue avant de venir s'écraser sur sa blouse d’hôpital.

Un léger rire un peu faux s'échappe de ses lèvres suite à sa blague. Il se retient de ne pas poser plus de questions sur son état, il ne veut pas être indiscret et il voit dans ses yeux qu'elle n'a aucune envie d'en dire plus. Elle est dans de bonnes mains au moins, près de l'urgence et entourée d'infirmiers qui peuvent intervenir si quelque chose n'allait pas. Il décida d'essayer d'oublier où ils se trouvent ainsi que leur blessures respective, il voulait se concentrer sur elle, vivre le moment présent. Ils s'imaginent partir à la chasse au photos ensemble, passer des heures en ville à récolter les petits bouts de vie qu'il s'était dispersé dans le vent. C'était inutile rendu là, ils pourraient toujours réimprimer celles qu'il avaient en sauvegarde juste parce qu'il aime bien pouvoir tenir ses photos dans ses mains, les voir en vrai sur papier. Mais il allait devoir mettre une croix sur l'idée de revoir certaines d'entre elles un jour. « C'est gentil, mais je pense que ça ne servira pas à grand chose... J'en prendrai des nouvelles. » Avec elle dedans peut-être? Il s'en voulait de n'avoir jamais prit aucun cliché de Théia, de ne pas avoir son rire, son sourire, son regard chaleureux et brillant immortalisés à jamais sur une image. Il ne savait pas si après ceci son sourire allait être le même, si la lueur dans ses yeux allait s'être affaibli. Au fond, il ne préfèrait peut-être pas pouvoir comparé, ça le rendrait triste. Il a l'impression que quelque chose en lui se casse quand il entend son rire qui couvre sa souffrance. Il s'avance un peu sur sa chaise et il lui prend la main, comme pour la retenir pour ne pas qu'elle tombe dans une abysse, Oliver veut la garder près de lui. « Hey. Croit moi, t'es tout sauf pathétique. » Il voudrait trouver les bons mots pour la rassurer, mais il arrive à peine à se rassurer lui même. Il sait qu'il est encore plus endommagé qu'il l'était avant, peut-être même à un point de non retour. Il la regarde même si son regard à elle est porté vers la fenêtre, Au moins comme ça elle ne peut pas voir dans ses yeux que lui aussi il a peur. « Je t'achèterai un nouveau caméscope si tu veux, ça va me faire plaisir. T'es vivante, t'es ici Théia. Je suis là avec toi. » Il sert doucement sa main, comme pour lui prouver qu'elle n'est pas seule. « On va s'en sortir. » Il ne souvient pas la dernière fois qu'il avait dit des choses comme ça, normalement c'est lui le pessimiste aux idées noir qu'on doit rassurer.

Elle se sent si petite dans cette robe, avec ses membres trop fins qui dépassent à peine et ses cheveux en bataille. Théia, elle a l'impression que le monde est en train de s'écrouler autour d'elle. Pas seulement le sien, mais celui de tous les habitants de cette pauvre planète. Elle a le sentiment que ça ne sert plus à rien qu'elle se batte. Elle aimerait fermer les yeux, s'endormir, et rêver pendant toute l'éternité. Elle écoute Oliver parler, sauf que son attention reste focalisée sur le vide. Elle pense, elle laisse ses songes aussi noires que la nuit prendre possession d'elle toute entière. Elle se sent flotter rien qu'en fermant à moitié les paupières. Elle voit la mort, elle la touche du bout des doigts. Elle pourrait mettre fin à sa vie là, maintenant, qu'elle n'en aurait rien à faire. Plus de mère, pratiquement plus de père, une santé fragile et plus de caméscope. Rien pour l'inciter à rester sur ces lieux déjà à moitié plongés dans le néant. Et puis, elle sent la main d'Oliver dans la sienne. Ce contact chaud, rassurant, qui fait du bien. Sa peau douce contre la sienne qui la fait frissonner tout le long de son bras jusqu'à ses oreilles. Lentement, elle dirige son regard vers lui. Les mots qu'il vient de prononcer lui paraissent plus distincts que ceux d'avant et, d'une certaine manière, ils lui font l'effet d'un anti-dépresseur. En ce moment, il représente à lui seul tout ce dont Théia a besoin. Elle aimerait rester avec lui. Peut-être autre part, peut-être dans un autre contexte, n'importe où tant qu'il est à ses cotés. Son ventre se noue, mais elle n'y prête pas attention. Elle se focalise sur lui, sur ses lèvres qui bougent, sur sa voix qui résonne à ses oreilles comme une mélodie. Petit à petit, au fil des mots prononcés, le regard de Théia reprend vie. Il brille de soulagement, de joie, un peu. Il exprime indirectement tous les mots qui ne sortent pas de sa bouche. « T'as raison, on va s'en sortir. » Elle se sent revivre. Un élan d'adrénaline s'empare de son corps et lui donne la force qu'elle n'avait plus. Elle lâche la main d'Oliver afin de la venir poser sur sa joue et, sans réfléchir, sans penser à la douleur dans sa poitrine mélangée à l'excitation, elle vient poser ses lèvres contre les siennes. Un baiser doux, mais rempli de toute la sincérité du monde. Un baiser qui, pour elle, signifie beaucoup.

Au départ il ne savait pas si il avait su dire les bonnes choses, il était tellement mauvais pour communiquer. Ça devait d'ailleurs être une des raisons pourquoi il aimait tant la photo, une image vaux milles mots. Il voit la flamme se rallumer dans le regard de Théia, puis soudainement sa main est sur sa joue, un contact qui le fait frémir un peu. Le baiser qu'elle lui donne est comme un coup de vie en lui, il réalise qu'elle est là pour le garder humain. Il se recule un instant pour la regarder, les yeux plein d'espoir. Il avait l'impression qu'il avait enfin trouver se qu'il cherchait depuis longtemps. Peut-être que c'était qu'éphémère, il n'en savait rien, mais il voulu en profiter tant que le moment allait durer. « T'es vraiment spéciale à mes yeux, Théia. » Il replaça une mèche de cheveux derrière l'oreille de la brunette avant de reposer ses lèvres sur les siennes. Il laissait ses doutes de cotés, il ne voulait plus se soucier de tout et rien. Sa posture quelque peu inconfortable lui obligea à briser le baiser de nouveau. Il aimerait bien s'étendre à côté d'elle dans le lit, mais il ne veut pas qu'elle souffre en changeant de position et il n'a pas très envie de se faire passer un savon par une infirmière. Il se décida donc de simplement avancer sa chaise un peu plus vers le lit. « Cet endroit est vraiment pas fait pour des rapprochements » Lui qui est normalement impassible, l'air confiant et en contrôle de l'image qu'il reflète, il était déstabilisé et un peu mal à l'aise, quelque chose que Théia n'avait pas l'occasion de voir avant chez lui. Il avait hâte qu'elle aille mieux et qu'ils puissent partir d'ici, peut-être faire un petit roadtrip quelque part, question de changer de décor après le séisme. Si elle voulait de lui, il était prêt à s'ouvrir un peu plus à elle.

En entendant ces mots prononcés par Oliver, Théia se sent sourire jusqu'à en avoir mal aux joues. Pendant un instant, elle en oublie l'hôpital. Elle ne sent plus les aiguilles enfoncées dans sa peau, n'entend plus la machine qui s'anime au rythme des pulsations de son coeur. Elle ne voit que lui, et elle se sent ridiculement heureuse. Théia n'a jamais été une grande romantique. Avant, elle se contentait de vivre sans trop se soucier du futur, sans se demander si elle était réellement amoureuse de la personne avec qui elle passait au maximum quatre ou cinq mois de sa courte vie. Là, devant Oliver, elle a l'impression que le monde pourrait s'écrouler à nouveau et que pourtant, elle continuerait à sourire. Parce qu'il est là, et parce qu'ils sont ensemble. « Mais tu l'es aussi, Oliver. » Elle ferme les yeux, se laisse envoûter par le bien-être que lui procure ce second baiser. Quand il se recule, elle le regarde un court instant avant de lever les yeux vers la porte de sa chambre à moitié fermée. Ce qu'il lui dit la fait sourire du coin des lèvres et elle va se coller sur le coté gauche de son lit, laissant un peu de place sur sa droite. Là, elle soulève le pan de sa couverture et lève une nouvelle fois les yeux vers Oliver. « Je pense que les infirmières sont trop occupées par tous les blessés du séisme que pour s'intéresser à un patient qui squatte le lit d'une autre. » Elle sourit un peu plus, sa poitrine se soulevant rapidement au rythme de sa respiration peu régulière. Même si Théia sait parfaitement qu'elle devrait rester sagement couchée dans son lit, à dormir pour reposer son corps endolori, elle a envie de le sentir tout contre d'elle. Elle a besoin de la chaleur de son corps pour se sentir en sécurité, de le savoir près d'elle pour ne plus penser au possible échec de l'opération. Il est sa force, Oliver.

Il regarde autour d'eux pour constater qu'il n'y a personne pour les voir, ils sont seuls comme sur un nuage. Il se décide à s'installer à ses côtés, en prenant bien soin de ne pas prendre trop de place ou bien de l'écraser. Il replace la couverture sur leur corps, comme s'il s'agissait d'un bouclier contre le reste du monde. Il passe son bras derrière elle pour se coller un peu plus, ça lui rappelle leur nuit passé sur l'île. Il est étrange de penser qu'à se moment là ils ne croyaient pas à la fin du monde, mais qu'un mois plus tard ils avaient tout perdre. Oliver réalisait que le vie est courte et qu'il ne pouvait plus se permettre d'attendre pour la vivre. «Quand on va sortir d'ici, je propose qu'on fasse chacun quelque chose qu'on a toujours voulu faire.» il se tourna vers elle avec un léger sourire avant de poser un baiser sur son front. Il espère de tout coeur que son opération allait bien se passer et qu'elle allait être de nouveau sur pied rapidement. Il espérait aussi qu'il pourrait un jour se sentir comme une personne normal.