Marnie Ludsthorp était fraichement débarquée en ville. Elle s’acclimatait progressivement à ce nouvel environnement, qui ne lui était pas étranger cependant. La famille de l’australienne possédait une résidence secondaire dans la petite ville, où elle avait séjourné à de nombreuses reprises. Mais cela faisait des années que la jolie brune n’avait pas mis les pieds ici, c’était finalement un retour en terres inconnues. Beaucoup de choses avaient changé, la bourgade s’était étoffée apportant un souffle nouveau à une ville fantôme telle que l’avait connu Marnie.
En connaissant un tant soit peu la jeune femme, personne n’aurait parié qu’elle s’installerait un jour ici. Marnie avait préféré les Etats-Unis à l’Australie et avait rapidement dédaigné sa terre natale. Elle n’y avait finalement que peu de d’attaches, à l’exception de sa sœur Heather. C’était précisément ce qui avait motivé son retour. Savoir sa sœur au milieu d’un épicentre de catastrophes naturelles ne l’avait guère enchanté. Ainsi était-elle de retour pour veiller sur elle, que sa cadette le concède ou non. Evidemment, Marnie avait bien trop de fierté pour admettre ses réels objectifs. Officiellement, si elle était de retour ici, c’était pour couvrir l’évènement des secousses sismiques et rapporter un dossier complet sur ses observations et conclusions. Et elle compte rester le temps qu’il faut pour jouer les observatrices, officiellement comme officieusement.
Et si la jolie brune mène donc son enquête, il n’en reste pas moins qu’elle s’intègre au mieux dans cette nouvelle vie. Dotée d’une faculté d’adaptation étonnante, Marnie arrive même au bout de quelques semaines à se constituer à nouveau des habitudes. Et il n’est pas rare de la croiser toujours sur le même banc dans le parc de Bowen, un bouquin entre les mains. La journaliste est une bonne cliente de la librairie, au point de sympathiser franchement avec la gardienne des ouvragesLily-Anaëlle, qui n’est pas avare de bons conseils en termes de lecture.
Cet après-midi-là ne fait pas exception. Sur ce banc quelque peu décrépi sous l’arbre le plus grand du parc, l’australienne s’était lovée, un éternel roman dans la main, un grand café à son côté. Elle est captivée par son chapitre, le sixième très exactement, qui rentre directement dans le corps de l’intrigue. Marnie est tellement absorbée par sa lecture qu’elle ne se doute pas une seconde qu’elle sera bientôt attaquée par un missile atypique.
En effet, la jeune femme est soudain heurtée au niveau des jambes, déséquilibrant cette dernière. C’est un chien le coupable, qui attrape soudain son livre entre les dents et fait tomber le gobelet de café sur sa propriétaire. Le prédateur se met alors à lécher copieusement le visage de Marnie, lui faisant la fête copieusement. Celle-ci finit par se libérer, regardant avec effarement le chien s’occuper de son livre à grand renfort de dents.
La situation était purement et simplement grotesque. Elle était plantée là, les cheveux en bataille et les vêtements plein de feuilles regardant d’un air hostile l’animal qui s’en donnait à cœur joie. C’est une femme brune qui arriva sur ses entrefaites, Marnie ne pouvait que supposer qu’elle s’agissait de la propriétaire du délinquant. Elle pointa un doigt accusateur sur cette dernière.
– Rattrapez votre fauve avant que je l’étripe ! Les hostilités avaient commencé.