Maybe it had to be forgotten (Freja)

Deux mois. Deux mois que tu as quitté Bowen et te revoilà enfin à la maison. Tu es rentrée cette nuit et si tu n'étais pas si fatiguée à cause du décalage horaire, tu aurais foncé immédiatement chez Alfie. Seulement, arriver en pleine nuit avec des cernes à en mourir, ça n'aurait pas été une bonne idée. Tu aurais fait plutôt mauvaise impression. Et c'est tout ce que tu ne désires pas, surtout en ce qui concerne le jeune homme. Bref, le lendemain, même si tu sembles encore un peu fatiguée, tu fonces chez lui dés que tu le peux. Avant ça, tu as dû travailler pour reprendre ta petite affaire en main après deux mois d'inactivité et on peut le dire, ça t'as pris pas mal de temps. Quoiqu'il en soit, te voilà à présent devant la porte d'Alfie, prête à toquer. Tu n'hésites pas, frappant la porte d'un geste assuré. Finalement, celle-ci s'ouvre sur le jeune homme et un regard inquiet se dessine immédiatement sur son visage. Lorsqu'il te prend dans ses bras, tu ne peux t'empêcher de t'y blottir et le serrer davantage. Il t'a tellement manqué. C'est indéniable. Et pourtant, tu ne te souvenais pas de lui il y a encore quelques semaines. Ta mémoire n'est totalement revenue qu'il y a dix jours. Dix malheureux jours. « Je vais bien. » Réponds-tu assez vite, pour rassurer ton ami. Puis, tu lui adresses un sourire, ne détachant pas ton regard du sien. « Pardon d'avoir disparu, comme ça. Mais j'ai de bonnes raisons. Mais d'abord toi, comment tu vas ? » Demandes-tu, le regard légèrement inquiet, toi aussi. Même si aux premiers abords, tu peux remarquer qu'Alfie se porte plutôt bien.

Deux mois ont suffi à faire s'écouler toute une vie. Il y a d'abord eu le choc, la peur, puis un sentiment d'injustice qui a pris aux tripes tous les habitants de Bowen. Alfie, lui, se sentait totalement impuissant. Il ne recevait pas de nouvelle, il paniquait alors qu'il s'était toujours promis de ne pas assez s'attacher à quelqu'un que pour commencer à avoir peur de la perdre. Sauf que là, c'est différent. On ne parle pas de ne plus voir quelqu'un, de changer de pays ou autre. C'est la mort qui l'effraie, lui glace le sang jusqu'aux os. Revoir Freja, c'est sentir un poids qui se retirer de ses épaules. Elle fait partie de celles pour qui il a le plus été inquiet, il ne voulait pas la savoir partie pour de bon. Pendant qu'elle se blottit contre lui, Alfie profite de ces quelques secondes de silence pour se remettre les idées en place. Tout va bien, tout est terminé. Enfin. Il apprécie son odeur qu'il n'a pas oubliée, la douceur de ses cheveux contre sa joue. Elle lui a manqué, Freja. Alors qu'elle se détache de lui, Alfie plante son regard dans ses grands yeux bleus. Il fronce légèrement les sourcils au vu de sa réponse, mais il s'en contente pour le moment. « Ça va, juste quelques côtes cassées. Et j'ai failli perdre un oeil pendant la bataille, mais heureusement je ne finirai pas pirate. » Il sourit doucement. Depuis le séisme, les expressions d'Alfie ne sont plus égales à celles qu'il a autrefois eues. Il a l'air moins confiant, moins taquin, comme si cette tragédie avait suffi à briser cette carapace derrière laquelle il cachait la moindre de ses émotions. « Entre, » dit-il ensuite, se dégageant de la porte d'entrée pour qu'elle puisse s'installer dans son chez lui.

Deux mois de voyage, d'aventure et d'émotions. C'est ce que tu as gagné en quittant Bowen le temps pour toi de reprendre tes esprits et surtout de retrouver la mémoire. En quittant la ville, tu as laissé derrière toi des amis et parfois, bien plus que ça. Tu n'as pas pensé aux autres, sur ce coup-là tu as été plutôt égoïste. Mais tu en avais besoin, alors, au fond, tu ne le regrettes pas tant que ça. Mais c'est du passé, à présent. Et tout ce qui t'importe c'est de t'assurer qu'Alfie va bien. Ce qui semble être le cas même s'il semblait être réellement inquiet pour toi. Ce qui te touche beaucoup, tu dois bien l'avouer. Tu soupires, rassurée, lorsque le jeune homme te confirme qu'il va bien. « Je suis persuadée qu'un cache-oeil aurait plutôt bien donné sur toi. » Dis-tu, en riant, comme pour détendre l'atmosphère qui paraît si pesante, à l'instant présent. Finalement, Alfie t'invite à entrer, ce que tu fais sans traîner. Tu te diriges vers le salon, suivie du jeune homme. « Je suis désolée de t'avoir laissé sans nouvelles. » Ajoutes-tu, adressant un regard remplit de remords au jeune Bartholomew. Tu ne voulais pas l'inquiéter, ni inquiéter qui que ce soit d'ailleurs. Mais comment expliquer à Alfie, qu'il y a quelques jours encore, tu ne te souvenais pas de lui ? C'est un sujet compliqué pour toi et tu as peur que le jeune homme t'en veuilles en apprenant la vérité.

Il pourrait être mal à l'aise à l'heure actuelle, ne pas savoir où se mettre au vu de la situation. Alfie se souvient encore parfaitement de leur petite escapade à Las Vegas, des formes de son corps, de sa tête posée sur son épaule et de sa main dans la sienne. Sauf que comme dit le fameux proverbe, ce qu'il se passe à Vegas reste à Vegas. Et puis, de toute façon, Alfie n'est clairement pas le genre de personne à être mal à l'aise. Sa réflexion le fait légèrement rire. « J'en suis pas aussi certain, » réplique-t-il en haussant un sourcil pendant qu'un sourire en coin vient étirer ses lèvres. Elle a toujours été douée pour le faire rire, c'est d'ailleurs quelque chose qu'il a rapidement apprécié chez Freja. Alors qu'elle entre, lui s'avance vers le canapé avant de s'appuyer contre le dos. « C'est pas grave, c'est pas non plus comme si t'avais un devoir envers moi. » Il hausse les épaules avant d'ajouter « C'est pas comme si on s'était mariés. » Petite réflexion en rapport à leur voyage, il en fallait bien une. D'ailleurs, à leur retour, Alfie a d'abord cru que Freja l'évitait. Peut-être qu'elle n'assumait pas ce qu'il s'était passé là-bas, ou qu'elle avait peur de lui briser le coeur alors qu'en général, c'est Alfie l'expert dans ce domaine. Puis y a eu le séisme, la peur au ventre, l'incompréhension qui a laissé place à l'angoisse.

Toi aussi tu te souviens parfaitement de cette petite escapade à Las Vegas. C'est un moment que tu ne voudrais oublier pour rien au monde. Cela a été une petite parenthèse dans ta vie mais quelle parenthèse. Tu te souviens de chaque baiser, chaque caresse et de chaque sourire partagé. À cette époque de ta vie, tu avais réellement besoin de te sentir vivre et Alfie a été un peu comme ton sauveur. Le seul homme capable de te donner ce dont tu avais besoin à ce moment-là. Et pour ça, tu seras toujours reconnaissante envers lui. Tu ris à ton tour lorsqu'Alfie te taquine en mentionnant que vous n'êtes pas mariés après tout. Tu secoues la tête et réponds : « Ce n'est pas ce que dit la bague que j'ai au doigt. » Tu montres ton doigt où trône toujours cette magnifique bague. C'est un peu un rappel de votre voyage mais c'est surtout une bague que tu adores et que tu n'enlèves que pour dormir. Elle veut dire beaucoup pour toi alors tu ne l'enlèves que quand c'est réellement nécessaire. « Même si je n'avais pas d'obligations envers toi, en tant qu'amie, je préfère m'excuser. Je t'ai pas trop manqué ? » Demandes-tu, finalement, taquine. Tu aimes bien jouer sur cet aspect de votre relation. Cet aspect grâce auquel vous vous envoyez des petites piques et vous vous taquinez sans cesse. Parce que vous aimez ça, tous les deux.

Pour lui aussi, la période avait été propice pour leur voyage. Il avait la tête trop en vrac à cette époque, n'arrivait plus à s'en sortir avec tout ce qui lui tombait dessus sur le moment, et Freja avait réussi à lui changer complètement les idées d'une manière plutôt agréable, il doit bien l'avouer. Alfie regarde la bague qui trône encore fièrement autour de son doigt. « Je pensais pas que tu la garderais, » dit-il en souriant, plus amusé qu'étonné. « Je me disais que tu la revendrais sûrement, ou que tu la refilerais à UN SDF dans la rue. » Et malgré tout ce qui est arrivé, tout ce qui fait que leur relation pourrait aujourd'hui être changée, Alfie est ravi de retrouver la Freja qu'il a toujours connue. Bien sûr il ne risque pas de le lui dire de manière explicite, ce pourquoi il s'empresse de ne pas répondre honnêtement à sa question. « Pas vraiment, ça faisait du bien un peu de calme. » Il se met à rire, se dirige ensuite vers le canapé où il se laisse tomber. Ça fait longtemps qu'il ne l'a plus taquinée pour le seul plaisir de l'embêter, et c'est d'ailleurs peut-être ça qui lui a le plus manqué. Leurs piques pas méchantes, leur jeu de "qui sera le plus inventif". « T'as pas à t'excuser Freja, tout ce qui compte c'est que t'aies bien. » Il lève les yeux vers elle et esquisse un sourire plus sincère que le précédent.

En quelque sorte, vous aviez été un remède miracle l'un pour l'autre. Lui, comblant les trous dans ton coeur et toi pansant ses blessures. Ce voyage avait été le moment idéal pour prendre une grande bouffée d'air frais et pour se sentir vivant plus que jamais. C'est pourquoi, tu n'oublieras jamais cette escapade à Las Vegas, ce moment restera à jamais gravé en toi, tu en es persuadée. Alfie semble amusé par l'idée que tu portes toujours cette bague qu'il avait gagné au casino et t'avait gentiment offert. Pour toi, ça coulait de source de la garder. Cela te permet, chaque jour, de respirer lorsque les choses deviennent trop compliquées, en souvenir de ce voyage qui t'a changé, sans aucun doute. « J'vais pas jeter la bague qui m'a permis de devenir Madame Bartholomew. » Réponds-tu, taquine, en donnant un léger coup dans l'épaule du jeune homme. Lorsque tu lui demandes si ta présence lui a manqué, la réponse d'Alfie est sans appel et tu prends une moue faussement boudeuse, pour le taquiner, toi aussi. Comme vous le faites depuis toujours, d'ailleurs. « Si tu veux je t'en donne encore, du calme ! » Réponds-tu en croisant les bras mais en rejoignant néanmoins le jeune homme dans le canapé. Toi aussi, tous ces moments où vous vous lancez des piques pour jouer, t'ont manqué. Mais le principal aujourd'hui, c'est que vous êtes là, tous les deux, pour remédier à ça. Ce séisme aurait pu vous ôter la vie et ça, tu ne l'oublies pas. Tu es heureuse de revoir ton ami parfaitement en forme. « Ouais ! Mais si tu continues à me chercher, tu risques de te retrouver à nouveau à l'hôpital mais pas pour les mêmes raisons. » Réponds-tu en tirant la langue au jeune homme avant de pouffer de rire, consciente que ta menace n'est pas très crédible. « Tu étais seul, là-bas? » Demandes-tu, finalement, l'air bien plus sérieux.

À vrai dire, Alfie en avait presque oublié l'existence de cette bague avant de la revoir autour du doigt de Freja. Il n'y a plus vraiment pensé, n'accordant pas autant d'importance à ce bijou que si il avait du l'acheter. Dans ce cas, elle aurait une toute autre symbolique, bien différente d'un simple voyage entre amis. Sa réponse le fait sourire, même si l'entendre venant de sa bouche lui fait bizarre. « J'aurais pu te donner une bague en bonbon que ça aurait été plus ou moins pareil. » lâche-t-il avant qu'elle ne lui donne un coup au niveau de l'épaule, le faisant légèrement basculer en arrière avant qu'il ne se remette en place. Sa moue boudeuse l'amuse et li donne envie de rire, mais il se retient pour garder le faux sérieux de la situation. « Quand tu veux, » répond-il, cette fois forcé de se mordre la lèvre pour ne pas laisser un rictus trahir le véritable sens de ses paroles. Elle vient s'asseoir, et Alfie se décale un peu pour lui laisser de la place avant de s'accouder sur le dos du canapé, tourné vers elle. « Oh ça va, je plaisantais, » lui dit-il en laissant enfin son sourire prendre le dessus. Vient ensuite le sujet sérieux, celui qu'on voudrait éviter et faire comme si il ne s'était jamais déroulé, mais qui semble pourtant obligé d'être mentionné. Le séisme, ce séisme qui aurait pu lui prendre sa plus chère amie. « Non, j'étais avec Nevaeh. » Il se revoit encore à ses cotés, riant des personnes qui croyaient réellement à la fin du monde et qui en étaient presque à vendre leurs prospectus contre la protection d'il ne sait quel dieu. « Et toi ? T'as quand même quelques souvenirs ou c'est le noir complet ? » Alfie ne se souvient pas d'avoir vu Freja sur la place, mais elle ne devait pas être bien loin si elle a été jusqu'à la perte temporaire de mémoire.

Après votre voyage à Las Vegas, tout est redevenu « normal » entre Alfie et toi. Et pourtant, tu n'oublieras jamais les souvenirs que vous avez partagés là-bas. À commencer par cette bague que tu portes encore au doigt. Certes, ce n'est pas une vraie bague de mariage mais elle signifie quand même quelque chose à tes yeux : votre complicité. Et ça, ça n'a pas de prix. « C'est pas faux. Mais au moins, avec celle-ci, si tu me fais trop chier un jour je pourrai la revendre et me faire un beau pactole. » Réponds-tu, taquine. Tu n'es pas sûre de te lasser un jour du jeune homme, d'ailleurs. Tu as l'impression que ta complicité avec Alfie est sans limites tout comme ces moments que vous passez à vous taquiner. Comme à l'instant présent, d'ailleurs. Lorsque le jeune Bartholomew ajoute que c'était plus calme sans toi, tu ne peux t'empêcher de le frapper légèrement en prenant un air boudeur. Lui aussi, entre dans ton jeu et tente de garder l'air sérieux comme si ta présence l'importait peu. Mais bien vite, l'humour reprend le dessus et Alfie ne parvient pas plus longtemps à garder son sérieux. Tu ris à ton tour, amusée de voir que rien n'a changé entre vous deux. Sauf peut-être qu'à présent, vous ne pensez plus à coucher ensemble. « Je sais. » Ajoutes-tu simplement. Finalement, vous en arrivez à parler du séisme, un sujet bien plus sérieux qu'il faudrait éviter à tout prix. Mais tu veux tout de même savoir ce qui est arrivé à Alfie ce jour-là et au fond, tu espères que ce fut moins pire pour lui que pour toi. Tu hoches la tête en apprenant qu'il n'était pas seul mais avec Nevaeh. Tu fronces les sourcils, inquiète pour la jeune femme. Il faut dire qu'à présent, vous êtes plutôt amies toutes les deux et pas seulement parce que c'est la soeur de Woody, ton meilleur ami. « Elle va bien? » Demandes-tu à la hâte. Alfie dérive bien vite le sujet sur toi, voulant savoir si tes souvenirs de cette journée sont intacts. « Disons que je me souviens de ce que j'ai fait avant le séisme mais pas pendant. On m'a raconté que c'est un homme qui m'a emmené à l'hôpital après m'avoir sorti des débris mais je n'en sais pas plus. » Réponds-tu, l'air grave. Non, tu n'en sais pas plus que ça et ça te ronge.

Sa remarque le fait doucement rire. Clairement, il ne serait pas vexé si Freja se débarrassait de cet objet. Ça ne ferait qu'éloigner le seul objet-souvenir qu'il reste de leur voyage à Vegas, mais lui au moins a encore tous ses souvenirs intactes. C'est amusant de voir comme, après tous ces moments de proximité partagés, tout soit redevenu comme avant leur départ. Qu'ils en soient restés au statut de bons amis, sans plus rien d'ambigu qui pourrait compromettre ce lien entre eux. Du moins, pour le moment. Ça leur ressemble bien au final, ce petit jeu qu'ils ont eu et qui appartient maintenant au passé. « Je veux au moins 50% sur la vente, » dit-il en la regardant comme si ils étaient actuellement en train de signer un contrat important. Ils plaisantent, rient comme si le monde n'avait pas menacé de s'écrouler deux mois plus tôt. De toute façon, ça n'a jamais été son genre de se morfondre sur lui-même trop longtemps. Il savait que leur vie retrouverait leur rythme quotidien, que les liens se reformeraient, et que Freja redeviendrait Freja comme tout le monde a fini par redevenir lui-même. Cependant, ne pas parler de ce qui est arrivé laisserait à penser qu'il s'en fiche totalement, et ce n'est clairement pas le cas. Il s'est fait du souci pour beaucoup de personnes, dont elle, même si Alfie s'est toujours promis de ne jamais assez s'attacher à une personne que pour être blessé par son absence. « Elle s'est cassé le bras et flippait un peu sans CJ au début, mais elle va beaucoup mieux. » Il ne dit pas qu'il a été là pour elle, qu'il ne l'aurait laissée manquer de rien, jamais Alfie n'a été du genre à se vanter de cette part de lui que trop peu connaissent. « Heureusement qu'il était là, ce gars. C'est héroïque, ça fait un peu série dramatique. » Il esquisse un sourire, cherchant à dédramatiser la situation même si il était difficile de ne pas avoir les traits du visage durcis quand on évoquait cette période de vie traumatisante. Il relève la tête vers Freja. « J'vois qu'il y a pas mal de monde qui voit ce séisme comme un événement perturbateur dans la vie, comme au nouvel an où tu dois faire tes résolutions, tu vois ? Des envies de changement soudaines, comme ça. » Il hausse les épaules. « Je pense que j'en fais partie, en fait. »

Il est vrai que malgré votre petite escale "romantique" à Vegas, votre relation est restée inchangée. Vous auriez pu vous sentir mal à l'aise après cet épisode mais non, il n'en fut rien. Sans doute parce que les fondations de votre relation étaient solides. Et puis, tu n'es pas quelqu'un qui met une relation de côté juste parce que le sexe est intervenu. D'ailleurs, tu le ferais encore moins avec Alfie car quoi qu'on en dise, tu tiens à lui. Même si tu ne lui avoueras sans doute pas. Et de son côté, tu sais qu'il en est de même. « Si je la vends, c'est soit que je suis à sec, soit qu'on s'entend plus. Donc dans les deux cas tu n'auras rien. » Dis-tu en lui tirant la langue et puis en rigolant simplement. Ces moments de rire se sont fait si discrets dans ta vie récemment. Alors tu dois bien l'avouer, cela te fait du bien de pouvoir te laisser aller, rien qu'une fois. Mais bien vite, la conversation devient plus sérieuse et tourne principalement autour du séisme qui a secoué la ville entière. Alfie était aux côtés de Nevaeh ce qui te rassure d'un côté. Eux, ils ont eu de la chance d'être là l'un pour l'autre. Toi, tu n'avais personne à part finalement cet homme qui t'a sauvé la vie. Tu hoches la tête en écoutant les paroles du jeune homme, tu es rassurée que tout le monde aille bien, ou presque. Tu souris lorsqu'il fait référence à une série dramatique car c'est exactement ce à quoi tu as pensé. « Ouais sauf que dans la série, cet homme aurait sans aucun doute été l'homme de ma vie. » Réponds-tu en riant. Tu es du genre à penser qu'il n'existe aucune âme soeur te concernant et tu t'es faite à l'idée que ça ne changerait jamais. Tu hoches à nouveau la tête lorsqu'Alfie compare le séisme à un renouveau. C'est exactement ça et visiblement, il en fait partie, lui aussi. « Ah oui ? Qu'est-ce qui va changer dans ta vie, à toi ? » Demandes-tu curieuse, un léger sourire aux lèvres.

Depuis qu'il la connait, il n'a jamais vraiment su comment définir sa relation avec Freja, ni même dans quelle catégorie la classer. Ils parlaient parfois comme deux rivaux, riaient comme deux amis, sauf qu'Alfie sait très bien qu'il n'aurait jamais dérapé avec Nevaeh ou Ludmilla comme il l'a fait elle. Certainement qu'elle ne possède tout simplement pas de catégorie, qu'elle est juste Freja. Une fille unique, particulière, un peu casse-pieds par moments, mais une fille qu'il a pris plaisir à draguer dans un casino à l'autre bout du monde. Peut-être que ce voyage restera dorénavant à jamais mis entre parenthèses, qu'ils n'en parleront plus, qu'il n'y aura plus jamais rien d'ambigu entre eux. Alfie n'en a clairement pas la moindre idée. « Ingrate, » lâche-t-il comme seule réponse, les paupières plissées et un léger sourire venant soulever le coin de ses lèvres. C'est agréable, au final, de pouvoir retrouver une relation si légère après tant de mois passés à broyer du noir. Enfin, Alfie a l'impression qu'il peut à nouveau respirer. Fermer le chapitre séisme, le garder dans un coin de sa tête pour ne pas l'oublier, mais assez petit pour ne pas y penser sans arrêt. « Bouhou, pauvre de toi. » Il lui offre une mine faussement triste quand elle suppose que cet homme aurait pu être l'homme de sa vie. Alfie n'est clairement pas celui capable de parler d'amour, il doit d'ailleurs être le pire des boulets dans ce domaine. Et pourtant, même si il n'a jamais été très sérieux autant dans ses relations que dans sa vie en général, il s'est mis à réfléchir à quelques changements. Des trucs peut-être sans intérêt pour les autres, mais qui ont de l'importance pour lui. « Mon boulot déjà, j'ai plus envie d'être simplement serveur et je pense que je vais démissionner. » Et ouvrir son propre bar, déverser le peu d'argent qu'il a dans un endroit qu'il prévoit de tout retaper. Mais ça, il n'en parle pas tout de suite. « Puis on verra, peut-être essayer de sortir moins, arrêter la clope. Bon, peut-être pas la clope, mais au moins devenir un peu plus... sérieux ? » Il hésite, incertain de son mot. Alfie se redresse et plante son regard dans celui de Freja. « Et toi ? T'as des projets  ? »

De ton côté, tu es également incapable de mettre un mot sur la relation que vous partagez. On ne peut pas vous qualifier de sexfriends étant donné que vous n'avez couché qu'une seule fois ensemble mais on ne peut pas non plus dire que vous êtes juste amis puisque les amis ne couchent pas ensemble, en général. En résumé, il n'y a pas de mots pour vous qualifier mais ce n'est pas plus mal car ça rend votre relation unique et rien qu'à vous. Peut-être qu'un jour elle évoluera et qu'à ce moment-là vous pourrez mettre un mot sur votre amitié ou peut-être pas. Peu importe, tant qu'Alfie reste dans ta vie, tu t'en fiches bien de savoir ce que vous êtes l'un pour l'autre. Tu rigoles lorsque le jeune homme te traite d'ingrate et tu ne peux t'empêcher de lui tirer la langue en retour. Des enfants, c'est ce que vous êtes lorsque vous êtes tous les deux. Tantôt des enfants, tantôt des adultes s'amusant à dépenser leur argent au casino et terminant complètement nus dans une loge d'un bar de strip-tease. Il n'y a pas à dire, votre relation est unique. « Non mais en réalité je m'en fiche un peu, je suis pas sûre de supporter un homme dans ma vie. Vous êtes tellement chiants, vous les hommes. » Réponds-tu, pour taquiner le jeune Bartholomew. Arrive finalement un sujet un peu plus sérieux mais tout aussi important que le reste. Suite au séisme, Alfie t'explique vouloir du changement dans sa vie et tu ne peux que comprendre ce besoin. Tu l'as toi aussi ressenti lorsque tu as décidé de partir deux mois pour visiter un nouveau continent à savoir l'Asie. Être plus sérieux, Alfie ? Cela t'étonne, tu dois bien l'avouer. Mais si c'est pour un mieux pourquoi pas, tant qu'il reste taquin en ta compagnie ça te convient. « Je vois... Et qu'est-ce que tu ferais alors ? » Demandes-tu, en faisant référence à son métier. « Pour la clope, ça aurait été une bonne résolution. » Ajoutes-tu, un sourire aux lèvres. Toi, tu n'es pas une adepte de la cigarette, il faut bien le dire. Tu as déjà tiré sur une clope quelques fois, certes, mais ce n'est pas une addiction. Et heureusement. « Continuer à découvrir le monde, sans doute. Et profiter au maximum de ce que la vie a à m'offrir. Oh et puis arrêter de me prendre la tête pour des gens qui ne le méritent pas. » Réponds-tu simplement. Ce n'est pas réellement des résolutions de vie mais c'est tout ce à quoi tu penses pour le moment. Et ça te convient comme ça.

Ça lui plait de jouer les gamins avec Freja, d'agir avec elle comme si le monde n'avait pas menacé de s'écrouler, même si ils n'ont jamais vraiment su si ça s'était limité à Bowen ou au reste de la planète également. Au final, peut-être qu'ils avaient un peu trop vite crié à la fin alors que ce n'était rien de plus qu'un simple tremblement de terre. N'est-ce pas censé être courant en Australie ? Alfie n'en sait rien, il n'a jamais été très doué en géographie, histoire, ni même en aucun autre cours. À nouveau, il lève les yeux vers elle et hausse les sourcils d'un air presque choqué. « Nous, chiants ? T'es très mal placée pour parler, » réplique-t-il pour continuer dans cet échange de pics semblable à un match de tennis de table. De l'extérieur, Freja et Alfie doivent être bien drôles à observer. Puis vient le retour à la réalité, une réalité où il a envie de changements et de voir plus grand. Elle lui demande ce qu'il prévoit de faire et lui, il ne peut s'empêcher de sourire un peu fièrement. Son projet secret, celui dont il n'est pas censé mentionner l'existence, va finir par ne plus en être un si il en vient à en parler comme ça à tout va. Mais tant pis, de toute façon Alfie n'a jamais été très doué pour garder des secrets. « Je vais ouvrir un bar, » lâche-t-il naturellement, les épaules fièrement relevées et un sourire étirant le coin de ses lèvres. Il ne répond rien sur le sujet de la clope, pas encore prêt à dire adieu à une de ses drogues préférées, mais il se doit de réagir quand elle en vient à parler de ses projets à elle. « Ça m'a l'air pas trop mal, surtout la partie sur les voyages. Peut-être qu'un jour je débarquerai à l'improviste pour t'accompagner et tu seras forcée de me supporter, encore. » Il hausse les épaules, totalement incertain de si ce qu'il vient de dire pourrait réellement se réaliser ou non. Voyager oui, Alfie a toujours aimé changer d'endroit et découvrir le monde. Mais avec Freja, une seconde fois ? Il ne sait, même si il serait curieux de voir comment les choses tourneraient cette fois-ci.