magic cake + adrianara

Après une belle journée ensoleillée où j'avais réussi à amasser une dizaine de dollars, j’avais attendu quelques heures près du café où Sara travaillait encore. Je restais sagement à attendre sur le banc alors qu’Einstein faisait une sieste à mes pieds. J’étais étrangement nerveux pour ce soir. J’avais cette cloche à gâteau avec moi et un gâteau au chocolat : la recette familiale. J’avais tout fait chez Léo qui m’avait regardé d’un drôle d’air alors que je souhaitais que tout soit parfaitement parfait. Et la belle brunette finissait par fermer le café, je me levais donc pour aller la rejoindre avec le grand sourire aux lèvres, prêt à la revoir. « Sara. » dis-je comme pour m’annoncer et la saluer à la fois. En temps normal, je lui aurais fait la bise, mais ce n’était pas comme ça que ça se déroulait pour un sans-abri. Déjà que j’avais pris ma douche chez Léo, c’était déjà très cool et j’avais une bonne odeur. Je lui tendais le gâteau avec un grand sourire, j’étais de parole. « C'est un Devil food cake. On le mange ici? » suggérais-je en pointant le banc pas trop loin où Einstein somnolait encore un peu.

« Bonsoir Adrian !» Je lui faisais un grand sourire. Elle ne tardait pas à ouvrir la boîte en découvrant ce fabuleux Devil’s Food Cake. Elle ne tardait pas non plus à me questionner alors que je me mettais à rire doucement. « En fait, ce genre de gâteau est très moelleux et il y a pas un, mais bien deux étages de chocolat. C’est tout simplement décadent ! Essaye le et tu sauras juger par toi même. » commentais-je, un peu fier. C’était la recette familiale après tout, celle à laquelle aucun Palladino sain d’esprit ne pouvait résister ! « Et si on rentrait ? » Sur le coup, j’avais arqué un sourcil. Rentrer où ? Elle montra l’intérieur de la boutique et je hochais la tête. « Tu n’auras pas d’ennuis ? » demandais-je gentiment. Elle expliquait par la suite qu’on serait plus à l’aise pour accompagner le gâteau et Einstein pouvait venir. Je hochais donc la tête avec un sourire. De toute façon, ce n’était pas comme si ce chien était difficile à discipliner. Je suivais donc Sara jusqu’à l’intérieur du café avec un sourire en regardant autour de moi. « On dirait que cet endroit a goûté au séisme. » commentais-je tristement. Je m’installais au comptoir, Einstein sur mes pieds. « C’est ton café ?» demandais-je en me rappelant qu’elle était institutrice selon mes souvenirs. Enfin, c’était ce qu’elle m’avait dit, si ma mémoire était bonne. Je lui aurais confié mes enfants tête première.

« C’est un programme alléchant, je dois dire! » « C’est pas le programme! C’est le gâteau! » m’exclamais-je en riant un peu. Elle me montrait un de ces fabuleux sourires, ceux que j’étais prêt à payer des fortunes. À ma question, elle ne semblait pas s’inquiéter et je hochais la tête avec un sourire à son invitation avec Einstein qui se couchait sagement à mes pieds. Je regardais autour de nous deux et je hochais la tête à ce que Sara me disait. Je m’étais informé à ma famille et eux aussi allaient très bien ce qui m’avait rassuré. Selon eux, c’était plutôt pour moi qu’ils s’inquiétaient. Il parait que Sienna avait failli arriver en trombe ici. Encore heureux qu’elle ne le soit pas. Elle aurait sans doute été fort déçue. À ma question, elle me disait que ce café appartenait à une amie et je hochais la tête positivement. C’était bien gentil de sa part. « C’est gentil de sa part et je trouve encore plus merveilleux que tu t’y plaises. » commentais-je donc alors qu’elle me questionnait. Surpris, je répondais en me frottant la tête. « Dans les rues, j’ai pris soin de la fille d’une amie. Une fissure avait séparé la rue en deux. » L’abris... J’avais secoué tristement la tête négativement. D’un côté, j’étais content de m’en sortir indemne. De l’autre, je me demandais comment les réels sans-abris s’en étaient sortis. Avaient-ils pu bénéficier d’aide? Je ne le saurais jamais. « Et toi? Tu sembles en bon état... mais tu t’en es sortie comment? » questionnais-je, une pointe d’inquiétude dans la voix entremêlé de curiosité. Je caressais mon chien pour sortir un petit sac de croquettes pour chats que je glissais sur le sol. Mon canin ne tardait pas à s’en goinfrer. « Il adore ces croquettes pour chat et j’arrive pas à comprendre comment il fait. L’odeur ne ressemble qu’à des poissons rouges. C'est répugnant! » J’arque un sourcil à ma propre comparaison. 

« Attendez, Monsieur le grand pâtissier, je ne jugerai qu’après avoir goûté! » « Elle a fait ses preuves chez nous, c’est une recette familiale! » lui déclarais-je avec un once de fierté dans la voix. J’oubliais presque que j’étais sensé avoir de mauvaises relations avec ma famille. Avec le café que je ne tardais pas à porter à mes lèvres et m’en délecter. Mon premier de la semaine et c’était fou à quel point il était bon! « Il est merveilleux, Sara. » lui dis-je, les yeux brillants. Le café me manquait jour après jour et le retrouver était un réel plaisir et surtout un bonheur pour moi. « La petite fille a retrouvé ses parents? » « Oui, j’ai dit à sa mère que je la retrouverais sur la plage. » Je me doutais que Sara aimerait probablement entendre les détails concernant la fillette et je ne tardais donc pas à les lui partager. « On tentait de trouver les dragons responsables du séisme dans la grande forêt sans arbre.... Et la Princesse avait bien évidemment son cheval... » Je portais un regard désolé vers mon chien avec un petit rictus. Évidemment qu’ils s’étaient amusés... Peut-être plus la gamine qu’Einstein, au final mais ce n’était pas bien grave. Sara ne tardait pas à poursuivre en me disant qu’un ami l’avait secouru. Je hochais la tête avec un petit sourire en coin alors qu’elle me parlait de l’image de la demoiselle en détresse. Je remarquais son rire faux, je retenais donc le mien. Intéressant. « Et le mental? » questionnais-je de plus belle. Après tout, n’était-ce pas là le fin travail d’un psychologue? En attendant, Sara caressait mon chien en approuvant mes goûts. « Tu crois avoir besoin d’aide pour quelque chose suite au séisme? » questionnais-je largement en buvant encore plus de café. « Le café est très bon, soit dit en passant. » Je lui faisais un gentil sourire en levant ma tasse vers la sienne. « On trinque? » lui demandais-je avec un sourire en coin. Ouais, ça faisait bien mauvais de trinquer avec du café, moi qui était habitué aux flûtes de champagne quelques années plus tôt.

Je m’emportais, comme toujours sans doute. Étant un passionné de nature et surtout curieux, lorsque je racontais des histoires, je le faisais avec une joie profonde. Sara m’écoutait et buvait mes paroles, j’aurais pu invoquer des trolls qu’elle aurait sans doute suivi le récit avec tout autant d’attention! « Un héros? Je ne crois pas. Un homme aux histoires? Ça, je ne peux pas le contredire. » Je riais et je lui faisais un sourire. Elle me rappelait qu’Einstein avait été un brave cheval dans le contexte. Je ne pouvais pas le nier! Suivant le silence que j’avais courageusement interrompu, Sara m’expliquait de son côté ce qui s’est passé. Une bouteille de whisky? Curieux. « Une bouteille de Whisky? Mais où étais-tu? » questionnais-je de plus belle, je me doutais qu’elle ne devait pas être dans le coin. Elle m’expliquait par la suite que mon histoire de princesse faisait davantage rêver que la sienne. Elle allait bien et allait dans la même ligne de pensées que moi. « Oh tu sais, mes histoires de princesses sont magiques! Je t’en raconterai une, un jour. » lui promis-je alors en me disant que j’allais devoir trouver une de ces histoires fabuleuses. Sara avait parlé du matériel et je renchérissais à ce sujet. « Effectivement, je compte pas le nombre de gens que j’ai vu en direction de l’hôpital. Ça et les ambulances... Un truc de fou! » commentais-je alors. Les médecins devaient être surchargés, je me doutais bien. Sara m’expliquait qu’ils avaient recommandé du matériel, fait diverses réparations. « Fais-moi signe si tu as besoin de quoi que ce soit. Que ce soit pour chez toi ou même ici. » Je lui faisais un sourire sincère. « À la nôtre, merci d’être là, j’aime beaucoup ta présence. » « À nous deux. Et saches que le plaisir est partagé! » Je buvais le café que je trouvais encore aussi délicieux. « Je t’ai dit qu’il était vraiment bon? J’devais pas en avoir bu... depuis... avril, je crois. » avais-je alors réfléchi. Ma machine à café me manquait malgré l’enrichissement que me procurait cette expérience. « As-tu des projets pour la prochaine semaine? » questionnais-je gentiment.

Un conteur donc, voilà ce que j’étais sans doute aux yeux d’Iris et de Sara. À sa morale, je souriais malgré moi. « Pas toujours de vérité, mais elles contiennent du vécu. Tu verras, un jour je t’en raconterai une que tu devras écouter attentivement avec ton cœur d’enfant, et non avec tes oreilles. » lui dis-je en lui souriant. Sara m’expliquait par la suite que le Whisky était pour un type de café, elle avait bien raison. Je hochais la tête, compréhensif. « Je m’en doute, hein. » Je lui offrais un sourire triste alors qu’elle me relançait concernant mes histoires et Sara ne perdait rien pour attendre... Elle me demandait néanmoins un nouveau gâteau ce qui me faisait rire. « Encore au chocolat ou tu veux voir les autres mystères d’Adrian Palladino? » Je lui adressais un clin d’œil amusé. Mais là, j’allais avoir plus qu’un gâteau à faire, j’allais devoir inventer une histoire ... Une histoire importante qui allait devoir lui plaire. Bon, il y aurait certainement une princesse, parce qu’elle était belle Sara. Et on verrait pour trouver un cheval, il devait bien y avoir un balai quelque part... Parce que sous le poids d’Iris, Einstein n’avait pas cédé, mais je doutais concernant celui de Sara. Et pour pas vexer, elle était tout de même plus grande qu’une enfant de quatre ou cinq ans. À ma question, elle ne semblait pas avoir d’horaire prédéterminé. « Je te propose un gâteau et une histoire. Et peut-être une surprise, si tu es gentille. » lui dis-je alors avec un sourire grandissant. « Mais pour avoir ta surprise, tu devras aider une autre personne. » Voilà que je m’amusais davantage en lui donnant un tout petit défi. Enfin.. Je me débrouillerais rapidement pour le savoir et tout se savait rapidement dans Bowen. « Tu veux une autre part de gâteau? » lui offrais-je donc comme pour passer à autres choses.

« C’est quoi cette histoire? Tu sais il reste encore plein de gâteau, on a tout le temps pour que tu m’en racontes d’autres dès ce soir! » « Mais attends, tu dois me donner le temps d’en inventer une! » lui dis-je en riant doucement. Je faisais mine de réfléchir et puis, je trouvais une légende qui pouvait être intéressante. Je me levais d’un bond et je faisais de grands gestes « Il y a de cela de nombreuses années, de très nombreuses années, il y avait un village du nom de Yawbus et ce village contenait des monstres... Mais un type de monstre en particulier, tu sais ceux qui passent incognito? Bref, j’y reviendrai. » Je me raclais la gorge pour mieux entrer dans cette histoire. « Il y avait une femme qui s’appelait Bellatrix. Cette femme était très aimée, c’était une femme belle, une femme avec une intelligence hors du commun, tu sais le genre que toutes les filles veulent comme amie alors que les hommes la veulent comme épouse? Parce qu’à cette époque là, c’était pas des plans culs que les hommes voulaient, enfin, peut-être, j’sais pas, j’y étais pas : mais ça c’est ce que j’pense. Mais cette femme là, Bellatrix, elle menait une double vie. Est-ce que tu as une idée de comment elle pouvait mener ce type de vie? » Et voilà que je me prenais beaucoup trop au sérieux pour la chose. Suite à sa réponse, la bonne, bien évidemment, je poursuivais mon histoire. « En fait, Bellatrix était une sorcière, oh que oui! Et même plus que ça, c’était la spécialiste des potions. D’ailleurs, dans la vie, elle vendait des herbes et tout ce genre de choses pour ceux qui en avaient besoin, les médecins de l’époque. Bref, Bellatrix était la spécialiste des potions, mais elle ne voulait pas se faire attraper parce qu’à cette époque, tu sais ce que ça signifiait... Elle pouvait se faire brûler sur le bûcher ou bien elle se faisait encager et évidemment, ce n’était pas ce qu’elle souhaitait! » En lui racontant ma légende, je lui coupais une nouvelle part de gâteau que je lui donnais dans son assiette avec un sourire. « Donc où en étais-je... Ah oui! En fait, Bellatrix pratiquait sa sorcellerie en cachette, elle réalisait ses potions et elle devait les tester ces potions. » Je prenais une gorgée d’eau près de moi avant de poursuivre. « Ce que je ne t’ai pas dit c’était qu’elle avait eu beaucoup de maris et ils finissaient toujours par disparaître d’une façon particulière... Un peu trop spéciale pour être normale. » Je m’arrêtais et je regardais Sara pour m’assurer de ne pas l’avoir perdue. Je gardais un sourire espiègle au visage alors que je me remémorais qu’elle devrait aider quelqu’un. « Je sais pas, quelqu’un qui en a réellement besoin? » suggérais-je, ça me semblait la chose la plus logique. Puis, elle ne tardait pas à m’accuser de chantage. « Promets-moi, sans quoi je ne continuerai pas mon histoire. » Oui, je faisais des menaces maintenant, mais avec ce grand sourire, Sara n’aurait pas à me supplier bien longtemps pour que je lui raconte la suite.