I want you to stay -r.

Tu avais repris ton chemin, quittant l'hôpital pour la plage, tu essayais de trouver un chemin où il n'y avait pas eu trop de dégâts; mais autant dire que c'était mission impossible. Tout le centre-ville avait été touché, tout était en ruine. En plus tu marchais de plus en plus lentement, le souffle court, depuis que le sol avait tremblé, tu n'avais pas arrêté d'aller dans tous les sens. Même si tu voyais enfin la plage, le petit café et surtout deux silhouettes parmi la foule. « Adrian ! » criais-tu faiblement en le voyant au loin, même si lui ne pouvait pas encore te voir puisqu'il te tournait le dos. Tu pouvais aussi voir Iris et un chien avec eux. Tu ne savais même pas qu'il avait un chien, mais il semblait bien jouer avec Iris, ce qui te faisait sourire. Tu pourrais presque penser que c'était une journée normale, que tu rejoignais ta famille après une journée de travail, mais malgré la joie, il y avait encore toute la peur, toutes les images d'horreurs que tu avais pu voir aujourd'hui. Tu pressais le pas pour les rejoindre aussi vite et mettre fin à cette distance. « Adrian, Iris ! » murmurais-tu une fois à leur portée. « Tout va bien pour vous ? » A peine avais-tu posée la question qu'Iris se jetait dans tes bras, tu l'attrapais à toi, voulant la porter, mais la douleur dans ta côte était trop importante, trop présente, alors tu te baissais pour être à sa hauteur, la serrant fort dans tes bras. « Oh Iris, maman est là maintenant. » Tu lui caressais les cheveux, la serrant une nouvelle fois, et tu relevais les regards vers l'homme qui avait tant fait pour toi. Tu pleurais de joie, de la retrouver elle, mais lui aussi. « Merci, merci mille fois ! » Il n'y aurait jamais assez de merci pour son acte, pour son geste. Il avait sauvé ta file, il l'avait mise en sécurité et il t'avait attendu. Il n'y avait pas à dire, si tu n'étais pas amoureuse de lui avant, tu l'étais maintenant.

Avec Iris, on avait inventé un jeu : celui de sauter par dessus les différentes fissures. C’était presque comme la marelle. Je sautais avec elle un peu par dessus, je passais sous les différents trucs et j’inventais des jeux avec rien. Einstein était le premier à guider l’enfant à travers ces mêmes jeux. Il n’était pas chien guide pour rien initialement. Enfin, il avait échoué les tests parce que c’était une grosse boule d’amour ! « Adrian ! » avais-je entendu alors que je relevais la tête pour la voir. « Hey Iris, maman est là ! » dis-je simplement avec un sourire. « Tout va bien pour vous ? » Je hochais la tête positivement. « Nous étions dans le parcours de la grande forêt pour trouver les dragons responsable ! Iris s’est transformée en Princesse et avec son fidèle compagnon, son cheval ils allaient sauver les enfants en danger ! » avais-je dit avec un once de fierté, alors que la gamine sautillait sur place avec un grand sourire suite aux câlins de sa mère. Elle pleurait et malheureusement pour moi, je n’avais qu’un mouchoir utilisé et je me retenais bien de le lui donner. Elle me gratifiait beaucoup trop et je secouais la tête négativement avec un grand sourire. « Ce n’est rien ! Nous sommes allés chasser les méchants dragons. » Je faisais un sourire à Iris puis à sa mère. « Bon, je vous laisse vous retrouver en mère-fille. » commentais-je alors avec un sourire en reprenant le contrôle d’Einstein qui venait tout juste de lécher la joue de l’enfant qui ricanait.

Le chemin t'avait paru si long jusqu'à lui, tu ne pensais pas le retrouver aussi vite, aussi facilement. Par rapport à la place de tout à l'heure, la plage était plus déserte. Ce n'était pas là que les gens venaient se regrouper, après tout, si là aussi le sol venait à s'effondrer, comment s'en sortir ? Il y avait la mer, c'était bien plus dangereux mais si tout semblait calme, si tout semblait avoir repris son cours. Tu profitais d'Iris, de sa chaleur dans tes bras en écoutant les quelques mots d'Adrian. « Des dragons hein ? La classe ! » Tu étirais un grand sourire sur ton visage. Tu étais heureuse, même si ce n'était pas le bon moment pour laisser exploser ta joie. Dans toute cette situation de panique, malgré la peur, il avait gardé son sang froid et avait trouvé le moyen de faire venir Iris ici tout en l'amusant, en lui changeant les idées. Tu n'étais même pas certaine de pouvoir faire une chose pareille. Ton attention retournait sur Iris qui te racontait leur aventure, qui te parlait du chien, de la force d'Adrian et de son courage aussi. Tu souriais de plus belle a chacun de ses mots, l'embrassant fort avant de la prendre dans tes bras et de te rapprocher d'Adrian et du fameux toutou dont tu n'avais pas compris le nom puisqu'Iris avait mâché son nom que tu avais juste retenu "tein". « Adrian, tu es sûr que tout va bien ? Tu es tout poussiéreux.. » demandais-tu un peu inquiète. Maintenant que tu étais face à lui, tu voyais bien qu'il était différent de l'homme que tu avais connu. Comme s'il était plus négligé, qu'il était fatigué et qu'il vivait dehors. Ce qui te semblait assez incohérent en sachant ce que tu savais de lui. « Et tu as un chien maintenant ? » Tu désignais la bête d'un sourire avant de reporter ton attention sur lui. Iris adorait les animaux mais c'est toi qui était plus du genre à mettre un frein parce que tu n'avais pas toujours le temps pour t'occuper d'un ami à quatre pattes. Un chat encore pouvait passer, mais pas un chien.

« Des dragons, hein? La classe! » Je riais doucement en haussant les épaules, comme si je n’y étais pour rien. Quelque part, je ne devais pas y être pour grands choses, si ce n’était que de changer les idées de la fillette. Elle ne tardait pas non plus à décrire nos aventures plus en détails alors que Sunny s’approche de moi pour me questionner sur la poussière. Pour une fois, j’avais une excuse facile. « Oh c’est simplement à cause du séisme, je me laverai un peu plus tard. » dis-je en éloignant cette histoire d’un revers de main. Sunny devait être la première à remarquer le poids que j’avais perdu, les muscles qui étaient là malgré tout. Je m’entraînais, différemment, mais je le faisais. Mes cheveux devaient être bien plus que poussiéreux pour qu’elle le remarque. « Et tu as un chien maintenant? » Je souriais et je hochais la tête. « Je l’ai depuis quelques années, en fait. Il n’aime pas trop voyager, mais bon. » Il n’avait pas le choix que de m’accompagner en tant que clochard, cette fois. Et croyez-moi quand je vous dis que c’était tout un voyage! « Einstein c’est mon pilier ces temps-ci. » lui confiais-je donc en ne mentionnant pas que mon père était bien occupé avec sa compagnie. Il l’avait toujours été d’ailleurs... « Et toi, comment tu vas? Et l’enfant avec qui tu étais quand je suis parti, elle s’en sort? » questionnais-je de plus belle.

Ce n'était que de la poussière, à cause du séisme. Plus tu le regardais et plus tu avais le sentiment qu'il te cache quelque chose. Tu n'aimais pas ce que tu ressentais, tu n'aimais pas les soupçons qui te tournaient dans la tête. Tu n'avais pas envie qu'il te mente, tu n'avais pas envie qu'il trahisse ta confiance. Et tu voulais lui faire confiance le plus possible, tu l'aimais bien dans le fond et pas qu'un peu. Tu chassais vite tes mauvaises pensées, préférant les oublier aussi vite qu'elles étaient venues. « On peut aller chez moi si tu veux, à moins que ton hôtel soit plus près ? » demandais-tu simplement. Il n'avait pas l'habitude de dormir à Bowen, de ce que tu avais compris, il avait souvent une chambre à Mackay, puisque vous y aviez passé pas mal de temps alors peut-être que cette fois-ci les choses étaient différentes, peut-être qu'il avait une chambre à Bowen. « En tout cas il a l'air d'apprécier Iris ! » Tu affichais un léger sourire en le voyant s'approcher de la petite et de lui tendre sa tête pour qu'elle lui fasse quelques caresses. Tu n'avais jamais eu l'idée d'acheter un chien mais si Iris t'en demandait un dans les jours à venir, tu n'aurais sûrement pas de quoi lui refuser. « Tout va bien pour toi ? » Tu t'inquiétais un peu plus pour lui, fronçant légèrement les sourcils à son affirmation. Tu n'aimais pas ce que tu entendais, ni même ce que tu voyais. « Oui ! Elle a retrouvé son père, elle n'avait que des blessures superficielles, elle devrait aller mieux d'ici demain. » Bien qu'elle n'oublierait peut-être pas ce qu'elle a vu. Elle s'est quand même fait marcher dessus et vu sa position, elle a du voir des gens tomber dans les crevasses au sol ou se faire écraser d'une manière ou une autre. Même toi tu n'étais pas certaine d'aller bien d'ici demain.

« On peut aller chez moi si tu veux, à moins que ton hôtel soit plus près? » Je secouais la tête négativement. « Mon hôtel est à Mackay. » mentis-je alors. Je me sentais coupable de ne pas lui dire la vérité et encore plus de lui mentir. « On peut aller chez toi? » suggérais-je alors sans la moindre gêne. Elle comprendrait, j’en étais persuadée. Je doutais néanmoins qu’elle n’apprécierait pas la vérité. Sunny passait un commentaire à l’égard de mon chien et je souriais. « Il adore tout le monde, ce chien. » Je conservais le regard sur mon canin alors que la brunette semblait s’inquiéter davantage. « Oui, évidemment. Tout va très bien. Et toi? » lui demandais-je alors. Pas question de parler de moi, j’allais encore me mettre les pieds dans les plats et ce n’était pas du tout ce que je voulais. On parlait donc de la vie en général... Comme quoi l’autre enfant avait retrouvé son père et que ses blessures étaient légères. « Tant mieux! J’en suis heureux. » lui confiais-je alors. « Tu habites toujours au même endroit? » lui demandais-je alors que j’étais le premier à me déplacer dans le coin. « Ma voiture a été avalée par le séisme, alors on devra marcher. » lui expliquais-je gentiment, sans en faire de cas. Tout pour que la vérité ne se sache pas. Et après tout, un séisme, ça pouvait faire bien des choses!
 

« Tu étais venu te promener à Bowen ? » Si son hôtel était à Mackay alors que faisait-il à Bowen ? Tu pensais bien sûr qu'il était venu pour te voir, peut-être pour te préparer une surprise parce que tu ne l'avais pas vu depuis des semaines, la faute à vos emplois du temps assez chargés. Alors le savoir dans le coin te rendait heureuse. « Oui bien sûr ! » Ça ne te gênait absolument pas, ce n'était pas comme si il allait se passer quelque chose et au moins il avait fait la connaissance d'Iris. Elle-même sautait sur place lorsque tu avais dit oui parce qu'elle pourrait passer plus de temps avec le chien, qu'elle semblait vraiment apprécier. « J'ai un peu mal mais ça va. » Tu pensais que c'était lié à l'effort que tu avais fait mais tu te voilais un peu trop la face. Tu avais au moins un côte de fragilisée. Pour la nuit ça irait mais demain quand tu verrais l'hématome tu finirais sûrement aux urgences. « Toujours oui ! » Tu n'avais pas prévu de déménager, tu l'avais déjà fait quand tu avais quitté la maison familiale pour trouver un petit appartement avec Iris. Tu avais toujours une chambre d'amis pour loger un éventuel colocataire mais en ce moment tu n'en avais pas. « Ce n'est pas un soucis. Mais comment vas-tu rentrer à Mackay ? Veux-tu passer la nuit à la maison et voir demain pour t'organiser ? » C'était une proposition comme une autre. Tu le voyais mal venir prendre une douche et s'en aller passer la nuit on ne sait trop où, d'autant plus que la ville n'était plus vraiment sûre avec tout ce qui venait de se passer.

« Tu étais venu te promener à Bowen? » Plus elle posait de questions, plus je sentais l’étau se resserrer et j’avais mal. Je ne comptais pas admettre la vérité de si tôt, en fait. Aucune vérité, maintenant qu’on en parlait. « Oui, j’avais un rendez-vous avec un doctorant du coin, puis il y a eu le séïsme et... Et voilà! » commentais-je en riant nerveusement. J’ignorais même ce qu’elle savait sur mes études à l’heure actuelle, mais je me sentais un peu idiot de ne pas lui dire la vérité. À ma question concernant le fait d’aller chez elle, elle acceptait. Le contraire m’aurait étonné, mais ne valait-il pas mieux être poli? Elle me confiait qu’elle avait mal et je m’approchais d’elle doucement, comme pour la protéger. « Est-ce que tu veux que je te masse lorsqu’on sera chez toi? » La grande question. Je ne savais pas jusqu'à quel point la kiné n'allait pas très bien. En attendant, elle me questionnait encore... Elle me proposait toutefois un logis et je fis mine d’y penser. « Ça ne t’embêterait pas trop? » lui demandais-je. À mes yeux, j’étais toujours un sans-abri. Un SDF avec une fille beaucoup trop bien pour lui, mais j’étais bien mal pour refuser sa proposition. « On y va? » questionnais-je alors en appelant la fillette pour lui proposer de grimper sur mes épaules. Tous les parents l’avaient fait avec les enfants, non?