[JAYSON] Surprise ! Devine qui revient dans ta vie...

Ce matin, il s'était levé soulagé. Soulagé car il allait enfin rencontrer sa nouvelle coéquipière. L'ancienne était partie il y a de ça trois semaines et la solitude dans le travail commençait à se faire sentir. Il avait entendu qu'elle n'était pas du coin, ou qu'en tout cas elle venait de loin. Au moins ils auraient des choses à se raconter, c'était déjà un premier pas. Alors qu'il se rendait au pot d'accueil, il manqua de rentrer dans une femme. Il recula d'un pas et la dévisagea. Merde. « Putain Annaëlle... » Elle n'avait presque pas changé. Il restait les yeux écarquillés, sans trop savoir quoi dire. Alors il la laissa parler, toute aussi perturbée que lui au premier abord. Il ne retint qu'un mot. Partenaire. « Attends.. attends deux secondes. Tu vas pas me dire que c'est toi qui va bosser avec moi là tout de suite ? » Il porte sa main à son front, complètement paniqué. Il s'était attendu à tout sauf à ça. Pas maintenant. Pas comme ça. Ces retrouvailles il les avait rêvées, mais tout sauf au boulot. Cet endroit où il avait enfin trouvé sa place, la place qu'il méritait. Pour laquelle il s'était battu. Et elle était revenue bouleverser sa vie, un matin, comme ça, sans prévenir ? Il secoua la tête, nerveusement et attrapa Annaëlle par le coude pour l'emmener plus loin. « Attends, viens. » Ce premier contact depuis onze ans le fit frissonner. Mais il avait déjà lâché la brune si bien qu'elle ne s'en rendit probablement pas compte. Il l'emmena dans son bureau et ferma la porte, fébrile. « Pourquoi ? » Un mot. Une question. Lourde de sens. Mais il y a une boule au fond de sa gorge. Il ne sait pas qu'elle attitude adopter, il ne sait plus ce qu'il doit lui dire. Mais après tout, c'est elle qui a des explications à lui offrir. Pas lui.

Spoiler:

Coincés tous les deux dans son petit bureau, il espérait être ainsi être à l'écart des regard parfois un peu trop curieux de ses collègues. Certes, il s'entendait très bien avec la plupart mais le commissariat n'était pas très grand et les rumeurs pourraient vite se propager. Surtout lors de l'arrivée d'une nouvelle recrue comme pouvait l'être Annaëlle. Cependant, cette proximité le rendait fou. Car irréelle. Inespérée. Tant d'émotions contradictoires se battaient dans son esprit en bravant le silence précèdant la réponse de la jolie brune. Il avait envisagé beaucoup de scénario mais n'avait jamais su si l'un était plus véridique que l'autre. Mais la voir dos tourné, comme si fuyant son regard n'enlevait en rien son malaise. Lorsqu'elle se retourna vers lui, il tenta de saisir son regard, de comprendre ce qu'elle ressentait à travers ses yeux comme ils étaient capables de faire enfants mais elle ne laissait rien transparaître, ce qui ne faisait que bouillir Jayson encore plus. Cependant, la simple explication d'Annaëlle ne lui convenait pas. Parce que ce n'était pas Annaëlle. La Annaëlle du passé serait venue le voir pour briser la glace s'il n'y avait eu que ça. Il s'apprêtait à ajouter que c'était à cause de ces dix ans qu'elle avait risqué de le perdre mais elle se rendit compte elle même de l'incohérence de son raisonnement. Il se mord la lèvre en entendant cette dernière phrase. Oh non elle ne l'avait pas perdu, mais lui s'était perdu et sa disparition l'avait changé. Certains matins il ne se reconnaissait plus, et se transformait en un homme qu'il n'avait jamais voulu être. Et c'est presque contre son coeur qu'il lui répondit. « Je pense seulement qu'on est devenus deux étrangers l'un pour l'autre. » Ca lui faisait mal de dire ça, mais après tant d'années à éspérer son retour, tout ne pouvait pas se passer aussi facilement qu'après un départ d'une semaine. Il était blessé au fond de lui même et malgré tout l'amour qu'il portait pour Annaëlle, c'était trop dûr. « Tu peux pas revenir comme si de rien n'était au bout de onze ans. T'as pas le droit. Pas comme ça. Tu te rends compte du mal que tu as pu me faire ? » Il avait haussé le ton, presque sans s'en rendre compte, la douleur se ressentant au fond de ses paroles.

Il y avait peut être été un peu fort en utilisant le mot "etranger". Surtout que ce n'était pas ce qu'il pensait réellement. Il se sentait juste tellement con qu'il n'était pas capable de lui sortir ce qu'il avait réellement sur le coeur. Avant ça, il fallait qu'il exprime toute la douleur qui l'avait accompagné durant toutes ses années, l'empêchant de vivre heureux et d'avoir une vie de famille comme la majorité des personnes de son âge. Certes, il était convaincu qu'elle avait également souffert de la situation mais c'était elle qui l'avait provoquée. Pour le coup elle en était presque la seule responsable. Presque car ils avaient couchés ensemble et donc rompu cette amitié sans faille qu'ils avaient avant. Mais ils auraient pu avoir tellement plus. Secouant la tête, il tente de reprendre un voix plus posée sans grand succès. « T'as pas le droit de dire ça. Le Jayson de 19 ou 20 ans que j'étais n'aurait pas agit comme ça. Parce qu'il tenait trop à toi. Tu peux croire que maintenant je t'ai complètement rayée de ma vie mais c'est loin d'être le cas. Toi tu as balayé 10 ans d'amitié à cause d'un soir. Alors que justement après 10 ans je pensais qu'on était capable de tout se dire, et de tout surmonter. » Il venait d'ouvrir une des plus grosses blessures de son âme. Et ça lui faisait mal. Plus que ce qu'il ne s'était imaginé.
Il n'arrive pas à la regarder. Parce qu'il a peur qu'elle lise en elle tout le fond de sa pensée. Mais il ne veut pas. Il tente de garder cette carapace qu'il se forge devant elle pour faire face à son retour. Lorsqu'il entend ses paroles, il a presque du mal à les ingurgiter. Alors comme ça elle l'aimait. Enfin elle l'avait aimé. Et elle était simplement partie à cause de ça ? Il serra les poings puis croisa les bras pour cacher sa colère. Non, non ça ne pouvait pas s'être fini comme ça. Pas à cause de ça. « Mais à t'entendre on aurait presque cru que j'étais vraiment quelqu'un d'ignoble qui n'aurait pas été capable d'encaisser ce que tu m'aurais annoncé. Je te rappelle qu'on était deux dans ce lit cette nuit là. Après tout ce qu'on avait vécu je pensais qu'on était capable de tout surmonter et d'avoir de vraies discussions. Notamment après des évènements comme ça. » Il s'arrête là, parce qu'il a l'impression de parler à une personne qu'il ne reconnaissait plus. Et ça lui détruisait l'image qu'il avait d'Annaëlle dans son esprit. Il s'approcha de la fenêtre, fuyant le regard d'Annaëlle et murmurant pour lui même. « Surtout que moi aussi je t'aimais. »

Mais ce qu'il avait le plus du mal à accepter, c'était qu'elle était simplement partie à cause de ses sentiments ? Mais ces sentiments n'étaient pas arrivés du jour au lendemain. Il ne comprenait pas. Au moindre problème ils avaient l'habitude d'en parler, d'affronter les choses et fuir ne lui ressemblait pas. Surtout après son histoire familiale oui. « Mais justement je pensais que tu ne voudrais pas recommencer le même schéma. Surtout après ce que tu m'avais expliqué. Et puis la situation était totalement différente. Surtout que je ne voyais pas où est ce que j'aurais pu m'enfuir ni comment, si j'avais voulu je l'aurais fait bien avant mais tu savais que je ne pouvais pas abandonner mon père ! » Il réalisa encore une fois trop tard la portée de ces mots. Il venait de décrédibiliser tout ce qu'elle avait pu lui dire et sans doute de perdre les dernières chances d'amitiés qu'il y avait entre eux. Et ça lui faisait terriblement mal. D'autant plus qu'ils allaient devoir vivre avec ce fantôme d'amitié, d'amour autour d'eux tous les jours. Anna était accrochée à la porte, prête à partir mais un petit quelque chose la retint encore et lui fit prononcer certaines paroles beaucoup plus calmement mais tout aussi blessantes. Jay quitta sa fenêtre pour la rejoindre devant la porte et posa sa main sur celle d'Annaëlle afin de lui bloquer la porte et l'empêcher de sortir. « Arrête, t'as pas le droit de fuir. Pas encore. Tu vois pas que t'es en train de recommencer le même schéma ? » Il s'en voulait de lui avoir dit des mots si durs, des mots qu'ils ne pensaient pas vraiment, qu'il avait dit seulement sous le coup de la colère. Mais il avait besoin d'extérioriser, comme une étape après un deuil. « Je suis désolé. C'est juste que c'est dûr. Je m'attendais pas à te voir ce matin. Faut juste me laisser le temps d'avaler la nouvelle. » Il ne lâche pas la main d'Annaëlle, savourant cette proximité et tentant de se calmer en même temps. Il ne fallait pas oublier que d'ici quelques minutes ils seraient confrontés à l'ensemble de leurs collègues et qu'il faudrait feindre une plutôt bonne entente.

Comme il l'avait lui même senti, il avait été trop loin. Si bien que la tension est palpable. Trop. Il n'aurait pas du provoquer ce contact. Parce que beaucoup trop risqué. Parce que beaucoup trop prévisible. Mais il avait agit instinctivement et ne pensait pas se retrouver dans cette situation si dangereuse, si difficile à contrôler. Face à son doux visage, face à ses lèvres, il a faillit cèder et ainsi décrédibiliser tout ce qu'il venait de lui avouer. Et pourtant, si elle n'avait pas reculé et décidé de partir, il aurait craqué. Alors qu'il savait très bien qu'il n'aurait pas dû. Que l'Annaëlle qu'il avait connu il y a onze ans n'était plus totalement la même que celle qui se trouvait devant lui. Mais c'était dûr de faire face au passé et de ne garder que des souvenirs. Surtout qu'après avoir tant cherché à poursuivre ce passé, il redevenait enfin son présent.
Elle lâcha son regard, elle le fuis même. Et elle veut partir, mais il ne peut la laisser faire ça. Il ne peut pas la laisser sortir comme ça. « Attends. Ne sors pas. Je ne vois pas qu'ils te voient comme ça. Pas pour ton premier jour. » Il ne voulait pas être responsable d'un possible mal être professionnel. Les premiers jours étaient beaucoup trop cruciaux dans ce métier et la réputation se faisait souvent rapidement. Beaucoup trop rapidement. « Reste là quelques minutes. Si tu veux je ne te dis plus rien. » Il s'éloigne de la porte et fit mine de jeter un oeil sur un feuille qui traine sur son bureau. Mais il ne tient pas longtemps, son esprit bouillonnant beaucoup trop. « Et puis qu'est-ce qu'on leur dit pour nous ? » Ou qu'est ce qu'on ne leur dit pas plutôt. Il ne voulait pas étaler sa vie privée au boulot. Et encore moins cette partie là de sa vie. Il avait toujours réussi à dissocier les deux même si désormais, ça ne serait plus jamais comme avant.

Il a un peu de mal à accuser le coup de sa réponse. Parce qu'elle suffisait à montrer que leur lien était cassé. Qu'ils devaient tout recommencer et renconstruire. Et ça lui faisait mal. Alors il se contenta de répéter un peu sans y croire. « Oui, t'as raison. Il faut juste qu'on réapprenne à communiquer. » Ca paraissait si simple dit comme ça. Mais c'était tellement difficile d'arriver à lui dire certaines choses. Mais il était beaucoup trop tôt, son arrivée impromptue. Les mots restaient bloqués dans sa gorge, comme tous les sentiments qu'il avait développé pour elle auparavant et qu'il n'avait pas eu le temps de lui dire. «  » Le silence s'installe quelque peu. Et il est lourd de sens. Jamais ils n'avaient eu de tels moments de flottement avant. Il fallait qu'il arrête de comparer leur relation au passé. Car justement elle était passée. Annaëlle reprend la parole en lui proposant de raconter la vérité. Mais sa phrase la perturba. Quelque chose clochait. Ou alors il l'avait mal comprise. « Parce que ce n'est pas ce qui s'est réellement passé ? Tu sous entends quoi par là ? » Il plante ses yeux dans ceux d'Annaëlle, attendant une réponse. Est ce que par là elle parlait du fait qu'ils avaient couché ensemble ? Ou est ce qu'il y avait plus derrière ? Ca l'inquiétait. Mais il y avait aussi une autre question qui lui trottait dans la tête depuis quelques minutes. « Est ce que tu savais ? » Sa question était un peu vague. Et en même temps il avait besoin de savoir. Savoir si elle avait pu venir là pour elle. Ou pour une autre raison. Alors il s'expliqua un peu plus. « Est ce que tu savais qu'en venant là tu bosserais avec moi ? » Il serra le poing dans l'attente de sa réponse.

Il aquiesca et lui adressa un petit sourire. Il espérait tant que cela soit si simple. « Oui, j'espère aussi. Et on y arrivera. » C'était la première fois qu'il laissait entrevoir un peu d'espoir dans ses paroles depuis le début de la conversation. Mais la communication n'était pas le plus dûr, il y avait surtout tout ce qu'il y avait derrière à savoir la cohésion, indispensable dans leur métier. Et surtout vis à vis des collègues, qui ne sauront donc rien de plus qu'une ancienne amitié. « Oh, d'accord. » Il ne dit rien de plus, sentant qu'elle était un peu hésitante et lui cachait sans doute un petit quelque chose. Mais il ne cherchait surtout pas à la braquer alors il se ravisa. Il allait devoir mettre de l'eau dans son vin, histoire de prendre le temps d'assimiler la chose. Quand elle lui annonça qu'elle ne savait pas qu'ils allaient se retrouver à travailler ensemble, cela lui fit un petit pincement au coeur. Parce que l'espace d'un instant il avait espéré qu'elle soit revenue pour lui, mais ce n'était qu'une fois de plus une illusion. Cependant, il n'était pas d'accord avec elle. « J'ai jamais dis que j'avais plus confiance en toi. Juste qu'elle serait dûre à retrouver. Ou longue. Parce que dix ans de perdus ça ne se rattrape pas en quelques jours. » Et même s'il en brûlait d'envie, il ne dit rien de plus. En même temps, on pouvait vraiment être amenés à changer en onze ans. Et bien qu'il ne l'imaginait pas avoir pris un énorme tournant, mais surtout sachant qu'en plus elle avait intégré la police, il n'émettait pas beaucoup de réserve sur le fait qu'il pouvait compter sur Annaëlle. Elle aussi avait toujours rêvé de travailler dans la police. Encore quelque chose qu'ils avaient en commun, peut être même la seule chose qu'il leur restait. Et en fait, il était plutôt heureux qu'ils aient réussi à atteindre ce poste tous les deux, quelque chose qu'ils avaient ensemble, un rêve d'enfant devenu réalité.