La lune était pleine- ft Aisling

C’était une nuit plutôt fraiche, mais ils étaient en saison chaude… il avait mis ses jeans et passé seulement un t-shirt noir. Il  se frotta quand même les bras frénétiquement puis continua ensuite à avancer les mains dans les poches. Sa silhouette se distinguait faiblement le long de cette rue qui longeait l’eau. Il leva la tête vers le ciel, la lune était haute et presque pleine…Ce n’était pas l’idéal. Bien que cela rendait la nuit plus belle, il savait que tout était plus visible. Mais il ne tenait pas en place. Ça le démangeait. Il marchait depuis déjà un bon moment et l’envie de faire une balade en voiture l’attirait. Il n’avait pas conduit depuis son arrivé à Bowen et l’idée de faire le tour de la ville et même peut-être d’en sortir pour voir les environs l’attirait.

Ses yeux vifs parcourraient les automobiles qui l’entouraient, analysant chacune d’entre elle. Il ne voulait pas trop se casser la tête. Il savait que les bords d’eau en soirée étaient toujours un peu délaissé, il y avait moins d’activité et le fait que tout soit moins éclairé que dans les rues était plutôt dissuasifs pour les promenades. Il n’avait pas vraiment amené d’outils, il cherchait donc un véhicule de merde fait avant les années 2000 qu’il pourrait débarrer facilement et dont les fils du démarreur n’étaient pas trop bien protégés…Il «spotta» une vieille Ford Falcon de la fin des années 1980, maximum du début des années 1990 stationnée à quelques mètre. Elle n’était pas trop bien située, mais il savait qu’il pourrait la prendre facilement. Il jeta un œil aux alentours.  Il descendu au niveau de l’eau et chercha des outils pouvant trainer sur un des bateaux. Il s’approcha d’une petite embarcation et grimpa dessus dans un bon leste. Il ouvrit le coffre  à outils que l’on avait laissé trainer…Il sourit. Parfait. Il attrapa un fil de fer et un tournevis. Cela allait faire l’affaire. Il retourna vers le véhicule aussi rapidement qu’il s’en était éloigné. En silence, il déroula le fil et retourna une de ses extrémités sur elle-même avant d’y faire un nœud. Il obtint au bout un petit cercle qui allait servir à tirer sur la serrure… Il s’appliqua alors à le passer entre la fenêtre et le rebord de la porte.

Aisling avait enfilé un sweat-shirt par-dessus son haut et était sortie. C'était tard qu'elle sorte de chez elle sans bonne raison. C'était rare qu'elle aille, juste comme ça, se promener. Surtout pas quand il commençait à faire un peu froid. Mais aujourd'hui elle était mélancolique Aisling, nostalgique même. Elle était venu là, au bord de l'eau, au bord de la plage en fait parce que c'était là qu'elle l'avait vu pour la dernière fois, là qu'il l'avait abandonné. Pendant des semaines elle avait repassé en boucle cette scène dans sa tête, se demandant ce qu'elle était censée faire, se demandant ce qu'elle aurait dû faire pour le retenir. Mais rien, rien lui venait, juste ce moment où elle avait failli lui dire qu'elle l'aimait. Elle avait sûrement bien fait de ne pas le faire, Perry ne l'aurait sûrement pas pris "bien". Elle se demandait encore comment Chase avait fait pour se lancer, lui, pour lui dire qu'il l'aimait.

La blonde s'était calée sur une rembarre, observant les vagues. Son esprit s'était perdu il y a bien longtemps au milieu de la mer. Alors qu'elle semblait absente, fondue dans le paysage du fait de sa fine silhouette, elle sentit de l'agitation prés d'elle. Elle tourna le regard vers un homme qui sembla faire un aller-retour entre une voiture et un bateau. Voyant le fil de fer, la néo-zélandaise fronça les sourcils avant d'esquisser un sourire, elle avait visiblement une idée derrière la tête. Elle décida de s'approcher doucement, comprenant que l'homme qui s'agitait ne l'avait pas repérée. Elle se faufila de l'autre côté de la voiture qu'il semblait être en train d'essayer de cambrioler et finit par s'accouder sur le toit alors qu'il était concentré sur son fil de fer, la fenêtre et la portière.

-T'aurais pu trouver mieux quand même.

Une fois le fil passé à l’intérieur du véhicule par le côté gauche de la fenêtre, il le fit glisser tout au long de la porte vers la droite, le maintenant tendu entre ses deux mains. Une voix lui fit lever la tête. Son cœur fit un bon, mais comme il était concentré, son corps remua à peine un muscle. Une jeune femme blonde aux traits fins avait appuyé son menton sur le toit, ses yeux posés sur lui.

-T'aurais pu trouver mieux quand même.

Il lui rendit son regard quelques secondes avant de reposer ses yeux sur son ouvrage. Sans rien dire, il fit tourner le fil en le glissant entre ses doigts. Le cercle du nœud coulant qu’il venait de faire tomba autour de la serrure de la portière. Il tira chaque côté du fil vers l’extérieur, la boucle se refermant sur le débarreur. Il remonta le fil vers le haut et tira un coup. Le bruit de la serrure se déverrouillant brisa le silence.  

- J’ai oublié mes clés. Je veux pas briser ma fenêtre, dit-il d’un ton monotone et plate sans aucun effort pour tenter de sembler convainquant.

Elle semblait en fait plutôt intéressée de parler avec un voleur et l’idée de lui répondre simplement : «Si je brise la fenêtre, je la revend moins cher», lui avait bien traversé l’esprit.  Mais bon. C’était peut-être un peu too much. Il ne la connaissait aucunement après tout.  Sans trop y penser, il avait ouvert du côté passager. Il s’engouffra donc à l’intérieur et débarra l’autre côté. Il contourna l’automobile et se retrouva face à face avec elle. Quelle genre de fille se mettait elle même dans cette situation? Il était peut-être violent pour tout ce qu’elle en savait. Mais elle était jolie. Genre vraiment. Et c’était une belle nuit. Et elle lui bloquait l’accès à la porte en fait. Lentement, prenant tout son temps, il sortit un paquet de cigarette de la poche arrière de son jeans et en retira deux. Il en glissa une entre ses lèvres et lui lança la deuxième quelle attrapa dans le creux de ses mains. Il s’alluma la sienne avec la dernière allumette d’un vieux paquet.

- Besoin d’aller quelque part? Finit-il par souffler avec la fumée de sa cigarette.

Le voleur ne semblait en rien perturbé par sa présence. Il leva à peine les yeux vers elle avant de continuer sa tâche. Elle continua de le regarder ouvrir la porte dans le silence, attendant tout de même qu'il lui adresse la parole. Mais lorsqu'il ouvrit la bouche elle fut presque déçue. Vraiment ? Elle roula des yeux, montrant à quel point elle était dubitative quant à son excuse. Ca aurait pu être vrai, mais il y avait cette sensation qui faisait qu'elle n'y croyait pas une seconde. Et puis pourquoi se donner la peine de mentir ? Elle n'allait pas le dénoncer.

-Tu as surtout choisi une voiture sans anti-vol.

Elle n'était pas dupe. Et elle comprenait bien qu'il ne voulait pas que le bipbip incessant d'une alarme ne retentisse dans le silence de la nuit de Bowen. Elle retient un commentaire moqueur en voyant qu'il avait déverrouillé le mauvais côté et qu'il devait maintenant se contorsionner pour ouvrir l'autre. Elle le regarda faire le tour sans bouger d'un cil, plongeant son regard dans le sien une fois qu'il fut face à elle.
Elle le regarda sortir des cigarettes de sa poche et attrapa au vol celle qu'il lui laissa sans jamais quitter son regard du sien. Elle glissa à son tour la cigarette entre ses lèvres avant de s'approcher de lui, allumant sa clope avec celle du voleur qu'il tenait lui-même entre ses dents. Elle était toujours dans la provocation, Aisling.

-Besoin d'argent ?

Elle n'aimait pas répondre aux questions la blonde.

Neal n’était pas du genre à détourner les yeux et il soutint son regard tandis qu’elle s’approchait pour allumer sa cigarette. Il sentit ses longs cheveux blonds lui chatouiller le torse et son souffle se glisser sur son visage alors qu’elle inhalait, faisant grésiller l’extrémité de sa cigarette. Elle avait bien raison. Les voitures anti-voles, pas impossible à voler,  mais plus difficile, ne valait la peine d’être essayée que dans des endroits comme les grands parkings d’épiceries au de centre commercial selon lui. Quand on ne veut pas trop se casser la tête du moins. Et bon. Il venait de sortir de prison, il prenait un peu plus de précautions qu’avant…Il se demandait d’ailleurs s’il allait un jour assez oublier le sentiment de l’incarcération au point de retrouver sa témérité d’autrefois. Une partie de lui l’espérait.

La jeune femme ne bougea pas un muscle et plutôt que de lui répondre, elle lui posa une autre question.

Il ramena le tabac à ses lèvres et souffla un bon coup avant de répondre. Avait-il besoin d’argent? Techniquement, c’est comme si on pouvait toujours en avoir besoin…mais oui. Il n’avait pas de travail et il vivait dans un appartement un peu miteux en payant avec l’argent qu’il se faisait avec ce genre de vol.

- Oui.

Fut sa première réponse. Ils se regardèrent un moment. Cet air un peu défiant et arrogant lui plaisait. Peut-être qu’elle lui rappelait un peu lui-même. Ils fumèrent en silence en se jaugeant.

- Tu comptes me bloquer le chemin encore longtemps? Finit-il par lâcher.

Sans vraiment attendre une réponse, il déposa sa cigarette entre ses lèvres, l’agrippa et la jeta sur son épaule comme une poche de pomme de terre. Il ouvrit la portière côté passager et la déposa sur le siège. Avant de refaire le tour encore une fois et de se mettre devant le côté conducteur.

- Tu peux rester, mais m’empêche pas de faire ce que j’ai à faire.

Il tâta alors l’espace sous le volant. Des vis. Il avait bien fait de prendre l’outil un peu plus tôt. Il le sortit de sa poche arrière et commença à ouvrir l’endroit où se trouvaient les fils du démarreur. Il lança, poursuivant son mensonge, mais cette fois-ci plus à la blague :

- Je peux pas démarrer sans mes clés alors...

Il n’avait pas réagi alors qu’elle s’était un peu trop approchée de lui. Ca prouvait bien qu’il ne devait pas être bien dangereux, bien que l’idée lui ai à peine effleuré l’esprit en réalité. Il fallait croire qu’elle était un peu inconsciente. Elle avait tendance à être prudente, par exemple elle ne buvait pas jusqu’à n’être plus lucide ou incapable de se défendre dans un bar, elle savait bien ce qu’elle pouvait risquer. Mais il y avait comme un feeling étrange avec cet homme, quelque chose qu’elle ne saurait décrire.
Etonnement, il avait répondu honnêtement à sa question. Faut dire, elle était un peu naïve, la question, pas Aisling, tout le monde avait besoin d’argent, ou du moins, pensait qu’il avait besoin d’argent. Elle ne répondit rien en retour, à quoi bon ? Elle n’était pas venue l’emmerder pour un débat stérile. Pourquoi est-ce qu’elle avait fait ça d’ailleurs ? Peut-être juste pour se changer les idées. Elle tira une fois de plus sur sa cigarette, rejetant la fumée vers la mer avant de plonger son regard dans le sien.

-Ou-

Aisling s’apprêtait à répondre du tac au tac avant qu’il l’attrape pour la jeter sur son épaule.

-Hey !

Ça, c’était une chose à laquelle elle ne s’attendait pas pour être honnête. Même si au premier abord ça avait une allure de kidnapping, en fait ça semblait plutôt être une capitulation camouflée. La blonde eut presque un sourire alors qu’il la mettait sur le siège passager pour aller s’asseoir de l’autre côté.

-Serait-ce un ordre ?

Elle eut un petit sourire amusé.

-T’es tout de même bien conciliant.

Elle n’était pas sûre que tous les voleurs l’auraient laissé rester sans rien dire. Elle s’en sortait plutôt bien finalement, et elle était pas mal satisfaite.
Elle leva les yeux au ciel quand il lui mentit. Enfin, il devait bien savoir qu’elle n’était pas dupe. Elle le regarda faire, se contentant de sourire.

-Ça doit t’arrive souvent, vu ta dextérité.


Puis finalement, elle appuya sa tête contre la portière, attendant qu’il finisse son trafic. Elle regarda dehors, admirant la nuit noire.

-Tu la revendras pas bien chère.

D’un coup sec, il retira la protection en plastique. Il tira un peu sur les fils, isolant ceux dont il aurait besoin. Dans un sens, il avait effectivement capitulé. Ce soir, il était plutôt d’humeur tranquille et insouciante. Il avait envi de se changer les esprits. C’était la raison même de ce vol en réalité. Il allait bien sûr tenter de le rentabiliser, mais il avait surtout envie de prendre l’air et de ressentir ce petit sentiment de récompense, légèrement addictif, qui vient avec le fait de prendre toutes ses décisions au fur et à mesure de ses envies, sans penser aux conséquences, sans penser au après. Juste se laisser vaguer sur le temps qui passe en perdant toute notion de temporalité.

Il jeta un œil en biais à la jeune blonde. Un ordre?

- Peut-être, répondit-il en grommelant presque.

Conciliant?

- Peut-être, dit-il encore à voix base, plutôt concentré sur ce qu’il faisait.

Il leva tout de même la tête pour une seconde, avant de la rebaisser sur ses mains.

- Ça fait ton affaire, non?

Il trouva le bon connecteur à travers le câblage, il écarta ensuite les faisceaux qui menaient à la batterie, à l’allumeur et au démarreur. Il enleva un peu d’isolant et tordit deux fils. Il connecta ensuite les fils du contacteur et de la batterie. Le tableau de bord s’alluma. Son outil dont il n’avait plus vraiment besoin entre les dents, il répondit :

- Chi tu chavais. Cha m’arrive tout le temps…

Elle avait l’air un peu nonchalante, confortablement installée sur le banc. Il sourit en hochant la tête. Drôle de fille.

Il dénuda enfin le fil du démarreur et le frictionna rapidement sur le fil de la batterie avant d’appuyer presque tout de suite quelques coups sur l’accélérateur pour que le moteur ne cale pas. Il repris le tourne vis qu’il tenait dans sa bouche et le glissa derrière le volant. Avec une bonne dose de force, son corps se tirant par derrière, il cassa le verrou de direction et on entendit un gros «cracc».

- De l’argent c’est de l’argent, lui lança-t-il sans vraiment élaborer davantage.

Le bruit du moteur qui ronronnait accompagnait ses paroles.

- J’avoue que ce soir j’avais surtout envi d’aller faire un tour…je sais pas ou je vais ni quand je rentre. Alors si tu veux aller chez toi, sors tout de suite. Je suis pas un taxi.

Il la regarda dans les yeux, attendant son verdict. Une partie lui avait envie qu’elle reste et il savait qu’elle le savait, ce qui le rendait encore plus curieux de sa réponse.

Aisling esquissa un sourire en l'entendant râler. Elle aimait faire enrager les gens. Même s'ils pourraient s'avérer dangereux. Mais là elle n'avait pas l'impression de risquer quoique ce soit. Elle hocha doucement la tête quand il remarqua que ça arrangeait plutôt la jeune femme qu'il soit aussi conciliant ce soir.

-Ouais c'est vrai.

Elle n'allait pas niée, curieuse qu'elle était, elle était bien heureuse qu'il la laisse le suivre dans ses sorties illégales.
Elle eut un nouveau sourire à sa réponse, un peu parce qu'il poursuivait dans son mensonge, beaucoup à cause de ce qu'il avait entre les dents.

-Quelle tête en l'air...

L'air de rien, Aisling observait ce qu'il bidouillait avec les filles, essayant un peu de mémoriser, peut-être qu'elle pourrait le refaire un jour. Enfin, elle n'avait pas le permit alors ça ne lui serait sûrement pas très utile. Elle finit par hausser les épaules à sa réponse. Certes, mais mieux valait en gagner plus d'un coup, non ? Enfin, bref. Ce n'était pas vraiment son problème pour ce soir.
Elle éclata de rire alors qu'il lui dit de ne pas le prendre pour un taxi. Si elle avait voulu rentrer chez elle, elle l'aurait fait à pied.

-J'ai pas grand chose à faire chez moi, alors on va où tu veux. J'peux même te faire guide si tu veux faire du tourisme.

Après tout, fut un temps, ça avait été son boulot.

Il connaissait les gestes par cœur et cette connaissance lui permettait d’observer Aisling de biais. Le regard intelligent de la jeune femme tentait de suivre tous ses mouvements. Donc c’était ça. Elle voulait apprendre. Elle ne semblait pas avoir besoin de trouver particulièrement de l’argent…C’était le fait «de le faire» qui l’intéressait et il était bien placé pour comprendre. Depuis le début cela avait été ça pour lui : une question de ressentis. Peu de raisons pragmatique l’avaient amener à voler. Encore ce soir, il n’en avait pas vraiment de spécifiques. Il voulait simplement sentir cette chose qui prend dans le creux du ventre quand on brise les convenances et les lois de la société civile. Ce n’était pas plus un acte politique. Simplement l’expression d’une certaine témérité.

Elle voulait donc rester. Soit. Tout cela prenait une tournure pour le moins intéressante.

- Très bien mademoiselle.

Sans rien ajouter, il déplaça légèrement l’automobile, passant son bras près d’elle afin de retourner son corps et regarder par derrière alors qu’il reculait le véhicule hors de sa place de stationnement. Une fois sur la rue, il reprit une position normael et avança. Il devait admettre qu’il ne connaissait pas très bien Bowen. Il avait grandi en Australie, mais pas ici. Et ensuite il avait passé plusieurs années à Portland, dont ses années de prison. Bref. Un peu de tourisme n’allait effectivement pas faire de tort.
Il se contenta de déambuler dans les rues au hasard. Il avait quelques trucs qu’il avait encore en tête avant de pouvoir réellement déterminer une forme de destination quelconque pour ce soir. Il déposa un coude sur le bord de la fenêtre et mis reposa sa tête dans sa main.

- Fouille-moi le coffre à gant. Tu vois quelques choses d’intéressant?

Aisling ne releva pas ses mots. Elle conclut juste qu'il n'était pas bien farouche pour l'autoriser à rester Est-ce qu'il pensait qu'elle était inoffensive ? Bon, pour cette fois, elle ne s'en plaindrait pas parce que ça lui permettait de rester là. Ou alors il avait décelé ce côté hors la loi qu'elle cachait bien au fond d'elle depuis un an. Depuis qu'elle n'était plus avec qui que ce soit qui puisse comprendre.

-Aisling.

Elle n'allait pas lui inventer un faux nom, un pseudonyme ou quelque chose du même genre.
Il ne semblait pas vouloir de ses conseils en matière de tourisme, mais elle n'en fit pas cas, ne brisant pas le silence alors qu'ils roulaient dans les rues, visiblement ou hasard, ou alors suivant un but qui lui échappait. Alors qu'il lui ordonnait de fouiller le boite à gant, elle lui lança un regard noir.

-Évite l'impératif, je t'accompagne mais j'suis pas ton esclave.

Néanmoins elle ouvrit ledit objet et regarda vite fait ce qu'elle pouvait y trouver.

-Y a pas d'arme si c'est ça qui t'intéresse.

Y avait pas grand chose de notable en fait, quelques CD's, des papiers, un paquet de mouchoirs, bref, c'était à l'image de la voiture elle-même.

-Ni même de GPS.

Neal lâcha un petit rire. Sans détourner le regard de sur la route.

- Très bien, très bien mademoiselle, marmonna-t-il.

Il l’observa du coin de l’œil alors qu’elle fouillait. Ses épaules étaient délicates, même sa peau, d’un blanc perlé, lui donnait des airs de poupée. Sa répartie enlevait quand même vite cette image de l’esprit toutefois.

Il fit une moue, alors qu’elle lui annonçait que le contenu était inintéressant.

- Bah ouais…une arme ça aurait pas été plus mal….Tu sais où je peux m’en trouver facilement en fait?

Quoi? Il ne savait rien sur elle, hormis qu’elle embarquait dans des voitures de façon «reckless» avec des inconnues louches.

Ses yeux glissaient parfois sur les côtés, observant les rues parfois ennuyeuses, parfois pittoresques de Bowen. Il avait, en réalité, très envi de sortir de la ville. Il ouvrit la fenêtre de son côté, les cheveux blonds de la jeune femme qui l’accompagnait se mettant à voler un peu dans tous les sens. Un «désolé» lui traversa les pensées, mais il n’ouvrit pas la bouche. Il glissa plutôt, encore une fois, une main dans sa poche pour en retirer deux cigarettes, une de ses deux mains toujours sur le volant bien sûr. Il en glissa une entre les lèvres d’Aisling, sans lui demander et l’autre entre les siennes.

- Tu nous les allumes?

Il fit une pause et ajouta avec une douce emphase :

- S’il te plait?

Il donna un coup de roue et l’automobile pris l’entrée de l’autoroute. Il accéléra et s’y engagea sans problème….il n’y avait personne sur les routes à cette heure.

Désoléééée:

L'inconnu semblait râler à chaque fois qu'elle l'envoyait bouler. Elle trouvait pourtant ça tout à fait normal. Ce n'était pas parce qu'il avait accepté qu'elle vienne avec lui qu'il pouvait lui donner des ordres, non mais. Puis à la question sur l'arme, elle hocha doucement la tête.

-Ouais, je sais à qui demander ça.

Ciàran devait bien avoir ça en stock. C'était un peu son boulot, non ? Bon, elle n'aurait pas forcément proposé ça à n'importe qui mais puisqu'il l'avait laissé entrer et qu'il ne semblait pas vouloir la tuer, elle pouvait faire ça pour lui.
Aisling avait appuyé la tête contre le dossier, jetant un regard par la fenêtre. Elle ne réagir pas quand il baissa sa vitre même si l'air était un peu froid et que ses cheveux s'agitaient. Elle ne tourna la tête vers lui que quand il sortit des cigarettes de sa poche et lui en glissa une entre les lèvres. Elle émit un léger grognement, trouvant qu'il pénétrait un peu trop son espace vital. Néanmoins elle reconnu l'effort du s'il te plait et sortit son briquet pour allumer les deux clopes.

-T'as l'intention de rouler tout droit jusqu'au bout de l'île ?