sujet commun de la salle de bain #1 ∞ blood runs thicker than water

Pas une goutte d'alcool. Pas un seul médicament de trop. Pas de pensée sombre. Que du vide. Que du plat. Une longue ligne plate qui n'allait ni vers le haut, ni vers le bas. Lennox prenait ses antidépresseurs depuis quelques mois maintenant, sans pour autant se sentir mieux. Mais il ne s'enfonçait pas non plus. Malheureusement, n'importe quelle pilule ne lui donnerait pas la force d'aller vers les autres, ne le rendrait pas plus sociable. C'était sans doute trop espérer que de s'imaginer croiser Andreas ici et de pouvoir le suivre comme un chien errant toute la soirée. C'était pourtant le but de sa venue. Le revoir. Sans avoir à l'appeler, sans avoir à paraître dépendant. Pourtant, il le devenait, de plus en plus. La preuve, il était ici, contre toute attente. Rien que pour le voir. Toutefois, quand Lennox réalisa qu'il n'était sans doute pas ici, qu'il bossait sûrement durant cette soirée où les accidents pouvaient être plus nombreux, il ressentit le besoin de s'éloigner de la foule. Tout d'un coup, c'était devenu trop pour lui. Trop étouffant. Il chercha donc une pièce où aller se remettre les idées en place, se convaincre de rester et de chercher un peu de joie dans les rencontres qu'il pourrait faire. Il ouvrit la porte d'un endroit qui devait être une remise, une toilette ou une salle de bains, et referma tout de suite derrière lui en entendant le silence. Quand Lennox réalisa qu'il n'était pas seul, il se confondit en excuses : « Désolé, je ne savais pas qu'il y aurait quelqu'un. » Il se retourna de nouveau face à la porte et tenta d'ouvrir celle-ci pour s'en aller, mais la poignée était bloquée. « Euh ... » Il se tourna vers la jeune femme qui se trouvait face à l'évier et sourit timidement, essayant encore d'ouvrir la porte. « C'est coincé ... » Déclara-t-il, rougissant à vue d'oeil.

Tout la poussait à quitter son chez-soi pour rejoindre cette fête, le monde qui s'y trouvait, l'ambiance. Elle adorait ça et n'aurait raté ça pour rien au monde. Même si son dos lui avait fait mal toute la journée, parce qu'elle ne retrouvait plus le déguisement qu'elle avait prévue d'enfiler pour cette soirée, elle avait décidé de prendre quelques rubans qui traînaient chez elle, un body blanc et elle finissait par ressembler à une licorne. Bien qu'elle n'aimait pas spécialement ça, c'est ce qui lui prenait le moins de temps à faire et c'était un des premiers costumes qu'il proposait sur internet. Facilité. Même si elle ne pensait pas y retrouver quelqu'un à cette soirée, elle savait qu'elle n'allait pas finir par se retrouver seule, parce qu'elle parlait beaucoup et qu'elle savait accoster les gens. Vers le milieu de soirée, elle finissait par avoir chaud ou c'était sans doute une impression à cause de la douleur qu'elle ressentait, elle aurait dû prendre quelque chose pour faire passer, mais pour le moment, elle voulait juste se rincer le visage, même si elle n'avait pas de maquillage pour se refaire une beauté après. Au fond, elle s'en foutait un peu, c'était généralement le moment où les gens avaient déjà bien bu et ne prêtait plus attention aux détails, d'après elle. Mais elle n'était pas une experte. Dans la salle de bains, elle s'approchait rapidement de l'évier, se regardant quand même dans le miroir pour voir s'il n'y avait pas une tâche sur le peu de tissu qu'elle portait. Ce serait bête d'en avoir une et ne rien pouvoir cacher. Mais la luminosité n'était pas forte, comme dans toutes les pièces de cette maison d'ailleurs. Et elle se fascinait par l'ambiance qui ressortait. Elle tournait sa tête vers la porte qui s'ouvrait, un homme, qui semblait vouloir faire demi-tour aussi vite que possible. Elle plissait les yeux, se regardant une nouvelle fois dans le miroir. Elle était aussi monstrueuse que ça ?  « C’est vraiment coincé ou vous faites semblant pour rester enfermer avec une femme ? Ou vous ... n'avez pas assez de force ! » Ça la faisait rire toute seule, puis elle se désespérait presque. La blonde ouvrait le robinet, passait ses mains sous l’eau en la laissant couler un peu avant qu’elle devienne plus … sanglante ? Elle se reculait rapidement regardant partout autour d’elle. Toujours avec cette substance entre les mains. « Oh wow. Wow. Ok, ok, paniquons-pas, tout se passe très bien ! » Et elle n'appliquait aucun de ses mots à la lettre, elle parlait fort à cause de la panique. En gigotant partout, elle en avait renversé sur ses vêtements. Puis elle se retenait d’hurler le plus possible. Positive, positive. Mais c’était impossible.

Comment une porte pouvait-elle se coincer après le simple geste que Lennox venait de poser ? Il ne l’avait pas claquée, cette porte, c’était à peine s’il avait poussée pour la refermer. Pourtant, il avait beau tourner la poignée à gauche, à droite, tirer vers lui, faire pression vers la porte, rien n’y faisait. Quand il exposa la situation à la jeune femme à qui il s’était excusé pour être entré sans toquer, sans prévenir, celle-ci sembla dubitative. Elle pensait visiblement qu’il se cherchait une excuse afin de passer du temps enfermé avec la femme. Lennox eut un rire nerveux. Il n’était pas habitué de se trouver face avec des gens avec autant de confiance pour sortir des trucs pareils. Lui n’en avait tellement pas, de confiance, qu’il aurait bien aimé pouvoir rentrer dans le plancher et disparaître à tout jamais. À tout jamais. « Oh, euh, non, non, je vous le jure c’est … c’est coincé ! » Et même s’il n’était effectivement pas l’homme le plus fort du monde, il doutait fortement que là était le problème. Il allait proposer à la blonde de venir essayer, pas par arrogance mais surtout pour sortir d’ici le plus vite possible, quand celle-ci commença à paniquer et à gueuler. Lennox se tourna rapidement vers elle, étonné par ce changement d’attitude, et découvrit avec surprise mêlée à de la peur que les mains de la jeune femme était couverte de sang. « Refermez ça ! » Lança Lennox en s’élançant vers le robinet pour en refermer les valves. « J’me doute bien que ce n’est pas un problème de tuyauterie … pas à ce point-là … » Et Lennox avait déjà assez vu de sang, de son propre sang, coulant de ses veines entaillées, pour constater que si c’était une reproduction, celle-ci était très bien réussite. Trop bien réussite.

Il semblait gêné et sur l’instant ce fût à elle d’être gênée d’avoir dit une bêtise. Enfin, elle s’était trouvée plutôt marrante sur l’instant, ça ne devait se passer que dans sa tête, peut-être qu’elle avait l’impression d’être ivre sans avoir bu, l’euphorie d’être dans une soirée avec autant de gens et maintenant de ne se retrouver qu’avec un homme enfermé dans une salle de bain. Mais ça ne changeait rien, il y avait une présence, une chaleur humaine, alors elle ne pouvait pas être triste. « Panique pas … je … je rigolais. » Seule. Mais c’était déjà un début de public, qu’elle se disait. Pour revenir à son but principal, elle ouvrait les vannes du robinet pour se passer un peu d’eau sur le visage. Mais elle se calmait vite quand de celles-ci coulaient une substance étrange avec une couleur qui l’était tout autant. Elle sentait son sang se glacer et son cœur battre de plus en plus vite, jusqu’à lui couper le souffle. Elle se retenait de hurler, de paniquer, elle se disait en premier lieu que c’était que son imagination. Mais ça la dégoûtait assez pour qu’elle ne se mette pas ça sur le visage. D’instinct, elle se reculait d’un bas, bougeant sans doute trop parce que ça la tachait complètement. Elle écoutait l’homme mais ne savait pas quoi faire, fermer aurait été une bonne idée, comme il le disait, mais elle restait dans sa tétanie et elle ne le regardait qu’avec des yeux apeurés. « C’est … c’est … du sang ? » Du sang sur elle, elle qui détestait ça. Elle essayait de garder un semblant de sourire, se regardant alors dans le miroir en face d’elle mais la vue de sa tenue l’effrayait à présent. « Faut … faut croire que maintenant j’suis prête pour le vrai Halloween. » Son rire était des plus nerveux puis elle regardait absolument partout, cherchant à ouvrir la fenêtre minuscule qu’il y avait en haut de la pièce, mais toujours rien. Et elle se sentait de plus en plus oppressée. « Et béh … Fait chaud, tu trouves pas ? » Juste une crise de panique.

Alors que la jeune femme avait d’abord eu une pointe d’amusement dans les yeux et un certain humour dans la voix, la réaction de Lennox la refroidit complètement. C’était l’effet qu’il avait sur bien des gens, au fond. Il ne fallait pas s’en surprendre plus que ça. Il baissa les yeux, tout de même honteux d’avoir réagi aussi piètrement alors qu’ils se trouvaient à une fête et qu’il aurait dû faire quelques efforts pour se montrer un peu plus aimable. Un peu plus ouvert et détendu. Visiblement, sa venue était une mauvaise idée sur toute la ligne. « Ha-ha oui euh … moi aussi ! » Non, il ne rigolait pas du tout, lui. Pas sur sa réaction et pas sur la porte bloquée. Sa réponse ne faisait aucun sens, mais le stress de la situation le rendait un peu abruti, en plus d’être sauvage. La jeune femme en face de lui devait carrément flipper d’être coincé avec un être aussi malaisant. Toutefois, l’attention fut bien vite détournée de sa petite personne quand elle ouvrit les vannes du robinet et que du sang – ou un liquide très semblable – s’écoula sur ses mains, éclaboussant ses vêtements blancs au passage. Lennox s’élança vers l’évier pour en fermer l’écoulement et éviter une scène de crime artificielle. La blonde, encore paniquée, demanda s’il s’agissait du sang. « J’en sais rien, moi, c’est pas moi qui en ait partout sur moi ! » S’exclama-t-il, bien peu encourageant dans cette situation plus qu’inconfortable. La jeune femme se regarda dans le miroir et déclara qu’elle était prête pour Halloween, riant nerveusement. Lennox n’avait jamais eu le rire aussi facile, même en situation angoissante. « J’suis pas certain de vouloir savoir ce qu’est le vrai Halloween. » Déclara-t-il, regardant autour de lui afin de déceler le moindre indice sur cette mauvaise blague. La blonde, elle, tentait d’ouvrir la fenêtre plus haut, en vain. « Je ne me sens pas très bien non plus … » Avoua-t-il, sachant fort bien que la chaleur de la jeune femme ne provenait pas d’une simple hausse de la température ambiante. Ils étaient tous les deux tétanisés par la peur, même s’ils n’osaient pas se l’avouer. Lennox retourna d’ailleurs vers la porte, tentant de l’ouvrir de nouveau, mais rien à faire. « Je savais que j’n’aurais jamais dû mettre les pieds ici … » Et par ici, il voulait autant dire cette pièce que cette maison en général.

Elle tentait de garder son calme, ne pas se perdre face à la vue du sang. Elle n'en voyait que pour des petites blessures, mais elle n'était pas blessée, même si son coeur venait de flancher, qu'elle avait l'impression que son cerveau avait été mis en pause. Ce n'était pas physique, elle ne revenait pas d'un entraînement, elle n'était pas tombée au sol. Elle avait simplement ouvert des vannes. Elle voulait juste s'humidifier la tête, rien de plus et se dire qu'elle avait failli mettre ça sur son visage la faisait vaciller. Elle avait l'impression qu'elle venait de tuer quelqu'un, que c'était une scène de crime. Ou l'inverse, qu'elle venait de se faire battre par son ex-mari et qu'elle se soignait, c'était plutôt douloureux d'y penser. Peut-être pour ça qu'elle commençait à paniquer, même si elle disait tout le contraire, qu'elle se persuadait qu'elle allait bien. Elle demandait si c'était du sang, mais la réponse de l'homme n'était pas vraiment rassurante, elle ne l'aidait en rien, même pas reconnaître ce que c'était sur son justeaucorps. « J'ai remarqué. » Un nouveau rire, elle ne lui parlait pas méchamment, du moins elle l'espérait. Elle ne voulait pas qu'il garde un souvenir d'elle comme une méchante personne, parce qu'elle n'était comme ça avec personne, pas moins même les gens qui l'humiliaient ou se moquaient. Elle finissait par se regarder dans un miroir, c'était effrayant pour elle. « Oh ... je disais juste celui qui fait peur. J'étais en licorne moi, ça fait pas tellement Halloween, le réveil des morts et tout. » Elle avait déjà été dans des tenues d'Halloween plus angoissante que celle avec qui elle était arrivée. Ça frisait même le ridicule, ce qu'elle portait, mais elle n'était pas là pour faire la mannequin, elle n'avait rien sous la main, elle voulait se faire un costume, c'était tout. « On n'est pas dans un film d'horreur ! Je ne pense pas qu'il existe des Halloween ... comme ... on peut voir. » Elle commençait à dire n'importe quoi. Pour palier à la chaleur qui s'installait, sans doute que dans sa tête, elle essayait d'ouvrir la fenêtre, se demandant au passage si elle pouvait passer dedans ou s'il y avait un piège, comme si la fenêtre allait se refermer sur elle puis la transpercer ou qu'elle allait rester bloquée et que quelqu'un dehors allait la tuer. Pleins d'idées stupides qui ne la calmait pas. Andeana tournait son regard vers l'homme qui disait ne pas aller bien, puis elle descendait de là où elle était monter pour ouvrir la fenêtre qui ne s'ouvrirait pas de toute évidence ou peut-être qu'elle n'avait pas assez de force. « Vous voulez de l'eau ? » Elle s'approchait de nouveau des robinets avant de s'arrêter brusquement. « Euh ... pardon. » Elle s'approchait ensuite de la baignoire qui se trouvait dans la pièce et s'asseoir sur le rebord et prendre son inspiration. L'écoutant dire qu'il n'aurait pas dû venir ici. « Et moi je suis plutôt heureuse que vous soyez là, parce que sinon j'aurais été enfermée ici toute seule. » C'était plutôt égoïste, ce n'était pas quelque chose qu'elle aimait entretenir pour son bien-être, mais elle avait peur, elle détestait la solitude. « Bien, juste attendre. Ça passera, on ne va pas rester enfermer toute notre vie ici. »

Lennox parlait comme ça lui venait, et il n’avait jamais été très doué pour ça. Quand il s’était exclamé que c’était elle qui avait du sang sur elle et pas lui, elle lui répondit qu’elle avait bien remarqué, oui. Il se mit la tête sur le front, baissant les yeux, tentant de reprendre un minimum de contrôle pour cesser de dire des âneries. « Ouais, désolée, euh, je suis un peu nerveux. » Ça ne justifiait pas qu’il réagisse de la sorte, mais au moins la blonde saurait qu’il n’était pas seulement un con. La jeune femme se dirigea vers le miroir et parla du vrai Halloween. « Ouais … je vois ce que tu veux dire. » Plus ou moins, mais Lennox ne jugea pas important de s’attarder là-dessus, au contraire même. Elle recommença, en disant qu’il n’existait pas de Halloween comme on les voyait dans les films d’horreur. « J’imagine que t’as raison … Encore moins à Bowen ! » Après tout, il y avait peut-être bien des ragots et des histoires complexes et interreliées, mais personne ne voulait tuer personne … à ce qu’il sache. Pendant que la jeune femme tentait d’ouvrir la fenêtre, Lennox, lui, sentait la chaleur qui l’étouffait de plus en plus. La blonde lui proposa de l’eau, en se dirigeant vers les robinets. Lennox ouvrit la bouche quand elle s’arrêta d’elle-même, s’excusant. « Non, ça va … » Autant son oubli que l’absence de verre d’eau. Alors qu’elle allait s’asseoir sur le rebord de la baignoire, Lennox, lui, se laissa glisser le long du même côté de la pièce, tournant la tête vers elle quand elle dit que même si lui aurait préféré ne pas venir, elle, elle était plutôt heureuse qu’il soit là, plutôt qu’enfermée seule ici. Le notaire esquissa un mince sourire. « Au moins une chose de positive … » Il sourit un peu plus. Comme elle disait, il fallait attendre, tout simplement. « Peut-être pas toute notre vie, mais toute la nuit … » Et pour Lennox, c’était déjà bien trop grave. Déjà qu’il n’avait aucunement envie d’être ici, alors de passer la nuit avec une inconnue dans une salle de bain, ce n’était franchement pas l’idéal. « Vous ne connaissez personne à cette fête ? On pourrait leur téléphoner pour leur dire de venir ouvrir de l’autre côté … » Proposa-t-il.

Encore une fois, elle disait n'importe quoi et ça déstabilisait l'homme et ça la mettait mal elle. Elle ne voulait pas que quelqu'un se sente mal à cause de son parler de ses gestes. Elle ne voulait pas se sentir juger. Et maintenant qu'elle y pensait, elle se disait que s'il voulait s'enfuir au fond c'était peut-être à cause d'elle. La blonde se mettait à regarder l'homme avec des yeux remplis de pitié, comme si lui pourrait lire dans ses pensées et la rassurer en lui disant que ce n'était rien. Mais elle sortait rapidement de celles-ci, parce qu'elle allait trop loin dans les réflexions. Mais elle continuait de dire n'importe quoi, au point où elle se demandait si c'était la peur ou juste elle qui pouvait sortir des débilités du genre. « Enfin, en y repensant cette maison est ... » Elle haussait les épaules pour se donner un air détaché qui ne s'accordait pas à son timbre de voix tremblant. « Elle est ce qu'elle est. Flippante. Ils ont plutôt bien gérés les propriétaires sur le coup. » Elle riait, passant une main sur son front, elle s'enfonçait encore plus et n'aimerait pas se retrouver en face d'elle à ce momen-là. Lui devait être gêné et elle, elle était désolée de lui infliger ça. Après plusieurs gestes désespérés pour trouver une sortie, elle finissait par abandonner dès que son partenaire disait ne pas se sentir vraiment bien. Elle ne le connaissait pas, mais elle voulait bien en prendre soin, elle ne saurait pas gérer un malaise, elle n'était pas médecin dans l'âme et elle le tuerait sans doute accidentellement à essayer de faire quelque chose — enfin, c'est ce qu'elle se disait, mais son père avait tenu à ce qu'elles suivent quelques cours de premiers secours, rien de bien extraordinaire. Après une énième catastrophe elle finissait par se poser, au moins, sans faire de mouvement elle ne pouvait plus gaffer, il fallait seulement surveiller ses paroles. « De déshydratation, on peut mourir vite, vous savez. » Et elle n'appliquait pas du tout son ancienne leçon. Ne pas dire de connerie. Ça ne semblait pas si compliqué. Mais quand elle avait peur, son cerveau s'emballait, elle parlait toute seule, comme si elle n'était plus elle-même. « Je ... m'excuse encore. » Elle soufflait finissant par se laisser glisser par terre et replier ses jambes contre sa poitrine et rabattant ses bras autour d'elles. « Je n'ai pas de téléphone avec moi ... Je ne pouvais pas le garder dans ma tenue sans le passer dans mon justeaucorps, mais c'était pas confortable. » Elle lui lançait un regard désolé, encore une fois, elle avait l'impression de ne ressentir que ça ; de la honte pour sa personne. Il fallait qu'elle trouve quelque chose de positif chez elle, elle se concentre et se calme. « Et vous ? »

Quand la blonde lui parla du côté flippant de la maison, Lennox haussa les épaules. « Honnêtement, je n’en ai aucune idée, c’est la première pièce que je visite vraiment … » Avoua-t-il avec un léger rire, pas vraiment amusé, juste … déconcerté par ce que la vie lui réservait toujours. Il était entré dans cette maison, avait eu une crise de panique en voyant tout ce monde et en réalisant que la seule personne qu’il cherchait à y voir n’était même pas là, alors il était venu directement ici, dans cette salle. Et maintenant, il y était enfermé, avec une inconnue. Au moins, elle était gentille, ce qui enlevait un peu de nervosité chez Lennox. Il se serait retrouvé avec n’importe qui d’autre d’un peu moins doux et il aurait pleuré en boule, abandonnant toute sa dignité au passage. La blonde, une fois assise sur le rebord du bain, déclara finalement qu’ils pourraient mourir de déshydratation. Il releva la tête vers lui, assez surpris de son commentaire. Puis, il haussa les épaules. « Bah, c’est pas la plus belle des morts mais au moins on sera sortis d’ici, en quelque sorte. » Ça se voulait une plaisanterie, mais sortant de la bouche de Lennox, ce n’était pas tout à fait ça. Il avait plutôt créé un malaise, en tout cas lui le ressentait de la sorte, parce qu’il réalisait qu’il venait presque de leur souhaiter leur mort rien que pour être libérés. Si seulement elle savait à quel point il aurait presque préféré ce scénario. « C’est moi qui m’excuse, sur ce coup-là. » Dit-il avec un mince sourire, tentant de se rattraper. Pour rapidement changer le sujet, il demanda à la blonde si elle avait un téléphone portable afin de téléphoner à un ami de l’autre côté de la porte. Elle n’en avait pas, et lui n’avait pas d’ami. « J’ai un téléphone, mais je ne connais personne ici. Y aurait-il une mince chance que vous connaissiez un numéro par cœur ? » Mis à part le numéro de la police … Mais, de nos jours, c’était si facile d’enregistrer un contact dans une liste qu’on ne prenait même plus le temps de regarder le numéro et donc encore moins de le mémoriser.

Elle se mise à sourire, elle ne savait pas depuis combien de temps la soirée ici avait commencé, mais ne visiter qu'une salle de bain était particulier. Et quelque chose voulait le retenir dedans, avec elle. Elle ne savait pas si elle était la meilleure partenaire qu'il pouvait avoir, mais elle s'efforcerait de l'être, comme s'ils étaient dans une épreuve. La victoire était de trouver la sortie et fallait un bon travail d'équipe. Peut-être que le travail qu'ils avaient à fournir était juste de s'asseoir et patienter en parlant de tout et de rien. Elle était forte pour ça Andeana, parler. Parfois ça angoissait ses interlocuteurs, elle n'avait pas envie que ça se passe comme ça. Toujours est-il que ce n'était pas très intéressant de rester assit, surtout pour une personne qui adorait bouger. Elle aurait trouvé ça plus amusant de devoir faire un parcours du combattant dans cette maison tout en étant attaché à son partenaire par la cheville, n'importe quoi. Un truc drôle, pas glauque. « Oh vous excusez pas ! Je pensais la même chose. Si un de nous survit ... qu'il raconte notre histoire aux grands journaux, peut-être qu'ils feront une adaptation en film. La classe. » Elle pensait qu'elle pourrait boire sa salive pour survivre, cette pensée la faisait rire avant de se rendre compte que c'était n'importe quoi et impossible de saliver avec une déshydratation. Elle était peut-être nulle en cours, mais ça, elle le savait. Et sans aucune explication, elle se mise à imaginer que le premier qui serait atteint devrait demander de la salive à l'autre et elle d'auto-répugnait. Son sourire disparaissait aussitôt, pas pour longtemps, parce que dès qu'il lui adressait la parole, comme une machine elle se remettait automatique à montrer un sourire chaleureux. Il la prendrait sûrement pour une folle, parce que ses expressions faciales n'étaient pas très claire à cause de la peur, du stress et la bonne humeur constante dans le crâne de la blonde. « Je connais le numéro de ma mère par coeur ... mais je crains qu'elle ne soit pas ici. » Disait-elle avec un regard désolé. Elle ne voulait pas le lui dire, mais elle connaissait toujours le numéro de ses ex-maris, comme une espionne, mais ils avaient déjà dû changer de numéro un bon nombre de fois aujourd'hui. Et tant bien même qu’elle connaissait le numéro de son copain, il ne se bougerait pas le cul pour cette histoire et il n’était même pas en ville. D’ailleurs, elle ne savait pas où il était. « On peut toujours essayer de crier à la porte. Ou alors ... vous pouvez envoyez un message à une de vos connaissances pour donner l'adresse et venir à notre secours. Mais c'est un peu la honte, non ? » Elle se mise à réfléchir en faisant la moue.

Quand la jeune femme lui parla d’une adaptation en film, Lennox haussa les sourcils en la regardant, laissant finalement apparaître un demi-sourire amusé, ressemblant davantage à une grimace. « Au moins ça ne coûterait pas trop cher en production. » Une salle de bain, deux acteurs, un peu de faux-sang dans l’eau de l’évier, et le tour était joué. Sans doute que ce film ne battrait pas des records au box-office non plus, parce que jusqu’à maintenant, cette blonde et lui n’étaient pas des plus palpitants à regarder. Une fois la panique agitée passée, ils continuaient à paniquer intérieurement, mais assis et parlant d’autres choses. Enfin, d’autres choses, c’était de solutions pour les sortir de là plus rapidement que par la mort. Lennox demanda à la blonde si elle connaissait des numéros de téléphone par cœur, afin de contacter un ami qui se trouvait à cette fête ou tout près, et qui pourrait venir les aider. Ça ferait au moins une personne au courant de leur situation parce qu’à en entendre la musique qui jouait dans le tapis, couvrant même les voix des invités, Lennox doutait que ça serve à quelque chose de crier et de frapper contre la porte. C’était d’ailleurs ce qu’avait proposé la blonde, avant de proposer aussi que le notaire contacte une connaissance. Il pensa à Andreas. Il était ambulancier, après tout, ce n’était pas si déplacé de l’appeler pour venir les sortir de là. Mais il secoua la tête, après réflexion. « Un peu trop la honte pour téléphoner et demander de l'aide à un homme que j’aime bien … » Avait-il répondu, réalisant qu’il venait de parler de ça à une parfaite inconnue. Elle connaissait peut-être Lou, elle le reconnaissait peut-être de visage sans rien dire, elle ferait peut-être le lien ! Il leva un regard bien surpris de lui-même, les yeux gros comme deux lunes, avant de baisser le regard et de ne pas lui laisser le temps de répondre quoi que ce soit en ajoutant : « Et euh sinon je connais pas vraiment quelqu’un qui puisse venir nous chercher maintenant. » En fait, il y avait bien d’autres personnes, comme Charlize ou Sacha, mais Lennox ne leur téléphonait que trop rarement pour oser les appeler dans une telle situation. « Si vous ouvrez l’eau du bain, c’est la même chose que l’évier ? » Demanda Lennox, intrigué.

C'est sûr que niveau production, ça en jetait moins qu'un film de science-fiction et ça ferait sans doute moins d'entrées. Lui n'avait même pas de déguisement, alors il n'y aurait pas besoin de mettre des sous dans des costumes et elle, c'était des choses qu'elle avait trouvés chez elle et que tout le monde devait avoir. Et finalement les deux reprenaient leurs souffles, pour ne pas mourir dans la panique. La blonde se disait qu'il fallait économiser l'air, de toute manière, il n'y avait pas d'eaux, pas d'ouvertures, c'était la pire salle de bain où elle avait pu mettre les pieds, mais en même temps, elle ne pouvait pas s'empêcher au plus profond d'elle de trouver ça drôle comme situation. Et ce n'était pas la pire de sa vie non plus, parce que l'homme qui l'accompagnait était sympathique et lui faisait oublier qu'elle avait du sang, bien que vrai ou faux, sur les vêtements et les mains. Pour trouver un moyen de s'en aller d'ici et ouvrir cette porte qui refusait de le faire, l'homme lui demandait si elle ne connaissait pas un numéro qu'il pourrait joindre. Il ne fallut pas longtemps pour réfléchir, en conclure que mit à part celui de sa mère, elle ne connaissait aucun autre. Et même si sa mère aurait pu se montrer sous un jour de Wonder Woman, elle se trouvait sûrement pas à Bowen, puisqu'elle n'avait rien à faire ici. Quand il disait que c'était la honte d'appeler l'homme qu'il aimait, elle se mise à rire un peu, elle trouvait ça "mignon". « Que vous aimez bien ? » Elle esquissait un large sourire qui montrait largement qu'elle avait une idée derrière la tête. « Pas ... plus ? » Parce que quand elle était en couple avec quelqu'un, elle aimait, pas que "bien". Et même si elle avait conscience que son amour à elle était différent, parce qu’elle se précipitait trop, elle se disait que c’était pareil pour tout le monde. Elle savait aussi que c’était sans doute trop gênant pour lui d’en parler, parce que parler de ses amours ou simplement des crushs, ça mettait mal à l’aise certains. Mais encore une fois, pas elle. « Quelqu’un finira bien par vouloir … rentrer dans la salle de bain et nous sortir de là ? » Quelqu’un qui voudrait se rafraîchir le visage ou alors se tromper de salle, tout simplement, comme eux. Elle finissait par se retourner pour accrocher la poignée de la baignoire puis elle ouvrait l’eau. Qui n’en était pas vraiment encore une fois. « Oh non ... » Elle essayait de fermer l’eau, mais encore une fois, rien de fonctionnait. « Vous … voulez pas essayer ? » Elle montrait ce qui clochait, la poignée restait actionnée et la substance étrange ne cessait de couler, elle aurait pu rigoler en disant que de toute façon, avant que le bain se remplisse, il aurait fallu un bon moment, mais elle n’avait pas prévue qu’il n’y avait pas de bonde et que tout se retrouvait au sol. Elle se baissait pour voir pourquoi ça ne coulait pas dans les canalisations, mais il était là le problème ; il n'y en avait pas. « On va finir par mourir noyer finalement. » Elle tentait de nouveau, dans un rire déformé, faux.

Dès que ces paroles étaient sorties d’entre ses lèvres, Lennox avait tout de suite regretté de les avoir dites. Évidemment, la jeune femme en sa compagnie avait relevé le fait qu’il aimait bien cet homme, et elle ne passa pas outre ces mots précis choisis par Lennox … de façon bien impulsive. C’était exactement en raison de ce genre de situations que le notaire prenait maintenant grand soin de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de l’ouvrir et de dire des âneries. Ça revenait toujours contre lui, comme un boomerang d’humiliation. Il baissa les yeux, gêné, avant d’hausser les épaules et de balbutier, en réponse à la question de la blonde : « Bah euh je … je sais pas … je sais pas trop en fait. » Ils n’étaient pas en couple, pire encore c’était Lennox qui était en couple mais pas avec lui, avec elle. Elle avait beau être dans le coma depuis un peu plus d’un mois, cela ne changeait rien au fait qu’il aimait Lou. Il devait aimer Lou. Être là pour elle, surtout. Il espéra que cette conversation ne s’éterniserait pas, sinon Lennox y couperait court par lui-même mais il se doutait bien que ça foutrait un froid. Et comme cette femme était la seule personne à qui il pouvait parler pour les prochaines … heures ? Il se devait de ne pas tout gâcher.

Heureusement, ils retournèrent bien vite à leurs moutons, soit de trouver une façon de se sortir de là. L’hypothèse de la blonde tenait la route. Si tous les deux avaient franchi cette porte, ils ne seraient certainement pas les seuls de la soirée. Lennox hocha donc vivement la tête, convaincu par cette idée. « Oui ! Oui, forcément ! Reste qu’à attendre que les invités boivent un peu plus, et clairement quelqu’un aura besoin de la toilette … » Pour y pisser ou y vomir, ça n’importait pas pour eux deux. Tant que la porte s’ouvre, au fond, et les voilà libérés. Pendant cette attente, toutefois, Lennox pensa qu’ils pourraient au moins tenter d’élucider la présence de sang – faux ou vrai – dans l’eau, et proposa à la blonde de tester celle de la baignoire. Il s’agissait sans doute de la même tuyauterie, mais alors si tous les conduits dans la maison en étaient composés, alors la personne responsable s’était donné bien du mal. « Franchement, qui dépenserait autant d’argent pour du faux-sang, juste pour une blague ridicule ? » Ou alors … qui assassinerait autant de gens pour avoir autant de sang ? Étaient-ils les prochains ? Lennox ne voulut pas y penser et surtout, son attention fut concentrée sur la poignée que la blonde n’arrivait plus à refermer. Lennox essaya à son tour. « Non, c’est … c’est coincé … » Tout comme la porte. Putain, nouvelle règle : ne plus ouvrir quoi que ce soit, parce que visiblement ces actions étaient irréversibles. Quand la jeune femme parla de noyade, Lennox secoua la tête, même si la panique l’emportait lui aussi. La blague n’était plus drôle. Plus drôle du tout. « On peut … on peut essayer de trouver un contenant et de transvider l’eau … enfin … ce truc, dans le lavabo. » Tout à l’heure, l’eau s’était écoulée, ce qui voulait donc dire que la canalisation de l’évier n’était pas bloquée.

Andeana ne cherchait pas à savoir précisément s'il était amoureux de lui, simplement en couple, mais la réponse de son partenaire la mettait dans le flou le plus total. Il ne savait pas s'il était en couple avec ou alors elle avait très mal posée la question. Étant donné la peur qu'elle avait maintenant et son talent à se tromper dans ce qu'elle disait, elle concluait qu'il avait mal compris. Et avant qu'elle puisse exposer un de ses plans qui aurait sans doute été stupide, elle se décidait d'essayer de le rassurer plutôt que le mettre mal à l'aise, elle le faisait déjà suffisamment, elle ne voulait pas qu'il finisse par avoir un mauvais oeil sur elle quand ils finiront par sortir. « J'espère qu'il n'y a pas d'autres toilettes ici ! Enfin ... j'espère puis en même temps non. » Il faut dire, que vu le nombre qu'ils étaient à cette soirée, de ce qu'elle avait vu, une toilette pour tout ce beau monde, c'était que trop peu. Puis le défilé des bourrés aurait débuté depuis bien longtemps, parce qu'il faut dire que milieu de soirée, il y en avait toujours qui tenait que très peu l'alcool. La blonde était un exemple parfait, même si aujourd'hui elle ne buvait pas. Quand il lui arrivait de le faire, il ne lui fallait pas plus de deux ou trois verres pour la retrouver dans un état second. L'homme lui demandait d'ouvrir les valves du bain pour voir quelle eau s'écoulait par celles-ci. Sans discuter, la blonde s'exécuta, un brin d'espoir lui parcourant le corps. Parce qu'elle, elle était seulement venue ici pour se rafraîchir le visage et elle avait fini par se faire enfermer avec un inconnu, bien qu'adorable. Lui essayait de refermer de nouveau après elle, parce qu'elle n'enlevait pas le fait qu'elle pouvait ne pas avoir de force, elle faisait peut-être du sport pour maintenir sa ligne et pouvoir continuer de faire la modèle photo — même si la douleur l'arrêtait vite — rien n'excluait que la peur pouvait la paralyser. Mais le sang coulait encore et toujours finissant par tapisser le sol de sa couleur, dégoûtant Andeana qui ne savait plus quoi faire. Rire comme une abrutie alors que la peur lui prenait à la gorge. « Des riches ? » Elle continuait de pouffer de rire en pensant à son demi-frère à qui il lui arrivait de faire des blagues dans ce genre, mais après, dans le but de faire peur pendant longtemps, ce n'était pas son style. « Vous croyez qu'il y a des caméras et que des gens rigolent bien ... de ça ? » Elle tournait un regard vers lui, entre le brillant de peur et l'amusé. Elle faisait un hochement de tête déterminée, elle n'allait pas mourir noyée, non. Elle commençait donc à farfouillé partout en quête de bassine, même petite. « Ça va être long ... ça va faire un peu travail à la mine ! » Ils n'étaient pas dans les mêmes conditions, heureusement, mais un rien lui donnait trop d'idées, même bizarre. Elle regardait de nouveau le robinet du bain qui s'écoulait puis se demandait si le plus simple ne serait pas de boucher le fond, pour remplacer le bouchon, ils gagneraient du temps, mais en perdraient à savoir que mettre. « Bingo ! Làààà ! » Elle finissait par pointer du doigt une étagère en hauteur. « Là-hauuuut ! » Elle n'était pas grande et le plafond était assez haut dans ce genre de manoir, alors même en sautillant sur place elle n'arrivait pas à frôler l'étagère. « On m'explique pourquoi les dimensions de cette maison sont celles de château ? Ils pensaient accueillir des géants ou quoi !? » Elle continuait de vouloir attraper le bordel. « Mh. Soit vous êtes grand et vous réussissez à attraper le truc qui ressemble à une bassine, soit ... je monte sur votre dos. »

Par le plus beau des miracles, la blonde ne demanda pas davantage d’explications sur ce qu’il avait dit sur sa relation avec l’homme-mystère, en l’occurrence Andreas. Il n’avait pas vraiment envie de s’étaler là-dessus, d’autant plus qu’il ne savait pas lui-même quoi en penser, alors quoi en dire serait encore plus ardu. Pourtant, s’ils s’enlignaient pour passer une nuit enfermée dans une salle de bain, aussi bien parler de sujets qui les occuperaient pendant un bon bout de temps. C’est la logique qu’il attribuait aux autres, en général, aux autres que lui car lui n’était pas normal, lui préférait les lourds silences plutôt que les conversations en l’air. Bref, suite à leur élan d’espoir quant au fait que s’ils étaient deux déjà à avoir voulu venir dans cette toilette, d’autres viendraient forcément au courant de la soirée et, alors, ils pourraient sortir d’ici enfin. La blonde exposa ses doutes quant à l’existence d’autres toilettes, mais Lennox haussa les épaules. « Une maison comme celle-là, j’imagine qu’il y en a plusieurs mais avec tout le monde qui est venu, j’pense qu’elles risquent toutes d’êtres occupées à un moment ou à un autre … » Pourtant, cela faisait sans doute une vingtaine de minutes qu’ils étaient ici. Entre la surprise initiale d’être coincés ici, la découverte du sang dans l’évier, les tentatives de la blonde d’ouvrir la fenêtre et finalement leur abandon, le temps s’était écoulé.

Lennox souleva finalement l’idée d’ouvrir les robinets, question de voir si l’eau était elle aussi contaminée d’on-ne-sait-trop-quoi. Au moins, si elle ne l’était pas, ils ne mourraient pas de soif. Certes, l’eau ne serait pas des plus potables, mais il préférait tomber légèrement malade que de mourir de déshydratation. Malheureusement, l’eau qui s’en écoula après que la blonde ait ouvert les valves était toujours aussi rouge que celle de l’évier. Lennox soupira, se plaignant de ces imbéciles de riches prêts à tout – même à jeter de l’argent par la fenêtre – pour faire peur aux autres. La blonde pouffa de rire d’abord, avant de lui demander s’il croyait qu’il y avait des caméras et des gens qui rigolaient. Instinctivement, Lennox leva les yeux vers les coins du plafond, même si l’idée était ridicule. Sait-on jamais. « Des caméras je crois pas … enfin … j’espère pas … » Putain, si ça se retrouvait sur le web, sur les réseaux sociaux, tout le monde pourrait se moquer des réactions des invités. Tout le monde pourrait se moquer de Lennox. Et ça, il n’arriverait pas à le supporter. « Mais c’est quand même plus logique que de se dire que ce sang est vrai, non ? » Releva Lennox. C’était forcément une mauvaise blague, avec du faux-sang ou du sang d’animal bref, dans tous les cas, c’était dégueulasse.

Quand ils constatèrent que les valves étaient bloquées, Lennox proposa de trouver une bassine avec laquelle transvider l’eau de la baignoire dans l’évier, là où elle pourrait s’écouler sans risquer d’inonder la salle de bain tout entière. La blonde trouva finalement, en haut d’une étagère, ce qui ressemblait à une bassine, ou du moins un objet qui serait assez adéquat pour le travail à faire. « J’suis pas assez grand non plus, montez sur mon dos. » En général, il aurait été pas mal plus hésitant mais là, cas de force majeure, il se mit de dos à la blonde et se baissa légèrement afin de lui permettre de monter. Quand ce fut fait, il la souleva et l’approcha de l’étagère-pour-géant, comme elle avait dit. « Vous y arrivez ? » Demanda-t-il.