You don't actually have to be happy. Just make them believe that you are. ➽ Dustin

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MALOU & DUSTIN

Elle n'avait jamais beaucoup pratiqué cette partie du métier. En revanche, elle avait l'habitude de ne pas avoir le choix, dans sa situation. Elle faisait au mieux avec ce qu'elle pouvait. Malou avait appris à relativiser, depuis les années. Et, pour certaines choses, à se focaliser uniquement sur le sens pragmatique. C'est pourquoi elle se retrouvait en jupe moulante et courte, hauts talons, bas résilles et top tout aussi moulant qui était évidemment très suggestif. Au moins n'était-elle pas à moitié à poil pour une fois. Ou à poil tout court. Mais ça c'était une partie inévitable du métier. La jolie rousse avait été réquisitionnée aujourd'hui pour accompagner un jeune homme durant une soirée, et durant la nuit bien sûr, ça coulait de sources. En gros, accompagner, dans son métier, ça voulait dire faire l'escort. Rien que Malou n'ait jamais fait, mais tout de même, c'était pas la partie qu'elle préférait. Recevoir des clients dans un lit, dans la chambre d'un bar-hôtel prévu à cet effet, c'était plus facile à vivre. Bien plus facile que de se balader parmi une foule de gens soit riches, soit jeunes et tout excités à l'idée de s'être payé une pute pour la soirée. Dans les deux cas, son rôle était de se faire exhiber devant tout le monde comme un objet. Il n'y avait jamais de doute sur ce qu'elle faisait là, au milieu de gens qui souhaitaient juste passer du bon temps, mais en public, et sans bouger leur cul jusqu'au bar à prostituées le plus proche.

Ce soir Malou accompagnait cet homme à une soirée chez lui, enfin elle le supposait, elle n'en savait trop rien. Peu importait de toute manière, ce qu'elle avait à faire était de rester à sa disposition, d'être jolie, excitante, souriante, provocante. C'était tout ce qu'on lui demandait. Ah, et de se faire baiser après la soirée aussi. Mais ça c'était la partie la moins désagréable. La rouquine suivit donc son client de la soirée dans la demeure, pleine de monde. Elle lança un regard circonspect à l'intérieur, suivant le jeune homme avec un peu d'hésitation, avant de se reprendre. C'était le moment d'afficher son masque souriant et coquin. Elle détestait sentir les regards glisser sur elle. C'était insupportable. Elle se trouvait rarement dans cette situation. Mais ce n'était pas là-dessus qu'elle devait se concentrer. Elle les emmerdait tous, de toute façon. C'était pas elle qui se payait une péripatéticienne parce qu'elle était pas capable de se trouver une gonzesse par elle-même. Elle s'assit donc dans un canapé, tandis que l'homme qu'elle accompagnait lui servait à boire pour ensuite glisser son bras derrière ses épaules, sa main descendant déjà vers sa poitrine, sans s’embarrasser de discrétion. Malou esquissa un sourire forcé, mais cela passait inaperçu, elle était devenue comédienne professionnelle depuis le temps. Elle adressa un regard malicieux à son client tout en se mordant la lèvre, avant de boire une gorgée d'elle ne savait pas trop quel alcool. Son regard clair remonta ensuite pour se poser sur les personnes qui lui faisaient face dans l'autre canapé. Elle détestait peut-être leurs regards, mais elle n'allait certainement pas baisser les yeux. Jamais. Même si leur pote était en train de la tripoter sans aucune gêne.

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MALOU & DUSTIN

Ça devait bien faire dix minutes… oui, au moins dix minutes qu’il n’arrivait pas à ignorer cette fille avec son pote. Non pas qu’elle l’intéressait, non pas qu’il enviait son pote de passer la soirée avec elle. Non, il était juste dépassé par ce qu’il voyait encore une fois. Il avait beau être quelqu’un de calme, de s’en foutre royalement de certaines choses, mais à force de voir la même chose se répéter de semaine en semaine, ça frôlait avec les limites du raisonnable. Il attrapa la bière qui se tenait devant lui et en but une longue gorgée en tentant de s’attarder sur ce qui se disait. Il riait sans vraiment écouter, il soupira bruyamment en passant une main sur le côté de son visage. Quelques regards se tournèrent vers lui, tous même, sauf celui de celui qui avait engagé une escort… pour rester poli. Il voyait ses mains se poser sur la poitrine de la jeune femme, n’hésitant pas à exercer une pression assez forte pour rendre visible le soutien-gorge qu’elle portait. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle se laissait faire, qu’elle lui souriait comme pour l’inciter à en faire plus. Alors que la conversation reprit autour de lui, il laissa son regard se poser sur cette femme, leurs regards se croisèrent et il ne sut pas si c’était de la pitié qu’il lui adressait ou s’il était désolé de ce qu’elle devait supporter, peut-être un peu des deux au final. Tandis qu’il continuait de la fixer, il sentit quelqu’un agiter une main, c’était celui qui avait payé cette escort et qui n’hésita pas à le lui faire comprendre «Dustin, c’est moi qui la paie… Si tu veux regarder quelque chose, va t’en chercher une, mais n’essaie pas d’attirer son attention» Il avait balancé ça en rigolant, mais Dustin savait parfaitement qu’il était sérieux, il n’aimait pas que l’attention tourne sur autre chose que lui.

D’abord silencieux, Dustin finit par rigoler et se leva tout en déposant brusquement sa bière sur la table. Il pointa du doigt ce pauvre type qu’il savait apprécier dans d’autres circonstances et lui balança sans la moindre hésitation et sans langue de bois «Crois-moi, j’aimerais pouvoir éviter de te voir la peloter comme un adolescent de quinze ans. Bordel, t’as vingt-huit ans, je t’ai jamais vu draguer une femme depuis que je te connais. T’es toujours à engager des salopes…» Il leva la main vers celle qui se tenait à côté de lui pour s’excuser du terme employé et reprit «…à engager des salopes pour t’assurer de pouvoir toucher quelque chose et remuer ce que t’as entre les jambes. Grandis un peu franchement, j’en ai marre de me ramener en soirée et de devoir assister à ton cinéma. Il est même pas vingt-trois heures que t’es à deux doigts de les utiliser pour faire autre chose que de tenir la clope. Franchement, aie un minimum de respect pour celle que tu paies… peu importe ce qu’elle est, sois un minimum respectueux» Il secoue la tête et sent l’ambiance pesante autour de lui. Il y en a quelques-uns qui pouffent derrière lui pendant que Greg devient rouge, fixant Dustin dans les yeux comme s’il était à deux doigts de lui sauter dessus. «Prends pas la peine de te lever, tu te retrouveras par-terre aussitôt… enfin je vais m’en fumer, peut-être que ça me décoincera un peu et que j’arriverai à trouver ça marrant en revenant» Il quitta alors la pièce dans laquelle il était et prit la direction du balcon. Il se retrouva rapidement dehors et demanda une cigarette à une femme, un sourire suffisait à ce qu’elle accepte… il ne lui restait plus qu’à trouver quelqu’un qui l’allumerait…

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Une fois qu'elle était dans son élément, la jeune femme avait plus de facilités à ignorer les regards désapprobateurs et méprisants, tout comme elle répondait mieux à ceux, avides et intéressés, qui la reluquaient. Ce n'était pas qu'elle aimait ou n'aimait pas ça, c'était juste une question de professionnalisme. La question de son plaisir ne se posait pas, elle faisait son métier et du mieux qu'elle le pouvait, voilà tout. Au tout début, quand elle avait commencé à travailler comme prostituée, Malou faisait le stricte minimum. Mais elle avait appris que ce n'était pas comme ça que cela fonctionnait. Peu importe son avis sur ses clients ou employeurs, elle devait faire son boulot. C'était comme ça dans tous les jobs. Qu'on soit caissière ou prostituée. Elle avait été formée ainsi et aujourd'hui, cela se voyait. Et mieux elle faisait son boulot, moins elle avait de risque de se faire virer et donc de se retrouver à la rue. Alors tant pis si ce mec lui foutait presque ses mains dans le soutif' devant tout le monde. Il était chez lui, avec ses amis, et il la payait elle. Elle n'avait qu'à sourire et faire ce pour quoi elle était là. Mais la belle rouquine ne pouvait retenir quelques coups d’œil vers un des invités de la soirée. Elle le voyait les fixer, elle et son client. Son regard allait de l'un à l'autre et elle pouvait sentir son dégoût et sa pitié lui brûler la peau, si bien qu'elle fronça les sourcils et soutint son regard sans ciller. Elle n'en avait rien à foutre de son jugement. Il n'avait pas à juger qui que ce soit. Certainement pas elle. Ici, personne ne connaissait rien d'elle et c'était comme ça partout où elle allait, et ça avait intérêt à rester comme ça d'ailleurs. Mais chaque regard dénigrant qu'elle croisait lui prouvait que les gens étaient incroyablement hypocrites. On la voulait dans son lit, après on lui crachait dessus. On la regardait de haut et de travers, pourtant on la payait pour ses services. On faisait la morale en public sur l'importance de la vertu, mais on allait en cachette dans un bar à putes pour se soulager. Malou était peut-être pauvre, elle faisait un job qui n'inspirait sans doute pas la fierté, mais elle n'était pas conne pour autant, et pas plus soumise pour un sou. Elle avait ses idées et ses valeurs, et même si elle n'avait pas toujours le choix de ses actes, au moins elle n'était pas hypocrite. Elle savait ce qu'elle valait et n'avait pas peur de garder la tête haute. Même exhibée en public comme un objet à usage unique, elle ne comptait pas baisser le regard devant quiconque, rien que pour prouver qu'elle était bel et bien un être humain, malgré le rôle qu'on lui attribuait. Elle n'était pas une victime. Elle faisait ce qu'elle pouvait, comme tout le monde. Certains avaient juste plus de facilités que d'autres à mener leur vie, et elle n'avait pas eu cette chance.

Son client finit par adresser une remarque à cet homme qui les fixaient, sans doute son pote. Malou but encore une gorgée dans son verre sans se préoccuper de leur altercation, au départ. Ils parlaient d'elle comme si elle n'était même pas dans la pièce, chose qui la révoltait, mais elle conservait tout soigneusement sous son masque de prostituée modèle. En gros, elle jouait à la plante verte. Très décorative mais incapable de participer à quoi que ce soit, même la concernant. Mais un mot fit grincer des dents la jeune femme à la chevelure flamboyante. Salope. Oh elle l'avait déjà entendu de nombreuses fois. Mais il n'empêche qu'elle n'appréciait pas ça et même si elle serra les mâchoires pour ne pas dire un mot, elle ne put retenir un regard glacial adressé au jeune homme blond qui s'était levé. Il lui adressa néanmoins un regard d'excuse pour l'emploi du terme, ce qui ne désamorça pas du tout l'étincelle de fureur qu'il avait allumé dans le regard de Malou. Mais la fin de sa tirade enflammée parvint à calmer la jeune femme. Il semblait prendre sa défense, au moins un peu. C'était peut-être pas le dernier des crétins, après tout. Tenant sa langue, la jeune femme le regarda quitter la pièce tel un ouragan, avant de se tourner vers son client. C'était pas son rôle de gérer les querelles entre clients ni entre potes. Elle lança juste un regard interrogateur à celui qui la payait, s'arrangeant pour lui offrir un sourire des plus charmeurs. "Va le chercher, ma jolie, il arrêtera sûrement de faire la gueule si t'es là pour le réconforter..." lui glissa l'homme avec autant d'assurance que possible, même s'il semblait terriblement gêné. Elle déposa un baiser sur sa joue et sortit à son tour sur le balcon. L'autre hystérique se trouvait effectivement là, une cigarette à la main. Malou haussa un sourcil. Elle-même ne fumait pas, sauf en de rares occasions. Elle s'approcha du dénommé Dustin sans un mot et lui tendit un briquet.

« Tiens, la salope t'a ramené de quoi allumer. »

Lâcha Malou amèrement, même si son jeu de mot lui arracha un sourire cynique, tandis qu'elle posait les avant-bras sur la rambarde du balcon, son regard clair se perdant au loin. Elle avait beau être chargée d'une mission par son client, elle se moquait bien de perdre quelques minutes ici au-dehors. Prendre l'air et être au calme, hors de cette soirée bondée, lui faisait le plus grand bien, elle qui n'aimait pas les gens. S'il voulait récupérer son pote, il n'avait qu'à venir le chercher lui-même. Malou était prostituée, pas conseillère conjugale.

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MALOU & DUSTIN

Pathétique. C’est un peu ce qu’il pense sur ce balcon. Il ne savait pas ce qu’il avait ces temps, mais sa patience avait des limites alors qu’en temps normal, il ne sortait pas de ses gongs comme ce soir. Peut-être parce qu’il y a des choses qui l’excèdent, peut-être parce qu’il y a des choses qu’il n’est plus en mesure comprendre contrairement aux temps de son adolescence. Il y a un peu moins de vingt ans, il était comme ce mec, à toucher aux femmes. Pas des putes, mais des amies, il laissait ses mains toucher leurs courbes, c’était un gamin. Il était curieux mais il avait aussi envie de pouvoir vivre l’expérience que tout adolescent désirait, celui de pouvoir coucher avec une fille. Il se rappellera toujours de l’instant où il était ressorti de cette chambre, du moment où il s’était regardé dans le miroir en ne comprenant pas. Ce jour-là, il n’avait trouvé de réel plaisir, il pensait qu’il en ressortirait plus fort, plus mature mais… il n’avait été habité que par un sentiment de déception. C’est quelques années plus tard qu’il s’était fait à l’idée que contrairement à d’autres, il y avait certains besoins qu’il ne voulait pas assouvir car il n’en retirait aucun plaisir, aucune envie et aujourd’hui, il aurait même été capable de dire que de coucher avec quelqu’un le dégoûtait au plus haut point. Autant le corps d’une femme savait attirer son attention, il savait reconnaître ce qui était beau et il savait ce qu’il aimait regarder. Cependant il n’aimait pas leurs corps pour y déposer ses lèvres dessus ou ses mains, non. Il aimait leur corps par ce qu’il pouvait exprimer, comme le regard, comme un sourire. On n’avait jamais cherché à comprendre la logique de Dustin et il n’avait pas cherché à être compris, il était bien dans sa vie, il était heureux et rien ne l’empêchait de savoir s’amuser s’il le fallait. Dustin était juste un mec qui n’avait pas le besoin d’assouvir des plaisirs, car il n’en avait plus, ils étaient bien trop enfuis au fond de lui et ils n’avaient jamais cherché à faire surface. Il aimait croire qu’un jour, il y aurait quelque chose qui changerait tout ça, qu’il y aurait un déclic en lui qui le changerait mais il appréhendait aussi. Il appréhendait de découvrir certains besoins qu’il n’avait jamais connus et peut-être que de voir Greg toucher cette fille avec aussi peu de discrétion et à faire ce que beaucoup de ces rêveraient de faire l’avait poussé à bout. En repensant à cette fille qui se fait toucher encore et encore, il entendit sa voix derrière lui, se retournant alors en ne pouvant s’empêcher de sourire à ce qu’elle lui avait sorti en allumant sa cigarette. «Merci…» souffla-t-il en même temps qu’il recrachait la fumée de ce qu’il tenait entre ses doigts.

Il resta silencieux dans un premier temps en la regardant. Il avait peut-être pas forcément été mieux que Greg tout à l’heure et il comptait bien faire comprendre qu’il ne la jugeait en aucun point. Comme toutes prostituées, elle faisait ce métier pour une raison, elle faisait la femme docile pour satisfaire son client, elle lui souriait pour qu’il prenne confiance, elle faisait en sorte de satisfaire celui qui l’avait payée histoire de s’assurer qu’il la recontacterait à un moment ou à un autre. Il vint se poser à côté de la jeune femme et s’appuya dos à la rambarde, ses coudes dessus en regardant l’intérieur de la maison. Apparemment ça parlait de cul à voir les mimiques que chacun faisait et il en secoua la tête en étouffant un sourire «Je voulais simplement exprimer ma façon de penser à cet imbécile, en aucun cas j’ai voulu te dénigrer comme j’ai pu le faire. J’ai juste du mal avec cette façon de faire, autant j’en connais qui vous paie et vous respecte un minimum mais Greg…» Il tira sur sa clope une seconde fois et souffla bruyamment comme pour éjecter toute colère qui grandissait en lui. Son regard quittant la maison pour celle qui regardait l’horizon. «… Greg c’est le mélange d’un manque de confiance total et le besoin de se fair remarquer. Ne m’en veux pas, mais la manière dont il a agi, j’avais l’impression de me revoir à seize ans devant un film de cul en plein préliminaires de beauf» Il se mit à rire et se retourna afin de déposer ses yeux sur ce qui se trouvait devant eux. Ses bras appuyés sur la rambarde, il proposa la cigarette à la jeune femme par simple politesse et ajouta une dernière chose «Excuse-moi si j’ai pu te froisser dans tous les cas, je ne suis pas du genre à porter un jugement sur les femmes qui s’offrent aux hommes. On a tous nos raisons et on a tous besoin d’argent au final, non?» Sa tête se tourna vers elle, un simple sourire aux lèvres, un sourire qui se voulait sincère.

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Ils restèrent un instant sur le balcon en silence, la soirée continuait à se dérouler normalement à l'intérieur malgré l'incident. Aller dehors, lors d'une soirée, c'était toujours comme se couper du monde un bref instant. Faire un break des autres. Et ça faisait du bien. L'homme reprit la parole, justifiant son accès de colère de tout à l'heure. Honnêtement, Malou ne savait pas quoi lui répondre. Elle avait l'habitude de toutes sortes de réactions lorsqu'elle faisait son métier. Alors des remarques de dégoûts ou des jets de fleurs, ça ne l'atteignait plus. Ça pouvait l'énerver, mais elle ne se prenait pas la tête. Chacun pensait ce qu'il voulait, elle ne pouvait l'ouvrir que lorsqu'elle ne travaillait pas. Ce qu'elle ne manquait pas de faire. Mais ici, dans ce contexte, elle n'avait rien à dire.

« C'est vrai que ton pote a l'air sacrément con sur certains points. Malheureusement, on choisit pas ses clients, quand on est une pute. »

Répondit simplement la jeune femme d'un air détaché, sur le ton du constat, tout en restant le regard posé sur la ville qui s'étendait au loin. Elle esquissa un sourire quand le blond lui expliqua son ressenti. Elle avait beau se moquer un peu de ce qu'il pensait au final, c'était tout de même pas tous les jours que quelqu'un s'énervait pour plus ou moins prendre sa défense devant plusieurs personnes. Et lui disait respecter les putes comme elle.

« J'devrais peut-être me lancer dans le porno, finalement. »

Lâcha la rouquine d'une voix sarcastique. Sauf que c'était bien plus dur de se trouver une place dans cette branche que dans un bar miteux qui proposait des filles de joie, quelque part au fond des bas quartiers de Bowen. Le jeune homme lui proposa sa cigarette. Malou fumait rarement, mais une fois de temps en temps elle se laissait aller. Elle saisit le tube de poison nicotiné entre ses doigts et tira une longue bouffée apaisante, qui s'échappa en volute de fumée dans l'air nocturne. À nouveau elle sourit en entendant la remarque de l'homme et posa son regard clair sur lui.

« Et je ne suis pas du genre à être froissée. »

Répliqua-t-elle avec assurance, un petit sourire accroché au coin des lèvres. Le jeune homme semblait cependant plutôt bien la cerner. Il y avait quelque chose en lui de spécial, sur lequel elle n'arrivait pas à mettre le doigt, et qui l'intriguait. Il n'était pas plus sympathique ou plus sensé qu'un autre. Moins cons que certains, c'était vrai, mais il y avait plein de gens bien sur cette terre, la jeune fille le savait. Pourtant il y avait quelque chose de différent, qui allait au-delà du respect qu'il tenait à témoigner pour des prostituées comme elle.

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Elle avait dans sa manière de s’exprimer un détachement total avec sa personne. Cette façon qu’elle avait de parler contrastait avec ce que laissaient voir les femmes qui exerçaient le même métier qu’elle. Derrière les sourires qu’elle avait pu adresser à son pote, les éclats de rire qu’allait avait partagés avant de laisser ses lèvres embrasser celles de son client sans le moindre dégoût, avec tout le naturel que l’on aurait pu retrouver dans celui d’un autre couple, il y avait dans les mots qu’elle utilisait une indifférence presque totale. Elle ne le regardait pas, prise par l’horizon qui s’étalait devant eux, plongé dans l’obscurité de la nuit, malgré une lune qui brillait à des kilomètres au-dessus d’eux. Le sourire aux lèvres, Dustin ne pouvait s’empêcher de laisser son regard s’attarder sur elle. Non pas pour juger des formes qu’elle avait, mais simplement parce qu'elle était intrigante derrière et que d’une certaine façon, ça lui donnait envie de creuser davantage à son sujet, l'envie de la connaître un peu plus. Après tout, ce n’était pas avec ceux qu’il y avait à l’intérieur qu’il allait entretenir une discussion intéressante, à l’inverse de cette femme à ses côtés. «Et surtout, on ne dit jamais non à un client qui paie bien… et Greg a ce qu’il faut à ce niveau-là, je me trompe?» Il aurait presque voulu lui demander combien il la payait, mais connaissant Greg, il avait du glisser plusieurs billets pour s’offrir sa compagnie et certainement assez pour qu’elle reste une partie de la nuit avec lui. De la manière dont il la regardait tout à l’heure, Dustin avait bien compris que la soirée ne s’éterniserait pas, que cette femme devrait se plier aux désirs de ce type qu’il considérait comme un ami… on faisait tous des erreurs et mine de rien, lorsque Greg n'était pas accompagné, c’était le meilleur type au monde. «Je n’ai pas fréquenté à proprement parlé le milieu du porno, mais j’ai rencontré quelques actrices. Je ne te ferai pas un dessin, mais si elles arrêtent aussi tôt leur carrière, ce n’est pas anodin. C’est un peu comme la clope, c’est cool au début puis ça finit par te pourrir» rétorqua-t-il en désignant de la tête le mégot qu’elle avait retiré de ses lèvres pour éjecter la fumée dans l’air. Il n’était pas forcément le mieux placé pour juger de sa situation, mais le porno n‘était pas une bonne solution sur le long terme à son goût. Sa dernière remarque le fit sourire, heureusement qu’elle n’était pas du genre à se froisser, heureusement qu’elle savait se protéger des mots et y être insensible. Il allait d’ailleurs le lui dire mais quelqu’un ouvrit la baie vitrée derrière eux, Dustin se retourna et vit alors Greg se rapprocher, passant ses mains de chaque côté de la jeune femme, l’emprisonnant entre lui et la barrière, n’hésitant pas à se faire insistant en s’appuyant contre elle. Il ignora totalement Dustin et ce dernier secoua la tête, accoudé à la barrière, ne désirant même pas regarder. «Laisse-nous tranquille tu veux? On a des choses à faire tous les deux…» Dustin observa son pote et se redressa. Il croisa les bras sur son torse et posa son regard sur la rousse puis à nouveau sur son ami. Il fit un geste négatif de la tête et se mit à sourire «Et alors? Je suis en train de fumer ma clope. Faites ce que vous avez à faire, tu sais que je ne risque pas de vous interrompre» Soutenant le regard de son pote, il reprit la cigarette des doigts de la jeune femme et resta immobile, tirant sur le filtre sur lequel se trouvait désormais du rouge à lèvres. Au bout de quelques secondes, Greg se mit à râler et murmura quelque chose à l’oreille de la prostituée que Dustin ne put entendre. Sans lui adresser le moindre regard, Greg retourna à l’intérieur et Dustin reporta son attention sur celle qui n’avait presque pas bougé. «J’espère que je ne t’ai pas foutue dans la merde…» balança-t-il en faisant référence à ce qu’il n’avait pas entendu lorsque son client lui avait murmuré quelque chose à l’oreille.

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Malou se contenta de répondre par un haussement d'épaules dans un premier temps. La question n'était pas tellement de ce qui payait bien, mais bien de faire son métier. Malou allait là où on l'envoyait et ne se permettait pas de refuser. Bien sûr, elle s'estimait chanceuse de recevoir un plus gros salaire, même si elle était loin d'en toucher la totalité, son patron s'en mettrait plein les poches avant qu'elle ait la chance de ramasser les miettes. Mais ce n'était pas pour ça qu'elle se pliait aux demandes de particuliers : elle ne pouvait pas refuser, elle avait besoin de ce travail et ne pouvait ni le perdre, ni perdre l'argent qu'un client lui offrait, peu importe la somme.

« Ce n'est pas moi qui empoche le gros lot. Mais oui, ce n'est pas pour la gloire que je fais ce travail, si c'est ce que tu te demandes. »

Rétorqua la jeune femme aux cheveux couleur flamme, sans parvenir à effacer le ton amer qui aiguisait sa voix. Elle tira une nouvelle bouffée de cigarette sans regarder son interlocuteur, les sourcils légèrement froncés, avant de hausser à nouveau les épaules comme si elle venait de conclure une conversation mentale avec elle-même. Il enchaîna sur le fait qu'il connaissait quelques actrices porno, chose qui étonna Malou et elle tourna vers lui un regard dans lequel brillait une lueur d'ironie, avec un petit sourire moqueur, mais sans aucune méchanceté. Elle n'aurait pas cru ça de lui. Mais bon, il semblait assez ouvert d'esprit, malgré son emportement de tout à l'heure à l'encontre de son ami. D'ailleurs, l'ami en question, Greg, revint bientôt dans les parages, visiblement remis de sa petite humiliation de tantôt. Il se dirigea vers elle pour venir coller son corps contre le sien. Ah, ce genre d'hommes. Toujours le besoin de se rassurer sur leur attirance et leur virilité en se sentant maître d'une femme. C'était à pleurer de rire. Mais la belle jeune femme savait jouer son rôle et l'enveloppa d'un regard langoureux, malgré les paroles sèches qu'il adressa au jeune homme blond. Ce dernier ne s'en vexa d'ailleurs pas et lui répondit d'un air détaché, mais ça ne parut pas suffire à Greg. "Vu que tu passes plus de temps avec lui qu'avec moi, tu pourras aussi lui demander de te payer, car tu n'auras rien de moi. Bonne chance pour l'emmener dans un lit, tu peux sûrement dire au revoir à ta paye." Malou fronça à nouveau les sourcils mais garda un visage impassible, laissant Greg s'éloigner d'un pas vif et contrarié sans dire un mot. Bien, voilà qui était fait. Non seulement elle pouvait dire adieu à son salaire mais en plus elle prendrait sûrement quelques remarques houleuses de son patron dans la figure. En espérant qu'il ne la vire pas, ce qui relèverait du miracle, vu le gros client qu'elle venait de perdre. Un instant, la rouquine faillit céder à la colère, mais elle se ravisa. Il fallait rester professionnelle et tenter de sauver ce pourquoi elle était ici.

« On peut dire que si. Mais je te donne une chance de te rattraper... »

Souffla la prostituée en se tournant vers le jeune homme qui avait repris sa cigarette. Elle s'avança vers lui, son allure s'était faite plus féline et son regard pétillait tandis que son visage s'approchait à seulement quelques centimètres de celui de son interlocuteur. Elle lui vola la cigarette et reprit une bouffée, qu'elle souffla délicatement vers lui, avant de lui rendre son bien. La tournure des choses la désolait intérieurement, après tout, le blond lui avait paru différent, intriguant, et loin d'être con. Quelqu'un de potentiellement réellement intéressant avec qui elle pourrait avoir une conversation et non un sport de chambre. Mais elle se trouvait dans une situation vraiment fâcheuse et ne doutait pas de son talent pour arranger les choses... de manière professionnelle. Encore une fois, elle n'avait pas vraiment le choix.

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Pour la première fois, une pointe d’amertume s’était faite sentir dans la voix de la jeune femme, Dustin l’observait silencieusement en repensant à ce qu’elle venait de lui dire. Elle se trompait, il n’avait pas besoin de se demander pour quelle raison elle faisait ce boulot et encore plus après avoir senti cette voix tenter de masquer la réalité des choses. On ne tombait pas dans ce milieu parce qu’on le voulait, on y tombait parce que c’était la seule chose qui permettait de tenir debout et ce, même si elle devait certainement passer le plus clair de son temps allongée avec un homme, à lui offrir ce qu’il désire pendant qu’elle devait lutter pour ne pas vomir. C’était l’image qu’il avait de ce métier, peut-être que certaines femmes y prenaient goût, il en doutait mais il n’était pas le mieux placé pour juger et surtout, il ne se permettait pas de juger une femme par ce qu’elle faisait ou par ce qu’il aurait pu entendre sur elle. Croire aux ragots ou croire aux rumeurs, c’était un peu comme mettre sa main dans un feu quand on nous assure qu’on ne se brûlerait pas, la société actuelle cherche à influencer les gens et il le savait mieux que personne. «Je m’en doutais tu sais… Il suffit de t’écouter pour savoir que ce que tu fais n’est pas un choix ou du moins, pas celui que tu aimerais» conclut-il en laissant son regard traîner devant lui, sans même tenir compte d’une quelconque réaction de sa part. Du moins c’était le cas jusqu’à ce qu’il lui parle du milieu du porno, leurs regards se croisèrent et il ne put s’empêcher de sourire à celui qu’elle lui adressa, fronçant les sourcils n’en comprenant pas réellement la raison. Est-ce que c’était parce qu’il lui avait parlé qu’il connaissait quelques actrices porno? Il ne le saurait pas, mais ce sourire qu’elle lui avait adressé lui avait permis de voir qu’il y avait bien une femme qui vivait en elle, derrière ce masque qu’elle portait. C’était bien plus plaisant que de voir ce jeu qu’elle devait maintenir avec Greg et malheureusement pour lui, il dut y faire face lorsque ce dernier était venu. Rapidement, la jeune femme avec laquelle il parlait avait disparu pour faire sortir tout ce qu’attendait Greg. Ce dernier était complètement hypnotisé par le jeu de la rousse et Dustin en avait détourné le regard en étouffant un rire lorsque Greg lui avait dit de s’occuper de ses affaires. Il avait beau avoir obéi, son pote était reparti à l’intérieur sans rien dire et une vive tension s’était installée. A sa question, il observa la jeune femme se rapprocher vers lui en prenant soin de balancer ses hanches. Ses yeux se plissèrent à l’entente de ses paroles et il ne put retenir un sourire amusé se dessiner dans le coin de ses lèvres. Il resta silencieux dans un premier temps, se contentant d’observer la profondeur du regard de cette femme qui semblait vouloir obtenir quelque chose de lui. Il se pinça les lèvres en sentant la fumée qu’elle expulsa entre les siennes. Elle lui rendit la cigarette qu’il prit entre ses doigts, passant langue sur le bout de ses lèvres avant que le filtre ne vienne à leur contact. Il prit une longue bouffée et détourna son visage pour recracher l’air avant d’écraser la cigarette sur le rebord de la barrière. Il laissa son regard se poser dans celui désireux de la belle rousse. Malheureusement pour elle, elle ne savait pas à qui elle avait à faire et tout ce cinéma qu’elle mettait en place ne lui servirait à rien, raison pour laquelle Dustin s’adressa enfin à elle après avoir laissé un silence s’installer entre eux «Combien?» Il arqua un sourcil en soutenant le regard de la jeune femme, il ne cherchait pas à l’éloigner, il comptait simplement lui montrer que ce n’était pas un client, qu’il pouvait être tout aussi indifférent qu’elle et quand bien même elle pouvait tenter de jouer du charme qu’elle avait. «Tu n’as pas besoin de te rabaisser à ce rôle d’aguicheuse avec moi.» souffla-t-il en réduisant encore la distance qu’elle avait laissé entre leurs visages, se retrouvant presque nez-à-nez avec elle, leurs yeux bleus se jaugeant tandis qu’il se permit de rajouter avec un petit sourire aux lèvres «Alors? Combien pour que tu fasses tomber ce masque et que tu me laisses discuter avec la personne que tu caches depuis le début de la soirée?»

Spoiler:

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[ T'inquiète pas. ]

Elle aurait dû savoir qu'il ne laisserait pas les choses se passer comme ça. Lui qui avait piqué une crise contre son pote plus tôt dans la soirée, il ne se laisserait sûrement pas facilement séduire comme ça. D'un côté, Malou avait senti qu'il n'accepterait pas ce retournement de situation, mais d'un autre elle se devait d'essayer, car sinon elle était vraiment dans la merde. Et puis, les hommes sont rarement surprenants, il est en général facile de les appâter. Mais son interlocuteur n'était pas comme ça, elle le savait même s'ils n'avaient pas parlé longtemps, cela se ressentait dans ses mots et dans ses gestes. La jolie rouquine ne put donc s'empêcher d'esquisser un sourire narquois et amusé, comme une enfant prise sur le fait, lorsqu'il lui demanda combien elle était censée recevoir. Son sourire amusé s'agrandit et son regard s'éclaira d'une pointe de malice quand le jeune homme blond se rapprocha, tout proche d'elle, si bien qu'elle pouvait sentir son souffle balayer ses mèches couleur feu.

« Je me doutais que ça ne fonctionnerait pas. J'insisterais bien, mais quelque chose me dit que quoi que je fasse tu ne changeras pas d'avis. Tu es beaucoup moins prévisible que les autres hommes, tu sais. Ça te rend extrêmement intéressant. »

Répondit Malou après quelques secondes de suspens, se reculant finalement avec un haussement d'épaules et le sourire de celle qui vient de se faire battre à la loyale, acceptant la défaite sans trace de rancune. Le jeune homme réitéra tout de même sa question et Malou planta son regard flamboyant dans le sien. Elle ne voulait pas de sa générosité. Même si elle prenait le compliment. C'était la première fois qu'un homme qu'elle ne connaissait pas avait plus envie de ses mots que de son corps. C'était agréablement surprenant et Malou éprouvait une certaine fascination envers ce personnage qu'elle avait du mal à cerner. Il n'était pas comme les autres, c'était certain.

« Tu m'as l'air très intelligent, comme personne. Tu si je porte ce masque, c'est aussi parce que je n'aime pas le laisser tomber. C'est plus facile de communiquer avec les gens quand on est la personne qu'ils s'attendent à ce qu'on soit. Tu t'imagines, une prostituée qui dis ce qu'elle pense et ne fais que parler avec un mec, sans aucune activité sexuelle de prévue ? Ça a de quoi déranger les mentalités. »

La langue de la jeune femme se déliait rarement de cette façon, mais elle aimait bien cet homme, il l'intriguait et elle sentait qu'elle pouvait être totalement elle-même avec lui. Cracher sur le dos des gens qu'elle n'aimait pas, juger les esprits trop étroits de ce monde et se rebeller contre la vie qui l'avait traînée si bas. Qu'il l'écouterait et parlerait avec elle sans avoir une moindre pensée pour son corps et ce qu'il pourrait lui faire. Non, ce mec était définitivement trop intéressant pour qu'elle continue à tenter de l'emmener dans un lit pour avoir ce qu'elle voulait.

« 600. Pour la soirée et la nuit. Mais je ne veux pas que tu me paies. Tu ne me dois rien. Je suis bien dans la merde, mais t'y peux rien et je me débrouillerai avec les conséquences. Comme toujours. »

Souffla Malou avec un petit sourire, ne laissant transparaître aucune colère ni tristesse. Cela ne servait à rien. Et elle préférait garder son indépendance et sa fierté plutôt que de laisser le blond la payer pour lui sauver la mise. Elle était payée pour baiser, pas pour discuter. C'était ainsi.

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Ils restèrent quelques instants à se regarder, assez pour que l’un et l’autre aient le temps de jauger leur regard. A force que les secondes s’égrainaient, leurs sourires s’étiraient davantage. Dustin était une personne qui avait passé tellement de temps à faire face aux femmes, que ce soit pour les séduire, pour leur tenir tête ou encore les remettre en place que ce petit jeu entrait dans ses cordes. La proximité n’avait en aucun cas fait tressaillir la jeune qui au contraire, eut plutôt l’air de s’en amuser. Un instant qu’il prit le temps d’apprécier en espérant qu’elle saurait lui offrir davantage de sourires de ce genre à l’avenir, elle ne se rendait pas compte à quel point un sourire sincère pouvait la rendre plus attrayante. Cette inconnue dont il ne connaissait même pas le prénom se laissa pourtant à faire une très brève description de Dustin et ce dernier ne put qu’en sourire tant elle visait en plein dans le mille. Il la regardait remettre un peu de distance entre eux et tout en ramenant ses bras qu’il croisa sur son torse, il resta à la regarder, non sans aller de son propre commentaire à son sujet. «Moins prévisible que les autres, je ne sais pas mais on dira que je sais parfaitement ce que je veux… et ce que je ne veux pas.» De là à dire que c’était une personne intéressante, il en doutait, sauf si un homme qui savait résister à une femme en devenait un. Après tout, les femmes comme Malou devaient essuyer peu de refus, elles savaient comment s’y prendre avec les hommes, savaient trouver les faiblesses pour arriver à leur fin. C’était leur boulot après tout, attirer un homme pauvre d’esprit pour en obtenir la richesse de leur portemonnaie. Elle le disait elle-même après tout, une prostituée ne devait pas penser, elle devait agir comme on attendait qu’elle le fasse. Ce n’était rien d’autre qu’une soumission, une soumission qui lui permettait de vivre mais une soumission qui devait bien la détruire à petit feu… peut-être même sans qu’elle ne s’en rende compte. «Tu as certainement raison. De toute manière je n’ai jamais compris le concept de payer une femme pour obtenir ses faveurs et encore plus lorsqu’il s’agit de sexe en fin de compte.» Il avait envie de rigoler en se disant que les hommes pouvaient aimer une femme par ce qu’elles étaient capable de leur donner sexuellement parlant. Dire qu’on osait dire que l’amour et le sexe n’allaient pas l’un sans l’autre. Foutaises, la preuve était que le sexe était quelque chose que l’on pouvait acheter tandis que l’amour non. Ou peut-être que Dustin était trop coincé dans ses idées. Il avait vécu ses expériences et il les avait peut-être vécues différemment que d’autres. Après tout, il faisait partie des mentalités qui dérangeaient d’une certaine façon, parce qu’il n’entrait pas dans une norme. Certains ne le comprenaient pas et il ne cherchait pas à ce que l’on puisse le comprendre. Tout comme il ne cherchait pas à mettre dans la merde la belle rousse qui lui fit prendre connaissance de combien coûtait une nuit en sa compagnie. Il s’en pinça les lèvres en laissant toujours son regard au contact du sien, se frottant la joue du bout des doigts. Il ne pensait pas que le tarif serait aussi élevé pour être honnête mais il était prêt à payer quoiqu’elle dise. «Je ne t’ai pas demandé si tu le voulais ou non…» dit-il tout en s’écartant de la barrière pour se diriger vers la baie vitrée, se tournant vers la jeune femme «… je te dois une soirée et une nuit de travail impayé. Si je n’avais pas été là, tu serais en train de faire ton boulot. Alors va récupérer tes affaires et rejoins-moi en bas, l’homme qui te semble aussi intelligent qu’intéressant t’invite à être toi-même. Par contre, j’espère que t’aimes la mal bouffe car à ces heures, j’aurai rien de mieux à te proposer» Sans même attendre sa réponse, il ouvrit la porte-fenêtre et sentit les regards se retourner vers lui. Il récupéra sa veste sur le dossier du fauteuil et leva la main en guise d’au revoir aux personnes qui se trouvaient là. Il prit la direction des escaliers et attendit en bas de ceux-ci. Soit la rousse dont il ne connaissait pas encore le prénom le rejoignait, soit elle tentait de récupérer le client qu’elle avait perdu. Dans les deux cas, Dustin ne s’éterniserait pas cinq minutes de plus ici pour ce soir.

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La rouquine laissa échapper un petit rire quand son interlocuteur affirma avec assurance qu'il savait ce qu'il voulait, tout comme il savait ce qu'il ne voulait pas. Ah ça, elle n'en doutait pas. La preuve, elle avait tout de suite abandonné sa tentative de l'emmener dans un lit et de récupérer la paye qu'elle était censée ramener ce soir. Elle lui répondit donc par un sourire teinté d'ironie, avant de hausser les épaules comme un témoignage de sa reddition. Tous les deux, ils ne se cernaient pas encore très bien mais ils étaient étrangement en accord l'un avec l'autre. Une personne extérieure à tout ça aurait trouvé ce paradoxe totalement aberrant. Il était vrai que la soirée prenait une tournure surprenante. Mais la Malou d'antan savait rapidement refaire surface, celle qui agissait avec spontanéité, croquait dans la vie sans se poser de questions et s'embarquait dans une virée folle avec le sourire de celle qui n'a pas peur de ce que l'avenir lui réserve. Ce n'était pas souvent que l'on pouvait apercevoir cette facette de la jolie rousse. Mais le jeune homme parvenait à lui faire refaire surface, de manière incompréhensible.

Le blond la surprit encore plus quand il lui fit sa proposition, plus qu'honnête il fallait le dire, tout en s'éloignait vers la baie vitrée avec un sourire malicieux. Ouais, il savait ce qu'il voulait celui-là, on ne pouvait pas le nier. Et en plus, il l'obtenait avec classe et élégance. Sans plus y réfléchir, Malou décida qu'elle l'aimait bien. Elle ne le connaissait pas plus que ça, mais elle en avait vu assez pour décider que cette personne avait une mentalité qui lui plaisait. Elle n'eut même pas le temps de lui donner une réponse qu'il était déjà à l'intérieur, récupérait sa veste et sortait de la pièce. La jeune femme aux cheveux couleur flamme resta plantée sur le balcon un instant, sidérée par cette sortie théâtrale, avant que son visage ne se fende en un sourire de défi et qu'elle rentre elle aussi à l'intérieur. Elle récupéra ses affaires, remit ses vêtements devant un public surpris, tout en arborant cette expression exaltée qui lui était commune lorsqu'elle était adolescente. Peut-être que quelque part, une partie de son âme n'avait jamais grandi, bloquée dans une enfance inachevée. Quoi qu'il en soit, elle exultait et une fois qu'elle fut décente, elle sortit de la pièce. Elle s'arrêta une seconde sur le pas de la porte, hésitante. Puis se retourna pour faire un joli doigt d'honneur à l'assistance, avant de s'évanouir dans les escaliers et de rejoindre son kidnappeur de la soirée.

« J'ai rien contre la malbouffe, crois-moi je ne peux pas me permettre le luxe d'être difficile. De toute façon c'est toi qui paies. D'ailleurs, parlant de ça : si tu veux absolument payer quelque chose, d'accord, mais pas plus de 100. C'est ce que j'aurais récupéré si j'avais été payée ce soir, après que mon patron se soit grassement servi. »

Lança Malou en arrivant près du jeune homme avec un grand sourire. Elle s'arrangerait bien avec son patron plus tard, elle ne voulait pas que le jeune homme débourse la somme qui lui était normalement due. Alors s'il tenait absolument à payer, ce ne serait pas autant. C'était pas de sa faute si son pote était un idiot congénital. Il ne lui devait rien du tout, elle l'avait déjà dit.

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