i wish there was a treaty between your love and mine (eleanor)

La repousser, la garder loin de lui, et surtout se garder loin d’elle, pour le bien de tous les deux. Maxence s’était efforcé de faire comprendre à Eleanor que leur amour ne pourrait jamais être dévoilé au grand jour, pas tant qu’elle vivait dans le mensonge alors qu’il ne vivait que pour la recherche de la vérité. Ils étaient trop contradictoires quand ils ne faisaient qu’un. Ils étaient aux extrémités du continuum et le chemin était trop long pour aller se retrouver au milieu. Pourtant, quand Maxence avait eu vent de la nouvelle flamme d’Eleanor et de la passion qui embrasait son cœur et son corps, il ne s’était jamais senti aussi seul. Aussi trahi. Aussi délaissé. Certes, il n’avait rien promis à Eleanor ; c’était même tout le contraire. À chaque pas vers l’avant, Maxence se raisonnait et en faisant trois vers l’arrière. Il élevait les espoirs de la jeune femme avant de les faire disparaître en fumée. Évidemment qu’elle allait le remplacer. Évidemment qu’elle partirait à la recherche d’un homme qui lui offrirait une réelle relation. Mais aucun autre homme que lui ne pourrait lui donner le véritable amour qu’il ressentait pour elle. Pas même ce Lachlan dont il était question dans les rumeurs lancées sur sa belle Eleanor. Il pouvait lui offrir tous les baisers publics du monde, toutes les balades main dans la main et tous les rendez-vous galants imaginables, son amour ne serait jamais à la hauteur de celui de Maxence pour elle. Du moins, c’était ce qu’il pensait en réalisant à quel point cette rumeur l’affectait. À quel point il ne pouvait l’imaginer dans les bras d’un autre que lui. Mais Maxence avait-il le droit de retenir Eleanor entre ses griffes sans pour autant revenir sur sa décision de garder leur relation secrète ? La réponse était non, et c’était sans aucun doute le jugement le plus facile qu’il ait eu à rendre dans toute sa vie. Maxence était un imposteur, dans cette pseudo-relation dans laquelle il emprisonnait Eleanor depuis des mois et des mois. Cela ne l’empêcha toutefois pas de se rendre chez Eleanor juste à temps pour la voir sortir par la porte d’entrée, les cheveux bien coiffés et le visage radieux. Sans nul doute, elle allait le retrouver. Son homme. Sa libération. Maxence, se laissant guider par l’impulsion du moment, la suivit. Sans même se demander s’il n’était pas une intrusion dans sa vie privée. S’il n’était pas en train de franchir les limites de l’inacceptable. La suivant jusqu’aux rues commerçantes, jusqu’à l’enseigne d’un restaurant, le juge se décida enfin à manifester sa présence. Il accéléra le pas et attrapa la main d’Eleanor pour qu’elle se tourne vers lui et surtout, qu’elle ne pose pas la main sur la poignée de la porte du restaurant. « Ne va pas le rejoindre, s’il-te-plaît. » La supplia alors Maxence, ne sachant même pas si elle s’apprêtait réellement à rejoindre Lachlan. C’était toutefois plus fort que lui d’imaginer le pire, et surtout de vouloir l’empêcher.

Un jour de congé, un vrai. Et surtout, un jour qui n'était pas arrivé depuis un moment. Un jour que tu pourras consacrer à ton seul et unique plaisir, Eleanor. Un jour où tu ne penseras qu'à toi. Rien que pour une fois. Tu as l'impression que ça fait une éternité que cela n'était pas arrivé. Et ce n'est pas seulement une impression. Tu as terminé ton cursus il n'y a pas si longtemps que ça, finalement et les seuls jours de "congé" que tu avais, tu les passais à travailler. Et puis, il y a ce centre que tu partages avec Conchobàhr qui te demande énormément de temps et d'investissement. Bien sûr, tu ne t'en plaint pas, tu adores ça mais tout cela fait que, jusqu'ici, tu ne te rappelles pas vraiment avoir eu de réelle journée rien qu'à toi. Alors, aujourd'hui, tu t'es promis de faire l'effort d'être égoïste, rien qu'une fois. Tu as décidé de mettre tes histoires de coeur de côté ainsi que ton travail et tout ce qui y touche de près ou de loin. Tu te mets en pause pendant tout juste vingt-quatre petites heures et ça fait du bien.

Te voilà donc, marchant vers ce restaurant où tu aimes tant manger. Tu y vas seule, pour une fois. Au moins, tu n'auras pas d'inquiétude à avoir et tu ne devras pas faire attention à chaque petit détail. Comme par exemple, éviter d'avoir une feuille de salade coincée entre les dents. C'est la première fois que tu te retrouves réellement et ça fait du bien. Mais lorsque tu t'apprêtes à entrer, quelque chose te retient. Ou plutôt, quelqu'un. Et pas n'importe qui, tu reconnaitrais sa voix entre mille. Maxence. « Ne va pas le rejoindre, s’il-te-plaît. » Tu fronces les sourcils, ne comprenant pas tout de suite où il veut en venir. Tu vois à son comportement qu'il est mal en point et qu'il imagine que tu vas retrouver un homme. Et apparemment, Maxence le vit plutôt mal. Ce que tu peux comprendre car dans le cas contraire, tu serais sans doute une épave, toi aussi. Pourtant, ce n'est pas vraiment ta faute si vous en êtes là. Finalement, tu comprends de qui le jeune homme veut parler et tout de suite, tu sens la culpabilité te gagner. Pourquoi ? Tu ne sais pas mais c'est le cas. Tu soupires, plongeant ton regard dans celui du juge. « Tout d'abord, si j'en avais envie, c'est mon droit, Maxence. » Dis-tu, sur un petit ton de reproche pour qu'il comprenne que votre relation n'a ni queue ni tête en ce moment. « Mais surtout, qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Tu m'as fait comprendre que notre relation n'avait pas d'avenir, à tes yeux... » Ajoutes-tu, sentant un noeud se former dans ta gorge. Tu t'écartes finalement de la porte, t'approchant davantage de Maxence. Malgré que tu lui en veuilles, tu ne peux t'empêcher de jeter un oeil à ses lèvres que tu rêves d'embrasser. Mais tu n'en fais rien, préférant te concentrer sur les explications qu'il te donnera. Du moins, si explications il y a.

Son visage lui apparut enfin, mais à la douceur de ses traits se substituait des sourcils froncés, un regard dérangé par son geste. Maxence lâcha tout de suite sa main, reculant d’un pas, réalisant à quel point cette femme le poussait aux frontières de ses propres limites. Il marmonna des excuses pour son intrusion dans son intimité, même si ce n’était pas la première fois, les circonstances actuelles étaient bien différentes. « Tout d'abord, si j'en avais envie, c'est mon droit, Maxence. » Lui lança-t-elle sur un ton de reproche, forçant le juge à baisser les yeux sur le trottoir, où ses pieds attendaient sagement qu’on leur ordonne de déguerpir ou de s’avancer vers elle. Ils restèrent bien en place, Maxence ne sachant même plus où se mettre. « Je sais … » Répondit-il avant de relever ses yeux bleus vers dans ceux noisettes d’Eleanor. « Ça n’empêche pas que moi j’le supporte pas, ou pas bien … » Avoua-t-il. Il était en train de lui ouvrir son cœur, de façon maladroite, parce que l’italienne avait toujours eu cet effet-là sur lui. Elle lui faisait perdre la tête, et il s’accrochait aux parcelles de raison qu’il lui restait pour ne pas s’envoler là où il n’avait plus aucun contrôle. « Mais surtout, qu'est-ce que ça peut bien te faire ? Tu m'as fait comprendre que notre relation n'avait pas d'avenir, à tes yeux... » Au tour de Maxence de froncer les sourcils. Il secoua la tête, lentement, de droite à gauche. Elle ne comprenait pas la complexité de leur amour. Sans doute que lui non plus ne comprenait pas qu’elle avait raison, qu’à force de mettre les freins Maxence avait réduit à néant tout espoir d’un futur. Pourtant, dans sa tête, il n’y avait qu’avec Eleanor qu’il pourrait un jour être. Ça, c’était son cœur qui parlait. Mais sa logique et sa raison, elles, lui ordonnaient d’attendre. D’attendre une autre, avec une histoire moins compliquée, avec un parcours plus standard, des secrets moins lourds. Cette autre-là, il ne l’aimerait sans doute jamais autant qu’il pouvait aimer Eleanor. Sa folie récente de la savoir avec un autre le confirmait. Maxence, qui avait toujours été rationnel et droit, venait de suivre et d’espionner l’italienne de son domicile à ici. À son insu. C’était inimaginable ! « Je … » Ce pronom personnel resta en suspens alors que le juge réalisait qu’il n’avait toujours pas de réponse précise à offrir à Eleanor. À quoi s’attendait-il, en la pourchassant jusqu’ici ? À ce qu’elle accepte de nouveau à valser avec lui sans jamais savoir sur quel pied danser ? Sans jamais savoir où ils se situaient ? Quel tempo suivre ? Maxence vivant dans sa petite bulle imaginaire sans prendre conscience que le monde autour continuait de tourner, Eleanor avec. « Je veux qu’on en ait un, un avenir … Parce que je peux juste pas … je peux pas me résoudre à ce que tu sois avec un autre que moi. » Dit-il en levant le bras pour désigner, paume tournée vers le ciel, une fenêtre du restaurant comme s’il pointait l’homme qui l’attendait à l’intérieur. « Je sais pas comment m’y prendre, Ele’ … C’est tout … » Et c’était tout, justement. Ce qu’il manquait à leur relation, c’était tout.

Immédiatement, lorsque tu remarques la culpabilité dans le regard de Maxence, tu t'en veux. Tu n'aurais peut-être pas dû lui faire des reproches même si tu trouvais tes propos fondés, au départ. « Je sais … Ça n’empêche pas que moi j’le supporte pas, ou pas bien ... » C'est ton tour de baisser le regard, te sentant coupable, à présent. Tu n'aimes pas lui infliger cela. Tu n'aimes pas le voir souffrir, tout simplement. Parce que malgré ta relation avec Lachlan, c'est de Maxence dont tu es amoureuse, ça ne fait aucun doute. Depuis les premiers messages échangés à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. Depuis ces premières insultes que vous vous êtes dites. Depuis ces premiers secrets que vous avez échangés. Depuis le début, tu l'aimes et ce, d'un amour inconditionnel. Alors oui, tu t'en veux beaucoup. Et si ce n'était pas si complexe entre vous, tu laisserais tomber Lachlan sans aucun doute. Mais ce n'est pas si simple malheureusement et Lachlan est le seul à t'apporter ce que tu as besoin en ce moment. « Je suis désolée si je te fais souffrir... » Dis-tu en rivant ton regard au sien. « Ce n'est pas ce que je veux mais tu n'as jamais dit avoir envie d'une relation exclusive. » Et c'est ce que tu reproches à Maxence. Même si tu sais que tes sentiments sont réciproques, Maxence est incapable de se prononcer sur votre relation. Et même si vous avez partagé des moments magnifiques, tous les deux, tu as besoin de plus. Bien plus que ce qu'il a à t'offrir. Et c'est ce que tu essaies de lui faire comprendre, là, sur ce trottoir devant l'entrée de ce restaurant. « Je... Je veux qu’on en ait un, un avenir … Parce que je peux juste pas … je peux pas me résoudre à ce que tu sois avec un autre que moi. » Ton regard est toujours plongé au plus profond du sien, pas résigné à s'en détacher. Tu ressens l'intensité de ses mots mais c'est ça, malheureusement, des mots. Depuis le début, c'est beaucoup de mots et très peu d'actes et c'est ce que tu reproches à votre relation. Alors tu as besoin que Maxence te prouve que, comme il le dit, il veut plus, lui aussi. « Je sais pas comment m’y prendre, Ele’ … C’est tout … » Tu hoches la tête pour lui montrer que tu es toujours bien là, à l'écouter. Tu entends ses mots et ça te touche. Beaucoup même. Mais tu ne sais pas comment réagir à tout ça. Tu lui fais signe de s'asseoir sur ce banc non loin du restaurant, histoire d'être plus confortables pour avoir ce genre de discussions. « Je veux un avenir avec toi. Tu le sais. Je ne demande que ça depuis qu'on s'est rencontré parce que moi non plus, je n'imagine pas mon futur avec un autre que toi... » Réponds-tu, tout en mesurant l'intensité de tes paroles. « Mais j'ai l'impression que, depuis des semaines, ce ne sont que des mots. J'ai besoin d'actes, Maxence. Je veux que tu me prouves tout ça... J'en ai besoin... » Ajoutes-tu. Tu te rapproches finalement du jeune homme, ayant besoin de briser cette distance qu'il y a entre vous depuis le début de votre conversation.

C’était con, de se faire souffrir autant alors que l’amour était tout aussi fort. L’un ne pouvait-il pas venir sans l’autre ? Maxence s’en voulait à son tour d’avoir fait culpabiliser Eleanor. Il l’empêchait de vivre, à force de la retenir vers lui et d’intervenir à chaque fois qu’elle arrivait à se défaire de ses chaînes. Maxence était injuste envers l’italienne, lui qui consacrait sa vie entière à être le contraire. Peut-être qu’à force de départager le bien du mal, il s’y perdait lui-même. Dans tous les cas, le juge ne se sentait pas très fier là, devant Eleanor. Il regrettait son geste, parce qu’encore une fois il ne le justifiait que par des paroles, pas par d’autres actes qui auraient su la convaincre de ses sentiments. « Je suis désolée si je te fais souffrir... Ce n'est pas ce que je veux mais tu n'as jamais dit avoir envie d'une relation exclusive. » Leurs regards s’ancraient l’un dans l’autre, comme s’ils cherchaient à lire au-delà de leurs mots, au plus profond de leur âme. « C’est vrai. Mais je pense que c’est ce que je veux, pourtant … » Maxence avait toujours eu du mal à ouvrir son cœur, ce n’était pas pour rien qu’il avait d’abord préféré jouer au jeu des insultes avec Eleanor, quand ils se trouvaient à des kilomètres l’un de l’autre. Ça avait été plus facile que d’admettre que ça avait été le coup de foudre, dès qu’ils avaient malencontreusement échangé leurs téléphones portables à l’aéroport. Il ajouta alors qu’il voulait un avenir avec elle, mais qu’il ne savait pas comment s’y prendre. Vue la complexité de leur histoire, du passé d’Eleanor, du présent et du futur de Maxence. Mais ce serait sans doute ainsi avec n’importe qui, peu importe les raisons. « Je veux un avenir avec toi. Tu le sais. Je ne demande que ça depuis qu'on s'est rencontré parce que moi non plus, je n'imagine pas mon futur avec un autre que toi... Mais j'ai l'impression que, depuis des semaines, ce ne sont que des mots. J'ai besoin d'actes, Maxence. Je veux que tu me prouves tout ça... J'en ai besoin... » Elle s’approcha de lui, et Maxence tendit sa main pour qu’elle la prenne. Il hocha la tête, l’attirant un peu plus vers lui. Il restait encore une certaine distance entre eux, mais c’était déjà moins douloureux que de la sentir hors d’atteinte. « J’ai quelque chose d’important à te dire, Eleanor … » Il hésitait, clairement. Il n’avait aucune idée de comment s’y prendre, pour ça non plus. Maxence prenait tellement de décisions dans sa vie professionnelle qu’il préférait éviter les choix à faire dans sa vie personnelle. Mais là, il était devant une impasse. « Et tu vas sans doute être surprise, m’en vouloir peut-être même … mais laisse-moi une chance de m’expliquer et … et j’espère que tu comprendras mes raisons. » Tout ça était très mystérieux, mais il ne voulait pas en dire plus avant qu’elle lui donne son accord et lui promette de le laisser s’expliquer.

Malgré les moments de tendresse, d'amour et de bonheur, il en ressort toujours d'autres bien plus malheureux et emprunts à la souffrance. Comme si vous ne pouviez pas vivre simplement heureux, comme si la tristesse allait de paire avec votre amour. Comme si tout était toujours affreusement compliqué entre vous. C'est peut-être à cause de cette rencontre au détour d'un aéroport on ne peut plus inattendue ? Ou est-ce le Destin qui vous en veut d'être tombés amoureux si vite et si fort ? Un réel coup de foudre, c'est ce qui vous est tombé dessus à Maxence et à toi. Mais coup de foudre rime-t-il obligatoirement avec souffrance ? Tu ne l'espères pas. Car tu as besoin de savoir qu'il y a de l'espoir entre vous. Beaucoup, même. Tu as besoin de savoir que votre amour triomphera comme il l'a toujours fait jusqu'ici. Mais pour cela, tu as besoin de preuves et le seul à pouvoir en apporter, c'est Maxence. « C’est vrai. Mais je pense que c’est ce que je veux, pourtant … » Malgré ton air plus détendu que quelques minutes plus tôt, tu ne peux t'empêcher de froncer les sourcils à la remarque du jeune homme. Tu vois qu'il s'ouvre petit à petit mais son discours n'est pas encore assez clair à tes yeux. « Tu le penses ou tu en es certain ? » Demandes-tu, tout en encourageant Maxence, du regard, à s'ouvrir davantage. Tu ne veux pas qu'il soit incertain, s'il s'engage tu veux que ce soit à cent pour cent. Tout comme toi tu l'es depuis le début de votre relation. Tu as toujours été à fond, donnant tout ce que tu pouvais donner. Et finalement, tu n'as pas reçu tout ce que tu espérais et c'est sans doute pour cela que tu t'es tournée vers un autre homme. Même si c'est complètement différent avec Lachlan. Lorsque Maxence te tend la main, tu l'attrapes, caressant du bout des doigts sa paume. Tu as besoin de ce contact pour briser la distance qu'il y avait entre vous. Ce n'est pas encore assez, tu en as conscience, mais c'est un pas. « J’ai quelque chose d’important à te dire, Eleanor … Et tu vas sans doute être surprise, m’en vouloir peut-être même … mais laisse-moi une chance de m’expliquer et … et j’espère que tu comprendras mes raisons. » Tes sourcils se froncent à nouveau, à présent inquiète par cette révélation. C'est fou comme ton visage peut être très expressif même lorsque tu ne le voudrais pas. Tu réfléchis un instant, essayant de trouver l'objet de cette révélation mais rien ne te vient. Un instant, tu imagines que Maxence voit, lui aussi, une autre femme. Et rien qu'à cette idée, ton coeur se serre. Mais intérieurement tu espères de toutes tes forces qu'il ne s'agit pas de ça. Car toi non plus, tu ne le vivrais pas bien. « Et bien je t'écoute... Je te promets d'essayer de comprendre tes raisons. » Dis-tu pour rassurer le jeune homme et pour l'aider à se lancer.

En la suivant aujourd’hui jusqu’à ce restaurant, ce point de rencontre, Maxence ne s’attendait pas à être mis devant une espèce d’ultimatum. Certes, ce n’était sans doute pas ce qu’Eleanor avait en tête, et elle n’attendait sans doute pas de lui un oui ou un non définitif, mais Maxence se sentait sous pression. Elle avait raison de lui poser les vraies questions, parce qu’une bonne fois pour toute ils devaient mettre les choses au clair entre eux, mais le juge n’était pas préparé. Il ne savait pas quoi dire, il n’avait pas eu le temps d’élaborer sa pensée et de choisir ses mots. Les bons mots. Ceux qui lui feraient peut-être gagner un peu de temps mais qui laisseraient comprendre à Eleanor qu’elle était la seule et l’unique. Maxence était un homme réfléchi, dont les paroles étaient bien pesées. Il ne réagissait pas forcément bien sous l’impulsion en dehors des procès et pourtant, là, c’était ce qu’il serait forcé de faire. Dans sa vie amoureuse qui plus est. « Tu le penses ou tu en es certain ? » Elle avait les sourcils froncés, attendait sa réponse, et Maxence sentait que la patience d’Eleanor s’effritait. Ce n’était pas pour rien qu’elle était allée se réfugier dans les bras d’un autre, que ce soit en attendant ou pas. Elle avait besoin de ce que Maxence n’arrivait pas à lui donner, du moins pas de la bonne façon, pas de la façon qu’elle désirait. « Je … je suis certain. Je sais que je veux une relation exclusive avec toi, Eleanor. Mon problème n’est pas avec les autres femmes, tu le sais ça … » Elle les valait toutes, et plus encore. « Mon problème c’est les autres. Tous ceux qui voudront mettre leur nez dans notre histoire. » Expliqua Maxence, même si tous les deux savaient bien que c’était ça le nœud du problème. La peur de Maxence d’être exposé sur la voie publique, d’être au cœur d’un drame quelconque qu’il fabriquait de toutes pièces dans sa tête. Il s’était approché d’elle, pour lui faire comprendre que ce n’était pas la distance entre eux qui l’effrayait, mais la distance d’avec les autres qu’il aurait tant aimé prendre. C’est alors que Maxence décida que s’il devait mettre toutes ses cartes sur table aujourd’hui, devant ce restaurant, et se montrer bien honnête et ouvert envers Eleanor, alors elle devait être au courant de tous les faits impliqués. Enfin, dans ce cas-ci, ce n’était pas vraiment un fait. « Et bien je t'écoute... Je te promets d'essayer de comprendre tes raisons. » Il hocha la tête, prit une grande inspiration, et se lança : « Tu vas croire que je suis complètement fou, mais … j’ai adopté une petite fille. Enfin, adoptée, non, pas encore du moins. Elle était dans un foyer et maintenant elle est chez moi, comme une famille d’accueil. Je suis son tuteur légal. » Il tenta de déceler une quelconque réaction dans son regard, dans ses traits. Il continua. « Elle s’appelle Abygaël. Je connaissais son ancienne tutrice … et quand j’ai su qu’elle avait perdu la garde j’ai … je sais pas … j’ai voulu faire un truc bien et offrir de la stabilité à cette enfant. » Expliqua-t-il. Il soupira, réalisant à quel point il avait été con de ne pas en parler à Eleanor avant de passer à l’acte. Ils n’étaient pas un couple, mais elle avait quand même son mot à dire, selon lui. Que ce mot ait un impact sur la décision ou non. « T’en … t’en penses quoi ? » Balbutia Maxence, ayant définitivement perdu tous ses moyens.

Si on t'avait dit, en sortant de chez toi, que tu aurais une conversation si sérieuse avec Maxence sur le trottoir d'un restaurant, tu n'y aurais pas cru. Tout simplement parce que ça semblait impensable aujourd'hui et imprévu, surtout. Maxence est si réfléchit et mesuré, d'habitude, que tu ne t'attendais pas à une réaction de la sorte venant de lui. Et pourtant, la simple idée que tu ailles rejoindre Lachlan, l'a poussé à te suivre jusqu'à ce restaurant où tu t'apprêtais à manger seule. Alors, puisque ça semble être le moment pour discuter, tu déballes tout ce que tu as sur le coeur même si ça peut paraître beaucoup à encaisser en peu de temps. Toutes ces choses que tu avais besoin de dire sont enfin sorties et ça fait du bien. Et fort heureusement, le jeune juge semble réagir à tes paroles d'une manière plutôt positive malgré que ça semble encore flou par moment pour lui. « Je … je suis certain. Je sais que je veux une relation exclusive avec toi, Eleanor. Mon problème n’est pas avec les autres femmes, tu le sais ça … Mon problème c’est les autres. Tous ceux qui voudront mettre leur nez dans notre histoire. » Tu le connais son problème et ce, depuis le début de votre relation. Et il est bien là ton problème. Ta situation en Italie ne va pas se régler en un clin d'oeil et tu ne penses pas être prête à le faire de toi-même. Tu n'as pas encore la force d'aller te battre avec ta famille et avec toutes ces valeurs qu'elle prône. Non, tu ne te sens pas prête pour ça et tu aimerais que Maxence le comprenne. Et de toute façon, si tu provoques les choses, le scandale aura forcément lieu. Et après ? Il faudra sans doute attendre que l'affaire se tasse pour pouvoir dévoiler au grand jour votre relation. Encore attendre... Toujours attendre, toujours vivre dans le secret, tu n'en peux plus. C'est trop pour toi. Tu veux pouvoir sortir dans la rue et embrasser le jeune juge dans une ruelle sans avoir peur d'être pris en flagrant délit, comme si vous faisiez quelque chose de mal. Tu as besoin de tout ça à présent et ne peux plus te suffire de ce que vous aviez jusqu'à présent. « Je le sais, Maxence. Parce que c'est ça le problème depuis le début mais... Mais je m'en fous des autres parce que notre histoire ne regarde que nous et ça devrait être suffisant pour toi. Comme ça l'est, pour moi.  » Bien qu'au début tu te montrais réticente, toi aussi, à sortir en public en couple, aujourd'hui ce n'est plus du tout le cas. Aujourd'hui tu es prête à prendre le risque pour la beauté de votre histoire et surtout de votre amour. Car jusqu'ici, tu n'avais jamais connu une histoire d'amour semblable à celle que tu vis avec Maxence. Jamais tu n'avais aimé aussi fort, tu pensais même que c'était impossible voire inexistant. Et pourtant... Le jeune homme est la preuve du contraire. Tu remarques son air sérieux lorsqu'il dit avoir quelque chose à t'avouer. Tu fronces les sourcils, presque inquiète par cette révélation qui va tomber d'une minute à l'autre. Tu écoutes attentivement ce que Maxence t'explique, n'étant pas sûre de tout comprendre. Tu retiens "adoption" "Abygaël" "chez moi" et ça te suffit. Tu restes là, statique, sans savoir comment tu dois réagir. À dire vrai, tu ne t'attendais pas à une telle nouvelle. Tu n'aurais jamais imaginé que Maxence puisse prendre une telle décision ayant un impact considérable sur sa vie sans t'en parler. « T’en … t’en penses quoi ? » Tu vois bien que le jeune homme appréhende ta réaction mais en un sens, il a raison. Même si, au fond, tu es heureuse que cette petite-fille ait trouvé un foyer aussi sécurisant que celui de Maxence, tu ne peux t'empêcher de ressentir de la colère. Et de la déception, sans doute. Tu es déçue qu'il n'ait pas pris la peine de t'en parler ou de te demander ton avis même si tu n'étais pas maître de cette décision. « J'en sais rien, Maxence. » Réponds-tu en haussant les épaules, complètement perdue. C'est la vérité, tu ne sais pas ce que tu en penses ou plutôt tu ne sais pas comment l'exprimer. Du moins, sans blesser l'homme que tu aimes. « Je... J'ai l'impression, une fois de plus, que tu ne m'inclus pas dans ta vie. Et cette décision le prouve, tu ne peux le nier. Et même si je trouve ton geste admirable, je suis blessée que tu ne m'en aies même pas parlé alors que cette décision influencera tout ton futur. Et par conséquent, le nôtre. » Si Maxence est le tuteur légal de cette petite-fille, il en aura la garde exclusive pendant un moment pour ne pas dire jusqu'à sa majorité. Et forcément, si vous désirez habiter ensemble, un jour, tu devras vivre avec. Et ce n'est pas que ça te dérange, ce n'est pas ça. Tu aurais été heureuse de le faire si seulement tu avais eu ton mot à dire. Ce qui n'a pas du tout été le cas, ici. Tu l'apprends peut-être même après d'autres personnes et ça, ça fait mal. « Je ne sais pas quoi dire... » Ajoutes-tu en baissant la tête par peur de croiser le regard de Maxence.

Eleanor jouait dans les reproches, aujourd’hui, et Maxence avait l’impression que chacune de ses paroles était comme une dague qu’elle lui rentrait dans le cœur à chaque fois que sa bouche s’ouvrait. Pourtant, il n’avait rien à dire, elle avait raison sur toute la ligne. Si leur relation ne fonctionnait pas, Maxence était le seul à blâmer, à présent. Si au départ tous les deux avaient eu des réticences face à un amour au grand jour, en raison de leurs vies respectives, Maxence était dorénavant le seul à appuyer sur les freins comme si sa vie en dépendant. Toutefois, ce n’était pas sa vie qui en dépendait, c’était sa carrière. Aux yeux du juge, c’était tout comme, mais Eleanor ne pouvait le comprendre, ça. Sans doute avait-elle raison de ne pas le comprendre, d’ailleurs, parce que personne ne devrait vivre une vie entièrement consacrée à un travail. Maxence le faisait, jour après jour, depuis tellement longtemps. Et si ça avait fait couler son mariage, ça pourrait très bien mettre en échec son avenir avec Eleanor. Il était plus que temps qu’il ouvre les yeux, qu’il se réveille, mais le pas à faire était trop grand pour franchir le gouffre entre sa raison et son cœur. Il n’était pas encore totalement rendu là dans son cheminement. Malheureusement, Eleanor ne l’attendrait pas éternellement de l’autre côté. La preuve, elle s’était trouvée quelqu’un d’autre, ce qui rendait le juge malade. Malade d’amour. « Je le sais, Maxence. Parce que c'est ça le problème depuis le début mais... Mais je m'en fous des autres parce que notre histoire ne regarde que nous et ça devrait être suffisant pour toi. Comme ça l'est, pour moi. » Elle lui disait ce qu’il aurait dû ressentir, elle lui disait ce qui était bien, ce qui était mal. Maxence se situait clairement dans le mal. Il baissa les yeux, encore une fois, secouant légèrement la tête parce qu’il ne savait plus où se mettre. Il ne savait plus quoi lui dire pour la réconforter, la retrouver. Il avait l’impression que les seuls mots qu’elle voulait entendre et qui aurait pu les réconcilier, ce serait d’accepter pour n’importe quel prix leur amour. De le vivre devant les yeux du monde, malgré les risques. Maxence n’était pas prêt à le lui dire. Il n’était pas prêt à le faire. Il releva les yeux vers Eleanor, la bouche bien fermée, parce qu’aucun son ne sortirait de toute façon. Ses yeux s’embuaient ; il se sentait tellement impuissant devant le choix à faire. « Et pourquoi ne peut-on pas vivre cet amour dans le secret pour un temps, en attendant ? C’est ça qui devrait suffire, non ? Qu’on puisse être ensemble, même si ce n’est qu’entre nous deux, au moins on serait ensemble. Sans qu’aucun autre homme ne prenne ton cœur, et ton corps … » Lança Maxence, désespérément. Puis, parce qu’ils devaient mettre toutes leurs cartes sur table, et parce qu’il ne pouvait parler du futur avec Eleanor sans lui présenter le nouvel élément qui viendrait se mettre entre eux, il lui avoua pour la garde d’Abygaël. Cela sembla être le coup fatal pour Eleanor, et à ce moment-là, en voyant son regard déçu, Maxence pensa sincèrement l’avoir perdue. Pour toujours. « J'en sais rien, Maxence. Je... J'ai l'impression, une fois de plus, que tu ne m'inclus pas dans ta vie. Et cette décision le prouve, tu ne peux le nier. Et même si je trouve ton geste admirable, je suis blessée que tu ne m'en aies même pas parlé alors que cette décision influencera tout ton futur. Et par conséquent, le nôtre. Je ne sais pas quoi dire... » Il hocha la tête, même si ça lui brisait le cœur de l’entendre parler ainsi. Il l’avait blessée et ça, même s’il le faisait depuis le tout début de leur relation, il ne le supportait pas. Pas de l’entendre le lui dire à haute voix. Il prenait trop conscience de la réalité, de son erreur. « Je ne le nie pas. J’aurais dû t’en parler, c’est vrai. Tout s’est passé tellement vite, j’ai réalisé après à quel point c’était … c’était grand, important. À quel point ça aurait un impact sur notre vie. Parce que crois-moi Ele’, quand je te dis que je te vois dans ma vie, dans mon futur … » Il ne voulait pas abandonner, il ne voulait pas baisser les bras. S’il la laissait partir, elle irait rejoindre son amant, et Maxence la perdrait à tout jamais. Elle avait encore de l’amour pour lui et il devait s’accrocher à ça. À l’intensité de leur amour. « … Je t'en supplie, reste dans mon présent. » Parce que si elle n’y était pas, alors il n’y avait plus de futur avec elle non plus.

Tu ne veux pas être celle qui ne fait que des reproches sans prendre conscience qu'elle a des torts, elle aussi. Tu ne veux pas être celle qui assènera le coup de grâce à Maxence, le blessant sans doute trop, au passage. Et pourtant, c'est exactement ce que tu as l'impression de faire, là, sur ce trottoir. Et tu détestes ça, vraiment profondément. Mais tu avais besoin de dire au juge ce que tu avais sur le coeur, aujourd'hui, plus que jamais. Tu n'aimes pas la façon dont les choses sont faites mais c'est trop tard, tout est dit. Maintenant, Maxence sait ce dont tu as besoin et ce que tu désires plus que tout pour votre futur. Tu veux que ce soit possible entre vous deux, tu veux que vous ayez un avenir aujourd'hui plus que jamais. Parce que tu l'aimes comme tu n'as jamais aimé, de toutes tes forces et de tout ton être. Sans doute même un peu trop par rapport à ce que tu reçois, en retour. Et pourtant, tu ne doutes pas de la sincérité du jeune homme mais ce n'est pas assez. Plus maintenant. « Et pourquoi ne peut-on pas vivre cet amour dans le secret pour un temps, en attendant ? C’est ça qui devrait suffire, non ? Qu’on puisse être ensemble, même si ce n’est qu’entre nous deux, au moins on serait ensemble. Sans qu’aucun autre homme ne prenne ton cœur, et ton corps … » Vous en revenez toujours au même point, sans cesse, comme si c'était inévitable. Mais toi, tu ne peux plus revenir à cette conversation. Pas maintenant alors qu'il t'a promis qu'il ferait des efforts et qu'il voulait une relation exclusive. Tu vois le désespoir dans le regard de Maxence et ça te fait mal. Tellement mal que ça te fait culpabiliser de lui faire ça. En fixant son regard, si triste et blessé, tu as envie de lui dire que oui, vous allez encore vivre dans le silence rien que pour lui, le temps qu'il soit prêt. Mais une fois tes yeux détournés des siens, tu sais que ce n'est pas une solution. Tu sais que tu seras malheureuse toutes les fois où tu ne seras pas dans ses bras. « Parce que j'ai besoin de plus. Je veux pouvoir me balader dans la rue sans avoir peur de t'embrasser ou de te tenir la main. Je veux pouvoir vivre notre relation pleinement sans avoir l'impression de faire quelque chose de mal... » Parce que c'est l'impression que tu as en vivant cachée. Néanmoins, tu ne peux t'empêcher de le rassurer sur une chose, primordiale, selon toi : « Mais mon coeur n'appartient qu'à toi, tu le sais. » Ajoutes-tu en prenant sa main pour entrelacer vos doigts juste quelques secondes pour qu'il sache que malgré tout, c'est lui que tu aimes et que tu aimeras toujours. Puis, tu relâches sa main, prenant conscience que tu ne peux pas faire durer ce geste. Encore une chose que tu détestes et qui te blesse. Et encore une chose qui prouve que votre relation ne peut plus durer telle qu'elle est. Lorsqu'il t'explique avoir adopté, en quelque sorte, une petite fille, tu sens ton monde s'écrouler. C'est comme une bombe qu'on a lâché sur ton coeur et que tu ne parviens pas à désamorcer. Tu sens une pointe envahir ton coeur et ça se ressent à travers tes mots. Ils sont peut-être durs mais c'est comme ça que tu te sens, à présent. Déçue et délaissée. Chaque sentiment étant aussi destructeur que l'autre. « Je ne le nie pas. J’aurais dû t’en parler, c’est vrai. Tout s’est passé tellement vite, j’ai réalisé après à quel point c’était … c’était grand, important. À quel point ça aurait un impact sur notre vie. Parce que crois-moi Ele’, quand je te dis que je te vois dans ma vie, dans mon futur … » Tu le crois, c'est bien ça le problème. Peut-être que pour te préserver, tu devrais ignorer ses paroles, privilégiant ses actes. Mais tu n'y arrives pas, tu l'aimes trop que pour ignorer ses dires. Néanmoins, le fait qu'il se soit rendu compte après l'adoption de tout ça, prouve que Maxence n'est pas encore prêt à t'inclure totalement dans sa vie. Faisant de toi sa moitié, son âme soeur, la femme de sa vie. Et pourtant, toi, à l'inverse, tu serais prête à tout pour lui. C'est bien cela qui te rend si malheureuse lorsque vous êtes loin l'un de l'autre. « … Je t'en supplie, reste dans mon présent. » Ses mots te déchirent et c'est finalement Maxence qui t'assène le coup de grâce. Blessée, tu sens une larme couler le long de ta joue que tu ne peux retenir. Tes yeux se brouillent et tu baisses la tête pour cacher ce sentiment et cette vulnérabilité au jeune homme. « Je le veux, Maxence... Tellement, tu n'imagines pas à quel point. » Dis-tu tout en gardant la tête baissée, le regard rivé sur tes mains. « Mais... Je ne peux pas ignorer que ta vie vient de prendre un énorme tournant dans lequel je ne suis même pas impliquée... Une grande décision qui aurait dû me concerner également mais ce n'est pas le cas... Et ça fait mal de voir que, malgré tout l'amour que j'éprouve pour toi, tu continues ta vie sans m'y inclure. Je t'aime tellement et ça me déchire, Maxence. » Ajoutes-tu sans pouvoir contenir ces larmes qui coulent de plus en plus vite et de plus en fort le long de tes joues. Quelques passants vous regardent mais toi, tu t'en fiches, souffrant trop pour y prêter attention.

C’est vrai, Maxence tournait en rond, à proposer et à redemander les mêmes solutions, les mêmes issues. Pourtant, à toutes les fois, Eleanor lui faisait bien comprendre qu’elle ne pouvait se contenter d’une relation vécue entre quatre murs, elle. Pour lui non plus, ce n’était pas l’idéal, mais à ses yeux c’était bien mieux que de ne pas l’avoir du tout. À choisir entre perdre Eleanor à jamais ou vivre leur amour en secret le temps que leurs situations permettent une véritable relation, il préférait largement la seconde option. Malheureusement, là-dessus, ils n’étaient pas complètement sur la même longueur d’ondes, et il comprenait que trop bien la position d’Eleanor. C’est pour ça qu’il ne lui en voulait pas à elle, mais qu’il se détestait lui. « Parce que j'ai besoin de plus. Je veux pouvoir me balader dans la rue sans avoir peur de t'embrasser ou de te tenir la main. Je veux pouvoir vivre notre relation pleinement sans avoir l'impression de faire quelque chose de mal... Mais mon coeur n'appartient qu'à toi, tu le sais. » Au tour de Maxence d’avoir besoin de plus. Certes, ça le rassurait de savoir que son cœur n’appartenait qu’à lui, mais il avait aussi besoin de savoir que son corps et ses fantasmes n’étaient réservés qu’à lui aussi. Pourtant, ce n’était pas le cas, à en croire sa relation avec Lachlan, décrite sur un stupide blog que Maxence avait lu avec colère, déception et dégoût. Oui, l’imaginer dans les bras d’un autre lui donnait envie d’être malade. Parce qu’il pensait être le seul à pouvoir la faire jouir, et sentir son corps entier trembler contre le sien au moment d’atteindre l’orgasme. Il pensait être le seul à pouvoir l’apprendre par cœur, sous toutes ses coutures. Malheureusement, ce n’était plus le cas, et il avait beau avoir son cœur, ce dernier pouvait lui glisser d’entre les mains n’importe quand maintenant. D’ailleurs, les doigts d’Eleanor quittèrent les siens, glissant d’abord pour ensuite rompre tout contact. Elle faisait ça pour lui. Pour ne pas attirer les regards. Et pourtant, même si c’était de sa faute, ça lui faisait mal de ne plus sentir sa peau contre la sienne. « Je le sais. Mais je te perdrai, peu à peu. Tu le sais, ça aussi. » Après tout, au départ, elle était prête à l’attendre, elle était prête à vivre leur amour en secret, mais plus ça allait, plus elle se détachait. Si elle l’imaginait comme étant le seul homme de sa vie au départ, il y en avait dorénavant un autre dans le portrait. Ça commençait à faire pas mal de monde sur le tableau, si on ajoutait Abygaël, qui venait de faire son apparition dans tout ce drame amoureux. Voyant la réaction d’Eleanor, encore plus forte qu’il ne l’aurait imaginée, Maxence la suppliait, à deux doigts de se mettre à genoux si c’était ce qu’il devait faire pour ne pas la perdre.  « Je le veux, Maxence... Tellement, tu n'imagines pas à quel point. Mais... Je ne peux pas ignorer que ta vie vient de prendre un énorme tournant dans lequel je ne suis même pas impliquée... Une grande décision qui aurait dû me concerner également mais ce n'est pas le cas... Et ça fait mal de voir que, malgré tout l'amour que j'éprouve pour toi, tu continues ta vie sans m'y inclure. Je t'aime tellement et ça me déchire, Maxence. » En voyant la larme couler le long de la joue d'Eleanor, Maxence ne retint plus les siennes. Au diable l’honneur, il se montrait complètement vulnérable, parce que c’était comme ça qu’il se sentait, devant elle. Le juge croisa le regard de quelques passants, et sentit immédiatement que sa vie privée était envahie. « Viendrais-tu t’asseoir avec moi ? » Il ne voulait plus rien lui imposer, à Eleanor, alors il le lui demanda avant de se déplacer vers un banc non loin de là, en bordure du trottoir. Au moins, ils attireraient moins l’attention. « Écoute … je comprends, Eleanor. Je sais que tout a changé, maintenant. Mais je ne peux pas revenir en arrière, même si je le voudrais … et ce n’est pas le cas. Cette petite est merveilleuse, tellement résiliente à un si jeune âge. Elle m’aide autant que je l’aide, elle remet mes priorités en place. Elle me fait réaliser qu’il y autre chose que ma carrière dans la vie. Qu’il y a des choses bien plus importantes. » Il marqua une pause, tentant de mettre en mots le plus clairement possible ce qu’il ressentait. « Je sais que je ne peux pas te demander de t’impliquer dans sa vie. Je sais que c’est trop gros. C’est ta décision. Mais … ça me briserait le cœur de ne pas pouvoir vous avoir toutes les deux. » Il soupira discrètement, se rapprochant un peu plus d’Eleanor sur ce banc, tout en conservant cette éternelle distance. « Promets-moi de prendre le temps de réfléchir à tout ça, je t’en prie … Je t’aime, Eleanor. Je ferai des efforts, pour être meilleur, pour être à ta hauteur. » Dit-il en toute sincérité.

Aujourd'hui, tu ne pouvais plus te satisfaire de votre relation telle qu'elle était, c'est-à-dire secrète. Aujourd'hui, tu te sens malheureuse à chaque fois que tu es loin des bras de Maxence. Les seuls moments de répits que tu connais sont en présence de Lachlan. Et c'est sans doute à cause de ce mal-être que tu t'es réfugiée dans les bras du directeur financier. Au départ, tu ne voulais que du sexe qui te ferait oublier la souffrance perpétuelle de ton coeur. Mais à présent, tu sais qu'il ne s'agit plus seulement de ça et Maxence l'a compris. Il est lucide et toi aussi même si tu ne veux pas t'avouer que ton coeur rejoint petit à petit celui de Lachlan faisant défaut à celui de Maxence. Mais tu n'aurais jamais été vers un autre homme si tu ne souffrais pas autant, ça, ça ne fait pas de doute. Ce qui vous rend autant responsable l'un que l'autre, Maxence et toi. « Je le sais. Mais je te perdrai, peu à peu. Tu le sais, ça aussi. » Tu ne peux nier l'évidence alors tu détournes les yeux du juge, n'étant pas prête à avouer qu'il a raison. « Pas si tu t'investis à cent pour cent dans notre relation. » Réponds-tu, convaincue par tes dires. Si Maxence se montre complètement investit, tu es certaine de mettre un terme à ta relation avec Lachlan. Mais ce n'est pas encore le bon moment pour lui et la question que tu te poses chaque jour est : Maxence sera-t-il prêt, seulement, un jour ? Une question qui restait trop souvent sans réponses et sans issues. Une question qui te bouffe chaque jour un peu plus. Alors que tu te mets à pleurer, le jeune homme t'invite à le retrouver sur un banc plus loin. Tu ne peux t'empêcher de penser qu'il désire éviter le regard des gens, comme toujours. Et même si cette fois-ci, tu lui donnes raison, tu aimerais qu'au moins une fois dans sa vie, il arrête de toujours penser aux qu'en dira-t-on. Néanmoins, tu le suis, balayant au passage ces larmes qui se déversent le long de tes joues à n'en plus finir. Maxence, lui aussi, se montre vulnérable, laissant la tristesse le gagner à son tour. Vous pleurez tout simplement parce que la souffrance est là et que, bien que vous vous aimez, vous ne trouvez pas d'issue à votre relation. Et même si pour toi, l'issue est plutôt simple, pour Maxence c'est loin d'être le cas. Tu l'écoutes parler d'Abygaël qu'il semble déjà adorer. Tu es heureuse pour lui, qu'il ait créé sa propre famille même si d'un côté, tu souffres de ne pas en faire partie. Tu ne lui demandes pas d'abandonner la garde de cette petite, bien au contraire, tu as un coeur trop grand pour ça. Mais même s'il ne peut revenir en arrière, c'est tout récent pour toi et tu as besoin de temps pour encaisser tout ça. « Je sais que je ne peux pas te demander de t’impliquer dans sa vie. Je sais que c’est trop gros. C’est ta décision. Mais … ça me briserait le cœur de ne pas pouvoir vous avoir toutes les deux. Promets-moi de prendre le temps de réfléchir à tout ça, je t’en prie … Je t’aime, Eleanor. Je ferai des efforts, pour être meilleur, pour être à ta hauteur. » Le jeune homme se rapproche, diminuant légèrement la distance qui vous sépare. Cette distance qui te déchire mais que tu ne peux même pas réduire par peur d'être rejetée si tu le fais. Tu as peur qu'il s'écarte, ne voulant pas trop en faire en public. Pourtant, là, sur ce banc, tu as incroyablement besoin de lui. Tu as besoin de ses bras, t'entourant, de ses lèvres sur les tiennes mais Maxence n'en fera rien et tu le sais. Et ça te fait mal, tellement mal de penser à tout cela. Et ce, perpétuellement depuis des semaines. « Je ne te demande pas de revenir en arrière. C'était ta décision et je la respecte. Mais comme je le dis, c'était ta décision dans laquelle je n'ai eu aucun impact. Alors que je t'aurais sans doute encouragé à le faire si tu m'en avais parlé. Est-ce que tu doutais de moi ? » Demandes-tu finalement, perdant tes moyens face à l'homme que tu aimes. Peut-être avait-il peur, inconsciemment, de ta réaction et peut-être est-ce pour cette raison qu'il a décidé de ne pas t'en parler. Qui sait ? « Je ne sais pas si je suis prête à m'impliquer pour l'instant... Pas alors que je ne sais même pas si nous avons un avenir, tous les deux. » Et ça te fait mal de le dire mais c'est comme ça que tu ressens les choses. Et si Maxence te présentait à cette fillette et que quelques mois plus tard, tout était terminé entre vous ? Et si tu t'accrochais à Abygaël pour au final, la perdre, elle aussi ? Et si, et si... Tu n'es pas prête à te poser toutes ces questions maintenant pas quand tu en as déjà des centaines en tête, toutes concernant Maxence et votre avenir ensemble. « Je vais y réfléchir mais fais de même de ton côté s'il te plaît, tu sais ce dont j'ai besoin... » Oui, il le sait. Tu lui as si souvent répété et pourtant, vous en êtes toujours au même stade, aujourd'hui. Alors si Maxence veut un avenir à tes côtés, il doit en tenir compte. « Je suis prête à faire tous les efforts du monde pour toi, Maxence. C'est pas ça le problème, tu le sais. C'est juste que je ne veux pas être la seule à en faire. Parce que j'ai l'impression qu'on m'arrache le coeur à chaque fois que je me rends compte que je suis la seule à me battre pour nous deux. » Alors peut-être que tu te trompes, peut-être pas, maintenant c'est à Maxence de te prouver le contraire.

Spoiler:

Elle avait beau ne pas utiliser directement les mots qui blessent, elle avait beau détourner la réponse comme un politicien le ferait, le contenu était le même, au fond. « Pas si tu t'investis à cent pour cent dans notre relation. » Ce qui voulait dire, en d’autres mots, que soit Maxence faisait le grand saut, soit elle laissait son cœur à qui le voulait bien. Et Lachlan semblait plus que quiconque avoir jeté son dévolu sur Eleanor. Il n’arrivait pas encore à la hauteur de Maxence, mais si ce dernier n’arrivait pas à le prouver, alors la brune n’attendrait pas les preuves. Elle prendrait celui qui lui offrait le plus et, visiblement, c’était Lachlan qui le faisait actuellement. Sinon, elle accepterait de revenir vers lui, ne lui poserait pas cet ultimatum. « J’ai l’impression d’n’avoir aucun choix, et je dis pas que j’en veux un … ce que je veux dire, c’est que j’ai l’impression que tout d’un coup, c’est maintenant ou jamais. J’ai toujours su le choix à prendre, ce qui me manque c’est du temps. J’peux pas passer de 70%, ou peu importe à quel pourcentage tu estimes mon implication, à 100%, en un claquement de doigts. Tu me connais, Eleanor, tu sais ce que tu es en train de me demander. » Lui dit Maxence, peu importe maintenant si elle trouvait exagérées ses demandes. Il avait besoin de ce temps, mais il avait aussi besoin de savoir que pendant qu’il le prenait, ce temps, Eleanor n’allait pas peu à peu lui filer entre les doigts. Il avait besoin de savoir que s’il lui promettait de mettre sa vie en ordre pour être finalement avec elle, elle l’attendrait, de son côté. Parce que s’il faisait des sacrifices pour finalement apprendre qu’elle en aimait un autre que lui, assez pour les oublier, alors il aurait tout perdu. Le juge étant agacé par les regards des passants, ils se dirigèrent vers un banc plus à l’écart, et où ils auraient davantage l’air d’un couple en discussion qu’un couple en querelle. Les gens cherchent toujours le malheur chez les autres, c’est bien connu. Il lui parla alors d’Abygaël, la supplia de songer à ce qu’elle désirait faire face à cela. Il ne voulait pas qu’elle lui dise, sous le coup de la surprise et de l’incompréhension, qu’elle ne voulait plus rien savoir de lui, d’eux. Certes, l’issue serait peut-être la même mais, au moins, ce serait réfléchi. Maxence saurait que ce n’était pas l’émotion qui parlait, mais bien la raison et le cœur en même temps. « Je ne te demande pas de revenir en arrière. C'était ta décision et je la respecte. Mais comme je le dis, c'était ta décision dans laquelle je n'ai eu aucun impact. Alors que je t'aurais sans doute encouragé à le faire si tu m'en avais parlé. Est-ce que tu doutais de moi ? » Maxence baissa les yeux. Elle avait tiré la flèche en plein dans le mille. Maintenant qu’il savait qu’elle l’aurait sans doute encouragé, peut-être même qu’elle se serait investie au moins un peu, le juge regrettait amèrement sa décision égoïste. « Je … c’est pas que je doutais de toi … mais j’avais peur que … que tu penses que mon engagement face à cette petite fille prenait le dessus sur l’engagement que j’aurais dû prendre face à toi … Dans ma tête, c’est pas du tout ça, dans ma tête, c’était une continuité … Elle d’abord, puis, j’ai cru … je croyais que ça m’aiderait à être prêt. » Il soupira. « J’ai pas réalisé que je faisais tout dans le désordre. Que je te perdrais au fil des étapes. » Il pleurait, bien franchement, n’essayant même plus de se cacher. Ce n’était pas de gros sanglots, mais des larmes criantes de désespoir qui s’échappent du coin de ses yeux. « Je ne sais pas si je suis prête à m'impliquer pour l'instant... Pas alors que je ne sais même pas si nous avons un avenir, tous les deux. » Ça lui faisait tellement mal d’entendre ces mots, lui qui ne jurait que par leur futur, peu importe quand est-ce qu’il rejoindrait leur présent. Eleanor en doutait, maintenant. Elle doutait de leur relation, de leur amour, du point jusqu’où ils arriveraient à se rendre ensemble. Il la pria donc de réfléchir, de ne pas faire une croix sur eux avant leur heure. « Je vais y réfléchir mais fais de même de ton côté s'il te plaît, tu sais ce dont j'ai besoin... » Il hocha la tête. « Je te promets d’y réfléchir aussi. Je n’abandonnerai pas, Eleanor. Je ne nous abandonnerai pas. » Lui assura-t-il, avec une confiance regagnée maintenant que la brunette avait promis de réfléchir à la situation complexe dans laquelle Maxence les plongeait de plus en plus. « Je suis prête à faire tous les efforts du monde pour toi, Maxence. C'est pas ça le problème, tu le sais. C'est juste que je ne veux pas être la seule à en faire. Parce que j'ai l'impression qu'on m'arrache le coeur à chaque fois que je me rends compte que je suis la seule à me battre pour nous deux. » Il posa sa main sur la sienne et, cette fois, ne la retira pas dès qu’il se rendit compte de son geste impulsif. Il la laissa là, caressant les doigts de la jeune femme. C’était un premier pas, un premier effort. « Tu ne seras plus la seule, Eleanor. J’vais me battre pour nous. Pour toi. » Et si pour ça, il devait dire adieu à un de ses rêves, il le ferait pour en vivre un autre aux côtés de la femme de sa vie.

« J’ai l’impression d’n’avoir aucun choix, et je dis pas que j’en veux un … ce que je veux dire, c’est que j’ai l’impression que tout d’un coup, c’est maintenant ou jamais. J’ai toujours su le choix à prendre, ce qui me manque c’est du temps. J’peux pas passer de 70%, ou peu importe à quel pourcentage tu estimes mon implication, à 100%, en un claquement de doigts. Tu me connais, Eleanor, tu sais ce que tu es en train de me demander. » Maxence a raison et tu le sais. Sans pouvoir expliquer pourquoi, tu es arrivée à un point où tu as besoin de réponses maintenant et pas dans des semaines ou même des mois. Parce que tu n'en peux plus de vivre dans l'incertitude. Tu n'en peux plus de vivre cachée dans l'ombre du juge. Et bien que tu sois honnête sur les raisons qui te poussent à faire ce genre "d'ultimatum", le jeune homme ne semble pas prêt à les entendre. Tu sais à quel point sa carrière est importante pour lui, tu sais à quel point elle représente tout même plus que toi, par moment. Et tu sais que ce n'est pas simple ce que tu lui demandes. Et pourtant, toi, ça te semble évident. Pour toi, en officialisant votre couple, il ne met pas forcément en péril sa carrière mais sur ce sujet-là, vous ne semblez pas vous accorder. « Je sais que je te demande beaucoup en peu de temps... J'en suis consciente. Et au départ, je ne pensais pas le faire, ici, sur le trottoir d'un restaurant. Mais puisqu'on a eu cette discussion, j'avais besoin de te dire tout ce que j'avais sur le coeur. » Si la discussion n'avait pas été provoquée de la sorte par l'irruption de Maxence, tu aurais sans doute pris plus de temps pour travailler et choisir tes mots. Tout simplement pour ménager l'homme que tu aimes et pour paraître moins mélodramatique. Parce que tu es consciente que ça peut sonner comme "c'est moi ou ta carrière" alors que ce n'est pas du tout ce que tu demandes. Vous vous dirigez finalement vers ce banc, plus isolé du public et de la foule. Tu t'assieds, toujours trop éloignée de Maxence à ton goût. Bien sûr, vous ne pouvez pas éviter le sujet "Abygaël" trop longtemps, revenant sans cesse à son adoption. Il faut dire que c'est une nouvelle plutôt conséquente dans la vie du jeune juge et tu as du mal à la digérer. Parce que d'un côté, tu aurais espéré que le premier enfant de Maxence vienne de toi... Mais aujourd'hui, même si Maxence ne se nomme sûrement pas encore comme le père de cette petite, tu as l'impression qu'il créée sa propre famille, sans toi. Et quelque part, tu ne peux que te demander si c'était par manque de confiance en toi qu'il ne t'a rien dit. « Je … c’est pas que je doutais de toi … mais j’avais peur que … que tu penses que mon engagement face à cette petite fille prenait le dessus sur l’engagement que j’aurais dû prendre face à toi … Dans ma tête, c’est pas du tout ça, dans ma tête, c’était une continuité … Elle d’abord, puis, j’ai cru … je croyais que ça m’aiderait à être prêt. J’ai pas réalisé que je faisais tout dans le désordre. Que je te perdrais au fil des étapes. » Oui, il est bien là, le problème. Dans cette situation, Maxence n'a pas pensé une seule seconde à toi, préférant prendre les décisions seul. Et même si tu n'étais pas maître de la situation finale, tu aurais aimé avoir ton mot à dire. « Je comprends même si ça ne change pas le fond du problème... » Réponds-tu en soupirant. Tu ne préfères pas en dire plus, ayant déjà dit tout ce que tu pensais au jeune homme. Alors, que dire de plus ? Si ce n'est que tu es déçue et profondément attristée. Néanmoins, tu promets à Maxence d'y réfléchir une fois rentrée chez toi. Et ce ne sont pas des paroles en l'air. Tu ne sais pas ce que tu décideras mais tu comptes bien y penser, allant chercher de l'aide chez des amis si nécessaire. Sans pour autant donner trop de détails sur ta vie privée, bien sûr. « Je te promets d’y réfléchir aussi. Je n’abandonnerai pas, Eleanor. Je ne nous abandonnerai pas. » Il semble bien plus sûr de lui que quelques minutes plus tôt lorsqu'il t'a abordé sur ce trottoir. Tu hoches la tête tout en laissant tes yeux se noyer au plus profond des siens. Sa main se pose sur la tienne et pour une fois, reste là, caressant du bout des doigts ta peau. C'est un geste que tu apprécies et dont tu profites car tu sais à quel point il est précieux. C'est ce dont tu avais besoin, là, tout de suite. « Tu ne seras plus la seule, Eleanor. J’vais me battre pour nous. Pour toi. » Tes larmes se calment, doucement mais sûrement, et tu effaces toutes celles sur tes joues d'un revers de la main. « Je n'allais pas le rejoindre, tu sais. » Finis-tu par dire. Tu parles bien sûr de Lachlan et tu sais que Maxence comprendra. Puis, tu oses demander, sans trop élever la voix : « Tu veux que j'arrête de le voir ? » Tu ne sais pas si cela est possible ou même si tu y parviendras mais tu imagines bien que c'est ce que Maxence désire, oui. Et puisque tu l'aimes sans limites, tu es prête à faire cet effort pour lui. Même si ça te demandera sans doute beaucoup de force et de volonté.

Il est vrai que c’était lui qui les avait mis devant le fait accompli, en suivant Eleanor tel un homme tourmenté – et c’était ce qu’il était, de plus en plus – jusqu’ici, pensant l’arracher aux bras d’un autre homme que lui. À quoi avait-il pensé ? Ce n’était pas lui, d’agir aussi impulsivement et, surtout, d’agir comme un maniaque en manque d’amour. « Je sais que je te demande beaucoup en peu de temps... J'en suis consciente. Et au départ, je ne pensais pas le faire, ici, sur le trottoir d'un restaurant. Mais puisqu'on a eu cette discussion, j'avais besoin de te dire tout ce que j'avais sur le coeur. » Après tout, en venant jusqu’ici et en la confrontant par rapport à Lachlan, Maxence ne devait pas s’attendre à autre chose qu’une mise au point. Eleanor n’allait pas passer l’éponge sur cette intrusion dans sa vie sans remettre en question pour la énième fois leur relation. Si Maxence arrivait à suivre la brune à travers la ville rien que pour lui demander de n’être que sienne, sans doute était-ce parce qu’il voulait davantage. Mais son cœur, sa tête et sa raison devaient se mettre en accord là-dessus, elle le lui faisait bien comprendre. Maxence hocha la tête. « Je comprends. Et puis, aussi bien en parler en long et en large une bonne fois pour toute. Je sais que je nous fais attendre, que je fais traîner notre relation, depuis assez longtemps. » Maxence tentait de se montrer ouvert en admettant ses torts, mais ça lui en faisait beaucoup à s’avouer à lui-même. Certes, il réalisait sincèrement ses erreurs et toute la souffrance qu’il infligeait à Eleanor sans même le vouloir. Mais une petite voix dans sa tête le retenait encore d’aller trop rapidement de l’avant. Cette petite voix de la raison qui l’avait guidé tout au long de sa vie, éliminant chaque amour potentiel afin de le mener jusqu’à ses buts de carrière. Est-ce que ça l’avait vraiment rendu heureux ? Pas du tout. Même qu’il pouvait aisément dire, maintenant, que la simple présence d’Abygaël chez lui le comblait bien plus que sa position à la Cour. Et ça ne faisait que quelques jours qu’elle se trouvait chez lui. C’est ce qu’il tentait de faire comprendre à Eleanor, que cette gamine le changeait à un tel point qu’il repensait entièrement sa vie. Peu à peu, sans doute qu’une place pour la brune se formerait dans sa petite vie mieux rangée, si elle voulait toujours en faire partie, bien sûr. Ce qui ne semblait pas gagné d’avance. « Je comprends même si ça ne change pas le fond du problème... » Il hocha la tête. Là, Maxence se trouvait devant une impasse. Il ne pouvait pas réparer cette erreur potentiellement fatale. Il ne savait pas quoi faire pour se faire pardonner. Ainsi, le juge alla plutôt de l’avant avec des promesses, lui assurant que cette fois, le message s’était bien rendu à bon port et que Maxence se battrait pour eux. Il se battrait pour deux, si elle n’en avait plus la force. Puis, le prenant par surprise, Eleanor lui avoua alors : « Je n'allais pas le rejoindre, tu sais. » Les yeux rivés sur elle, la bouche en suspens, on n’entendit qu’un : « Oh … » sortir d’entre ses lèvres. S’il avait pu se sentir encore plus ridicule que présentement, il l’aurait fait. Il tourna la tête vers le restaurant, s’imaginant une amie ou un rendez-vous d’affaires qui l’attendait. « Euh … quelqu’un t’attends ? » Demanda-t-il alors, prenant conscience du grand numéro qu’il venait de lui sortir. Quel dramaturge improvisé était-il, tout d’un coup. Une fois la question réglée et sachant que personne n’attendait l’italienne, elle reprit. « Tu veux que j'arrête de le voir ? » La question qui tue, la question à laquelle Maxence aurait répondu oui sans hésiter quinze minutes plus tôt. Il détourna le regard un moment, regardant les passants sur le trottoir en cherchant la réponse appropriée. Puis, il soupira et regarda de nouveau Eleanor, sa main toujours dans la sienne. Il secoua la tête. « Non. T’as déjà fait assez de sacrifices pour nous, t’as déjà assez attendu après moi. Je n’ai plus le droit de te demander ça, maintenant. » Même si ça lui brisait le cœur. « Si tu as envie de le revoir, si tu veux trouver en lui ce que je n’arrive pas encore à te donner, vas-y … Même si ça me fait mal de t’imaginer dans ses bras, je n’ai que ce que je mérite. » Il esquissa un mince sourire attristé. « Mais il ne t’aimera jamais comme je t’aime. Et je te le prouverai. » Conclut-il.