this is awkward (jake)

Une journée de plus entamée et presque terminée dans ton entreprise de textiles. Pour garder ta couverture intacte, tu es bien obligé d'effectuer ce genre de boulot pour ne pas éveiller les soupçons. Même si ce n'est pas vraiment ce dont tu raffoles. Ici, tu t'es surtout concentré sur la paperasse, une chose que tu détestes mais qu'il était nécessaire de faire. Une bonne chose de faite, cela dit. Aujourd'hui, Maxine n'est pas là pour t'accompagner puisqu'elle était occupée de son côté. Tu n'es pas du genre à la questionner pour savoir ce qu'elle fait à chaque minute de sa vie. Pour ça, tu es un patron plutôt cool et laxiste. Et puis, après tout, tant qu'elle fait son travail, le reste t'importe peu. Alors que tu es en train de ranger quelques cartons, tu entends quelqu'un s'approcher. Instinctivement, tu te montres méfiant et attends que la personne en question frappe avant de te montrer. Tu jettes un coup d'oeil par le judas pour t'assurer qu'il ne s'agit pas de quelqu'un dont tu devrais te méfier. Tu repères un homme avec un paquet entre les mains. Bizarre... Tu n'as rien commandé, pourtant et tu ne connais pas ce type. Tu ouvres finalement la porte, pas entièrement, histoire d'être prudent. « C'est pourquoi ? » Demandes-tu avec ton franc-parlé et ton manque de tact habituel. Tu as banni les politesses de ton langage sauf avec les femmes, bien sûr. Tu ne prends même pas la peine de saluer l'homme en question ni même de lui sourire tout cela t'importe peu. Tout ce qui compte c'est l'objet de sa visite. Sourcils froncés, tu attends sa réponse.

Tu n'es pas quelqu'un de sociable, c'est même plutôt l'inverse. Tu peux te montrer chaleureux avec les gens auxquels tu tiens mais il y en a tellement peu que ça n'arrive pas si souvent que ça, finalement. Et puis, tu sais te montrer serviable et gentil lorsqu'il le faut ou lorsque tu désires finir la soirée en présence d'une femme mais c'est totalement différent. Ici, dans ton entrepôt, tu n'as pas besoin d'être sympa ni même poli. Tu t'en fiches pas mal, tout ce que tu veux c'est qu'on te foute la paix. « Bonjour. » Son bonjour est aussi froid et distant que ta question quelques secondes plus tôt. Tu vois que ton attitude ne plaît pas à ce livreur mais qu'importe, tu t'en fiches pas mal de lui plaire ou non. « Je viens livrer la marchandise. Il serait peut-être préférable qu'on passe par l'arrière non ? » Tes sourcils se froncent à nouveau, naturellement. Plus le temps passe et plus tu trouves cette livraison bizarre tout comme le comportement de cet homme, d'ailleurs. Mais tu imagines qu'il n'est que le reflet du tien. « C'est Kike qui vous envoie ? » Demandes-tu en prenant ton accent italien pour prononcer le prénom de ton collègue et ami, un mafieux lui aussi. « Il ne m'a rien dit. Qu'est-ce que vous transportez ? Du matériel ? » Demandes-tu, finalement, prenant un air légèrement plus intéressé. Un tant soit peu du moins. Tu ignores tout de cette commande mais si Kike a envoyé cet homme, il doit y avoir une raison. Mais passer par l'arrière, ce n'est peut-être pas conseillé. Tu poses sur un main sur ton menton, jouant avec ta barbe fraîche de quelques jours. Tu ne sais pas de quoi il s'agit alors tu préfères attendre que le livreur te réponde pour décider ce que vous ferez ensuite.

Tu ne sais pas comment te comporter avec cet homme étant donné que tu ne sais même pas qui il est ni qui l'a envoyé et pour quelle raison. Tout est flou, le concernant, et tu n'aimes pas ça. Pas du tout même. Alors tu te montres méfiant, du moins au début, posant diverses questions pour avoir plus d'informations sur la marchandise en question. Mais l'homme devant toi ne semble pas des plus informés, lui non plus. « Peut-être … Tout ce que je sais c'est que j'ai eu une femme au téléphone ce matin. » Une femme ? Tu fronces les sourcils sans même t'en rendre compte, c'est devenu un tic chez toi depuis l'arrivée du livreur. Maxine, peut-être ? Qu'a-t-elle pu commander ? Un truc pour ses fraudes ? Tu n'en as strictement aucune idée et ça t'agace. Il faudra que tu penses à lui dire de te prévenir lorsqu'elle commande un truc et le fait livrer à ton entrepôt. « Une femme ? Vous n'avez pas son nom ? » Demandes-tu, toujours l'air légèrement méfiant. Tu interroges finalement ce type sur ce qu'il transporte désirant avoir plus d'informations. Tu ne laisses pas n'importe quoi entrer dans ton entrepôt, de peur d'avoir des conséquences indésirables. Tu préfères être trop prudent que pas assez. C'est sans doute un de tes plus grands défauts : de voir le mal partout. Mais c'est sans doute une séquelle liée à ton boulot dans la mafia. « Pas du matériel non. Je viens juste vous livrer la commande … J'ai encore trois autres cartons dans le coffre. Dites-moi juste où les déposer. Je ne fais que mon que mon travail … » Trois cartons ? Tu frottes ton menton pour réfléchir à ce que ça pourrait être. Mais tu n'as vraiment aucune idée, il faut bien l'avouer. « Je peux regarder ce qu'il y a dans ce carton ? Histoire d'être sûr de la marchandise ? » Demandes-tu, l'air sérieux, au jeune homme qui se trouve en face de toi. Quitte à accepter les trois cartons, autant savoir ce qu'il y a dedans. Ce livreur va sûrement penser que tu fais une grosse affaire avec rien du tout mais tu t'en fiches. Tu ne le connais pas et tu ne vas pas le faire entrer, comme ça, chez toi, sans plus d'informations à son sujet.

Tu te rends bien compte que ton comportement doit sembler suspect. Et pourtant, tu ne peux t'en empêcher et puis c'est plutôt dans ta nature de te comporter de cette façon. Et ton métier du moins l'officieux renforce sans doute ce trait de caractère. « Je ne sais plus. Est-ce que Nush m'a dit comment elle s'appelait … Désolé ça ne me revient pas. Ce n'est pas moi qui l'ai eue au téléphone. » Tu n'es pas plus avancé et ça ne te donne pas envie de laisser entrer ce mec dans ton entrepôt. Il ne semble pas très informé sur ce qu'il transporte et pourquoi. Et rien que pour ça, son comportement te semble encore plus suspect. C'est pourquoi tu décides de lui demander pour voir la marchandise. Après tout, tu ne sais pas ce qu'il y a dans cette boîte et il est hors de question que tu en prennes plusieurs sans savoir ce que c'est. « Euh … Bah ouais. Si vous voulez je peux goûter avec vous. Histoire que vous soyez sûr de ce que vous achetiez. Ahah. » Le livreur semble rire de tout ça et toi, ça ne fait que t'agacer encore plus. Est-ce qu'il se fout de toi ? Si tu ne te maîtrisais pas, tu lui foutrais sûrement un poing dans la gueule. Mais tu n'en fais rien, gardant les poings et les traits serrés. « Vous trouvez ça drôle ? » Les mots sortent comme ça sans que tu t'y attendes réellement. Mais tu avais besoin de le dire, comme ça, c'est fait. Il s'approche de toi et instinctivement tu penses à reculer mais tu n'en fais rien. Restant de marbre. « Allez-y ouvrez le ! » Tu réfléchis un instant et puis ouvres, finalement, cette boîte en carton. Tu fronces encore plus les sourcils en voyant son contenu : des pâtisseries. Qu'est-ce que foutent ces putains de pâtisseries, ici ? « C'est quoi, ça ? » Demandes-tu, plus agacé que quelques minutes plus tôt. T'en veux pas toi de ces pâtisseries. « Vous parliez de goûter, bah allez-y. » Ajoutes-tu en prenant un air de défi. Ce sera un bon moyen d'être fixé sur la marchandise. Et tu vas pouvoir te faire une idée sur ce gars, finalement. Est-ce qu'il aura le courage d'en manger ou non ? Telle est la question. Et tu comptes bien y répondre.

« Oh excusez-moi. » Il s’excuse ? Cela t’étonne mais ça prouve que c’est peut-être un mec réglo finalement. Tu hoches la tête, content d’entendre ces quelques mots « magiques ». Finalement, tu ouvres la boîte et on peut le dire, son contenu t’étonne assez. Des pâtisseries. Si tu t’attendais à ça. Toujours assez méfiant, tu demandes de quoi il s’agit et la réponse du livreur semble on ne peut plus logique. Tu ne sais pas s’il se moque de toi ou si c’est juste toi qui paraît très con sur le coup. « Alors euh … Eclair au chocolat. Au café. Religieuses. Mille-feuille. Opera. Le reste est dans les autres cartons. » Tes sourcils se froncent davantage, interpellé par cette livraison. Même après une description très claire du contenu de la boîte, tu n’es pas convaincu et par précaution tu demandes au livreur de goûter. Il semble assez étonné par ta question – même si c’était plus un ordre qu’une question – mais s’exécute encore une fois. « Bah euh … Comme vous voulez. Vous pouvez tenir le carton d'une main ? Je voudrais pas que ça tombe. » Tu soutiens le paquet d’une main et lorsqu’il porte l’éclair à sa bouche, tu es persuadé qu’il va s’arrêter au dernier moment mais il n’en fait rien. Tu fais un mouvement de recul de la tête, comprenant que tu te plantes depuis le début. Toujours muet, c’est finalement le livreur qui prend la parole, brisant le silence. « Je vous en prie servez-vous. C'est vous le client. Ecoutez je viens juste vous livrer votre commande. C'est ma fin de journée. C'est votre fin de journée. On a tous envie de rentrer chez soi. On est peut-être partis du mauvais pied mais je suis sûr que vous êtes un bon gars. Je suis un bon gars. Il y a pas de raison pour que ça se passe mal entre nous ? » Tu attrapes le paquet à deux mains, à présent et sors ton portefeuille de l’autre. « Très bien. Mais pourquoi est-ce que vous n’avez pas dit depuis le début qu’il s’agissait de pâtisseries ? » Demandes-tu en fronçant les sourcils. Il est clair que ça aurait évité pas mal de problèmes. « Est-ce que je dois régler quelque chose ? » Demandes-tu en ouvrant ton portefeuille de ta main libre. Tu te rends compte que cette histoire est complètement absurde et si tu n’étais pas si méfiant, tout serait réglé depuis bien longtemps.

Sur le coup, tu dois bien l'avouer, tu te sens un peu con. Pourtant, tu n'en montres rien préférant garder ton air de mec « impassible » que rien n'atteint. Néanmoins, tu ne peux t'empêcher de questionner le livreur ; pourquoi n'a-t-il pas annoncé la raison de sa venue ? Cela te semble étonnant mais sa réponse semble combler tes interrogations. « Euh j'en sais rien. J'annonce pas toujours que c'est de la pâtisserie soit parce que j'oublie soit parce que les gens savent en fait... » Tu hoches la tête, détendant petit à petit les traits de ton visage. À présent, tu te montres légèrement moins méfiant. Légèrement, seulement. Ce n'est pas dans ta nature de baisser ta garde si vite de toute façon. Mais ça, le jeune homme a dû le comprendre. Finalement, tu sors ton portefeuille pour régler la note, du moins si cela est nécessaire. Tu ne sais pas si Maxine a déjà réglé quoi que ce soit car après tout, tu n'étais même pas au courant de cette commande. Il est clair que tu lui en toucheras deux mots à son retour et cela ne risque pas d'être des mots doux. Car au fond, c'est toi qui t'es fait passer pour un con dans l'histoire, pas elle. « Oui oui il reste la moitié mais ne vous inquiétez pas avec ça dans l'instant. Faites attention à ne pas tout faire tomber. Il reste quelques cartons comme je vous ai dit alors autant aller poser tout ça et on parlera argent ensuite. J'arrive.» Tu le regardes s'éloigner. Tu lui aurais bien proposé ton aide s'il ne s'était pas enfuit si rapidement. Peut-être a-t-il peur de toi ? Cela ne serait pas étonnant aux vues de ton comportement. Tu souris quand même, ironiquement, en repensant à toutes tes suspicions. Lorsque le livreur prend la marchandise dans sa camionnette, tu en profites pour aller déposer le premier carton de pâtisseries sur ton bureau. Une fois posé, tu reviens à l'entrée du bâtiment pour réceptionner les deux autres paquets. « Merci.  » Dis-tu poliment en attrapant les deux boîtes. Tu les déposes à l'entrée de l'entrepôt et reprends ton portefeuille pour régler la commande. « Qu'est-ce que je vous dois ? » Demandes-tu avant d'ajouter : « Vous prenez du cash ou vous préférez par carte bancaire ? » Ton ton est plus léger et plus détendu maintenant que tu as compris que ce gars était totalement réglo et que tu te faisais des films pour rien.

Il est vrai que si au début tu te montrais réellement méfiant, à présent, tu ne l'es plus du tout. En réalité, tu n'attends qu'une chose, payer ces pâtisseries et oublier cette histoire. Tu as un peu l'impression d'avoir été pris pour un con même si ce gars n'y peut absolument rien. Et tu détestes cette sensation, tu dois bien l'avouer. Toi qui adores avoir le contrôle sur tout, ça te change d'être pris à ton propre piège. Bref, tu demandes au "livreur" combien tu lui dois et sa réponse ne se fait pas attendre. « La moitié donc 70 dollars. Et oui en espèces. J'avais précisé au moment de la commande. Du coup j'ai pas le lecteur de carte sur moi. » Tu fronces les sourcils, tapotant ton jeans à la recherche de ton portefeuille. Bien vite, tu le trouves et l'ouvres pour régler la note. Le cash, c'est pas un problème chez toi, au contraire. D'ailleurs, on peut très clairement voir lorsque tu ouvres ton portefeuille que tu n'as pas qu'un seul billet de cent à l'intérieur. Tu tends un billet au jeune homme et attends qu'il te rende la monnaie, tu ne vas pas lui laisser 30 dollars en cadeau, quand même. Et encore moins en ayant l'impression d'être un imbécile. « J'espère que tout vous plaira et n'hésitez surtout pas si vous avez des remarques. Je suis toujours preneur pour améliorer la qualité de nos services. Comme par exemple des décors sur la camionnette ou les paquets. Histoire qu'on reconnaisse qu'on parle de pâtisseries et pas de … de n’importe quoi d'autre ! Ahahah. » Tu esquisses un petit sourire, légèrement amusé. Il n'aura rien de plus et te connaissant, c'est déjà pas mal.  « Je n'y manquerai pas. Mais je pense bien que faire lettrer votre camionnette est une idée à prendre en considération. » Réponds-tu à ton tour pour le taquiner. Toi, taquin ? C'est une première.

« Ahah. C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Je verrais ça avec une amie illustratrice. » Tu hoches la tête même si en effet, pour le coup, tu t'en fiches un peu. Néanmoins, tu apprécies qu'il prenne ton avis en considération. « Elle est vachement douée. Puis elle saura ce qui est le mieux. Parce que moi là-dedans … » Nouveau hochement de tête. Là, tu ne sais plus trop quoi dire. Tu n'es pas doué, toi non plus, en ce qui concerne le lettrage de voitures. Chacun son métier, après tout. « Vous avez pas une camionnette avec des illustrations ou lettrage vous ? » Tu fronces les sourcils, étonné de la question. Mais la réponse n'est pas bien compliquée. « Non, on fait appel à des sociétés de livraison. » Réponds-tu, en passant ta main sur ton menton. « Désolé. » Désolé ? Vraiment Ciàran ? Désolé de quoi, d'ailleurs ? Tu ne sais pas vraiment pourquoi tu t'excuses mais c'est fait donc tant pis. Peut-être parce que cet homme devient un peu familier, tu ne sais pas trop. « Cette fois tout est bien réglé ? » Préfères-tu demander par sûreté. Tu ne voudrais pas avoir des dettes avec quiconque, ça risquerait de créer des problèmes et de griller ta couverture en passant. Et ça, ce n'est juste pas envisageable.