she's still beautiful + alice

Elle était encore plus belle que la dernière fois. Elle dansait sans se préoccuper du son ou des autres. Ses cheveux, ses yeux, son sourire. Elle était belle à en faire damner les Saints. J’m’étais réveillé un peu perdu, elle me manquait. J’pensais à Aisling, à comment les nouvelles allaient rapidement et comment j’avais le cœur en miettes et tout ça, j’devais me changer les idées. Passer à autres choses. Je rôdais dans la forêt comme j’avais l’habitude de faire, surtout ces jours-ci. J’étais un peu perdu et ça m’aidait à me retrouver, à penser au reste. Et à chasser Alice de mes pensées. Et Aisling aussi. La vie continuait, après tout. Puis là, au beau milieu d’une forêt, je relevais les yeux et elle était là. Comme si elle s’était matérialisée dans cette vie trop étrange. Un fantôme de mon passé qui me déchirait encore intérieurement. « Alice. » avais-je articulé alors qu’elle ne pouvait probablement pas l’entendre, ni le lire sur mes lèvres. Elle se tenait là, devant moi. J’mourrais d’envie de lui dire qu’elle était belle, j’mourrais d’envie de toucher sa peau de satin, mais je ne le faisais pas. « Qu’est-ce que tu fais à Bowen? » lui signais-je alors en parlant, comme nous avions l’habitude de le faire autrefois. Je n’avais rien perdu, pas une miette. Si ce n’était que la face, oh oui j’avais perdu la face.

Elle habite ici. Pourquoi ne l’ai-je jamais croisé avant? Était-ce ce foutu destin qui me jouait encore des tours? Mon cœur battait la chamade. Cette femme qui m’avait fait l’aimer encore plus... Depuis plus d’un an. Je hochais la tête, mes yeux ne pouvaient pas quitter ses mains. Un atelier, ici? Évidemment. C’était moi l’idiot. J’aurais dû m’en douter. « Et toi? Je te pensais toujours à Sydney? » Je secouais la tête négativement. « Ma mère nous a sommé de partir Josh et moi. Pour oublier, pour passer à autre chose. » Je grimaçais un peu en lui en parlant avec mes mains. Puis, je recommençais de plus belle. « Mon père et Alana ont eu un accident de voiture. Il est décédé sur le coup, elle est toujours dans le coma. » Une mine triste sculptait mon visage alors que je lui expliquais. « Comment était Paris? » lui demandais-je alors qu’elle avait eu la chance de voyager, ce qui n’avait pas vraiment été mon cas au cours des dernières années. J’avais fait quelques courts voyages en lien avec le parachute, le bungee et d’autres trucs du même genre. « Tu aimes l’atelier? » questionnais-je alors avec ces mêmes signes. J’étais légèrement mal à l’aise et comme Alice me connaissait bien, elle s’en douterait rapidement. Je la dévorais du regard à présent. Elle m’affecte sans même faire quoi que ce soit.  

Elle s’excuse alors que sa main sur mon épaule crée un électrochoc, me faisant frissonner jusqu’à la moelle. Je ne tardais pas à questionner concernant Paris et elle répondait honnêtement en me disant qu’elle n’avait pas fait beaucoup de tourisme. Je riais doucement et je me remettais à signer. « Tu te souviens quand je te promettais de te faire la grande demande sous la tour Eiffel? Et qu’on irait devant Big Ben pour renouveler nos vœux? » lui avais-je alors demandé avec un sourire concernant ces souvenirs lointains. Je riais doucement. C’était le bon temps. Elle se plaisait néanmoins à l’atelier et j’opinais gentiment. Elle travaillait pour ses parents, elle était maintenant styliste. « Félicitations! Ils ont enfin entendu raison. » commentais-je donc. Elle avait du talent déjà à l'époque, ce n'était pas étonnant que ça ce soit décuplé. Elle me questionnait concernant mon avenir et j’échappais un soupir et un regard de confusion. « Je suis pompier depuis quelques années, mais suite au séisme, j’ai décidé de retourner aux études bientôt. » Avais-je signé en poursuivant même. « Pour devenir médecin. » Les doigts sur le poignet, le signe pour médecin. J’avais l’ambition, le potentiel et avec Alice à mes côtés plus rien ne m’arrêtait. Et pour une fois, je ne pensais plus à Aisling, ni à ce qu’elle en penserait. « Et ton frère, il va bien aussi? » questionnais-je. Je prenais des nouvelles d’elle, de sa famille. Je l’appréciais bien son frère qui avait compris qu’au final, j’avais été celui qui avait eu le cœur brisé suite à son départ. Il devait m’avoir vu avec les yeux rougis, le cœur gros et l’appétit d’une crevette décédée.  

Évidemment qu’elle s’en souvenait. Parfois, j’avais l’impression que de ne rien oublier ne simplifiait pas ma tâche, mais elle s’en souvenait. Elle me disait qu’elle y pensait chaque fois qu’elle voyait la tour Eiffel et je m’en sentais désolé. J’rougissais même un peu. Elle la voyait de son appartement. « Woah, le luxe. » Et elle me disait que pour la Fashion Week de Londres, c’était la même chose. Elle n’avait peut-être pas tout oublié... Elle ne m’avait peut-être pas oublié. Alice me disait qu’elle ne serait peut-être pas partie dans un autre contexte. « Je suis persuadé que tu as beaucoup appris et que tu ne regrettes pas ton voyage. » Parce qu’à l’heure actuelle, si elle avait son poste et moi, le mien... Nous aurions sans doute un mariage à notre actif et peut-être des enfants. C’était la seule femme qui était susceptible de tout changer. Elle respectait néanmoins mon orientation de carrière et elle avait confiance en moi. « Je l’espère. » signais-je à sa première constatation. Évidemment que je voulais être encouragé par Alice. Je l’ai toujours voulu. « Avec joie. » Elle n’allait plus partir, elle semblait relativement bien ici. Bien que ce n’était pas Sydney, on pouvait s’acclimater à Bowen. « Ton frère aussi habite ici? » Signais-je, impressionné. Je devrais bien le recroiser bientôt. « Il s’est mis en forme? » Questionnais-je de plus belle. Je regardais autour de nous quelques secondes. « On devrait aller prendre un café ou autre chose. » suggérais-je donc. Peut-être même aller manger un soir, mais je ne voulais pas la faire fliper plus que de raison. Après tout, c’était pour retrouver ce bon vieux temps perdu.  

Elle ne regrettait jamais rien, elle fonçait toujours. Sa surdité n’était pas un obstacle, il n’en avait jamais été un. Ni pour elle, ni pour les autres. « Je sais. » avais-je simplement signé avec un sourire. Elle croyait en moi selon ses dires et je la remerciais. Elle me disait qu’elle ne me lâcherait pas, qu’elle allait me supporter et je riais doucement. Je retenais l’envie de lui demander si elle avait envie de repartir, mais je le saurai bien assez rapidement. Alice m’expliquait que son frère devait veiller sur elle et je hochais la tête en riant. « C’est ça, avoir un grand frère. » lui admis-je simplement étant moi-même le plus vieux de la fratrie. Alors qu’elle acceptait mon invitation avec joie, je riais doucement. « Avec toi? Non, jamais. Tu es parfaite. » avais-je alors signé. Les trois derniers mots avaient dépassés peut-être la limite des non-dits. « Et puis, t’es toujours belle, alors arrête tout ça. » Je levais les yeux au ciel. Elle se mettait elle-même un peu trop de pression. Je regardais la brunette en me questionnant à savoir où elle allait aboutir. « Tu as quelqu’un dans ta vie? » demandais-je finalement, le cœur arrêtant presque de battre dans ma poitrine à l’idée qu’elle me réponde que oui.
  

J’étais parfait, moi aussi? Je me mettais à rire tout en doutant très fortement sur le mot parfait et de son utilisation dans le cas présent. Je hochais la tête alors qu’elle tente de me rappeler des souvenirs que je n’oublierais jamais, même si je le voulais. Ça et mon trouble, c’est une combinaison à tout casser. « Pour toujours et à jamais. » lui déclarais-je doucement. Elle était célibataire et mon cœur battait encore plus vite. Alors qu’elle me retourne la question, je ris nerveusement. Parce que c’est tellement complexe. Pour elle, j’étais toujours libre. « C’est compliqué. » dis-je en grimaçant doucement. Parce que oui, c’est compliqué de dire qu’une fille a peut-être eu ton enfant, à qui tu as prononcé récemment les trois mots qui t’ont détruit. Et on rajoute à ça, une fausse copine pour brouiller les pistes de la première. Parce que j’ai trop d’orgueil et de fierté pour admettre qu’Aisling a été quelque chose de fort pour moi. « Disons que j’ai quelqu’un, mais c’est pas trop sérieux. » lui admis-je simplement en signant, en ne disant pas ce mot à voix haute. J’esquissais un sourire. « Mais ça prendra plus qu’un café pour tout te raconter. »  Habituellement, c'était Josh qui foutait les emmerdes et moi qui les réglait... Actuellement, j'aurais bien eu besoin qu'il me rende la pareille. 

Les souvenirs ne s’arrêtaient jamais avec Alice. Elle me disait qu’elle avait eu quelqu’un de sérieux à Paris et je déglutissais. « Un français? » risquais-je avec un petit sourire. J’me disais que peu importe qui était ce type, il ne m’arrivait pas à la cheville. Ça et j’aime pas particulièrement les français avec leur accent lorsqu’ils parlent anglais, on pige rien. « C’est compliqué? C’est-à-dire? » Je soupire doucement et je me frotte les cheveux quelques instants en tentant de trouver les bons mots, peu importe. « Je... Heum... » Ces mots ne me venaient pas encore. « J’avais quelqu’un avec qui ça devenait plus sérieux... Et... » Elle n’a pas répondu à mon ‘Je t’aime’ ? Elle a accouché d’un bébé qui est peut-être le mien, comme peut-être pas. Comment on explique ça? « J’ai su qu’elle était enceinte sur un blog de rumeurs... Et que c’est probablement pas le mien. » Ouais à 3 chances contre 1, j’devais avoir un peu de bol au final. Je l’espérais profondément. « Et puis, j’recommence mes études, alors c’est peut-être pas le bon moment? » risquais-je donc comme pour me protéger et ne pas paraître pitoyable. Parce que c’était clairement de ça que ça avait l’air . « Tu dois connaître les Writers? » que je continue de signer gentiment. Elle devait bien connaître si elle était là depuis un an. Alice poursuit en me disant qu’elle avait envie que je lui raconte tout ça. Mais j’me sentais pas être la bonne personne pour ce faire. Pour lui dire que finalement, je l’avais oublié. Que j’cumulais les conquêtes. Que j’savais pas avec combien de filles j’avais couché après elle. Bordel. Ça allait être rock’n’roll. Plus que ce que je pensais. « Tu restes dans mes pattes le temps que tu veux. » J’avais simplement ajouté un signe comme quoi elle m’avait manqué, sans le dire. Parce que ça devenait trop officiel. Elle poursuit en me disant que c’était Josh qui avait les histoires compliquées et je me mettais à rire. « Attends, attends. J’te promets que j’ai des histoires encore plus tordues que les siennes à te raconter! » Et c’était tristement beaucoup trop vrai. « Mais c’était pas vraiment voulu, pour être honnête. » J’avais une mine un peu plus songeuse. Non, j’avais pas cherché à ce que la connasse me fasse changer de numéro de portable. Parce qu’une semaine après, elle avait tenté de me rappeler. Ça avait quand même été une semaine telle un havre de paix. Son frère allait bien et habitait à Bowen? « Il est à Bowen? Jamais vu. » admis-je alors, un autre fantôme reviendrait prochainement. Je verrais concernant son physique en hochant la tête. « Café? » risquais-je alors en pointant plus loin.

Il était anglais et plus j’en apprenais sur lui, plus la jalousie me gagnait et je ne disais rien. Parce qu’Alice n’était plus mienne et que je ne pouvais pas l’empêcher. Ce n’était pas moi de le faire. Lorsqu’elle détaillait concernant la langue des signes, je hochais la tête, compréhensif. Je comprenais que ce n’était pas tout le monde qui avait cette même capacité. Alice me confirmait que ça s’était mal terminé. « Je suis désolé. » lui signais-je alors que je ne le pensais pas une seule seconde. Puis, elle jugeait l’histoire corsée d’Aisling et elle me disait qu’elle n’était pas de tout repos. « Fais-moi penser de te raconter l’histoire de la fille de Sydney et ça ne fera que renforcer ton opinion. » On reparlait simplement des études et je hochais la tête positivement. « Tu as raison. » admis-je alors simplement. Alice me confirmait la bande de Writers. Elle devait alors certainement avoir vu les nouvelles... Alice m’avouait que je lui avais manqué et j’avais l’impression de ne pas être allée au bout de cette histoire. Elle avait des choses à me raconter également et je riais légèrement alors qu’on partait pour un café. « As-tu un endroit de prédilection? » lui demandais-je une nouvelle fois. Je parlais sans cesse et j’avais l’impression d’être une vraie pipelette.