too much to say (cjerring)

Aisling poussa un soupire, détournant le regard quand il refusa de mentir. Pourtant c'était un mensonge qui ne pouvait que lui faire du bien. Elle ne comprenait pas qu'il soit si borné.
Rien à voir ? Mais c'était ce qu'il voulait, que sa fille ait une mère. Elle lui donnait juste une alternative qu'il ne prenait pas le temps d'étudier.

-Tu n'es pas moi Perry.

Elle avait répondu sèchement parce qu'elle était incapable de faire autrement. Peut-être qu'il n'avait pas prévu d'être père et qu'il était quelqu'un de formidable quand même mais il fallait bien qu'il se rendre compte que ce n'était pas le cas de tout le monde.

-Si je veux qu'elle ait une belle vie, mieux vaut que je ne sois pas dedans.

Ni dans celle de Siobhan ni dans celle de Perry, et à cette pensée elle serra le poing.

-Je ne t'ai pas vu pendant plusieurs mois et ça allait très bien comme ça. J'aimerais que ça continue.

Evidemment que plus rien n'allait aller comme avant parce qu'elle ne pourrait pas faire comme si de rien n'était, comme si elle n'avait jamais accouché, mais peut-être qu'au bout d'un moment elle réussirait à oublier.

Ils sont tous les deux assez bornés sur la question, le débat ne va donc pas beaucoup avancer. Il s'empêcha de lever les yeux au ciel une nouvelle fois, il ne voulait pas non plus que la situation empire. « T'as qu'à aller vivre dans une grotte si tu trouves que tu gâches la vie des gens. Faut qu't'arrêtes de penser que c'est mieux si les gens sont sans toi. Sérieux tu pourrais faire quoi qui fasse souffrir un bébé sérieux ? C'est quoi j'sais pas, juste la prendre dans tes bras ? Tu vas pas causer un accident nucléaire ! » Il ne comptait pas renoncer maintenant. Il connaît Aisling, il sait comment elle peut être mais il sait aussi qu'elle a un cœur, au fond, enfin il imagine.
La demoiselle lui dit ensuite qu'elle ne l'avait pas vu pendant plusieurs mois et qu'elle préférait cette situation à l'actuelle. « C'est bon on est pas obligé de passer notre vie ensemble non plus. Et puis j'suis pas obligé d'être là quand tu seras avec Siobhan. 'Fin j'sais pas on est assez grand pour pas s'entre-tuer dès qu'on se voit, nan ? » ça il n'en était pas vraiment sûr. Mais en tout cas il n'ira pas chercher l'engueulade volontairement.

La remarque de Perry lui valut un regard noir. C'est ce qu'elle essayait de faire, vivre dans une grotte, c'était le reste du monde qui avait décidé de ne pas lui lâcher les baskets.

-Ne pas l'aimer, ça suffit.

Elle était convaincue qu'elle ne serait jamais capable de s'attacher à cette petite chose, que la prendre dans ses bras, changer ses couches et elle ne sait quoi d'autre ne serait jamais que de la torture. Mais comment est-ce que lui pourrait comprendre ça ?

S’entre-tuer ? Ce n'était pas ce qu'elle avait en tête. Enfin, ça non plus il ne pouvait pas comprendre. Elle se contenta de retourner se caler dans son canapé, évitant le regard de Perry, essayant de se protéger comme elle le pouvait.

-C'est pas ça.

Puis, prise d'une soudaine pulsion, ayant certainement peur qu'il essaye de s'apitoyer sur son sort, elle se leva, se sortant une bouteille de vodka et un verre à shots.

Perry ne comprenait pas qu'elle ne puisse pas aimer son enfant. Même si elle ne le connaît pas elle devrait l'aimer non ? Ce genre de choses le dépasse complètement. Autant il n'a jamais aimé quelqu'un en amour mais en amitié oui et la famille bien sûr. Tout ça compte énormément pour lui. Même si ce bébé n'était pas désiré, qu'il est arrivé comme ça, il l'aime parce que c'est son enfant, juste pour ça. Il ne se pose pas plus de questions que cela. « T'as déjà essayé au moins ? » lui demanda-t-il alors. A-t-elle au moins tenté de la prendre dans ses bras ? De la regarder ? De se persuader que c'est son enfant ?
Il se demandait si le problème c'était lui, qu'ils allaient devoir se voir mais elle lui répondit que ce n'est pas ça avant d'aller chercher une bouteille d'alcool. « Mais c'est quoi alors ? C'est quoi l'problème sérieux ? » il commençait à s'énerver. La situation tourne en rond et il n'aime pas ça. Il ne releva même pas le fait qu'elle s’apprêtait à boire. A quoi bon, ils s'engueulent déjà assez comme ça.

Essayer ? Mais essayer quoi, de l'aimer ? Ca ne se contrôle pas ça, et elle était bien placée pour le savoir. Non elle ne l'avait jamais prise dans ses bras, jamais embrassée, jamais câlinée, jamais même regardée plusieurs minutes d'affilées.

-Je ne me suis pas forcée.

C'est tout ce qu'elle pouvait dire. Mais, quel intérêt ? Chez toutes les mères ça venait naturellement, non ? Elle, elle était juste pas faite pour ça.

Avant de remplir son verre qu'elle avait commencé à lever, elle le reposa violemment sur la table, causant un bruit sourd à la question de Perry.

-Le problème c'est moi.

Elle sentait déjà que c'était maintenant que ça allait déraper. Son poing déjà se serrait et ses muscles se tendaient.

-Le problème c'est que je t'aimais et que tu m'as pas laissé une autre chance.

Son cœur s'emballait, de colère sans aucun doute. Elle n'aimait pas se dévoiler, elle n'aimait pas qu'on la comprenne.

-Alors maintenant j'essaye de faire mon deuil tranquillement et tu ne veux visiblement pas me foutre la paix.

Il la voyait s'énerver de plus en plus et ce n'est pas vraiment ce qu'il recherchait. Au contraire Perry voulait plutôt calmer le jeu et que ça ne finisse pas en troisième guerre mondiale. Lorsqu'il lui demanda quel était le problème, Aisling répondit que c'était elle le problème. Il ne comprenait pas. Elle n'a jamais été un problème pour lui donc il ne voyait pas pourquoi elle lui disait ça. Sa phrase suivante le laissa muet, figé. Il ne s'y attendait pas. Elle l'aimait, vraiment ? Il n'en savait rien. A vrai dire il ne s'était jamais posé la question. Tout de même il ne mit pas trop longtemps à se remettre de ses émotions. « Tu quoi ? » demanda-t-il quand même pour être sûr. « Tu m'la jamais dit. Comment j'pouvais savoir aussi ? J'sais pas t'as toujours été avec j'sais pas combien de mecs donc j'me disais qu'un de plus ou d'moins ça devait pas te changer grand chose. » c'est même pour ça qu'il l'a quitté parce qu'il commençait à vouloir un vrai couple, ce qui le faisait flipper. Mais qu'elle voyait d'autres homme.

Il lui demanda de répéter, semble-t-il qu'il n'avait pas comprit. Aisling laissa son regard glacé dans le sien, le poing serré.

-Je t'aimais.

Elle avait réussi à l'avouer à Isaiah et c'était à peu prés la seule personne qui connaissait les secrets de son cœur Elle avait failli le dire à Perry, cette fois là, pour qu'il ne parte pas. Mais elle n'en avait pas eu le courage, elle avait eu peur d'être rejetée. Mais aujourd'hui ça n'avait plus d'importance.
Elle serra les dents à la suite de ses paroles, elle devait rester calme, mais elle n'était pas vraiment connue pour son sang froid.

-C'est vrai, je suis une vraie salope.

Il ne se rendait pas compte à quel point il lui faisait du mal. Comme une voiture qui avait besoin de carburant, Aisling avait besoin d'alcool pour continuer alors elle se servit un shot de vodka qu'elle avala cul sec.

-Si t'avais été juste un mec comme les autres, j'aurais pas accepté d'être en pseudo couple avec toi, j'aurais pas essayé de faire les choses bien, et surtout je ne t'aurais pas promis de changer pour te retenir !

Il avait dépassé les bornes. Se dirigeant vers la porte, elle l'ouvrit en grand avant de planter de nouveau ses yeux bleus dans les siens.

-Sors maintenant.

Elle le répéta une nouvelle fois : elle l'aimait. Il avait du mal à y croire. Si ça avait été une fille comme il en rencontre souvent, qui croient au prince charmant et en l'amour, pourquoi pas. Mais elle, il la connaît, elle n'est vraiment pas de ce genre là.
Perry n'avait pas voulu l'insulter, il voulait juste dire la vérité, ce qu'il pensait. Il ne pensait pas être différent des autres hommes qu'elle fréquentait. Mais il semblerait que si. « C'est trop tard maintenant. » dit-il alors avant qu'elle ne le mette à la porte. Peut-être que s'il avait su tout ça avant, les choses auraient été différentes. Mais maintenant c'est trop tard, ils ne sont plus ensemble et Perry ne veut pas recommencer.
Il se dirigea vers la porte. Au moment de sortir il se retourna vers elle et dit « Pense à Siobhan, c'est elle qui compte. Pense à elle...vraiment. » qu'elle le déteste ok, ça il peut faire avec mais il ne veut pas que ce soit sa fille, leur fille, qui en souffre. Même si pour l'instant elle ne veut pas s'en occuper, le jeune homme reste persuadé qu'elle va changer d'avis, un jour ou l'autre.

Trop tard, oui, sans aucun doute. De toute façon Aisling ne s'attendait pas à grand chose de la part de Perry et sûrement pas d'être comprise. Elle avait d'autres personnes pour ça.
Alors qu'il se retournait avant de sortir, elle continua de la fixer sans plus montrer d'émotion. La seule chose qu'elle ressentait pour le moment c'était la colère, et la déception peut-être aussi. Elle ne prit même pas la peine de lui répondre, fermant la porte derrière lui. Ce n'était réellement pas le moment de foutre le monstre sur le tapis. Elle n'était pas disposée à étudier la question.