Sweet dream / A&F

Les mains dans les poches de son jeans, le brun repéra facilement la jeune femme, seule, assise à une table sur la terrasse du bistro auquel ils s'étaient donné rendez-vous. Asriel l'avait contactée, il y a quelques temps, de par son blog où elle écrivait de courts textes, des nouvelles, puis ils s'étaient rencontrés une première fois, quelques jours plus tôt. «Mademoiselle Delacroix», souffla-t-il en s'approchant doucement de la jeune femme. Il lui tendit la main. «Comment allez-vous?» Ses lèvres s'étiraient en un fin sourire. D'une main, l'homme tira tranquillement la chaise vers lui, puis s'y asseya. En lisant les textes de l'écrivaine en herbe, Asriel y avait vu un réel talent et une possibilité d'être reconnue pour son travail. Il lui avait d'abord écrit pour lui souligner la qualité de ses productions, mais aussi pour lui offrir de pousser sa chance un peu plus loin. Il voulait qu'elle soit publiée, qu'on puisse retrouver son recueil dans les librairies du coin et qu'on en parle dans le journal local. Asriel voulait que son talent soit reconnu, et pour ce faire, il s'était proposé pour financer son projet. Telle était la raison de leur rencontre aujourd'hui. Ensemble, ils devaient parler affaires, du moins, Asriel devait réussir à la convaincre avant tout, parce que si Fleur avait accepté de le rencontrer, elle n'avait pas encore dit oui. Et obtenir un oui d'une femme pouvait parfois être difficile, non pas qu'elles, elles l'étaient, mais plutôt que les femmes agissaient rarement sur un coup de tête, comme les hommes. C'est une caractéristique qu'il aimait beaucoup, d'ailleurs, de la gente féminine.

La jeune femme le salua, le priant de l'appeler par son prénom. Ce genre de réaction se produisait souvent lorsqu'il entrait en contact avec des femmes plus jeunes que lui. Il avait l'habitude d'être un vrai gentleman, mais parfois, il lui arrivait de croire que ce n'était plus de leur époque. Le Grec se commanda un café, puis s'intéressa à comment allait Fleur. « Un peu nerveuse. Je n'ai pas l'habitude de parler de mes écrits. » Asriel n'avait pas oublié ce détail, Fleur l'avait dit et redit lors de leur première rencontre et même lors de leur échange par courriel. « Je comprends. Mon but est de vous rendre le plus à l'aise possible, donc n'hésitez pas s'il y a quoi que ce soit. » Après tout, l'homme n'était pas là pour tirer profit du talent de la jeune femme. Il avait plutôt comme objectif de lui permettre de vivre un rêve, de réaliser un rêve. « Je ne suis pas un grand lecteur, Fleur, mais je peux certainement affirmer que le type de nouvelles que vous écrivez est très en demande, présentement. » Les réseaux sociaux débordaient d'auteurs qui cherchaient à vendre leurs recueils de poésie, de textes, mais celui de Fleur se démarquerait certainement. Il y avait un je ne sais quoi dans sa plume qui accrochait le lecteur jusqu'à la toute fin. « C'est le timing parfait », poursuit-il, un fin sourire aux lèvres.