losing control -r.

Tom avait le don de t'agacer, mais il avait aussi le don de te faire voir la vérité. Même si à l'heure d'aujourd'hui, tu ne savais pas où était vraiment la vérité. Tu avais passé des heures sur le site montré pour lire tout ce qui avait pu être posté, pour essayer de comprendre le vrai du faux et tu n'avais toujours pas réussi. La première réaction que tu eus après tout ce temps perdu sur internet était de laisser Iris à Kara et de te rendre au Wojna's. A peine avais-tu passé les portes, que tu courrais vers le bar. « August ! » Tu étais presque heureuse de le voir là. Comme si tu l'avais cherché pendant des heures alors que c'était le premier endroit que tu avait essayé. S'il n'était pas là, c'est qu'il était chez lui et s'il n'était pas chez lui, alors tu n'avais pas la moindre idée d'où le trouver. Peut-être à une conférence soporifique d'histoire, ou dans un musée. Sauf que tu n'aurais pas à essayer tout ça vu qu'il se trouvait juste en face de toi. Le bar vous séparez, tu prenais place sur un tabouret, sans savoir comment te comporter. « Un verre de ce que tu as le plus fort, s'il te plait ! » Après quoi tu hochais la tête. Ce n'était pas une bonne idée. Tu semblais reprendre tes idées en même temps que la parole. « Non, oublies. » Avant même qu'il puisse te le rappeler, tu secouais la tête. Tu ne pouvais pas boire d'alcool, à moins de vouloir être couverte de plaque rouge. Peut-être que dans la situation présente, ça pourrait te faire du bien. Tu ne savais plus trop.

La soirée était encore jeune, et l’heure de pointe du Wojna’s n’était que dans une heure encore. Son staff n’était pas complet, parce qu’il faisait les horaires de sorte à ce qu’il n’ait qu’une barmaid ou un barman, ainsi qu’un serveur et une serveuse, quand ils venaient à peine d’ouvrir. Avoir du personnel supplémentaire serait une perte de temps et d’argent. Quand la porte s’ouvrit, August leva directement la tête afin de saluer le nouveau client, mais son sourire s’agrandit davantage quand il reconnut Sunny, une de ses meilleures amies. « Sunny ! » Lança-t-il à son tour, amusé par la réaction de son amie. « Qu’est-ce qui se passe ? T’as l’air surprise de me voir alors que … j’te rappelle que c’est ma rhumerie. » Releva-t-il en arquant un sourcil, un sourire moqueur au bord des lèvres. La brunette prit place sur le tabouret directement face à lui, et elle lui demanda un verre de ce qu’il avait de plus fort. Oh, du fort, il en avait, mais il resta figé sur place parce qu’il était assez décontenancé par la demande de son amie. Elle était allergique à l’alcool, après tout, et même si ça ne la tuerait pas, August n’avait pas forcément envie de participer aux effets que ça aurait sur elle. Voyant sa tête, elle secoua la tête en lui disant d’oublier. « Sinon, j’ai du sirop de rhum … Je peux te faire un mojito sans alcool. Ou n’importe quel autre cocktail non alcoolisé … peut-être que ça aura un effet placebo ? » Proposa le professeur d’histoire, sentant bien que si son amie en était venue jusqu’ici pour commander un verre sans se rappeler avant cette seconde près que ce n’était pas une bonne idée, c’était sans doute parce qu’elle en avait vraiment besoin. « Il s’est passé quelque chose avec Iris ? » S’inquiéta-t-il, en bon parrain qu’il était. Mais le monde ne tournait pas autour de sa filleule, et sa belle Sunny avait besoin de lui.

Tu étais rentrée comme une furie avant de t'asseoir face à lui. Il se moquait de toi, malheureusement, tu n'avais pas vraiment le coeur à rire de ta sottise, de ton air décontenancé en le voyant derrière le bar. « Je.. Oui.. Non.. Je sais. » Tu avais surtout l'air d'une idiote complètement paumé. Tu étais venue pour une seule et unique raison. Pleurer sur son épaule parce que c'est ce que tu faisais de mieux. Tu avais été méfiante au début, puis tu étais tombée dans le piège. Le cœur en morceaux, les larmes aux bords des yeux, prête à boire de l'alcool à cause de toute cette histoire. Heureusement il y avait August et ses idées de génies. « On peut essayer oui. » Tu n'étais pas certaine que ça marche, mais tu pouvais bien tenter l'expérience et puis au moins tu aurais l'impression de boire un mojito, pas de l'eau gazeuse fade. Tu n'en avais pas bu depuis des années à causes des allergies que tu faisais, tu en avais oublié le goût, la saveur. « Iris va parfaitement bien, elle court partout, fais des cascades et me harcèle pour savoir quand elle pourra passer une après-midi avec son parrain Gus ! » ajoutais-tu en rigolant, tu l'imaginais tourner autour de toi, tirant sur les pans de ta robe pour que tu la regardes et qu'elle te demande ça avec sa petite voix, son petit sourire et ses grands yeux marrons. Elle était vraiment craquante, elle t'avait à chaque coup mais tu ne savais pas comment tu pouvais lui refuser quoique ce soit quand tu avais le droit à ce spectacle. Puis c'était toujours dans la limite du raisonnable. Alors tu lui répondais bientôt, mais tu n'en savais rien parce que tu ne connaissais pas le planning de ton ami. Peut-être même qu'il avait des choses de prévus et tu ne voulais pas le lui imposer. Même si le connaissant, ce ne serait jamais le cas. Il l'aimait trop pour ça. « C'est Adrian. » soupirais-tu doucement en laissant ta tête s'allonger sur le comptoir.

Après la moquerie d’August, Sunny demeura tout autant décontenancée, avec son air perdu et affolé que le professeur d’histoire ne lui reconnaissait pas vraiment. Après tout, la brunette semblait toujours savoir quoi faire dans n’importe quelle situation, elle était en contrôle. Là, pas du tout. August se demanda même si elle était ici de sa propre volonté ou si on la contrôlait à distance, un peu comme dans les Sims. Enfin, ce ne fut pas sa pensée exacte, ça c’est la mienne, mais c’était du pareil au même. Bref, August lui offrit un sourire à son tour un peu déboussolé, fronçant légèrement les sourcils pour signifier son trouble. Mais le trouble de Sunny paraissait bien plus gros. D’ailleurs, elle lui demanda de l’alcool, ce qui n’était franchement pas une bonne idée puisqu’elle y était allergique. Le propriétaire du bar eut toutefois une idée qui pourrait peut-être compenser, que Sunny accepta. Il se mit donc au travail, plongeant le verre dans les glaçons avant de faire couler les différents liquides. « Tiens, c’est sur la maison. » Elle en avait bien besoin. Et il lui en ferait autant qu’elle en voulait, si elle aimait l’alternative du mojito sans alcool. Tout de suite, voyant les larmes au bord des yeux de son amie, August pensa à Iris. Heureusement, elle allait bien. « N’importe quand, hein, tu le sais ! » Répondit-il avec un sourire, flatté et attendri par ce qu’elle venait de lui dire du comportement d’Iris. Cette enfant était une merveille. Un petit trésor. Toutefois, si ce n’était pas elle le problème, il y en avait quand même un, et un gros. August se pencha vers Sunny, sur le comptoir du bar qui les séparait. « Bon alors ce soir je suis ton barman rien qu’à toi, fais honneur à mon job et dis-moi ce qui se passe. » Lui dit August d’un ton doux, question de la mettre à l’aise mais surtout de la pousser à la confidence. Si elle était venue ici, ce n’était pas pour noyer sa peine complètement seule. Elle aurait pu choisir n’importe quel autre bar mais elle était venue ici. Elle voulait parler … d’Adrian. Sunny lui en avait parlé la première fois à l’hôpital, et depuis quelques détails par-ci et par-là, mais rien d’autre. « Qu’est-ce qui s’est passé ? » Il avait hésité avec un qu’est-ce qu’il t’a fait ? sur la défensive, mais ce n’était pas le genre d’August de juger ainsi d’une situation. C’était les larmes de Sunny qui lui brisaient le cœur qui parlaient pour lui.

Ce n'était pas tombée dans l'oreille d'une sourde, tu le savais très bien que tu pouvais l'emmener quand tu le voulais, mais tu prenais toujours le temps de lui demander si ça lui allait, de fixer une date pour ne pas le lui imposer et qu'il puisse s'y préparer, qu'il puisse prévoir des activités si jamais il voulait faire quelque chose en particulier. Il était libre là, tu avais une entière confiance en lui et même si elle se cassait quelque chose. « Je le sais, je pense que tu l'auras très vite dans les pattes ! » Par très vite, tu entendais bien sûr dans les jours à venir mais ce n'était pas vraiment ça qui comptait pour le moment. Tu n'avais pas envie de parler d'Iris, ni même de leur futur rencontre. Tu voulais parler d'un sujet qui te pesait sur le cœur, d'un sujet qui te mettait le moral à plat. Qui te faisait pleurer à chaque fois que tu y pensais et qui te rendait aussi folle de rage. Tu venais à te demander comment tu avais fait pour être aussi aveugle, comment tu avais pu être aussi bête. Comment tu avais fait pour le laisser rentrer dans ta vie sans te méfier un peu plus, sans comprendre tout le mystère qu'il pouvait y avoir autour de ses études pour commencer. Mais tu ne comprenais toujours pas aussi, tu t'étais laissé aveuglé par ses bonnes manières, par sa gentillesse et toutes les illusions qui ont suivis. Tu relevais le regard vers ton ami qui s'était penché sur toi, te disant que tu pouvais faire honneur à son métier, qu'il était là pour t'écouter. Barmaid ou pas, il aurait été là quoiqu'il arrive parce qu'August était le meilleur dans ce domaine. « Il est marié Gus. » ajoutais-tu d'un trait. Tu portais ensuite ta paille à tes lèvres pour boire quelques gorgées, le plus rapidement possible, pensant à quel point c'était bon de boire quelque chose d'alcoolisé. Tu essayais de faire en sorte que le placebo marche mieux si tu ne voulais pas à avoir lui demander quelque chose de vraiment fort. « Marié ! » Tu avais ce mot en dégoût dans la bouche. Pendant des semaines, tu pensais être une amante, une femme aimée, mais tu n'étais qu'une maîtresse. Une parmi tant d'autres d'ailleurs et ça t’écœurait. Toi qui avait tant haï Tom pour sa trahison, qui avait détesté être ce genre de femme. Tu t'étais retrouvée de l'autre côté sans même le savoir, devant celle qui aide un homme à tromper, à tricher.

À défaut de ne pas encore avoir d’enfant à son âge, August faisait passer tout son instinct paternel sur Iris, même s’il n’était que son parrain. Enfin, ce n’était pas rien, mais il était évident qu’il voudrait un jour un enfant portant ses gênes à lui. D’ailleurs, ce souhait se concrétiserait peut-être plus rapidement qu’il ne l’aurait cru. Effectivement, le soir du réveillon du nouvel an, Willow et lui avaient abordé le sujet pour la première fois depuis qu’ils étaient ensemble. Certes, c’était davantage dans le but de faire front commun devant sa mère en ayant tous les deux la même réponse à ses questions indiscrètes, mais ils s’étaient quand même entendu sur le fait qu’ils voulaient tous les deux des enfants. Ensemble. Ça avait suffi à faire rêver August d’une famille à construire avec Willow, peu importe si c’était dans deux ans, trois ans, ou même plus. Il était vrai que son âge était pas mal plus avancé que celui de sa copine, mais ils en avaient tous les deux conscience et prenaient cet élément en considération. Toutefois, August jugea que ce n’était absolument pas le bon moment de s’étaler sur son amour et son bonheur, parce que Sunny n’avait pas du tout l’air dans son assiette. Son jugement avait été des meilleurs, parce que dès qu’ils cessèrent de parler d’Iris pour parler de ce qui amenait Sunny jusqu’ici, sa relation avec Adrian fut abordée. Ce n’était pas le moment de lui remettre sa joie en plein visage, non. Il lui avait donc servi son mojito non alcoolisé avant d’hausser les sourcils face à sa révélation. « Marié ? » S’exclama-t-il, surpris et surtout choqué par les paroles de sa bonne amie. Elle répéta le même mot, pour confirmer, pour se convaincre peut-être. Pour que ça devienne encore plus réel. « C’est lui qui te l’a dit ou tu l’as appris autrement ? » Demanda-t-il, soucieux de l’état d’âme de Sunny, encore plus qu’il ne l’était en la voyant débarquer aussi perdue. C’était quand même une sacrée nouvelle, une mauvaise nouvelle, et elle avait dû tomber de son haut nuage. August connaissait bien la position de Sunny quant à l’adultère, il l’avait soutenue là-dedans, perdant son ami Tom par le fait-même. Enfin, August n’avait jamais regretté. Si Tom était capable de faire ça à Sunny, c’était qu’il n’en valait pas la peine, pas même en amitié. « Je suis vraiment désolé, Sun’. » Il attrapa sa main au milieu du comptoir.  

Il semblait surpris parce que tu lui annoncé mais pourtant tu avais bien pris le temps de le lui répéter deux fois pour éviter cette question. Tu ne pouvais peut-être pas y échapper après tout. Tu hochais la tête une première fois avant de te laisser tomber sur le comptoir, complètement bouleversée, complètement déprimée par cette nouvelle avant de te relever ton regard vers lui. « Marié oui. M-A-R-I-É ! » Tu l'avais épelé et ça ne servait à rien mais au moins il semblait l'avoir imprimé. Il te demandait si c'était lui qui te l'avait dit. Heureusement pour lui que non parce que tu lui aurais sauté au cou, tu ne l'aurais pas tué parce que tu n'avais pas de rage aussi forte pour en arriver là mais tu l'aurais sûrement frappé de toutes tes forces. Tu étais peut-être petite et frêle mais tu en avais un minimum et tu aurais pu lui péter une côte ou deux. Tu aimais le croire en tout cas. « C'est Tom qui me l'a appris. » Tu hochais à nouveau la tête, mimant une grimace. Tu n'aimais vraiment pas le comportement de Tom, tu n'aimais pas ce qu'il avait fait mais peut-être qu'il avait juste voulu t'aider à ouvrir à les yeux. A réaliser que tu misais une fois de plus sur le mauvais cheval. Tom voulait juste te récupérer mais son geste ne faisait que t'éloigner encore plus de lui. Ce n'était pas à lui de faire ce qu'il avait fait. « Quant à Adrian, je n'ai pas eu le temps de le confronter, il est rentré chez lui à Sydney. » Il a fui. C'était une chose que tu savais à présent. Du moins, c'était aussi ce que tu aimais à croire. Au moins il y aurait pu de risque que tu le croises demain au détour d'une rue. « Tu sais le pire ? Le regard de Tom qui me disait que je ne valais pas mieux que lui. Que moi aussi j'avais triché. » Ce regard là, tu ne l'avais pas du tout aimer. Il n'avait fait que te renvoyer en pleine tronche ta rancune que tu avais pour lui. Il avait attisé ta colère. De quel droit se permettait-il de dire que tu étais comme lui ?

Elle avait beau le lui dire, le lui répéter, le lui épeler même comme elle le faisait présentement, August avait du mal à croire ce qu’il entendait. Il avait du mal à croire que des gens étaient capables de faire une telle chose alors qu’ils étaient mariés – ou tout simplement en couple ou amoureux, peu importe le statut. Certes, Tom avait fait le même coup, et d’ailleurs August le trouvait encore complètement idiot pour cela, mais c’était difficile de croire que Sunny vive autant de déceptions amoureuses. Elle méritait tellement mieux que ces connards qu’elle semblait attirer à tous les coins de rue. D’ailleurs, quand August apprit que c’était Tom lui-même qui avait dit à Sunny qu’Adrian était marié, il en resta estomaqué. « Comment ça il savait lui ? » Demanda-t-il en fronçant les sourcils, tout d’un coup sur la défensive. C’était dommage, Tom avait autrefois été l’un de ses meilleurs amis. Toutefois, en brisant le cœur de Sunny, il avait aussi brisé le lien de confiance avec August. Ce n’était pas son genre de prendre un côté ou un autre, mais dans une telle situation d’infidélité, le choix n’avait pas été difficile à faire. « Et il foutait quoi tout ce temps à Bowen alors qu’il avait sa vie à Sydney ? » Demanda August, clairement confus. Avait-il dit à sa femme qu’il partait en voyage d’affaires pendant des semaines ? Semaines dont il avait profité pour ravager la vie sentimentale de Sunny, et peut-être d’autres ? Il secoua la tête de gauche à droite, en colère contre ce Adrian sans même avoir croisé son chemin une seule fois. Sunny était un peu comme une sœur pour lui, et ceux qui lui faisaient du mal entraient dans sa liste noire. La brunette lui parla alors du pire, du regard de Tom. « Mais t’en avais aucune idée, tu savais pas Sunny. Tom aura beau chercher mille excuses pour justifier ses actes, pour se déculpabiliser peut-être … tu seras jamais comme lui. » August prit doucement la main de son amie et la serra légèrement, un doux sourire aux lèvres, pour la rassurer, la réconforter.

Une surprise pour lui aussi. C'était fou le nombre de chose qu'on pouvait apprendre aujourd'hui grâce à internet. Cet outil qui toi te servait à chercher des informations, à lire le journal ou encore à consulter tes mails. Tu n'étais pas plus connectée que ça, tu n'en trouvais pas l'intérêt, tu n'en ressentais pas le besoin. En plus ça t'évitais de poster des photos d'Iris partout sur internet et d'éveiller la curiosité de personnes malsaines. Il n'y avait qu'à August, Grace, Adilyn ou encore Axten à qui tu voulais montrer des photos de ta fille et tu le faisais via ton téléphone sans les mettre sur des plateformes du style facebook. « Le blog des Writers. Un rumeur à fuité sur Adrian. Et tu sais que je n'accorde aucune importance à toutes ses conneries. » Tu ne te souvenais même pas si tu avais pris le temps de lire réellement un des articles postés. Tu en avais peut-être parcourus un ou deux mais sans plus. Pour lire des choses sur des personnes que tu ne connaissaient même pas, tu n'avais pas de curiosité mal placée à vouloir tout savoir sur la vie de tout le monde et connaître le moindre ragot. Tu avais juste pris la peine de lire celui d'Adrian parce que Tom insistait pour que tu le lises et là encore tu avais eu un doute. L'espace d'un instant, tu pensais qu'il inventait tout et qu'il avait écrit tout ça de lui-même juste pour te blesser. « Tu te souviens de son projet de doctorat ? Monsieur jouait le clochard dans les rues de Bowen. » Peut-être que sa thèse aurait révélé quelque chose de très intéressant mais tu avais l'impression qu'elle était truqué parce qu'il avait beau vouloir jouer les pauvres, il ne l'était pas. Et c'était sûrement là toute la différence. Il pouvait prendre la position d'un malheureux, se faire passer pour miséreux mais s'il en avait marre, il n'aurait qu'à claquer des doigts et retrouver sa vie, retrouver le luxe qu'il avait toujours eu. Une noble cause mais mal défendu selon toi. « Je le sais bien mais c'est Tom. Malgré tout, il y aurait toujours quelque chose entre nous et son regard me fait sentir comme une grosse merde.. » Tu y accordais plus d'importance que tu ne le devrais vraiment mais c'était comme ça. Une chose sur laquelle tu avais du contrôle et pourtant tu étais incapable de gérer cette situation. August était réconfortant et il avait raison sur un point : tu ne serais jamais comme lui. Mais il y avait au fond de toi une part de culpabilité pour la femme d'Adrian, pour cette femme que tu avais rendu cocue sans même qu'elle le sache. Sans même qu'elle s'en doute et peut-être qu'elle ne le saurait jamais. Mais toi, tu vivrais avec ça toute ta vie maintenant.

Ces Writers, August les portait très bas dans son estime. Il n’arrivait tout simplement pas à comprendre pourquoi on pouvait à ce point s’intéresser à la vie des autres dans le seul but de les rabaisser. De les traîner dans la boue ou jusqu’au fond du trou. August était de ceux qui aimait tout autant en apprendre sur les autres, mais pas dans le but d’exposer leurs plus lourds secrets et leurs plus grandes erreurs au grand jour. Il aimait tout simplement savoir qu’est-ce qui avait façonné une personne, quelles expériences de vie les avaient construits. Rien d’aussi cruel et immoral que ce que faisaient ces semblants de journalistes. Semblants, oui, parce que leur travail n’avait rien d’aussi louable que ce que faisait Willow, par exemple. Au contraire, ils auraient dû avoir honte de détruire des vies de cette façon. Certes, dans ce cas-ci, la vérité exposée avait permis à Sunny d’apprendre à quel point Adrian se jouait d’elle, au fond. Mais il n’en restait pas moins qu’il y avait quelque chose de bien pervers derrière ce blog. Heureusement, lui-même n’avait jamais été victime de ces langues de vipère – enfin, il aurait dû mettre sa main au fond, car il n’avait aucune idée de ce qui l’attendait. « Et tu fais bien, tu vois bien où ça mène ce monde, ces conneries. » August savait que ses étudiants suivaient ce blog religieusement, et il tentait du mieux qu’il le pouvait de les sensibiliser aux effets de telles rumeurs. Personne n’était à l’abri. Personne n’en ressortait indemne. Sunny en était la preuve ; elle n’avait rien demandé et n’avait rien fait pour mériter cela et pourtant, elle se retrouvait avec le cœur brisé. Sunny lui parla alors du projet de doctorat d’Adrian, après qu’August lui ait demandé ce qu’il foutait à Bowen s’il avait une femme dans une ville qui se trouvait à des kilomètres. « Ouais je me souviens … » Et s’il avait pu froncer davantage les sourcils, il l’aurait fait en apprenant quel était le thème de sa thèse. « Euh … t’es sérieuse ? Enfin … » Des millions de questions fusaient dans sa tête. C’aurait pu être intéressant, en fait. Dépendamment de son degré d’implication dans la chose. Il ignorait quelle était la question de recherche mais le sujet avait une certaine pertinence. Mais cela n’avait plus d’importance maintenant. « Alors il a fait sa petite recherche et il s’est barré dès qu’il a terminé, c’est ça ? » Laissant tout le monde derrière, tous ceux qu’il avait bernés. Le professeur d’histoire tenta finalement de rassurer son amie qui prenait une partie du blâme sur elle, en raison des propos tenus par Tom. « T’es pas une grosse merde. Tom ne voit que lui alors si tu vois quoi que ce soit dans son regard, c’est le reflet de lui-même. » Déclara August. On sentait bien à quel point cet ami l’avait déçu. « Alors, il est comment, ce faux mojito ? » Demanda August pour chasser l’autre sujet.

C'était peut-être de la merde dans 95% des cas mais pour ce qui était de celle d'Adrian, tu avais eu envie de croire le contraire et pourtant voilà ce qui s'était passé : tu avais pris la vérité en pleine gueule. D'autres gens aussi avaient du la voir arriver en comme pour toi. Peut-être pas apportée par leurs futurs ex-maris en personne de bon matin avec un grand sourire sur le visage pour vous faire comprendre que vous avez merdé mais la vérité n'était pas toujours jolie à voir. Lui qui sortait avec une journaliste, devait bien être placé pour le savoir. « Peut-être mais au moins je suis fixée. » Grâce à ça, on pouvait dire que tu savais où tu en étais dans ta vie. Tu ne savais pas ce qu'il voulait de toi, ce qu'il attendait de toi et maintenant tu savais qu'il n'attendait plus rien puisqu'il était parti. Comme un voleur, te laissant seule et sans réponse. Tu avais juste ton esprit pour divaguer et te laisser imaginer le pire et un faux mojito pour te faire oublier tout ça mais sans avoir les effets d'un vrai parce que sinon tu aurais les joues tellement rouge que tu devrais aller à l'hôpital pour avoir le droit à une petite cure de médicaments et d'oxygène. Autant dire que tu t'en passerais bien, tu ne voulais pas t'ajouter une dose de stress supplémentaire. « Je pense que son but était louable mais assez ridicule de savoir qu'il a dupé des gens alors qu'il est plein aux as. » Ce qui t'énervait le plus dans toute cette histoire c'est qu'il n'avait pas eu assez confiance en toi pour te raconter son projet. Toi qui avait pensé pendant un instant être spéciale, toi qui pensait qu'il t'aimait, que tu représentais quelque chose pour lui. Tu étais tombée bien bas en apprenant tout ça. « Tom est un connard. » Tu poussais un long soupire. Tom n'arriverait pas à te reconquérir  de cette manière, ça c'était certain. Mais au moins il essayait de se racheter pour sa faute. « Il a le goût du réconfort, merci August d'être là pour moi et pour supporter mes jérémiades. » Tu terminais ton verre en esquissant un léger sourire. Tu avais l'impression d'être une vraie loque et une vraie plaie pour lui mais il avait toujours les bons mots pour te réconforter, pour te faire sourire.

August hocha la tête quant au but louable de la recherche d’Adrian, sans pour autant que ce soit mené de la meilleure façon possible. Ça ne servait à rien de s’éterniser là-dessus, son projet avait été fait et il l’avait caché à tout le monde, même à Sunny à qui il faisait pourtant croire à un monde complètement différent. Il avait dupé bien des gens, mais la brunette encore plus. Alors qu’elle tenait à lui, alors qu’elle l’appréciait. Adrian n’avait aucune idée de ce qu’il venait de foutre en l’air, et il devait s’en soucier bien peu si sa vraie vie l’attendait ailleurs. August soupira avant de parler de Tom. « Hear, hear ! » Lança-t-il quand Sunny conclut qu’il n’était qu’un connard. Il leva son verre devant lui pour souligner cette affirmation, verre qu’il s’était versé pour accompagner son amie. Il avait beau être au boulot, il était le propriétaire, alors il pouvait bien mener le bateau comme il le voulait. Ce n’était pas un verre qui lui ferait perdre le cap. C’est alors que, pour changer de sujet et tenter de changer les idées de son amie, aussi, maintenant qu’elle avait pu ventiler un peu, il lui demanda comment elle trouvait son mojito non alcoolisé. Pas le meilleur des réconforts, selon lui, mais elle sembla croire le contraire. Sans doute par habitude de ne pas boire d’alcool, rien que l’illusion d’y goûter lui procurait un bien inespéré. « Ça me fait plaisir, Sunny, tu le sais bien. Et puis de toutes les jérémiades que je peux entendre dans ce bar, ce sont les tiennes que je préfère. » Plaisanta-t-il. Tout ce qu’il voulait dire, c’était que peu importe si Sunny venait vers lui pour pleurer sur son épaule ou lui raconter le plus beau jour de sa vie, il l’accueillerait toujours à bras ouverts. « Je t’en ressers un autre ou bien tu dois quitter ? J’t’aurais bien proposé de faire un truc pour qu’on oublie ces mauvaises pensées mais je dois rester ici encore quelques heures. » Déclara-t-il.

Tu avais vidé ton sac et tu te sentais mieux. Pas vraiment mieux parce qu'il y avait toujours cette douleur au niveau de ton cœur mais soulagé d'avoir pu tout déballer. Le fait d'en parler te permettait d'en prendre mieux conscience et de pouvoir tourner la page. « T'es pas censé ne pas boire pendant le service ? » demandais-tu avec un grand sourire en coin. Un peu d'humour pour essayer de détendre l'atmosphère, un peu d'humour pour oublier que toute cette situation était vraiment merdique. Et puis tu l'entendais déjà te dire que comme c'était lui le patron, il pouvait bien se pointer ivre et boire toutes les bouteilles si l'envie lui prenait. Et il aurait raison, mais tu lui dirais de ne pas abuser sur l'alcool. « T'es vraiment gentil ! » Et pas que gentil. Il était patient, il était doux. C'était le meilleur ami que tu puisses avoir. Ta seule famille dans cette ville, avec Axten. Tu avais parfois l'impression d'être isolée, d'être perdue parce que tu avais fuis la maison et que ton frère avait aussi quitté l'Australie. Mais tant qu'il y aurait Axten et Gus, tu ne serais jamais perdue et encore moins seule ici. « Je pense que je vais rentrer manger une bonne glace avec Iris et si t'es ok, je te la dépose ce week-end, comme ça elle sera heureuse et je sais que toi aussi. » Un sourire se dessinait sur ton visage. Tu ne saurais pas dire lequel des deux serait le plus content de voir l'autre mais tu pouvais être certaine qu'il y aurait de la joie des deux côtés. Tu te levais, prenant appuie sur le tabouret pour approcher ton visage de celui de Gus et de lui déposer un baiser sur la joue. Celui-là, il l'avait bien mérité. « Bonne soirée, bon courage pour le boulot et un bisou à Willow de ma part. » Même si la jeune femme ne te connaissait pas encore, tu étais ravie de l'embrasser. Il devait lui passer le message et bientôt il y aura la rencontre. Tu n'en doutais pas sur ce point là.  

Dès qu’August se décida à se servir un vrai de vrai mojito, avec le bon goût du rhum blanc qui se mariait à la perfection avec la menthe et le concombre, Sunny releva le fait qu’il était en service. Il rigola face à cette remarque que sa mère aurait pu lui faire. « Ça, c’est le bon côté d’être son propre patron. I don’t give a damn.. » Il rit de plus belle. Ses employés l’aimaient bien assez pour ne pas le juger non plus, de toute façon. Et puis, ils avaient toujours le droit à des boissons gratuites après la fermeture, alors ils n’étaient pas trop à plaindre non plus. Bref, l’heure de la fin commençait à se faire sentir et c’est pourquoi August demanda quand même à son amie si elle prenait le temps pour un autre verre ou si elle devait rentrer. Pour sa part, il aurait bien aimé parler davantage avec elle, mais il savait bien que si lui était enchaîné à ce bar pour quelques heures encore, ce n’était pas le cas de Sunny. Elle avait sans doute mieux à faire. « Oh oui, avec plaisir ! Elle peut même rester à dormir, y’a de nouveaux Disney sur Netflix qu’on a pas regardés ensemble. » Il s’imaginait déjà s’endormir sur le divan avec Iris, comme ils le faisaient à toutes les fois lors de leurs partys pyjamas en duo. Sunny se leva finalement de son tabouret et se pencha au-dessus du bar pour déposer un baiser sur la joue du professeur d’histoire, qui s’avança vers elle pour lui faciliter la tâche. « Bonne soirée Sun. Et oui, sans faute pour Willow ! » Il la salua une dernière fois alors qu’elle ramassait ses effets personnels et lui lançait un dernier sourire avant de sortir de la rhumerie et de regagner la rue.

TERMINÉ