looking for some books (fleur)

Encore perdu dans les différents noms que je pouvais lire, j'avais senti la présence d'une personne à mes côtés mais n'y avait pas prêté attention. Ce n'était pas dans une bibliothèque qu'on trouvait la meilleure des compagnie en général. Cependant une voix s'était faite entendre quelques secondes plus tard, une voix assez douce et en arrêtant mes recherches, je fus surpris de remarquer une jeune femme, son regard posé sur moi. Je restais un instant silencieux et je la regardais en souriant toujours un peu plus au fur et à mesure que mon regard restait sur son visage. «Peut-être bien oui…» dis-je dans un premier temps avant de tenir les livres que j'avais déjà dans une main pendant que l'autre plongeait dans ma poche pour reprendre le billet que j'y avais laissé. «… Vous travaillez ici ou vous avez juste eu de la peine pour l'homme complètement perdu que je suis?» J'avais posé la question car c'était la première fois que je tombais sur une bibliothécaire aussi jeune et je me disais que peut-'être, c'était une simple étudiante qui cherchait à perdre son temps pour un type comme moi. Dans les deux cas, bibliothécaire ou étudiante, il y avait de quoi engager la conversation. Ce n'était pas mon genre de manquer une occasion comme celle-ci. Le sourire toujours aux lèvres, je lui tendis le bout de papier sur lequel restait le dernier livre que je cherchais «Enfin, je cherche… Les Misérables de Victor Hugo, c'est bien dans cette allée, non?» Je n'avais pas fait l'effort de prononcer correctement le nom livre et de son auteur, j'avais aucune notion de français et ça avait du se ressentir.

Si on m'avait dit qu'il fallait venir en Australie pour trouver des bibliothécaires aussi jeunes et aussi charmantes, ça ferait bien plus longtemps que j'aurais emménagé avec ma femme ici. Après tout, ça contrastait bien avec les vieilles londoniennes et leurs lunettes sur le bout du nez à vous observer de leur regard ferme en sachant pertinemment qu'elle vous demanderait de faire moins de bruit à un moment ou à un autre. J'en riais intérieurement rien que d'y penser avant que la jeune femme ne me propose de la suivre… J'avais levé les yeux au ciel en l'entendant appeler ce livre un un grand classique de la littérature française. A croire que ma femme n'était pas la seule à aimer me le dire. «Croyez-moi, vous n'êtes pas la première à me le dire, je sais que c'est un livre à connaître vu sa réputation…» répondis-je en souriant avant d'acquiescer à sa question. Elle se tenait juste devant moi et quitta l'allée, je la suivis légèrement en retrait en laissant mon regard s'échapper discrètement sur ses formes qui étaient légèrement dissimulées par ses vêtements. Je me mis à sourire avant de venir à sa hauteur avec un petit sourire aux lèvres «… par contre, je ne savais pas que l'Australie était connue pour avoir des bibliothécaires aussi charmantes.» J'avais tourné mon visage vers le sien, un sourire amusé sur les lèvres avant de rajouter «Désolé, j'ai tendance à penser à voix haute, n'y prêtez pas trop attention. Sauf si vous aimez les compliments.» Je me mis à rire, je me trouvais moi-même ridicule sur ce coup.

Et j'en faisais partie, après tout la littérature avait souvent eu le temps de m'agacer, j'étais incapable de rester poser plus de cinq minutes à laisser mon attention se porter sur des mots imprimés sur un papier. Je préférais davantage les chiffres, ils me parlaient davantage, m'intéressaient davantage et pouvaient en dire beaucoup. Ça ne m'empêchait pas de connaître les grands auteurs et les belles œuvres, peut-être parce que ma femme aimait me parler de ce qu'elle lisait, tout comme elle aimait me poser des questions sur ma vision face à certaines choses qui l'intriguaient. Elle aimait se poser des questions, elle aimait comprendre ce qui pouvait la dépasser et c'était l'une des choses qui me plaisait chez elle, ce besoin de tout savoir. «Il n'est jamais trop tard pour s'y mettre de toute manière, non?» lui répondis-je en souriant. Je ne comptais pas le lire mais c'était toujours bien de le faire croire. Tout comme j'appréciais le malaise que pouvaient avoir le poids de mes mots ou alors de mon regard sur elle. Le rouge lui était monté aux joues à une vitesse folle et je ne pus masquer mon sourire aux lèvres. «Ne remerciez jamais un homme parce qu'il vous complimente, surtout lorsque vous rougissez de la sorte.» Mon regard ne la lâchait plus et je la vis se concentrer sur l'ordinateur devant elle, ses doigts hésitant au moment de frapper une à une les touches du clavier. «Faites seulement…» Je déposais les livres sur le comptoir en joignant mes mains sur ceux-ci tout en observant le prénom et son nom qui étaient inscrits sur son badge. Ma curiosité fut piquée et tout en essayant de faire un effort dans la prononciation de son prénom, je pointai du doigt son badge. «Fleur? Ça me semble très francophone, vous n'êtes pas australienne en fait?» demandais-je. J'étais surpris car son accent paraissait pourtant bel et bien australien… mais je comprenais mieux d'où venait son charme, les françaises étaient connues pour être de belles femmes… et pas que.

Les femmes sensibles aux compliments me plaisaient beaucoup, parce qu’elles étaient facile à mettre mal à l’aise et il suffisait de peu pour qu’elles n’osent plus relever le regard. C’était le cas de cette jeune femme et malheureusement pour elle, je ne comptais pas la délaisser de si tôt. Je trouverais un moyen de la retenir un peu, après tout il y avait de quoi la faire parler et en apprendre davantage sur elle. Malgré le regard qu’elle posait sur l’ordinateur, je ne pouvais ignorer le rouge de ses joues qui perduraient, ses yeux s’en mettaient presque à briller, sûrement qu’elle entait mon regard sur elle et j’espérais que ça le soit encore pendant quelques minutes. D’ailleurs, à l’entente de son prénom qu’elle avait repris certainement pour corriger ma prononciation désastreuse, je me mis à sourire et levai une main en guise d’excuse avant de me frotter le visage «Je tenterai de faire un effort pour mieux le prononcer la prochaine fois…» Fallait-il encore que je me rappelle de la manière dont elle l’avait dit. Le français c’était un jeu de langue bien trop compliqué à mon goût et d’ailleurs c’était peut-être pas pour rien que les françaises avaient la réputation d’embrasser mieux que les autres. A cette pensée, j’étouffai un rire tout en accordant toute mon attention au moment où Fleur reprit la parole pour me faire comprendre que le livre n’était plus disponible. Je fis une petite grimace et jetai un coup d’œil à la liste des bouquins. C’était gênant étant donné que ma femme avait bien insisté sur ce livre. «Je vois… C’est embêtant…» Le regard perdu sur la liste, j’étais resté silencieux l’espace de quelques secondes avant de finalement m’accouder au comptoir et planter mes yeux dans ceux de la jeune femme, un sourire dessiné dans le coin des lèvres «A part Les Misérables, vous auriez un autre classique de la littérature française à me proposer? Quelque chose qui puisse plaire à une femme qui attend de son mari des bons livres pour occuper ses journées?» J’avais arqué un sourcil tout en la sondant du regard, me permettant même une petite remarque sans la quitter des yeux. «Par exemple, vous, qu’est-ce que vous prendriez plaisir à relire parmi les grands auteurs de votre pays?»

Je ne savais pas si c'était de l'étonnement ou autre chose, mais lorsqu'elle avait relevé son regard vers moi pour enfin quitter son ordinateur, je sentis quelque chose en elle changer. Même ses joues avaient laissé le rouge les déserter, comme si quelque chose était venue la réveiller de sa gêne occasionnée jusqu'à maintenant. Cependant j'y attachais que peu d'importance, peut-être y avait-il eu quelque chose qui l'avait fait sortir de ses pensées? Peut-être que j'avais réussi à la vexer en prononçant mal son prénom la première fois? Non, j'en doutais. Écoutant les propositions qu'elle me faisait, je la regardais sans vraiment faire de choix. Après tout, les noms qu'elle me donnait me rappelait certains films que j'avais vu plus jeune. Je voyais mal ma femme lire ce genre de romans... Sa dernière proposition retint cependant mon attention, il ne me disait rien et en plus de ça, Fleur n'avait pas mis beaucoup de temps à répondre à ma question. «Bel-Ami? Autant l'auteur me dit quelque chose mais le livre pas du tout. Vous pouvez me le résumer dans les grandes lignes?» Puis me rendant compte que ma question pouvait paraître un peu trop celle d'un homme qui ne montrait pas tellement d'intérêt au livre, je me repris «Enfin, je pense qu'il y aura sans doute un résumé du livre au dos de ce dernier. Vous savez dans quelle section je peux le trouver? Histoire de ne pas me perdre pendant dix minutes à passer devant Molière, Boris Vian, comme je l'ai fait tout à l'heure.» Je lui adressais un sinolensourire tout en pliant la liste en quatre avant de la remettre dans ma poche, je pris soin d'entasser les libres délicatement les uns sur les autres en les glissant vers elle, histoire qu'elle puisse me les garder de côté pendant que j'irais chercher le livre.