valentine's day -r.

Tu avais eu peur d'être grillée l'autre soir quand il était rentré et que tu t'étais retrouvée coincée dans ton short, tu n'arrivais pas à faire glisser la fermeture mais tu avais réussi à fermer la porte avant qu'il ne puisse entrer, prétextant un truc du fille pour ne pas éveiller ses soupçons. Tu avais fini par tout cacher entre deux serviettes dans le placard. Jusqu'au jour J, il ne devrait pas y avoir de soucis. Et il n'y en avait pas eu. Tu avais passé la journée à la maison, cuisinant. Rien que là, il serait fier de toi parce que tu n'étais vraiment pas la pro des fourneaux. Pour le dessert, tu n'avais pas cherché bien loin, achetant des fraises et de la chantilly. Ce n'était pas parce que vous étiez mariés qu'il ne fallait pas pimenter la soirée. Et pour le repas, tu voulais cuisiner quelque chose de raffiner mais il fallait se rendre à l'évidence. Tu ne le pouvais pas. Tu n'allais quand même pas faire comme quasiment tous les soirs et commander quelque chose à manger. Tu allais réaliser une pizza. Ta pizza. Tu avais recommencé la pâte au moins six fois avant d'en obtenir une bonne. Tu avais bien sûr tout nettoyé avant qu'il ne rentre, enfilant ton petit costume pour la soirée. La clé tournait dans la porte et tu l'attendait derrière celle-ci. « Surprise ! » criais-tu en tenue de Lara Croft. Tu avais été dans les détails, peaufinant la tresse, voulant la faire avec tes cheveux et éviter d'acheter une perruque. « Joyeuse saint Valentin ! » Tu t'approchais de lui, un grand sourire en coin. Tu savais ce qui faisait plaisir à ton mari. Il t'en avait déjà parlé, il voulait voir du burlesque geek, le concept était assez intéressant. Moins flippant qu'un vulgaire strip-tease dans un club. Tu avais pris des cours pour manier ton corps sur une barre de pôle dance même si par cours tu entendais une seule séance parce que tu n'avais pas réussi à gérer ta maladresse. Au lieu de ça - et surtout parce que tu n'avais pas eu l'envie d'installer une barre en plein milieu de votre chambre à coucher - tu avais pris quelques cours de danse. Surtout pour apprendre à bouger ton corps au rythme de la musique et avoir l'air un tantinet sexy.

L’autobus arriva enfin à l’arrêt de la rue de Nelligan et Lily-Anaëlle. Ça lui faisait encore étrange de débarquer ici, à tous les soirs, alors qu’il avait traversé tellement d’étapes de sa vie par rapport à cette maison. D’abord, elle avait été un lieu qu’il ne fréquentait pas, puisqu’il ne parlait plus à Lily-Anaëlle. Ensuite, elle avait été la maison dans laquelle il avait sa chambre, alors qu’il n’avait nulle part ailleurs où aller après que son ancienne colocation se soit désagrégée. Puis, elle était redevenue la maison dans laquelle il ne pensait plus jamais remettre les pieds quand Zach et Lily-Anaëlle y vivaient en tant que couple. Aujourd’hui, alors que Nelligan marchait vers l’entrée, sac à dos tenant sur une seule de ses épaules, il s’avançait vers sa maison. Leur maison. Il espérait que c’était ça, la fin de l’histoire. Qu’il n’y aurait pas d’autres chamboulements excepté qu’ils doivent l’agrandir pour y accueillir une famille. Il espérait qu’ils vivraient vieux, tous les deux, dans cette maison. Le trentenaire s’arrêta un moment, sur le perron, pour chercher ses clés alors qu’il venait de se cogner à une porte verrouillée. Lily-Anaëlle était peut-être encore de finaliser quelques détails avec la librairie, elle avait eu beaucoup de pain sur la planche avec tous les travaux pour la réouverture. Il aurait voulu lui donner un coup de main, l’aider davantage qu’il ne le faisait présentement, mais entre les cours et son emploi d’étudiant pour aider à payer un minimum sa part, Nelligan n’avait pas vraiment eu le temps. Bref, il inséra la clé dans la serrure et rentra dans la maison, retrouvant Lily-Anaëlle derrière celle-ci. Vêtue en Lara Croft. Nelligan s’arrêta, surpris, la bouche entrouverte par l’étonnement. Il la regarda de bas en haut alors qu’elle criait : « Surprise ! » Un sourire niais se dessina sur les lèvres du nouveau marié. « Oh mon … Wow … » Il ne savait même plus s’exprimer. Réalisant que la porte était toujours ouverte derrière lui et que n’importe quel œil indiscret verrait sa Lily-Anaëlle dans cette tenue, il referma tout de suite la porte. Ce spectacle n’était que pour lui. « Joyeuse Saint Valentin ! » Il s’approcha lui aussi d’elle, réduisant rapidement la distance qui les séparait. Il admirait chaque détail de son costume, sans manquer de la trouver terriblement sexy. « Wow. Joyeuse Saint-Valentin, Lara. » Il rigola, avant d’embrasser son épouse. « Tu es … t’es canon. » Peut-être que si elle lui laissait une ou deux minutes, il allait pouvoir retrouver le contrôle sur lui-même parce que là, la vue qu’il avait sur Lily-Anaëlle l’abrutissait.

Il y avait bien un avantage à ce qu'il suive les cours du soir, c'est que tu pouvais prendre le temps de préparer quelque chose, pour le surprendre, pour lui faire plaisir. C'était plus gênant quand il y avait une série qui passait mais tu mettais sur pause et tu l'attendais sagement dans le canapé, le plat prêt à chauffer dans le micro-ondes. Vous aviez une vie assez calme et rangé, peut-être même rythmé par un début de routine. Mais tu avais tout pour être heureuse et tu l'étais. Tu n'avais pas besoin de plus, pas pour le moment. Tu y pensais parfois, surtout avec Lilas et sa petite Mélodie. C'était un désir bien ancré en toi depuis presque quatre ans maintenant, mais tu savais attendre. Tu n'avais pas envie de précipiter les choses. Même s'il serait sûrement tout aussi heureux que toi à cette idée. Ce soir il allait rentrer tard et tu avais une idée en tête. Une idée qui avait l'air de lui faire plaisir vu sa réaction. « Est-ce que je te plais comme ça ? » demandais-tu avec un fin sourire sur le visage. Bien sûr que tu devais lui plaire dans cette tenue. Toi qui avait longtemps hésité parce que tu avais peur d'être ridicule, qu'il se moque de toi, tu avais fini par te jeter à l'eau. C'était ton mari et jamais il ne pourrait se moquer de toi sauf si en grande maladroite tu venait à tomber dans une fontaine. Mais ce serait la situation qui rendrait ça drôle, pas toi. Il ne semblait pas trouver ses mots, réduisant la distance qui vous séparez. Il t'appelait Lara et tu trouvais ça amusant. Au moins ton costume n'était pas raté. Bon il avait été fait par un professionnel, mais puisque toutes héroïnes ont l'air d'être habillé pareille de nos jours, tu avais toujours un doute toi. « J'espère que tu n'es pas trop fatigué, j'ai une surprise pour toi. » Tu l'embrasses avec fougue. Être dans la peau de cette héroïne te donnait le sentiment d'être une autre personne. De pouvoir faire autre chose que ce que Lily ferait. D'être plus joueuse, plus provocatrice dans ta façon d'être. Tu retirais son manteau, l'invitant à s'installer sur le canapé.

Cette routine avec Lily-Anaëlle qui s’était installée était tout ce que Nelligan avait toujours désiré, au fond. Il n’avait jamais été l’homme à rêver trop grand, à avoir des désirs qui dépassaient la raison. Il ne voulait pas la Lune, il voulait seulement celle qui était en quelque sorte son propre soleil, et vivre une vie illuminée à ses côtés. Qu’ils aillent au restaurant à chaque semaine ou qu’ils passent leurs week-ends enfermés à faire des marathons de téléséries sur Netflix n’importait que très peu à Nelligan, parce que c’était la présence de son épouse qui rendait les minutes précieuses, pas l’activité en tant que telle. En raison des conditions actuelles de leur budget, ils ne pouvaient pas forcément se permettre de dépenser à tout bout de champ, alors ils étaient plutôt tranquilles depuis le mariage. Ce dernier avait déjà coûté assez cher, avec leur voyage de noces en plus. Ce moment magique était suffisant pour entretenir le bonheur de Nelligan pour le reste de l’année, même s’ils ne se gâtaient pas davantage d’ici-là. Enfin, ce soir, il était loin de se douter que Lily-Anaëlle lui prouverait qu’il y avait moyen de rendre une soirée banale à la maison en soirée assez drôle et excitante à la fois. En effet, quand il rentra chez eux, quelle ne fut pas sa surprise de retrouver son épouse en torride petite tenue de Lara Croft. « Et comment que tu me plais ! » S’exclama-t-il avec un grand sourire ébahi. Il s’approcha d’elle, la distance entre lui et cette magnifique héroïne de jeu vidéo se faisant de plus en plus difficile à supporter. Il ne manqua pas de l’appeler Lara, pour souligner la réussite du costume. « Si j’étais fatigué, je ne m’en souviens plus. En tout cas je ne le suis plus du tout. » Il avait plutôt hâte de voir quelle était la surprise, parce que son costume en était déjà une très belle et c’aurait été suffisant pour marquer le coup de cette première Saint-Valentin en tant que mariés. Ils s’embrassèrent avec passion, parce qu’elle ne s’était toujours pas éteinte contrairement à ce que certains pensaient du mariage. Lily-Anaëlle contourna l’homme pour lui retirer son manteau et le tira jusqu’au canapé, où il s’installa en se calant légèrement dedans, ne quittant pas sa femme des yeux.

La soirée risquait d'être prometteuse. A condition bien sûr que tout se passe comme tu l'avais prévu. Pourtant il y avait toujours une petite crainte au fond de toi, celle qui te poussait à croire que tu allais faire tout foirer parce que c'était comme ça. Celle qui te poussait à te rendre à l'évidence, tu étais tellement maladroite et gauche que tu n'arriverais pas au bout de la soirée sans manquer de passer quelques heures à l'hôpital. Et pourtant, tu avais envie de chasser cette idée de ton esprit. Il s'installait dans le canapé, t'affirmant que s'il était fatigué, maintenant, il ne l'était plus. Un sourire se dessinait sur ton visage en entendant ses quelques mots. Installé confortablement dans le canapé, il ne te quittait pas du regard. Il te dévorait même. Tu étais vraiment ravie de ton idée. Tu attrapais une télécommande pour mettre en marche la station d'accueil. Tu avais une clé usb préparée avec quelques musiques et des idées pleins la tête. Tu savais que ça n'allait pas coller au personnage choisi mais tu la trouvais quand même plus sexy qu'un petit bonhomme blond avec un chapeau vert. Pourtant c'était la musique de Zelda Ocarina of time qui jouait en fond sonore. Tu le laissais assis sur le canapé, reculant un peu pour aller sur le côté gauche du canapé, ton côté gauche où se cachait une épée. Une réplique d'épée parce que tu ne voulais pas te blesser ou même le blesser. Tu te mettais face à lui, manipulant quelques secondes l'arme en question. Un gros what the fuck devait se dessiner dans son esprit, mais tu étais concentrée sur ta chorégraphie. Un large sourire sur le visage, parce que tout se passait bien. Tu jetais l'épée doucement sur le côté, pour te mettre à danser maintenant, remuant légèrement le bassin comme tu l'avais appris lors de tes quelques cours, ces dernières semaines.

En entendant l’état de fatigue de Nelligan, qu’il n’arrivait même plus à évaluer tellement la vision de Lily-Anaëlle habillée en Lara Croft éveillait tous ses sens, un sourire se dessina sur les lèvres de sa douce. Automatiquement, les lèvres de Nelligan s’étirèrent à leur tour, rien qu’à la voir aussi heureuse. Et aussi belle. Et sexy et sensuelle. Certes, il la trouvait magnifique dans tous les contextes, mais il devait avouer qu’elle avait mis le paquet pour la Saint-Valentin et ce n’était pas pour lui déplaire. Oui, il la dévorait du regard. Sans aucune gêne. Elle était sa femme, son épouse à lui, et il n’arrivait pas à le croire quand il se trouvait dans de telles situations. Il était tellement chanceux. La jeune femme attrapa la télécommande posée sur la table du salon et alluma une musique que Nelligan reconnut bien rapidement. C’était la trame sonore de Zelda, Ocarina of Time, plus précisément les rythmes du clan des Gerudo, ces femmes fortes et fières qui n’acceptaient aucun homme entre les murs de leur cité. Nelligan avait la chance d’en avoir une, une Gerudo, devant lui, mélangée à des airs de Lara Croft. De quoi faire rêver n’importe quel geek. Ça ne faisait pas que rêver Nelligan. Il ressentait pas mal de choses en ce moment, en la regardant, et quand elle sortit une épée, Nelligan porta une main à sa bouche en riant et en ayant l’air bien surpris. Il l’était. Elle avait tout orchestré ça à la perfection. Le trentenaire ne la quittait pas du regard alors qu’elle maniait l’épée avant de la laisser tomber sur le côté pour se concentrer sur de nouveaux mouvements de ventre et de bassin. « Mais où est-ce que t’as appris à danser comme ça !? » S’exclama-t-il, n’ayant pu retenir sa surprise continuelle. Il se tut toutefois bien vite de nouveau, voulant profiter de ce spectacle. Il allait devoir se rattraper, ce soir, parce que son cadeau de Saint-Valentin était bien loin d’être aussi parfait. Lily-Anaëlle savait toujours exactement quoi faire pour le rendre heureux, et elle le faisait, jour après jour.

On pouvait dire que tout se déroulait sans accroc. Pas la moindre chute, peut-être quelques faux pas sur ta chorégraphie mais puisqu'il ne la connaissait pas, il ne pouvait pas le savoir et tu avais tenté de ne pas le montrer. Te tromper ce n'était pas grave parce que l'important c'était l'effort que tu faisais pour essayer de rendre votre première saint-valentin de jeunes mariés, unique. Vous en aviez connus en étant plus jeune et ça avait été une soirée banale, avec un restaurant, une rose et des galipettes une fois à la maison. Tu voulais montrer que tu n'étais plus la même Lily qu'il y a dix ans, que tu étais capable d'essayer de nouvelles choses, que tu étais capable de te mettre à nue. Littéralement parlant. Tu esquissais un grand sourire en entendant sa question. Tu aurais pu répondre que l'alcool t'avait aidé à te trouver du courage mais tu n'avais pas une seule goutte dans l'estomac. Tu t'avançais doucement vers lui, agitant un peu plus rapidement le bassin. Devant lui, tu attrapais l’élastique de ta natte pour le retirer. Une main dans les cheveux tu les agitais doucement pour te donner un air un peu plus sauvage. Lara sans tresse ce n'était plus Lara, mais ce soir, tu n'étais pas que Lara. Ce soir, tu étais une tigresse. Tu venais t'asseoir sur ses genoux, passant un main dans ses cheveux à lui. Un baiser au coin des lèvres, un autre sur la joue et un dernier juste avant son oreille droite. « Je suis pleine de ressources, tu viens d'épouser un coffre au trésor, chéri ! » soufflais-tu au creux de son oreille. Bon, peut-être que la métaphore n'était pas la meilleure que tu aurais pu faire mais tu avais pris ce qui t'étais venue à l'esprit. Ça aurait pu être pire, tu aurais pu être le sac de Mary Poppins. Un coffre au trésor, au moins, ça avait le mérite d'être encore raccord avec le thème de la soirée.

Pour être une surprise, c’en était toute une. Des plus agréables, d’ailleurs. Il avait rarement vu ce côté-là de Lily-Anaëlle, comme quoi ils avaient beau se connaître depuis qu’ils étaient des adolescents, ils avaient encore bien des choses à apprendre l’un de l’autre afin de se connaître par cœur, sur le bout de leurs doigts. Plus jeunes, jamais la brunette ne se serait adonnée à un tel spectacle. La timidité les habitait tous les deux, à l’époque, et même s’ils avaient développé une certaine intimité l’un avec l’autre, sans doute que l’âge et l’expérience avec d’autres personnes leur permettaient à tous les deux, aujourd’hui, d’amener cette intimité et cette complicité à un tout autre niveau. Ils avaient gagné de la confiance en eux, aussi, malgré leur côté timide qui ne les quitterait jamais totalement. C’était magnifique de la voir évoluer de cette manière-là, de voir des ailes lui pousser et de la suivre dans ses changements. Dans sa prise de confiance. Le sourire de Nelligan ne s’estompait pas, au contraire même il ne cessait de grandir plus Lily-Anaëlle se rapprochait de lui. Elle porta sa main à ses cheveux et défit sensuellement la natte, les agitant ensuite pour faire d’eux une crinière sauvage. La jeune femme vint alors s’asseoir sur les cuisses de Nelligan et, suite à sa question posée un moment plus tôt, elle vint lui murmurer qu’il avait épousé un coffre au trésor. Son sourire niais lui donnait sans doute l’air idiot, mais il était tellement comblé et aux anges qu’il ne se souciait pas vraiment de ce à quoi il ressemblait. « Verrais-tu un inconvénient à ce que je te retire au moins le bas de ton costume, maintenant ? » Demanda Nelligan, un peu intimidé, surtout par l’attitude de Lily-Anaëlle qui lui donnait l’impression d’être soumis à l’héroïne d’un de ses jeux vidéo d’enfance. Ce qui n’était pas désagréable, soit dit en passant. De toute façon, à être assise sur lui, Lily-Anaëlle devait bien avoir senti à quel point sa danse avait fait ses effets sur son mari.

Assise sur lui, tu sentais beaucoup de choses. Son pouls qui avait un rythme assez élevé, son pantalon qui dessinait une jolie bosse. Tu avais su le charmer et tout ça sans maladresse. Tu regardais l'homme, heureuse qu'il soit ton homme. Heureuse d'avoir réalisé cette surprise. Amoureuse et heureuse, il n'y avait rien qui pourrait t'arrêter maintenant que tu étais sur le chemin du bonheur. « Seulement si tu enlèves ton t-shirt. » Un sourire se dessinait au coin de tes lèvres. Tu te relevais, attrapant ses mains pour le relever avec toi. Tu glissais tes mains sous son chandail, te hissant sur la pointe des pieds pour lui voler un baiser. La danse était finie, il était temps de passer aux choses plus sérieuses. Tu attrapais le bas du tissu le relevant pour lui enlever, le jetant derrière toi. Tu lâchais son corps, reculant d'un pas, pour reprendre ta danse. Tu lui indiquais de te suivre vers la chambre sans dire quoi que ce soit. Une fois la porte fermée, pour les curieux qui voudraient savoir ce qu'il se passait, si on tendait l'oreille, on pouvait entendre un festival de « oui », de « oh », ou encore de « ah ». Un véritable feu d'artifice. « As-tu un creux ? J'ai.. Et merde ! » Sans réfléchir plus longtemps, tu attrapais le drap du lit, courant jusqu'à la cuisine. Tu ouvrais le four et un filet de fumée s'en échappait. Juste derrière toi, Nelligan ne devait pas comprendre ce qu'il se passait. « Je crois qu'elle est légèrement cramée.. » ajoutais-tu avec un léger sourire pour essayer de dédramatiser la situation. La pizza était noire, carbonisée même. Tu fermais les yeux pendant un instant, ce n'était peut-être pas grand chose mais au final, tu avais quand même réussi à faire foirer quelque chose. Comme à chaque fois que tu entreprends un projet.

Si enlever son propre t-shirt était la seule condition pour la déshabiller à son tour, Nelligan n’hésiterait pas une seule seconde. Surtout pas devant elle, elle qui l’acceptait et l’aimait comme il était. Elle était bien la seule devant qui il arrivait aussi aisément à se mettre à nu, dans tous les sens du terme. Ses doigts glissèrent donc jusqu’au bas de son chandail, qu’elle souleva tranquillement, Nelligan ne quittant pas Lily-Anaëlle des yeux sauf lorsque le tissu passa devant ses yeux pour le retirer complètement, enfin. Elle l’attrapa par la main et, ses mouvements toujours aussi suaves, elle l’entraîna vers la chambre. Dans l’intimité de cette pièce qui cachait leurs plus beaux moments d’extase, les deux amoureux se fatiguèrent le corps à s’aimer, jusqu’à ce qu’ils s’abandonnent presque en même temps à cette euphorie intense et éphémère. Une fois allongés l’un à côté de l’autre, Lily-Anaëlle proposa de manger quelque chose avant de se lever en vitesse, sans explication. Nelligan fronça les sourcils et, après avoir enfilé rapidement un boxer, alla la rejoindre à la cuisine où un filet de fumée s’échappait du four. « Oh non ! » Lança-t-il, déçu surtout parce que les efforts de Lily-Anaëlle venaient littéralement de s’envoler en fumée, tout ça pour un léger changement d’horaire dû à leur instinct primaire. « Peut-être qu’on peut manger ce qu’il y a sur le dessus, et laisser la croûte … » Proposa-t-il en se rapprochant d’elle pour mieux voir. Mais tout était noir, carbonisé. Il éclata alors d’un rire franc et heureux. « Ouais, non, je vais carrément passer mon tour. » Il embrassa Lily-Anaëlle sur le dessus de la tête. « Ce n’est pas grave mon amour, on peut en commander une ? » Il savait que ça devait la décevoir, elle aussi. Elle qui avait prévu toute une soirée, elle qui avait sans doute mis la journée à répéter sa chorégraphie et préparer la pizza par elle-même.

La sortie de la chambre avait été rocambolesque. Franchement, tu pourrais le dire à toutes les femmes du monde entier, courir avec un drap n'est pas aussi facile que dans tous les films où ils le font. Parce que toi, tu avais manqué de glisser trois fois. Trois fois à échapper de justesse à une blessure qui pourrait s'avérer dangereuse. Pas le soir de la Saint-Valentin. C'est tout ce que tu demandais. Mais une fois devant la porte du four, ce n'est plus de la peur mais de la peine qui t'envahit. « Ma pizza ! » Tu pourrais pleurer sur le coup. Tu avais l'impression de voir tes efforts partis en fumée. Et pourtant, ce n'était rien qu'une pizza. Mais il y avait cette petite voix au coin le plus sombre de ton esprit, qui sortait parfois pour te donner tes petits mots doux afin de t'accabler davantage. Avant, tu te laissais happer par cette petite voix, mais aujourd'hui, tu pouvais la chasser, l'envoyer balader parce qu'il y avait un homme à tes côtés qui croyait en toi, qui t'aimais plus que tu ne pourrais te le représenter. Et avec ça, il n'y avait rien qui pourrait t'atteindre. « Je crois que c'est sans espoir ! » ajout'ais-tu en rigolant, concernant tes talents culinaires. Tu avais beau essayé, ça finissait plus souvent en catastrophe qu'en succès et ce n'était pas gênant, au moins, tu le savais et tu savais ce que tu valais dans ce domaine. « Oui, on à qu'à faire ça ! » Tu reposais le plat dans le four, te laissant aller dans ses bras. Aujourd'hui, c'était vraiment une très belle journée.

Ça lui brisait le cœur de voir Lily-Anaëlle aussi anéantie pour une pizza. Nelligan comprenait tous les efforts qu’elle avait mis dans cette soirée et il aurait aimé, lui aussi, que tout se déroule à la perfection. Enfin, selon ses plans à elle. Pour lui, peu importe que le repas soit cramé ou pas, la soirée était déjà notée d’un A+ qui resterait pour toujours gravé dans le dossier imaginaire de leur couple. Cette Saint-Valentin, Nelligan ne l’oublierait pas, non. Parce que son épouse lui avait prouvé, une fois de plus, qu’elle était parfaite pour lui. Finalement, quand le trentenaire avoua que le dîner semblait irrécupérable et qu’il ne s’y risquerait pas, ils éclatèrent tous les deux de rire. Lily-Anaëlle constata elle aussi le peu d’espoir qu’il restait face à sa recette. C’est alors qu’il proposa d’en commander une, à la place. Ce ne serait pas aussi bon qu’une bonne pizza faite maison et surtout avec amour, mais ça suffirait à remplir leurs estomacs et satisfaire leurs papilles gustatives. Ils se reprendraient, un jour ou l’autre, pour une pizza maison, préparée à deux. La pizza fut donc retournée dans le four, où elle refroidirait avant d’être tristement jetée aux poubelles. Nelligan accueillit sa femme à bras ouverts, l’embrassant sur le dessus de la tête avant de poser son menton à la même place et de la serrer contre lui. « On dit toujours que c’est l’intention qui compte, pas vrai ? » Il rigola doucement, avant d’attraper le téléphone portable de Lily qui traînait sur le comptoir de la cuisine. Il le déverrouilla et composa le numéro de la pizzéria, qu’ils connaissaient par cœur à force de toujours commander au même endroit. « Même chose que d’habitude ? » Demanda-t-il à la brunette alors que la sonnerie retentissait à l’autre bout de la ligne.

La déception était grande, elle se lisait sur ton visage. Evidemment, tu n'allais pas la cacher, tu avais prévue une soirée tout en détail avec des petites surprises pour pimenter votre vie, pour changer un peu du quotidien. En plus, tu aurais vraiment aimé avoir réussi dans tous les domaines. Mais il sait te rendre le sourire, il sait te remonter le moral. Ce n'était pas la fin du monde, au fond et il appréciait le geste. « Oui, c'était pas mal comme soirée, n'est-ce pas ? » demandais-tu avec des petits yeux de biches, espérant que la seule réponse qui sorte de ses lèvres soit un oui. Peut-être quelque chose de plus nuancé, mais tout sauf un non. Il ne serait pas assez bête pour te dire non, mais tu ne pouvais t'empêcher d'imaginer une telle situation. Le manque de confiance, le besoin d'être constamment rassuré. Ce n'était pas idéal comme situation à vivre mais tu faisais avec depuis si longtemps que tu ne savais plus comment faire autrement, lorsque tu étais seule par exemple. Bien que maintenant, tu ne serais plus jamais seule. Tu n'avais plus de doute à avoir, ton avenir était tracé, dessiné et tu savais ce qu'il te réservait. Il ne manquait plus que la petite famille à fonder et ça se ferait au fil des années. « Peut-être que la Lara en moi aimerait essayer autre chose ce soir ! » Tu avais envie de garder le petit grain de folie que tu avais eu plus tôt dans la soirée, lorsque tu avais planifié la danse, le costume, et le déroulement de la soirée. Après tout, ce n'était pas tous les jours que tu pouvais être quelqu'un d'autre que Lily, et maintenant que tu te sentais reboostée,
tu voulais continuer ce petit jeu toute la soirée.

Ses petits yeux de biche auraient suffi à eux seuls à rendre cette soirée agréable, mais Lily-Anaëlle avait déjà mené leur St-Valentin à un tout autre niveau. Cette chorégraphie, Nelligan avait bien pris soin d’en enregistrer chaque déhanchement, chaque geste sensuel, question de se le passer encore et encore en mémoire. Il s’accrochait, comme ça, à un tas de moments passés avec Lily-Anaëlle – le jour de leur mariage étant évidemment l’un des plus hauts dans la liste. « Pas mal est bien faible, comme description. » Il s’approcha de sa femme et posa ses lèvres sur les siennes, l’enlaçant de ses longs bras qui faisaient facilement tout le tour de son corps. « Cette soirée était inoubliable … Ma meilleure Saint-Valentin à vie. » La première qu’ils passaient ensemble depuis leur réunion. Adolescents, ils avaient eu une de ces Saint-Valentin clichées, avec un Nelligan aux mains moites et aux roses trop chères payées. Ils avaient mangé du chocolat devant un film romantique, dans le sous-sol de la maison d’enfance de Nelligan. Celle que ses parents habitaient encore actuellement. Suite à cette étreinte, à ce réconfort dont Lily avait besoin après l’échec du repas, Nelligan s’empara de son téléphone et composa le numéro de la pizzéria la plus proche. Avant que le commis ne décroche, il avait voulu confirmer auprès de son épouse qu’elle désirait bien la même chose que d’habitude, mais pleine de surprises ce soir, elle le prit au dépourvu en proposant d’essayer autre chose. L’employé décrocha justement à l’autre bout. « Euh, oh ! … Euh, ok ! » Balbutia-t-il avant d’attraper le menu dans le tiroir dans lequel ils rangeaient tous les dépliants des restaurants de livraison. Il ferma les yeux et pointa aléatoirement un numéro de pizza. « Une numéro 23, en livraison, s’il-vous-plaît ! » Dit-il en regardant Lily-Anaëlle avec un air amusé et surpris à la fois. Si c’était ça, vivre l’aventure, pour eux, ils partaient de bien loin comparativement à d’autres ! Nelligan donna toutes les informations nécessaires pour la livraison et raccrocha. « La pizza suisse. Bananes, ananas, curry et jambon fumé. » Nelligan éclata de rire. « J’espère que la Lara en toi est satisfaite ! » Ça promettait d’être toute une expérience.

La façon dont son sourire s'élargissait sur son visage et sa façon dont il te remerciait. Tu étais aux anges. Mais tu n'étais pas d'accord avec ce qu'il venait de dire. Tu avais peut-être essayé quelque chose de nouveau pour votre première saint-valentin en tant que mari et femme. Mais tu savais aussi que ce ne serait pas la dernière. Vous auriez sûrement d'autres soirées comme lorsque vous aviez quinze ans, sauf que cette fois, vous n'iriez pas dans sa maison de famille et qu'il n'aurait pas les mains moites. Pour le reste, ça serait à l'identique. Mais tu savais aussi que tu ferais en sorte d'en pimenter quelques unes pour casser la routine qui pourrait prendre place. Bien que tu aimais ça, la routine. « Tu devrais plutôt dire, la première d'une longue série ! » Tu affichais un grand sourire coquin sur le visage. Tu n'avais pas d'idée en tête pour la prochaine fois, mais tu avais aussi une année devant toi avant que cela ne se réalise. D'ici là, tu avais le temps de fouiller, de tâter le terrain. Tu le laissais commander la pizza, les yeux clos. Après quoi, il regardait le détail de cette fameuse pizza. « Elle est suisse mais y a même pas de chocolat dessus. » C'était un gros cliché. Mais en même temps, une pizza avec du curry et du chocolat, ça ne serait pas très bon. Tu savais que tu avais parfois des goûts étranges, mais tu ne mélangerais jamais le chocolat et le curry. Malgré tout, la pizza énoncée te plaisait. « C'est parfait, tu es parfait. » Tu affichais un grand sourire, te hissant sur le pointe des pieds pour venir l'embrasser. Tu laissais tomber le drap qui t'enveloppait, pour venir glisser tes bras autour de son cou. « Lara est très satisfaite ! » Tu l'embrassais une nouvelle fois, collant ton corps nu au sien. Le temps que le livreur arrive, vous aviez bien une vingtaine de minutes à mettre à profit.