Encore dehors. Pensera la voisine, petite femme haute comme trois pommes. Elle ira se dire ça, comme pour annoncer,
encore dehors, mais pour quoi faire ? Très bonne et triste question que celle ci.
Dehors, meme pendant les vacances,
dehors, meme quand il vient a pleuvoir, quand le temps se couvre et que justement, plus personne n'y va,
dehors. J'aime ces rues calmes, froides et sans un bruit. Ces rues aux allures de fin du monde. Ces instants suspendus ou plus aucun souffle de vie ne semble exister.
Les gens hurlent chez eux, aujourd'hui. Pleurent plus silencieusement, et rient entre quatre murs. La pluie s’abat sur le velours de ma veste, un frisson dans l'échine. Qu'importe. J'ai besoin d’être la. Seul, sous une pluie torrentielle. Elle se calmera, après tout, toutes les folies se terminent un jour ou l'autre.
Qu'est ce que je fou la ? me murmure une voix. L'une de ces voix, qui ne me quitte pas. L'une de ces voix qui m’empêche de dormir la nuit. Qui me donne des envies, lâches et sordides. Ces voix qui se bousculent, s'entrechoquent et se blessent constamment les unes aux autres. Une dizaine de consciences différentes dans un seul etre.
Ne fais pas ça, dit l'une, mais
si fais le, rétorque une autre. Encore et encore.
Rentres a la maison, vient me dire l'une d'elles. Trop tard. Je me suis deja bien trop éloigné de mon modeste appartement. Qu'importe la pluie, et le fait que demain, je risque de tomber malade a cause de ça. Qu'importe le fait que je risque d'entrer dans le premier bar qui pourrait me faire face. Qu'importe si je regrette. J'éteins tous, toutes ces petites consciences qui fourmillent dans mon crane.
Je pousse la porte du bars. La pluie se calme, lentement mais, surement. Quand je sortirai d'ici, le sol risque d’être deja bien sec. Instinctivement, je me pose au comptoir. Une bière.
Une seule ! Hurle l'une des voix. Je soupir un grand coup. Attendant mon verre en espérant avoir le courage d'en faire le premier de la soirée, autant que le dernier. Mon dieu, de qui je me moque. Je vais en boire un, deux, trois, ma tete risque de tourner, pas grave, cinq, sept, je risque de tomber. Mais, s'il vous plait, si je tombe, que je m'ouvre le crane au passage.
Quand je bois, je perd ma langue. Comme coupée par un petit démon. Je bois, juste, l'air ailleurs. Partagé entres mes souvenirs enfantins, et ma nostalgie profonde de la campagne Anglaise. Partagé entres tous ces sentiments négatifs. Voila pourquoi je ne parle pas, quand je bois. L'alcool délie la langue, ne le saviez-vous dont pas ? Hors de question de raconter ma pauvre vie. Hors de question de me rabaisser a ce point la. Je me fais encore plus froid qu'a l'accoutumé. Dans ma bulle, quoi que plus dans une armure de fer blanc qu'autre chose. Le regard rivé vers mon verre. Oubliant ce qui m'entoure pendant l'espace d'un instant.