un visage connu

Après ces longues journées passées à la maison, on avait fini par leur annoncer qu'ils n'étaient pas les seuls à participer à la Love Experience. Annushka s'était donc mise en quête de savoir qui est-ce qu'ils avaient rejoint, se demandant si c'était des personnes qu'elle pouvait connaître ou non, et une fois arrivée dans la cuisine, elle se retrouva nez à nez avec Xavier. Reconnaissant son visage, un sourire étira ses lèvres. Elle ne s'attendait pas à le voir mais elle était réellement heureuse de le retrouver !

-Vous ici ! Je suis vraiment contente de vous voir !

Certes aujourd'hui elle n'arborait pas une de ses robes, elle ne les avait pas emmené pour l'expérience, mais si elle avait pu, elle ne porterait que des vêtements faits pas lui. Enfin, ça reviendrait un peu cher, mais passons. Elle passa une main dans ses cheveux, rougissant soudain, se demandant si elle ne l'avait pas mis mal à l'aise. Après tout, peut-être que lui n'était pas particulièrement heureux de la voir.

-Je... euh.. Vous voudriez que je nous fasse quelque chose à manger ?

Te voilà arrivé dans cette nouvelle maison. Tahlia avait proposé de vous installer le temps que le reste des candidats arrivent ou que le reste de leur candidats ne se lèvent. Tu avais décliné l'offre. Tu avais besoin de prendre un verre d'eau, de prendre un peu de recul face à la situation nouvelle. C'était un peu perturbant maintenant. Et encore, tu n'avais pas vu la suite de l'aventure. Il y aurait sûrement d'autres surprises comme celle-ci. Il y en avait d'ailleurs une pour toi lorsque tu arrivais dans la cuisine. Annuhska. Elle était là, tu te figeais sur place. « Je pensais exactement la même chose ! » Tu étais vraiment ravi de la revoir. Le premier visage connu depuis le début de l'aventure. Le seul même pour le moment. Au moins, tu pourrais te sentir moins seul. Tu ne l'imaginais pas vraiment ici, prenant part à ce genre d'expérience, mais elle devait penser la même chose pour toi. « Comment allez-vous ? » demandais-tu sans la quitter du regard. Tu avais l'impression que c'était une illusion. La seule personne que tu connaissais dans cette maison, tu n'avais pas envie qu'elle échappe à ton regard et qu'elle disparaisse.  « Seulement si je peux vous aider. » Tu esquissais un large sourire, t'approchant d'elle pour lui venir en aide si jamais elle acceptait ta proposition. Jamais de ta vie, tu ne laisserais une femme seule te cuisiner un truc à manger. Tu trouvais que ça faisait gros macho et c'était une image que tu abhorrais.

Annushka eut un large sourire alors que Xavier lui disait qu’il pensait la même chose. Elle ne devait pas tellement l’importuner alors, c’était toujours quelque chose dont elle avait peur. Elle savait que tout le monde n’appréciait pas trop qu’il lui arrive d’être tactile ou même enthousiaste. Peut-être qu’elle avait un peu peur d’être rejetée aussi.

-Je vais bien. Cette situation est un peu… étrange. Mais on est nourris et logés alors je crois qu’on n’a pas trop à se plaindre.

Elle n’avait pas vraiment eu de mésaventure. Même si elle n’était pas forcément à l’aise avec tout le monde, la plupart des habitants de la maison semblaient gentils. Elle n’avait eu de problème avec personne. Alors non, décidément, elle n’avait pas à se plaindre.

-Et vous ? Comment vous vous sentez ?

Peut-être que dans l’autre maison ils n’avaient pas vécus la même chose. Et peut-être qu’il avait eu des problèmes avec certains membres de son groupe, ou au contraire des affinités. Annushka était assez curieuse mais elle n’osait pas demander.
Elle lui proposa alors de faire à manger et eut un sourire ravi quand il lui proposa son aide. Elle aimait bien cuisiner avec quelqu’un, elle trouvait que c’était une activité saine qui resserrait les liens.

-Oui d’accord ! Que pensez-vous d’une soupe ? Ou bien d’une ratatouille ?

Tu l'écoutais te dire que c'était étrange. Pour toi aussi, ça l'était. Elle avait raison sur le fait que vous étiez nourris et logés, mais au fond, c'était tout de même assez loufoque. Surtout qu'on en oubliait vite les caméras. Tu avais mis deux jours à t'en souvenir, mais ce n'était pas gênant puisque tu n'avais rien fait de compromettant pendant ces deux jours, tu avais passé ta journée à attendre, à réaliser quelques croquis, dans ton coin. « Oh, mais je ne suis pas sûr que l'amour sera au rendez-vous. » ajoutais-tu doucement. Tu étais venu pour ça, pour le trouver, mais depuis ton arrivée dans la maison, tu n'avais pas vraiment joué le jeu à fond. Peut-être que tout ça allait changer maintenant qu'il y avait Annushka. C'était une femme charmante, une femme qui ne te laissait pas indifférent, tu devais l'avouer. Peut-être parce qu'elle était une ancienne ballerine et que tu l’idolâtrais. Après, il ne fallait pas t'emballer, ce n'était pas parce que de ton côté c'était le néant, que c'était de même pour elle. « Bien, bien, je suis bien content de vous rejoindre ! » Tu ne savais pas si elle avait connu du crêpage de chignon dans son aventure, mais en ce qui concernait la tienne, tu savais qu'il y avait eu un peu de remue-ménage chez les femmes et dans ton dortoir à toi, la tension avait grimpé entre Dustin et Woody. Tu n'avais pas cherché à en savoir plus, mais tu n'aimais pas l'ambiance qui avait régné ces deux dernières semaines. L'idée d'avoir de nouvelles têtes pour les deux semaines à venir, allait être vraiment sympathique. Il y aurait même la possibilité pour Woody et Dustin de se laisser plus de distance. « Oh, alors si vous savez faire une ratatouille, vous allez gagner mon cœur ! » Tu esquissais un grand sourire, c'était un plat de chez toi, un plat de ton enfance. Tu n'en avais pas mangé beaucoup parce qu'à l'orphelinat il y en avait une fois par an et encore, mais en grandissant, tu avais su maîtrisé l'art d'en réaliser une. C'était à ne pas s'y méprendre, ton plat favori sur terre. Tu aimais la bonne nourriture, mais la ratatouille par dessus tout.

A sa remarque, Annushka se mordit l'intérieur de la joue. Oui, il avait raison. Pendant ces derniers jours elle avait presque oublié pourquoi elle était là. L'amour... Elle avait tenté cette aventure sans trop y croire. Et elle n'y croyait toujours pas vraiment. Peut-être encore moins.

-Non c'est vrai, mais ça fait quand même de belles rencontres.

La brunette eut un sourire attendri quand il lui dit être content de la rejoindre. Elle était bien heureuse de se retrouver avec quelqu'un qu'elle connaissait, et qu'elle appréciait bien sûr.

-Moi aussi. C'est agréable.

L'ex ballerine se mit presque à sautiller alors qu'il semblait heureux qu'elle sache faire une ratatouille. S'il y avait bien une chose dont elle était fière, en dehors de la danse, c'est son savoir en cuisine.

-Oui je sais ! Mais ce n'est pas forcément très difficile vous savez...

Elle vint ouvrir le réfrigérateur, sortant un à un les légumes qui pourraient leur servir avant de les étaler sur les tables puis de fouiller dans les placards pour trouver une planche à découper. Mais au bout d'une demi seconde elle tourna un regard de détresse vers Xavier.

-Je suis un peu trop petite pour chercher ce que je veux dans ces placards... Vous pouvez me trouver une planche à découper ?

« Et pour certains, ça réveille de vieilles rancœurs. » Tu faisais mention de ce qui s'était passé dans votre chambre mais sans en dire plus. Après tout, ce n'était pas tes affaires et encore moins les siennes. « Ce n'est pas vrai ! La ratatouille c'est tout un art. » Et en tant que pur français, tu pouvais te permettre de dire ça. C'était facile de faire une ratatouille oui, mais il fallait y mettre du cœur si on voulait obtenir une recette parfaite. Tu voulais vraiment y mettre ton cœur et faire en sorte de retrouver chaque saveur que tu avais pu connaître lors de ton enfance. « C'est comme si c'était fait. » Sans plus attendre, tu attrapais une planche à découper dans le placard pendant qu'elle réunissait les légumes. Et tu ne t'arrêtais pas là. Tu prenais aussi un grand couteau, un épluche légume et une grande marmite pour faire tout cuire. « Et voilà. » Tu avais tout déposé sur la table à côté des légumes et tu la regardais avec un sourire satisfait. « Je crois qu'on a tout ce qu'il nous faut, par quoi voulez-vous commencer ? » Il y avait plusieurs façons de commencer les choses. Chacun faisait à sa guise. Toi c'était l'ail et l'oignon en premier, pour d'autres c'était éplucher les courgettes. Et certains ne les épluchaient même pas.

Annushka leva un regard intrigué vers Xavier. De vieilles rancœurs, de quoi parlait-il ?

-Il y a eu des disputes de votre côté ?

Du leur, la brunette n’avait rien relevé. Mais il faut dire qu’elle n’était pas toujours très observatrice, et qu’elle n’était pas du genre à se mêler aux conflits. Elle eut un doux sourire quand il lui dit que la ratatouille était un art. Elle avait peu l’habitude de parler cuisine avec des hommes. Elle trouvait ça un peu étrange, quelque part, mais c’était agréable.

-La cuisine est un art, je dirais.

Elle sourit d’autant plus quand il commença à sortir tout l’attirail nécessaire. Xavier était réellement un ange. Elle avait soigneusement étalé les légumes sur la table et hocha la tête quand il lui dit qu’ils avaient tout le nécessaire.

-Je propose de commencer par éplucher les légumes. Ça vous va ?

Xavier semblait connaître et sans aucun doute aimer ce plat. Elle était donc prête à s’adapter s’il avait une autre méthode. Elle était toujours prête à apprendre, même d’un homme en cuisine.

-Je ne suis d’ailleurs pas sûre de connaître le nom de tous les légumes en anglais…

Elle faisait elle-même ses courses et achetait beaucoup de légumes, ça ne faisait aucun doute. Mais elle voyait bien à leur aspect de quoi il s’agissait, elle ne faisait jamais attention à ce qu’il y avait de noté sur l’étiquette. Parfois elle se disait qu’il faudrait qu’elle reprenne quelques cours.

Forcément, elle avait deviné ce que tu avais essayé de lui dire et tu hochais vigoureusement la tête. « Pour être franc, oui. Et du côté des hommes ! » Pour signaler que ça ne se faisait pas toujours du côté des femmes. Même si de ce que tu avais pu comprendre, il y avait eu des petites tensions aussi chez les femmes. Pas au point d'en venir à la force et de tout péter dans la maison, mais assez pour mettre une mauvaise ambiance. Une ambiance pesante et lourde. Ces deux semaines dans ta maison, ça n'avait pas été la folie. L'idée de passer la fin du séjour dans une autre maison t'enchantait vraiment. Et de pouvoir la passer avec Annushka encore plus. C'était une jeune femme qui t'intriguait beaucoup dans sa façon d'être, dans sa façon de s'exprimer, dans sa timidité. Et puis, vous aviez des choses en communs, au moins ça pouvait permettre d'ouvrir plus facilement une discussion. « Vous marquez un point. » Tu laissais un sourire apparaître sur ton visage pendant que tu attendais qu'elle te donne les consignes. Tu avais ton idée en tête mais tu ne voulais rien imposer et suivre sa façon de faire. « Je m'occupe des oignons et vous des courgettes dans ce cas. » Tu attrapais déjà le premier oignon pour lui retirer sa première couche. Tu allais avoir les larmes aux yeux parce que ça te faisait toujours ça mais tu n'avais pas honte de te retrouver ainsi face à elle. Bien au contraire. « Pas de soucis, vous n'aurez qu'à les désigner et je pourrais vous les dire si jamais. Vous les connaissez en russe ? » demandais-tu un peu curieux. Si c'était le cas, tu voulais bien savoir comment on appelait une courgette en russe, ou encore un poivron. Ce n'était pas important, mais tu voulais bien apprendre ce genre de détail.

Annushka ne comprenait pas vraiment pourquoi cette aventure déclenchait des disputes. Elle aurait dû plutôt rapprocher les gens. Mais elle savait que parfois mieux valait ne pas chercher à comprendre.

-C'est dommage.

La russe eut un léger sourire alors qu'il approuvait ce qu'elle disait. Au moins elle avait quelqu'un du même avis qu'elle, ça faisait plaisir.
Elle hocha d'ailleurs la tête quand il lui proposa de s'occuper des courgette et elle s'installa sur le plan de travail, l'épluche-légume à la main, commençant sa tâche alors qu'il se plaçait, lui, devant la planche à découper.

-Parfait !

Elle n'y avait pas pensé, mais en fait c'était Xavier qui avait la tache ingrate. Les oignons risquaient de le faire pleurer.

-Si vous voulez, j'ai quelques astuces pour que vous ne pleuriez pas...

Elle savait que c'était parfois peu agréable d'avoir les yeux qui piquent.
Elle eut un petit sourire quand il lui dit qu'il l'aiderait.

-Evidemment que je les connais en russe ! J'ai toujours aimé faire la cuisine. Je préparai des soupes avec ma grand mère, quand je n'étais pas en tournée.

Elle plaça une mèche derrière ses oreilles.

-Et vous, vous aimez faire la cuisine ?

Elle avait raison, c'était dommage que l'aventure fasse naître des tensions et des rancœurs, toi qui pensait que l'amour allait triompher de tout, partout, tu te trompais. Tu n'avais pas penser que pour certains, ça pourrait devenir un véritable combat de coqs. Peut-être parce que tu ne te considérais pas comme tel. Quoiqu'il en soit, tu haussais doucement les épaules, tu n'avais rien de plus à ajouter sur tout ça. Tu te concentrais sur elle, sur sa tâche, elle prenait les légumes doucement, comme si c'était fragile et mettait beaucoup de coeur à l'ouvrage. Ce qui te faisait sourire. Tu ne te rappelais pas la dernière fois que tu avais pris le temps de cuisiner comme ça, à la maison, tu avais Martha et même si tu ne voulais pas abuser de sa générosité, tu savais qu'elle s'occupait toujours de tes repas. « Oh, je n'ai pas peur de pleurer, vous savez ! » Tu ne voyais pas ça comme une faiblesse de pleurer devant l'autre et puis ce n'était pas comme si vous parliez de choses vraiment tristes, au contraire. Tu allais juste couper des oignons, avoir les yeux larmoyant et tu pourrais toujours jouer la carte de l'humour en disant qu'elle te rend toute chose. « Vous pourriez me les dire ? » Tu étais curieux, tu n'avais pas entendu de russe depuis des années et tu aimais bien la consonance de la langue, c'était intriguant et à chaque fois tu te prenais à imaginer ce qui pouvait être dit. Cette fois, tu pourrais le savoir puisqu'elle allait te donner des noms de légumes. « J'aime cuisiner, mais pour être tout à fait franc, je ne prends jamais le temps de le faire. » D'ailleurs, si tu n'avais pas Martha, tu serais sûrement mort de faim, vu toutes les fois où tu étais trop pris dans ton travail, que tu en oubliais les choses essentielles, comme boire, manger et aller aux toilettes. Heureusement que tu n'avais besoin de rien de spécial pour respirer, parce que tu serais sûrement mort de ça aussi.

Annushka ne put retenir un sourire quand il lui dit qu'il n'avait pas peur de pleurer. Xavier était vraiment différent de tous les hommes qu'elle avait pu croiser auparavant, surtout dans son pays d'origine. Là bas ils jouaient tous au gros dur. La plupart était d'ailleurs assez macho, mais elle s'y était faite et avait fini par se dire que c'était quelque chose de normal.
Elle émit un petit rire quand il lui demanda si elle pouvait lui dire comment ça se prononçait en russe. Elle avait l'impression que c'était une attraction.

-Alors on dit tsukkini, baklazhan, perets, pomidory et luk.

Elle désigna, l'un après l'autre, les courgettes, les aubergines, les poivrons, les tomates et enfin les oignons dont s'occupait Xavier.

Annushka hocha doucement la tête quand il lui avoua ne pas prendre le temps de cuisiner. C'était déjà improbable qu'il sache cuisiner, à son sens, les hommes chez elle ne cuisinaient jamais. Elle se demandait s'il avait été fils unique et si sa mère l'avait élevé pour qu'il sache tout faire aussi bien que les femmes.

-Moi je dois avoir plus de temps que vous pour ça...

Elle releva les yeux vers lui avec un léger sourire. Après tout, il était un homme tellement important.

Tandis que tu commençais à couper les oignons, tu la regardais puisqu'elle avait commencé à dire les légumes en russe, en te les indiquant du doigt pour que tu puisses les repérer. Tu hochais doucement la tête et lorsqu'elle eut fini, tu pointais du doigts les courgettes dont elle s'occupait. « Tsuchinni ? » Tu avais essayé de reprendre les sonorités que tu avais entendu, mais ça sonnait plus italien que russe dans ta bouche. Ce qui te fit rire. Tu essayais une nouvelle fois mais tu restais bloqué sur la première syllabe. Tu voulais en dire un autre, mais au moment de poser ton doigt devant les aubergines, tu ne savais plus comment elle l'avait dit, tellement tu étais concentré sur le premier. « Luk c'est celui qui semble le plus facile à retenir ! » Tu affichais un léger sourire en continuant d'émincer les oignons. Tu l'écoutais, en sentant que tes yeux commençaient à piquer. La larme n'allait pas tarder à apparaître mais ce n'était pas grave. Tu ne perdais pas le sourire qui s'affichait sur ton visage parce que tu partageais un moment agréable avec la belle Annushka. « C'est un très grand talent vous savez ! » Si tu passais autant de temps en cuisine, que tu ne le passais à faire une robe, autant dire qu'aujourd'hui, tu serais sûrement un excellent cuisinier. Mais tu ne le faisais pas, tu préférais perdre ton temps dans tes chutes de tissus à réaliser une robe ou un costume. Tu le ferais peut-être un jour, dans un futur plus ou moins lointain parce que tu ne pouvais pas toujours compter sur Martha, elle ne serait pas toujours là pour toi.

Annushka esquissa un sourire alors qu’il lui répétait le nom russe des courgettes.

-C’est presque ça.

Ca y ressemblait au moins, même si la prononciation était assez éloignée du russe, mais s’il ne l’avait jamais parlé c’était normal. Elle se mit à rire quand il lui dit que Luk était le plus facile.

-Oui, moins y a de lettres, plus c’est facile.

Elle glissa une main dans ses cheveux avant de continuer ce qu’elle était entrain de faire. Elle tourna les yeux vers lui, un peu surprise.

-Un grand talent ? D’avoir du temps ?

Elle n’était pas vraiment sûre de comprendre. Ou alors le talent c’était de savoir cuisiner, ce qui avait bien plus de sens. Après avoir épluché les courgettes, elle commença à les découper en morceaux.

-Vous savez, pour vos yeux, vous pourriez essayer de mordre dans une tranche de pain de mie en même temps.

Quand on faisait souvent la cuisine, on développait des techniques plus ou moins étranges et fiables.

Annushka était gentille. Elle aurait pu rire et te dire que ce n'était pas ça du tout, mais c'était le contraire, elle minimisait les dégâts. Tu esquissais un léger sourire en l'entendant. Quand au deuxième, elle confirmait que c'était plus facile puisqu'il y avait moins de lettres à prononcer.Tu étais totalement du même avis. « Et niveau prononciation ça va vite donc on pourrait faire presque illusion. » Et tu étais bon parfois pour faire illusion. Tu avais fini de couper tes oignons, maintenant tu devais les émincer. Tu avais déjà les yeux brillants et en tournant ton regard vers Annushka, une larme coulait. Tu la chassais d'un revers de coude. Peut-être qu'elle l'avait vu, peut-être que non, tu ne savais pas et ça t'importait peu. Tu lui avais bien dit que tu n'avais pas peur de pleurer. « Oh non ! De savoir cuisiner. » Après c'était bien d'avoir du temps, mais tu ne voyais pas ça comme un talent. Sauf si ça venait d'une mère ou d'un père de famille, qui travaille, s'occupe de tenir sa maison, a le temps d'aider tous les enfants avec les devoirs et les loisirs et en étant présent pour chaque membre de sa famille. D'ailleurs ce n'était pas avoir du temps. C'était être doué en organisation plutôt. Et ça relevait du fait d'être un super-héros aussi. « Vous avez beaucoup d'astuces encore pour éviter de pleurer avec un oignon ? » demandais-tu avec un léger sourire, les yeux brillants. D'ailleurs, une nouvelle larme coulait le long de ta joue. Ce qui te fit rire. Tu pourrais accepter l'astuce qui te semblerait la plus improbable.

Annushka eut un léger sourire. Il avait raison, plus ça allait vite à prononcer moins on avait d'erreurs possibles à faire. D'un autre côté, l'auditeur ne pourrait pas se raccrocher aux syllabes correctement prononcées pour comprendre le sens du mot.

-Avec un peu d'entraînement vous saurez le prononcer parfaitement.

Enfin, elle était bien placée pour savoir que certains sons étaient durs à reproduire quand ils n'existaient pas dans la langue maternelle.
Elle eut un très léger sourire amusé en voyant que Xavier commençait à pleurer. Elle savait à quel point c'était désagréable de couper les oignons.

-Ah oui, et bien, j'ai appris avec ma grand-mère surtout.

Elle se mit à rire quand il lui demanda si elle avait d'autres astuces pour les oignons.

-A vrai dire pas vraiment, c'est la seule que je connaisse d'efficace. Mais il n'y aura pas besoin de plus d'oignons je crois.

Il n'allait pas non plus en couper une infinité et pleurer toutes les larmes de son corps.