it's a new day, it's a new life - ft. Théia

C’était le grand jour : mon déménagement. Je n’étais même pas stressée, plutôt soulagée d’ailleurs, de quitter mon logement actuel. Ma colocataire était devenue une véritable garce au fil des mois, à se plaindre pour un rien. « Siam, ça sent la clope dans l’appart’ » Et pourtant, je prenais toujours soin de fumer sur le balcon. C’était absolument pas mon genre d’imposer l’odeur de la cigarette à quelqu’un. De toute façon, j’allais bientôt arrêter. « Siam, tu ramènes trop de potes à l’appart » Et pourtant, seules deux personnes étaient venues dans le mois. Invivable, je vous assure. Et puis, depuis que j’avais trouvé Aino dans mon lit aussi, j’avais du mal à me sentir bien dans cet appart’. Je revivais souvent notre toute dernière altercation, à tenter de savoir ce qui avait bien pu se passer entre nous ce soir là. Trou de mémoire, question toujours sans réponse aujourd’hui. Clairement, j’avais besoin de changement.

J’avais cherché sur le net, au plus grand bonheur de ma coloc. De toute façon, j’avais bien capté qu’elle cherchait à me virer pour que son mec emménage à ma place… J’avais fini par tomber sur une annonce vraiment pas mal. Les photos du logement me plaisaient, le loyer collait avec mes moyens et les quelques contacts que j’avais eu avec Théia avaient été bons.
Ma valise était prête, mes quelques meubles seraient livrés en fin d’après midi. Il était maintenant temps pour moi de déménager. Après des aurevoirs totalement hypocrites avec ma colocataire, il était l’heure de vaguer vers de nouveaux horizons.

Premier point positif : mon nouveau logement était encore plus près de mon travail. Une fois arrivée devant, je respirais un bon coup avant de faire sonner l’interphone. J’avais bien hâte de découvrir ma nouvelle colocataire, en espérant que le courant passe mieux qu’avec la précédente…

Ma nouvelle coloc’ fut rapidement réactive et m’ouvrit la porte du bâtiment. Avant d’entrer, je vérifiais une dernière fois dans les notes de mon portable l’étage et le numéro de l’appartement, pour être sure. Okay, c’était parti. Reprenant mon gros sac et ma valise, je choisissais l’ascenseur sans hésitation. Je me demandais si Théia était tout aussi stressée que moi… Justement, elle m’attendait devant l’entrée, me clamant un joyeux bienvenue. « Merci ! » Répliquais joyeusement avant d’entrer dans la première pièce de l’appartement. Le salon, sans doute. C’est propre, éclairé, bien décoré et spacieux comme il faut. Très bonne, cette première impression. « Enchantée Théia ! Donc je suis Siam. » Je posais mon gros sac par terre, pour admirer un peu plus les lieux. « C’est sympa, j’aime beaucoup. » En tout cas, j’arrivais à me projeter. J’allais me plaire ici, c’était certain. « Tu vis seule depuis longtemps? » Après tout, peut-être que Théia venait tout juste de perdre un colocataire. Mais si cela faisait plus longtemps, elle allait devoir se réhabituer à la vie à deux. Enfin, elle n’avait pas à s’en faire, je suis plutôt facile à vivre, tant qu’on me laisse dormir le dimanche matin. « Sache que je fais la cuisine même si je suis un peu nulle ! » Avouais-je en riant. Autant détendre l’atmosphère tout de suite, afin d’évacuer le stress et faire connaissance dans la bonne humeur non?

J’appréciais la décoration. Sobre, discrète mais féminine et présente. Tout ce qui me plaisait. Les pièces étaient bien agencées et on avait bien assez de place pour deux. Théia disait que je me sentirais rapidement bien ici. C’était tout ce que je demandais, de me sentir bien dans mon nouvel appartement avec ma nouvelle colocataire. Ma vie n’était pas évidente depuis ces derniers temps -voire même ces dernières années- et cet emménagement sonnait un peu comme un nouveau départ pour moi. « J’en suis convaincue. » Lui annonçais-je en lui offrant un sourire. J’espérais m’entendre avec elle d’une meilleure façon qu’avec mon ancienne colocataire. J’étais sure que cela jouerait beaucoup sur mon moral. Parce qu’auparavant, après le travail, je n’avais pas forcément envie de rentrer chez moi, avec cette ambiance tendue. Alors je me réfugiais dans les bars, ce qui n’était pas la meilleure idée qui soit. Elle m’expliqua qu’elle vivait avec un homme absent dans une grande maison auparavant. J’hochais la tête. « Ca ne devait pas être évident, effectivement. » La solitude, ça finissait par ronger, je connaissais bien cela. Et puis, une trop grande maison, pour y vivre seul… Ca n’avait pas forcément d’intérêt et ça doublait le coût du loyer assez inutilement. « Ca me va ! » Répondis-je au sujet des plats cuisinés en riant. J’étais pas vraiment adepte de la mode healthy. Je pourrais me contenter de pâtes tous les jours pour être honnête, mais j’allais faire un effort pour varier un peu. « Tartes au citron ? J’adore ça ! Hâte de gouter à la tienne ! La seule chose que je maitrise assez bien de mon côté, ce sont les lasagnes aux légumes... » C’était l’un des seuls plats que je m’appliquais à faire et on m’avait souvent complimentée. « Tu es native de Bowen ? » Lui demandais-je, curieuse d’en savoir plus sur elle. Elle avait l’air bavarde et je m’en réjouissais d’avance. J’avais besoin de quelqu’un comme ça dans ma vie, quelqu’un à qui parler, avec qui rire le soir au diner. Je n’en savais pas encore trop sur Théia, mais je ferais vraiment tout pour que notre colocation se passe comme sur des roulettes. « Tu fais quoi dans la vie ? Etudiante ? Ou tu travailles ? » Elle semblait jeune mais l’un n’empêchait pas l’autre. J’avais hâte de la découvrir un peu plus.

J’avais pas beaucoup d’affaires avec moi. J’étais pas du genre matérialiste à conserver chaque objet sous prétexte que ça me rappelait des souvenirs. En général, les colocs appréciaient plutôt bien les gens qui ne s’étalaient pas trop. Mais je constatais qu’ici, j’aurais de la place ! Peut-être même plus qu’il n’en fallait. D’ailleurs, j’allais m’installer auprès de ma coloc’ sur le canapé vintage qui me plaisait bien alors que l’on parlait cuisine. Une tarte chaque mois contre mes lasagnes ? Comment pouvais-je refuser ? « Ca me va parfaitement, marché conclu! » Annonçais-je avec un clin d’oeil. Mes horaires au boulot me permettaient de cuisiner de toute façon, même si je comptais réviser un peu en secret pour tenter le concours pour entrer dans la police. Je n’en parlais pas pour le moment, car pas question de devoir annoncer la mauvaise nouvelle si je n’étais pas prise, ce qui risquait fort d’être le cas vu que j’avais la trouille. La brunette m’annonça qu’elle était américaine. Surprenant, passionnant même. Je me demandais bien ce qui avait pu l’amener sur un autre continent. Mais si elle n’en parlait pas d’elle même, il y avait surement une raison et je n’allais pas la pousser à se confier maintenant. Elle était étudiante en cinéma. Vaste domaine, l’art. « J’adore regarder des films ! Mais je suis totalement nulle dans l’interprétation… Mais promis on pourra essayer de débattre après, si un jour on se fait une soirée dvd. » Moi, j’étais plutôt ouverte à découvrir plein de choses. Elle avait un job mais étudiait le cinéma, il y avait bien une raison. « Tu veux devenir réalisatrice ? Productrice ? » Il y avait surement bien d’autres métiers dans le domaine mais je n’y connaissais rien. « Alors moi… Je viens de Canberra. Je suis ici depuis un an et quelques, un peu pour prendre un nouveau départ. » Je marquais une petite pause. En vérité, j’étais un peu ici par hasard, par dépit. Parce que je n’avais pas voulu rester dans ma ville natale. « Je suis vétérinaire sinon. J’adore danser et faire la fête… » Je savais pas si il était nécessaire de préciser ça. « Mais je ramènerai personne ici susceptible de tout casser, rassure toi ! » Faire la fête chez les autres, oui, mais inviter chez soi… Ca avait tout de suite un côté moins séduisant. « Et sinon, il risque d’y avoir quelqu’un en plus parfois ? Je veux dire, tu as quelqu’un dans ta vie ? » Je ne fouinais pas, c’était seulement pour ne pas paraitre idiote si un jour j’hurlais à l’intrus alors qu’il ne s’agissait là que de son petit ami.