Run boy run (Belfie)

La journée a été longue, et Alfie ne dirait pas non à un verre entre potes pour pouvoir enfin décompresser. Depuis qu'il s'est lancé dans son nouveau projet d'ouvrir son propre bar, il  réalise qu'il n'a jamais autant bossé dans sa vie que maintenant. Il a l'endroit, mais le retaper lui semble durer une éternité. La tête en vrac, il pousse la porte du bar d'en face sans faire attention tout de suite aux personnes qui s'y trouvent. Celui qu'il est censé retrouver ne devrait pas tarder à arriver, rares sont les fois où c'est Alfie qui arrive le premier. Décidant qu'il a trop besoin de ce premier verre que pour être capable d'attendre, il s'installe au bar et commande un remontant. Whisky. Le barman ne tarde pas à lui apporter, il est encore trop tôt que pour celui-ci ne soit débordé par les demandes. Alfie porte son verre jusqu'à ses lèvres, le dépose à nouveau sur le bar sans défaire l'étreinte de ses longs doigts autour, puis est rapidement distrait par l'arrivée d'une fille qui grimpe sur le comptoir à coté de lui. Sa chevelure rousse est le premier détail qui attire son attention, suivie par ses yeux brillants qui le fixent pendant qu'elle prononce quelques mots à son intention. Elle se présente sous le nom de Camille, et il hausse un sourcil intrigué. « Alfie, » répond-il simplement, curieux de savoir ce qu'elle lui veut. La fameuse Camille lui retire son verre des mains et il la laisse faire sans broncher avant que, sans qu'il ne comprenne, elle attrape son t-shirt et se mette à l'embrasser. D'abord surpris, il ne réagit puis finit par se laisser aller dans cette étreinte sans réellement se poser de question tout de suite. Elle finit par se reculer, lâchant un "cool" qui lui fait sourire du coin des lèvres. « En quelle occasion ? » demande-t-il avant qu'elle n'avale son verre d'une traite pour ensuite critiquer son choix d'alcool. Au moins comme ça, il n'aura pas à lui payer un verre. « J'y penserai pour le prochain, » dit Alfie. Sauf qu'elle descend du bar et s'éloigne pendant que lui la regarde, mi-amusé et intrigué par ce qu'il vient de se passer. Elle ne tarde cependant pas à revenir en lui tendant un billet de dix dollars. Alfie ne relève pas le commentaire désobligeant qu'elle lui fait ensuite, il regarde l'argent puis fronce légèrement les sourcils. « J'suis pas une prostituée, faut pas me payer pour si peu. » Cependant, il finit par prendre le billet. « Mais au moins ça payera le verre que tu m'a chouré. » Elle l'embrasse à nouveau, cette fois trop brièvement que pour qu'il puisse réagir, puis complimente son t-shirt avant de disparaître à nouveau. Cette fille est étrange, mais Alfie a toujours apprécié celles qui sortent de la norme. Avec son billet, il se prend un nouveau verre. Du scotch cette fois.

Je ne suis pas du genre à refuser un défi. Après, je garde tout de même des valeurs. Jamais le premier soir. C’est-à-dire la tranche horaire de 21h à 00h. Passé minuit, nous sommes le lendemain, donc je peux coucher avec le type. Ou la nana. Tandis qu’on me met au défi d’embrasser le premier mec qui passe la porte (et que je prie intérieurement pour ne pas tomber sur un vieux), je constate que le mec en question est plutôt beau. Il est même carrément beau. Mon cerveau me donne un ordre : fuis. Les mecs beaux sont souvent des sales cons. Ils se comportent souvent de manière à faire pleurer les filles. Sauf que je pleure rarement. Surtout pas en public. Je m’approche donc du mec pour lui sourire. Je vois bien qu’il me détaille du regard. Alfie, donc. J’attrape son verre tout en prenant soin d’effleurer ses doigts. Autant séduire un tout petit peu bien que vu son regard, il suffirait que je soumette l’idée pour qu’il reparte avec moi. Puis, je l’attrape pour l’embrasser. Le mec met du temps à me le rendre. Puis, je me retire pour descendre avec un vague commentaire. Je vide son verre en fronçant le nez. Je préfère définitivement le scotch. Sa remarque m’amuse alors je lui fais un clin d’œil pour aller chercher mes gains. 20$, ce n’est pas énorme. Je pourrais tout garder pour moi mais je pense que nous étions deux dans cet échange de salive. S’il ne me l’avait pas rendu, je pense que j’aurai tout gardé pour moi. Je lui apporte donc les dix dollars. Sa remarque me fait rire. Une prostituée ? Vu son look, c’est clair que ce n’était pas un escort-boy. « Mes amies là-bas m’ont mis au défi d’embrasser le premier mec qui passerait la porte. » Je penche la tête sur le côté en me mordillant la lèvre inférieure. « Et coup du sort, c’est tombé sur toi. » Il prend le billet et mon sourire s’agrandit. Je le regarde dans les yeux un moment. « La gêne ne fait pas réellement partie de mes qualités. Comme beaucoup de choses. » Je me penche pour déposer un baiser plus furtif sur ses lèvres. Ce mec serait intéressant finalement. Je retourne voir mes copines tandis qu’elle me félicite. « Tu pourrais repartir avec. » Je croise les bras sur ma poitrine en levant les yeux au ciel. « Les quatre mecs là-bas, dis-je à leurs intentions, si vous repartez avec leurs numéros d’ici la fin de la soirée, 30$ chacune. » Puis, j’esquisse un sourire en coin avant de retourner au bar. Je prends place entre le fameux Alfie et un mec qui détaille mes jambes. « Tu veux des jumelles, connard ? Demandai-je à son intention. » Je reporte mon attention sur mes amis tandis que le barman –qui me connait- vient m’apporter mon verre habituel. Je sirote donc le verre en posant mes yeux sur le brun qui était à ma droite. « Alors, Alfie, il semblerait que tu sois coincé avec moi pour le restant de la soirée. » Je me décale donc pour poser mes pieds nus sur ses cuisses. « Tu fais quoi dans la vie ? » Histoire de faire un peu de conversation.

Évidemment que c'était un défi, Alfie se demande bien comment il a pu ne pas y penser plus tôt. Sans répondre, il se contente de hocher la tête, le billet à présent entre ses doigts et prêt à être déjà dépensé. Ce qu'elle ajoute lui fait hausser un sourcil interrogateur. « J'ai cru comprendre, » dit-il simplement sans perdre son sourire en coin, et sans non plus décrocher son regard du sien. Il la trouve amusante cette fille, amusante et intéressante. Elle a l'air d'avoir du caractère et ça, c'est un truc qui plaît à Alfie. Le genre de détail qui l'attire chez une gonzesse. Elle disparaît dans un baiser furtif, rapide, sans signification, et le laisse seul avec son verre vide. Une fois éloignée, il prend son téléphone dans sa poche et réalise qu'il a reçu un message du pote qui était censé le retrouver. « J'saurais pas venir mec, urgence au boulot. Ce sera pour une prochaine fois. » Super. Il pousse un léger soupir, range l'appareil, et se commande son second verre avant de repartir. Alors que le barman lui amène un fond de scotch, la fille du pari vient à nouveau lui tenir compagnie. Nouveau défi ? Il la regarde du coin de l'oeil, ne dit d'abord rien, et rit intérieurement quand elle insulte le mec d'à coté. Elle s'adresse à lui, et il boit une gorgée de son second verre avant de se tourner vers Camille. « Pour combien cette fois-ci ? » Il se tourne vers elle, joueur, la regardant comme un homme prêt à s'amuser avec une fille qui le veut tout autant. Il ne sait pas si c'est elle qui a choisi de venir ou bien si c'est le groupe derrière qui le lui a demandé contre une autre somme, mais de toute façon c'est clairement le cadet de ses soucis. Peut-être que cette Camille pourrait être une raison pour le faire rester ici, après tout. Et même si sa présence ne relève que d'un défi, ce n'est de toute façon pas comme si Alfie craignait de s'attacher à elle. Il sent le contact de ses jambes contre les siennes mais ne réagit pas. Du moins, pas tout de suite. « Serveur dans un bar, » répond-il avant d'ajouter « Pour le moment. » Il aurait pu mentir, lui sortir un métier qui ramène plus de fric afin de pouvoir mettre plus de chance de son coté, sauf qu'Alfie n'est pas un de ces mecs qui mentent pour arriver à leurs fins. « Laisse-moi deviner ce que toi tu fais. » Il recule le dos, son verre en main à quelques centimètres de ses lèvres. Ses paupières se plissent pendant qu'il analyse Camille. « Je dirais que tu bosses dans un Starbucks. Tu sers leur café aux hipsters, et tu fais semblant de les écouter se plaindre de la société pendant qu'ils mangent leur sandwich jambon végétarien. » Alfie n'a jamais eu une grande qualité d'observation, il a lâché ça sans même savoir sur quoi il se base.

C'est officiel, cette fille éveille sa curiosité. Alfie ne la lâche pas du regard, écoute ses paroles avec toujours ce sourire amusé accroché aux lèvres, presque touché quand elle lui dit qu'elle ne l'aurait pas embrassé que pour un pari. Il la regarde toujours quand elle s'en va, même si elle ne lui adresse plus le moindre signe. Et quand elle revient, seulement quelques secondes après ce foutu SMS, quelques secondes après que ses lèvres n'aient trempées dans la chaleur du scotch, il lève à nouveau le regard vers elle sans pouvoir s'empêcher de trouver attirant ce charme qu'elle dégage. Elle a un franc parlé qui l'amuse, qui la différencie des autres filles faciles qui ne l'intéressent pas. « Mais je suis flatté, j'essaie juste de contenir ma joie là. » Nouveau sourire, nouveau regard, et nouvelle gorgée qui lui brûle la gorge d'une manière agréable. La main de Camille sur son épaule, Alfie fait un quart de tour pour regarder en direction du groupe. Il les voit tourner autour de plusieurs hommes, et rien que d'imaginer ce qu'elles peuvent être en train de se dire entre elles suffit à l'amuser. Il refait face à la rouquine qui, cette fois, a également un verre en main. Il lui parle de son job, conversation banale qui semble comme un rite de passage avant toute suite d’interaction. Ce qu'elle dit le fait rire. « Je les garde tous dans une boîte, au cas où ma soirée commencerait mal. » Il hausse un sourcil avant d'ajouter « Et on dirait bien que ce soir, la boîte restera rangée. » Il plante son regard dans le sien avant de deviner son métier, totalement au hasard. Starbucks, pourquoi pas ? Il ne sait pas si c'est la casquette, c'est plutôt son look en général qui l'a guidé vers cette supposition. Il admire ses cheveux qui retombent en cascade sur ses épaules une fois son couvre-chef retiré, puis se perd à nouveau dans ses yeux quand elle en vient à parler d'elle. En même temps, Alfie boit une gorgée de son verre à intermittence, ne craignant même plus les effets de l'alcool fort bu trop vite sur son propre corps. Et même si elle est à présent assise à califourchon sur lui, il ne bouge pas et est plus amusé que perturbé. La fille a du culot, beaucoup de culot. « Dommage que tu ne bosses pas ici, » répond-il sans gêne, car Alfie n'a jamais été et ne sera jamais le genre de personne à réfléchir avant de prononcer une phrase.

Sa confiance en elle le fait sourire du coin des lèvres, pourtant il ne rajoute rien et se contente de hausser les épaules. Des filles, il en a connues un paquet. Brunes, blondes, rousses, toutes aussi canons les unes que les autres. Des filles qui ont forgé sa réputation, des coups d'un soir qui lui ont donné le surnom d'un des plus grands tombeurs de Bowen. Après ce sous-entendu un peu foireux, elle murmure dans son oreille sa répartie qui ne le laisse pas insensible. Son sourire s'agrandit un peu plus avant qu'elle ne prenne possession de son portable et il s'attend à ce qu'elle inscrive son numéro dans le répertoire, sauf qu'elle se contente de le faire tourner entre ses doigts. Alfie relève les yeux vers son visage pour planter son regard dans celui de Camille. « Alors j'ai intérêt à bien me tenir. » Parce qu'il doit bien l'avouer, une fille comme celle qui se tient actuellement en face de lui est une  fille avec qui il serait certain de passer du bon temps. Elle passe de ses genoux au comptoir sans gêne, parlant de son boulot comme lui l'a fait avec le sien. Lorsqu'elle saute de l'autre coté du comptoir, il la regarde d'un air mi-intrigué, mi-amusé. Alors qu'elle désigne une fille, il porte son attention en direction de celle-ci tout en hochant la tête au rythme de ses paroles. Retour à lui, à eux, aux verres qu'elle leur offre. Son culot la surprend et lui plaît de plus en plus. Elle remonte sur le meuble en bois, continue ses suppositions, et termine sur une note négative qui lui fait croiser les bras contre son torse. « Très bonne en tant que barman, mais mauvaise en tant qu'amante. Je prends note. » Elle retombe sur ses genoux, son visage à seulement quelques centimètres du sien. Quand elle mentionne un instrument, Alfie hausse un sourcil tout en prenant ce verre qu'elle vient de lui servir entre ses doigts. Il se fiche que le barman désapprouve cette consommation gratuite, il n'en a même rien à faire qu'il puisse les virer toutes les deux pour comportement inappropriés. Là, sur le moment, il n'a d'yeux que pour elle et pour ce show qu'elle lui offre. « Quel genre d'instrument ? » demande-t-il en fixant d'abord ses lèvres, puis ses grands foncés qui le fixent intensément.

Un fin sourire en coin vient étirer ses lèvres. Au bout de plus trois ans passés à Bowen, Alfie s'est effectivement créé sa petite réputation sans réellement le vouloir grâce à des médias comme toujours exagérés. The Writers l'a fait passer pour un bourreau des coeurs, un type sans rancoeur alors que jamais il n'a laissé une fille espérer pour ensuite entièrement la briser. Ou bien, ce n'était pas intentionnel. « Et ça tombe bien, je suis un peu possessif. » Il hausse innocemment les épaules sans perdre son sourire alors que son regard se plante dans les iris foncées de la rousse. Alors qu'elle approche son visage du sien, Alfie se se concentre sur le son de sa voix jusqu'à n'entendre plus que ça. Il en oublie le bruit ambiant du bar, les verres qui s'entre-choquent, les conversations de gros lourd à petite pucelle. Il n'y a qu'eux-deux, deux âmes perdues qui ne cherchent dans l'autre qu'un peu de compagnie. Et ça tombe bien pour lui, celle de Camille lui semble de plus en plus agréable. Au final, ce n'est peut-être pas une si mauvaise chose que son pote l'ait planté à la dernière minute. Sans répondre à sa réflexion, il s'intéresse cette fois à cet instrument auquel elle joue. « Du violon, sérieux ? C'est cool, j'ai jamais entendu qui que ce soit en jouer. » Peut-être qu'elle sera la première, qui sait jusqu'où elle le laissera la découvrir. Elle n'a pas le temps d'en parler plus, une voix dans un micro les interrompt et attire l'attention des deux en direction de la scène. Contrairement à elle, lui n'a jamais été très fan des karaokés et s'est toujours contenté de chanter dans sa voiture les quelques chansons qu'il connaissait. Quand il est seul, évidemment. Alors que Camille s'éloigne, micro en main, Alfie la suit des yeux sans arriver à ne plus sourire. Cette fille est impressionnante, totalement imprévisible, et ça lui plaît vachement. Sa voix sonne comme une mélodie qui arrive à le faire bouger de gauche à droite sauf que, plot twist, elle lui tend une main et le pousse à monter lui aussi sur ce bar. Secouant d'abord négativement la tête, il ressent le regard oppressant de Camille qui murmure les "ouh-ouh" de la chanson. Après un long soupir, Alfie termine son verre d'une traite puis attrape la main de la jolie rouquine afin de se hisser à ses cotés. Et puis merde. « And I try, oh my god do I try. I try all the time, In this institution. » Sa voix n'est clairement pas celle d'un chanteur talentueux, mais il n'en a clairement plus rien à foutre au point où il en est.

Sa réponse ne l'étonne pas vraiment. Ça se voit dans ses gestes, dans ses yeux, dans le moindre de ses sourires que cette fille n'est pas du genre à se ranger sagement dans une catégorie. Et tant mieux, il n'aurait pas aimé encore une fois devoir faire face à un petit copain jaloux parce qu'il aurait osé mater sa meuf. « Je peux l'être que pour ce soir, puis promis je te rendrai ta liberté. » Un sourire presque innocent vient étirer ses lèvres, sourire totalement peu crédible. Alfie n'est pas innocent, et il mentirait si il disait qu'il ne voudrait rien avec cette fille aux cheveux de feu. Ils doivent avoir la même étincelle dans le regard elle et lui, cette lueur de vie d'un jour, d'espoirs d'un soir, de journées sans lendemain. Ils se sont bien trouvés, même si toute cette mise en scène ne perdurera certainement pas jusqu'au petit matin. Dommage. « Je serais ravi d'entendre ça. » Mensonge ou réalité ? C'est certainement des paroles lancées en l'air, par elle comme par lui. Il ne sait pas si ils se reverront, pas même si elle finira par lui donner son numéro comme elle lui a promis si jamais il agit sagement. Mais pour le moment, il n'en a absolument rien faire. Alfie profite du moment, de sa présence pleine de surprises, assimilant une à une ces infos sur elle qu'il aura peut-être oubliées dans quelques jours. Et puis, karaoké. C'est d'abord un retour au monde réel pour Alfie, une façon de lui rappeler que non, ils ne sont pas seuls elle et lui dans ce bar. Sauf que rapidement, ce karaoké devient une extension de cette bulle qu'elle a créée rien que pour eux. Elle chante, debout sur le bar, ce qui ne l'étonne même plus à force. Et sans qu'il ne sache comment elle fait, elle arrive à le faire se lever et à partager la vedette avec elle. Il rit de temps en temps quand il entend sa propre voix, sourit quand celle de Camille se démarque de leur duo, puis il finit par s'appuyer contre le bar une fois leur prestation terminée. La rouquine saute du meuble et finit à coté de lui. Elle est petite, mignonne. Non, pas mignonne. Elle est carrément sexy. « Un duo d'enfer même. » Alfie esquisse un sourire, glisse une main dans son dos, puis tourne la tête vers le barman. « Deux verres, pour cette réincarnation de Shakira rousse et moi, » lâche-t-il avant de regarde à nouveau vers Camille. « Car il me semble que c'est comme ça que des artistes fêtent une fin de spectacle avant de vraiment commencer à s'amuser. »

Juste avant qu'on ne crie au karaoke, Alfie et Lou enchaînent quelques réflexions l'une à la suite de l'autre que seulement eux peuvent entendre. Ils sont proches, si bien qu'il a pendant un court instant l'impression qu'elle a mis sur pause le reste du bar. Plus personne ne bouge, il n'y a qu'eux qui parlent et se remuent à un rythme trop rapide qu'il arrive cependant à tenir. C'est ça qui est amusant, ça qui lui plait tant. Le défi. « Contrairement à un oiseau face à chat, t'as absolument aucune raison d'avoir peur de moi. Si ? » Il a penché sa tête un peu sur le coté, les sourcils légèrement froncés, un air un peu plus sérieux sur le visage mais plus par intrigue que par incompréhension. Cependant, c'est elle qui arrive à avoir le dernier mot. Il n'a pas le temps de répondre cette fois, le show commence et avec lui les bouffées de chaleur et leurs voix qui résonnent. Si il avait su qu'il finirait par devoir faire le show, Alfie aurait certainement avalé quelques verres supplémentaires. Une fois à terre, elle leur attribue à tous les deux un surnom auquel il se contente de répondre par un simple haussement d'épaules. Pourquoi pas après tout, qu'elle l'appelle comme elle le veut il n'en sera pas dérangé. Sauf si elle utilise son véritable prénom, cette horreur offerte sans amour par ses parents, un héritage qu'il ne mentionne et ne mentionnera jamais. Plus. « Si c'est une invitation, » répond-il à sa question sur Shakira après avoir lâché un léger rire de surprise. « Baby-foot. » Il hoche la tête d'un air confiant. Elle peut le défier autant qu'elle veut, jouer à n'importe quel jeu, Alfie aura toujours quelque chose pour répliquer. Il n'irait pas jusqu'à dire que c'est devenu une habitude, ce doit plutôt être son expérience tout au long de sa vie et sa grande gueule qui l'aident à savoir à chaque fois trouver les mots. « J'accepte le marché, » dit-il alors que le barman leur apporte leurs verres.