Souvenirs d'enfance. ( Jessica

Daemon se balade tranquillement sur la plage. Il a quitté ses chaussures et il laisse le sable caresser ses pieds. C’est agréable. Il fume sa cigarette doucement. Il est heureux. Ses pensées sont envahies par la vision du visage de Devan, et pas que de son visage. Et son coeur explose d’avantage. Il pense à leur retrouvaille charnelle partagée il y a quelques jours. Et cela fait naitre  une ribambelle de frisson sur sa peau. Il regarde l’horizon, laissant son regard percer les mystères de cette ligne sans fin. Et dans sa tête quelques notes de musique viennent caresser son esprit vagabond. Il y a bien longtemps qu’il n’a senti pareille plénitude, du plus loin qu’il se souvienne il n’a même jamais ressenti cela aussi fortement. Même il y dix ans en arrière quand il était en couple avec Devan. Il y avait de l’amour c’est sur, une complicité charnelle exquise. Mais là c’est bien plus fort. Plus intense. Il ne se l’explique pas, il prend juste ça en pleine figure comme un cadeau du ciel. Un cadeau offert par son amoureux qui lui laisse une chance de kidnapper son cœur à nouveau. Il allume une autre cigarette, s’approche de l’eau pour tremper ses pieds. Elle est fraiche mais la sensation est agréable. Il marche un moment les pieds trainant dans l’eau, la tête dans les nuages. Le regard perdu et plein de promesse. Il en oublie le temps. Reste que les notes qui s’impriment dans sa tête et qui jouent plus fort alors qu’il avance toujours une cigarette aux lèvres. Il n’est pas le seul promeneur, le beau temps a fait sortir quelques badauds. Des couples qui se tiennent par la main. Il s’imagine bien marcher comme ça avec Devan. Des enfants avec leurs parents. Et puis des gens comme lui qui se baladent seuls. Il se baisse pour ramasser des coquillages. Il sourit à ce geste innocent. Mais il se relève un peu trop vite. Un peu trop violemment peut être. Et il tape dans quelque chose. Ou plutôt quelqu’un. Plus exactement une jeune femme. Il se sent stupide sur le coup. Il lâche les coquillages qu’il tenait dans sa main. « Pardon. Excusez-moi. Je n’ai pas fais attention. » Sa voix est douce et hésitante. Il se sent tellement bête comme se sentirait un gosse qui a fait une bêtise. Cela lui apprendra à avoir la tête ailleurs. D’avoir la tête concentrée sur Devan au lieu de l’être sur les gens qui l’entoure. Et sur ses pieds. Il sourit à la demoiselle. « J’espère que je ne vous ai pas fais mal. Je suis vraiment désolé. » Il ne sait pas trop comment se faire pardonner. Bon il n’y a pas mort d’homme. Il l’a juste bousculé. Mais cela n’empêche pas qu’il se sent ennuyé. Puis il la regarde dans les yeux. Sans chercher à la détailler. L’éclat de son regard, les traits de son visage lui semble d’un coup familier. Mais ce n’est surement qu’une sensation. Surement du au trouble de cette situation. Peut être parce qu’il pensait trop à Devan aussi. Il va falloir qu’il soit prudent car penser au jeune homme le chamboule complètement. Enfin il ne va pas s’en plaindre car ce ne sont que d’agréables pensées. Faudra juste qu’il reste un peu plus concentré pour éviter de bousculé une autre personne en marchant la prochaine fois. Mais bon la demoiselle n’a pas l’air de lui en vouloir c’est déjà une bonne chose. Et plus il l’a regarde et plus il lui semble la connaitre. Mais il n’arrive pas à se rappeler qui elle est. Il confond surement, il croise tellement de monde avec ses tournées.

La balade est agréable. Daemon a l’esprit qui vagabonde au son des vagues qui s’échouent sur le sable. Il est heureux. Il est amoureux.  Il voudrait même le crier au monde entier. Cela ne lui fait nullement peur de ressentir tout se bonheur qui explose son cœur. Comme un feu d’artifice. Ses pas le guident sur la plage, mais son regard est ailleurs. Comme prisonnier du visage de Devan. Puis il se baisse pour ramasser un coquillage qui attire ses yeux. L’enfance revient frôler sa peau avec tendresse. Mais il ne fait pas attention. Trop perdu dans l’univers que lui offre son amoureux, même sans être à ses côtés. Et c’est le choc. Rien de terrible mais suffisant pour le ramener dans le monde réel. Il s’excuse. Il s’aperçoit alors que c’est une jeune femme. Elle lui sourit. Il lui sourit en retour, toujours aussi mal de ne pas avoir fait attention. Elle était ailleurs aussi. Son regard croise le sien. Il est troublé, il ne sait pas pourquoi. Mais il se sent troublé. Il s’excuse à nouveau. « Heureusement que vous n’avez rien je m’en serais voulu de vous avoir fait mal. » Daemon n’arrive pas à se défaire de cette sensation de déjà vu. Pas la scène. Mais le visage de celle qu’il a bousculé. Il essaie de se rappeler, de faire marcher sa mémoire. Mais rien ne lui vient. « C’est pratique comme technique pour faire de nouvelle rencontre. » Et il se met à rire. Son sentiment de malaise s’envole peu à peu, et puis rien de méchant est arrivé. Il a juste perdu son coquillage. Enfin il est juste à ses pieds. Et il se baisse pour le ramasser à nouveau. « En plus d’être ailleurs mon regard a été attiré par cette petite merveille. Je redeviens un peu un gosse quand je me balade sur la plage. » Il regarde le coquillage, avant de poser ses yeux à nouveau sur la demoiselle. Toujours autant persuadé que leurs routes se sont déjà croisées. Mais où. Et quand. Surement il y a pas mal d’année car si c’était ressent il se serait tout de suite rappelé qui elle est. Il a une assez bonne mémoire visuelle. Le pianiste se torture un peu l’esprit pour secouer ses souvenirs. Il aimerait savoir où il a vu ce regard. Tout ce qu'il est sur c'est qu'elle n'est pas une ancienne petite amie ou une ancienne maitresse. Vu que Daemon n'a jamais eu de femme dans sa vie, sauf des amies. Et sa mère. Pas d'histoire qui pourrait rendre jaloux Devan s'il venait à lui parler de cette rencontre.

Daemon est un peu perdu sur le coup. Tout d’abord parce qu’il était à mille lieu d’ici et puis parce que le regard de la demoiselle le perturbe. Il ne sait pas pourquoi mais quelque chose dans l’éclat de ses yeux le remue. Sans en comprendre la raison. Et cela le chamboule d’avantage car la jeune femme, au-delà du choc à l’air aussi perplexe que lui. Du coup il se fond en excuse passant surement pour un pauvre idiot. « Je suis heureux de l’entendre. » Le pianiste essaie de noyer son léger malaise dans une remarque taquine. Quoi de mieux qu’un rire pour faire oublier le trouble que cette rencontre fait naitre en lui. Même s’il continue à se creuser l’esprit pour savoir ou il a vu ce regard et les traits de ce visage. « Tout à fait. » Le mal être est partagé, il les enveloppe sans vraiment leur faire entrevoir la solution. Le doute se lit sur le visage, dans leur regard. Mais tout reste trouble. Daemon revient à son coquillage. Rien de bien intéressant surement pour la jeune femme, mais pour lui c’est tout un tas de souvenir berçant son enfance qui refond surface. « Je vais l’ajouter à ma collection. » Il pense qu’elle n’en a certainement rien à faire. Elle a peut être envie de partir. Elle doit le trouver un peu lourdaud sur le coup. Lui d’habitude si à son aise face aux gens, je sens vraiment pas dans son assiette. Mais le puzzle de ses souvenirs restent incomplet, d’une certaine façon ça le rend dingue de ne pas se souvenir. Comme de chercher où il l’a croisé. Et alors qu’il pense qu’elle n’a surement rien à faire de lui sa demande le déstabilise. Au final il a vu juste pour elle aussi il n’est pas un inconnu. La sensation du mal être réciproque n’était pas le fruit de son imagination. « Je suis soulagé que vous me posiez la question parce que votre visage m’est également familier. Et comme vous je n’arrive pas à remémorer quand nous nous sommes vus. Oui j’ai toujours vécu à Bowen, j’y suis né. Et vous ? » Il réalise après le fait qu’elle lui est dit qu’elle avait quitté la ville depuis douze ans. Et puis un nom vient doucement caresser son esprit. Les souvenirs se font moins flous. Mais il a du mal à y croire. Non cela ne pas être Jess. Il la regarde plus en détail. Cherche dans ce visage adulte les traits de l’enfance. Non impossible. Et puis dans un murmure à peine audible .. « Jessica. » Même le son de sa voix n’y croit pas. La retrouver là après toutes ses années de silence lui parait improbable.