Me.You.Bed.Now?

Il est encore tôt pour les personnes qui viennent de quitter leurs couvertures, mais déjà tard pour Alfie qui n'est même pas encore allé se coucher. Il était là au mauvais moment, au mauvais endroit, face aux mauvais gars. La nuit qu'il vient de passer lui donne mal au crâne, et pas seulement à cause de tout l'alcool qu'il a pu ingurgiter. Sur son front, une plaie assez profonde défigure son visage en plus de son oeil au beurre noir qui, heureusement pour lui, est encore rouge pour le moment et non pas violet. Installé dans la salle d'attente, il attend qu'on l'appelle afin d'aller recoudre cette plaie qu'il a au front. En règle générale, Alfie se serait contenté de rentrer chez lui et de soigner ses blessures lui-même. Sauf que cette fois-ci, le sang qui coulait le long de sa tempe lui donnait le tournis. Il ne sait pas si il pourrait avoir un traumatisme crânien ou quelque chose du genre, mais vaut mieux être trop prudent que se retrouver à l'état de légume à cause d'une blessure non soignée. Rapidement, il se retrouve entre deux rideaux et est rejoint par une femme magnifique vêtue d'une blouse de médecin. « C'est moi, » répond-il simplement lorsqu'elle cite son prénom. Elle lui demande comme c'est arrivé, et il préfère être large plutôt que d'entrer dans les détails. « Une partie de poker qui a mal tourné. » Il hausse les épaules avant de lever les yeux vers son docteur afin de croiser son regard. « Je pense que c'est un morceau de verre qui m'a entaillé le front, rien de bien grave. »

Il a toujours détesté les hôpitaux. L'ambiance qui y règne, l'odeur de médicaments, les morts qui déambulent dans les couloirs. Tout ça lui a toujours donné froid dans le dos. Heureusement pour Alfie, celle qui est chargée de l'examiner est loin d'être laide à regarder. Au contraire, ses longs cheveux blonds entourant son visage rond lui donnent un air angélique qui fait esquisser un sourire au jeune homme dès qu'elle fait son entrée. Il secoue négativement la tête lorsqu'elle lui demande si il ne s'est passé rien de grave, puis l'écoute citer ce qu'elle va faire et ne peut s'empêcher de grimacer en entendant les mots "points de suture". « Je suppose que je n'ai pas vraiment mon mot à dire, alors je vous fais confiance. » Il lève les yeux vers elle, un sourire en coin. La doc lui tend un paquet de glace et Alfie s'empresse de l'appuyer contre son oeil, sentant immédiatement les battements de son coeur se déplacer de son coquard à son torse. Lorsqu'elle revient avec les instruments pour ses points de suture, il inspire profondément et dépose le paquet de glace à coté de lui. « Je pense que je devrais y arriver. » Il a sa fierté, refusant que le Docteur Ludsthorp ne prenne pitié pour lui et préférant donc jouer les fiers à ne pas bouger pendant que son front est en train de se faire refermer. Pendant qu'elle s'occupe de sa plaie, il tente de se concentrer sur autre chose pour faire abstraction de la douleur. « Je me sens presque coupable, » lâche-t-il avec un sourire, tentant de ne pas bouger. « Je suppose que vous avez mieux à faire que de mettre quelques points à un maladroit. Du genre... sauver la vie de quelqu'un, ou boire un café avec Docteur Sexy. » Cette fois, il ne peut s'empêcher de rire doucement mais s'empresse de grimacer à cause de la douleur qui lui lance au niveau de sa plaie.

Ça a toujours été son truc, plaisanter pour rendre une situation moins sérieuse qu'elle ne l'est réellement. Au moins, Alfie arrive à faire rire Dr. Ludsthorp, ce qui lui tire un sourire amusé qu'il ne perd pas son temps à cacher. Elle est déjà belle sans n'avoir rien à faire, mais il la trouve encore plus sexy quand elle rit. Alors qu'il a son paquet de glace entre les mains, il appuie avec sur son oeil dans l'espoir d'atténuer le bleu qui s'est formé tout autour de son oeil. Foutus italiens, toujours à sur-exagérer pour une stupide partie de poker. Alors qu'elle le compare à ses petits patients de cinq ans, il hausse les sourcils tout en essayant de bouger le moins possible les autres traits de son visage. « Donc si je me plains, je perds directement toute crédibilité. » Lorsqu'elle s'excuse, il ne peut s'empêcher de sourire et trouve sa tentation de détendre l'atmosphère presque attendrissante. Lui aussi a sa façon de faire, beaucoup moins sérieuse lorsqu'il aborde les fameux docteurs qui sont, selon elle, déjà tous pris. Elle n'est donc qu'une interne, mais au final ça ne change absolument rien pour lui. En réalité, Alfie ne s'est jamais vraiment intéressé à la médecine et n'a aucune idée de qui se situe où. « Alors ce qu'on voit à la télé, les docteurs qui se tapent les apprenties, tout est faux. » Il fait semblant d'être choqué, même si ça a été prononcé plus sur le ton de la plaisanterie que pour du sérieux. Après qu'elle ait terminé, Alfie réalise qu'il n'a en effet par vraiment eu mal et la suit jusqu'à la salle pour les tests. En prenant ce qu'elle lui tend, il fronce les sourcils. « C'est vraiment obligé la petite robe ? » Il pousse un léger soupir et se dirige vers une cabine, tout en enlevant déjà son t-shirt sur le chemin. Alfie revient quelques minutes plus tard, vêtu de sa tenue la plus sexy.

Une fois vêtu de cette tenue des plus horribles qui laisse passer les courant d'air, Alfie remarque bien que la doc face à lui se retient de rire. Il plisse légèrement les paupières, prenant un air vexé malgré le sourire qui ne tarde pas à venir à nouveau étirer ses lèvres. « Oh ça va, vous devez certainement en voir tous les jours. Sûrement des pires que moi, non ? » Limite, il aurait préféré se contenter de rester en sous-vêtements. Il n'a jamais aimé porté des fringues descendants jusqu'à ses genoux, et il en vient même à se demander comment les écossais pouvaient supporter leur kilt. Lui au moins, il porte quelque chose en dessous. Tout en suivant ses instructions, il prend place sur la machine et regarde tout autour de lui. « On a qu'à faire un deal, histoire de leur renvoyer l'ascenseur à ces foutus médecins. Si je n'ai rien de grave, du moins rien qui pourrait me tuer, je vous offre un verre après votre service. » Curieux de connaître sa réponse, il reporte son attention vers la charmante blonde et hausse un sourcil.

En baissant les yeux vers sa tenue, Alfie finit par joindre son rire à celui de la doc. « En même temps, j'ai pas trop l'habitude de ce genre de tenue. » Et il ne critique en aucun cas les hommes qui aiment porter des jupes ou robes, juste que lui ne se sentirait pas à l'aise dans une de ces tenues. Un peu impulsivement, peut-être un peu trop attiré par le rire du docteur Ludsthorp dont il ne connait toujours pas le prénom, il lui propose un verre sans même se dire qu'un rendez-vous patient/docteur n'est peut-être pas la meilleure idée qu'il ait eue. Mais contre toute attente, elle accepte avec, en prime, son magnifique sourire. Elle lui annonce la fin de ce scan qui leur révélera si Alfie a plus que quelques bleus superficiels et ce dernier hoche la tête, pressé de pouvoir remettre ses vêtements de tous les jours. « Je serai patient, » répond-il avant d'aller se rhabiller, attendant ensuite les vingts minutes décrétée par la jolie blonde. Le temps passe lentement, surtout lorsqu'il n'a rien à faire. Bien vite, elle l'appelle mais au lieu de lui fournir ses résultat, le questionne sur l'heure à laquelle ils pourraient se retrouver pour ce fameux verre. « Vingt heures, au Elm Street ? » Il répond à son sourire et, avant de s'en aller, se rappelle un détail. « Au fait, je ne connais même pas votre prénom. »

Elle s'appelle donc Quinn. Le prénom est joli, Alfie trouve qu'il lui va bien. N'ayant rien de plus à faire dans cet hôpital, il s'en va tuer le temps jusqu'à vingt heures, heure du rendez-vous. Il passe chez lui, dans cet appartement où Nevaeh n'est pratiquement jamais, autant que Grace. Une est en pleine crise post-rupture, mais en ce qui concerne l'autre, Alfie n'a jamais la moindre idée de où elle peut bien se trouver. Il profite de pouvoir croiser sa soeur qui loge là pour un temps et la harcèle de questions sur les nouveautés de sa vie, comme le ferait n'importe quel grande frère. Le temps passe vite, plus vite que ce qu'il pensait. Rapidement, Alfie quitte le confort de son salon et hésite dans la rue entre prendre sa voiture ou non. Il a déjà conduit en ayant bu plusieurs verres et jamais il n'a eu le moindre accident, mais il ne voudrait pas offrir à Quinn une mauvaise image de sa personne. Il décide donc d'y aller à pieds, il est de toute façon en avance. Et pour la première fois, Alfie arrive le premier à un rendez-vous. Il s'avance jusqu'au bar mais n'a cependant pas le temps de commander quoi que ce soit. Une voix se fait entendre derrière lui, celle du docteur qu'il arrive facilement à reconnaître. Il se tourne vers elle, la regarde, et ne peut s'empêcher de sourire. « Waw, je préfère cette tenue à celle de ce matin. » Elle est sexy, surtout maintenant que cette robe met en valeur son corps. « Je te paie un verre ? » lui demande-t-il avant de réaliser « Au fait, je suppose qu'au point où on en est, on peut se tutoyer maintenant non ? » demande-t-il sans la quitter des yeux.

Elle le complimente à son tour et Alfie se contente d'un simple sourire en guise de remerciement. Après avoir pris place à ses cotés, il commande pour eux deux : un sex on the beach pour elle, un scotch pour lui. Après ça, elle l'interroge sur l'état de sa tête et fait s'étirer les lèvres du jeune homme en un sourire en coin. « Plutôt bien, j'ai eu un bon docteur pour s'occuper de moi, » répond-il en levant les yeux vers Quinn. Il n'avait pas grand chose au final, mais il aime malgré tout souligner ce détail histoire de lui faire comprendre qu'il a apprécié le fait que ce soit elle qui s'occupe de lui. Le barman ne tarde pas avant d'apporter leurs verres puisque le bar n'est pas encore bondé, et Alfie boit une gorgée du sien avant de le reposer sur le bar. « Ah non ? Alors je suppose que tu n'es pas à Bowen depuis longtemps, c'est un peu un incontournable quand tu vis ici. » Le Elm Street, un de ses bars préférés, endroit qui aura connu bon nombre de ses soirées trop arrosées. Elle lui demande de lui parler de lui et il laisse son regard se perdre dans le vide, réfléchissant à ce qu'il pourrait bien lui dire qui ne tirerait pas trop en longueur. « Alors, déjà je suis espagnol, mais je crois que mon accent me trahit assez pour que j'ai besoin de le souligner. Sinon, je retape un bar en ce moment quelques rues plus loin, peut-être que tu pourras passer lorsqu'il sera terminé si l'envie te prend, » ajoute-t-il en la regardant, un sourcil haussé.