Hair-cashmeere / B&F

Les cheveux, c’est sacré. Parole de fille. Depuis sa tendre enfance, Fleur entretient ses cheveux avec beaucoup de soin. Si vous avez besoin de conseils, demandez-lui ses petites astuces comme les bains d’huiles, son masque à la kératine, ou l’utilisation très peu fréquente du sèche-cheveux. Elle peut bien remercier son amie Bonnie pour ses précieuses astuces.

Malgré tout, il lui ait arrivé de commettre des erreurs, comme choisir une couleur trop éloignée de sa couleur naturelle. Bonjour la catastrophe ! Heureusement que Bonnie ait été là pour réparer les dégâts. Mais les filles c’est comme ça. Quand on a les cheveux bouclés on les veut fins. Quand on a les cheveux bruns, on les veut blonds. Et vice et versa. Maintenant, Fleur ne veut plus refaire la même erreur. Pour entretenir ses mèches, elle prenait toujours rendez-vous au salon de Bonnie.

- Bonjour ! salua t-elle joyeusement, en rentrant.

Pour la remercier d'avoir été une coiffeuse exemplaire, mais aussi une amie extraordinaire, Fleur lui avait apporté un livre pour apprendre le français. Depuis peu, Fleur lui enseignait quelques bases. Bonnie rêvait d’aller un jour en France, et d’ailleurs Fleur était sur le point de lui faire une petite surprise.

L'un des avantages à être coiffeuse, c'était qu'on faisait des tas de rencontres. Toutes n'étaient pas bonnes - certains clients étaient vraiment imbuvables ! - mais parfois, ces rencontres se changeaient en véritable amitié. C'était le cas de Fleur. Elles s'étaient connues au salon et avaient vite sympathisé. Au fil des rendez-vous, leur relation s'était approfondie jusqu'à ce qu'elles deviennent amies et se voient même en dehors du salon.

Ce jour-là, quand Fleur pénétra dans le salon, Bonnie l'accueillit avec un large sourire chaleureux. Elle était contente de la voir, comme toujours. « Bonjour ! », lui dit-elle dans un français presque parfait. Même si elle était (très) loin d'être bilingue, elle commençait à maîtriser les bases. Grâce à Fleur, les mots courants tels que bonjour, merci ou au revoir n'avaient plus aucun secret pour elle ! Elle était incapable de tenir une conversation mais elle avait bon espoir de parvenir à parler suffisamment bien pour pouvoir se débrouiller quand elle irait en France. Quoi, elle avait bien le droit de rêver, non ? Elle avait sûrement plus de chance de gagner au loto que d'aller en France un jour mais "visiter Paris/la France" était dans son top 20 de choses à faire avant de mourir et elle comptait bien honorer tous les trucs notés sur cette liste ! « Tu vas bien ? », poursuivit-elle, en anglais cette fois-ci.

Le bonjour de Bonnie sonnait un bon français. A force de pratiquer le son « rrr » (qui était difficile à prononcer pour tous les anglophones de la terre), le travail avait fini par payer.  Impressionnée par la progression de son élève, Fleur leva ses pouces en l’air toute excitée.

- Bien ! Tu gères ! s’exclama t-elle en lui accompagnant son hourra d’une danse de l’épaule.

Elle vint à elle pour la saluer et la gratifier d’un câlin amical. Puis elle lui montra fièrement le livre « New method of learning with facility the french tongue » dont elle lui avait apporté.

- Tu t’occupes si bien de mes cheveux, que j’voulais te faire un petit cadeau.

Ce qu’elle ne savait pas encore, un billet d’avion se cachait entre les pages du livre. Fleur avait tellement l’habitude de passer des vacances ou des longs week-ends à Paris, qu’elle était devenue amie avec la gérante de l’agence de voyage. Systématiquement elle lui faisait des tarifs d’hôtesse de l’air, une vraie aubaine pour elle ! Elle en avait profité pour réserver des billets pour le mois à venir, pendant une semaine où le férié rallongeait le week-end. En espérant que Bonnie puisse se libérer à ces dates, Fleur s'était dit qu'au pire des cas, elle changerait les dates.

Bonnie répondit volontiers à l'étreinte amicale de Fleur, la serrant dans ses bras à son tour avant d'ouvrir grands les yeux en voyant le bouquin que son amie lui montrait.« Fallait pas, je fais que mon boulot, tu sais. Et puis c'est un plaisir de m'occuper de tes cheveux !» Elle n'avait pas l'impression de mériter un cadeau, elle n'avait rien fait d'exceptionnel. Elle avait juste fait ce pour quoi elle était payée, à savoir s'occuper de ses cheveux. Cependant, elle était très touchée par la générosité de Fleur et son cadeau lui faisait vraiment plaisir. De mémoire, c'était la première cliente à avoir une si gentille attention envers elle. Cette fille était vraiment exceptionnelle. « Merci beaucoup, c'est vraiment adorable ! », lui dit-elle en souriant. Elle prit le livre dans ses mains et observa la couverture avant de relever la tête vers Fleur, lui adressant un regard amusé. « Grâce à toi, je serai bilingue d'ici la fin de la semaine ! », plaisanta-t-elle avant d'ouvrir le bouquin pour le feuilleter. La page s'ouvrit machinalement sur l'endroit où Fleur avait glissé le billet d'avion et Bonnie resta interdite, fixant le billet sans rien dire. L'effet de surprise passé, elle leva une nouvelle fois la tête vers Fleur et lui tendit le billet. « Tiens, t'as oublié ça à l'intérieur », fit-elle gentiment. Elle était incapable de se dire que Fleur lui avait pris un billet pour la France. C'était impensable. Personne ne faisait ce genre de cadeau, c'était beaucoup trop ! Alors Bonnie pensait naïvement que Fleur avait oublié son billet d'avion dans le livre qu'elle venait de lui offrir. Dans l'esprit de la jeune coiffeuse, c'était beaucoup plus logique que de se dire que sa cliente préférée - avec qui elle avait noué une amitié spéciale - lui offrait un voyage en France, l'un de ses plus grands rêves, pour la remercier de s'être occupée de ses mèches blondes.

- Mais tu t’en occupes si bien ! complimenta Fleur comme si elle savourait un petit bonbon.

Le livre d’apprentissage à la langue française ne représentait rien à côté des billets dont elle était sur le point de lui offrir. Lorsque Bonnie ouvrit le livre pour découvrir son billet de voyage, elle sembla surprise mais pas interloquée. D’un geste machinal elle lui rendit le billet, comme si il s’agissait d’une simple erreur de sa part. Fleur aurait du prévoir sa réaction.

- Non, non c’est pour toi, riposta Fleur.

Anticipant sa réaction, elle figea ses mains en l’air. Mettre mal à l’aise Bonnie était bien la dernière chose qu’elle voulait, Au contraire, le but était de lui faire plaisir. Combien de fois elle lui avait dit que partir en France était un de ses rêves ? Un rêve qui était accessible depuis si longtemps pour Fleur, qu’elle ressentait l’irrésistible besoin de lui faire partager. Bonnie le méritait.

- Ecoute je sais que ça parait fou, mais j’ai eu ces billets pour une bouchée de pain. Ma mère nous hébergera. On ne part pas un mois, juste quelques jours. On part jeudi, on revient lundi !

Elle avait dit cela, comme si ce n’était qu’une banalité. Sa mère serait ravie de les avoir pour quelques jours, et puis le reste du temps elles seront libres de visiter Paris.

Non, non c'est pour toi. Bonnie fronça les sourcils, se répétant cette phrase mentalement plusieurs fois. Pour... elle ? Un billet d'avion ? Pour Paris ? Elle devait plaisanter, ce n'était pas possible ! Elle ne répondit rien, s'attendant à ce que Fleur se mette à rire en lui sortant que c'était une blague. Mais au lieu de ça, elle lui expliqua que c'était très sérieux et qu'elle comptait vraiment l'amener à Paris. Wow. « Mais... Fleur, tu peux pas m'offrir un billet d'avion ! T'es folle ! » Elle avait dit cela avec un grand sourire béat. C'était complètement dingue, ouais. Mais elle rêvait d'aller à Paris depuis qu'elle était gosse et elle ne pouvait cacher pasjouer la fille offusquée alors qu'elle touchait son rêve du bout des doigts. Ce cadeau était une folie et elle ne le méritait clairement pas mais un voyage à Paris, ça ne pouvait pas se refuser !  « C'est le meilleur cadeau du monde, tu sais ? C'est le plus dingue, aussi... Mais Paris, quoi ! Merci, Fleur. T'es géniale ! Et promis, je paierai tout une fois là-bas pour te remercier comme il se doit ! » Hors de question qu'elle se laisse inviter à un voyage tout frais payés ! Fleur avait eu l'extrême gentillesse de lui payer son billet d'avion, elle se chargerait du reste. Elle était surexcitée et s'imaginait déjà au pied de la Tour Eiffel ou devant La Joconde, dans le célèbre musée du Louvre. Puis son esprit la ramena soudainement à la réalité. Elle ne pouvait pas partir. Partir, ça voudrait dire abandonner son copain et même pour quelques jours, c'était impensable pour elle. Elle regarda Fleur d'un air désolé - et un peu triste, elle devait l'avouer. « Je pourrai pas venir... Je peux pas laisser mon copain tout seul ici, même pour quelques jours. » Elijah et elle ne s'étaient jamais vraiment quittés depuis le début de leur relation. Elle savait qu'il ne supporterait pas qu'elle parte sans lui à des milliers de kilomètres de Bowen. Il angoisserait, passerait des journées épouvantables et elle s'inquiéterait pour lui à chaque seconde, ce qui gâcherait clairement le voyage.

Bonnie n’arrivait pas à y croire. La folie des grandeurs avait une fois de plus frappée Fleur. Mais pour elle, il ne s’agissait pas d’une grosse dépense selon les circonstances.  Ses vacances en France étaient son unique petit plaisir, et elle se l’offrait très souvent pour voir sa mère. Depuis qu’elle est toute jeunette elle bénéficie des tarifs extra-économiques.

- Ça me fait super plaisir ! Ne t’inquiètes pas pour ton budget, je connais Paris comme ma poche et on va faire en sorte de ne pas se ruiner.

Paris était un vrai piège à touristes et il était hors de question que Bonnie dépense à tout va une fois qu’elle sera sur le sol français. Fleur avait l’habitude de squatter la restauration rapide à petits prix. Et puis il y a tellement de choses à visiter qui ne demande pas de payer une entrée comme la Place de la Madeleine, le Jardin du Luxembourg, le Sacré-Cœur…

Soudain la joie de Bonnie retomba. Elle pensait à son petit ami, et elle ne voulait pas le quitter ne serait-ce que pour un petit laps de temps. Fleur s’offusqua, ne comprenant pas vraiment le réel problème.

- Voyons, Bonnie ! C’est juste quelques jours ! insista t-elle. C’est ton rêve, il comprendra ! On l’appellera tous les jours, on lui fera des appels en visio...

D’ailleurs de son côté elle en fera de même pour Max. Même si il va clairement lui manquer, elle sait qu’elle va pouvoir profiter de l’air parisien.

Bien évidemment, Fleur ne comprenait pas qu'elle s'empêche de partir à Paris à cause de son copain. Et c'était normal. Bonnie ne le prenait pas mal, à sa place, elle aurait sûrement réagi de la même manière. « Je sais, mais... » Elle s'arrêta sans terminer sa phrase et soupira un peu. Elle ne s'imaginait clairement pas partir à des milliers de kilomètres de son copain, même pour quelques jours. Elle savait qu'il aurait du mal à le supporter. Il détestait rester seul. « Je lui en parlerai ce soir et je te tiens au courant, d'accord ? » Elle s'en voulait un peu de gâcher l'enthousiasme de Fleur. C'était une super surprise - et probablement le plus beau cadeau de toute sa vie. Mais elle ne pouvait pas partir sans prendre en compte l'avis de son copain. Elle savait pertinemment que les gens ne comprenait pas. Tout le monde lui disait qu'elle accordait trop de place à Elijah, qu'elle ne vivait que par rapport à lui... Mais elle ne pouvait pas faire autrement. Il avait besoin d'elle. Réellement besoin d'elle. Et elle n'avait pas envie de l'abandonner pendant plusieurs jours pour prendre du bon temps sans lui alors qu'il se laisserait sûrement dépérir. Tant pis si personne ne comprenait. Espérant que son amie ne lui en voudrait pas, elle lui adressa un petit sourire.  Ce n'était pas un "non" catégorique. Elle souhaitait simplement en parler avec son copain avant de lui donner une réponse - et ça lui paraissait tout à fait normal. « Merci en tout cas. C'est vraiment un super cadeau. » C'était sincère. Elle était sincèrement touchée par l'attention de Fleur et elle serait ravie de partir en voyage avec elle.

Voyant clairement l’appréhension sur le visage de Bonnie, Fleur posa ses mains sur ses épaules et se montra rassurante. Elle lui sourit.

- Ecoute si tu veux, je lui en parlerais ? Tu me le présenteras et je lui dirais que je prendrais bien soin de toi.

Malgré qu’elle en ait fait référence à plusieurs reprises, Fleur n’a jamais rencontré le petit ami de Bonnie. Elle sait simplement qu’ils sont ensemble depuis très longtemps, ce qui la laisse penser qu’ils n’ont pas dû être séparés pendant très longtemps.

- Arrête de me remercier, ça me fait plaisir. Et puis, je n’avais pas envie de partir seule cette fois, se justifia t-elle, en haussant simplement les épaules.

Depuis sa tendre enfance, Fleur prenait l’avion sans personne. Son père ne tenait pas particulièrement à revoir sa mère. Depuis leur divorce, ils n’ont pas gardé un bon contact. Au moins là, elle aura de la compagnie. Et puis depuis que sa mère s'est trouvé une compagne, elle avait l'atroce impression de tenir la chandelle.

Bonnie considéra un instant la proposition de Fleur. Elle n'était pas contre lui présenter son copain. Au contraire, elle se disait que ce serait une bonne idée. Ils pourraient faire connaissance et cela rassurerait peut-être Elijah. Il verrait que Fleur était sympa et qu'elle n'avait aucune mauvaise intention. Elle lui avait déjà parlé de son amie Française à plusieurs reprises mais ils n'avaient jamais eu l'occasion de se rencontrer pour l'instant. Ils avaient un bon prétexte pour le faire, à présent ! Enchantée par l'idée, Bonnie adressa un sourire à son amie. « C'est une super idée, ouais ! » Elle marqua une courte pause et sourit un peu plus. Elle commençait à croire que ce voyage allait être possible et cela lui faisait vraiment plaisir. Même si elle n'oserait pas l'avouer à voix haute, elle pensait sérieusement que s'éloigner quelques jours de son copain lui permettrait de faire le point. Ils étaient trop l'un sur l'autre depuis qu'ils vivaient ensemble. C'en était étouffant. Prendre quelques jour de vacances loin de Bowen lui serait sans doute bénéfique. « Tu pourrais venir dîner chez nous un soir dans la semaine ? Comme ça, vous ferez connaissance et on pourra lui parler du voyage ! » Bon, il faudrait qu'elle en parle à Elijah d'abord évidemment. Elle ne voulait pas inviter quelqu'un chez eux sans lui demander son avis auparavant. Mais il n'y avait aucune raison qu'il refuse. Elle sourit à Fleur quand elle lui dit d'arrêter de la remercier. « Je suis obligée de te remercier, attends ! Tu te rends compte de ce que tu viens de m'offrir ? Je rêve d'aller en France depuis que je suis gosse ! », fit-elle avec un large sourire. Son rêve. Elle lui avait ni plus ni moins offert son rêve sur un plateau. Ce n'était pas tous les jours qu'on lui offrait des billet d'avion pour Paris ! Toujours souriante, elle pencha un peu la tête et regarda son amie. Au lieu de la remercier verbalement jusqu'à la nuit des temps, elle pouvait lui proposer ses services de coiffeuse. Certes, lui faire une coupe ou quelques mèches n'étaient pas le cadeau du siècle mais elle se sentirait moins redevable ! « Je m'occupe de tes cheveux pour te remercier, si tu veux ? », demanda-t-elle gentiment.

Fleur avait bien remarqué que Bonnie appréhendait grandement la réaction de son petit ami. C'est pourquoi elle lui avait proposé de lui parler de leur voyage et de le rassurer. Même si elles partaient que quelques jours, elles seront tout de même à des millions de kilomètres de Bowen. Alors elle lui rassurera que tout ira bien et qu'ils feront des appels en visio tous les jours, et toutes les heures si il le désire.

- Tu m'enverras un message pour s'organiser ça, assura Fleur.

Bonnie ne cessait de la remercier, mais Fleur n'y voyait aucun mérite. Elle était tout aussi heureuse de pouvoir lui faire plaisir et partager ce rêve avec elle.

- Et moi j'y vais depuis que je suis gosse! La directrice de l'agence est une amie, j'ai des tarifs imbattables. Donc t'as pas à te sentir redevable! rigola t-elle.

Puis comme Bonnie lui proposait tout de même de s'occuper de ses cheveux, Fleur sauta sur l'occasion.

- Maintenant que tu le dis, mes cheveux auraient grand besoin d'un soin.

Et un petit brushing serait le bienvenu. Étant donné la longueur de ses cheveux, Fleur avait un mal fou à se les coiffer seule. Quand Bonnie chouchoutait sa crinière, elle était au summum du bien-être.