stay high + emrys.

Encore un verre, juste un de plus, puis encore un autre et un autre. Cette spirale infernale dont Emrys pense pouvoir s’extraire ne l’attire qu’un peu plus au fond du trou. Il se fait croire qu’il est invincible, qu’il peut boire des litres d’alcool sans que cela finisse mal. D’un autre côté il sait que si ça se finit mal, s’il se réveille pas le lendemain, il sera heureux car ils seront enfin réuni. Il retrouvera sa femme là-haut, dans les nuages. Ce serait en quelque sorte un suicide accidentel, son fils aurait enfin une famille aimante et bonne pour lui. Mais il n’est pas prêt à sauter le pas, il ne veut pas en finir. Du moins plus maintenant. Il veut juste boire pour oublier, pour ne plus penser. Avant il ne buvait quasiment jamais, le jeune homme n’a jamais été dans l’excès, toujours à suivre les règles, à être bien propre sur lui, droit et intègre. Depuis quelques temps il n’est plus le même homme. Il se néglige, ne parle plus avec autant de passion de ses cours, n’est plus que l’ombre de lui même. Pourtant, il avait réussi à quelque peu remonter la pente depuis la mort de sa femme, il a eut une période, sans pour autant être heureux, où il n’était pas tant déprimé. Mais le jour de leur anniversaire de mariage, il n’a pas pu, il a commencé à boire et il ne s’est pas arrêté.
Ce soir est un soir de trop, il boit plus que d’habitude, commence à avoir du mal à marcher droit donc il reste assis. Emrys doit passer pour un ivrogne aux yeux de bon nombre de clients du bar mais c’est ce qu’il est après tout. Il espère seulement ne pas croiser un de ses élèves. Il ne veut pas que les gens sachent, il n’a pas envie de se faire virer. Son travail est la seule chose qui l’aide à tenir, c’est la seule bouée qui le retient de couler.
Une jeune femme l’interpelle en lui disant que l’alcool ne l’aidera pas à oublier ses problèmes. Elle a raison mais elle aussi boit, c’est assez ironique. Le jeune homme la détaille, plus lentement qu’à son habitude, les connections se faisant moins rapidement qu’à l’habitude dans son cerveau. Elle est blonde, jeune, il juge entre vingt et vingt-cinq ans et a l’air d’avoir l’habitude de boire d’après ce qu’il remarque mais ses pensées sont tellement embuées qu’il a peut-être totalement tord sur son jugement. Il se tourne vers elle pour la regarder dans les yeux. « Pourtant vous semblez penser le contraire. Vous n’êtes pas en meilleur état que moi. » dit-il avec une voix grave. Cette voix que l’alcool lui donne, une voix plus profonde et plus lente. Qui laisse bien plus transparaître son accent mi-anglais mi-français qu’à l’habitude. « On a tous des problèmes à oublier. » dit-il en l’air, sans réellement d’adresser à elle.