Le plus beau de Saint-Jean / F&N

Fut une époque où Léo avait été certainement tout aussi romantique que la jolie Fleur alors il ne lui en voulait pas de ce béguin un peu trop envahissant. C'était même flatteur finalement de savoir que l'on plaisait à une jeune fille comme elle. Ce qui le gênait c'était qu'elle s'accroche à un rêve inaccessible et pire encore, qu'elle l'idéalise à tort, lui, l'homme bourré de défauts. Il fallait juste que tu t'ouvres à d'autres hommes et puis voilà, maintenant tu m'échappes. Non, il n'était pas jaloux, mais ces derniers mots témoignaient de son côté possessif coûte que coûte, en se détachant de lui, elle s'éloignerait peut-être davantage et ça il le craignait, comme toute forme d'abandon.
La question qui tuait, celle qu'il ne fallait pas poser. Oui, en quelque sorte il s'était retrouvé dans une situation pareille, pire il l'avait cherchée. En se rapprochant de la mère de son fils, en flirtant à nouveau avec elle puis en s'en détournant lorsque Grace était réapparu dans sa vie. C'était une histoire de timing, combien de chance y avait-il pour qu'il recroise sa belle égérie au même moment qu'il craquait pour Billie. Une histoire de timing... mais il aurait pu choisir la facilité, il aurait pu décider de continuer avec Billie, de former avec elle cette parfaite petite famille, les deux parents enfin unis autour de leur enfant. S'aurait été beau et peut-être qu'il aurait été heureux... Mais Grace, toujours elle, celle qu'il n'avait jamais oublié, celle qui illuminait sa vie par sa simple présence, comment résister. Alors il avait endossé le rôle du salaud et laissé la jeune maman sur la touche. Il s'en voulait, quand il y pensait, parce qu'il savait qu'encore une fois il lui avait fait du mal. Et en même temps si on lui laissait le choix il referait la même chose, toujours, parce qu'il avait été heureux et amoureux de sa blonde solaire. Mais comment répondre à Fleur, comment lui donner le bon conseil en se servant de son expérience. Il était bon pour écouter, pour complimenter, mais mauvais pour donner des leçons, lui qui faisait tant d'erreurs. Je ne suis pas sûr qu'il souhaite vraiment être ami avec toi. Cet homme est un serpent... Il se racla la gorge, après tout ça n'était parce que lui n'aimait pas Noah qu'il devait le dénigrer devant Fleur. ...Pardonne-moi. Je n'en sais rien en fait. Mais si tu es amoureuse de Maxwell alors reste avec lui, Noah risque bien plus de te faire souffrir et je pense que tu le sais, c'est un homme à femmes, il se contentera jamais d'une seule. Pour l'amitié... peut-être qu'il peut me donner tort. Je l'espère pour toi. Voilà comment faire passer son message sans trop se mouiller.

Fleur afficha un sourire gêné. Une chose est sûre : elle aimait Maxwell plus que tout. Mais entendre un semblant de jalousie de la part de Léo lui touchait en plein cœur. Il a été avant lui, l’homme qu’elle a le plus aimé. Ensemble, ils tournaient une page de leur aventure amoureuse. Leurs baisers parisiens resteront enfouis en leur mémoire, appartenant au passé. Elle le réalisait peu à peu avec une tendre mélancolie. Malgré tout, elle avait une entière confiance en leur nouvelle amitié. Elle lui demanda donc un conseil d’ami et notamment un avis masculin. Les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, dit-on. Alors, selon lui, pourrait-elle rester l’ami de Noah ? Léo y émettait de gros doutes.

- On verra bien ce que l’avenir nous réserve, pas vrai ? lui dit-elle dans un murmure.

L’avenir, elle le voyait avec Maxwell et pas avec Noah. Fleur le dévisageait, avec un air de mépris méconnaissable. Elle prenait conscience de ce que venait dire Léo. Noah était un homme à femme. A peine une heure après avoir échangé un baiser, le voilà qui flirtait avec une jolie demoiselle. Et dire que cet homme était marié ! Peut-être n’était-il pas un mari fidèle, mais qui sait, il pourrait être un ami loyal ? La naïveté de Fleur voulait y croire. Cependant ce soir elle était bien trop déçue pour ça.

- Tu me raccompagnes ? Je n’ai plus tellement envie de rester ici.

Elle jeta un dernier regard dégoûté en direction de Noah qui était en ravissante compagnie, puis s’en alla.