(#17) life is an unexpected surprise -r.

18 semaines. Concho allait embarqué pour la croisière et tu devais le voir avant que celui-ci ne parte. 18 semaines, tu en serais à 20 à son retour, soit 5 mois. Déjà que tu attendes aussi longtemps, il pourrait être fâché même si tu en doutais alors tu ne voulais pas prendre le risque d'attendre encore plus. Pour cacher l'effet de surprise - parce que ton ventre commençait de plus en plus à se dessiner, tu avais déjà pris quelques kilos et une taille de poitrine - tu avais opté pour une robe large. Après tout, tu voulais le cacher un minimum et le laisser essayer de deviner le pourquoi de ta visite bien matinale. Tu ne savais pas s'il serait levé et si c'était quelqu'un d'autre qui t'ouvrait, tu serais ravie d'aller sauter dans son lit à pieds joints, en faisant attention. A presque cinq mois, le ventre était assez fragile et tu ne voulais pas risquer de provoquer le moindre petit accident pouvant mettre en péril la sécurité du bébé. « Bonjour, meilleur ami du monde ! » Tu n'aurais pas le plaisir de lui sauter dessus dans son lit, puisqu'il venait de t'ouvrir la porte. Mais tu te retenais de lui sauter au cou sinon il allait vite comprendre ce qui t'amenait. Et pour ça, tu détournais son attention. « Tu m'offres un thé ? J'ai apporté les viennoiseries. » Tu agitais le sac juste devant ta tête. Tu savais comment négocier avec Concho, tu savais quoi apporter et quand l'apporter. Ce qui te donnait un avantage quand tu voulais le voir et lui parler. Comme aujourd'hui. D'ailleurs, ça avait le mérite de marcher. Intérieurement, tu te félicitais, même si tu n'avais pas beaucoup de mérite. « Tu vas bien ? » demandais-tu avec un immense sourire alors que tu passais le pas de sa porte. Tu pouvais admirer un salon en désordre et quelques jouets d'enfants traînant par-ci, par-là. Tu savais à qui ça appartenait, même si tu n'avais pas parlé à Perry depuis un moment, tu savais de la bouche de Concho qu'il était à nouveau papa. Une nouvelle qui t'avait réjouie lorsque tu l'avais appris.  

Mes valises étaient bien alignées devant la porte de l’appartement, auprès de celles de Perry et de Freja. Tous les trois avions décidé de nous embarquer dans cette folle aventure qu’était la croisière, et seule Tahlia restait à l’appartement afin de surveiller le fort. Enfin, c’était plus ou moins pour cette raison. Nous aurions tous préféré qu’elle nous accompagne, quitte à barricader l’endroit à notre départ, mais malheureusement la brunette avait du boulot et ne pouvait pas prendre congé quand elle le voulait. Pas comme les trois autres, visiblement. Je venais de déposer au sol mon sac à dos quand on cogna à la porte. Je n’attendais personne, et en même temps mes colocataires ne devaient pas attendre qui que ce soit non plus puisqu’ils n’étaient tous pas là. Je fronçai les sourcils et allai répondre, espérant ne pas tomber sur des vendeurs de trucs dont je n’avais aucunement besoin mais qui sauraient me convaincre juste en faisant pitié. Encore pire quand ils étaient jeunes. Comble de bonheur, il s’agissait de Lily-Anaëlle. « Meilleure amie du monde !! » Répondis-je avec tout autant d’enthousiasme, ayant évidemment une pensée pour Fleur parce qu’elle aussi était à ce rang-là. Pour elles, c’était facile, il n’y avait que moi, mais elles, elles étaient deux. « Quelle belle surprise ! Je ne m’attendais pas du tout à te voir ce matin, et avec des viennoiseries en plus ! J’serais mal poli d’refuser de t’offrir du thé. » Je la laissai passer et, en lui débarrassant les mains de son sac, je remarquai évidemment que sa poitrine sous sa robe semblait plus saillante, plus volumineuse. J’avais peut-être rougi un peu, je sais pas trop, mais en tout cas j’ai bien rapidement tourné la tête pour filer vers la cuisine alors que Lily me demandait si j’allais bien. « Très bien, demain matin j’me réveillerai sur l’océan et j’n’aurai qu’à marcher quelques mètres avant qu’on m’remette un mimosa dans la main ! » Me vantais-je en souriant. J’étais évidemment déçu que Zelda ne puisse pas m’accompagner, trop débordée par le boulot, mais je savais qu’elle se réjouissait pour moi. « Et toi ? Tu m’sembles rayonnante, et pourtant il est si tôt, j’sais pas comment tu fais. » À côté, j’avais l’air d’un zombie, avec mes traits fatigués et mes cheveux en bataille. J’allumai la bouilloire tout en ouvrant notre armoire à thé commune afin de les présenter à Lily-Anaëlle pour qu’elle puisse choisir.  

A peine étais-tu rentrée que quelque chose se passait. Tu n'avais pas quitté son visage, tu avais même souri à sa réaction, il avait détourné le regard et tu avais vu ses joues un peu rougies. Une occasion à côté de laquelle tu ne pouvais décemment pas passer. « C'est moi où tu viens de reluquer ma poitrine ? » Tu ouvrais la bouche en grand, pour faire mine de t'offusquer. Jouer la surprise, même si tu étais très mauvaise comédienne et que tu ne pouvais pas t'empêcher de sourire. De rire même face à sa réaction. « Je sais que t'es seul, mais je suis mariée moi ! » Tu secouais doucement la tête à la négative. Et voilà, une bonne journée en perspective. Tu ignorais encore que Concho avait à nouveau quelqu'un dans sa vie. Et une autre rousse qui plus est. La dernière fois que vous aviez causé amour, c'était le prénom d'Ally qui était ressorti et depuis, tu avais un peu éludé la question lorsque tu le voyais parce que tu ne voulais pas risquer de provoquer une dispute. Et de ce fait, tu passais à côté d'informations importantes. « De belles vacances qui se profilent alors. » Tu choisissais ton thé, que tu posais dans ta tasse chaude, reportant ton attention sur lui. Il avait eu un début d'année difficile et même si son centre semblait reprendre la même place dans sa vie qu'avant, il avait sûrement besoin de faire un break. Tu te demandais même qui allait s'en occuper en son absence. Avait-il toujours un partenariat avec Eleanor ? Une question qui resterait sans réponse parue que tu n'étais pas venue là ce matin pour ça. « Rayonnante ? Carrément ? C'est une très belle journée, je passe te saluer avant que tu ne débarques pour deux semaines et après j'ai une séance de lecture à la librairie aujourd'hui, alors ça me remplit de joie ! » Mais il n'y avait pas que ça. Tu le savais bien, tout en gardant un grand sourire sur le visage. Tu allais lui dire, bientôt, très bientôt.

Mince, elle avait vu. Évidemment, avec mes joues qui s'étaient empourprées dès la première seconde et mes yeux qui avaient louché, difficile de ne pas remarquer mon petit écart de conduite. J'eus un rire gêné, malgré que j'eus plutôt essayé d'adopter un rire décontracté pour paraître bien à l'aise. L'effet ne fut pas celui escompté. « Mais je suis désolé ! C'est juste ... ben, ils sont ... ils sont très ... là. » Me justifiais-je en montrant sa poitrine de mes deux mains, comme on désignerait un objet quelconque. Lily-Anaëlle avait toujours eu un très beau corps, mais là, ce changement ne passait pas inaperçu. « Et puis tu sauras, madame, que je ne suis plus seul, moi non plus ! C'est pas encore le mariage, mais quand même ... » Mes mains et mes yeux pouvaient assez bien s'occuper avec la poitrine de Zelda pour ne pas avoir à se perdre dans celle de Lily-Anaëlle. Surtout qu'elle était ma meilleure amie ; c'était plutôt gênant en fait de l'imaginer de cette manière-là. Elle était comme une soeur, pour moi, et ce depuis qu'elle m'avait accueillie chez elle des années auparavant. Nous parlâmes donc de ma croisière, celle qui s'approchait à grands pas puisque mes valises étaient déjà bien fermées, prêtes à être embarquées sur le bateau aux côtés de celles d'Oscar et de Perry. « Oh que oui ! J'me suis rarement permis de telles folies mais là, j'crois que ça me fera du bien. Nelligan et toi n'aviez pas envie de petites vacances ? » Demandais-je, curieux. C'aurait pu être génial de se retrouver avec eux, aussi, sur le bateau. Mais toute la ville de Bowen ne pouvait pas s'être procuré un billet, je le savais bien. Une fois à la cuisine, nos thés en route, je fis part à mon amie de son allure rayonnante. Ses yeux brillaient plus que d'habitude, comme si une lumière l'animait constamment. « Aaaah, j'avais oublié à quel point un rien t'émerveille. Enfin, je dis ça positivement, hein. J'admire ça de toi. » Bien sûr, faire quelque chose qui me passionnait me comblait de bonheur aussi, mais peut-être pas à ce point-là ! Mais, connaissant Lily-Anaëlle, cette réponse me sembla satisfaisante et je ne cherchai pas plus loin.
 

Le voir rougir, être dans tous ses états était relativement drôle, il ne semblait pas savoir où se mettre et s'il avait pu disparaître, il l'aurait sûrement fait. D'autant plus que tu étais tellement de bonne humeur que tu étais d'attaque pour l'embêter le plus longtemps possible. « Et c'est aujourd'hui que tu le découvres ? » demandais-tu avec un sourire moqueur sur le visage. Ce n'était que pour l'embêter parce que tu avais bien conscience qu'elle n'était pas comme avant. C'était d'ailleurs la première chose qui y avait fait te remettre en question sur l'éventualité d'une grossesse. Ton mari avait mis un peu plus de temps le remarquer mais peut-être que c'était normal, quand on vit ensemble, les petits détails semblent insignifiants. Alors que lui, tu voyais bien qu'il était différent et tu avais mis ça sur le compte de la croisière mais ce n'était pas tout. Il y avait une femme dans sa vie. « Petit cachotier ! Je m'en doutais ! » Tu venais frapper son épaule avec ta main mais tu n'avais pas la moindre force, c'était uniquement plus pour le geste que pour lui faire vraiment mal. Surtout que tu avais plus de chance de te faire mal au poignet en essayant. Tu étais assez fragile après tout. « Tu sais que je vais devoir te cuisiner maintenant ?  » Et une visite amicale d'une dizaine de minutes allait devoir se transformer en conversation de plusieurs heures parce que la curiosité l'exigeait. « Nelligan et moi avons d'autres projets, c'est d'ailleurs une des raisons de ma venue ce matin. » Mais tu n'en dirais pas plus, pas tant que tu n'aurais pas des infos sur la jeune femme en question. C'était devenue ta seule envie de sujet à discuter, au moins pour l'instant. « Ça c'est uniquement parce que la vie est belle, Concho ! » Tu avais envie de te lever et de sauter partout, de créer une chanson pour l'exprimer et la chanter dans la rue comme si tu étais une princesse Disney, comme si le monde alentour n'existait pas. Mais ce ne serait pas possible. Pas dans la vraie vie, aussi belle soit-elle.

Contrairement à la timidité habituelle de Lily-Anaëlle, là, elle semblait carrément sortir son côté joueur avec moi, pour inverser les rôles. C’était très réussi, puisque c’était moi qui rougissait à vue d’œil et qui ne savais plus où me mettre. J’aurais dû savoir qu’il ne fallait pas parler des seins de mes amies, du moins pas devant elles ! Je me faisais prendre la main dans le sac et plus je me justifiais, plus je m’enfonçais les pieds dans le plat. « Mais non ! C’est pas la première fois que je regarde ta poitrine, c’est juste que dans cette tenue, elle est bien mise en valeur ! » Continuais-je, ne réalisant qu’après-coup que je venais d’avouer avoir déjà maté la poitrine d’une de mes meilleures amies. « Et je dis ça avec le plus grand respect. » Ajoutais-je comme si cela pouvait excuser le tout. Je souris comme un con pendant que Lily-Anaëlle s’esclaffait bien de son côté. « Au moins j’te fais rire. » Conclus-je finalement en secouant la tête et en riant à mon tour de moi-même. Puis, j’annonçai à la brunette que j’avais une petite amie, pour la contredire quant à sa supposition sur le fait que j’étais en manque. « Tu t’en doutais, ouais ? » Demandais-je, curieux de savoir quels indices avaient pu me trahir. Pas que c’était un secret, non, pas vraiment. Zelda et moi nous montrions en public, mais il était vrai qu’avec la transition bien spéciale de l’amitié vers la relation plus intime, nous ne l’avions pas non plus crié sur tous les toits. Il fallait déjà nous-mêmes nous faire à l’idée. « Essaie de deviner, ce sera drôle ! » Lançais-je en me dirigeant vers la cuisine, un grand sourire enfantin au visage. Si elle se doutait que je voyais une femme, elle ne se doutait peut-être pas du tout de qui il s’agissait, et ce pourrait être drôle de voir avec qui elle pouvait bien m’imaginer. Nous parlâmes ensuite de la croisière et du fait que son époux et elle avaient eu d’autres projets. « Ah bon ? Quel genre de projet ? » Demandais-je tout en servant le thé dans deux tasses. J’en poussai une vers mon amie, qui sautait presque de joie pour un rien. « Si t’as pris quelque chose avant de venir, j’veux bien que tu m’en donnes un peu, ça a l’air de faire des miracles sur le moral ! » Je rigolai, me moquant ouvertement du surplus de bonne humeur de mon amie. Je ne faisais que me moquer gentiment, parce qu’au fond, c’était beau de la voir aussi heureuse.
 

Tu n'aurais jamais imaginé avoir une telle conversation un matin en débarquant chez Concho un jour, mais c'était le cas. Et ça te faisait rire. Toi qui d'habitude était rouge de honte, là tu en riais de bon coeur, presque flattée d'avoir eu de tels compliments. Venant de Concho, tu savais qu'il ne pensait pas à mal et avec ce que tu allais dire, ça pourrait détendre l'atmosphère. « C'est bon à savoir. Si on est dans un de ces moments où on est complément honnête l'un avec l'autre, j'ai déjà regardé tes fesses, surtout quand t'es revenu à Bowen. » Oui, parce qu'il avait bien changé en quelques années. Il avait pris en muscle surtout et du poids en moins. Ce serait mentir de dire que tu n'en avais pas profité pour te rincer l'oeil. Ami ou pas ami, il était un homme, tu étais une femme et tu avais parfois des désirs. Maintenant tu avais ton mari pour les combler, plus besoin de regarder d'autres fesses. « Tu me trouvais rayonnante mais toi aussi tu dégages une petite aura qui me dit à quel point tu te sens bien. Et je crois toujours mon instinct. » Bien que souvent, cet instinct t'avait fait défaut et tu avais eu tort. Mais si tu faisais référence à tes relations amoureuses, tu devais aussi savoir qu'une fois que tu coeur avait choisi, tu ne pouvais plus rien y faire. Soit tenter le coup, soit attendre. Tu avais essayé les deux et aujourd'hui tu ne saurais pas dire laquelle t'avait le mieux réussi. Mais sinon sûrement tenter le coup sinon tu n'en serais pas là aujourd'hui. « Tu sais que je ne connais pas trop tes amies, bien sûr, il y a les rumeurs mais je ne crois pas que ce soit l'une d'elle. » Tu avais surtout Lilas en tête. A son retour, elle semblait ressentir quelque chose pour lui mais pour son anniversaire elle était en couple. Tu ne savais pas trop où elle en était dans sa vie, et tu ne savais même pas s'ils étaient encore en contact. Et tu ne lui parlais pas assez pour avoir le moindre indice sur la fameuse gagnante. « On va avoir un peu de décoration et de shopping à faire. » Même si le bébé n'allait pas arriver avant quelques semaines et que vous en ignorez encore le sexe, il fallait prendre le temps d'organiser et de préparer une chambre d'enfant, de faire en sorte que la maison soit adapatée. « Je ne crois pas que cela puisse être possible. » Tu rigolais doucement. S'il y avait bien une chose qu'un homme ne pourrait connaître c'était l'hormone de grossesse. Celle qui amplifiait tellement les sentiments que quand on était heureux, on avait le cœur serré, l'impression qu'il allait exploser tellement il débordait de joie et qu'il n'était pas assez costaud pour le contenir.

Évidemment, la réplique de Lily-Anaëlle suffit à me remettre bien à l’aise. Je ris de bon cœur en l’imaginant me mater le derrière à la seconde où je tournais le dos. Je me doutais bien que ce n’était pas aussi systématique, tout comme je ne regardais pas sa poitrine dès qu’elle portait un haut un peu plus ouvert, mais quand même, cette révélation rétablissait effectivement l’équilibre. Nous étions quittes. Je me tournai d’ailleurs de dos à elle pour lui offrir une meilleure vue de mes fesses, la regardant par-dessus mon épaule avec un sourire. « C’est vrai qu’elles sont pas mal. Y’a beaucoup de travail là-dedans, t’sais. » Je continuai de rire tout en me retournant, pour faire face à Lily-Anaëlle de nouveau. Ce n’était guère surprenant qu’elle ait davantage commencé à regarder mon corps lors de mon retour à Bowen. Il s’était transformé, raffermi, découpé. Mon gras de bébé avait enfin décidé de fondre. Et puis, c’aurait été plutôt étrange qu’on se soit à ce point regardés, l’un et l’autre, au moment où je vivais chez elle avec sa mère. Je la considérais un peu comme une sœur, dans ce temps. Aujourd’hui, notre relation avait certes évoluée, mais je me sentais toujours aussi protecteur envers elle. Et elle envers moi. Ce n’était pas pour rien que nous remarquions chaque petit détail dans le visage de l’autre – nous étions aux aguets. Lily-Anaëlle avait donc elle aussi remarqué cette bonne humeur chez moi, même si elle était sans doute moins omniprésente que la sienne. « C’est vrai que je vais beaucoup mieux. » Je ne m’étais pas senti aussi bien, dans les derniers mois, ceux suivant le départ d’Ally. Heureusement, Zelda avait su me changer les idées en même temps que de me remettre sur les rails. « Oh, me parle pas de ces rumeurs, j’ai perdu le fil à force … Mais non, j’crois bien qu’elle, elle a été épargnée. C’est Zelda. » Lui appris-je donc. Comme Lily-Anaëlle ne semblait pas encline à deviner à l’aveuglette, je ne tournai pas davantage autour du pot. De toute façon, même si nous n’ébruitions pas notre relation, elle n’en était pas secrète pour autant. Lily et moi parlâmes finalement de la fameuse croisière sur laquelle je m’apprêtais à embarquer, ainsi que des projets qu’elle et son mari avaient pendant ce temps. « Vous réaménagez la maison ? » Demandais-je, nageant encore dans l’ignorance. Dans ma tête, il s’agissait seulement d’un besoin de changement, après tout la maison était à Lily-Anaëlle d’abord mais maintenant qu’ils y vivaient ensemble, peut-être que Nelligan avait eu envie d’y mettre un peu de sa couleur.
 

Les rumeurs que tu avais lues était drôles. Mais souvent un tissu de mensonge. Tu connaissais assez bien ton ami pour savoir ce qui était vrai ou non. D'ailleurs, s'il y avait eu quelque chose, tu en aurais sûrement entendu parler et comme ce n'est pas le cas, tu n'avais pas de soucis à te faire pour lui. Il avait l'air d'avoir su remonter la pente. Sûrement grâce à la jeune femme dont tu apprenais enfin le prénom. « Si elle porte un prénom de princesse de jeux vidéos, alors elle doit être l'une des amies de Nelligan mais je ne crois pas la connaître ! » C'était peut-être un cliché mais si elle portait un tel prénom, elle devait être elle-même plongée dans l'univers des jeux vidéos. Et connaissant Nelligan, il devait la connaître. Mais toi, tu n'avais pas souvenir qu'il t'en avais déjà parlé. Pour toi, c'était une inconnue et sûrement loin d'être comme la princesse d'Hyrule. « Une pièce en particulier.. » Tu marquais un léger suspens, essayant de rester le plus sérieuse du monde. Tu essayais tant bien que mal de retenir ton rire, de ne pas lui crier aux oreilles que bientôt, il serait tonton, mais tant bien que mal, tu résistes. « La chambre d'ami. » Et tu laissais un large sourire se dessiner sur ton visage tout en le regardant droit dans les yeux. Tu essayais de lui faire deviner par le regard la bonne nouvelle que tu étais venue lui apporter ce matin avant son grand départ. Il était le seul ami privilégié dans tout ça puisque à part Léo et Fleur, personne ne le savait. En tout cas, dans ton entourage. Dans celui de Nell, sa famille était au courant et peut-être ses amis les plus proches, vous ne vous disiez pas tout. Mais tu n'en faisais pas une grande démonstration sur la place publique.

Je souris quand Lily-Anaëlle releva le fait qu’elle portait le nom d’un personnage de jeu vidéo, donc que forcément, elle devait connaître Nelligan. « Ils doivent jouer online ensemble, ouais, j’sais que Zelda joue avec des gens de Bowen assez souvent, alors Nell’ doit être le premier de file ! » Lançais-je, connaissant bien l’amour du mari de Lily pour les jeux vidéo. Et connaissant Zelda et son réseau de gamers, il était effectivement presque inévitable qu’ils se connaissent. Puis, les deux étaient si gentils que forcément ils étaient aussi amis. Bref, sachant que mon amie et son amoureux restaient à la maison plutôt que de partir en vacances sur la croisière, j’investiguai un peu plus les projets qu’ils avaient en tête. Avec un petit air d’enfant qui cache un mauvais coup ou une blague quelconque, Lily-Anaëlle me répondit qu’ils allaient rénover une pièce de la maison en particulier, soit la chambre d’amis. Sans doute pas préparé à ce qu’une de mes meilleures amies m’apprenne sa grossesse, je ne fis toujours pas le lien malgré son regard brillant et ses petits pieds qui trépignaient d’excitation. « Y’a quelqu’un de spécial qui sera bientôt en visite ? » Je pensai d’abord à sa demi-sœur, peut-être qu’après tout elle avait décidé de revenir, de réellement apprendre à connaître Lily-Anaëlle cette fois. Sauf que je ne pense pas qu’elle me l’aurait appris avec autant d’enthousiasme, ou surtout pas autant de suspens. C’est en la regardant me fixer, attendant comme une réaction de ma part, que l’idée commença à faire son chemin dans ma tête. Ne voulant toutefois pas overreact sans être bien certain d’avoir compris ce que j’avais à comprendre, j’ajoutai : « Un invité spécial … qui … sortira de ton vagin ? » Demandais-je avec précaution, humour et excitation grandissante. Après tout, cela expliquerait bien des choses. Son humeur joyeuse, son aura magique, ses gros seins … !
 

Concho ne tardait pas à approuver ton hypothèse. Cela t'amusait déjà d'imaginer vos futurs soirées lorsque vous voudrez dîner entre amis. Tu entendais déjà Nelligan parler d'un nouveau jeu et sans savoir à quoi ressemblait Zelda, tu imaginais une femme lui répondant du tac au tac et l'entraînant doucement vers un autre jeu. Tu vois aussi ton regard médusé et celui de Concho, puisque tu ne comprenais pas vraiment ce qui se passait. Et c'est ainsi que tu commencerais à te noyer dans l'alcool. Une vision pas très charmante. « Au moins pendant nos futurs dîners à 4 ou à 6, on pourra les laisser discuter ensemble ! » Tu esquissais un léger sourire d'ange. Tu aimais ton mari de tout ton coeur, mais tu regrettais parfois de ne pas être dans le même univers que lui et que quand il te parlait de quelque chose lié aux jeux, tu ne savais jamais quoi lui répondre, tu ne savais pas si c'était bien ou non. S'il pouvait parler de ça avec quelqu'un lors de vos dîners, au moins, il pourrait aborder le sujet sans avoir l'impression que tout le monde s'en fout. Tu te concentrais sur ce que ton ami disait, il te regardait mais ne semblait pas saisir ce que tu essayais de lui transmettre. « Tu chauffes. » En quelque sorte, c'était un invité spécial, surtout que vous n'aviez pas voulu savoir le sexe, pour avoir la surprise lors de la naissance. Aujourd'hui, vous aviez le prénom si c'était une petite fille et vous n'avez pas parlé d'un prénom si jamais c'était un garçon. Comme si tu voulais à tout prix que ce soit une fille. Tu serais heureuse dans les deux cas, c'était ça le plus important. Et que le bébé se porte en bonne santé. « Je crois que tu ne pouvais pas trouvé pire façon de le dire ! » Tu exprimais une grimace sur ton visage, mi-amusée, mi-horrifiée par ce qu'il venait de dire. Tu te levais de ton siège pour tirer sur ta robe et la resserrer au niveau de ta taille. De cette façon, il pouvait deviner le ventre arrondi qui se dessinait en dessous. Tu relevais alors le regard vers lui avec un grand sourire. « Tu vas bientôt être tonton ! » Cette nouvelle te rendait tellement heureuse - et il ne fallait pas oublier les hormones - tu sentais les larmes te monter

J’avais moi aussi joué aux jeux vidéo pendant mon enfance, comme pas mal de garçons de mon âge, mais jamais aussi intensément que Nelligan. Lui, c’était un mode de vie. Moi, c’était un loisir comme un autre, encore plus aujourd’hui qu’avant. Il était bien rare depuis que j’avais atteint l’âge adulte que j’aie passé une soirée entière scotché à l’écran de télévision. Je n’avais aucune difficulté à imaginer Nelligan le faire, même à trente ans passé. Et c’était bien, je n’avais rien du tout contre ça, et tant mieux si Lily-Anaëlle non plus. « Pendant c’temps-là nous on pourra parler de politique, de finances … » Blaguais-je, parce que même si nous n’allions pas prendre part à ces discussions qui nous dépasseraient bien vite, nous ne ferions pas mieux niveau thématique. Enfin, surtout moi. Ayant toujours détesté l’école, je devais avouer que ma culture générale était assez limitée, et que l’actualité m’intimidait tellement que je n’osais pas m’y frotter. J’osai toutefois me lancer dans des devinettes lorsque mon amie me parla de cette chambre d’amis qu’ils voulaient redécorer. Et quand elle me dit que je chauffais, c’est là que l’éclair de génie me traversa l’esprit. Ça sautait aux yeux, au fond, et comme je savais qu’ils s’essayaient depuis un petit moment, j’aurais dû m’en douter. Un énorme sourire se dessina sur mes lèvres. « C’était la meilleure façon de le dire ! Oh, Lily, je suis tellement content pour toi, pour vous deux ! » Elle tira sur sa robe au niveau de la taille, laissant transparaître le petit ventre qui se dessinait en une belle courbe qui n’attendait que de s’affirmer encore plus. « Je peux ? » Demandais-je en portant ma main jusque-là, m’arrêtant à quelques centimètres avant d’obtenir l’accord de mon amie et de poser ma main sur son ventre qui formait un tout petit rond pour le moment. Je continuais de sourire comme un imbécile, mais un imbécile tellement heureux. « Félicitations, Lily. » Je retirai ma main pour plutôt l’entourer complètement de mes bras, la serrant bien moins fort qu’à l’habitude comme si, tout d’un coup, elle était devenue une poupée si fragile.  

Il avait tout de suite saisi l'idée, pourtant, sa réponse te fit peur. Toi, parler de politiques et de finances ? Tu ne savais pas comment gérer correctement ton argent et pour ce qui était de la politique, tu ne connaissais rien à rien, si ce n'est ce que tu avais appris à l'école. S'il y avait bien deux sujets que tu n'abordais pas en lecture, c'était la politique et l'économie. « Tu voulais dire potins et ragots, rassures-moi ? » demandais-tu avec un petit sourire, c'était déjà plus dans vos cordes, ou alors séries TV. Sinon, vous pourriez jouer à des jeux pendant ce temps là, vous trouveriez bien un truc à faire, ça tu n'en doutais pas. « Merci à toi ! » Tu étais toute rayonnante, à sourire avec tes jolies dents blanchies. Il demandait s'il pouvait toucher ton ventre, tu secouais la tête en signe d'acceptation. Sans plus attendre, il s'approchait pour essayer de sentir le bébé bouger, mais il n'était pas très dégourdie, tu ne l'avais pas encore senti depuis qu'il était là. Heureusement, le médecin a dit que tout allait bien et que c'était normal, que ça viendrait un peu plus tard. Il fini par lâcher ton ventre et par t’entourer de ses bras, te félicitant une nouvelle fois. Tu lui murmurais un nouveau merci avant de sentir les larmes couler le long de tes joues. Et ça, tout en souriant. « C'est malin, je pleure maintenant ! » disais-tu partagée entre un rire et des pleurs. Un mélange assez étrange que tu découvrais pour la première fois. Tu n'avais jamais eu l'occasion de vivre ces deux sentiments s'exprimant en même temps. Il allait falloir s'y habituer, ça pourrait se reproduire.

Si j'avais été sérieux, alors je me serais moi-même mis dans le pétrin, parce que je ne connaissais rien à rien aux enjeux mondiaux, aux jeux politiques ou aux problèmes ou stratégies économiques des pays. Disons que ce que je retenais, c'était les grands titres dans les médias, mais il ne me suffisait que d'une lecture rapide des articles en tant que tel pour m'y perdre. Il me manquait une énorme base de compréhension dans ces domaines, ce qui me limitait assez maintenant, même quand je voulais réellement me pencher sur une question. J'aurais un énorme travail à faire pour rattraper le retard pris dans ces sujets sérieux, et honnêtement, je n'avais pas encore la motivation d'y mettre le temps nécessaire. Cela pouvait déplaire à certains, les gens super engagés et impliqués, puisqu'on ne pouvait pas vraiment avoir une conversation de ce genre avec moi, mais tant pis. J'étais doué dans d'autres domaines. Au moins, là-dessus, Lily partageait mon niveau. « Bah oui, c'est pas ce que j'ai dit ? » Lançais-je en riant. C'était peut-être un peu triste de se dire qu'on préférait largement parler de potins et de ragots sur les gens autour ou encore nos célébrités préférées, mais eh ! Que voulez-vous ... Finalement, après qu'on ait discuté de ces fameux repas à quatre, je ne mis pas plus de temps à comprendre qu'au fond, le chiffre pouvait être augmenté d'un. Lily, ma Lily, attendait un enfant ! Tout de suite, je posai ma main sur son ventre, avant de l'étreindre comme une poupée de porcelaine. Je la félicitai, ravalai mes larmes de joie, et souris de toutes mes dents tellement le bonheur déferlait sur moi. « Clairement y'a des oignons cachés dans c'te cuisine, ça doit encore être Perry qui essaie de rassurer Penny sur le fait que Freja et Tahlia sont pas des vampires ... » Dis-je en essuyant mes yeux qui avaient finalement lâché prise face aux larmes. Et pourtant, moi, je n'avais pas les hormones dans le tapis. « T'es à quelle semaine maintenant ? » Demandais-je, regardant de nouveau son ventre. 

Tu te disais bien que tu avais eu raison, qu'il s'était trompé dans ses mots, tu ne pu t'empêcher de rire en l'entendant. Jusqu'au moment émotion, où tu t'étais mise à pleurer en même temps et tu n'avais aucun contrôle sur ça. Ça finissait par s'arrêter, tu glissais tes mains sur tes joues pour chasser les larmes qu'il restait en rigolant à ce qu'il ajoutait. Des oignons cachés par Perry parce que Penny pensait que les colocataires étaient des vampires. Étrangement, que le femmes, à se demander si ce n'était pas Penny qui les cachait pour Perry. En plus, soit il s'était trompé, soit ils n'étaient pas au courant que l'ail était plus efficaces que les oignons pour en venir à bout. Mais tu ne relevais pas. « Ils ont bon dos tes colocs ! » disais-tu avec un grand sourire, ainsi qu'un mal de ventre léger à force d'avoir ri aux larmes. Tu soufflais un grand coup essayant de retrouver ton sérieux, ou ce qui s'en approchait le plus. « Je suis à quasi 18 semaines. » Tu venais de passer le cap du quatrième mois, ça faisait maintenant un peu plus d'un mois que tu le savais, mais à chaque fois que tu te levais chaque matin, tu avais un grand sourire sur le visage, tu posais tes mains sur ton ventre avant de l'examiner dans le miroir pour voir s'il grandissait. « Quand tu rentres de croisière, tu débarques à la maison et tu me raconteras tout pour Zelda ? Tu vas bientôt partir, je vais pas te monopoliser ! » Tu n'aurais pas été contre, t'allongeant dans le canapé, mettant de vieux trucs à la télé pour rire et profiter de plusieurs chocolats chaud. Il ne manquerait que Nevaeh et Fleur pour compléter la bande. Nelligan aussi, puisqu'il faisait maintenant partie intégrante de ta vie. Mais peut-être voulait-il voir d'autres personnes avant de partir, comme Fleur justement, ou Zelda, tu ne savais pas si elle serait sur la croisière ou non, si ce n'était pas le cas, il voudrait sûrement la saluer comme il se doit.