hoping my feelings, they would drown -r.

Elle a du mal à croire qu'elle a réussi à atteindre l'autre coté sans tomber par terre. Théia a déjà fait du roller et elle toujours préféré le vélo à la voiture puisqu'elle n'a pas le permis, peut-être que tout ça additionné suffit à lui donner l'équilibre nécessaire. Fière d'elle, elle regarde CJ avec de grands yeux et un sourire immense qu'il lui rend. En guise de remerciement, elle se penche légèrement  en avant comme pour mimer une révérence. Difficile de croire que quelques minutes plus tôt, ils étaient l'un comme l'autre dans une situation délicate, presque douloureuse. Enfin, douloureuse oui, mais pas pour elle. « Merci, ça doit être inné en moi. » Elle se redresse et rit de son rire enfantin, les paupières plissées. C'est ce moment là qu'elle a choisi pour faire sa pseudo déclaration à CJ. Elle qui n'est jamais très douée avec les mots, qui ne sait pas vraiment comment exprimer son affection aux autres, elle s'est exprimée d'une manière si naturelle qu'elle s'est surprise elle-même. Et elle est sincère, l'arrivée de CJ dans la vie de Théia a clairement été un élément déclencheur vers une vie meilleure, plus belle. Sa réponse la fait sourire, mais elle ne répond pas. Elle a peur de commencer à s'emmêler les pinceaux dans ses mots, à finir par dire n'importe quoi et à se ridiculiser même si, au final, Théia n'a plus pour habitude de se mettre des barrières face à lui. C'est plus une habitude, une tendance qu'elle a à ne pas trop s'étaler sur ses sentiments. À sa question, elle relève les yeux vers lui. « Je tente, mais interdiction de te moquer si ça foire. » Elle pose un pied sur le skate, se met dans la même position que celle qu'il lui a montrée plus tôt, et pose le deuxième pied avant de s'élancer sur la pente. Contrairement à la première fois, Théia perd l'équilibre au centre de la rampe et s'écrase sur le sol, les fesses à terre. D'abord en état de choc, elle finit par éclater de rire. « Tadam ! » s'exclame-t-elle en tendant les bras vers le ciel.

Etre là avec elle te permettait d'oublier ce qu'il y avait dans ta vie en ce moment, d'oublier à quel point tu te sentais triste. Tu n'aimais pas être triste parce que c'était un sentiment vraiment difficile à combattre, et quand il semblait avoir disparu, il revenait encore plus puissant et ce serait la dépression assurée. Une vraie descente vers les enfers. Tu avais songé quitter la ville quelques temps, prendre du recul et t'eloigner mais il y avait beaucoup trop d'attaches pour que tu puisses agir comme tu le faisais dans le passé. Tu pensais d'abord à Naxa, puis à Candy. À Aisling, à Freja, et aussi à Sara. Mais tu ne pouvais t'empêcher d'avoir un seul prenom en tête pendant ce listing. Celui de Théia. Tu ne savais pas où tout ça allait pouvoir vous mener mais tu étais prêt à le découvrir. « Promis. » Dans un grand sourire, tu restais de ton côté de la rampe, ne l quittant pas des yeux, elle se mettait en position prête à s'élancer et lorsqu'elle le fit, tu te reculais doucement pour pouvoir lui laisser de l'espace si jamais. Mais elle n'atteindrait pas l'autre côté. « Tu sais ce que j'aime chez toi ? Tu es imprévisible et tu me surprends toujours ! » Tu souris doucement sans te moquer, tu lui avais promis et c'était une promesse que tu pouvais tenir aisément. Tu glissais le long de la rampe pour la rejoindre et l'aider à se relever. Une fois debout, tu attrapais la planche. « Tu veux recommencer ? » demandais-tu faiblement en gardant sa main dans la tienne. Une nouvelle fois, ce contact de sa peau sur la tienne avait quelque chose d'apaisant.

En réponse à sa question qui n'en est pas vraiment une, Théia se met à rire avant de hausser les épaules. « Je ne prévoyais pas non plus de tomber, » répond-elle en levant les yeux vers lui alors qu'il s'approche d'elle. C'était un peu prévisible pourtant, tomber lors de sa première fois sur une planche de skateboard est aussi normal que de caler lorsqu'on essaie de conduire sans jamais avoir eu de cours avant, ou d'être surpris par la transformation d'un amitié en quelque chose de plus sincère lorsque l'on n'a encore jamais vécu ça. Pendant qu'il glisse le long de la rampe, Théia croise ses jambes en tailleur et attend qu'il la rejoigne sans prendre la peine de se relever. Elle est bien là, en plein milieu de la rampe. Elle n'a pas mal, sa peau n'a heureusement pas frotté le sol trop fort et il n'y a donc aucune brûlure pour venir gâcher ce moment. Malgré ça, elle attrape la main que lui tend CJ et se redresse sur ses jambes. Son regard jongle entre la planche qu'il tient et ses yeux qui viennent se planter dans les siens. « Peut-être une autre fois, j'ai besoin de me remettre de ma chute, » plaisante-t-elle, n'ayant en aucun cas été traumatisée par cet événement presque anodin pour elle qui a toujours été une véritable casse-cou. Sauf que d'être assise face au ciel orangé pendant plusieurs secondes lui a donné envie de se poser et d'admirer les alentours. Elle réalise ensuite que sa main est toujours dans celle de CJ mais, plutôt que de la retirer, elle esquisse un sourire tout en regardant leurs peaux collées l'une à l'autre. « On peut s'asseoir sur le haut de la rampe, comme si on était les rois de ce terrain. » Elle lève à nouveau les yeux vers le visage de CJ, curieuse de découvrir sa réaction.

Sa réponse te fit rire. Bien sûr qu'elle n'avait pas prévu de tomber, si elle avait pu, elle aurait sûrement évité la chute. « Justement, c'est ça qui te rend imprévisible ! » Elle t'attrape la main et se relève, elle se retrouve là, face à toi. Tu avais un sourire immense et béant sur le visage. Tu lui proposes de remonter en piste et après quelques regards vers ta planche, elle refuse. Sûrement une prochaine fois, tu hochais la tête. Ce qui voulait dire qu'il y aurait une prochaine fois. Tu pourrais lui louer une planche et à deux, vous pourriez dévaler les pistes, essayer quelques figues et sûrement vous cassez la tronche pour mieux en rire. Une idée à laquelle tu t'accrochais, une idée qui te faisait du bien. Elle te proposait d'aller vous poser en haut de la rampe et de faire comme si vous étiez les rois du monde. Une idée qui t'enchantait, d'autant plus que tu devais lui demander quelque chose. Le moment semblait propice. « Allons-y ! » La planche sous le bras, sa main dans la tienne, tu l'entraînais avec toi, la laissant monter en première. Tu finissais donc par rompre votre contact. Une fois installée, tu posais ta planche derrière elle, pour prendre place juste à son côté. « Théia, j'aimerais te demander quelque chose. » ajoutais-tu à voix basse en regardant le ciel orangé. Le soleil avait presque disparu, bientôt la nuit serait sombre, bientôt la nuit serait à vous. Tu tournais le regard vers elle, pour reprendre le fil de ta pensée. « Est-ce que tu aurais-tu envie de manger une vraie poutine ? » Tu venais de lui demander ça avec un regard brillant. Peut-être qu'avec ce qu'il se passait en ce moment, ce n'était pas l'idée la plus sage au monde mais tu n'avais pas envie de partager ce moment avec une autre personne. En tout cas, à l'heure actuelle.

Imprévisible, c'est vrai qu'elle l'a toujours été. Elle aime surprendre, choquer étonner, elle a toujours préféré ça à l'image de fille détraquée qu'elle a pendant trop longtemps portée. Mais après tout, lui aussi l'est. Elle se souvient de ce sport qu'il lui a fait découvrir, ou de la fois sur la falaise où il a réussi à la faire danser sans qu'elle ne tombe. CJ l'impressionne, il est capable de la faire rire à un moment, puis de la rendre admirative au suivant. Pour toutes ces raisons qui font de lui une personne si extraordinaire, elle a encore du mal à se faire à l'idée que des crétins aient pu le blesser à cause de cet unique dérapage entre lui et elle. Si elle n'était pas entrée dans sa vie, CJ serait toujours heureux. Et Nevaeh aussi. Assise à ses cotés sur la rampe, elle se laisse aller dans ses pensées négatives avant qu'il ne lui demande si il peut lui poser une question. Immédiatement, elle relève la tête et porte son attention sur lui. « Bien sûr, » dit-elle simplement sans détacher son regard du sien. Les secondes qui s'écoulent entre sa réponse et la question qui suit lui semblent durer une éternité mais, lorsqu'enfin les mots sont prononcés, Théia hausse un sourcil interrogateur. « C'est tout ? » demande-t-elle. Mais elle n'avait pas compris, pas tout de suite. Le mot "vraie" aurait dû la mettre sur la voie, mais elle s'attendait à quelque chose de tellement plus direct comme "pourrais-tu me laisser un peu d'espace ?" qu'elle nimaginait pas ce genre de sous-entendu. Son ventre se noue, ses lèvres s'entre-ouvrent, mais rapidement l'enthousiasme qui a brièvement illuminé son visage laisse place à une moue dubitative. « CJ, » soupire-t-elle. « J'aimerais, non, je crève d'envie de te dire oui. Mais... tu es toujours fiancé, et je n'ai pas envie de gâcher ta vie entière en semant encore plus le doute dans ta tête. Nevaeh est toujours là, tu ne peux pas partir comme ça alors qu'elle attend certainement que tu reviennes. Surtout pas avec moi. » Elle a prononcé ses derniers mots d'une petite voix qui se brise sur la fin. Son regard se plonge dans celui de CJ et elle espère qu'il ne remarque pas que ses yeux se sont humidifiés. Si il ne s'était rien passé, elle aurait hurlé un immense "oui" qui en aurait fait trembler les murs des bâtiments autour d'eux. Mais là, alors qu'elle ne sait pas ce qu'il se passe entre lui et sa fiancée, elle ne peut pas. Elle se sent déjà assez coupable que pour encore envenimer la situation.

Elle ne semblait pas avoir saisi ta demande sur le coup. Mais c'était quelque chose de vraiment très important pour toi. Tu allais lui expliquer ce que tu voulais vraiment, jusqu'à ce qu'elle comprenne par elle. Tu ne voulais pas lui cuisiner une poutine, ça non, tu voulais qu'elle s'envole avec toi pour le Québec. Tu avais envie de l'emmener avec toi parce qu'avec votre dernière conversation et ta situation actuelle, tu ne voyais pas d'autre personne qu'elle pour ce voyage. Mais sa première réponse fut un refus. Mentionnant Nevaeh au passage. Comme si elle avait l'espoir que tu retournes avec elle. Elle avait de l'espoir. C'était peut-être ça qui te manquait mais avec votre conversation à ton retour en ville, tu savais très bien qu'il n'y en avais pas. Elle avait été très claire dans sa façon de te parler. Tu haussais doucement les épaules, ne voulant pas le dire à voix haute, tu devais t'y résigner maintenant. « Je ne le suis plus. Elle n'a plus envie de me voir, plus envie de me parler. C'est fini Théia. » Peut-être que c'était son état de pensée et qu'elle était en colère, peut-être que quand la colère serait passée, les choses pourraient être différentes. Mais tu n'avais pas envie d'attendre, tu n'avais pas envie de savoir. Tu n'étais même pas certain de vouloir réparer les choses. Après tout, même si tu ne le disais pas clairement, il y avait quelque chose qui se passait avec Théia et ça n'allait pas disparaître du jour au lendemain. « Je te le demande à toi, parce que je n'aurais jamais le courage d'y aller seul. » Tu soupires doucement, relevant ton regard vers elle, pour le planter. Tu ne voulais pas la perdre des yeux une seule seconde. T'apprêtant à lui réveler quelque chose que beaucoup de monde ignore. « Je sais que  tu ne sais pas, mais j'ai eu un fils, il y a 6 ans de ça. Sa mère, celle que je considérais comme mon âme sœur tellement nous étions connecté, n'est plus de ce monde. Et maintenant que je n'ai plus Nevaeh dans ma vie j'ai l'impression d'avoir perdu ma famille. Alors j'aimerais renouer ce lien. Pour ça, je dois partir à sa rencontre. » Tu avais les larmes aux yeux. Elle ignorait aussi ce qui était arrivé à ta famille. Sur comment tu étais devenu orphelin alors que tu avais à peine 21 ans. Cette idée avait mûri dans ta tête quelques heures après avoir quitté l'appartement de Nevaeh. Et à force d'y penser, tu savais que tu n'aurais jamais le cran de l'affronter seul. Lou ne pouvant pas t'accompagner, Nevaeh le refuserait aussi - et ce pour de bonnes raisons - tu aurais pu te tourner vers Jordan, mais ce n'était pas d'elle dont tu avais besoin dans ta vie. C'était Théia. C'était pour ça que tu avais voulu la voir, entre autres. « Et j'aimerais vraiment que tu m'accompagnes dans cette aventure. » Tu attrapais sa main, que tu serrais très doucement dans la tienne.

C'est sa conscience qui parle à la place de son coeur car sinon, jamais elle n'aurait eu la moindre hésitation. Malgré tout ce qu'il s'est passé, Théia garde espoir que CJ puisse être heureux. Elle a du mal à assembler tous les éléments dans sa tête, à penser aux frères Rutkowski ou encore au fait que Nevaeh pourrait ne plus jamais vouloir de son fiancé. Enfin ex, visiblement. Pour elle, il est impossible que tout se soit si soudainement écroulé autour de lui à cause de sa simple présence dans sa vie. Elle est tiraillée entre l'envie de partir, de s'effacer pour qu'il puisse à nouveau réaliser que c'est Nevaeh dont il est amoureux, et celle de rester. Aucun de ses muscles ne bouge lorsqu'il lui parle du présent jusqu'à ce que, lentement, elle hoche la tête en assimilant les mots qu'il prononce. « Je suis désolée, » souffle-t-elle sans oser le regarder même si elle sent le regard de CJ posé sur elle. Elle sait qu'elle n'a pas à s'excuser, elle anticipe d'ailleurs sa réponse où il lui interdira sûrement de prononcer ces mots une nouvelle fois. Pourtant, elle ne peut s'en empêcher. Même si Théia a souvent flirté avec les relations bancales, dangereuses, celles qui n'apportent ni bonheur ni promesses, jamais elle n'a brisé un couple auparavant. Une part d'elle voudrait retourner dans le passé et s'interdire d'aller trop loin avec lui, mais une autre ne peut s'empêcher de sentir sa présence à ses cotés. Intriguée par ce qu'il ajoute, elle croise enfin son regard en fronçant légèrement les sourcils. Lorsqu'il lui annonce qu'il a un fils, Théia sent sa respiration se couper. Elle a du mal à l'imaginer parent, mais rapidement elle réalise que c'est seulement parce qu'elle ne l'a jamais vu avec un enfant. Ses lèvres tremblent quand elle sourit. « Je suis certaine que tu ferais un père formidable, » dit-elle en essayant de cacher sa surprise face à de telles révélations. Six ans, six années qu'il sait qu'il a un fils et jamais il ne lui en parlé. Elle pourrait être en colère et pourtant, Théia garde ce sourire à mi-chemin entre l'étonnement et la joie. Il prend sa main et elle le regarde faire, toujours immobile. « Alors je serai là, » dit-elle avant de lever les yeux pour les plonger dans ceux de CJ. « J'accepte de venir avec toi. » Elle se doute qu'il avait compris, que souligner qu'elle accepte était inutile, mais ça l'aide à rendre la situation plus réelle. Son coeur manque un battement lorsqu'elle réalise dans quoi elle vient encore de s'embarquer. « Et puis, là-bas au moins, on n'aura pas de The Writers pour ruiner nos journées. » Son sourire laisse place à un léger rire qui dure à peine une poignée de secondes. Après tout, rien ne les empêche d'y aller en tant qu'amis. Du moins, c'est avec cette idée qu'elle essayera de se convaincre.

De toute évidence, avec les révélations que tu venais de lui faire, tu savais à quoi t'attendre. Elle n'allait pas sauter de joie en apprenant que ton couple avait volé en éclats. Au contraire, elle devait se sentir coupable et se dire que c'était sa faute, que si elle t'avait repoussé ce soir, alors tu n'en serais pas là dans ta vie. Mais tu n'en était pas certain. Peut-être que ça avait joué mais peut-être que tu en serais au même point. Le problème c'est qu'avec des si, on reste plongé dans l'incertitude et qu'on ne pourra jamais savoir ce qui se serait passé. Alors tu hausses les épaules doucement, tu as beau lui dire de ne pas s'excuser, elle le fait quand même. Tu préfères laisser ça de côté pour le moment, ce n'était pas le plus important. Tu avais autre chose en tête, quelque chose sur le coeur que tu t'empressais de partager avec elle et ta façon de lui exposer la situation lui faisait changer d'avis. Elle était prête à partir avec toi. Prête à t'accompagner dans ce long voyage. Un périple qui te faisait presque aussi peur que la fois où tu avais posé tes lèvres sur celle de Théia. Parce que c'était un voyage dans l'inconnu, un voyage où tu ne connaissais pas la fin. Tu ne savais pas comment il allait se passer et ça te faisait peur. « Je ne pourrais pas vraiment prendre mon rôle de père tu sais, il a sa famille adoptive et il est sûrement heureux là-bas. » Tu affichais un sourire triste. Un enfant que tu n'avais jamais vu depuis sa naissance, un enfant qui n'aurait jamais le droit de connaître sa mère autrement que par tes mots à toi, puisque tu étais le seul à pouvoir lui en parler. Un enfant qui ne grandirait jamais avec toi puisque même si tu étais son père biologique, légalement tu n'avais aucun droit sur lui et tu n'en aurais jamais. Peut-être que cette rencontre allait te faire plus de mal que de bien, mais tu ressentais le besoin de le faire. De découvrir à quoi ressemblait Alioth, dans la vraie vie. Tu avais une photo, c'est vrai, mais ce n'était pas pareil. « Merci Théia, merci d'être là pour moi. » Tu approchais ton visage du sien pour lui déposer un baiser sur la joue, tu avais envie de la prendre contre toi, de la serrer très fort mais tu te contentais de ça. Un baiser, un sourire, une légère pression sur sa main qui ne quittait toujours pas la tienne. Après quoi, tu t'allongeais sur la rampe, levant les yeux au ciel pour regarder les étoiles et chercher la plus brillante afin de faire un vœu.