Batholomew Family | Alfie et Aïnoha

Après sa journée de travail, Aïnhoa avait appelé son frère pour voir s'il avait envie d'aller manger un morceau avec elle ce soir, dans le centre-ville. Elle avait arrêté de squatter l'appartement d'Alfie quelques semaines après son arrivée, et s'était trouvée une collocation pas très loin de chez lui, l'occasion de se voir de temps en temps tout de même. Elle s'était donc douchée au complexe sportif et avait prit la moto pour venir dans le centre, rejoignant Alfie. Ils marchaient dans les rues de Bowen, en direction d'une brasserie où ils pourraient manger tranquillement et s'échanger les dernières nouvelles. Ils discutaient dans la rue, jusqu'à ce qu'une petite voix fluette ne se fasse entendre derrière eux, et que des petits doigts ne viennent lui tapoter le bras. La belle brune se retourna, surprise et n'ayant pas encore le temps de réaliser. Elle rêvait, où cette fillette venait de les appeler tonton Alfie et tatie Noa ? L'espagnole resta interdite, le regard fixé vers la petite. Elle ne comprenait pas ce qu'il se passait.

« Euh... »

Laissa-t-elle échapper, l'air béat, sans trop savoir comment réagir. D'où sortait cette gamine et comment connaissait-elle leur nom ? Tonton, tatie... ? Les connexions se frayaient lentement un chemin parmi les neurones d'Aïnhoa. Mais non. Impossible. Jusqu'à ce qu'elle lève les yeux vers la jeune fille qui les rejoignait. Impossible. Quoi ? Non, cette situation avait quelque chose de totalement surréaliste. Bordel, il se passait quoi ici ? Noa croisa le regard de l'espagnole qui les saluait. Les larmes aux yeux. Elle était bouche bée.

« Espe'... ? »

La voix de la jeune sportive était rauque, chargée d'émotion et d'incompréhension, elle s'était prononcée sur un ton à peine audible. Sans détacher son regard de sa cadette. En plein milieu des rues de Bowen, comme s'il s'agissait d'une rencontre normale. C'était totalement inattendu et difficile à admettre.

[ Je précise juste, c'est Aïnhoa, pas Aïnoha. ]


Pour être honnête, Aïnhoa n'était même pas sûre de revoir sa sœur un jour. Elle avait disparu de leurs vies si brutalement, la situation était loin d'être facile à cette époque, et chacun des enfants Bartholomew avait géré la situation familiale à sa façon. Au final, chacun était parti, l'un après l'autre, abandonnant les parents à leur compte en banque et leurs grosses voitures, qui visiblement avaient plus d'importance que leurs gosses. Noa se mordit la lèvre, tandis qu'Espe' venait la prendre dans ses bras en un geste réconfortant. C'était peut-être elle la cadette, mais elle en menait plus large qu'Alfie et elle sur le coup. Tant de choses avaient changé. À commencer par la petite crevette qui se tenait devant eux, qu'Aïnhoa avait presque oublié avec le choc. Elle s'en voulut immédiatement de ne pas avoir pensé à ce que cette situation pouvait créer comme émotion chez la fillette et se baissa vers elle, souriant à travers les quelques larmes qui lui étaient montées aux yeux.

« Coucou toi. Je suis désolée, mi querida, tu es devenue encore plus belle qu'avant et je ne t'ai pas reconnue ! »

Souffla-t-elle avec une douceur et une chaleur dans la voix qu'on ne lui connaissait que quand elle s'adressait à des enfants. Elle avait toujours ce besoin de les réconforter, de les faire sourire, des les protéger. Elle n'avait pas eu l'occasion de faire la connaissance de Luna, mais elle ne comptait plus jamais faillir à sa tâche de tatie. Retrouver sa sœur et sa nièce, une fois l'émotion et le choc passés, faisait tout simplement battre son cœur. Sa famille était là. Elle prit la petite main de Luna dans la sienne, relevant la tête vers Esperanza qui se lança dans ses explications. Elle ne put retenir un sourire amusé et leva les yeux au ciel d'un air innocent, quand sa cadette lui parla du caractère de Luna.

« Je... Je ne sais pas quoi dire. C'est... Inattendu et totalement fou et... Et je pensais pas qu'on se reverrait de si tôt. »

Fit-elle avec un sourire ému, s'exhortant à chasser ses larmes. Elle regarda son frère et sa soeur s'enlacer avec un sourire bienveillant, avant de reposer son attention sur la petite fille dont elle tenait toujours la main. Elle ne voulait surtout pas que cette dernière se sente mise de côté dans toute cette histoire, à laquelle elle ne devait pas comprendre grand chose. Cela devait être impressionnant, pour elle, toutes ces émotions qui fusaient de partout. Et pour tout dire, Aïnhoa avait juste envie de la câliner toute la vie, tellement elle était adorable.