in the end (ainrys)

Je plissais les yeux. Qu'est-ce qui pouvait être dans le combat, mais pas flic ? Quelque chose qui fait qu'on doit être formé pour arrêter les conflits en quelques secondes. « Tu veux qu'une fois chez-moi, je fasse des recherches sur toi, c'est ça ? » Je riais un peu, sans pour autant arrêter de chercher. Il y avait tellement de métiers qui pouvaient avoir un rapport, pourtant peu me venait en tête. Peut-être qu'il était comme tous ces gens dans les films, dans le style espion, ça expliquerait pourquoi il disparaissait pendant des mois. Ce n'était pas uniquement de la malchance, uniquement le fait qu'il n'était pas en ville donc j'avais aucune chance de le voir dans un coin de rue. Peut-être qu'il était détective privé, mais ce n'était pas la même chose qu'être policier ? J'y connaissais vraiment rien dans les métiers de l'ordre. Je n'ai jamais voulu y faire partie, moi quand j'étais jeune, je voulais plus travailler dans l'art. Aujourd'hui je me retrouvais derrière un bar, alors c'était quelque chose que j'entendais que bien trop peu. Puis ça se trouve, ça n'avait aucun rapport et il est peut-être un ancien champion de lutte qui a dû prendre une sorte de retraite forcée suite à une blessure. Pourtant, il ne m'avait pas l'air si blessée si je me concentrais sur comment il se défoulait sur le sac de frappe. « Hen. » Je le regardais avec un air suspicieux. « Tu travaillais dans la torture de l'esprit, c'est ça ? Avoue ! » Quand il me disait avoir un peu triché, mes lèvres s'étiraient un peu plus. Je m'effrayais à penser que finalement, je finissais plus à lui sourire à lui qu'à un autre, parce qu'il était plus simple et moins chiant. Que peu de personnes pouvait voir ce côté de moi, même s'il n'est pas censé le savoir, lui. Je ne savais pas si j'avais plus de chance de le battre à la boxe, mais je préférais laisser le doute qu'un jour, j’arriverais  à le foutre par terre comme j’arrive à foutre par terre des gros tas au bar. J'hochais la tête quand il affirmait savoir que je pouvais faire mieux, l'étiquette “loser” ne m'était pas encore attribuée, j'avais encore un minimum d'estime. « Oh ouais, carrément ! J'pourrais faire comme les flics-pas-flics, après. » Calmer les gens sans avoir à leur éclater une bouteille dans la gueule, c'était plutôt pas mal et ça me causerait clairement moins de problèmes. Même si je finissais toujours par les attirer. J'attrapais sa main pour me lever et une fois sur mes jambes, je la relâchais, parce que je n'étais pas une fille extrêmement tactile et qu'un contact tout simple pouvait bien trop vite se relever gênant dans mon esprit. Et surtout parce que je ne vois pas pourquoi je resterais lui tenir la main. À part laisser le doute dans l'crâne des gens. « Merci. » Je regardais autour de nous, il fallait peut-être laisser le ring, maintenant. « Mh … je vais arrêter de t'emmerder et te laisser reprendre maintenant. » Je saisissais son regard brun. « C'était sympa. » Trop mauvaise pour dire au revoir aux gens, c'est pour ça que généralement, je ne disais rien. Mais sur le coup, il n'avait rien fait pour que j'lui dise rien.

Aino peut bien chercher des infos sur lui sur internet si elle le souhaite mais elle risque d’être bien déçue. Emrys n’est sur aucun réseau social et il ne pense pas qu’il y ait des informations à son sujet à part peut-être sur le site de l’université de Bowen. Il y a sans doute un profil avec son nom, un numéro de téléphone ainsi que son titre de professeur mais rien de plus. Il n’est pas du genre à s’étaler sur sa vie, à prendre des photos tout le temps et à avoir beaucoup d’amis, il en est même à l’opposé. « Désolé de te décevoir mais tu ne risques pas de trouver grand-chose. » De quoi un peu plus épaissir le mystère. Le fait qu’elle pense qu’il puisse avoir torturé des gens le fit sourire légèrement ce qui doit le faire encore plus passer pour un psychopathe qui aime faire du mal alors que non. La torture ne fit pas partie de son entraînement, même si ce n’est pas très légal, certains agents sont entraînés afin d’une part d’y résister le plus possible mais aussi d’effectuer de la torture sans laisser de traces. « Je serais probablement très mauvais pour ça. » avoua-t-il assez sérieux. Il n’est pas assez sans cœur et sans valeur pour pouvoir torturer quelqu’un. Emrys lui proposait ensuite, lors d’une autre rencontre, de lui apprendre deux trois techniques de défenses ainsi que d’attaque parce qu’on ne sait jamais mais aussi parce que comme ça ils pourront se battre sur un pied d’égalité. « Oui c’est ça mais je ne te conseille pas de les utiliser sur n’importe qui, ça pourrait t’attirer des ennuis. » Et il n’a certainement pas envie qu’elle finisse en prison à cause de lui. Le jeune s’en voudrait même si concrètement il espère qu’elle a assez de présence d’esprit pour ne pas aller frapper le premier venu dans la rue. Il l’aide à se relever, elle le remercia avant de lui dire qu’elle allait le laisser tranquille pour qu’il puisse reprendre son entraînement. « Oh tu sais j’ai terminé. » dit-il simplement en haussant les épaules. Il descendit du ring avant de se tourner vers la blonde. « Aino je voulais te demander quelque chose... » Il se passa une main dans les cheveux, nerveux. « Accepterais-tu de dîner avec moi un jour ? » C’est la première fois qu’il propose à une femme de dîner avec lui, comme une sorte de rendez-vous. Il a décidé de suivre les conseils de ses amis qui n’arrêtent pas de lui dire de tenter d’aller de l’avant, de rencontrer de nouvelles personnes. Si Aino dit non il s’en remettra et trouvera bien une autre femme qui voudra de lui. De toute façon ce n’est pas comme s’il avait une quelconque idée derrière la tête, rien que de proposer un rendez-vous est un immense pas en avant pour lui, chaque chose en son temps.

Une fausse moue s’installait sur mon visage. À chaque fois que je rencontrais un homme, il se révélait mystérieux, on ne pouvait pas savoir plus que ce qu’ils voulaient donner comme information. Et si normalement je ne suis pas contre ce principe, parce que je parlais le moins de moi possible pour ne pas que l’on puisse me toucher un jour avec ce qu’on aurait appris, Emrys lui, il donnait que des informations aléatoires et ouvrait la curiosité, mais laissait qu’un sentiment insatisfait d’une info avortée. « Je trouverais un autre moyen de savoir, alors ... » Peut-être qu’un jour, une révélation viendrait. Pas certain, alors je laisserais l’idée couler, pensant qu’il avait dans le passé, fait un métier badass et qu’il était le genre de personne qu’il ne fallait mieux pas faire chier. Et de toute manière, je n’arrive pas à voir quelqu’un chercher des embrouilles à Emrys parce qu’il avait l’air d’être quelqu’un de trop calme. C’était peut-être que mon imagination, je me basais uniquement que sur les quelques fois où je l’avais vu. Je posais mon regard sur lui une nouvelle fois, l’imaginait torturer des gens et ça ne collait vraiment pas à son image, ce qu’il renvoyait. Pourtant, parfois ceux qui faisaient le pire était ceux qui avaient une tête d’innocent. « Tu viens de briser tous mes rêves, j’aurais tenté sur la première personne qui venait. » J’avais beau m’énerver pour le premier truc qui me chiffonnait, je ne m’en prenais jamais aux gens par la force en premier, j’attaquais plus avec des mots et après je m’adaptais. Il y aurait donc peu de chance que je m’affronte avec une personne aléatoire dans le but de me dépenser.« Et si j’ai des ennuis, je donnerais ton nom. » Un rire filait d’entre mes lèvres, j’avais beau avoir fait quelques conneries, jamais je ne me faisais attraper et si ça venait à arriver, je serais la seule fautive dans l’histoire. Je passais mon corps entre les cordes du ring, mes pieds touchèrent le sol et je me tournais vers lui. Je n’allais pas le déranger plus que ce j’avais fait, j’étais déjà venue le voir alors qu’il voulait possiblement faire son truc dans son coin. Je devais être déjà une perte de temps assez énorme à ses yeux. Il se postait devant moi à son tour, j’offris un hochement de tête quand il me disait avoir quelque chose à demander et mon sourire se transformait en quelque chose d’un peu niais, pendant quelques secondes. Elle était sérieuse sa question ? Est-ce que cette question avait la même connotation pour chacun de nous ? C’était bien la première fois de ma vie qu’elle m’était destinée. Il n’avait pourtant pas l’air de se foutre de moi. « Oui avec plaisir. » Soutenais-je entre l’enthousiasme et la gêne. Lui, regretterait sûrement cette question un jour. J’étais loin d’être intéressante, Emrys s’en rendrait bien compte, passer le temps d’un dîner avec moi allait être sa pire expérience. Et je ne voulais pas lui laisser une image horrible de moi. Merde. Je me sentais si stupide à ne pas savoir réagir face à ça. Pire qu’une adolescente à qui on demanderait sa première date mais plus polie qu’une personne qui courait après qu’on lui ait posé la question. « Je … euh … p’t’être te donner mon numéro. » Puisque j’en avais changé il y a peu suite à la perte de mon ancien téléphone, j’avais le portable le plus ancien de la terre, il n’enregistrait pas les numéros, mais il envoyait des messages, c’était le principal. « Mh, je compte sur toi et ta mémoire. » Comme si je ne pouvais pas me retenir d’être abrutie. Pas de style, pas de papier, il fallait que je fasse en conséquence et ça m’arrangerait si je n’avais pas à lui envoyer un sms.

D’habitude les gens curieux sur sa vie l’énervent ou du moins il n’est pas très sympa avec eux, mais là, il en sourit plus qu’autre chose. Enfin sourire, c’est un bien grand mot, il ne tire pas une tête affreuse, ce qui est déjà pas mal. De plus il est celui qui a plus ou moins amené le sujet en parlant de ses compétences pour ce qui est de neutraliser quelqu’un. Il ne peut pas en vouloir à Aino d’être curieuse, seulement à lui d’en avoir trop dit. Lui même se sent un peu curieux de savoir ce qu’elle peut entreprendre afin d’apprendre la vérité sur lui. Vérité qui n’est pas si extraordinaire que ça au final, ce n’est pas comme s’il avait été soldat d’élite, un combattant blessé au combat ou quelque chose de prestigieux. Presque naïvement il se demanda si la jeune femme comptait réellement frapper le premier venu, il n’en sait rien, il ne la connaît pas assez alors dans un premier temps il n’a pas su si elle riait ou pas. Cependant il ne pense pas qu’elle lui aurait dit avec une telle franchise et surtout que ce n’est pas parce qu’il lui dit de ne pas le faire qu’elle ne va pas le faire. « En toute logique je suis la première personne qui vient, donc ça va. » Oui il est toujours très terre à terre et rationnel, c’est pas vraiment un type très marrant, enfin il peut l’être, il l’a déjà été mais ça fait un certain temps maintenant. La blonde ajouta ensuite qu’elle donnerait son nom si jamais elle a des ennuis. « Moi qui pensait que tu étais plutôt du genre à te défendre seule. » dit-il avec un mince sourire. Avec ce qu’elle a pu lui dire et lui montrer, il a l’impression qu’elle préfère régler ses problèmes seule et non pas faire appel à un homme pour prendre sa défense. Emrys eut un soupire de soulagement en entendant la jeune femme accepter sa proposition. Il se sentait redevenir un enfant à être nerveux pour si peu, tout cela semble si nouveau. Aller vers les femmes et de l’avant, proposer un simple repas lui semblait il y a encore quelques mois une étape insurmontable. Il ne savait pas quoi lui répondre alors il s’abstint de toute parole. En général il est plutôt économe sur les mots, bien loin d’être bavard. Elle proposa de lui donner son numéro ce qui semble plus pratique pour convenir d’une date et autres formalités qu’il imagine importante. « Oui, ça semble assez pratique. » Aucun d’eux n’ayant de quoi noter, il va falloir qu’il retienne son numéro de tête. Heureusement il a une mémoire assez bonne, même si ça n’avait pas été le cas, une simple boucle phonétique aurait suffit pour qu’il retienne le numéro jusqu’à ce qu’il arrive dans les vestiaires et qu’il le note quelque part. Il hocha simplement la tête pour qu’elle commence à lui dicter. Lorsque ce fut fait il ne savait pas trop comment clore cette conversation alors il dit simplement « A une prochaine fois. » C’était parfaitement ridicule.

C'était de l'humour ou de la provocation ? Peut-être les deux à la fois. Je fronçais les sourcils en le regardant avec un air suspicieux l'instant de deux secondes avant de passer à autre chose. Ça lui collait mal, il n'avait pas l'air d'être un homme qui se prenait de haut. Peut-être, après tout. Il était discret sur tout, sur lui-même, je ne le connaissais que très vaguement. Tout comme moi, il pouvait montrer que le beau côté de sa personnalité. Enfin j'y croyais moyen, il ne devait pas exister une deuxième personne comme moi dans ce monde et j'espérais bien, parce que mon caractère n'était pas le plus beau. Au moins j'avais le mérite de l'assumer. « En l'occurrence, tu m'as toujours pas appris ces deux-trois trucs. » J'esquissais un léger sourire du coin des lèvres en écoutant de nouveau sa voix. « Dès que j'peux mettre quelqu'un dans la merde je le fais, surtout quand il se moque de moi. » Je riais doucement pour ne pas que ça sonne trop sérieux, bien qu'au fond ça l'était quand je n'appréciais pas la personne. Mettre des bâtons dans les roues étaient bien plus drôles que d'autres distractions. Peut-être que je n'en tirais que du plaisir uniquement parce qu'on me faisait ça depuis mon enfance, j'en savais rien et je m'en foutais. Je trouvais juste que ça occupait ma vie ennuyeuse et ce n'était pas comme si je cherchais des embrouilles chaque matin. J'avais des cibles et je m'en tenais à elle, je ne corrigeais que ceux qui m'emmerdaient, sinon ça pouvait bien se passer. Mes yeux restèrent le fixer quand il me demandait de dîner avec lui, ma réponse venue rapidement, parce que je savais qu'un silence pouvait laisser croire que je doutais, que je n'avais pas envie. Je ne voulais pas être gênée et que lui ressente un malaise. Bien que je l'étais un peu, gênée ou plus touchée qu'on m'invite. Je ne savais pas vraiment ce que je devais ressentir en fait, juste, peut-être laisser passer. C'était un dîner entre deux personnes, point. Mais j'y arrivais pas, je n' arrivais pas à voir s'il y avait un message derrière ou non. Parce que je finissais toujours par croire des choses alors que les gens pensaient l'inverse et je détestais ça. Je n'arrivais pas à enlever ce léger sourire sur mes lèvres qui paraissaient si inhabituel. Je finissais par lui donner mon numéro, parce que même si je n'étais pas le genre de personne à regarder mon portable souvent, je ferais au moins l'effort pour pouvoir programmer ça. Je retenais un rire devant la situation de malaise qu'on avait installé, j'étais pas vraiment forte pour les conversations et lui n'avait pas l'air d'être à l'aise non plus. « Salut ! » Je tournais les talons, m'enfuyant rapidement pour ne pas être tenté de dire n'importe quoi.