all about you (aiho)

Il a vieilli, Howard. La trentaine maintenant passée, il se sent presque accompli. Ayant remporté un nouveau titre olympique en 2020, il est au sommet de sa carrière. Pourtant, il songe déjà à la retraite et il y a une raison très particulière à cela. Une longue chevelure blonde encadrant ce fin visage qu'il aime tant. Aino. Oui, c'est elle. Ils allaient bientôt avoir l'occasion de célébrer leurs deux ans de relation. Cependant, pour Howard, cet événement avait une autre saveur. Après leur rupture en mai 2015, cela avait laissé un goût amer au grand blond. Cette sensation de profond gâchis, comme si leur histoire ne s'était jamais vraiment terminé. Tout s'était enchaîné depuis l'épisode de la panne de la voiture de la jeune femme. Aino avait enterré la vieille rancœur qu'elle avait contre l'amour et s'était tout simplement donnée à Howard. A ce jour, ils habitaient ensemble dans une maison dans le cœur de Bowen. Howard, en homme prévenant, voulait à tout prix épargné Aino de la présence d'animaux chez eux. Si bien qu'il avait un employé qui vivait au ranch qui s'occupait de ses chevaux quand il n'était pas là. Cela avait été un choix pas forcément évident à prendre pour le cavalier, mais il aurait pu faire beaucoup pour garder Aino près de lui. Se détacher un peu de sa passion était, pour lui, un sacrifice nécessaire au bien-être de son couple. Il était heureux, elle était heureuse et c'était le principal à ses yeux. Alors que les rayons du soleil levant caresse le visage d'Howard, il ouvre doucement les yeux. Il faisait des nuits particulièrement courte ces derniers temps, pus qu'habitude. Ne dormant que quelques heures par nuit et la fatigue gagnant peu à peu du terrain, elle s'évapore subitement quand il voit ce qu'il a devant les yeux. Alors qu'il est allongé sur le dos, une tête blonde est posée sur son torse. Un fin sourire se dessine sur les lèvres du grand blond. Si paisible quand elle dort. Il bouge doucement, essayant de ne pas la réveiller. Il passe délicatement sa main sur les reins d'Aino. Soudain, elle bouge à son tour, laissant découvrir ses yeux azurs encore endormis. Le sourire sur les lèvres d'Howard s'élargit un peu plus. « Je suis désolée, chérie. Je ne voulais pas te réveiller. » dit-il d'une voix douce avant de déposer un baiser sur son front. Aino avait volé le cœur du cavalier sans la moindre discussion. Il passe main restante derrière sa tête, regardant alors Aino. Pas un instant il ne se doute que cette journée pourrait bien changer sa vie.

Aino avait vendu sa maison où elle résidait depuis quelques petites années, celle où elle avait fait son deuil, où elle avait coulé sa petite vie de femme renfermée. Même si ça lui faisait de la peine, qu'elle s'était détestée pour ça les premières semaines, elle ne pouvait que se dire qu'elle avait le bon choix. C'était une bien trop grande maison pour elle et maintenant il y avait Howard dans sa vie, elle pensait que c'était une bonne idée pour tourner la page. Même si lui, il y était depuis longtemps, ils étaient restés un an ensemble et c'était sans vraiment le vouloir qu'elle l'avait quittée pour une raison des plus stupides. Après s'être retrouvés, les deux avaient fini par se tourner autour comme avant pour enfin se remettre ensemble. Si Aino était contre tout ce qui pouvait être synonyme d'amour, si elle disait que ça n'existait pas pour elle, il fallait bien croire qu'elle se trompait puisque ça faisait deux ans qu'elle filait l'amour le plus parfait qu'elle pouvait donner de sa personne. Parce qu'elle avait beau avoir dépassé les trente ans, son mental ne changeait pas de beaucoup, elle s'adoucissait un peu, qu'elle se battait moins qu'avant, c'était déjà un grand pas vers le calme pour la blonde. D'autant plus qu'elle allait devoir faire attention ces prochains mois, voir ces prochaines années. Ça faisait deux mois, deux mois qu'elle dissimulait son corps plat sous des pulls. Aino n'y connaît rien en enfant, elle tient juste à sa filleule, mais elle n'avait jamais ressentie le besoin d'être mère. Elle détestait même l'idée qu'une personne comme elle puisse venir au monde. Les enfants étaient aussi embêtants que les animaux s’ils étaient mal éduqués et elle savait à coup sûre qu’elle allait faire une faute quelque part. La blonde aurait voulu avorter, mais les règles ne se pressaient pas en Australie, d’ailleurs, elle n’avait pas de raison valable pour vouloir divorcer et elle n’allait pas se prendre quelques jours en bas de ce pays pour pouvoir le faire légalement. Si un jour quelqu’un savait ce qu’elle avait fait, si elle laissait filé l’idée, elle finirait par s’en vouloir et  ce n’était pas qu’Howard lui pardonne. Ce n’était pas pour autant qu’elle l’avait dit à son copain, cette nouvelle qui pourrait rendre bien des familles heureuses, Aino, elle le gardait pour elle jusqu’à ce que ça se voit de trop. Elle enviait Aisling de ne pas avoir grossi lors de sa grossesse. Quand elle s’endormait, c’était toujours avant son copain, pour ne pas qu’il puisse voir son ventre et quand elle se levait c’était la même chose, surtout à partir du début du deuxième mois, elle commençait à s’arrondir et l’excuse de la nourriture pour une personne qui mangeait que très peu, ça ne collait pas. Aujourd’hui, ça ne se passait pas comme elle voulait. Doucement, elle sentait son corps bouger, ses paupières s’ouvraient difficilement, quand le son de la voix de son amant retentissant dans ses oreilles, les traits d’un sourire se dessinaient sur son visage. « Tu fais bien de t’excuser. » Disait-elle dans un léger rire. « Tu nous déranges, il nous faut plus de sommeil qu’à toi. » La blonde se tournait, écrasant sa tête contre son coussin. Ne se rendant pas compte de la connerie qu’elle venait de dire, soit elle passait pour une folle atteinte de trouble dissociatif de l’identité, soit elle venait d’avouer à demi-mot ce qu’elle gardait pour elle depuis des mois. « Enfin, moi. Moi j’ai besoin de sommeil. »

Le futur ne prend jamais le chemin que l'on voudrait. Si quelqu'un lui avait dit qu'il allait se remettre en couple avec la fougueuse blonde, il n'y aurait jamais cru. Même si peut-être qu'au fond de lui, il avait toujours aimer Aino. Bien qu'ils ont une personnalité bien différente, le lien entre eux a toujours été fort et d'ailleurs, s'exprime dans toute sa splendeur aujourd'hui.  Il a  Aino dans les tripes, Howard. C'est un amour fou, aveugle, qui a le don de lui faire oublier toutes ses batailles intérieures. Elle lui fait retrouver une certaine paix intérieure. C'est un sacré paradoxe lorsque l'on connaît le tempérament de feu de la petite blonde. Il avait pourtant une légère ombre au tableau depuis quelques temps. Il l'avait longuement observé, Howard, ce phénomène qui commençait à prendre de plus en plus entre eux. Elle avait du mal à se laisser toucher, elle était souvent distante physiquement. Il est difficile d'ignorer le fait qu'ils n'ont pas fait l'amour depuis un moment, c'est sans compter les tentatives d'Howard. Seulement, il est extrêmement respectueux, la laissant tranquille, ne se montrant pas insistant. Un homme reste un homme et il est parfaitement normal d'avoir envie de sa femme. En attendant, il se délecte des rares caresses qu'il peut lui donner, comme celle de ce fameux matin. Sa main charnue effleurant le bas de son dos, il la regarde dormir. Alors qu'il la voit bouger contre lui, il s'excuse d'avoir malencontreusement réveillée la jolie barmaid, un petit sourire sur les lèvres. Il saisit le bleu de ses yeux, l'écoutant attentivement. Il rit doucement à sa première remarque avant de se figer à la seconde, perdant son sourire comme choqué. Il n'a pas le temps de parler puisque la belle se détache de lui très rapidement, lui tournant le dos. Il lâche sa tête contre le bois de la tête de lit. Il a presque envie de grogner tellement il est frustré. Seulement, sa remarque lui revient vite en tête. « Nous ? ». Bordel. Il n'est pas con, Howard. Une idée illumine son cerveau mais il ne veut pas y croire avant d'avoir la confirmation. En attendant, il compte jouer le niais qui ne comprend pas pour mieux savoir ensuite alors qu'elle rectifie rapidement qu'elle a besoin de sommeil. Reprenant un peu de contenance, il se tourne vers elle, attrapant délicatement ses hanches. Il l’allonge rapidement sur le dos, se faufilant entre ses fines jambes dénudées. Howard la surplombe de son corps dessiné, un fin sourire suggestif sur les lèvres. Une de ses mains glisse doucement sous sa nuisette légère. « Pourtant, il me semble franchement important... capital, je dirais même, de faire plaisir.. » dit-il, en passant sa main sur son ventre. « … à toi et ta double personnalité. » dit-il, d'un ton moqueur. Il lutte si fort. Oui, il a senti. Ce léger arrondi si caractéristique. La bataille fait rage entre le désir pour son amante et l'envie de s'écrouler pour laisser les larmes qui le menace dangereusement. Comment a-t-elle pu lui cacher ? Il joue la comédie jusqu'à qu'il voit la réaction qu'elle puisse avoir. Va-t-elle continuer à le nier ? Chaque seconde est plus dure que la précédente mais par miracle, il tient bon face au raz-de-marée qui s'annonce violent. Pour combien de temps encore ?

Aino était plutôt naïve de croire que sa grossesse pourrait se cacher longtemps. Que ses pulls masqueraient les traits de son ventre qui se dessinait toujours un peu plus. Ce défaut qu'elle voulait voir disparaître avant que tout le monde puisse le voir. Il fallait bien qu'elle l'annonce un jour parce qu'elle construisait sans vraiment vouloir en prendre conscience une famille, qu'Howard allait être le père, que pour lui aussi tout allait changer. Ça n'allait pas être qu'une journée qui allait être chamboulée, toute une vie, où quelqu'un finirait par l'appeler maman, qu'elle aurait une vie à tenir. La blonde n'aimait pas les imprévus, cette chose qui grandissait en elle ne pouvait être que la pire qu'elle n'avait jamais eu. L'instint maternelle avait sautée une tête, la sienne. Et en voyant l'enfant arriver, elle espérait que ça allait changer. Nous. La faute, elle était dite. Il n'était pas con Howard et elle, elle se sentait stupide à vouloir se rattraper, comme si ses mots pouvaient enlever de sa tête l'erreur. Il y avait tellement de signes qu'elle aurait trop de mal à le contredire. Elle se mouvait, se posant sur le côté en essayant de cacher le plus possible son ventre. Pas un mot de plus, parce qu'elle n'avait pas envie d'entrer dans le sujet, pas un regard, juste les battements de son cœur qui tambourinaient dans son crâne. Elle s'en voulait d'être aussi stupide. Partout mais ailleurs, dans une autre pièce, dans une autre maison. C'est là où elle voulait être. Un silence et il se tournait vers elle, ses mains sur ses hanches et son dos se retrouvait face au matelas. Elle se retenait de grogner, d'en vouloir à Howard parce qu'il cherchait trop loin. Alors qu'au fond, la fautive n'était qu'elle, celle qui en aurait dû en parler plus tôt, toujours elle. Sauf si elle l'avait eu avec un autre homme, elle n'aurait pas dû le cacher. Sauf qu'elle était fidèle, qu'elle l'aimait lui. C'était uniquement le fait qu'elle ne se voyait pas avec des enfants gambadant partout, hurlant dans la maison. Elle ne voulait pas que ses enfants deviennent comme elle, une ratée. L'idée l'angoissait au plus au point. « Lâche-moi. » Elle râlait, tournant les yeux en serrant les dents. « Merde, t'es dégueulasse. » Jamais Aino le prononcerait “je suis enceinte”, il avait des yeux, il savait constater, sa main parcourant son ventre aussi pouvait faire la déduction. La honte la prenait à la gorge. « Howard ... » Ses yeux finissaient par rejoindre le regard de son conjoint. Elle ne savait pas comment dire la chose, au fond, elle avait l'impression qu'on lui avait ôté tous les mots de la bouche. Elle s'était trahie elle-même et elle se détestait pour ça, la frustration se mélangeait à la colère, mais elle savait que ça servait à rien. Elle savait qu'elle devait le blesser au fond.

Il y a des matins où l'on préférait ne pas se lever, rester rouler en boule sous la couette pour éviter de croiser un seul visage capable de nous mettre hors de soi. Ce matin  là, la vie d'Howard et même celle de sa compagne allait changer. La jolie blonde lui donnait du fils à retordre ces derniers temps. Pourtant, amoureux jusqu'à la moelle, il se montrait patient, compréhensif et faisait énormément d'effort pour garder son calme dans certaines situations. Seulement, sa moitié semblait complètement ailleurs. Il avait tenter plusieurs fois d'amorcer une discussion afin qu'elle puisse s'exprimer avec lui. Elle savait pourtant qu'elle pouvait tout lui dire, qu'entre eux, rien n'était tabou. Il sentait bien que quelque chose tourmentait Aino. Il la connaissait, il n'était pas fou. Il ne pensait pas qu'il allait enfin savoir la vérité ce matin là. Tout commençait pourtant bien, une atmosphère détendue, feutrée entre eux. Seulement, doucement, le malaise s'installe. Son allusion à elle et autre chose à amener le cavalier à se poser des questions, avant de de soupçonner l'impossible. Alors qu'elle lui tourne le dos, il fait tous les efforts du monde pour cacher son trouble. Il a une idée pour vérifier sa théorie. Il l'allonge alors sur le dos, se glisse en douceur entre ses fines jambes. Il a envie d'elle certes, depuis le temps qu'il ne peut la toucher, seulement, il veut vérifier autre chose. Ses pensées sont focalisées sur le ventre de la petite blonde. Il observe sa réaction, impuissant. Les dents serrées, elle le vire, allant même jusqu'à dire qu'il est dégueulasse. Il se redresse en fronçant les sourcils, blessé. D'où désirer celle qu'on aime est un crime ? Puis d'un coup, il sent la colère crever toutes les barrières de son armure. Il sent encore sous sa paume, l'arrondi de son bas-ventre. Il était évident que c'était un enfant qui commençait à grandir entre les hanches de sa bien-aimé. Après un instant de latence, tout explose. A genoux dans le lit, ses poings viennent s’écraser violemment contre le matelas. Son cœur tambourine à en crever la poitrine. Il se lève rapidement, envoyant valser la couette à travers la pièce. Il a envie d'hurler, de laisser sa colère s'exprimer comme jamais elle ne l'a fait auparavant. Alors qu'il arrive face au mur qui se trouve devant le lit, il se laisse tomber contre ce dernier, avant de finir le fessier au sol. Sa tête entre ses mains, il tremble presque sous la fureur qui l'habite. Il la déteste en cet instant, l'incompréhension l'aveugle. Il sent ses yeux se remplir de larmes, les ferment avant qu'elles ne puissent ruisseler le long de ses joues. « Tu comptais me dire quand que tu attends notre enfant ? Après avoir avorter ? » dit-il d'une voix chargée mais sans crier pour autant. Dans sa tête, le fait qu'Aino ne lui dise pas qu'elle attendait leur enfant était synonyme qu'elle ne voulait pas le garder. Peut-être qu'il se trompait, il n'en savait rien pour l'instant. Il se sentait complètement bafouer, oubliant même la portée positive d'une nouvelle qu'il avait toujours eu envie d'entendre.

Aino se sentait trahie par elle-même, la fuite d'un mot avait entraîné l'échec de ce secret qu'elle essayait de garder pour elle depuis quelques mois. Passée la trentaine, en couple depuis plus de deux ans avec un homme qu'elle aimait depuis bien plus que ça et elle agissait comme une stupide. Pas capable d'assumer qu'elle portait la vie parce qu'elle s'estimait déjà être la pire des mères avant la naissance de l'enfant. Elle aurait fini par tout lui avouer, quand l'arrondi de son ventre crèverait les yeux ou peut-être quand il aurait fini par la quitter parce qu'elle ne voulait plus donner les attentions qu'il souhaitait. Sans doute qu'il devait penser depuis qu'elle ne l'aimait plus. Au contraire, c'était sans doute parce que son amour était trop grand qu'elle gardait tout pour elle. L'imprévue était son pire ennemi, s'il n'avait pas eu la réaction qu'elle espérait, elle aurait sans doute été détruite. En fait, elle n'en attendait pas de réaction, mais celle qu'il avait actuellement ne lui plaisait pas plus, elle se sentait forcée d'avouer ce qu'elle ne pouvait pas dire parce que ça lui faisait mal d'assumer son acte. Ses yeux ne se relevaient pas vers lui quand il s'en allait, elle n'osait même pas le regarder dans les yeux parce qu'elle ne pouvait que trop comprendre sa colère. Ce n'était pas rien un enfant, ce n'était pas comme si elle avait un secret innocent. Celui-ci allait changer sa vie et celle d'Howard pour une vie, sauf qu'elle n'en prenait pas compte, ce qu'elle se rendait compte c'est qu'elle n'en voulait pas, mais qu'elle n'avait pas été capable de faire quelque chose pour s'en séparer. Parce qu'elle aurait été prise de regret sans doute ou qu'elle avait juste peur. Ses yeux se relevèrent quand Howard se semblait calmer, du moins en apparence parce que ses paroles étaient froides. « J'en sais rien. » Répondait-elle sèchement, en colère contre sa personne. Elle s'avançait pour se mettre sur le bord du lit, les yeux planter sur son amant et sa réaction à lui faisait un énorme pincement au cœur à la blonde. Elle finissait par s'agenouiller en face de lui, ce n'était sans doute pas la meilleure idée, peut-être que lui ne voulait plus voir sa gueule, mais elle s'en voulait de l'avoir mis dans cet état. « J'espérais … » Elle soufflait, cet enfant, c'était la première fois qu'elle en parlait. C'est comme si elle prenait conscience qu'elle en avait un, qu'elle n'était pas dans un jeu. « Je t'en ai pas parlé, parce que j'espérais le perdre. J'en veux pas d'enfant, parce que j'suis qu'une incapable et que l'enfant finirait malheureux avec une mère comme moi. » Et elle n'avait pas avortée parce qu'elle n'en avait pas les moyens de descendre en bas de l'Australie pour faire ça légalement pour ne pas se retrouver avec un médecin bizarre à Bowen et finir stérile. Même si au fond, ça ne l'aurait sans doute pas dérangé sur l'instant, bien que peut-être dans des années, l'envie d'enfant serait venu. « Et après, je n'ai juste pas su comment te l'annoncer. » Elle s'était toujours mal vu lui annoncer cette nouvelle, parce qu'elle n'était pas heureuse elle-même, qu'elle ne voulait toujours pas voir cet enfant naître. « Je suis désolée Howard. » C'était bien une des rares fois où elle prononçait ces mots, mais elle ne savait pas comment arranger les choses, au fond elle était en colère, mais la peine reprenait doucement le devant.

Non, elle avait été loin d'être tendre ces derniers temps. C'est mal connaître la patience du cavalier, qui a tout fait arrondir les angles et rendre les choses plus faciles. Il n'avait rien su, avant ce matin. Pas un instant il n'avait soupçonner une telle nouvelle, jusqu'à ce matin là. Il venait de découvrir le pot-aux-roses mais il ne savait pas à quel prix. Son ventre sous sa main, il a suffit ce cela pour le rendre hors de contrôle. Il a clairement péter les plombs. Il a laissé ses émotions, pourtant si souvent enfouies, exploser en pleine face de la jolie blonde qu'il aimait si fort. Il était blessé, pire que ça, il avait le cœur brisé. Dos au mur et assis au sol, la tête dans ses mains, il retient ses larmes le plus qu'il peut. La douleur sourde qui cogne dans ses tempes est insupportable, atroce. Il est crispé, il n'arrive plus à faire le vide dans son esprit embué. Il a envie de tout casser, de ne plus aimer Aino. Ce serait tellement plus simple de l'oublier en un claquement de doigts. Seulement, il sait que c'est impossible, encore plus maintenant qu'elle a leur enfant qui grandit en elle. Il lui a demandé quand est-ce qu'elle comptait dire qu'elle est enceinte. Toujours dans sa bulle, il essaie de se concentrer pour au moins écouter ce qu'elle a dire. Elle ne sait pas ? Il se mord la lèvre, une nouvelle vague de colère l'envahir. Il entend qu'elle bouge non loin de lui, s'approcher de lui. Il tremble sous l'effet de la fureur, il fait peur à voir sincèrement. Elle continue de parler, lui disant qu'elle espérais perdre l'embryon, qu'avec une mère comme elle, l'enfant ne pouvait être que malheureux et d'autre conneries un million de fois plus grosses qu'elle. Il sent toujours qu'elle approche, sa voix est si proche de lui. Pas comment annoncer ? Il savait que la communication n'était pas le fort d'Aino mais quand même, il y a des limites à sa patience. « Je suis désolée Howard. ». Les larmes dévalent maintenant les joues d'Howard. Comment ose-t-elle ? Tout ce qu'elle vient de dire est un coup de poignard supplémentaire, broyant le peu de cœur qu'il lui restait. Il est dans une telle détresse, il n'y a même pas de mot. Il s'écarte brusquement d'elle, se levant maladroitement. « Ah non, putain, tu t'approches pas de moi ! » hurla-t-il cette fois. Passant sa main dans la masse blonde qu'était ses cheveux, il faisait face à la fenêtre de leur chambre. Il avait mal au cœur, il avait envie de vomir. « Tu es désolée ? » dit-il, alors qu'il se retourne pour lui faire face. Il veut qu'il voit dans l'état qu'elle l'a mit. Il n'a pas honte là, pas une seconde. « C'est tout ce que tu trouves à dire ? » Il la regarde tandis qu'il se rapproche du mur, pour poser une main dessus. « Puis, ça te vient pas à l'idée de parler plutôt de cacher, hein ? Tu m'rends malade, Aino, à t'pourrir la vie. Tu crois que je te vois pas, que je suis aveugle ? » hurle-t-il, hors de contrôle. « Tu sais que pour moi, le concept de "famille" a un sens, tu viens de broyer toutes les chances que j'en ai une aujourd'hui. Tout ça par ton égoïsme, parce que tu sais quoi ? C'est tout ce que tu es : égoïste. Tu ne penses qu'à toi, Aino. » Tous les efforts qu'il a fait pour elle, il a l'impression que ce n'était que du vent. Il marche le plus rapidement qu'il peut vers la salle de bain, claquant la porte. Il enlève ce qu'il a sur le dos et fait couler le jet d'eau, se glissant rapidement dessous. C'est froid mais il s'en contrefiche, il faut qu'il calme les sanglots qui secouent son corps et tout le reste. Les mains contre le mur, la tête dans le vide, il essaie de reprendre ses esprits pour ensuite essayer de trouver une solution à ce merdier sans nom.

La blonde ne pouvait plus aller en arrière, elle devait simplement assumer ce qu'elle cachait comme quelque chose de précieux pendant des mois, bien que l'image soit l'inverse à ses yeux. Cet enfant qui grandissait en elle, elle ne voulait pas le chérir à l'heure actuelle. Pourtant, elle allait devoir s'y faire, s'habituer à son corps qui changeait pour dévoiler au monde qu'elle était enceinte, espérer qu'elle finirait par être heureuse avec cette grossesse. Aino aurait voulu attendre un peu pour lui annoncer, ne pas le faire de cette manière en se trahissant elle-même avec un simple mot, parce que ce qu'elle portait n'avait aucune représentation positive à l'instant. Et qu'elle ne voulait pas que l'homme qu'elle aimait se mette à ne pas vouloir de cet enfant à son tour. Aino était consciente que ce qu'elle disait était tout aussi horrible que de vouloir cacher un enfant et que ça devait être la dernière chose la plus agréable à entendre. Ce n'était ses mots qui allaient le calmer, l'aider à pardonner son acte. Elle voulait lui arracher toute chance d'être père. Cet acte prouvait simplement la personne horrible qu'elle était et qu'elle ne voulait pas que l'enfant puisse voir, c'est tout ce qu'elle trouvait positif de penser. Pendant qu'il parlait, la blonde restait silencieuse, essayant d'apaiser le feu qui grandissait en elle, la suédoise ne se donnait pas le droit d'être en colère, même si tout ce qu'il disait la mettait en rage intérieure. Elle avait le sang chaud, les années ne la changeaient pas. Mais elle le dégoûtait, il ne voulait même plus qu'elle l'approche et ça n'aidait pas à la calmer, bien que sur son visage trônait un air triste. « Hein ? » Ses pas se faisaient plus rapide, disparaissant de l'autre côté du mur, la laissant perdue dans ses pensées, retournant ses phrases dans tous les sens pour essayer de comprendre ce qu'il voulait dire. Elle avait juste peur qu'il disparaisse, qu'il décide de claquer la porte et la rayer de sa vie. Pas seulement pour elle, mais aussi parce qu'elle ne voulait pas élever un bambin seul. Se remettant debout, elle s'avançait jusque la porte fermée de la salle de bain. « Tu te fous d'ma gueule ? » Criait-elle, en essayant de se canaliser comme elle pouvait, sauf que ça débordait de colère mélangée à la honte et une touche de tristesse, le pire mélange qu'on pouvait lui offrir. Aino tournait la poignée, rentrant dans la pièce, s'en foutant bien de ce qu'il pouvait faire, de l'émotion qu'il pouvait avoir. Lui qui voulait être seul ne pouvait pas se débarrasser d'elle comme ça. « Comment ça, broyer toutes tes chances d'avoir une famille ? J'suis toujours enceinte et jusqu'aux dernières nouvelles, j't'ai pas quitté, bordel. » Est-ce qu'il lui avait annoncé qu'il la quittait ou est-ce qu'elle comprenait seulement mal ? « Ça veut dire quoi ça ? T'es une drama queen maintenant, c'est réellement ça ta putain d'réaction !? Ce n'est clairement pas comme si j'venais de t'annoncer que j'avais décimer toute une famille. » Un soupire s'échappait d'entre ses lèvres. « Et tu veux que j'te dise quoi en plus de m'excuser ? Mets-toi à ma place un peu face à ton comportement de merde. » Elle laissait filer un rire nerveux, tournant les talons en claquant la porte comme il l'avait fait. Finalement, ça ne servait à rien de parler, elle ne savait pas quoi dire et comment réagir face à sa réaction. C'était un foutoir et elle détestait ça. Dans leur chambre, elle trouvait rapidement de quoi se changer.  Juste fuir le temps que ça passe. Quand ça allait mal avec ses proches, c’était sa spécialité de partir.