all you need is love -r.

Xavier décida qu’ils pouvaient commencer à cuire les oignons maintenant alors Annushka acquiesça d’un signe de tête et obtempéra.

-Parfait alors !

Elle commença à chauffer la poêle à feux doux avant d’y mettre les oignons, essayant de les répartir de façon égale afin qu’ils cuisent tous dans le même temps.
Xavier lui signala que, quant à lui, le chou serait bientôt prêt. Annushka eut un large sourire, voir la recette avancer l’amusait, et puis, sans mentir, ça lui donnait faim.

-Je vais m’atteler à la suite alors !

Alors qu’elle commençait à préparer ce qui allait suivre, elle ne put s’empêcher de poser une question un peu personnelle à Xavier. La réponse la laissa silencieuse quelques secondes. Cinq relations sérieuses ? Trois mariages ? Il faut dire que Xavier était un peu plus vieux qu’elle, alors sans doute avait-il eu plus de temps pour les déboires amoureux. Mais la brunette se demanda alors s’il s’était marié trop vite ou bien s’il y avait d’autres raisons à ces mariages. Elle ne savait pas exactement comment réagir, elle ne voulait pas mettre mal à l’aise son hôte mais, elle ne pouvait pas nier craindre d’être seulement une parmi d’autres.

-Tes mariages ont duré… longtemps ?

Elle s'était occupée de faire cuire les oignons et de ton côté, les feuilles de choux étaient bientôt prête, le riz aussi. Il ne manquait plus qu'un seul ingrédient à faire cuire et après vous pourriez monter les choux farcis, ce qui devrait aller vite. « Il ne reste plus qu'à faire cuire la viande hachée et on aura tous les ingrédients de prêt ! » ajoutais-tu avec un léger sourire, presque fier de toi. Tu aimais beaucoup ce moment partagé avec elle. Et maintenant il allait prendre une autre tournure, ce ne serait pas aussi sympathique qu'au début. Autant elle ne semblait pas avoir eu de relations vraiment sérieuse, de ton côté ce n'était pas vraiment la même histoire. Même si tu avais 10 ans de plus qu'elle, ça ne changeait pas toujours les choses. « Mes mariages n'ont jamais duré plus de six mois. La première fois que je me suis marié, j'avais plus de 10 ans de moins et je suis tombé fou amoureux mais ce n'était pas aussi idyllique que je le pensais. Alors on a divorcé aussi simplement que ça, puis j'ai rencontré la mère d'Abygaël. » Tu marquais une pause, réalisant qu'elle ne savait même pas que tu avais une fille mais vu comment c'était lancé maintenant, autant continuer sur ta lancée. Autant tout révéler maintenant, il ne pourrait plus y avoir de mauvaises surprises. « J'ai une fille de dix ans. Lorsque j'ai rencontré sa mère, je ne voulais pas d'enfant quand j'ai fais ma proposition, elle s'est enfui et je ne l'ai jamais revue. J'ai appris que l'an dernier que j'avais une fille. » Si au début tu ne voulais pas en entendre parler, tu refusais d'y croire, ça avait pas mal changé lorsque tu étais allée la voir, lorsque tu avais fait sa connaissance. Ça avait été une relation qui avait démarrée sur les chapeaux de roues mais aujourd'hui ça allait de mieux en mieux. Tu ne savais pas si elle t'avait pardonné pour toutes les mauvaises choses que tu lui avais fait vivre, mais ce qui était certain, c'est que tu voulais faire en sorte que ça s'améliore. « Quelques années après, j'ai rencontré Andeana, elle était dans le milieu de la mode avec sa famille et on a très vite eu une connexion, on s'est vite mariés et on étais heureux mais je crois que ça ne suffisait pas. Je sais que je lui ai brisé le cœur lorsque j'ai demandé le divorce et parfois je ne sais pas ce qui m'a pris de le faire mais c'est arrivé. » La raison pour laquelle tout cela était arrivé n'était pas toujours facilement avouable. Mais c'était un problème à l'époque. Depuis tu avais vécu quasiment trois ans à Bowen, vivant exactement la même chose jour après jour, luttant contre ta peur. « Je sais ce que ça doit faire, tu dois penser que je suis du genre à vite m'engager et à vite regretter mais j'ai longtemps eu un problème avec la routine, je n'aimais pas qu'elle s'installe et j'ai toujours eu l'impression d'être impuissant face à ça. » Au point que tu n'avais jamais levé le petit doigt pour la changer. Tu devais donner l'image d'un connard et elle allait sûrement reconsidérer sa réponse à ta question posée en début d'après-midi mais tu ne pouvais pas la blâmer. Tu savais qu'encore une fois tu étais allé trop vite en lui demandant de sortir avec toi alors qu'elle n'avait pas toutes les cartes en main pour prendre sa décision. « Pour mon troisième mariage c'est une histoire encore plus compliquée et je ne sais pas si tu as envie d'en entendre plus là.. » Tu baissais doucement la tête, tu regardais tes mains, elles avaient commencés à trembler lorsque tu avais évoqué ton troisième mariage, ce n'était toujours pas facile pour toi.

A l'entente de "viande hachée", Annushka se rendit compte qu'elle n'avait pas mentionné une seule fois à Xavier qu'elle était végétarienne. Il faut dire, ils n'avaient jamais mangé ensemble, et ce n'était pas vraiment le genre de chose qui venait dans la conversation sans aucune raison.

-Ah oui, la viande...

Elle ne voulait pas lui donner l'impression que on plan tombait à l'eau. De toute façon elle pouvait très bien manger que du riz et des oignons, ça n'aurait pas la même consistance mais ce serait aussi bon, et puis elle avait l'habitude. Mais elle avait peur qu'il se sente mal quand même.

-On en fait un avec viande et un sans viande alors.

Elle lui servit son plus beau sourire pour que cette information passe tout en douceur, sans qu'il n'ait l'impression de la léser.

Elle aborda finalement la question de ses relations antérieures, qui se finit en réalité sur ses mariages antérieurs. Annushka n'aurait jamais imaginé qu'il puisse être marié trois fois, enfin, elle ne s'était pas vraiment posé la question non plus. Elle l'écouta sagement, sans dire un mot. 6 mois, vraiment 6 mois ? Elle qui s'imaginait déjà, vivre le grand amour, se marier, avoir des enfants et ne quitter l'autre qu'à la mort du premier d'entre eux. C'était ça pour la Russe, un mariage, quelque chose qui ne finissait jamais. C'était un dur retour à la réalité. Parfois ça ratait, trois fois même. Elle qui voyait Xavier comme le plus romantique des hommes, peut-être l'était-il même un peu trop.
Le fait qu'il ait une fille n'était pas réellement ce qui la dérangeait le plus. Elle se sentait presque à la hauteur d'être une gentille belle-mère. Elle serait même heureuse de rencontrer sa fille, même si ça avait quelque chose de particulier. Non, ce qui tournait en boucle dans la tête de la brunette, c'était le nombre de mariage, la durée, et les raisons de divorce. Xavier se lassait, tout simplement, et un jour il se lasserait d'elle comme il s'était lassé de toutes ses autres femmes.

Annushka avait détourné le regard de Xavier depuis quelques minutes, jouant nerveusement avec ses mèches de cheveux. Elle était distraite, son cerveau tournait à mille à l'heure et son cœur battait la chamade. Elle était toute désemparée la petite ballerine. A sa dernière phrase, elle hocha la tête, répondant sans même tourner le regard vers lui.

-Non, pas vraiment.

Elle se tourna vers les fourneaux, mettant les feuilles de choux à blanchir, mécaniquement, réellement ailleurs.

Juste après que tu ais mentionné la viande hachée, elle tiqua, comme si quelque chose n'allait pas mais tu n'avais pas encore compris ce qu'elle pouvait vouloir te dire. Elle te proposait alors d'en faire un avec et un sans. Tu ouvrais la bouche pour protester avant de la refermer aussi vite. L'information venait d'arriver à ton cerveau et tu ne voulais pas la froisser. Tu n'avais rien contre les végétariens mais tu serais capable d'être maladroit et tu ne voulais pas mettre plus les pieds dans le plat. « Oh.. Oui, pas de soucis ! » Tu affichais un charmant sourire en la regardant. Un sourire qui se dissipait peu à peu lorsqu'elle demandait à en savoir plus sur ta vie amoureuse. Et tu sentais bien qu'au fur et à mesure que tu lui racontais la vérité, elle prenait de la distance par rapport à toi et ça te serrait le cœur. « Je sais que mon passé ne dépeint pas un beau portrait de moi et c'est pour ça que je ne te le cache pas. » Tu marquais un léger temps d'arrêt, te pinçant doucement les lèvres, tu savais qu'encore une fois tu avais fait les choses à l'envers et une fois de plus, tu t'y étais pris comme un pied. Et elle ne connaissait pas encore la partie la plus sombre de ta vie, celle qui la ferait sûrement changer de trottoir lorsqu'elle te croisera dans la rue à l'avenir. Peut-être même qui pourrait la pousser à demander une injonction d'éloignement pour être sûre que plus jamais tu ne puisses l'approcher. Une fois de plus tu divaguais, tu laissais tes peurs prendre le dessus sur toi. A cet instant, tu aurais payé cher pour être ivre, pour te cacher dans l'alcool, te sentir protéger de tout ce que tu peux ressentir. Tu aimerais pouvoir mettre en pause ton cœur et toutes ses émotions bien trop intenses pour toi. « J'aurais peut-être dû commencer par te parler de tout ça avant de te proposer de sortir avec moi, je fais les choses à l'envers, j'en suis désolé. » Elle avait fui ton regard depuis déjà quelques minutes, elle s'était même remise aux fourneaux comme si elle était confuse par tout ce qu'elle venait d'entendre. L'image de l'homme que tu venais de lui donner devait exploser en mille morceaux celle qu'elle s'était faite de toi, brisant sûrement des espoirs naissants. « Si tu veux partir, tu peux, je ne t'en empêcherais pas. » Tu te laisserais sûrement glisser dans le trou qui t'attendait encore une fois. Quand tu penses mettre enfin le pied hors de ce trou sans fin, quand tu penses que tu vas enfin pouvoir être heureux, le sol commence à se dérober sous tes pieds et tu chutais toujours plus profondément. 

Annushka eut un sourire sincère quand il approuva sa proposition. Il n'avait pas posé de questions, rien dit. Au fond, ce n'était peut être pas plus mal, il y avait pas mal de gens qui étaient maladroits quand elle leur disait qu'elle était végétarienne. Certains qui lui demandaient du poisson, alors qu'elle ne mangeait strictement rien d'origine animal, et d'autres qui insistaient pour lui faire autre chose alors que les légumes ou féculents lui suffisaient amplement. En plus, elle n'était pas une très grosse mangeuse.

La brunette ne savait pas si ça dépeignait, ou non, un beau portrait de lui. Mais elle ne s'était pas imaginé cela. Elle se rendait compte qu'au fond, ils se connaissaient assez peu l'un et l'autre. Mais elle ne pouvait lui reprocher son honnêteté.

-Je ne peux pas juger si le portrait de quelqu'un est beau ou non.

Parce que seul Dieu le peut, tout comme seul Dieu décide qui est apte à aller au paradis.
Ils auraient dû en parler avant, c'était certain, mais elle n'avait pas demandé non plus. Ce n'était pas comme s'il avait essayé de la tromper, si ça avait été le cas, il lui aurait menti quand elle avait posé la question. Non, Annushka n'en voulait définitivement pas à Xavier d'être ce qu'il était, elle était juste perdue dans cette situation déjà inhabituelle.

-Ce n'est pas de ta faute.

Elle s'était retournée vers la cuisine pour se donner une contenance, remuant un peu ce qui devait l'être, les oignons pour ne pas qu'ils crament surtout. Quand il lui dit qu'elle pouvait partir, elle se retourna vers lui, cherchant son regard du sien avant de poser, délicatement, sa main sur la sienne.

-Non, je... Je ne veux pas partir, je suis juste troublée par tout ça.

Elle ne voulait pas blesser Xavier. Au fond, ce qu'elle voulait c'était d'être rassuré. Elle avait besoin de penser que leur relation ne serait pas vouée à l'échec au bout de six mois. Même si déjà, elle n'avait jamais eu une relation qui durait jusque là.

Tu n'avais pas bougé d'un centimètre depuis qu'elle s'était remise à remuer les oignons. « Peut-être pas mais je sais que tout ce que j'ai dit peut jouer en ma défaveur. » Et même si elle ne pouvait pas te juger, toi tu ne te privais pas pour le faire. Tu avais une image du passé peu élégante et elle ne te plaisait pas mais tu ne pouvais plus la changer. Par contre, ce que tu peux faire c'est d'améliorer l'image que tu pouvais renvoyer et changer ce que tu n'aimais pas chez toi. « Non, c'est toujours ma faute. » Tu te pinçais toujours les lèvres. Tu étais toujours maladroit et tu finissais par faire tout de travers. Quand on construit quelque chose, il faut pouvoir avoir des fondations solides pour que ça tienne. Les tiennes avaient toujours été bancales et à force de les empiler n'importe comment, tout finissait toujours par s'effondrer. Encore une fois, tu commençais comme ça avec Annushka. Même quand tu essayais de faire bien, tu faisais encore ça avec beaucoup de difficulté. Mais l'honnêteté ça n'avait pas de prix, il n'y avait rien de mieux pour crever des éventuels abcès. Elle avait posé sa main sur la tienne et tu avais relevé rapidement la tête pour trouver son regard. Comme si le sol se stabilisait sous tes pieds. Mais il était encore fragile. « Je n'ai jamais été très bon en relation et ça n'a jamais été en s'améliorant. J'aimerais pouvoir te dire que ce sera différent parce que je n'en sais rien. Je suis arrivé il y a presque 5 ans et pendant mes trois premières années, je ne suis pas sorti une seule fois. » Peut-être le savait-elle, peut-être pas, tu n'avais pas souvenir de tout ce que vous aviez pu parlé, tu avais juste gardé les moments importants, les petits détails qu'elle avait pu te confier lors de vos sorties. Ces petites choses auxquelles tu aimais penser lorsqu'elle envahissait ton esprit. « Je crois que je n'ai jamais su comment m'y prendre mais je me disais que peut-être qu'à nous deux, on pourrait y arriver. Mais comme toujours, je suis un élément perturbateur. » Si tu n'avais pas été toi, si tu n'avais pas été l'idiot incapable de comprendre ce qu'il avait dans sa vie, ton premier mariage aurait peut-être fini en divorce mais celui avec Andeana serait sûrement toujours vivant. Le problème c'est qu'avec de si, on refait le monde. Sauf que le monde ne peut pas être refait. Comme déjà dit, c'est le futur qui peut être changé mais peut-être que tu n'y arriverais jamais et qu'à elle aussi tu lui briseras le cœur une fois la bague passée au doigt, si jamais elle accepte, en connaissance de cause, de t'épouser un jour.

C'est vrai qu'il ne venait pas d'énoncer des points positifs de sa vie mais Annushka n'allait pas pour autant partir en claquant la porte. Son regard devint triste alors que Xavier disait que tout était toujours de sa faute. Elle avait apprit à force de le fréquenter, qu'il était un peu comme ça, dépressif, sans que ça ne l'ait pourtant jamais inquiété. Elle avait comprit qu'il s'était passé quelque chose dans sa vie, quelque chose qui lui avait enlevé cette joie, comme elle l'avait perdu au moment de son accident de voiture. Mais jamais elle ne lui avait demandé de quoi il s'agissait, parce que ce n'est pas de ces choses qu'on demande. Il fallait juste qu'il se sente prêt à lui dire.

-Ne dis pas ça...

La brunette avait soufflé doucement. Elle n'était pas sûre de savoir comment lui remonter le moral. Pourtant, quand la nouvelle était tombée, quand elle avait su qu'elle ne pourrait plus danser, tous ses proches avaient fait des pieds et des mains pour lui changer les idées. Elle aurait dû avoir de l'entraînement pour ça.
Sa main se resserra autour de la sienne alors qu'il lui avouait ne pas être sorti de chez lui pendant trois années. Une question lui brûlait les lèvres, mais elle se retenait de la poser. Elle avait peur qu'en lui en parlant, il se flagelle encore plus qu'à présent.

-Tu sais, je suis peut être pire en relation que toi.

Qui sait ? Même si elle appréciait beaucoup de monde, ses relations fortes étaient vraiment limitées. Il y avait Grace sur qui elle pourrait toujours compter, mais après ? Elle se sentait de plus en plus proche que Woody, il devenait bien plus qu'un simple médecin pour elle. Il y avait Jake, qui était son patron et son ami. Mais au-delà de ça, elle aurait été bien incapable de citer quelqu'un de vraiment proche. Et ses relations amoureuses étaient juste inexistantes.
Finalement, l'ex-ballerine laissa reposer sa tête contre lui, fermant les yeux. Elle ne voulait plus l'entendre dire du mal de lui-même.

-Ce n'est pas vrai...

Doucement elle avait exercé une certaine pression sur ta main et tu avais senti ton cœur bondir dans ta poitrine. Elle ne te repoussait pas et ne cherchait pas à te fuir, elle avait juste besoin de temps pour accepter tout ça. Et pendant ce temps, tu faisais ton Calimero, comme si la foudre s'abattait à nouveau sur toi. Tu faisais bien le martyr. « Oh c'est gentil mais j'en doute. » Tu soupirais doucement. Tu avais eu trois années enfermé chez toi pour faire le point sur ta vie, pour faire le point sur tes cinq relations amoureuses, pour trouver là où tu avais merdé, pour voir à quel point tu avais toujours tout saccagé dans ta vie. Comme si tu t'auto-sabotais ton bonheur. Pendant longtemps tu avais cru que tu ne pourrais jamais être heureux, tu t'étais refermé sur toi présentant une coquille au monde entier. Et puis il y avait eu Annushka, sa douceur t'avait touché au plus profond de ton être. Elle venait déposer sa tête contre ton torse et ton cœur s'était mis à battre à tout rompre. Tu fermais les yeux pendant une seconde pour savourer cet instant. « J'ai envie de tout te dire, que tu saches tout. Je ne veux pas que tu puisses penser que tu n'es qu'une parmi d'autres. » Parce que ce n'était pas le cas. Tu avais beau croire fort à l'amour et à l'âme sœur tu n'étais pas du genre à tomber amoureux aussi vite qu'un battement de cils. Et ça faisait des semaines que tu avais Annushka quasiment tous les jours dans la tête, que tu pensais l'embrasser, l'inviter à dîner avec toi. Tu avais franchis une étape ce soir mais tu avais quand même l'impression d'avoir fait trois pas en arrière malgré tout. « Je crois qu'on devrait les monter avant que tout ne crame. » ajoutais-tu rapidement en regardant les poêles qui se trouvaient toujours sur les plaques. Ce n'était peut-être pas quelque d'approprié sur le moment mais tu avais quand même mis pas mal de temps pour préparer tout ça et tu voulais au moins que ce soit une réussite. « Je veux que tu saches que je serais toujours honnête avec toi. Je n'ai jamais menti et je ne veux pas commencer aujourd'hui. » L'honnêteté, c'était vraiment une valeur qui te tenait à coeur. Elle t'avait souvent mise à mal parce que ce n'était pas toujours ce que l'autre voulait entendre mais parfois, ça te faisait aussi un avantage, on pouvait te faire confiance.

Annushka fronça légèrement les sourcils alors qu’il disait qu’il en doutait. Pourquoi toujours remettre en doute… Enfin, c’était facile à dire quand on était du bon côté des problèmes.
La jeune femme sentit son cœur s’accélérer quand il lui dit qu’il ne voulait pas qu’elle pense qu’elle n’était qu’une parmi tant d’autres. Il se rendait compte de ce qu’elle craignait, de son appréhension. Elle resta contre lui. Elle ne pouvait même pas penser qu’il lui mente, qu’il fasse cela pour qu’elle ne soit pas fâchée contre lui.

-Je… Je serais heureuse si c’est le cas.

Il les ramena à la réalité en évoquant les choux. Annushka s’éloigna alors doucement de lui en hochant la tête. Oui, mieux valait ne pas faire brûler les oignons si durement coupés, de même pour les choux et le riz. Elle s’approcha elle aussi des plaques, coupant le feu après les avoir remués un peu. Elle leva ses yeux verts vers Xavier quand il lui dit vouloir être toujours honnête avec elle. C’était également une valeur qui tenait beaucoup à cœur à la brunette, sans doute parce que, de toute façon, elle était incapable de garder un secret sans que ça se voit comme le nez au milieu de la figure.

-Je serais toujours honnête aussi. De toute façon… Je pense que tu le verras si jamais je te cache quelque chose un jour.

Mais il n’y avait aucune raison que ça n’arrive, n’est-ce pas ?
Annuhska se concentra donc pendant un moment sur la cuisine, montrant à Xavier comment on lui avait appris à faire.

Blottie contre toi, tu venais poser ta main contre son épaule la serrant légèrement contre toi. Ce contact avait du bon, tu sentais la peur te quitter petit à petit, comme si avec elle, tout était possible. « J'ai vraiment envie de te le prouver. » Tu ne savais pas encore comment, ça serait sûrement ça la partie la plus difficile pour votre début de relation mais une chose était certaine, tu ferais attention de ne pas lui demander sa main trop précipitamment. Tu ne voulais pas d'un mariage éclair et d'une relation qui serait obsolète après six mois de vie. Tu voulais quelque chose de durable, le genre de relation qui durerait jusqu'à la mort. Mais il ne fallait pas que des mots, il fallait des actes et c'est là où tu avais un peu plus de mal. « Oh je ne parierais pas là-dessus, je n'ai jamais été très bon pour déceler les sentiments des autres. C'est bien pour ça que je suis un piètre dragueur, je ne sais pas voir les signaux ! » Tu rigolais doucement, le coeur un peu plus léger qu'auparavant. Peut-être que si elle était aussi mauvaise menteuse que toi alors tu pourrais le voir mais tu avais eu pas mal de difficultés à voir la peine qu'Andeana éprouvait pendant votre divorce, te contentant de la croire quand elle disait aller bien. Peut-être qu'au fond tu avais toujours fait en sorte de te rendre aveugle à tout ça comme ça tu pouvais avancer plus facilement dans ta vie. « Ils ont l'air appétissant comme ça. » Tu l'avais laissé faire le montage des choux, la regardant très attentivement. Tu les plaçais ensuite dans le plat avant de les mettre au four, tâchant de mémoriser ceux avec la viande et ceux sans parce que tu ne voulais pas lui donner le mauvais lors de la dégustation. Tu revenais alors vers elle, attrapant doucement sa main que tu caressais avec le pouce. « Annushka, avant que ça ne devienne vraiment sérieux entre nous, j'aimerais tout te dévoiler de qui je suis, dis-moi quand tu sera prête à l'entendre et dis-moi aussi quand ça fait trop, d'accord ? » Il t avait encore des sujets difficiles comme ton enfance, ou ton troisième mariage mais tu ne voulais pas qu'elle puisse l'entendre de la bouche de quelqu'un d'autre. Surtout qu'ici tu ne pouvais pas aussi bien cacher qui tu étais, ton passé pouvait surgir à n'importe quel moment et la ville semblait si petite, les rumeurs allaient de bon train.

Et elle avait vraiment envie d'être convaincue, même si elle l'était déjà un peu. Elle n'était pas difficile Annushka, les belles promesses lui suffisaient. Et même si sa confiance en elle avait été ébranlée en sachant que Xavier s'était déjà marié trois fois, elle ne demandait qu'à le croire.
Quand il lui dit être un piètre dragueur, elle releva les yeux vers elle, esquissant un léger sourire.

-Je crois que je suis un peu pareil.

Elle était bien mauvaise en flirt, et puis surtout, on pourrait lui faire croire n'importe quoi, lui retourner l'esprit en un tour de main. Trop naïve diraient certains. Et ils avaient sans aucun doute raison.

Annushka s'était ensuite remise à la cuisine et elle eut un sourire quand il qualifia son repas d'appétissant. Même si elle l'imaginait mal dire le contraire, ça faisait toujours plaisir.

-Ce n'est pas très difficile à faire.

Elle le laissa ensuite mettre les choux dans le four. Il connaissait sans doute mieux son matériel qu'elle.
Elle rougit légèrement alors qu'il attrapait sa main, levant les yeux vers lui, un sourire niais collé aux lèvres. Elle hocha doucement la tête à sa demande. Même si pour aujourd'hui cela faisait beaucoup d'informations à digérer, elle était prête à entendre les moindres détails de sa vie, même s'ils n'étaient pas agréables.

-Bien sûr, je... je serais toujours prête à t'écouter Xavier.

Plus tu discutais avec elle et plus tu réalisais à quel point vous étiez similaires. Pas sur tout mais au moins sur la façon d'être avec les autres, sur les valeurs qui étaient importantes pour vous. Au moins dit comme ça, tu avais l'impression que ça pouvait vraiment coller entre vous, il fallait juste que tu lui montres que tu n'étais pas un si mauvais bougre que ça en avait l'air. « Alors ça risque d'être un véritable casse-tête ! » Mais tu étais un homme patient, c'était une de tes grandes qualités puisque la couture ce n'était pas toujours facile et qu'il y avait parfois des essais qui méritaient que tu y passes des centaines d'heures jusqu'à ce que tu obtiennes le résultat escompté. Tu serais prêt à prendre tout le temps qu'il fallait pour que vous puissiez installer une véritable relation saine et pérenne. « C'est vrai, je crois que j'ai choisi une bonne recette et que ça pourrait être sympa à refaire plus tard. » Parce que oui, si c'était bon, tu allais la refaire. Peut-être pas toi, plutôt Martha parce que tu n'étais pas vraiment du genre à te mettre devant les fourneaux juste pour toi tout seul. Par contre, pour une femme, tu soulèverait des montagnes pour faire juste un seul repas. On pourrait croire que tu savais être charmant uniquement quand ça t'arrangeait mais c'est juste que si tu pouvais te passer de manger quand tu es seul, alors tu aurais sauté de nombreux repas. « Je te propose de laisser tout ça de côté ce soir et de simplement savourer notre beau repas ? » Ce serait l'occasion de retrouver une ambiance plutôt calme et posée pour cette fin de soirée. Peut-être essayer de rire un peu et d'avoir une vraie note de légèreté avant de passer à la visite de ton manoir. Ta maison n'était pas aussi grande que ça, mais il y avait quand même pas mal d'espace, surtout à l'étage puisque c'était là où tu entreposais toutes tes créations, tes collections, de vieux modèles de ta première année en tant que tailleur qui avaient une grande valeur sentimentale pour toi.

Annushka eut un léger rire quand il évoqua l'idée que leur relation soit un véritable casse-tête, s'ils n'arrivaient pas à comprendre les sentiments l'un de l'autre. La brune secoua légèrement la tête, un petit sourire sur les lèvres.

-Mais non, il suffira juste qu'on s'exprime clairement. Je pense que ce n'est pas plus mal.

Après tout, la communication était primordiale dans un couple, alors ça ne pouvait que les obliger à mieux se parler, au lieu d'essayer de comprendre les signaux de l'un et l'autre.
La brunette hocha doucement la tête alors qu'il se vantait, en quelque sorte, d'avoir choisi une bonne recette. Elle n'était jamais contre refaire une recette de son pays, alors si ça lui plaisait, ça serrait avec plaisir qu'ils cuisineraient de nouveau ensembles.

-Je te ferais découvrir d'autres choses aussi.

Comme les soupes, elle en était très friandes.
Quand il lui proposa de laisser cette discussion de côté, Annushka approuva. Elle avait eu son côté pour la soirée, ils pourraient continuer d'en parler plus tard, c'était sans doute plus raisonnable. Ils auraient encore des dizaines d'occasions.

-Oui ça me semble parfait.