Ton coeur ne c'est pas arrêté, mais le mien si - Maddie / Tom

J'ai été idiote de ne pas comprendre tout de suite. Mon frère ne veut pas « un » oreiller. Il veut « son » oreiller. Et moi je le bassine avec le fait qu'il n'ai rien dit aux infirmières … Je … D'accord j'ai compris … Excuse-moi … Je sens une petite tension dans l'atmosphère. Mais je ne peux m'en vouloir qu'à moi-même. Comment pourrais-je lui reprocher quelque chose ? Si nos positions étaient inversées, je n'ai aucune idée de comment je pourrais réagir. Avec beaucoup moins de force dont il fait fait preuve c'est certain. Surtout après si peu de temps. Il a du encaisser énormément en l'espace d'à peine quelques heures. Je ne sais même pas comment il fait pour être si … si « calme » ? Pas vraiment désabusé. Enfin si je le sais, parce qu'on parle de Tom là. Quelques secondes passent et les médecins arrivent. Trois. Un spécialiste pour chaque partie fortement atteinte chez mon frère. Chacun y va de son petit examen et de son premier diagnostic. Aucun n'est réellement rassurant. L'un d'eux est même très inquiétant. Je me retrouve … muette. Alors que je devrais leur demander mille choses. Trouver un peu d'espoir. Si seulement maman avait été là, elle, aurait su quoi dire. Moi je les laisse juste partir. Encore un peu sonnée. Dans pire état est mon frère. Son regarde est bloqué sur sa jambe. Aucune sensation. J'essaye de lui dire quelques mots mais il semble … ailleurs. Comme trop focalisé sur ce qu'il n'a pas ressenti. Tom … J'élève doucement la voix et pose la main sur son bras. Pour capter son regard, son attention. Qu'il m'écoute. Tu as entendu le médecin ? C'est normal. Ils ont du endormir ta jambe pour l'opération. Elle n'est pas encore réveille. Tu la ressentiras bien vite ne t'inquiètes pas ! Trop vite même ? Pour le moment je crois qu'il est mieux de ne pas la ressentir qu'avoir une douleur en permanence dans la totalité de la jambe. J'espère que les médecins ne le « shooteront » pas outre-mesure avec la morphine. Mais il lui en faudra tout de même. Je n'ai pas envie de le voir souffrir. Me sentant totalement inutile, impuissante, je lui demande s'il veut quelque chose. A boire, à manger. Ou n'importe quoi. Mais non … Rien … Enfin si … Mais la réponse ne me plaît pas. Cependant je respecte ses envies. Je voudrais lui dire que je ne pars nulle part et que je reste là. Que je serai toujours là. Mais ce n'est sans doute pas le bon moment. Et je ne lui en veux aucunement. Je le regarde en souriant très légèrement. D'accord. Je repasserai toute à l'heure avec maman. Si tu as besoin de quoique ce soit, n'importe quoi tu m'appelles. Tu … Tu n'as pas à t'excuser. Sache juste que … que je suis là. Comme tout le monde. Et qu'on t'aime Tom. Et je continue mentalement. « Mais ne t'enferme pas sur toi-même. Parle nous. ». Trop tôt pour le lui dire. Et puis il n'y a aucun conclusion à tirer de cette demande. S'il n'avait pas réellement l'intention de vouloir être seul, il ne m'aurait pas dit ça. Ou au pire des cas, il me demandera de rester un peu. Car je ne me lève pas tout de suite. J'attends. De voir s'il est sûr. Et si c'est le cas, ça me ferait mal au cœur je ne le nie pas mais je m'en irais. Pour revenir plus tard. C'est maintenant que nous devons être plus unis que jamais.

Je n’ai vraiment pas le désire de m’énerve sur cette histoire d’oreiller, mais ton insistance sur le fait que l’équipe ne fait pas assez attention à mes besoins ne me plais pas du tout… Cela ne fait que quelques heures que j’ai pleinement conscience, que quelques heures, et pourtant je suis obligé d’appuyer sur se fichu bouton rouge, pour le moindre petit besoin. Mais a chaque fois l’équipe répond présent, parfois avec un peu de temps, mais je ne leur en veux pas du tout. Je ne suis pas tout seul dans le service et malgré mon état, je suis sûr que certains vivent pires que moi ! Et oui je suis comme ça… On ne me changera pas ! Tu t’excuses et je laisse couler, je ne vais pas disserter sur ce petit problème. De toute façon nous sommes interrompus par les médecins, je me sens étudié sous toutes les coutures, mais je me laisse faire, voulant savoir…

Enfin j’aurais peut-être mieux fait de m’abstenir, les nouvelles ne sont guère réjouissantes, et le fait de ne pas avoir senti ma jambe me laisse dans l’effroi total ! Je crois que c’est la seule chose que j’ai retenue, ma vue, mon ouïs passe complètement à la trappe à côté de l’importance qu’une jambe à dans une vie ! Sans ma jambe qu’est-ce qui m’attend ? Handicapé à vie ? Oui, je sais très bien que certain s’en sorte très bien, mais moi c’est l’armée mon métier… J’entends que tu prononces mon prénom, je relève les yeux, mais absent malgré tout. Mais j’entends tes paroles.

« C’est horrible de ne rien ressentir… Je proférerais souffrir, au moins je saurais sûr qu’elle est vivante ! »

Je me sens vide et à la fois une multitude de pensées traverse mon esprit. Je n’aurais pas dû te faire venir, j’aurais dû être seul pour entendre tout ça… J’aurais dû encaisser ça tranquillement, pour ne pas vous faire ressentir cette détresse, cette douleur et cette sensation d’impuissance, j’aurais dû t’épargner ça. Alors je veux me retrouver seul, que cela te plaise ou non, j’ai besoin de me retrouver avec moi-même, avec mes pensées qui s’éparpillent par milliers.

« Je sais Didi… Je vous aime aussi. »

Mais pour l’instant je ne sais pas comment gérer cette situation, mais c’est ma vie, et je ne veux pas qu’on s’y immisce pour le moment.

« À plus tard… »

Dis je en fermant les yeux, essayant de m’installer au mieux pour me retrouver avec moi-même, enfin un semblant de moi-même.