courir dans la verdure -r.

« Allez Vicky, juste un petit parcours ! » Tu ouvrais tes yeux biens grands pour dessiner le regard de biche. Tu savais obtenir ce que tu voulais, quand tu le voulais. La preuve, elle semblait vouloir te dire oui. Tu n'étais pas très sportive et elle non plus, mais l'idée de faire un petit footing ensemble te plaisait bien. Vous pourriez faire ça à votre rythme, tout en discutant un peu. Tu avais même repéré un petit parcours dans la forêt de la ville. Tu essayais alors la dernière chose, qui l'aiderait sûrement à te dire oui. « Après ça, je t'offre ce que tu veux ! » Tu n'étais pas très limitée dans ta proposition, tu serais prête à faire n'importe quoi juste pour qu'elle accepte ton idée. Tu pourrais tout aussi bien courir toute seule, mais cette idée ne te plaisait pas autant que la première. Et maintenant qu'elle avait dit oui, tu avais eu gain de cause. Elle te laissait quelques minutes seule afin d'aller mettre une tenue plus adaptée pour la situation. Après quoi, tu vous conduisais à la lisière de la forêt, lui montrant sur la carte, le petit parcours que vous alliez emprunter. Une fois dans la nature, tu t'attachais les cheveux en une longue queue de cheval. Vous courriez lentement pour commencer, il ne fallait pas brûler toutes vos réserves maintenant où sinon vous n'arriveriez même pas à la moitié du parcours. Tu regardais où tu mettais les pieds parce qu'avec les ronces et les racines, tu allais te casser la gueule trop facilement. Jusqu'à ce que tu pousses un cri strident, te faisant reculer de trois pas. « Oh fuck it, des serpents ! » criais-tu en te collant le plus possible contre l'arbre qui se trouvait dans ton dos. Tu pourrais faire le tour, passer sur le côté pour les esquiver, mais là, tout ce que tu peux faire c'est crier et essayer de faire qu'un avec l'arbre. 

courir dans la verdure

Mathilda m’a proposé de passer la voir. J’ai accepté évidemment, c’est un réel plaisir depuis que je suis revenue à Bowen de passer du temps avec ceux qui, auparavant, faisaient ma vie Australienne. En grandissant et en partant à New-York pour travailler je les ai tous un peu perdus de vue, mais on se retrouve peu à peu, avec les aléas de la vie. Je me suis rendue chez elle en voiture, le printemps est là depuis peu et Bowen est magnifique dans ces douces lumières. Auparavant, les parents de Mathilda habitaient dans la même rue que les miens, c’est ce qui a fait notre rencontre. Avec tout le bonhomme de chemin qu’on a fait désormais, ce n’est plus le cas, mais cela ne nous empêche pas d’être restées amies.

Quand Mathilda me demande d’aller courir dans la forêt, je ris jaune. Une bien drôle d’idée ! D’abord, je dis non. Après tout, je suis en jupe, avec des collants et des bottes, sous un petit pull. Je ne suis pas du tout dans la tenue adéquate ! Et les yeux de Mathilda finissent par me convaincre… Le fait qu’elle décide de me prêter une tenue plus sportive et qu’elle souhaite m’offrir quelque chose me convainc néanmoins, au bout d’un court moment. Je garde ça dans un coin de ma tête pendant qu’on va se changer, je ne sais pas encore ce que je vais lui demander mais ça va dangereusement s’approcher du cocktail, je pense !

Nous partons pour la forêt, heureusement pour nous il n’a pas plu depuis plusieurs jours et l’air, bien qu’étant un peu frais, est assez sec. Le printemps en Australie est beaucoup plus agréable qu’à New-York, où les hivers aussi sont plus rudes. J’ai eu le temps de sentir cette différence, les années où j’y ai habité… un vrai calvaire par rapport au doux temps de Bowen. Mathilda me montre sur une carte l’endroit où elle souhaite m’emmener, j’acquiesce, un peu inquiète. Je ne suis vraiment pas sportive, et c’est une chance par rapport à mon métier que mon métabolisme ne soit pas des plus moisis parce que je dois impérativement garder la ligne constamment. Si je prends le moindre gramme, on risque de me le faire regretter dans la presse ou au niveau des contrats.

Nous arrivons, Mathilda se gare et nous nous mettons à courir sur le chemin de santé. C’est plutôt feuillu, je trouve, pour un tel parcours… mais je n’en dis rien et me contente de courir doucement à ses côtés. Nous discutons, tout est très calme, on entend beaucoup d’oiseaux. La lumière est magnifique, ça me rappelle que ça fait une éternité que je n’ai pas fait quoique ce soit en forêt ! Il faut aller loin hors de New-York pour trouver une forêt digne de ce nom, aussi ce n’est pas ce que j’ai le plus l’habitude de faire. Soudain, Mathilda se stoppe en criant, ce qui me fait sursauter. Je pousse un léger cri moi aussi, avant de regarder dans la direction qu’elle montre, après s’être collée à l’arbre qu’on vient de passer.

- Comment ça des serpents ?! je m’exclame juste après elle.

Je ne vois rien, et même si je ne suis pas friande de ces bestioles-là au point d’en adopter un, elles ne me dérangent pas et je les trouve plutôt mignonnes. Dans un vivarium. Ici, on est à l’état sauvage et ce qu’on raconte sur Internet sur l’Australie n’est pas faux, elle est bourrée de bêtes toutes plus meurtrières les unes que les autres !

(c) charney

HJ:

Ta course s'était soudainement arrêtée, tu avais fait trois pas en arrière pour partir dans l'autre sens lorsque tu avais vu le gros reptile. Très vite coincée par un arbre, tu t'étais mise à crier en le voyant s'approcher de toi, ce qui avait tout de suite alarmé ton amie. Elle s'était arrêté pour se tourner vers toi, te demandant où était le serpent. « Là ! » criais-tu en le pointant du doigt. Tu le voyais plutôt bien alors tu te demandais si tu ne virais pas folle, s'il n'était pas dans ta tête. Mais il bougeait, il bougeait encore et encore, s'approchant doucement de toi. Tu criais une nouvelle fois, tu ne pensais pas avoir peur mais finalement c'était le cas. Surtout parce que tu le trouvais imposant. Ta peur venait aussi de ton ignorance, ton incapacité à savoir si c'était un serpent venimeux ou non. Quoi que même sans ça, il avait la capacité de t'étouffer et de te tuer. Peut-être pas de te manger, mais ça ne t'enchantait pas plus que ça. « Tu le vois pas là ? Fuck, il est gros ! » Ta voix montait dans des aiguës, tu ne te croyais pas capable de produire de tels sons mais c'était le cas. Plus il s'approchait et plus tu paniquais. Tu perdais tout contrôle sur ton corps et ça te rendait dingue. Tu jetais un nouveau coup d'oeil à ton amie. « Fais-le partir, s'il te plait Vicky ! » Tu la suppliait, reposant ton regard sur la bête qui s'avançait encore vers toi. A croire qu'elle t'avait collé une cible sur le dos et qu'elle ne partirait pas tant qu'elle ne t'aurait pas fait du mal. Tu aurais voulu pouvoir lui faire peur mais dans cette situation, c'était toi qui était effrayée, au point d'être tétanisée, coincée contre un arbre, incapable de faire autre chose que crier.

Spoiler:

Victoria ne semblait pas le voir et encore moins te croire. Elle s'est même déplacée jusqu'à toi pour avoir le même point de vue, ce qui lui permettait de prendre conscience de la réalité des choses. Mais elle avait un sourire sur le visage et tu avais bien l'impression qu'elle se moquait de toi. Ce n'était pas grave, là tout de suite, le plus important, c'était de virer ce serpent. Elle attrapait une branche, coupant la route au reptile en se mettant entre lui et toi. Mais ce n'était pas très fabuleux comme tactique puisqu'il se contenta de la contourner. « Oh non.... » Tu poussais de petits cris aiguës mais ce n'était pas vraiment du plaisir. Tu avais l'impression que ton coeur ratait tous ses battements et que tu allais finir par vraiment perdre la vie là. D'ailleurs, tu ne tardais pas à l'exprimer avec beaucoup de difficultés. « Je vais mourir, il va me manger ! » Tu n'étais pas du tout en train de dramatiser, de grossir les choses pour les rendre plus effrayantes. A tes yeux, ça te faisait peur, ça il n'y avait pas le moindre doute, mais ta réaction était tout aussi bien réel. Tu n'avais juste aucun contrôle dessus et tu n'avais pas l'impression dans faire des tonnes mais pourtant c'était bel et bien le cas. Voir le serpent passer à côté de toi, comme si de rien n'était, comme s'il voulait juste continuer son chemin et que tu avais été une étrangère qui se collait contre un mur en criant dans tous les sens. « Oh bah on dirait qu'il voulait juste passer. » Tu jetais un nouveau coup d'oeil pour être sûre qu'il continuait bien son chemin et que ce n'était pas une vile tentative pour t'attraper par derrière mais ça ne semblait pas être le cas. Tu te retournais alors vers ton amie, un grand sourire sur le visage, faisant comme si tout allait bien, prête à reprendre la course.

Le serpent était parti et Vicky s'était contenté de reprendre tes mots pour se moquer doucement de toi. Tu fis une légère grimace, reprenant l'entière possession de ton corps. Tu avais l'impression d'avoir mal un peu partout tellement tu t'étais crispée de peur. Tu t'étirais rapidement en t'approchant encore un peu de ton amie pour te trouver à sa hauteur. « Oui, je pense que j'ai un peu exagéré. » Avec tes doigts tu mimais un petit espace entre ton pouce et ton index pour montrer à quel point tu avais très peu exagéré. Tu aurais même pu dire un chouia tellement c'était minime. Mais tu voulais juste oublier tout ça, le mettre derrière toi et passer à autre chose mais tu entendais déjà son rire. De toute évidence, elle ne semblait pas croire un traître mot de ce que tu venais dire. « Mais bon, il est était quand même gros et menaçant ! » Tu essayais de trouver une justification pour appuyer tes propos mais rien n'y ferais. Elle qui n'avait pas peur des serpents ne pouvait sans doute pas comprendre la peur qui t'animait lorsque tu en voyais un. Tu aimerais bien la voir dans une position de faiblesse comme tu avais pu faire preuve aujourd'hui. « On continue, ce n'est pas un serpent qui va m'arrêter. » Enfin, tu disais ça maintenant mais ce n'était pas vraiment vrai. La preuve, tu n'avais pas été capable de le contourner, de passer au-dessus pour continuer de courir comme si de rien n'était. Maintenant qu'il était loin derrière toi, loin derrière vous, tu pouvais reprendre l'activité sportive que tu avais initié. Tu te mis alors à courir, prenant une légère avance sur Victoria, un grand sourire sur le visage.

« Tu crois que ça a peur ce genre de bête ? » Tu secouais doucement la tête, tu ne savais pas trop si tu y croyais ou non. C'était comme l'idée reçue qu'un éléphant avait peur d'une petite sourire, ça te semblait si irréel que tu avais du mal à y croire. Et pourtant, c'était bien le cas. Mais un serpent pouvait-il vraiment avoir peur de vous ? Parce que c'était le genre d'animal capable de manger le corps d'un humain donc à partir de ce constat, il n'avait pas vraiment de raisons d'avoir peur de vous. Quoiqu'il en soit, tu laissais ça derrière toi, reprenant ta course avec Vicky. Tu repassais devant, tu aimais bien être en tête de la course même si ce n'en était pas une. Vous étiez dans un sport amical et non de compétition. Après un peu plus d'un kilomètre, tu entendais une voix porter dans ton dos, tu ralentissais le pas pour pouvoir lui répondre. « Déjà fatiguée ? » Tu affichais un grand sourire à mesure que tu ralentissais le pas pour te retrouver juste à côté d'elle. Tu étais surprise par ton endurance physique parce que tu n'étais pas certaine de tenir aussi bien la cadence. « Bien sûr qu'on le peut ! » Tu t'arrêtais enfin de courir, faisant quelques étirements pour ne pas abîmer tes muscles. Tu reprenais petit à petit ta respiration et un rythme cardiaque à peu près normal. Avec tout cet effort, il s'était un peu emballé mais rien d'anormal. Tu la regardais à nouveau avec un grand sourire après t'être assurée qu'il n'y avait pas le moindre serpent autour de vous. « Tu veux continuer encore un peu après ou on passe à ce que tu veux faire ? » Après tout elle avait respecté sa part du marché, elle était venue courir avec toi et si elle ne voulait pas continuer, tu étais prête à remplir ta part à toi même si tu ignorais ce qu'elle avait en tête pour la suite de votre journée.

Quelques minutes après votre reprise de course, elle demandait à s'arrêter et tu avais écouté la demande de ton amie. Tu lui demandais si c'était la fin de votre folle lubie et la réponse se révélait être positive. Tu n'avais pas eu l'impression de courir très longtemps au final mais vous aviez bien perdu pas loin de dix minutes à cause d'un maudit serpent qui avait choisi de se mettre sur ton chemin. Même s'il n'avait rien fait de plus qu'avancer. Tu n'avais juste aucun contrôle sur ta peur et ce n'était pas la dernière fois que ça t'arriverait. Surtout si vous vous organisiez souvent des parcours de course dans la forêt. La vie y était un peu plus sauvage qu'en ville. « Va falloir qu'on s'y mette plus souvent si on ne court que ça à chaque fois ! » ajoutais-tu avec un sourire avant de secouer doucement la tête. Tu en profitais pour faire quelques étirements histoire d'avoir un peu moins de contracture dans les jours à venir. Surtout que quand ça arriverait, tu n'arriverais pas à comprendre tout de suite le pourquoi du comment. Ce n'était pas évident tout les jours de vivre ta vie. « J'avoue qu'après l'effort, on le mérite bien ! » Et puis, vous aviez sûrement plein de choses à vous raconter. Toi ça ne serait pas aussi spontané qu'elle puisque tu n'avais pas la mémoire pour t'aider mais tu notais toujours les plus grosses informations dans ton calepin pour justement pouvoir parler à tes amis lorsque tu les voyais. Sinon bonjour la conversation ! « En route ! » Et tu croisais secrètement les doigts pour ne pas avoir à faire face à un serpent sur le chemin pour rejoindre la voiture. Tu avais eu assez d'émotions pour la journée, tu voulais un peu de calme et de détente, comme elle avait si bien su te le vendre.

Même le moindre effort méritait de faire des étirements parce que la douleur serait là. Elle attendrait tapie dans l'ombre que le jour passe pour pouvoir surgir et c'est souvent à ce moment là qu'on regrette de ne pas l'avoir fait plus tôt. En tout cas, tu ne te ferais pas avoir de cette façon-là. Tu avais simplement secoué la tête sans dire quoique ce soit de plus tu avais eu raison puisqu'elle t'avait imité sans forcer non plus. Puis très vite elle parlait de l'appétit qui se frayait un chemin jusqu'à son estomac suite à cette petite séance de sport et tu hochais une nouvelle fois la tête. « Oh que si, je l'imagine parfaitement, je commence à bien te connaître à force ! » Tu avais un grand sourire sur le visage en la regardant. Vous approchiez de la voiture qui vous avez conduis jusqu'ici. C'était Victoria qui avait conduit parce que depuis ton accident, tu n'avais pas voulu retoucher au volant. Tu n'avais pas peur de monter à l'intérieur mais tu étais flippée à l'idée de conduire. « Je suis presque sûre que tu as déjà réfléchie à ce que tu allais commander sans même savoir où on va s'arrêter »  Et en même temps, elle avait bien raison, toi aussi tu salivais déjà rien qu'à l'idée d'une jolie tarte au fruit, peut-être au citron avec de la meringue. Aux fruits rouges avec un délicieux coulis ou une part énorme d'un cheesecake au caramel. En parlant de tout ça, tu sentais ton estomac réagir par un léger gargouillis. « J'ai vu qu'Imogen proposait de nouvelles pâtisseries, tu veux qu'on se pose là-bas ou tu as une autre idée en tête ? » Après tout, le deal c'était qu'elle te traîner partout où elle voudrait tant qu'elle acceptait de faire du sport avec toi et c'est ce qu'elle avait fait donc à toi de tenir ta part du marché. Cependant, ça ne t'empêchait en rien de lui faire des suggestions.

Tu avais très vite proposé un endroit sans même lui laisser le temps de le faire. Elle était libre de dire non si elle ne le voulait pas, mais elle semblait vraiment enthousiaste face à ta proposition. Elle avait pris la route dans la direction de la petite boulangerie et le temps passa rapidement. Tu avais mis la radio et tu chantais à tue-tête les titres qui passaient à la radio. Du moins, pour ceux que tu connaissais parce qu'il y avait beaucoup de nouveautés et à cause de ton accident, tu étais incapable de savoir ce que c'était. Tu avais juste pensé que tu n'aimais pas vraiment les chansons de nos jours. Une fois arrivées sur place, tu descendais de la voiture pour suivre Vicky. Tu lui ouvrais la porte, la laissant passer devant toi. A l'intérieur, ça sentait bon le sucre et il y avait déjà pas mal de monde à l'intérieur et sur la petite terrasse. En même temps, ce serait bête de ne pas profiter d'un petit encas sous le soleil australien. La preuve, même vous, vous ne pouviez pas y résister. « Mmmh.. Serais-tu en train de te moquer ? » demandais-tu avec un léger sourire alors que tu regardais avec beaucoup d'attention la carte du jour. Tu avais envie de tout manger tellement tout avait l'air bon mais il fallait te restreindre à un seul choix. Ce qui était vraiment compliqué. Surtout que tu ne te rappelait pas de tout ce que tu avais déjà pu goûter ici. « Je ne sais pas, j'hésite entre la même chose que toi et une part de tarte fraise-rhubarbe ! » Le vendeur qui était là, te suggérait la part de tarte à la fraise et à la rhubarbe, avec la chaleur, ça serait sûrement plus frais et plus léger que la tarte au chocolat-caramel. Tu optais alors pour cela, accompagné d'un jus de fruit. Tu avais envie de boire quelque chose de frais. Une fois votre commande réglée, tu attrapais ton petit plateau en te dirigeant vers une des seules tables qui était encore libre. Tu t'installais en face de ton amie et avant qu'elle ne s'installe, tu jetais un coup d'oeil à ton carnet pour savoir ce que tu avais sur la vie de Vicky, histoire de lancer la conversation. « Ta carrière de mannequin est toujours en pause au fait ou tu as repris ? » demandais-tu avec un léger sourire. Tu attrapais ensuite ta cuillère pour prendre une bouchée de ton dessert.