it's been a while -r.

Encore une matinée à parcourir la ville, tu avais un rendez-vous au nord pour une petite ligne de vêtement, avec qui ça s'était bien passé et dans moins d'une heure, tu avais un autre rendez-vous dans le quartier commerçant pour mettre en vente quelques uns de tes modèles dans une boutique un peu vintage. C'était le genre de contrat à côté du quel tu évitais de passer parce que c'était un peu la chance d'une vie. En plus ils avaient tous deux accepté d'avoir des modèles uniques, puisque tu n'étais pas un grand fan de l'usine et que tu voulais garder ce côté qui te rendait vraiment unique. Une seule robe, bien sûr des retouches pouvaient être faites parce que tout le monde n'avait pas la même taille. C'était une véritable chance pour toi. Tu marchais dans les rues de la ville, un café à la main lorsque tu regard fut happé par quelqu'un. Une silhouette attirait ton regard parmi la foule, tu n'étais pas certain que ce soit elle, mais tu avais envie de le savoir. Tu accélérais le pas pour t'approcher d'elle, posant une main sur son épaule. Lorsqu'elle se retournait, tu savais que tu ne t'étais pas trompé. « Bonjour Andeana. » La dernière fois que tu l'avais vu, c'était à une soirée bon chic bon genre, où tu t'étais rendu avec Jordan pour conclure un contrat avec un grand nom dans le domaine de la mode. Une soirée qui avait bien tourné, surtout pour toi. Mais une soirée aussi où tu avais revu ta seconde ex-femme depuis qu'elle avait quitté ta vie. Vous aviez eu une conversation un peu étrange mais pas désagréable, même si tu avais très peu de souvenir de ce qui avait été échangé. Tu avais juste une pensée pour ses vieilles femmes qui vous avez jetés d'étrange regards parce que vous parliez devant les toilettes des femmes. « Comment tu vas ? » demandais-tu avec un léger sourire sur le visage. Depuis le temps, beaucoup de choses avaient dû se passer dans sa vie. Tout comme dans la tienne.

Quand elle ne traînait pas chez-elle à regarder des films, des séries ou encore à bosser, quand elle n'était pas dans un studio à poser en petite tenue, Andeana se plaisait à se balader dans Bowen. Découvrir les endroits qui lui étaient encore inconnus, même si à force de sortir, ces endroits diminuaient et bientôt, elle connaîtrait la ville sur le bout des doigts. C'était dehors qu'elle trouvait son inspiration, qu'elle scrutait le style des gens pour inspirer quelques pièces, ça ne fonctionnait pas toujours, parce qu'elle avait son imagination en ébullition et qu'elle aimait les choses extravagantes, alors qu'elle ne verrait jamais une personne se Bowen se balader avec ce qu'elle imaginait, puis elle travaillait dans la haute couture, ce n'était pas pour que les vêtements soient recrée un nombre incalculable de fois et portés par tous, il fallait simplement impressionner, donner aux gens l'envie de porter sans qu'il puisse forcément le faire. C'était quelque part quelque chose de cruel, mais c'était le jeu. Son esprit commençait à s'évader quand on venu l'arracher de ses pensées pour la faire revenir à la réalité. Ses yeux se tournèrent vers la main posée sur son épaule avant de les relever et croiser le regard azur de Xavier. Elle s'arrêtait net. Un sourire venait de suite illuminer son visage avant de se tourner vers lui. « Bonjour Xavier ! » La dernière fois qu'ils avaient pu se voir était en août de l'année précédente, une bien longue période qui avait permis à la blonde de tout oublier ce qu'ils s'étaient dit, malheureusement. Il n'y avait que le fait qu'il dise de sa bouche qu'il avait une enfant qui lui était restée en tête et cette fille, elle avait pu s'en occuper pendant quelques temps avant que sa tutrice s'en aille se soigner ailleurs. Du moins, c'est ce qu'elle avait cru comprendre. Après ça, elle n’avait plus eu de nouvelles de trois, alors que son but premier avait été de se rapprocher de cette femme et l’enfant pour pouvoir approcher Xavier à son tour. Elle avait toujours été mauvaise en plan et celui-ci s’était écroulé rapidement sous ses pieds. « Ça va très bien, comment d’habitude et toi ? » Il était bien trop rare de la voir dans un autre état d’esprit. « La dernière fois tu m’as dit qu’on se parlerait lors d’un dîner et je l’ai attendue longtemps ! » Elle faisait un semblant de moue avant de rire. Sans doute qu’elle disait n’importe quoi, elle s’inventait juste un prétexte pour lui parler, parce que quand elle se retrouvait face à lui, elle ne savait jamais quoi lui dire tellement elle laissait son cerveau se faire avaler par ses souvenirs.

Tu avais posé ta main sur l'épaule de la jeune femme et très vite elle s'était tourné vers toi, avec un sourire sur le visage. Elle était ravie de te voir en tout cas, c'est ce qu'elle te faisait comprendre. « Je me porte bien ! » C'était plus ou moins la vérité, il y avait des petites choses qui te tracassaient, mais tu ne te voyais pas t’épancher sur ta vie alors que c'était la première fois que tu la revoyais. Et puis lui en parler, ce serait un peu comme lui avouer certaines choses dont elle ignorait l'existence et tu aimais assez le fait qu'elle ne sache pas tout. Elle n'aurait sûrement pas ce sourire sur les lèvres dans le cas contraire. « C'est vrai, et je le pensais mais après je me suis dis que ça ferait peut-être un peu étrange.. » ajoutais-tu un peu coupable. Dîner avec son ex-femme, tu ne l'avais jamais fait de ta vie et pendant un moment, tu t'étais dit que vous passeriez sûrement la soirée à vous rappeler du bon temps mais le bon temps était mort lorsque tu avais demandé le divorce et tu avais eu peur des reproches. Même si ce n'était pas tant le genre d'Andeana. « Et ça fais plus d'un an maintenant. » Tu soupirais légèrement, tu n'avais pas eu l'impression que le temps avait filé aussi vite et pourtant c'était le cas. Lorsque tu l'avais revu, tu avais déjà rechuté dans l'alcool, décevant Abygaël le jour de son anniversaire, tu avais fait fuir Adilyn aussi. Tu avais mis pas mal de temps à remonter la pente et tu l'avais oublié, tu n'allais pas mentir. « Je suis désolé Andeana, je ne pensais pas que ça faisait si longtemps. » Tu n'étais pas ce genre de personne, à faire des promesses et à ne pas les tenir mais lorsque tu l'avais fait, tu n'étais pas dans ton état normal. Ce n'était pas une excuse mais simplement la vérité. L'alcool avait déformé ton comportement, mais tu tenais vraiment a rattrapé ton erreur du passé tant que tu le pouvais. « J'ai un rendez-vous dans pas très longtemps mais tu aurais le temps et l'envie de manger avec moi après ? » Tu comprendrais si elle venait à refuser, après tout, tu avais bien fait le mort pendant un an et peut-être qu'elle n'avait pas envie plus que ça, de passer du temps avec toi. Votre histoire était loin dans le passé et ce n'était pas toujours une bonne idée de le faire revivre.

L'idée du dîner n'était donc pas quelque chose d'inventer par ses soins, juste un souvenir correct qui revenait au bon moment. Elle riait, il était vrai qu'il aurait été bizarre de voir deux anciens amants autour d'une table, ça aurait fait bien trop romantique, ça aurait été bien trop suspect. Elle ne voulait pas que des rumeurs apparaissent sur une possible relation et encore moins depuis qu'elle s'était fiancée, elle avait l'impression que chaque faux pas mènerait à la fin de sa relation, puisque chacun de ses mariages avait fini par se révéler être un échec, elle ne voulait pas tout rater avant même avoir changé de nom. Cette fois-là, elle voulait vraiment y croire, elle voulait croire qu'aucune routine ne pourrait les séparer, que des coups ne lui seraient pas donnés, que personne ne la forcerait à se séparer de son compagnon. Parce qu'elle voulait que l'amour triomphe, mais il s'effaçait juste avec l'absence, ce dont elle ne se rendait pas compte. Il lui en restait de ce sentiment, son cœur en débordait, sauf qu'il s'éparpillait toujours, que quand il disparaissait pour des semaines, elle souffrait moins, elle ne regardait plus son téléphone en attendant un message de son bien aimé. Peut-être que c'était l'habitude, peut-être que c'était autre chose, mais c'était inconnu de la blonde. « Oui, plus d'un an ! » Plus d'un an qu'à chaque fois qu'elle allait à ce genre de soirée, elle restait lever la tête dans l'espoir de voir son ex-mari, en vain. « Tu n'as pas à t'excuser, j'ai été prise toute cette année avec mes multiples projets ! » Entre ses photo-shoots dont elle élargissait la voie, si elle s'était fixée sur la lingerie, même si parfois elle faisait des écarts, aujourd'hui elle variait réellement, il y avait aussi ce projet d'atelier qu'elle comptait réalisé, son boulot de designer qui prenait un temps fou. Il y avait de quoi perdre la tête et pourtant, elle se sentait toujours aussi bien et libre dans ce qu'elle faisait. Et avoir un emploi du temps chargé lui faisait oublier qu'elle ne faisait plus ce qu'elle aimait faire et qu'elle ne le referait sans doute plus jamais. « Sinon je dois aussi m'excuser de ne pas avoir cherché à passer dans ta boutique. » Est-ce qu'il lui avait déjà parlé de boutique ou elle venait simplement de révéler qu'elle avait fait indirectement des recherches sur lui en se servant de ses proches ? Elle n'en savait rien et elle se taisait bien vite avant de redire une bêtise. « Bien sûr Xavier, ça m'enchanterait ! » Elle s'enjouait déjà de passer du temps avec lui, de savoir qu'est-ce qui avait changé dans sa vie et principalement de savoir par qui il l'avait remplacé. « Je n'ai rien de prévu, je divague juste dans les rues, alors … Enfin, je vais t'attendre. » Elle lâchait un rire nerveux, esquissant un léger sourire par la suite.

REvoir Andeana après tout ce temps, ça te faisait plaisir. La revoir l'an dernier déjà, ça t'avait fait remonté le sourire. Tu ne disais pas ça parce que tu voulais remettre le couvert, au contraire, elle était en couple et même fiancée et si elle était heureuse, alors tu l'étais pour elle aussi. Tu ne savais pas ce qu'il en était de son couple, mais à ce jour, toi aussi tu avais une relation plus ou moins stable, ce n'était pas encore ça parce qu'après les grandes révélations de l'autre soir, tu ne savais pas si elle reviendrait vers toi. Pourtant, tu avais un assez bon pressentiment cette fois-ci. « Oui mais quand même, un an c'est presque irrespectueux ! » Tu secouais doucement la tête, peu ravi de la façon dont se passait les choses. Un an, c'était vraiment long. C'était pourtant passé hyper vite parce que tu n'avais pas eu l'impression que ça faisait aussi longtemps, mais pourtant, en la revoyant et en y réfléchissant, c'était le cas. « C'est vraiment gentil de ta part Andeana. » Un grand sourire se dessinait sur tes lèvres, tu avais très envie de manger un morceau avec elle et de lui parler comme si de rien n'était, comme si vous n'aviez jamais été mariés. Tu avais l'impression d'être renvoyé à l'époque où tu avais fait la connaissance de la jeune femme, quand tout n'était que détente et plaisir entre vous. Avant que n'arrive la peine et la tristesse. « Je connais même un petit restaurant italien où les linguines sont à tombées ! » ajoutais-tu avec un léger sourire. C'était un petit souvenir entre vous deux. La première fois que tu l'avais emmené dîner à Paris, dans un restaurant italien où les pâtes n'avaient pas été aussi savoureuses que vous l'aviez espéré. « On s'y retrouve dans trois quart d'heure ? » proposais-tu en lui laissant l'adresse sur un petit bout de papier pour qu'elle puisse t'y rejoindre. Elle hochait la tête pour approuvé et tu filais dans une petite rue pour te rendre à ton rendez-vous. Pendant tout ce temps, tu avais eu du mal à te concentrer, tu pensais à Annushka, à Andeana, à Abygaël. Beaucoup de choses se mélangeant dans ton esprit, te troublant. A la fin, tu essayais de te dépêcher, parce que tu avais déjà cinq minutes de retard et tu ne voulais pas lui donner l'impression de lui faire faux bond. « Désolé pour le retard, j'espère que tu as trouvé de quoi t'occuper ! » Tu étais encore tout essoufflé, tu avais couru pour limiter ton temps de retard et tu avais réussi à finir avec seulement sept minutes. Ce qui n'était pas mal en soi, en sachant que tu avais traversé une bonne partie de la ville pour la retrouver juste ici. « Après-vous ! » Tu ouvrais la porte, passant un bras devant la porte pour la laisser passer devant toi, un grand sourire sur le visage.

Si elle l'avait retrouvée avant, si elle s'était assise à une table en face de lui quelques mois plus tôt, ça n'aurait sûrement pas changé grand-chose. Elle ne pouvait pas prévoir, elle ne pouvait pas savoir si elle pouvait avoir la chance de lui reparler, si ça ne tenait qu'à elle, elle serait retournée vers lui depuis longtemps. Mais elle se sentait comme de trop, un poids sur sa conscience. Même si leur retrouvaille s'était bien passé, qu'elle s'était toujours empressée de pouvoir le retrouver, elle s'en voulait parce qu'ils avaient divorcer pour une routine, parce qu'elle était sans doute devenue trop banale à ses yeux et elle ne voulait pas qu'il retrouve ça en elle aujourd'hui. Bien qu'il n'y avait aucune relation en jeu, elle ne voulait pas qu'il se dise qu'ils avaient eu raison de se séparer. À la blonde ça lui avait permis d'explorer les différentes versions de l'amour, mais celui de Xavier lui resterait toujours dans le cœur, sans doute parce qu'il avait été le premier vrai amour, le premier à lui passer la bague au doigt. Qu'elle ne s'était jamais sentie aussi belle que quand il posait ses yeux sur elle, dans le passé. Aujourd'hui tout était différent, parce que son esprit se mélangeait, qu'elle n'osait plus vraiment parler. Et quand elle venait à le revoir, son visage restait dans son esprit pour les jours à venir, comme pour la hanter. « Ça me fait plaisir. » Elle ne se voyait pas refuser non plus, elle voulait passer du temps avec lui pour apprendre à le connaître de nouveau, ce qu'il était devenu après ces années, ce qu'il avait accompli en plus de ce qu'il lui avait dit l'année dernière. Il parlait ensuite de linguine et elle riait doucement. « Oh, arrête ! Tu vas me faire saliver, puis regretter de m’avoir proposer de dîner. » Quand il lui donnait rendez-vous dans trois quarts d'heure, elle hochait la tête, le laissant partir à son rendez-vous alors que ses pensées s'activaient pour faire ressurgir le passé, pour trouver de quoi lui parler pendant ce temps où ils seraient en tête-à-tête. Le temps semblait long à l'attendre et pourtant, tout avançait si vite. Quand l'heure venue, elle perdait son regard parmi les gens, guettant le visage de Xavier qui n'apparaissait pas. Son cœur se resserrait toujours un peu plus avec les minutes. Quand il apparaissait enfin, elle souriait sincèrement, soufflant tout son stress, le retard ne l'avait jamais dérangé, elle paniquait juste du fait qu'il lui ait donné un faux rendez-vous pour se débarrasser d'elle, la faire attendre des heures durant pour la faire culpabiliser. Même si elle espérait Xavier pas capable de ce genre de torture mentale. « Ne t'en fais pas pour moi, j'ai toujours quelque chose à faire. Puis ce n'est pas comme si tu étais en retard de plusieurs heures ! » Elle riait, de plus, ce n'était pas totalement vrai, parce que pendant tout ce temps, elle l'avait attendue la tête rêveuse, elle s'était sentie un peu angoissée, mais elle n'avait fait que l'attendre. « Toujours aussi galant. » Elle esquissait un large sourire, avant de passer la porte, attendant qu'il fasse de même pour continuer. Ses yeux s'égaraient dans la décoration, avant de se poser sur son ex-mari alors qu'on les installèrent à une table. « C'était un rendez-vous pour ton boulot ? Ça s'est bien passé ? » Elle brisait le silence, pour ne pas qu'ils finissent par se regarder dans le blanc des yeux tout le repas, bien qu'ils venaient de se poser.

La dernière remarque d'Andeana avait eu le mérite de te faire sourire, mais contrairement au petit restaurant français dans lequel vous vous étiez rendu, celui là, tu savais ce qu'il valait. Tu avais eu l'occasion d'y dîner plus d'une fois, en compagnie de Jordan ou avec Kol, lorsque vous deviez parler affaire. Alors là, tu savais qu'elle serait sûrement ravie d'être venue. Et puis peut être qu'elle le connaissait déjà, elle qui venait parfois à Bowen, elle avait déjà dû tester bon nombres des commerces présents dans cette ville. Tu t'en étais voulu de ne pas avoir pris son numéro, de ne pas pouvoir lui envoyer un petit message pour lui dire que tu aurais du retard. Tu te confondais en excuse une fois près d'elle mais elle ne semblait pas t'en vouloir, pourtant, tu ne pouvais pas t'empêcher d'insister. « Si un peu quand même, je ne voudrais pas que tu penses que je ne comptais pas venir ! » Loin de toi l'idée de lui poser un lapin, déjà que tu avais mis plus d'un an à l'inviter au restaurant et que tu l'avais fait parce que tu avais eu l'occasion de la croiser dans la rue. Sans ça, elle aurait peut-être attendue une année de plus. Rien que d'y penser, ça te faisait grimacer. Heureusement, ce n'était pas le cas. « Les habitudes ont la vie dures. » Tu rigolais doucement, tu ne pouvais pas changer, même si tu le voulais, tu aurais beaucoup de difficultés. Tu luttais déjà tous les jours pour ne pas sombrer dans l'alcool, un vice presque aussi bien ancré que ta galanterie. Une serveuse vous installez sur une petite table dans un des coins du restaurant et à peine assis, Andeana laissait la conversation.« Oui et oui, c'était pour un contrat, pour une petite collection pour l'été prochain, une dizaine de modèles ! » Un grand sourire se dessinait sur ton visage. Tu n'avais pas eu de gros contrats depuis des mois alors ça te faisait du bien de savoir qu'on voulait travailler avec toi. « J'ai déjà l'esprit qui chauffe rien que d'y penser. » Un modèle par-ci, par-là lorsque tu laissais ton imagination prendre le dessus. Tu avais aussi des créations que tu avais travaillé ses dernières semaines et tu avais bien envie de les proposer. D'ailleurs, ça te faisait penser à quelque chose, mais tu y reviendrais plus tard, ne voulant pas parler que du boulot, même si elle était la mieux placée pour comprendre toute cette énergie créatrice. « Et toi, tu profitais du beau temps ? » demandais-tu avec un grand sourire, elle avait eu l'air de se balader, de prendre un grand bol d'air frais mais peut-être qu'une autre raison se cachait sous tout ça.

Elle ne pouvait pas lui en vouloir pour être en retard, elle l'aurait sans doute fait s'il avait été absent, si son rendez-vous n'avait été que prétexte à fuir en la laissant attendre seule avec la naïveté pendant des longues heures. Parce qu'elle ne saurait pas quand elle serait partie, elle aurait eu l'espoir jusqu'au bout de voir la tête de Xavier dominer les autres, qu'il n'y ait plus que sa personne qui s'illumine, effaçant les autres à ses yeux. « Ça tombe bien, je ne comptais pas le penser. » Elle riait une nouvelle fois, refusant ses excuses puisqu'elles étaient infondées, il était là et elle avait assez confiance en lui, comme elle l'avait eu pendant des mois dans le passé, rien ne changeait. À quelques détails près. Ils se dirigèrent tout deux vers l'entrée du restaurant, Xavier lui ouvrant la porte, chose à laquelle elle ne manquait pas d'ajouter un commentaire. Il était charmant, galant, tout lui faisait penser au Xavier d'antan, celui qui avait su la séduire, celui dont elle s'était séparée et qui lui avait brisé le cœur pendant un bon nombre de temps. « Si ce sont des bonnes, alors tant mieux. » Une serveuse s'occupait d'eux, les installant en table avant de les laisser. Pendant une fraction de seconde la peur de paraître ennuyante aux yeux de son ex-mari l'envahissait, ce qui la poussait à être trop bavarde d'un coup, lui poser plusieurs questions pour être sûre d'obtenir une réponse, d'entretenir une conversation. Aussi parce qu'elle s'y intéressait, à ce qu'il avait pu faire pendant les quelques minutes qui les avaient séparés. « L'été prochain ! Il va falloir que tu t'y mettes vite. » Elle souriait, elle travaillait déjà des idées depuis quelques temps, dessinant sur le papier vierge des broutilles d'idées, jetant certaines, gardant d'autres, espérant être à la hauteur des attentes de son supérieur, son père, lui qui faisait de même dans son coin. « J’ai hâte de voir ce que ça va rendre ! » Elle avait toujours trouvée les tenues de Xavier incroyables, elle ne serait sûrement pas déçue aujourd’hui de voir les résultats, ils ne pouvaient qu’être meilleur, parce qu’il se perfectionnait avec le temps, comme tout le monde. « Enfin, si un jour je retrouve cette collection. » Parce qu’elle était une bonne chercheuse que très rarement, qu’elle ne savait pas se renseigner, surtout sur ce que lui faisait, c’était compliqué. « Un peu, je cherchais un cadeau puisque je dois partir pour quelques jours pour voir mon père et le reste de la meute. » Les Joseph, la famille trop nombreuse qu’il avait dû rencontrer dans le passé. Il était rare qu’ils se retrouvent tous d’un coup, alors elle ne voulait pas manquer ça et elle ne voulait pas arriver les mains vides, alors elle faisait de son mieux, remuant les magasins. « Mais j’aurais été bien mieux dans mon jardin à m’allonger sur l’herbe, parce que je n’ai rien trouvé ! » Il y avait encore quelques jours avant son départ alors elle avait le temps et si elle était plus enchantée de profiter de sa maison, elle ne voulait pas manquer ce repas. « Du nouveau, depuis un an ? »

Elle insistait une fois de plus et tu t'inclinais, cela ne servait à rien, ça serait un combat de coqs et ce serait difficile de s'arrêter. Parfois tu lui tenais tête mais c'était il y a longtemps. Il faut savoir accepter de perdre parfois. Tu le faisais peut-être un peu trop souvent, laissant les choses couler comme si tu donnais l'impression que ça ne t'impactait pas. Ce qui n'était que façade. Assis en face d'elle, tandis que tu essayais de choisir ton plat - même si tu avais déjà une idée bien précise en tête - elle s'intéressait à ton rendez-vous et tu te hâtais de lui en dévoiler plus. « Ça va arriver vite, oui ! » Parce que le printemps était déjà si bien avancé, mais tu n'étais pas en panne d'inspiration au contraire. Tu avais l'impression que ta vie filait à toute vitesse. Comme s'il y avait un essaim dans ta tête et que les petites abeilles travaillaient à tout vitesse pour produire un délicieux miel. Un peu imagé mais pas mal réaliste de ce que tu avais l'impression de ressentir. Surtout que maintenant, il y avait une reine des abeilles mais ça viendrait sûrement plus tard dans la conversation. « Est-ce que ça te dirait de me donner ton avis lorsque je l’aurais fini ? Ma partenaire est partie et j’avoue qu’elle été d’une grande aide. Puisque tu es aussi du métier, tu pourrais m’aider à affiner mes esquisses, j’ai parfois du mal pour les finitions. » Ta demande était sincère, ta collaboration avec Jordan au cours de la dernière année avait tout de même permis de conclure un contrat avec Hugo Boss, ce qui avait permis d'obtenir un beau cachet mais surtout de travailler avec une marque mondialement reconnue. D'autres contrats avaient suivis et tu avais vraiment très envie de renouveler cette expérience. Et à tes yeux, il n'y avait pas plus qualifiée que ton ex-femme. « Il faut leur apporter des spécialités culinaires, ils ont toujours bien appréciés la nourriture chez toi et je sais que c’est de famille ! » ajoutais-tu avec un léger sourire. S'il y avait bien une chose qui t'avait marqué c'était ça et les repas de famille. Il y avait toujours à manger pour une ville entière. C'était exagéré mais relativement proche de la vérité. « J’ai rencontré quelqu'un et ma relation avec ma fille est en nette amélioration ! Et toi ? » Tu avais parlé un peu rapidement, comme si tu étais un peu gêné de lui parler d'Annushka. Mais en même temps, tu étais content et de son côté, de ce que tu savais, Andeana était en couple et qu'elle était heureuse. Ou du moins, en apparence parce que tu ne savais pas lire entre les lignes.

Elle souriait, ravie d'entendre ce qu'il avait à dire, la proposition qu'il lui faisait. Donner son avis, elle savait le faire, elle faisait de son mieux pour que son œil artistique, de mode, ne lui fasse pas défaut. Quand elle trouvait quelque chose de dérangeant, elle n'avait pas la langue dans sa poche, parce que les personnes que ce soit ses proches ou ses amis avanceraient mieux avec des avis sincères qu'avec des faux compliments. La vie avait toujours fonctionné ainsi, mais elle ne doutait pas du sens de la mode de Xavier, au contraire, il était plus perfectionné dans ce métier qu'elle ne l'était. Andeana n'avait eu la chance que de porter des créations, même si depuis quelques mois, elle s'y mettait à son tour à créer, que c'était bien parti pour devenir la quête de sa vie, ce pour quoi elle se lèverait le matin pour le restant de ses jours. Les douleurs ne cessaient jamais, les crises non plus, si elle avait espoir que dans les mois qui venaient ça disparaîtrait, pour le moment, sa maladie restait l'accompagner. « Je suis certaine que tu n'es pas si mauvais pour les finitions que tu le penses, mais … Ça me ferait extrêmement plaisir ! » Le ton qu'elle employait accentuait sa phrase, elle était vraiment heureuse de sa proposition, de collaborer avec lui, même indirectement puisqu'elle ne donnerait que son avis. Un jour peut-être, qu'elle gratterait l'espoir de faire quelque chose en sa compagnie, quand elle serait plus connue, qu'elle n'aurait pas l'identité de son père scotché à son front, que ce soit son vrai travail qui soit reconnu. Pas pour le moment, parce qu'elle travaillait pour son père, il n'y avait pas moyen de se faire un nom. « Je ne sais pas … c'est le cadeau que tout le monde fait généralement et je ne veux pas faire des cadeaux basiques. » Elle secouait la tête, elle voulait être originale, autant que son esprit pouvait l'être aux yeux de sa famille. Ande était la femme un peu folle, avec l'esprit qui partait trop loin, mais elle gardait une certaine classe tout en s'en foutant. C'était difficile de trouver quelque chose ainsi. « J'aurais pu cuisiner quelque chose, ça aurait été original, mais tu connais mes talents en cuisine ... » La blonde se mise à rire, jamais elle n'avait pu lui cuisiner quelque chose de correct, quand bien même elle essayait, les recettes les plus simples, elle arrivait à les rater. Alors plusieurs fois, elle avait tenté de commander à manger et faire croire que ça venait d'elle ; toujours loupée. Elle lui demandait des nouvelles et il lui annonçait une nouvelle relation. Son sourire se déformait, disparaissait presque. Son regard s'éteignait, alors qu'elle baissait les yeux pour ne pas croiser celui de son ex-mari. Elle devrait se réjouir, il avait trouvé une nouvelle femme à aimer, mais elle voulait qu'il n'aime qu'elle. C'était bien trop compliqué et impossible. Andeana était une femme jalouse quand il s'agissait de ses ex-maris. « Je … Je suis contente pour toi, Xavier. » Elle allait répondre à sa question, mais la serveuse revenait à la charge, la sauvant presque. Andeana commandait son plat, le même de leur premier dîner ensemble il y a des années de ça, puis quand la serveuse disparaissait, elle concentrait son regard sur l'homme. « Elle habite ici … la femme ? À Bowen ? » La question était stupide, elle avait des doutes qu'il aille chercher loin pour trouver une femme, sûrement qu'il ne serait plus dans cette ville d'ailleurs, si ça avait été le cas. « Je suis retournée au Venezuela et je me suis fiancée. C'est tout. » La joie ne transparaissait plus aussi bien, elle essayait de se donner un faux air, mais ça ne fonctionnait pas, son masque n'était jamais bon, elle était très mauvaise dans les mensonges. « J’ai découvert que j’avais une maladie des os, mais d’après les médecins, ça passera vite maintenant qu’on l’a découverte. Faut dire que normalement, il n’y a que les vieux qui l’ont, j’me sens presque propulsée des années dans le futur ! » Elle parlait vite, très vite, mélangeant presque les langues, l’angoisse mélanger à une pointe de tristesse. Elle ne voulait pas qu’il capte son ancien message, parler d’une maladie changeait toujours la donne, même si elle ne voulait de pitié, parce qu’elle n’avait même pas de pitié pour elle-même.

Tu venais de faire une demande assez spéciale à Andeana, depuis que tu l'avais revu l'année dernière tu n'avais pas vraiment cherché à l'éviter mais c'était un peu ce qui s'était passé. Et puis maintenant, tu voulais pouvoir la voir assez régulièrement pour travailler avec elle mais aussi pour améliorer ta relation avec elle. Pendant longtemps tu avais voulu arranger les choses avec elle parce que même si tu avais été un très mauvais mari, elle avait toujours été une charmante partenaire avec toi et elle t'avait déjà aidé par le passé. Tu espérais juste que ça se passe aussi bien que tu pouvais l'imaginer. « Tu m’en vois ravi ! » Un grand sourire sur le visage, tu avais eu peur qu'elle refuse et qu'elle t'envoie sur les roses. Mais Andeana n'était pas de ce genre là, elle était toujours très gentille et refusait pratiquement jamais quelque chose qu'on lui proposait. Peut-être que parfois elle était trop gentille. La preuve, elle se démenait une nouvelle pour trouver un cadeau parfait à apporter à sa famille alors que rien ne l'y obligeait. Son grand coeur, c'est la première chose qui t'avait plu chez elle. Et juste après il y avait son intelligence et sa créativité. « Tu n’as jamais aimé le classique,  » ajoutais-tu avec un léger sourire sur le visage. D'autres souvenirs du passé refaisaient surface et ça te laissait mélancolique. Tu avais un léger goût d'amertume dans la bouche. Lorsque tu avais parlé d'Andeana à Annushka, tu avais mentionné à quel point tu regrettais comment votre mariage avait tourné mais tu n'avais jamais osé l'avouer à ton ex-femme. « Même si ce n'était pas bon, ça venait du cœur et c'est toujours l'intention qui compte non ? » Vous continuez de naviguer dans votre passé pour en ressortir les meilleurs éléments et en rire un bon coup. Jusqu'à la ramener dans le présent. Elle semblait un peu surprise mais ne semblait pas vraiment contente pour toi. Pourtant, tu faisais encore l'autruche face à elle. « Ou.. Oui ! » bafouillais-tu légèrement, un peu surpris par sa question. Tu ne savais pas trop où elle pourrait vivre si ce n'était pas à Bowen. Pendant plus de trois tu n'avais pas osé sortir de chez toi et ça faisait un an que ta vie amoureuse était en mouvement. « Il t'a enfin fait sa demande alors ? » demandais-tu avec un léger sourire. Tu avais en souvenir un passage de votre conversation l'an passé où elle t'avait annoncé avoir quelqu'un dans sa vie, mais qui n'avait toujours pas sauté le pas. Alors soit elle avait changé d'homme et avait trouvé un qui voulait bien l'épouser. Soit il avait enfin fait sa demande. Dans les deux cas, tu étais ravi pour elle. Et tu sentais aussi une pointe de jalousie. Elle allait se marier alors que ta relation avec Annushka n'était pas encore stabilisée. « De l'arthrose ? C'est à cause de tes années d'acrobate ? » Un sujet moins joyeux en effet, même si elle ne semblait pas si secouée que ça. Elle l'avait dit avec une telle légèreté que ça t'avait déconcerté.

La vénézuélienne prenait un faux-air vexé à sa phrase. « Je peux très bien aimer le classique, mais mes cadeaux tomberont dans l'oubli ! » Pas comme si elle voulait que les gens se souviennent d'elle, d'ailleurs elle ne pouvait pas que mettre le prix pouvait faire plaisir aux gens, il fallait trouver quelque chose qui ressemblait à la personne et elle était incapable de trouver ce qui ferait plaisir à ses proches. Comme si elle ne connaissait pas assez sa famille, ceux dont elle voulait être si proche malgré la distance qu'elle avait infligée par ses absences du pays. Xavier avait sans doute raison, il connaissait la blonde plus qu'elle-même peut-être même, si les années passaient, la blonde ne changeait que très peu, elle restait toujours fidèle à sa personne. « Je ne veux pas tuer mes proches, Xavier ! Je ne t'aurais même pas fait goûter ma cuisine à notre divorce. » Pour l'empoisonner et le faire mourir par déception et tristesse. Elle riait sur l'instant, s'imaginant l'accident. Si la conversation se faisait basique, classique, il décidait de parler de son cœur, plutôt la femme qui voulait se poster à ce trône. Sa jalousie remontait doucement, ses mots se perdaient, elle bredouillait qu'elle était heureuse pour lui. Heureuse de voir qu'il serait plus heureux avec une autre femme qu'elle, qu'il pourrait moins s'ennuyer avec elle. Andeana s'en était voulu de ce divorce, elle s'était sentie mal, ennuyeuse et dans un autre sens, elle comprenait. Mais elle ne pouvait pas se contrôler, Xavier était son premier vrai amour, si ça n'avait pas été la même chose pour lui, avec cette nouvelle relation, elle sentait qu'elle allait s'effacer. Et elle ne voulait pas disparaître de son cœur, que son histoire avec s'envole. « Oh ! Bien … Tu ne vas pas partir dans une autre ville. » Elle ricanait avec toute la gêne, la timidité qui faisait trembler sa voix. Rapidement, elle se ressaisissait, du moins que dans la voix, parce que son crâne était toujours chamboulé, presque vexé. Avouant qu’elle s’était fiancée, comme pour espérer le rendre jaloux à son tour, alors qu’il devait bien s’en faire, il avait quelqu’un dans sa vie. Andeana n’était que dans le passé. « Oui, depuis le temps que j’attendais ! J’ai hâte de chercher pour les robes et … tout. » Il savait, Ande faisait toujours tout trop vite, son fiancé lui voulait prendre son temps, peut-être pour savoir qu’elle était la bonne, qu’elle n’était pas partie malgré ses absences. « Euh pas réellement … je suis atteinte d’algoneurodystrophie. C’est arrivé suite à mon accident mais j’ai mis un an à faire des tests et à bouger partout, ce qu’il ne faut absolument pas faire pour que ça se soigne. » Et elle riait de sa bêtise, son erreur. « Imagine moi ne pas bouger pendant plus de deux mois ! Je me sens déjà mourir de l’intérieur rien qu’en y pensant. » C’est pourtant ce qu’elle devait commencer à faire, arrêter de bouger partout, faire ses soins et attendre que ça se répare doucement. En souffrant toujours parfois.

« Même venant de ta famille ? » Tu faisais une légère grimace, un peu déçu d'entendre ce qu'elle venait de dire. Tu te souvenais très bien que pendant votre mariage, elle t'avait acheté des vêtements des plus basiques et tu les avais encore dans ta garde robe aujourd'hui. Par contre, tout ce qui était de la décoration, tu ne croyais pas avoir la moindre chose. C'était ça de se marier plusieurs fois, de rencontrer différentes femmes parce qu'au bout d'un moment, tout change. Avec Tessa, tu avais vu la déco de ton chez toi, changer du jour au lendemain parce qu'elle aimait l'art, elle aimait tout ce qui était d'inspiration scandinave et même si tu l'aimais, tu n'avais pas toujours été fan des choix qu'elle avait fait. Avec Andeana, ça allait de ce côté là, peut-être parce qu'elle aimait les choses avec plus de simplicité. « Tu sais que de nos jours, on peut prendre des cours ? Je connais une très bonne pâtisserie en centre-ville. » Une qui donnait des cours de cuisine et qui permettait d'apprendre à faire quelques recettes des plus simples. C'est Annushka qui t'en avait parlé l'autre jour lorsqu'ils avaient lancés le projet, paraît même qu'une des participantes avait manqué de faire cramer des préparations. Tu pensais y aller un jour, pour faire une surprise à Ann' mais tu ne savais pas encore. « Tu n'as pas envie de la dessiner et de la créer ? » demandais-tu alors qu'elle parlait de sa robe. En règle général, pour une femme, elle rêve de son mariage depuis l'âge de 10 ans en moyenne, mais Andeana n'était pas une femme classique, elle avait fait des études pour être designer et de ce fait, elle devait déjà avoir l'idée de sa robe. Après tout, pour votre mariage, c'était toi qui avait réalisé une grande partie des pièces et elle les avait assemblées. C'était une belle mariée, un beau souvenir que tu retiendrais à tout jamais. « C'est le genre de maladie qui ne devrait pas pouvoir te tomber dessus, tu es tellement un electron libre à courir dans tous les sens, qu'en effet, ne rien faire et rester bien sagement en place, ce n'est pas ton truc. » Tu affichais un léger sourire en repensant à tout ça. Tu savais que quelque chose n'allait pas lorsqu'elle était acrobate, mais tu avais toujours eu en tête que ce n'était pas quelque chose de grave, pas quelque chose d'important. Pourtant, en te donnant le nom de sa maladie, ça te semblait barbare et agressif. Une maladie qui obligeait d'être immobile pour guérir. Pour un paresseux ça serait bien, mais pas pour elle. La preuve, elle avait attendu un an. « Est-ce que ça se soigne complètement ou ça t'empêchera toujours un peu de faire du sport ? » demandais-tu, encore un peu curieux. 

C'était plus fort qu'elle, puisqu'elle n'avait pas eu énormément de contact avec sa famille pendant des années, elle avait toujours souhaité qu'on se souvienne d'elle, elle voulait placer la folie qui l'animait dans ce qu'elle offrait pour que lorsqu'ils posaient leurs yeux sur ses cadeaux, ils l'imaginent non loin d'eux. Elle n'avait jamais su si ça fonctionnait, si ses souvenirs finissaient parmi les autres, mais ça la rassurait lorsqu'elle était sur les routes. « J'en sais rien. » Disait-elle en esquissant un léger sourire. Lorsqu'il parlait de cuisiner, elle se mise à rire plus franchement, pensant à toutes ces fois où les membres de sa famille avaient préférés ramener leur plat quand elle disait vouloir cuisiner pour eux. Elle se débrouillait tellement mal que plus personne ne voulait lui servir de cobaye. Andeana avait beau donné son coeur pour faire quelque chose de potable, le goût n'était jamais correct, alors elle avait abandonnée, remettant ça sur la liste des choses à apprendre après l'âge de la retraite. « Je ne sais pas si c'est rattrapable à mon stade mais, tu peux toujours me donner son nom. » Après tout, avec toutes les pauses de travail qu'elle allait devoir prendre pour se remettre sur pied, le temps n'allait pas être quelque chose qui lui manquait, ce qui la changeait. Toujours énergique pour faire une tonne de choses, elle allait devoir apprendre à se poser, réduire ses activités. Une contrainte pour celle qui aimait courir partout, se donner à fond. « Je ... je ne sais pas. Je sais très bien que je pourrais le faire, mais ... je verrai tous les défauts dessus. » Un côté perfectionniste qui ne ressortait que lorsqu'elle travaillait. Aucun défaut, tout devait être parfait pour avoir une belle image. Et sur une oeuvre qu'elle devrait porter pour une journée, qu'elle devrait mémoriser pour le reste de sa vie, ce ne serait qu'une torture. « Je ferais mieux de te demander de me la faire. » Plaisantait-elle aucunement sérieuse, parce que ça donnerait une situation étrange. Xavier affirmait que rester sur place, ce n'était pas son truc. Un électron libre, c'était presque le mot parfait pour la décrire. « Je vais peut-être découvrir une nouvelle-moi. » Elle grimaçait, les seuls moments où elle se retrouvait dans le calme le plus total avec elle-même et son environnement était lorsqu'elle faisait du yoga. « J'apprendrais à faire attention pour ne plus recevoir ce genre de maladie. » Comme un reproche à soi-même, faire la belle devant les autres et vouloir impressionner sans faire attention à ses placements, c'était la pire des erreurs qu'elle avait pu faire et elle aurait bien pu y passer. Une chance qu'elle se trouvait debout, avec le peu de fracture qu'elle avait eu. Ça l'a empêché de bouger pendant plusieurs mois, mais elle s'était remise sur pied avant de découvrir ce qu'elle avait et devoir être obligée de se redonner ce qu'elle détestait ; l'immobilité. « Ça se soigne ! J'ai simplement déconné ces derniers temps ... je ne savais pas que j'avais cette maladie et je n'arrêtais pas de bouger donc ça n'a pas pu se soigner, mais maintenant, ce n'est plus qu'une question de mois. » Elle riait nerveusement. « Je n'arrive toujours pas à comprendre comment j'ai pu être aussi aveugle pour ... un an et demi. J'avais tous les symptômes du monde, j'avais vraiment mal et ... » Elle engouffrait sa tête dans ses mains en râlant pour elle-même, elle s'en voulait d'avoir été aussi aveugle. Au fond,
elle ne pouvait pas réellement s'en vouloir, ce n'était pas une maladie des plus connus chez les jeunes adultes. « Tu me connais, je ne suis pas trop médicaments et tout, j'pensais que ça passerait tout seul, j'suis trop bête. » Andeana riait presque.