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↳ personnages attendus

Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.

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 stripped the last coat of innocence (wyatt)

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MessageSujet: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMar 10 Oct 2017 - 1:04

Il avait hésité longtemps, Naveen, à retourner à cette maison, avec cette liasse de billets en trop. Il connaissait le chemin par cœur, même si l’adresse exacte avait été effacée de l’historique du GPS de son taxi, même si les numéros ne s’afficheraient plus jamais sur son écran. La route, elle, se dessinerait constamment dans la tête du réfugié. Après tout, il avait passé une heure complète à regarder le trajet, à regarder l’icône de la flèche se rapprocher du point de destination, le drapeau qui indiquait la maison de Wyatt. À toutes les fois par contre, Naveen décidait de laisser tomber, de garder l’argent et de ne rien dire. De tourne la page et d’oublier. Sauf qu’il n’oubliait pas, il n’y parvenait pas. Il avait beau essayer, fort, tellement fort, de ne plus penser à sa discussion avec l’ancien militaire, aux actes qu’il avait posés, autant sur des gens comme lui, là-bas, que carrément sur lui lors de cette journée, il n’arrivait pas à taire son esprit. Ses souvenirs repassaient en boucle l’image de leur baiser, comme pour torturer encore plus Naveen d’avoir en quelque sorte été infidèle à la mémoire de sa femme, d’avoir trahi sa famille, et avec un homme en plus. Naveen avait souillé leur réputation, il avait terni le beau portrait qu’ils avaient un jour été. Et même si personne ne le savait, même si personne ne le saurait sans doute jamais, lui le savait. C’était suffisant. C’est pourquoi, quand il entra dans le resto-bar dans l’idée de se commander un café en fin de journée, et que Naveen aperçut Wyatt au comptoir, sa main se dirigea automatiquement sur la poche de son pantalon. À l’intérieur se trouvait les billets en trop, presque 100$ que Wyatt lui avait offert en surplus du prix déjà bien élevé de sa facture de transport. Sa main se plongea dans sa poche alors qu’il faisait quelques pas vers l’avant, vers Wyatt, et il en ressortit les quelques billets, qu’il déposa brusquement, sans prévenir sur le comptoir. Tout juste à côté de l’ancien militaire. « Vous pouvez reprendre votre argent. » Lâcha-t-il d’abord sèchement. « Je n’ai pas besoin de votre pitié, ou … ou de ce montant qui devait peut-être me payer pour ce geste, ou peu importe ce que vous aviez dans votre esprit tordu ! » Si Naveen, le jour-même des faits, s’était montré plutôt calme et solide, préférant le silence aux haussements de voix, il était maintenant dans un tout autre état. À force de se passer et de se repasser les événements en tête, ça avait créé en lui un désespoir et une colère qu’il ne pouvait ni effacer, ni gérer. Wyatt n’avait peut-être rien fait de si mal que ça, au final, une simple erreur, un écart. Sauf que les conséquences n’étaient pas si moindres en Naveen et, malheureusement, Wyatt allait payer pour le volcan endormi qu’il avait réveillé.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMar 10 Oct 2017 - 15:54

Plusieurs jours se sont écoulés depuis ton escapade à Townsville. De ce qui s’est passé là-bas ? Tu n’en as parlé à personne. Tu gardes ce souvenir enfoui au creux de ta mémoire, te forçant à oublier la journée tout en sachant pertinemment que ça reviendra te hanter la nuit. D’ailleurs, depuis Townsville, tu n’as plus osé boire la moindre goutte d’alcool. Tu n’as même pas touché à la bière qui repose dans ton frigo. En fait, tu es terrorisé à l’idée de perdre à nouveau le contrôle de toi-même et d’embrasser un homme une nouvelle fois. Tu n’oserais plus sortir dans Bowen si tu t’affichais comme ça. Heureusement, personne n’en entendra parler, toi tu restes muet sur Townsville, et tu supposes que jamais Naveen n’en parlera.

Tu as fini ton travail, et tu te rends naturellement au petit resto-bar ou tu vas souvent. Le gérant n’est plus tout jeune. Il connaissait bien ton grand-père et il t’a vu souvent lorsque tu étais enfant. Il est l’un des rares habitants de Bowen qui sait quel métier j’ai exercé avant et le seul qui sait pourquoi je ne suis plus sur le terrain. Tu t’es installé au comptoir alors qu’il te sert un café sans même que tu es besoin de demandé. Quelques instants plus tard, la sonnerie de ton téléphone retentit. Il n’y a pas de numéro qui s’affiche, mais tu décroches quand même et parle à voix basse pour ne pas déranger les autres occupants.

« - Allo ? Benji ? … Comment tu vas ? … C’est quoi ce boucan derrière ? … Quoi ? … Attends. T’es sérieux ? … Quoi ? … éloignes toi un peu pour que je comprenne ce que tu me dis. … Ou ça ? A Al Baaj ? Ok ... Y a pas eu de blessé ? …"

Soudain, une main s’abat violemment devant toi, tapant contre le comptoir. Le geste brusque te surprends tellement que tu lâches le téléphone qui s’écrase au sol et tu attrapes le poignet de la main avec force avant de le tirer vers l’autre côté du comptoir. En même temps, tu t’es levé d’un bond et tu profites que la main tiré est fait fléchir l’homme pour le coller avec force contre le comptoir, toi derrière lui, appuyant contre son dos pour le garder plaqué contre le bois alors que son bras est retourné aussi dans son dos.. Ta réaction est peut-être disproportionnée pour beaucoup, mais quand on souffre de stress post-traumatique en réaction à des tortures, tout geste brusque peut créer un effet boomerang. Tu as eu l’impression de revivre ce qui s’est passé en Irak le temps d’une fraction de seconde et tu t’es tendu brusquement, paniqué. Lorsque tu réalises ou tu es, ce que tu viens de faire, et l’identité du malheureux, tu le lâches et recule, ébahi de le trouver là. Qu’est-ce qui lui a pris.

« - Et merde » souffles-tu en prenant conscience de ton geste et en relâchant Naveen « désolé je… j’ai été surpris » t’excuses-tu en reculant d’un bon pas.

Les regards surpris des gens autour te mettent encore plus mal à l’aise. Heureusement, le barman intervient en demandant à tous de s’occuper de leurs affaires, ce qu’ils font. Toi, tu dévisages Naveen sans comprendre ce qu’il fait là, et pourquoi. A vrai dire, c’est bien la dernière personne que tu tiens à voir et que tu pensais revoir, surtout après Townsville. Tu ramasses ton téléphone alors que Naveen s’emporte contre toi. Qu’il soit en colère, tu peux le comprendre et tu l’acceptes sans ciller, mais lorsqu’il parle du geste que tu as eu là-bas, tu écarquilles les yeux et tu regardes autour de toi. Heureusement que tous ont repris leur conversation et se sont détourner de vous, parce que tu veux certainement pas que ça se sache.

« Bordel, mais calmez vous» marmonnes-tu pour ne pas attirer l’attention. « Benji, ouais désolé. Non rien de bien grave. Ecoute je peux pas te parler maintenant. Soyez prudent, tu me rappelleras dès que tu le pourras à nouveau ? Merci mec ! Bon courage ! » Termines-tu la conversation téléphonique avant de raccrocher.

Tu regardes alors ce qui trône sur le comptoir. Une centaine de dollar a priori. Le surplus que tu lui as donné comme pourboire et tu ne comprends pas ça réaction. Du moins, ça mets du temps à venir, faut dire que tu as du mal à te remettre de tes émotions. Tu finis par demander au barman de nous amené deux cafés à une table un peu plus loin, et tu indiques à Naveen de te suivre et de récupéré l’argent. Tu fais quelques pas jusqu’à une table encadrée par deux banquettes. Tu te laisses glisser sur l’une d’entre elle, invitant Naveen à en faire de même.

« - Vous vous méprenez. C’était pour le café, et aussi pour le pourboire. » expliques-tu à voix basse. « Vous avez perdu une journée de travail pour un simple aller retour à Townsville. Le pourboire laisser est en conséquences » lui fais-tu remarqué. « Jamais il me serait venu à l’idée de… Enfin je... Je veux bien être un connard, mais j’ai un minimum de principes, même si j'en ai pas l'air » balances-tu vexé qu’on puisse te voir ainsi.

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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMar 10 Oct 2017 - 16:56

Sa main n’avait eu que le temps de se poser brutalement contre le comptoir avant que son corps au complet ne soit basculé vers l’avant, contre le comptoir. Un gémissement de surprise mêlé à la douleur de son ventre plaqué contre le bois s’échappa d’entre ses lèvres. Tout s’était passé tellement vite, Naveen n’avait pas eu le temps de comprendre exactement ce qui était en train d’arriver. Ce qui ne lui échappait pas, c’était que Wyatt le maintenait dans cette position inconfortable avec une force qui fit battre son cœur beaucoup trop vite. Il avait l’impression de ressentir à nouveau cette peur qui lui grugeait toute son énergie quand il se trouvait encore en Syrie. Cette atroce horreur de mourir, de souffrir, de s’être battu pour rien, au final. Sa respiration était haletante, à Naveen, parce qu’il se sentait impuissant comme il l’avait toujours été, au fond, mais dans ce monde où il aurait dû se sauver de ce genre d’acte, le voilà pris au piège par un homme qui ne cessait visiblement pas de renforcer les barreaux à sa prison mentale. « Lâchez-moi, vous me faites mal, bon sang ! » S’emporta finalement Naveen, ayant l’impression que son bras maintenu dans son dos allait bientôt s’arracher de son corps. Lui qui souffrait de la même condition que Wyatt, en quelque sorte, sursautant au moindre bruit lourd ou se réveillant en plein milieu de la nuit lorsque ses rêves le glissaient vers des souvenirs cauchemardesques, Naveen n’avait pas songé une seule seconde que son geste plutôt brusque aurait pu réveiller en l’ancien militaire un stress qu’il ne contrôlait pas. Ils n’avaient pas vécu la même réalité, il ne pouvait pas tout saisir de l’homme devant lui. Il ne saisissait absolument rien de lui, en fait, avec les récents événements. Wyatt lâcha finalement le réfugié, qui arriva à se détacher du comptoir de bois et à reprendre une certaine droiture. Il regarda autour de lui, passant une main dans ses cheveux, affrontant tous les regards posés sur eux, le dévisageant. Évidemment, Wyatt était l’homme blanc et lui était l’étranger, le réfugié dans un pays qui ne serait jamais le sien, alors ils devaient sans doute mettre toute la faute de cette altercation sur lui. Ils devaient même avoir eu peur pour leur propre sécurité, eux dans le confort de leur chaise, verre à la main, sourires aux lèvres interrompus par un indésirable. Naveen. Il se referma tout d’un coup, fuyant les regards, manquant de fuir l’endroit, ce qui ne lui aurait que davantage donné cet air suspect qu’on lui octroyait constamment. C’est le barman de service qui ramena le calme et l’ordre en demandant aux clients de retourner à leurs besognes, à leurs activités. « Surpris n’est pas un mot assez fort. » Dit sèchement Naveen en massant son poignet endolori. Leurs regards se posèrent finalement de nouveau sur l’argent déposé sur le comptoir, et tant qu’à être venu jusqu’ici pour qu’on le violente ainsi, il ne manqua pas de lui dire ce qu’il avait songé à lui dire depuis qu’il avait reçu ce surplus d’argent. Face à son ton de voix élevé et brusque, Wyatt lui demanda de se calmer avant de reprendre son téléphone pour mettre fin à son appel auquel Naveen avait mis fin sans le savoir. « Ce n’est pas à moi que vous devez dire de vous calmer. C’est à vous. Vous devez calmer cette impulsivité, cette violence. Je ne pensais pas que pays libre signifiait qu’on pouvait faire ce qu’on veut à qui on veut. » L’embrasser ou le violenter, au fond, tous les deux relevaient d’actes d’agression. Si Naveen avait parcouru tous ces kilomètres pour qu’au fond il ne jouisse pas de la sécurité promise sur sa personne, alors il ne savait plus où était sa place. Wyatt demanda au serveur deux cafés pour une table au fond du restaurant, et fit signe à Naveen de le suivre. En laissant l’argent sur le comptoir. Le réfugié soupira en s’emparant des billets dont il voulait tellement se débarrasser, et rejoignit Wyatt sur la banquette en fac de la sienne. Il posa à nouveau les billets entre eux deux, davantage poussés vers Wyatt. Cette fois, il les déposa un peu plus doucement. « Presque cent dollars pour un café ? Ça me semble exagéré. Le quart aurait été suffisant pour un pourboire. Avec cette journée, j’ai fait plus d’argent que je n’en fais habituellement en une semaine. » Parce qu’à Bowen, les taxis n’étaient pas énormément sollicités, et il ne faisait que quelques kilomètres qui lui rapportaient au maximum vingt dollars la course. « Écoutez … je ne veux pas de cet argent, gardez-le. Même si ça n’était pas votre intention, avoir reçu ce montant après ce qui s’est passé me fait juste sentir encore plus … » Il chercha ses mots. Sale. Honteux. Tout ce qui lui venait en tête était blessant. Alors que c’était lui qui était blessé. « Je ne suis pas à l’aise. » Conclut-il finalement.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMar 10 Oct 2017 - 19:18

Toute la violence dont tu fais preuve, tu n’en veux pourtant pas. Elle t’effraie. Ça fait quelques temps que tu ne te reconnais pas. Le fait de ne pas avoir le contrôle entier de toi et déstabilisant, effrayant. Malheureusement, même sobre, tu as des réactions inattendus, tu le sais, mais ça n’a jamais été violent comme là. Tu te rends comptes qu’il va vraiment falloir que tu consultes un psy si tu ne veux pas finir par blesser quelqu’un, ce qui aurait pu arriver à Naveen. Il a fallu qu’il te hurle dessus pour que tu reviennes à la réalité, toi tu es tellement honteux que tu baisses les yeux comme un enfant prit sur le fait après avoir fait une bêtise.

« - Je suis désolé » te confonds-tu en excuse alors qu’il masse son poignet meurtri par ta force.

Tu es d’autant plus dangereux que tu as les techniques militaires de combat, tu en es conscient. Mais tu ne peux pas non plus rester enfermé à vie dans la vieille maison de tes grands-parents. Tu dois juste surmonter tes peurs. Tu t’en veux de t’être emporter ainsi, Naveen subit une nouvelle fois ta perte de contrôle, et tu culpabilises. Bien sur, il n’aurait jamais du agir aussi brusquement. Il sait pourtant que tu es un ancien soldat et que tu as passé des années au front, mais tu ne peux pas lui reprocher d’avoir déclenché un mouvement de panique en toi, comment pouvait-il s’y attendre ? Aucune personne normale n’aurait réagi ainsi. Il n’avait aucune possibilité de savoir quel traumatisme t’a marqué là-bas.

Naveen a écrit:
« Ce n’est pas à moi que vous devez dire de vous calmer. C’est à vous. Vous devez calmer cette impulsivité, cette violence. Je ne pensais pas que pays libre signifiait qu’on pouvait faire ce qu’on veut à qui on veut. »

Tu baisses les yeux remplis de honte et tu reste silencieux. Tu ne veux pas attirés les regards sur vous, et vous êtes toujours plantés là debout près du comptoir. Naveen accepte de te suivre à la table en retrait, bien que tu sois conscient que ce n’est pas par gaieté de cœur. Tu n’as pas récupéré l’argent qui est à tes yeux, à lui. Une fois assis, tu gardes un moment la tête basse avant de lui marmonner.

« - Je suis désolé de vous avoir fait mal. Je… J’ai… enfin je suis désolé » souffles-tu, impossible de t’exprimer d’avantage.

Bien qu’il avait été la victime de ton impulsivité, tu ne te voyais pas lui raconter que tu souffrais de stress post-traumatique depuis ton retour du front dues aux tortures physiques et psychologiques subis lors de ta dernière mission. Tu avais compris que Naveen détestait les militaires étrangers qui intervenaient dans les pays du Moyen Orient, et tu n’avais aucune envie de l’entendre dire que tu avais mérité ce qui t’étais arrivé.

Tu te rends comptes qu’il a posé les billets sur la table une nouvelle fois, mais plus doucement. Il a du craindre une nouvelle attaque surprise de ta part peut-être. Il t’explique que le pourboire est exagéré, et tu hausses les épaules, blasé par tout ça. Comment tu aurais pu le savoir ? Tu as tellement était coupé du monde normal qu’il t’a fallu faire des recherches pour savoir les tarifs des taxis.

« - J’en savais rien. » réponds-tu las.

Et quand il t’explique la raison de son refus, tu oses enfin le regarder dans les yeux. Tu te tends malgré toi, serrant les poings sous la table. Seule ta mâchoire qui s’est légèrement contracté peut trahir la colère qui gronde en toi et que tu tentes de réprimer pour ne pas blesser Naveen d’avantage. Finalement le serveur amène les cafés et tu poses toi-même les mots qui semblent faire défaut à Naveen.

« - Souillé ? » proposes-tu à voix basse en le regardant droit dans les yeux. « Vous pouvez le dire. »

Au fond, t’as le sentiment que ce que Naveen t’as dis ce jour là, qu’il n’avait rien contre les homosexuels, c’est bidon. Il a été élevé dans une communauté qui condamne la simple pensée de regarder une autre personne du même sexe de façon différente. Evidemment qu’il a quelque chose contre, sauf qu’ici, il n’ose pas affirmer son opinion. C’est logique, c’est sa terre d’accueil et il doit apprendre à vivre dans une communauté aux mœurs totalement différentes de celles qu’il a connu jusqu’ici. Et toi, t'es peiné de sa réaction parce qu'il se dit ouvert, mais tu es surtout en colère qu'il te rappelle sans cesse ton "anormalité", parce que c'est ce que c'est à tes yeux également.

« - Ce jour là, je ne voulais pas ça… » répétes-tu « Mais voilà, je l’ai fais. Quoique je dise, ça n’effacera pas mon geste. » lui dis-tu sans te demonter. « Et je suis désolé d’avoir atteint à votre pudeur. Je suis désolé d’avoir violé votre intimité comme je l’ai fait. » t’excuses-tu en le regardant droit dans les yeux. « Et croyez-moi, le mot violer est délibérément choisi, parce que je suis à présent conscient de ce que j’ai fais. » souffles-tu en finissant par baisser les yeux de honte. « J’en suis conscient maintenant et je suis encore plus mal en ayant connaissance de votre culture et en sachant que j’ai aussi atteint à cela par le geste que j’ai eu. Je pourrais passé ma vie à m'excuser auprès de vous, mais ça ne changera malheureusement pas ce que j'ai fait.» ajoutes-tu à voix basse. « Je comprends votre colère, votre ressentiment envers moi, mais je n’ai jamais songé à vous payez par rapport à … ça. » déglutis-tu, écoeuré qu’il est seulement pensé comme ça. « Vous n’êtes pas le seul qui devait apprendre à vivre dans cette société, j’ai passé la moitié de ma vie sur une base militaire, coupé de ce monde là. Si toute est nouveau ici pour vous, c’est pareil pour moi ! » lui rappeles-tu un peu plus durement que tu ne l’aurais voulu. « Cet argent et a vous, faites en ce que bon vous semble, gardez le, jetez le, brûlez le, ou faites en bon usage, mais je ne le reprendrais pas » lui dis-tu fermement.

Lorsqu’il te dit qu’il n’est pas à l’aise. Tu laisses pour la première fois apparaître un sourire en coin alors que ton regard se perd un peu dans le vague.

« - ça nous fait au moins un point commun » souffles-tu sans t’en rendre compte.


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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMer 11 Oct 2017 - 14:50

Depuis son arrivée à Bowen, en Australie même, Naveen s’était efforcé de faire profil bas, de ne pas s’attirer les regards sur des gestes qu’on aurait pu par la suite lui reprocher. Après tout, il savait que ce n’était pas tout le monde qui trouvait que les réfugiés étaient les bienvenus, il savait qu’il pouvait en quelque sorte représenter un fardeau sur un pays qui en avait déjà bien d’autres, comme n’importe quel État. L’aide humanitaire, les droits et libertés des personnes à l’international, ce n’était pas la priorité de tout le monde. Naveen pouvait comprendre, jusqu’à un certain point. Il pouvait comprendre que tout l’argent mis dans l’aide et l’insertion sociale des réfugiés, des demandeurs d’asile, aurait pu être mis ailleurs. Sauf que cet argent avait aidé à lui sauver la vie, et celles de tellement d’autres innocentes victimes de guerres et de catastrophes. Fallait-il réellement mettre un prix là-dessus ? Dans tous les cas, peu importe la mentalité des gens qui l’entouraient à tel ou tel endroit, Naveen avait fait de son mieux pour qu’on ne regrette pas de leur avoir donné une chance. Il essayait comme il le pouvait de s’adapter aux nouvelles réalités auxquelles il était confronté jour après jour, il tentait de s’intégrer autant en apprenant parfaitement la langue qu’en faisait sienne les coutumes, même si ses propres traditions resteraient également bien présentes. Il n’oubliait pas d’où il venait, mais il ne reniait pas ceux qui l’accueillaient. C’était la meilleure façon, selon lui, de se fondre dans la masse tout en amenant un peu de sa culture dans ce pays qui ne pourrait refuser un peu de diversité. Toutefois, dans des moments comme celui-ci, où Naveen était bien malgré lui entraîné dans des histoires un peu chaotiques qui portaient toute l’attention sur lui, il ne pouvait être qu’impuissant face aux opinions qu’on se ferait de lui. Alors dès que les deux hommes furent séparés et que le barman eut rétabli l’ordre dans le restaurant, le syrien reprit son trou, reprit son air effacé, celui qu’il arborait pour qu’on le mette de côté. Il avait de toute façon tout dit ce qu’il avait à dire à Wyatt, et lui avait rendu – plus ou moins – son argent. Il ne lui restait plus qu’à partir et espérer que tout cela pourrait enfin être mis derrière lui. Qu’il pourrait faire de l’ancien militaire une histoire du passé, même s’il continuerait à lui torturer l’esprit encore un moment. Il n’aurait alors qu’à se raisonner, dédramatiser. Sauf que, contre toute attente, Wyatt lui fit signe de le suivre jusqu’à une table en retrait, après leur avoir commandé deux cafés. Naveen obtempéra, ne voulant pas faire une seconde scène, et il en profita pour redonner à nouveau son argent à l’homme, qui l’avait volontairement oubliée sur le comptoir du bar. En s’asseyant en face, Wyatt s’excusa encore une fois, mais cette fois de l’avoir blessé. En redressant ses épaules, l’une d’entre elle endolorie par la prise que lui avait faite Wyatt, il grommela : « Ça passera. » Pour le moment, il avait encore le sentiment d’avoir la marque de la man de Wyatt sur son poignet, serrant ce dernier avec une force considérable. Puisque l’argent se trouvait encore entre eux deux, dans tous les sens possibles, alors Naveen expliqua pourquoi il tenait à ce point à lui remettre le surplus qu’il jugeait exagéré. « Maintenant vous savez. » Si le jeune homme avait été compréhensif ou alors plutôt tolérant lors de leur journée à l’extérieur de la ville, c’était peut-être parce que Wyatt était son client, qu’il ne voulait pas recevoir de plaintes ou de mauvais commentaires. Naveen n’était pas une mauvaise personne, mais il n’était pas un saint non plus. Face à autant de comportements dérangeants, perturbants, le syrien ne savait plus comment agir. Il était comme déchiré entre l’ancien et le nouveau monde. Entre ce qu’il était avant et ce qu’il s’efforçait d’être ici. Il avait beau vouloir être ouvert, comprendre cet endroit et ses habitants, le trentenaire provenait d’un moule tout autre. S’en défaire n’était pas aisé. C’est ainsi que, lorsque Wyatt compléta sa phrase en mettant le mot souillé, que Naveen n’aurait jamais osé dire par lui-même, il baissa les yeux. Le silence ne vaut peut-être jamais consentement, mais le sien semblait pourtant valider ces paroles. « Non, je ne peux pas le dire. Je sais que ce n’est pas bien de penser ainsi, je sais que c’est un sentiment horrible à ressentir pour un acte qui n’a, au fond, pas tellement d’importance. Sauf que c’est plus fort que moi. J’peux tolérer de le voir chez d’autres, tant mieux s’ils ne risquent pas de se faire abattre pour leur amour. Mais … pour moi, ce n’est pas aussi facile à tolérer. Pour moi, ce n’est pas naturel. » C’était dit. Il avait beau se montrer ouvert, Naveen, mais au fond, entre tolérer et accepter, il y avait un large écart. Une distinction qui faisait toute la différence. Reprenant a parole, Wyatt expliqua son geste, justifia l’intention – ou l’absence d’intention – de son atteinte à son intimité, de cette agression inattendue. Et il lui expliqua que lui aussi devait s’adapter à une toute autre réalité, société. Naveen hocha la tête. « Je sais. Je comprends. Oublions cette histoire d’argent, alors. Vous avez voulu bien faire, j’ai mal interprété. Je pense que ni l’un ni l’autre n’étions en mesure de bien vivre ce qui s’est passé, mais on a tenté du mieux qu’on le pouvait. » Naveen lui pardonnait peut-être de lui avoir donné cet argent en trop, argent qu’il ne savait quand même plus où mettre malgré que Wyatt le lui laisse, mais ça ne signifiait pas qu’il excusait tous les actes de Wyatt. Le syrien fit alors part de son malaise, alors que leurs cafés étaient devant eux mais qu’ils n’avaient à priori rien d’autres à se dire. L’ancien militaire releva le fait que ça leur faisait un point commun, un sourire léger aux lèvres. Naveen n’était peut-être pas prêt à sourire à son tour, pas maintenant, mais son corps se détendit quand même tout d’un coup. « Il aura été difficile à trouver, quand même. » Releva-t-il en haussant un sourcil, le ton un peu plus léger. Un deuxième point commun s’était toutefois dessiné entre eux, un peu plus tôt. Cependant, Naveen était pour le moment le seul à le savoir, s’étant reconnu en Wyatt sans que ce dernier ne puisse savoir qu’il n’était pas le seul à revivre les horreurs de la guerre à chaque bruit anormal, à chaque élément déclencheur d’un stress qu’ils auraient voulu éviter. « Ça vous arrive souvent ? Ce qui s’est passé, à mon arrivée. » Demanda-t-il alors.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMer 11 Oct 2017 - 18:51

Tu arrives facilement à imaginer les difficultés que peut traverser Naveen lorsqu’il s’agit de s’intégrer à la communauté. Toi-même qui pourtant à vécu dans la société occidentale pendant des années, tu peines à reprendre une vie normale. Tu ne sais pas ce qui ce passe dans la tête du syrien, tu ne peux qu’émettre des hypothèses, mais tu es sur de le dégoûter maintenant. Entre ton comportement à Townsville et celui que tu viens d’avoir envers lui quelques secondes auparavant, il a de quoi t’en vouloir, c’est légitime.

Toi tu t’en veux tellement de ne pas avoir su faire la part des choses, même pour un geste ‘anodin’. Il a fallu que pour un rien tu perdre le contrôle. Encore une fois, Naveen en paie les frais alors qu’il n’a rien demandé, et les regards sur vous… Tu as remarqué qu’ils étaient destinés à Naveen, et tu n’as pas su quoi faire pour remédier à la situation. Heureusement que le gérant à pris les devants. Et toi, outre le fait de ne pas vouloir attirer l’attention sur toi surtout avec les propos tenus par Naveen, tu n’as rien trouvé de mieux que de l’inviter à boire un café. Après tout, vous voir attablés ensemble peut dissipés les opinions négatives autour de vous, c’est un plus.

Naveen est en face de toi, tu lui proposerais bien de la pommade pour son épaule, mais tu n’oses pas. Naveen pourrait mal interpréter ta proposition et tu ne te sens pas de faire face à une nouvelle crise.

Tu as finalement mis le mot en évidence et Naveen baisse les yeux. Son regard fuyant suffit à te faire comprendre que tu as vu juste, que c’est bel et bien de cette façon qu’il voit ton acte. Il essaye de se justifier et tu secoues doucement la tête, alors que tu sens une once d’énervement en toi qui monte. Tu ne veux pourtant pas t’embrouiller avec lui, et tu ne veux pas t’emporter pour ça. Mais malgré tout, tu as du mal a accepté qu’il refuse d’employer un simple mot parce que c’est mal, alors que sa façon de penser est identique au final.

« - Vous refusez d’employer un simple mot alors que votre réaction pourtant montre que vous en pensez pas moins. » Lui fais-tu remarqué doucement. « Je sais que ce n’est pas normal, je le sais. » souffles-tu en serrant la mâchoire malgré toi.

Parce que pour toi aussi ce n’est pas normal. Pour toi aussi c’est contre-nature, et tu luttes depuis bien longtemps contre ça. Jusqu’à Townsville, tu t’en sortais bien. Tu avais toujours contrôlé et tus les moindres moments de déviance, t’interdisant de penser à un homme d’une autre façon que ce qui t’apparaissait normal. Ta famille paternelle est très puritaine et contre toutes genres de déviances de ce genre. C’est aussi pour ça que tu n’as jamais été capable d’accepté ta bisexualité. Parce que ouais, faudra bien un jour que tu finisses par accepter que tu peux être attirés aussi par des hommes autant que tu l’as été par des femmes.

« - Oui. » souffles-tu a mi-voix. « Je… Je ne savais pas que vous pourriez le prendre dans ce sens là. Ça ne m’avait même pas effleuré l’esprit en fait. Mais je comprends que ça puisse prêter à confusion maintenant » admets-tu doucement.

Tu regardes la fumée qui s’échappe de ta tasse, pensif. La réflexion de Naveen te fait sourire malgré toi, même si pour toi, vous avez d’autres points communs, bien plus évident. Sauf que la façon d’appréhender vos points communs peuvent créer un certain malaise.

« - Pas tant que ça au final… » souffles-tu à mi-voix en songeant au fait que vous aviez tout les deux, à un moment donné vécu la guerre au moyen orient. C’était flagrant, sauf que tu ne te voyais pas le rappeler à Naveen, persuadé qu’il le prendrait mal.

Tu lèves le regard vers lui, troublé par sa question. Tu regardes autour de toi un instant par réflexe, voulant t’assurer que les autres occupants étaient suffisamment loin. Evidemment, personne n’avait bougé. Tu baisses les yeux et tu ramènes tes bras contre toi, les croisant comme pour te protéger d’on ne sait quoi. Doucement, tu acquiesces d’un signe de tête, gêné. Toutefois, tu te sens obligé de préciser pour ne pas non plus passé pour un taré.

« - Oui mais… jusqu’ici c’était quand on me touchait sans que je m’y attende… » Reconnais-tu à mi-voix, honteux. « Je sursaute aussi lorsque j’entends certains bruits… Mais ça n’avait jamais été… aussi violent qu’aujourd’hui… ça m’a rappelé certains, souvenirs… J’ai eu l’impression d’être… ailleurs le temps d’un moment. Quand vous m’avez demandé de vous lâchez, j’ai eu l’impression d’atterrir enfin… » lui racontes-tu avec gêne. « D’après les psys, choc post-traumatique… » déclares-tu en soupirant le regards brisé d’avoir parler de ta détresse psychologique.

Tu dévisages quelques instants Naveen. C’est la première fois que tu parles de ton stress post-traumatique ouvertement comme tu viens de le faire. Ça te déstabilise un peu, et tu te demandes si Naveen connait se genre de situation. Lui aussi à pu être traumatisé par ce qu’il a vu et par la perte de sa famille. Comme toi, traumatisé par les tortures qu'on t'a fait subir jusqu'à finir enterrer vivant, quelque part dans le désert irakien.

« - Est-ce… ça vous le fait aussi ? » oses-tu enfin demandé avec gêne.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyJeu 12 Oct 2017 - 2:10

Face aux paroles de Naveen qui tentaient d’adoucir sa pensée, Wyatt secoua la tête, et le syrien lisait bien dans son regard, dans son visage fermé, qu’il ne croyait pas un mot de ce qu’il lui disait. Pourtant, il n’inventait rien, Naveen. Il tentait de se montrer honnête, même si c’était difficile pour lui de mettre de l’avant son malaise face à l’homosexualité, orientation sexuelle qui avait été tellement oppressée dans son pays. Le trentenaire ne cautionnait aucunement toutes les atrocités qu’on pouvait faire subir à ces gens une fois qu’on les arrêtait pour leur mauvaise conduite. Il trouvait horrible de torturer ou d’exécuter des personnes dont le seul crime était, au fond, de s’aimer. Même si c’était peut-être fait de la mauvaise manière selon la culture, même si ce n’était peut-être pas conforme au moule ou à ce qu’on leur avait enseigné, ça ne valait pas une sanction irréversible. Sauf que Naveen avait beau ne pas approuver ces méthodes barbares, il ne savait en revanche pas non plus comment considérer les homosexuels. On lui avait inculqué que c’était synonyme du mal, et même s’il n’avait jamais vraiment vu le mal là-dedans autrement que lorsqu’on le punissait, le syrien avait quand même assimilé l’information. Souillé était un terme qu’il aurait sans doute utilisé s’il avait encore été chez lui. Ici, il n’avait plus aucun repère, plus aucune certitude face à quoi que ce soit. Alors ce mot, non, n’était pas simple. Ce mot était d’une complexité à l’en rendre malade. « Mettez-vous à ma place. Des centaines d’hommes sont morts pour avoir posé le geste que vous avez posé envers moi la dernière fois. Morts. Forcément que j’ai intériorisé le discours qu’on scandait sur eux, contre eux. Mais loin de ces horreurs, loin de cette mentalité, je ne sais plus ce que moi, je dois penser. » Et même là, Naveen s’était mal exprimé. Ce n’était même plus une question de devoir penser quelque chose, mais bien de le vouloir. Il avait vécu trop longtemps dans ce monde où on imposait le mode de vie et l’ordre. En Australie, même si certaines règles étaient encore bien strictes, même encore sur l’homosexualité, les gens jouissaient quand même d’une liberté de pensée et d’expression plus large et libérale qu’en Syrie. Naveen avait à se remodeler, complètement – ou plutôt, il avait le loisir de le faire. Ils parlèrent finalement de l’argent, du pourboire, de tout ce malentendu qui finalement se régla plutôt rapidement. Wyatt affirma comprendre d’où pouvait provenir la confusion, et le réfugié se contenta d’hocher la tête brièvement avant de se caler légèrement contre le dossier de la banquette. C’était au moins un problème d’écarté. Il porta sa tasse de café à ses lèvres et en but une gorgée, plissant les yeux en raison de la chaleur de la vapeur qui s’en échappait, et le redéposa sans relever les paroles de l’ancien militaire à propos de leurs points en commun. Naveen n’avait pas envie de se souvenir, à deux, du fait que leur point commun le plus flagrant résidait dans le fait qu’ils avaient vécu la guerre, même si c’était d’un point de vue différent. Ils avaient dit ce qu’il y avait à dire à ce propos, et l’animosité entre eux était déjà assez palpable sans ramener le sujet sur la table. Brisant rapidement le court silence, malgré une légère hésitation, le trentenaire revint sur les récents événements, sur la violente réaction de Wyatt. Il se demandait si ça lui arrivait souvent, à lui, et surtout aussi brutalement. L’ancien militaire se referma tout d’un coup, les bras posés et croisés contre son corps. Quand il releva le fait que ça n’avait jamais été aussi violent qu’aujourd’hui, Naveen baissa les yeux. Il termina d’écouter Wyatt avant de le regarder de nouveau, et de lui demander : « C’est parce que je leur ressemble ? À ceux que vous combattiez ? » La question faisait mal à poser. Elle lui revirait l’estomac à l’envers. En même temps, difficile d’imaginer une autre hypothèse. En ressemblant physiquement à ceux que Wyatt aurait dû tuer, en renvoyant cette image de ceux qui lui avaient fait du mal, Naveen déclenchait en lui cette violente réaction. Il n’était pas fâché, d’ailleurs son ton de voix utilisé lors de son interrogation laissait même entrevoir une certaine tristesse. La conversation se retourna finalement sur lui, quand l’homme lui renvoya la question. « Il n’y a pas une nuit qui passe sans que je ne me réveille en sursaut … à cause d’un souvenir comme d’un autre. Que je m’imagine ma famille en train de se noyer dans la mer méditerranée, ou que je revois les bombes tomber du ciel et exploser à quelques rues de chez moi … il n’y pas un rêve qui n’est pas ponctué de ces horreurs. » Il déglutit, entourant son café de ses mains, comme pour réchauffer l’intérieur-même de son âme. « Et même éveillé, chaque fois qu’un bruit trop fort et inattendu retentit, je ne peux m’empêcher de croire que ça y est, ça recommence … L’enfer. » Il serra la mâchoire, contrôlant son émotion, baissant les yeux vers son café.  
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyJeu 12 Oct 2017 - 16:30

"Pour tester les valeurs morales d'une société, il suffit de regarder comment elle traite ses enfants."
Dietrich Bonhoeffer

Tu ne peux pas reprocher à Naveen le rejet dont il fait preuve, il a ses raisons. Toi-même, tu n’acceptes pas l’idée de pouvoir être attiré par des hommes. Tu n’expliques pas pourquoi tu as embrassé Naveen sur jour là. Tu en avais juste envie, et tu l’as fait c’est tout. Pourtant rien ne te prédestiné à agir comme ça avec lui, tu ne pensais pas l’avoir remarqué de cette façon là. Maintenant que tu as le souvenir brûlant de tes lèvres sur les siennes, même pour une fraction de seconde, tu le vois de cette façon que tu abhorres.

Loin d’être à l’aise, tu n’apprécies pas non plus qu’il pense que tu es gay. Après tout, ce n’est pas ce geste qui défini ton orientation sexuelle et tu répètes ce que tu lui as dis il y a quelques jours lorsqu’il t’a déposé devant chez toi.

« Je ne suis pas gay. » souffles-tu à mi-voix pour ne pas que ceux autour de vous entende. « Du moins… Je… je ne le suis pas. » Termines-tu têtu, refusant de reconnaître ta bisexualité. « Et j’ai vécu des années entre l’Afghanistan et l’Irak, je sais comment cette différence est opprimée là-bas » dis-tu doucement, sans pour autant juger la société irakienne, afghane ou en l’occurrence, Syrienne.

Tu t’arrêtes là, n’osant pas discuter plus sur le sujet. Tu te vois mal lui dire que dans sa famille paternelle, l’homosexualité est une tare qui n’a pas sa place. Tu ne te vois pas lui raconter ça, estimant qu’il ne doit pas s’en soucier alors que lui-même voit ça comme quelque chose d’anormal.

Le silence s’installe entre vous, tu en profites pour boire une gorgée du café qui est moins brûlant. Tu t’es confié sur tes réactions avec honte. Tu sais que les gens ici ne peuvent pas comprendre ce que tu as vécu, ils ne peuvent pas comprendre tes réactions si démesurées. Au mieux, tu passes pour un fou dans ces moments là, au pire, pour un homme dangereux. L’un comme l’autre, ça t’es égal. Toi tu sais pourquoi, c’est bien suffisant.

Naveen a écrit:
« C’est parce que je leur ressemble ? À ceux que vous combattiez ? »

Tu plantes ton regard dans celui de Naveen, choqué qu’il ose se poser cette question.

« - Quoi ? Non ! » t’exclames-tu sidéré « Bien sur que non ! » t’emportes-tu en te répétant. « Je ne vous vois pas comme ça ! » affirmes-tu, blessé par son insinuation. « J’ai juste vu votre main taper le comptoir. Le geste, le bruit… ça m’a rappelé… Enfin je m’y attendais pas ! c’est tout. Ça n’a rien à voir avec vous ! J'ai eu l'occasion de vivre en insertion dans des petites communautés locales avec qui je garde d'excellents souvenirs! Je me suis lié d'amitié avec des soldats Afghans et Irakiens! Jamais il m'est venu à l'esprit de les considérer comme ceux que nous combattions là-bas! Jamais!» lui dis-tu en le regardant dans les yeux.

Tu réalises que Naveen souffre autant que toi, si ce n’est plus. Des cauchemars qui le réveille, comme toi. Des bruits qui le font sursauter et replongé dans les méandres de sa mémoire marquée par la guerre, comme toi. Et puis…

Tu es horrifié lorsqu’il te parle de sa famille. Tu savais qu’elle n’était plus de ce monde, il te l’a dit lors de votre première rencontre. Tu savais qu’il les avait perdus dans des circonstances tragiques liées à la guerre, tu ignorais dans quelles conditions elle avait périe. Maintenant que tu le sais, tu aurais sans doute préféré l’ignorer.

« - Je suis navré. » souffles-tu à mi-voix, choqué. « Tellement navré. » murmures-tu tellement doucement que tu n’es même pas sur qu’il t’est entendu.

Tu aimerais faire quelque chose pour lui, car tu te sens malgré tout responsable de ce qu’il a vécu. Pourtant tu n’étais pas en Syrie, pourtant tu n’étais pas son ennemi, mais tu ne pouvais t’empêcher de te sentir coupable depuis qu’il t’avait fait les reproches dans le taxi qui t’avait atteint malgré tout. Mais tu ne te vois pas le réconforter ou le serrer dans tes bras, il le prendrait à nouveau comme une agression, et même pour toi, c'est pas possible de t'afficher ainsi.

« - Vous n’osez plus dormir de peur que ça revienne vous hantez? » demandes-tu doucement.

C’était une question rhétorique en réalité. Tu te doutais de la réponse, toi aussi tu redoutais les soirs ou tu devrais partir te coucher et n’avoir plus aucun contrôle sur tes pensées qui prenait vies sous forme de cauchemars. Tu avais besoin d’une lumière pour t’endormir, comme un enfant. Pourtant ça ne t’empêcher pas de te réveiller en sursaut, et bien plus souvent que tu ne voulais l’admettre, en pleurs.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyVen 13 Oct 2017 - 2:06

C’était la seconde fois que Wyatt lui affirmait avec autant de fermeté dans la voix et dans le regard qu’il n’était pas gay. Pour convaincre Naveen mais visiblement pour se convaincre lui-même. Le syrien soutint son regard, les mains refermées sur son café, cherchant dans son regard une lueur quelconque, n’importe quoi, qui pourrait lui faire comprendre ce qui se passait réellement dans sa tête à ce moment-là. « Vous êtes ce que vous voulez, ça ne m’importe pas. Mais revisitez alors votre consommation d’alcool si vous ne voulez pas voir les visages qu’elle révèle. » Lâcha-t-il. En partant, Naveen avait une bien mauvaise opinion de l’alcool. Des expériences qu’il gardait en tête, l’être humain n’était que bien rarement à son avantage sous l’ivresse. Lui-même n’avait jamais bu une seule goutte d’alcool, pas même pour le plaisir de goûter, alors il ignorait complètement ce que ça faisait de se laisser glisser vers l’insouciance voilée, vers la douce folie embrumée. Mais l’alcool désinhibait, c’était un fait connu, qu’on se soit déjà laissé enivrer ou non. Forcément, donc, le réfugié se demandait si le Wyatt dont il avait été témoin ce jour-là n’était pas seulement celui qu’il cachait à l’intérieur de lui-même, l’étouffant des propres préjugés qu’il avait pourtant reprochés à Naveen un peu plus tôt. Pour soutenir les propos du syrien à propos de la mentalité des pays d’où il provenait, Wyatt lui rappela ses années vécues en Afghanistan et en Irak – ce que le réfugié n’oublierait de toute façon jamais – et sa connaissance de cette oppression envers les homosexuels. « Mais vous n’êtes pas nés là-bas. Vous ne vous êtes pas fait éduquer selon cette pensée. Vous en avez été témoin, c’est tout. » Là était toute la différence. En quelque sorte, le syrien avait été endoctriné, même si ça n’était pas sa manière de le voir. C’était dans sa culture, dans son histoire. Quand ils eurent épuisé ce qu’ils pouvaient dire à ce sujet, bien trop tabou pour une simple discussion autour d’un café, entourés de tellement de gens, Naveen et Wyatt laissèrent planer un silence. Sans doute se demandaient-ils tous les deux vers où tout ça s’enlignait. À quoi bon continuer. Pourquoi s’entêter à rester. Et pourtant, ils étaient toujours là, l’un devant l’autre, deux âmes égarées qui ne faisaient que s’abaisser, se rabaisser. Malgré ça, ils restaient. C’est Naveen qui brisa le silence le premier, contre toute attente, lui qui avait fait de ce silence son moyen de défense, son échappatoire. Il demanda à Wyatt si des épisodes comme il avait vécu quelques minutes plus tôt étaient fréquents. Sa réponse créa en Naveen une vague, déferlant sur son estime de lui-même, abattant ses couteaux imaginaires sur son identité. Si son visage, ses traits ou encore la couleur de sa peau devaient rappeler à Wyatt les hommes combattus dans d’autres pays arabes, si son physique devait à chaque fois le transporter de nouveau vers l’horreur, alors aussi bien s’en aller et pour de bon cette fois. Cependant, l’ancien militaire s’empressa de lui assurer que ce n’était pas le cas, que ce n’était pas l’explication à sa réaction plus vive et plus violente. Naveen ne savait pas s’il devait le croire mais, pour l’instant, il s’en contenta. « C’aurait été compréhensible, vous savez. Je sais de quelles horreurs ils sont capables. Je sais quelles images ils peuvent laisser dans un esprit, marqué à jamais. Le mien l’est aussi. » Parce que les groupes qui se combattaient présentement en Syrie, ils étaient composés de syriens, si on écartait les intervenants internationaux. Des syriens qui s’entretuaient entre eux par les méthodes les plus sanglantes et cruelles. Sauf que Naveen était également syrien, alors ce qu’il voyait, c’était son propre peuple éclaté, perdu, aux mains du mal. Il se confia donc à son tour sur son esprit torturé par les souvenirs de la guerre civile. Sur ses rêves rapidement condamnés à n’être que des cauchemars, au fond, depuis qu’il avait traversé cet enfer. « Je le suis aussi. C’était de ma faute. C’est moi qui les ai mis sur ces bateaux pneumatiques, dans un dernier cri d’espoir. C’est moi qui les ai laissés partir, et sans moi. » Alors lui avait eu la chance de vivre, la chance de quitter le camp de réfugiés et de partir vers un meilleur monde. Tout ce qu’il pouvait espérer, c’était qu’eux aussi étaient dans un meilleur monde à présent, même si ce n’était plus du tout celui qu’il avait un jour partagé avec eux. Wyatt le relança sur une question, à propos de ses nuits, ses nuits appréhendées, craintes, raccourcies. Il hocha la tête. « Mais au fond, entre mes cauchemars ou mes pensées quand je suis éveillé, et seul, … il n’y a aucun moyen de m’en sortir. » Parce que seul, Naveen l’était souvent, trop souvent. Sa solitude l’envahissait, l’angoissait, lui rappelait sans cesse ce qu’il avait un jour été, et ce qu’il n’avait plus. Plus du tout.   
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyVen 13 Oct 2017 - 16:45

Vis-à-vis de Naveen, tu as l’impression que la duperie est finie. Vous vous regardez en silence, et tu es même surpris qu’il soutienne ton regard. Depuis Townsville, vous avez tendance à avoir le regard fuyant l’un envers l’autre, comme si vous regarder avait le pouvoir de vous brûler. Tu  as beau clamer que tu n’es pas gay, que tu n’as aucune attirance pour les hommes, tu finis par te demander qui tu essayes vraiment de convaincre. Lui, ou toi ? Sa réplique qui ce veut être indifférente te prouve qu’il ne te croit pas. Tu sers les dents pour ne pas lui balancer une réplique désagréable lorsque tu passes pour un poivrot. La mâchoire crispée, tu te retiens de lui balancer que ça ne lui importe pas, seulement si tu évites de l’embrasser. Mais au lieu de ça, tu gardes le silence, ne voulant pas lui rappeler l’erreur que tu as fait.
 
Lorsqu’il te rappelle que tu as seulement était témoin des mentalités de là-bas mais que tu n’as pas subi l’endoctrinement comme lui, tu n’a qu’une envie c’est de lui faire ravaler sa langue. Parce que oui, tu as seulement était témoin. Sauf que toi, contrairement à Naveen, tu te mettais à la place de ces hommes, brutalisés seulement parce qu’ils voulaient aimés comme n’importe qui.  Toi, tu as dû assisté à ça, la boule au ventre et le regard fuyant. Naveen s’était-il seulement mis une fois à la place de ces hommes et ses femmes ? Tu en doutais. Tu étais même certain que non. Ça ne lui avait sans doute jamais effleuré l’esprit.
 
« - Oui j’en ai été témoin. Que croyez-vous que ça m’a fait ? » Lâches-tu durement.
 
Tu ne reconnais pas être bisexuel, mais ta question sème le doute sans que tu en sois conscient. Il n’y avait pas besoin d’avoir grandi dans une société très stricte et fermée pour se sentir oppressé. Partout il y avait des gens pour considérer ceux qui n’avaient pas de préférence sexuelle comme des personnes anormales, comme des monstres. Pour ça, il n’y a pas de frontière, pas de religion, pas de communauté, y en a partout.
 
Tu peinais à croire que Naveen puisse seulement penser comme ça. Certes, vous ne vous connaissez pas. Vous êtes des étrangers l’un pour l’autre, mais jamais tu ne t’es permis de le juger ou de lui reprocher tout tes malheurs et ceux du restes du monde. Que ce soit ton métier ou le geste que tu as posé sur lui, tout est sujet à critique. Tu trouves ça dommage, et ça te peine un peu malgré toi.
 
« - Je ne suis pas comme ça. Que ce soit les villageois Afghans, irakiens ou bien vous-même, vous ne m’avez rien fait. Je n’ai pas à vous en vouloir ou à vous reprochez ce qui m’est arrivé en Irak, parce que vous n’y êtes pour rien. Je sais faire la part des choses. Vous ne leur ressemblez pas, vous n’avez rien à voir avec eux.» dis-tu doucement en le regardant droit dans les yeux.
 
Pour toi, Naveen faisait un grand effort d’intégration ici, à l’autre bout du monde. Il avait le droit d’être en colère avec tout ce qui lui était arrivé ses dernières années. Tu comprenais ses réactions, ses paroles et ses préjugés, bien qu’elles fussent blessantes à tes yeux car tu te sentais concerné. Mais tant que tu pourrais le supporter et si vos chemins étaient amenés à se croiser encore et encore, tu tairais ta douleur si cela pouvait soulager la sienne. Naveen n’était pas seul. Vous aviez beaucoup en commun, et s’il se ressoudait à oublier la souillure que tu lui avais infligé, peut-être te verrait-il un jour comme un ami.
 
Tu es bouleversé par l’histoire de sa famille. Tu ne t’attendais pas à ça. Tu savais qu’il l’est avait perdu de façon tragique, mais une mort dans ces conditions ne t’avais même pas effleuré l’esprit. Et Naveen vit avec cette culpabilité depuis tout ce temps. Tu as mal pour lui. Ton cœur se serre et tu aimerais avoir un geste de réconfort à son égard. Pourtant tu n’en fais rien.  Tu aurais sans doute osé s’il n’y avait pas eu Townsville, mais il y a eu Townsville, alors tu restes droit, figé, la gorge nouée, les mains crispés encerclant ta tasse de café, bouleversé par ce poids qu’il porte en lui.
 
« - Vous vouliez pour eux une vie meilleure et vous aviez fait ce qui vous semblez le mieux pour les protéger. Vous ne pouviez pas savoir. » souffles-tu doucement.
 
Tu aimerais dire autre chose, mais tu ne sais pas quoi. Réconforter les gens, ce n’est pas vraiment ta meilleure qualité. Tu te sens gauche et idiot, surtout face à la tragédie qu’à vécu Naveen. Lui est maintenant désespérément seul. Il aura beau s’adapter à Bowen, rien ne lui ramènera jamais sa famille. Au final, il lui manquera toujours cette partie de lui qui lui aurait permis de se sentir vivant à l’intérieur : sa famille.
 

« - C’est le plus dur, n'est-ce pas? Être seul face à ses souvenirs.  Être là, alors qu’on ne se sent à sa place nulle part. Se taire, parce que personne ne peut comprendre, personne n’a vu, personne n’a vécu l’enfer» murmures-tu les yeux dans le vague, « J’aimerai vous aidez Naveen, vraiment. » lui dis-tu doucement « Et avant que vous ne disiez quoique ce soit, sachez que ce n’est pas de la pitié. Je suis conscient qu’à vos yeux, je suis qu’un inconnu et que je représente tout ce que vous haïssez Mais… Si vous avez besoin de parler, je suis là.» lui annonces-tu doucement.
Parce qu'au fond, tu te sens proches de lui dans les épreuves qu'il a vécu. T'es conscient qu'il rejettera certainement la main que tu lui as tacitement tendue, mais tu sais que tu fais le bon choix en essayant. 
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptySam 14 Oct 2017 - 3:27

La remarque de Naveen, qui ne devait à la base qu’être un conseil, certainement mal placé et peut-être mal intentionné, était finalement devenue une arme. Signe que la trêve n’était pas encore arrivée entre les deux hommes si différents et si semblables à la fois. Le syrien avait du mal à saisir ce qu’il ressentait lui-même face à cette relation naissante, il n’aurait même pas su comment qualifier les échanges desquels ils étaient témoins, mais dans tous les cas il semblerait qu’une sorte de force imaginaire les poussait à constamment se remettre sur le chemin l’un de l’autre. En entrant dans ce café, aujourd’hui, Naveen n’avait comme intention que de boire un simple café, pour s’assurer de rester éveillé assez longtemps pour les dernières prières de la journée. Sauf que Wyatt lui était apparu, et tout d’un coup tout le reste avait perdu son sens, son objet. Le réfugié n’avait eu en tête que cet argent qu’il lui avait donné de trop, ce manque de respect qu’il interprétait avec tellement d’ampleur, et il avait été comme poussé vers lui. Il était loin de s’imaginer que, dix minutes plus tard, il serait en train de lui envoyer de telles attaques qui, bien qu’innocentes, atteignaient Wyatt plus qu’il ne l’aurait voulu. Naveen n’était pas une personne méchante, ça ne lui avait jamais ressemblé d’utiliser les faiblesses des autres pour dessiner le mal. Toutefois, ce qui s’était passé avec l’ancien militaire avait réveillé en Naveen tellement d’émotions endormies que, maintenant, le trentenaire ne savait plus lesquelles prendre et lesquelles glisser à nouveau dans l’oubli. Il laissait la tornade prendre le contrôle sur lui, et c’était Wyatt qui devait payer. Ce dernier, de son côté, se fit violence pour ne pas répliquer. Naveen le voyait serrait les dents, voyait cet éclat de fureur traverser furtivement son regard. Et lui baissa le sien, honteux. Pourtant, il continuait, Naveen, à contredire l’homme, à lui rebalancer sa propre vie à la figure afin de lui faire comprendre qu’ils ne venaient pas du même monde, qu’il ne pouvait pas exactement savoir ce dont il avait été témoin, ce avec quoi on lui avait bourré la tête de mensonges haineux. « Je ne sais pas. Tout comme vous ne pouvez pas savoir ce que ça m’a fait à moi, et ce que ça me fait maintenant. » Déclara-t-il, sèchement. Cet échange pouvait tout autant s’apaiser qu’exploser, et pour le moment, Naveen n’avait aucune idée de la direction qu’ils prendraient. Même, il ne savait pas ce que lui désirait voir au bout de cette rencontre. Au fond, tout ce que le syrien avait toujours voulu depuis son arrivée en Australie, c’était quelqu’un à qui parler. Quelqu’un sur qui se reposer et enfin, peut-être, taire son chagrin en le laissant s’envoler avec ses mots. Il avait trouvé en Wyatt quelqu’un avec qui parler, certes, mais leurs paroles étaient lourdes, elles ne volaient pas non, au contraire, elles s’écroulaient sur eux pour les faire sentir las, coupables. Naveen enfonça un peu plus encore cette dague de la culpabilité en interprétant les pensées de Wyatt, comme si le reflet qu’il renvoyait de Naveen à travers son regard n’était qu’un terroriste comme un autre, ces arabes qu’on mettait tous dans le même panier. Ça le tuait, de se dire que l’ancien militaire aurait pu l’associer à ces actes barbares et sanglants, et il ne put s’empêcher de ressentir un certain soulagement quand Wyatt lui assura que ce n’était pas sa perception. Que ce n’était pas ce qu’il voyait en Naveen, ni en tous les autres civils, arabes, musulmans. Il y avait peut-être un peu d’espoir pour cette minorité mise à l’écart. « Physiquement, je suis tout à fait comme eux. Je me fonds bien mieux à la masse là-bas, j’ai tout à voir avec eux. Et les gens d’ici me le rappellent constamment quand ils me dévisagent et me font comprendre que je n’appartiens pas à leur monde. Alors si à vos yeux, je ne leur ressemble pas, c’est que … que vous arrivez à voir au-delà de ça, en moi … » Fit-il remarquer, avec une douceur dans la voix à laquelle ni l’un ni l’autre n’étaient habitués. Et cela sembla mettre le ton pour le restant de leur conversation, comme s’ils avaient enfin trouvé le moyen de déposer leurs armes invisibles et de se tendre la main. Construire un pont plutôt que d’agrandi le gouffre. Ils parlèrent de la famille de Naveen, tous les deux la gorge nouée, le cœur lourd. « J’aurais dû savoir. Ce n’était pas la première fois que ça arrivait, ces … tragédies. J’ai eu la naïveté, l’inconscience, de croire que ça ne nous arriverait pas à nous, à eux … » Dans un souffle, il ajouta : « Et j’aurais dû partir avec eux. » Et par partir, Naveen voulait à la fois dire prendre le large avec eux que de partir vers un autre monde, mourir. Mais ça n’était pas le cas. Il était à jamais condamné à vivre et revivre ces cauchemars, autant lorsqu’il dormait que lorsqu’il déambulait comme une âme errante dans cette nouvelle vie. « Vous n’êtes pas … vous ne représentez pas tout ce que je haïs, Wyatt. Au contraire … » Il hésita, secoua tout doucement la tête de gauche à droite, puis haussa lâchement les épaules. « … Vous êtes, ici à Bowen, ce qui se rapproche le plus d’une véritable relation, peu importe ce qu’elle est … Je n’ai jamais … je n’ai jamais pu discuter aussi longuement avec quelqu’un. Je sais que vous êtes là, parce que vous l’avez déjà été l’autre fois, et aujourd’hui. » Contrairement à d’autres, qui rentraient et partaient de sa vie parce qu’au fond, Naveen n’était que cet homme qu’on regarde avec pitié dans le regard, avant de tourner les talons et de partir, faute d’avoir quelque chose à lui dire, faute de trouver les mots pour réconforter une telle tragédie. Wyatt, lui, s’accrochait. Parce qu’il savait, parce qu’il comprenait, pas totalement, mais mieux que les autres.  
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyDim 15 Oct 2017 - 23:28

Peut-être que tu n’as pas grandi dans un pays qui réprime l’homosexualité  aussi violemment que dans les pays arabo-musulmans,, mais tu as grandi dans un pays très conservateur et surtout, auprès d’un grand-père réfractaire à tout ce qui n’était pas « normal ».  Alors non, tu ne sais pas ce que ça lui a fait à lui, tu ne peux qu’imaginer. Mais il a tort de croire que, parce que tu as grandi dans une société différente de la sienne, tu n’as pas connu l’oppression ou l’endoctrinement. Si tel n’était pas le cas, tu ne te sentirais pas coupable d’éprouver une once d’attirance pour les hommes. Si tel n’était pas le cas, tu ne te sentirais pas coupable de vouloir gouter à ses lèvres une nouvelle fois, pour une seule seconde. Alors tu restes silencieux, parce que quoique tu dises, il ne sera pas d’accord et parce que de toute façon, tu ne te vois pas lui raconter tout ce qui attrait à ta vie aux Etats-Unis, ça n’a plus tellement d’importance maintenant et il n’en aurait que faire.
 
« - Physiquement, il y a aussi des occidentaux là-bas. Ce n’est pas pour autant que j’identifie tout le monde comme un possible adversaire. Et physiquement, il vous faudrait une barbe de quelques centimètres, mal taillée pour que vous me foutiez ne serait-ce qu’une once de doute. » lui fais-tu remarqué, terminant sur une légère pointe d’humour.
 
Tu le regardes intensément, ne pouvant en revanche pas comprendre son ressenti sur la façon dont le regarde les autres. Parfois, lorsque tu arrivais dans un nouveau village avec ton unité, on vous dévisagez comme si vous étiez le mal en personne, mais c’était très rare. Mais la crainte que suscitée les jihadistes dans le monde occidentale était tel que Naveen devait payer les actes d’une minorité de gens, tout les jours par les regards des habitants de Bowen. Ça tu ne pouvais même pas imaginer ce que c’était à la longue, et tu espérais ne jamais avoir à vivre ça. Mais tu ne voulais pas qu’il s’imagine que tu puisses le regarder comme ces gens-là qui n’avaient pour la plupart, jamais quitté leur région paisible. Mais la fin de sa phrase t’émeus malgré toi parce que si tu es capable de faire la différence et que Naveen le ressent, c’est que ceux qui t’ont brisés n’ont pas réussis à t’achêver.
 
« - Je… Merci. » dis-tu simplement, touchés par ses paroles.
 
T’aimerais le rassurer, lui dire que leur regard finira par changer, qu’ils ont juste peur de l’inconnu et pas de ce qu’il peut représenter, mais tu n’en fais rien. Parce qu’au fond, tu n’en es pas convaincu toi-même qu’ils changeront de regard sur lui. Et tu ne veux pas lui mentir, alors tu te contentes du silence.
 
Tu ressens beaucoup de peine et de compassion pour lui, sans pour autant pouvoir imaginer ce qu’il peut ressentir, le poids de sa culpabilité qui le pèse et le poursuit. Sa famille n’a pas eu la chance de survivre à l’enfer, mais Naveen en se reprochant la mort de sa famille se reproche certainement d’avoir lui, survécu. Ton cœur se serre malgré toi. Survivre aux autres c’est le plus difficile, tu en sais quelque chose. Tu passes ton temps à te demander pourquoi toi tu as survécu alors que les sept autres membres de ton unité à avoir été capturés n’ont pas eu cette chance.
 
« - Vous ne pouvez pas vous blâmez Naveen. C’était la guerre, vous vouliez donner une chance à votre famille, vous étiez un homme désespéré qui voulait les mettre à l’abri et leur permettre d’échapper aux horreurs et … à la mort. Vous ne pouviez pas le prévoir, sur le moment, ça vous a semblez être la meilleure option possible.  Vous croyez que votre famille aurait accepté que vous vous rendez coupable de leur malheur ? » lui dis-tu doucement.
 
Bien que la confession de Naveen te touche particulièrement, tu es surpris qu’il ne se soit pas lié à d’autres gens ici. Ce n’est que la deuxième fois que tu le vois, mais tu ne peux  pas nier la douceur et la droitesse dont il fait preuve, même si vos sujets de conversation ont étés bien souvent tourmentés et tourmentants.
 
« - Pourtant… Vous détestez les soldats, et j’en suis un…  » souffles-tu à mi-voix te souvenant de ses propos dans le taxi.
 
Certes, tu ne porterais plus l’uniforme, mais le soldat fait parti de toi, quoique tu fasses ou que tu dises.
 
« - Peut-être parce que jusqu’à présent, personne n’a pu ne serait-ce que comprendre ou imaginer ce que vous avez traversé ces dernières années… Attention, je ne prétends pas savoir ce que vous ressentez ou ce que vous avez traversé. Jamais je me le permettrais.» supposes-tu, hésitant. Non, toi tu n'avais pas la chance d'avoir fondé une famille et surtout, tu n'avais pas perdu tout ce qui comptait le plus pour toi, comme Naveen. « Et puis, ici à Bowen, tout le monde connait tout le monde. Ce n’est pas toujours évident de débarqué dans un nouveau pays, dans une nouvelle ville et dans une nouvelle communauté. » souffles-tu en sachant ce qu’il traverse.
 
Toi, tu as de la chance de connaître un peu Bowen et que tu as retrouvés quelques amis d’enfance que tu t’es fait au fil de tes vacances ici, alors au final, tu t’acclimates plus facilement que lui, sans pour autant arrivé à te confier à eux.
 
Tu finis par lui adresser un sourire hésitant. Au moins, il sait que tu es là s’il a besoin de parler, et visiblement, il semble s’en rendre compte et ça te soulage. Tu finis par porter ta tasse de café à tes lèvres, avant de la reposer sur la table, reposant entre tes doigts.
 
« - Et… si jamais je vous offense sans le vouloir, dîtes le moi aussitôt. Je connais bien la société Irakienne et même si je suppose qu’elle a pas mal de similarité avec la société syrienne, il doit aussi y avoir des différences. Je ne veux plus faire quoique ce soit qui vous choquerez vis-à-vis de votre culture. » lui fis-tu remarqué gêné.
 

Certes, pour ton comportement à Townsville, si tu avais été sobre, tu n’aurais  jamais fait quoique ce soit de ce genre, mœurs syrienne ou pas. Sauf que voilà, non seulement tu avais découvert que tu ne tenais pas l’alcool, mais en plus, tu t’étais laissé allé avec Naveen alors que sobre, tu n’aurais jamais songé à faire ce que tu avais fait.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMar 24 Oct 2017 - 23:10

Wyatt ne semblait pas comprendre son point, ou alors peut-être le contournait-il pour ne pas le froisser, le brusquer, ou le vexer. Il ne savait pas, il ne savait plus. Naveen était constamment déconcerté face à l’ancien militaire, ses gestes et ses paroles semblaient toujours pouvoir être interprétées de mille et une façons. Et Naveen semblait toujours mal les comprendre, mal se les expliquer. Peut-être parce qu’il tentait de raisonner quelque chose qui ne l’était pas, raisonnable. Cette relation ambiguë avec cet homme, les doutes flottants constamment autour d’eux, ce qu’ils se rappelaient, ce qu’ils étaient. Naveen tentait de faire du sens dans ce qui n’en avait pas, et ça le perdait, complètement. Instinctivement, quand Wyatt parla de la barbe qu’il aurait dû avoir, il porta sa main à la sienne. Il la considérait déjà bien garnie, et surtout mal entretenue, parce qu’il ne négligeait pas que sa vie sociale, il se négligeait lui-même. Puis, quand il comprit que l’ancien militaire tentait une touche d’humour, il esquissa un faible sourire. Il s’était fait prendre, sans doute parce qu’il n’avait à priori rien de drôle au contexte, et qu’il ne s’était pas attendu à une douce plaisanterie. Surtout pas de sa part. « Elle fait au moins trois centimètres. » Répondit-il, un peu pour se rattraper de son air sérieux, alors qu’il le retrouva pourtant bien vite. Naveen avait perdu l’habitude d’arborer une allure légère. Tout semblait si lourd sur ses épaules, tout semblait si fatiguant, tout le temps. Et ça l’était. « Je comprends ce que vous voulez dire. Et je vous en remercie … parce que ce n’est pas tout le monde qui arrive à faire la distinction, à faire la part des choses. Trop souvent, on juge trop vite ce qu’on ne connaît pas … Mais vous, vous connaissez. Vous savez. » Conclut Naveen. De la verbaliser à voix haute, cette constatation, ça lui permettait de se la rentrer dans la tête. De ne plus nécessairement voir Wyatt comme l’ennemi, comme un autre acteur de ce désastre qui avait eu lieu en Syrie, qui rageait encore à ce jour. Au contraire, Wyatt le comprenait mieux que quiconque, au fond, même s’ils n’étaient pas sur la même longueur d’onde, même s’ils n’avaient pas les mêmes perceptions, il avait quand même vu ce qu’il avait vu. D’une certaine manière, il se sentait plus proche de lui que de quiconque. Suite aux paroles de Naveen, Wyatt le remercia, et ils gardèrent le silence un moment. Jusqu’à ce que le syrien se confie enfin sur les horreurs qu’il avait vécues, et qu’il vivait et revivait à travers ses pires cauchemars, jour comme nuit. « Non, ils n’auraient pas voulu. Mais ils ne sont pas là pour le voir, pas vrai ? » Releva Naveen, faisant grandir la souffrance de ses propres paroles. Il était injuste envers lui-même, et il était injuste envers Wyatt qui tentait seulement de lui faire voir la réalité de son erreur. Il n’était pas le seul, Naveen, à avoir agi de la sorte dans un dernier cri d’espoir. Il n’était pas le seul à avoir donné tout ce qu’il avait pour une nouvelle chance qui ne verrait jamais le jour, au final. Mais ne pas être le seul ne signifiait pas qu’il pouvait se pardonner pour autant. « Ce n’est pas tout ce que vous êtes. » Et si Naveen désirait une chose, c’était qu’on ne s’arrête pas à un seul élément d’une personne. Un humain était composé de tellement de facettes, de sphères différentes qui le composaient. Alors certes, le fait de savoir qu’il avait déjà fait partie de conflit, du côté de ceux qui ont des armes, ça le torturait. Sauf qu’il arrivait à mettre ça de côté, Naveen, et à voir l’homme généreux et à l’écoute qu’était Wyatt. Et il avait besoin de ça. « Si ça arrive, je vous le dirai. » Il hocha la tête. Il avait préféré mettre de côté le reste, parce qu’ils n’avaient pas besoin de s’étaler sur la compréhension que l’un avait de l’autre pour savoir que c’était vrai. « Peut-être pouvons-nous … laisser ce qui s’est passé auparavant derrière nous ? Et recommencer ? » Osa-t-il demander, prêt à baisser sa garde, prêt à laisser entrer Wyatt, le premier à réellement l’atteindre à ce point-là.  
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyMer 25 Oct 2017 - 18:44

Depuis ton retour, tu n’as parlé à personne de ta vie là-bas, en Irak ou en Afghanistan. Les occasions ne t’ont pas manquées pourtant, entre les médecins, les psychiatres, psychologues et même tes parents, ils ont tous essayés de te faire parler, sauf que toi, tu gardais le silence. Ce n’était pas un sujet tabou, quelque chose de secret ou de honteux. Tu ne leur disais rien parce qu’ils ne pouvaient pas comprendre.  Jusqu’ici, tu estimais que personne ne pouvait comprendre dans ce pays, comme dans le tiens. Il fallait avoir vécu là-bas pour avoir une petite idée de ce que c’était, la vie dans cette société si différente de celle occidentale. Toi, tu avais passé presque dix ans là-bas immergé dans un pays en guerre. Tu t’étais habitué à la vie là-bas, surtout en Afghanistan. Tu t’étais même lié à des villageois avec intensité, mais ça, personne non plus ne pouvait le comprendre. Pour les gens d’ici ou des Etats-Unis, les militaires ne servaient qu’à combattre. C’est pour ça que tu restais silencieux lorsqu’on t’interrogeait. C’est pour ça que tu gardais le silence lors de tes rencontres hebdomadaires avec ton psy. Mais aujourd’hui, il y avait Naveen. Qui de mieux que lui pour comprendre ?  Qui de mieux que lui pour savoir ce qu’on pouvait ressentir là-bas ? Alors Naveen était de loin la personne qui pouvait te comprendre le mieux, et tu en avais conscience. Tu en avais même une certaine appréhension, une crainte de parler de ton ressenti de là-bas. Tu ne voulais pas être jugé, tu redoutais de l’être, même si tu n’avais rien à te reprocher sur tes actes militaires, tu étais mal à l’idée qu’on te juge, comme Naveen l’avait fait malgré lui dans le taxi, et même là.
 
Naveen te remercie pour ne pas faire de stigmatisation et le mettre dans le même sac que les extrémistes. Pour toi, c’est normal. Mais tu comprends que s’il t’est reconnaissant de faire la différence, c’est qu’il vit constamment avec cette stigmatisation ici. Tu as bien la réaction des occupants du bar lorsque tu as plaqué Naveen contre le comptoir, c’est toi qui a agit avec violence, mais c’est Naveen qui s’est attiré les regards outrés. Tu es peiné pour lui, parce qu’il ne mérite pas ça. Il a déjà traversé tant d’épreuves difficiles que pour toi, il n’a pas besoin de ça.
 
« - Oui, il suffit de les regarder pour comprendre qu’ils sont ignorants et qu’ils ont juste peur… de l’inconnu. Et… je suis désolé pour tout à l’heure. C’est à cause de moi… ces regards. Et vous en faites les frais.» dis-tu en baissant les yeux de honte avant de jeter un coup d’œil autour de vous « Et vous n’avez pas à me remercier, c’est ce qui a de plus normal.»
 
La culpabilité de Naveen ne partirait jamais totalement, tu en avais la certitude. Il allait devoir vivre avec et apprendre à avancer en acceptant leur disparition, et il se sentirait toujours un peu coupable, quoique tu dises. C’était malheureusement son fardeau et tu te demandais comment il pouvait faire a vivre avec. Toi, tu te serais probablement foutu en l’air, peu importe si ta religion condamnait cet acte.
 
« - Je ne sais pas. Disons que je n’ai jamais été très croyant mais…  Je pense que ceux qui ne sont plus là continue de nous voir, et veille sur nous en quelques sortes. » dis-je a mi-voix. « Est-ce que… est-ce que vous avez pu leur donner une sépulture ? Et Comment s'appelaient-ils, votre femme, vos enfants ?» demandes-tu gêné.
 
Parfois, la mer rendait les corps des miséreux aventuriers qui avaient rendus l’âme dans ses eaux, mais il arrivait que des corps ne soient jamais retrouvés. Dans tout les cas, peut-être que leur offrir une tombe permettrait à Naveen de mieux faire son deuil et d’avoir un endroit particulier ou se recueillir.
 
Naveen relève que tu n’es pas qu’un soldat. Pourtant, c’est la seule chose que tu connais, c’est ce que tu es.
 
« - Vraiment ? Si on enlève ça qu’est-ce qui reste ? Qu’est-ce que je suis? » souffles-tu en baissant les yeux, perdus. «  Je ne connais… que ça. » avoues-tu à mi-voix, insistant sur le que.
 
Tu avais passé la moitié de ta vie dans l’armée et tu n’avais que trente-et-un ans. Tu étais d’autant plus perdu que tu n’avais jamais songé à faire autre chose, on t’y avait envoyé de force et tu avais été formaté pour y rester et ne rien envisager d’autre, parce qu’on t’avait laissé croire que c’était ce qui était le mieux pour toi. Et toi, t’y avais cru. Tu payais désormais le prix de ton ignorance et de ta soumission aveugle. Il te fallait à présent repartir à zéro, et tu ne savais même pas si ça avait véritablement un sens. Tu le faisais parce que tu ne savais pas quoi faire d’autre, parce que tu voulais que les psys te laissent tranquille et que seul leur présenter un projet de vie leur ‘prouver’ que tu n’étais pas juste bon à être interné.
 
Naveen accepta de te prévenir en cas d’inconfort, ce qui te rassura. Tu ne voulais pas risquer de voir votre ‘relation’ naissante, ou peut importe le nom que cela pouvait avoir, s’éteindre a cause d’un malentendu.  Tu ne pouvais pas expliquer le bien que la seule présence de Naveen te procurait, c’était inexplicable, et il n’y avait aucun mot pour décrire votre lien. C’est d’ailleurs pour cela que lorsqu’il te proposa de laisser derrière votre première rencontre et de recommencer à zéro, tu acceptas.
 
« - C’est une bonne idée oui, recommençons. » souris-tu doucement.
 

Tu acceptas pour dissiper la gêne, mais au fond de toi, tu savais. Tu savais que c’était impossible d’oublier ton geste. D’oublier la courte sensation de tes lèvres sur les siennes. C’était ancré en toi et même l’alcool n’avait pas pu t’aider à oublier ça. Peut-être parce que Naveen était le premier homme que tu avais osé embrasser.  Mais dans tout les cas, tu ne pourrais pas oublier, quoique tu dises. Mais tu pouvais taire ce souvenir, le gardant seulement pour toi, c’était amplement suffisant.
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MessageSujet: Re: stripped the last coat of innocence (wyatt)   stripped the last coat of innocence (wyatt) EmptyVen 27 Oct 2017 - 4:56

Il n’avait pas besoin de ça, Naveen, non. Sauf qu’il allait devoir apprendre à vivre avec, parce que sa différence n’était pas prête de s’estomper, surtout pas dans un environnement où il était carrément seul contre tous, d’une certaine manière. Si Wyatt était la personne la plus propice à le comprendre, à pouvoir être un allié à sa cause, c’était certainement parce que le choix était limité. Pas que Wyatt ne pouvait pas comprendre, non, mais il demeurait un homme blanc, américain, envoyé dans les pays arabes que pour la guerre, en tant que militaire. On ne se rapprochait pas tellement de la réalité de Naveen. « Ce n’est pas à cause de vous, croyez-moi. La preuve : c’aurait été n’importe qui d’autre, par exemple le type là-bas, avec qui vous vous seriez battu … » Dit-il en pointant du regard un homme blanc, des plus banals, assis à une table un peu plus loin. « … Personne ne l’aurait dévisagé de la sorte. Alors certes, vous avez peut-être déclenché la situation, mais les regards, c’était moi. C’était ce que je suis. Et même là, ce n’est pas ma faute, non, c’est … quelque chose de bien plus grand, plus grand que vous, plus grand que moi. » Dit-il, accompagnant ses paroles de gestes de ses bras montrant la provenance de ce dédain, de cette haine, toute autour d’eux. « C’est la manière dont l’Occident perçoit le reste du monde, en se plaçant dans sa supériorité si confortable, jugeant les autres cultures comme s’il s’agissait de peuples reculés, en retard sur le temps. C’est l’ethnocentrisme. Les médias présentent les informations à travers ce prisme fermé, et les professeurs éduquent les enfants de la même manière, même si c’est inconscient. Tout ça, c’est ancré dans la société. J’aurais été bien naïf de croire que je pourrais arriver ici sans subir jour après jour les préjugés et les pensées raciales qu’on inculque trop facilement à ceux qui nous ressemblent, contre ceux qui ne nous ressemblent pas … » Débita Naveen, donnant l’impression de réciter des notes d’une capsule sociologique quelconque mais au fond, c’était simplement la triste réalité de ce monde. On ne voyait ce dernier qu’à travers les lunettes de nos propres origines, de notre propre ethnie. Il calma finalement son discours enflammé, pour laisser place à ses douloureux souvenirs noyés dans la mer, ce qui vint complètement éteindre tout embrasement. Il n’y avait de place que pour la tristesse, dorénavant. « Je suis croyant et pourtant … j’ai l’impression de ne pas savoir où ils sont. » Leurs corps étaient à la dérive, encore aujourd’hui, alors comment savoir si leurs âmes, leurs esprits, avaient trouvé leur chemin vers l’au-delà ? C’était dans les six croyances fondamentales de l’islam que de croire en la vie après la mort, mais Naveen sentait s’estomper peu à peu son espoir que sa femme et ses enfants puissent veiller sur lui à présent. « Ils n’ont jamais été retrouvés, et je n’ai jamais pu … même symboliquement, leur rendre hommage … Avant d’arriver ici, j’étais en Jordanie, à Zaatari, et croyez-moi, ça déborde tellement de vivants qu’on ne prend pas l’espace pour y enterrer les morts, même imaginaires. Et ici … » Il haussa les épaules. « Ce n’est pas leur place. » Ce n’était pas la sienne non plus, pour tout dire. « Ma femme s’appelait Amena, mes garçons Hayyan et Sami, puis ma fille … Maya. » Son cœur se serrait à chaque fois qu’il prononçait leurs prénoms à voix haute, même après près de trois ans. Il baissa le regard, sentant l’émotion menacer son équilibre jusque-là assez bien conservé, dans les circonstances. Il déglutit difficilement, portant sa tasse à ses lèvres pour boire du café, tentant de cacher son trouble, même s’il était évident qu’il transperçait tous ses efforts. Ils en revinrent finalement à Wyatt, enfin, laissant à Naveen un certain retour au calme, même si la discussion n’avait toujours rien d’apaisante. L’ancien militaire se remettait en question, voyant que son identité ne tenait qu’à une sphère de sa vie, celle dont il aurait voulu se détacher, visiblement. « Je ne vous connais pas, Wyatt. Pas assez pour vous dire ce que vous êtes, qui vous êtes. Mais je suis persuadé que ce n’est pas que ça. Si c’était le cas, nous ne serions tous qu’une seule et unique chose. Je ne serais qu’un réfugié, prisonnier à jamais d’un rôle qui ne me définit pas. C’est la même chose pour vous. » Et sur ces paroles qui, déjà, laissaient entrevoir une certaine trêve, puisque Naveen semblait être prêt à admettre que Wyatt n’avait pas à être vu que comme un soldat, pas par les autres et surtout pas par lui, les deux hommes conclurent qu’était venu le temps de recommencer. Sur de meilleures bases. Naveen esquissa un sourire, hocha la tête, même si au fond de lui, il savait, lui aussi. Il savait que c’était impossible d’oublier le geste de Wyatt. D’oublier la courte sensation de ses lèvres sur les siennes. C’était ancré en lui, ce tout premier geste d’affection qu’on avait daigné lui offrir depuis tellement longtemps. Depuis la mort de sa femme, depuis qu’on lui avait arraché son amour, ce baiser était le plus proche de ce qui se rapprochait de ce sentiment oublié. Et maintenant que ce dernier était réveillé, il ne semblait pas enclin à retourner sommeiller.
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