Un peu de soutien.

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Suivre les cours en anglais n’est finalement pas bien compliqué, je m’en sors bien de ce côté-là. En revanche, même si ça fait un mois que j’ai repris la direction de l’école, j’ai eu plusieurs avertissements pour mauvais comportement. Rien de bien étonnant au final. J’suis pas loin du blâme, et si je ne me calme pas, je risque de me faire renvoyer du lycée. Pour le moment, la seule chose qui me sauve du renvoi, c’est mes bonnes notes et le fait que j’ai intégré l’équipe de football du lycée. La bonne nouvelle toutefois, c’est que j’ai réussi à m’intégrer un peu dans ma classe, ce qui relève de l’exploit.

La cloche sonne, annonçant la fin des cours. Je me faufiles dans le couloir grouillant d’élèves et je me hâtes vers l’extérieur. Devant le lycée, je prends la direction du quartier résidentiel, mais pas celui ou je habite. Je suis la route qui mène à l’appartement de Fleur afin de lui rendre visite. Depuis que je sais qu’elle est malade, j’essaye de la voir régulièrement afin de lui tenir compagnie. Parfois, j’en profite d’être sur le chemin pour lui faire une course. Aujourd’hui, elle n’a besoin de rien, alors je trace ta route, m’arrêtant juste au coin de la rue du quartier pour lui ramener une petite pâtisserie.

Tu frappes à sa porte, et tu attends qu’elle t’ouvre te demandant si c’est un de ses bons jours ou pas.

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Depuis quelques jours, Fleur allait mieux. La fatigue était malheureusement encore très présente du fait des séances de chimiothérapie qui attaquaient son organisme. Néanmoins elle avait la chance d'avoir le soutien de tous ces proches. Son ami Jim lui rendait régulièrement visite, ainsi que son amie Tahlia. Léo lui envoyait des messages quasi tous les jours. Sa mère l'appelait en visio chaque matin. Ses pères l'aidaient à faire toutes les démarches administratives afin qu'elle soit au mieux couverte légalement et financièrement. Maxwell, lui, l'aidait pour absolument tout dans sa vie quotidienne. Il était son pilier.

Aujourd'hui elle était ravie d'avoir la visite de son petit protégé Maxim. Maxim était un jeune garçon français, dont elle avait rencontré à la bibliothèque. Elle s'était éprise d'affection pour lui. Si autrefois elle voulait tant le couver sous ses ailes, maintenant c'était Maxim qui prenait soin d'elle. Quand elle avait besoin d'un service, elle savait qu'elle pouvait compter sur lui. Mais pour le moment elle n'avait besoin de rien, hormis un peu de présence car quand Maxwell travaillait elle s'ennuyait un peu toute seule à la maison.

Des toquements à la porte lui annonçaient que Maxim était arrivé. Il lui avait envoyé un message, ce qui lui avait laissé le temps de mieux replacer sa perruque. Même si ses cheveux repoussaient, Fleur appréhendait le regard de ses proches. Elle ouvrit donc la porte, joliment coiffée. 《 Salut toi! Tu vas bien? Tu as déjà terminé les cours? 》 lui demanda-t-elle étonnée. Elle connaissait le tempérament rebel de son protégé et elle espérait surtout qu'il n'ait pas séché les cours pour lui rendre visite.

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A Bowen, Fleur était la personne dont j’étais le plus proche. Elle m’avait tendu la main à mon arrivée, alors que j’étais complètement paumé dans cette ville, loin de chez moi. Elle m’avait conseillé comme une sœur l’aurait fait, elle m’avait poussé à ‘revenir’ dans le droit chemin comme ma mère l’aurait fait. Sans qu’elle ne le sache, je lui devais beaucoup. Ici, c’était un peu mon pilier et lorsque j’avais découvert que la maladie la rongée, j’étais parti dans les bois, et j’avais pleuré. Bien sur, je ne l’avais dis à personne. Par fierté, par pudeur, parce que je ne me sentais pas le droit de pleurer, parce que personne n’aurait compris que moi, le petit con puisse m’être attaché à quelqu’un comme je l’avais fait avec Fleur.

J’essayais d’être là pour elle, comme elle l’avait été pour moi. Parce qu’au fond, sa servait à ça les amis, et que je lui devais tant. Aujourd’hui, je profitais que le dernier cours de la journée soit annulé pour lui rendre visite. Après un rapide message pour lui demander si elle avait besoin de quelque chose et la permission de venir là voir, j’étais devant chez elle. J’avais bien remarqué que sa chevelure était différente de l’ancienne et j’avais reconnu là, une perruque, mais je n’avais rien dit, je faisais comme si ne rien était. En fait, je n’acceptais pas sa maladie, c’était égoïste, mais j’avais déjà perdu mes parents et je ne pouvais pas me résoudre à me dire que celle que je considérais le plus comme une sœur était gravement malade. Alors mon esprit refusait d’accepté et faisait mine de ne pas voir les symptomes.

« - Salut ! » m’exclamais-je en souriant alors qu’elle venait d’ouvrir la porte.

Je fis quelques pas à l’intérieur alors qu’elle me demandait aussitôt si j’avais vraiment fini les cours. Je roulais des yeux avant de soupirer bruyamment.

« - Mais non, j’ai séché, l’histoire australienne c’est tellement chiant. » lui balançais-je sur un ton sérieux. « Mais non je déconne ! La prof est malade » dis-tu aussitôt en éclatant de rire. « Tu veux peut-être appelé le lycée pour vérifier ‘Maman’ » la taquines-tu en posant ton sac près de la porte. « Alors, tu vas bien toi ? Tu as bonne mine en tout cas ! » lui dis-tu avec optimisme, faisant complètement abstraction de ses cernes et de sa peau pâle.

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Oh non, il n'avait tout de même pas sécher les cours pour la voir? Le visage de Fleur se décomposa avant de grimacer. C'était une blague. 《 Très drôle! 》 répliqua-t-elle en faisant une drôle de moue. Il était impertinent son poulain. Elle n'avait pas conscience qu'elle le maternait un peu trop. N'ayant jamais eu la chance d'avoir un petit frère, elle considérait Maxim comme tel. Difficile d'expliquer comment ce sentiment d'affection est né.

Il prétendait que Fleur avait bonne mine. La naïve Fleur fut réconfortée. 《 Oh merci! Parce que j'ai l'impression de ressembler à un zombi! lui avoua-t-elle à moitié sérieuse, moitié amusée. Pourtant ses cernes marquées ne pouvaient montrer le contraire. Elle était épuisée. C'est fou le temps qu'elle passait sur son canapé, à s'assoupir devant des feuilletons d'amour. 《 Je te laisse te servir à boire je vais m'allonger un peu.》 elle se sentait fatiguée, encore . Elle se dirigea dans le salon pour se poser.

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Fleur n’a pas tellement le sens de l’humour lorsque ça concerne l’école. Mais je ne lui en veux pas, loin de là. Mon éducation lui tiens à cœur, et c’est bien la seule d’ailleurs. Fleur est pour moi, ce qui se rapproche le plus à une sœur, parfois même à une mère. Elle est tellement maternelle et c’est loin d’être un reproche, bien au contraire. Je ne sais pas trop comment expliquer notre complicité. Comment nous en sommes arrivés à autant nous apprécier, mais nous en sommes là, et elle est de loin la meilleure rencontre qui m’a été donnée de faire ici, à Bowen. « Je sais, je sais. J’ai l’âme d’un comique. » lâchais-je avec un grand sourire angélique.

J’ai bien remarqué qu’elle a des cernes énormes. Elle est loin de péter la forme comme lorsque nous nous sommes rencontrer pour la première fois. Elle ferait probablement peur à une colonie de zombie à elle toute seule. Toutefois, je l’ai déjà vu pire depuis qu’elle lutte contre son cancer. Certaines fois, elle supporte moins bien la chimiothérapie que d’autres fois, mais je me vois mal lui balancer quelque chose comme ‘Oh putain la tronche que tu te paies’ en arrivant. Ça ne se fait pas, et je veux pas lui plomber le moral. Ca remarque me fait sourire et je garde le silence alors que durant un instant j’ai voulu lui dire que je plaisantais aussi. Je serai vache de lui sortir ça. « Non, tu n’en es pas encore à ce stade aujourd’hui ! » la taquinais-je quand même. Parce que si je la taquine pas un minimum, elle va se douter aussi que y a un problème dans ce que je dis.

Une fois rentrer, elle m’invite à me servir un verre, comme toujours. Elle se dirige vers le canapé ou elle s’assieds sous mon regard inquiet. Je déteste la voir ainsi, malade. Je ne vais pas de suite vers la cuisine je lui demande d’abord. « Tu veux boire quoi toi ? Et dis pas rien parce que je te lâcherais pas… D’ailleurs, tu as mangé quelque chose aujourd’hui ? » lui demandais-je inquiet pour elle. C’est étrange, j’ai parfois l’impression d’être le frère protecteur, alors que j’suis pourtant qu’un gamin insolent et casse-cou. La compagnie de Fleur me fait plus de bien qu’on pourrait le croire, même si j’en perds pas mon humour de merde et mon caractère immature souvent.

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Certes, Fleur sur-protégeait Maxim (surtout en ce qu'il concernait son avenir que ce soit scolaire ou non). À dire vrai, c'était plus fort qu'elle. Elle avait ce curieux sentiment de le materner et de le chérir comme si il était un membre de sa famille. Allez savoir si c'était parce qu'il était lui aussi français, en tout cas, il lui a toujours été familier. D'ailleurs si elle apprenait par un heureux hasard qu'ils aient un lien parenté, cela ne la surprendrait pas.

À présent, Maxim prenait soin d'elle. Il venait la voir, la réconfortait, lui apportait du soutien tout simplement. Il la rassura en prétendant qu'elle n'était pas à ce stade de ressembler à un zombi. La chimiothérapie l'avait affaiblie autant moralement que physiquement. 《 Pas encore... 》 les mots lui ont échappé. Elle eut un regard triste et un timide sourire. Maxim n'était plus un enfant. Il avait perdu ses parents et cette épreuve lui a forgé une carapace en béton. Néanmoins elle voulait le préserver d'une nouvelle perte. Si elle quittait ce monde, elle sait que ce serait un nouveau coup dur pour lui. C'est pourquoi elle s'inquiétait de ce qu'il pouvait ressentir. 《 Maintenant c'est toi qui t'occupes de moi?》 plaisanta-t-elle. Le comble pour une grande sœur. Elle faisait une piètre grande soeur, oui! 《 Je veux bien un thé. 》 continua-t-elle de dire pour éviter sa question. Il est vrai qu'elle ne mangeait pas beaucoup, au grand désespoir de tous ses proches. Habituée à être une grosse gourmande, Fleur n'avait plus d'appétit. Était-ce le cancer? La chimiothérapie? La baisse de moral? Sans doute un mélange des trois.

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Depuis que Fleur m’a annoncé qu’elle avait un cancer, je redoute le pire. Elle est pour moi la sœur que je n’ai jamais eu et rien qu’à l’idée que je pourrais la perdre, je ne le supporte pas. Alors, je fais comme si elle n’avait rien, comme si je ne voyais pas ses traits fatigués et tirés au possible. Comme si je ne voyais pas les cernes et les joues creusaient qu’elle affichait désormais. Comme si je ne voyais pas qu’elle portait une perruque. Comme si je ne voyais pas qu’elle était vraiment malade. Parce que si je ne le voyais pas, ça voulait dire qu’elle allait bien. Malgré tout, mon comportement protecteur et avenant contrastait avec mon comportement habituel, montrant que j’étais conscient de ce qui arrivait à Fleur, sans pour autant l’accepter. Au-delà de mon changement de comportement, je n’exprimais aucun sentiment quelconque, taisant mon inquiétude et ma peur, la refoulant en moi.

C’est pour ça que, lorsque je l’entends marmonner « pas encore », je la regarde intensément, en silence. Je n’aime quand elle parle comme ça. Je préfère qu’elle reste optimiste même si c’est par moment difficile. Maman disait souvent que pour guérir, il fallait aussi que le malade y croit et le veuille, restant optimisme au rétablissement. Mes lèvres s’étirent doucement et un sourire en coin se dessine à sa seconde remarque.

« - Et pourquoi pas ? » lui fis-je remarqué, « Je ne vois pas ou est le problème. »

Elle m’avait accueilli à bras ouvert, donnant de son temps et de sa personne lorsque j’étais arrivé à Bowen après le drame que j’avais vécu en France. Elle était celle qui m’avait fait comprendre que j’avais aussi ma place ici et que je ne devais pas non plus foutre mon avenir en l’air juste par volonté de contradiction avec Eibell. Fleur avait été ma voix de la sagesse et m’avait fait comprendre que malgré le décès de mes parents, la vie continuait et que si je poursuivais mes frasques, je pourrais m’asseoir sur mes rêves et les objectifs que je m’étais fixés depuis longtemps. Encore maintenant, même avec sa maladie, elle était là pour moi, toujours avec cette oreille attentive qui la rendait si importante à mes yeux.

« - Je te fais ça de suite ! » dis-je en partant vers la cuisine.

Je m’affairais à lui préparer son thé alors que je me servais un verre de jus de fruit que je posais sur un plateau. J’avais pris mes repères ici, et je savais donc ou se trouvait le nécessaire pour le thé mais aussi d’autres choses, comme les petits paquets de gâteaux. D’ailleurs, j’en pris un que je disposais sur le petit plateau qui n’attendait plus que l’eau bouillante dans la tasse toujours vide. Je rempli la petite boule à thè et je la disposait dans la tasse. Une fois celle-ci rempli de l’eau bien chaude, je revins dans le salon avec le plateau que je posais sur la petite table basse.

« - Je t’ai pris de quoi grignoter aussi, et ce n’est pas négociable. » lui dis-je en lui faisant un sourire angélique.

Je m’assieds donc sur le sofa à ses côtés après lui avoir donné sa tasse de thé fumante.

« - Tu n’es pas sorti aujourd’hui ? » lui demandais-je toujours inquiet pour sa santé, malgré mes tentatives pour le cacher.

Il était hors de question que Fleur reste sans sortir, ce n'était pas bon pour son moral et je ne voulais pas qu'elle soit plus déprimée. Quoi de mieux qu'une bonne dose de soleil pour remonter le moral?

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Maxim ne voyait pas le problème, mais elle, si. Fleur n'appréciait pas le fait de se sentir assistée. Surtout par un garçon plus jeune qu'elle; un garçon dont elle aimerait prendre soin. Néanmoins elle baissait les armes et gardait le silence. La vérité, c'était qu'elle en était reconnaissante. "Je ne peux rien te refuser, pas vrai?" lui dit-elle un sourire malicieux aux lèvres. En attendant que son thé refroidisse, et devant l'oeil attentif de Maxim, elle prit un biscuit.

Assis l'un à côté de l'autre, Maxim lui demanda si elle était sortie aujourd'hui. Fleur fit une triste moue. Elle n'allait pas lui mentir. "Non, je suis un peu fatiguée." -Un peu- était un doux euphémisme. La chimiothérapie l'affaiblissait tellement que faire les courses devenait une tâche trop difficile. Seulement elle n'avait pas envie d'attrister davantage son poulain adoré. "Sinon, qu'est-ce-que tu me racontes de beau? Comment se passent tes cours? Eibell te mène toujours la vie dure?" lui demanda-t-elle avec plus d'enthousiasme.

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La douceur de Fleur me fait du bien. Je ne peux que lui sourire, heureux de pouvoir passer un peu de temps avec elle. J’ai remarqué que Fleur a un comportement très maternel avec moi et je ne la repousse pas. Bien au contraire, j’aime ce lien que nous avons tissé sans même pouvoir l’expliquer. « Normal ! J’ai une gueule d’ange. » dis-je en français, souriant innocemment. Avec Fleur, je parlais presque que français. J’avais la chance de pouvoir discuter dans ma langue maternelle même ici, alors j’en profiter un maximum.

J’ai bien vu que Fleur n’est pas en grande forme, même si j’ai laissé supposé le contraire. J’ai cette volonté de faire abstraction de sa maladie, comme si c’était juste un mauvais rêve. J’ai tellement peur que son état s’aggrave que je ne veux pas l’inquiéter plus que nécessaire. Tu soupires quand même, déçu qu’elle n’ait pas pris un peu l’air. « ça t’aurait fait du bien pourtant. Demain, après les cours, ont peut aller promener les chiens sur la plage, qu’est-ce que tu en dis ? » demandes-tu avec espoir de la faire sortir un peu de l’appartement.

Elle déviât la conversation sur moi, comme bien souvent. J’ai l’impression qu’elle ne veut pas que je m’inquiète pour elle, mais c’est loupé pourtant. J’hausse les épaules tout en répondant sur un ton indifférent « ça va, je me débrouille » lui dis-tu sans rentrer dans les détails. J’avais dans l’ensemble de très bonnes notes, exceptées pour deux matières, mais rien d'alarmant puisque j'avais la moyenne. Mais je ne voulais pas que Fleur se préoccupe de ça. Quoique, à bien y réfléchir, lorsqu’elle me demanda par rapport à Eibell, j’aurai préféré garder la conversation orientée sur le lycée.

Je n’avais pas dis la vérité à Fleur. Elle ignorait que j’étais officiellement un Sans-Domicile-Fixe. Je squattais le vieux phare abandonné de la falaise, au dessus de la plage principale de Bowen. Ce lieu étant désertique, j’y avais trouvé un abri plus ou moins sur. La journée, Lokhen veillait sur nos affaires pendant que j’étais en cours, je me douchais tôt le matin, aux douches publiques de la plage et personne n’en savait rien.

Je baissais les yeux, peu désireux d’aborder le sujet. Je ne voulais pas mentir à Fleur, elle ne méritait pas ça. Mais je ne voulais pas non plus qu’elle s’inquiète pour moi dans son état. Alors je préférais lui cacher ça pour son propre bien. « Comme d’hab. » mentis-je à mi-voix, restant évasif, le regard fuyant. « De toute façon, c’est pas important. » ajoutais-je, désireux de changer de sujet pour ne pas avoir à mentir d’avantage à la jeune femme. « Ton copain rentre quand d’ailleurs ? » demandes-tu pour dévier la conversation, le regard toujours un peu fuyant.

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Face à la détermination de Maxim, Fleur se sentit touchée. "Oui on pourrait faire ça."répondit-elle poliment, avec un sourire timide. Car au fond, elle savait que cette promenade risque de lui faire l'effet d'un marathon. D'autre part elle doit bien avouer qu'elle ne ressentait plus l'envie de sortir. Bien au contraire, parfois elle voudrait même se couper du monde et s'oublier. Heureusement que ses proches la poussaient vers le haut et lui changeaient les idées. Tous se focalisaient sur son bien-être. Tandis qu'elle, voulait se focaliser sur le leur. Comme pour Maxim. Fleur se demandait si les cours se passaient bien, ainsi que sa nouvelle vie avec sa mère biologique. Sans surprise, il resta vague. "Mais si, c'est important." insista-t-elle avec sa gentillesse habituelle. Elle le voyait bien s'échapper de ce sujet de conversation. Un sujet fâcheux. " Il termine les cours à 16h." répondit Fleur, à la question quand Maxwell allait rentrer à la maison. Maxwell est enseignant. Par ailleurs, il se pouvait qu'il aille voir sa soeur avant. Fleur n'était pas du genre à l'attendre de pied ferme, bien qu'elle se faisait une joie quand elle l'entendait passer le pas de la porte. "Tu veux dîner avec nous, ce soir? " lui proposa-t-elle. "Ou peut-être que tu as prévu quelque chose avec Eibell..." s'aventura-t-elle de demander. Oui, elle s'entête. Mais elle s'intéresse à ce qu'il se passe dans la vie de son protégé.

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Je voyais bien que Fleur n’était pas bien. J’avais l’impression que chacune de ses paroles la fatiguaient, comme si respirer devenait une épreuve pour elle. Alors qu’est-ce qu’une promenade allait donner ? Pourrait-elle seulement s’aventurer devant chez elle sans avoir l’impression de gravir le Kilimandjaro ? Je souris pour ne pas lui montrer mes inquiétudes à son sujet, mais j’étais pétrifié à l’idée de la perdre, la seule personne pour qui j’avais de la considération ici et avec qui je m’étais lié. « On essayera, si tu veux, je peux aller te chercher un fauteuil roulant » lui proposais-je après un instant de réflexion. Même si Fleur avait toutes ses capacités physiques, c’était le meilleur moyen pour qu’elle ne se fatigue pas trop en s’aventurant dehors. Pourtant, je doutais fortement qu’elle accepte cette solution là.

Bien entendu, Fleur insista pour en savoir plus à propos de ma relation avec Eibell, mais je restais muet comme une tombe. Je ne pouvais pas lui dire que j’avais finalement fugué et que je squattais un vieux phare abandonné depuis, ou que je prenais mes douches tôt le matin ou tard le soir en utilisant les douches publiques de la plage. Fleur avait déjà suffisamment de problèmes avec sa santé, je n’allais pas l’inquiéter en plus avec ma fugue. Pourtant, je ne voulais pas lui mentir. « Je n’ai pas envie de parler d’Eibell. » soupirais-je en espérant qu’elle abandonne.

Maxwell finissait les cours dans pas longtemps alors, il ne tarderait donc pas à rentrer, et je ne voulais pas les déranger lorsqu’ils étaient tous les deux. Fleur me proposa de rester manger avec eux et enchaîna aussitôt sur Eibell ce qui me fit pousser un nouveau soupir. Si la conversation revenait toujours sur elle, je ne pourrais pas esquiver le sujet ou le détourner à chaque coup. « Je ne vis plus chez Eibell. » balançais-je violemment en me levant du canapé ou je m’étais assis après avoir amené le plateau à Eibell. Je trouvais refuge près de la fenêtre, n’ayant pas le cœur à faire face à Fleur. Je sentais que mon aveu n’allait pas la ravir, et j’attendais donc avec appréhension sa réaction.

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Faire face à la réalité n'a jamais été le fort de Fleur. Pour quelconque obstacle de sa vie, elle se réfugiait dans son optimisme. Mais lorsque son cancer a fait surface, cela lui a fait l'effet d'une gifle en pleine figure. Paraylisée par la peur, par la mort, elle a d'abord nié. Puis elle s'est rendue à l'évidence. Tout ne tient qu'à un fil. Un jour, elle se sent bien. Un autre, elle peine à sortir de son canapé. Voilà pourquoi Fleur montrait tant de réticences à une simple promenade au bord de la plage. Maxim était plein bonnes volontés, ce qui la toucha. "C'est gentil, c'est une bonne idée." dit-elle avec un faible sourire. A vrai dire, elle n'était pas très enchantée par cette initiative. Le regard apitoyant des gens autour d'elle la rendait triste.

Cependant elle se devait de continuer à... vivre. Tout simplement. Fleur appréciait pouvoir parler à ses amis, à s'intéresser à leur train-train quotidien. Elle s'inquiétait davantage à la situation de Maxim, qui vivait en conflit perpetuel avec sa mère biologique. Il l'avait retrouvé par une contrainte tragique, après la perte de ses parents adoptifs. Fleur soupçonnait qu'il accusait Eibell, sa mère, de leurs morts. Le sujet était délicat. Une fois de plus, Maxim fut catégorique. Il ne voulait pas parler d'elle. Fleur respecta son choix par une pause silencieuse. Une pause qui s'avéra efficace car Maxim fit un aveu surprenant. Il ne vivait plus chez elle. Stupéfaite, Fleur s'arrêta de mâcher son biscuit "Tu, quoi?" lâcha-t-elle la bouche pleine. "Qu'est-ce-qu'il s'est passé?" demanda-t-elle en déposant le reste de son biscuit sur le coin de la table.

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Je m'attendais à ce qu'elle refuse ma proposition. Se promener en fauteuil roulant devait être une nouvelle épreuve pour elle. Quand bien même personne n'allait la dévisager, elle en aurait probablement l'impression, c'est le problème quand on fait une vocation sur un truc. « Ne t'en fait pas Fleur, tu seras trop occupée a profiter de ta promenade pour penser à autre chose. Et puis, ça fait longtemps qu'on a pas promené nos chiens ensemble ! » lancais-je joyeusement pour lui faire oublier ses tracas. Rester optimiste c'était ce que je m'étais promis en présence de Fleur pour qu'elle puisse garder le moral.

Enfin, c'était le cas jusqu'à la mention d'Eibell. Fleur connaissait un peu mon histoire, même si je n'étais pas rentré dans les grandes lignes non plus. Elle avait donc connaissance de mon animosité envers ma mère biologique. Je regrettai donc de lui avoir avouer que j'étais parti, a peine les mots prononcés. « On s'est engueulé et j'ai compris que ça ne le ferait pas. Mais ne t'en fait pas pour ça d'accord ? Et puis… ton thé va refroidir ! » lui souris-je sur un ton enjoué. « Et sinon, t’es séances de chimio ça va ? » lui demandais-je la gorge nouée, redoutant la réponse.

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Maxim sembla avoir compris les craintes de Fleur car il la rassura. Elle montra sa reconnaissance avec un faible sourire. Un sourire qu'elle ne garda pas longtemps en apprenant une choquante nouvelle. Maxim n'habitait plus avec Eibell, sa mère biologique. Avait-il fugué? Que s'était-t-il passé pour que la situation dérape autant? "Non, non, bien sûr que je m'en fais!" elle était tellement inquiète qu'elle en ignora complètement sa question concernant ses séances de chimiothérapie. Ce sujet était bien plus important. "Maxim, tu as toutes les raisons du monde d'être en colère." commença-t-elle par dire avec douceur. Elle prit ensuite sa main et le regarda d'un air suppliant. "Mais pourquoi tu ne veux pas m'en parler?" lui demanda-t-elle. Elle ne sait pas si elle pouvait l'aider mais du moins elle aimerait essayer de le faire. D'autre part, elle aimerait comprendre pourquoi cet acharnement contre sa mère? Certes, il devait lui en vouloir de l'avoir abandonné. Mais parfois, Fleur avait le sentiment que Maxim reprochait à Eibell la mort de ses parents. Bien que cela soit compréhensif, il reposait toute cette culpabilité envers elle.

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Je ne voulais pas lui dire. Je savais que dès l’instant ou je lui révèlerai que je m’étais enfui de chez Eibell, Fleur se mettrait dans une situation de stress. Je voulais lui éviter ça pour le bien de sa santé. « Y a pas de raison Fleur, tu as d’autres préoccupations, ne t’en fait pas pour moi. » lui souris-je d’un air confiant pour la rassurer. « Ce n’est même plus de la colère Fleur, à ce stade c’est de la haine que j’éprouve pour elle. Mais… J’ai décidé d’aller de l’avant. Je me débrouille seul. La preuve, c’est pas grâce à elle que je suis retourner à l’école… » lui révélais-je avec douceur en serrant sa main dans la mienne pour la réconforter. « Et ce n’est pas que je veux pas t’en parler, c’est qu’il n’y a rien à dire. » fis-je en haussant les épaules. « Mais si tu tiens à savoir on s’est engueulés alors que je lui demande ce qui c’était réellement passé concernant la mort de mes parents. Elle m’a dit sans ciller qu’elle n’hésiterait pas à me mentir et elle a menaçait de m’enlever Lokhen, alors je me suis barré. » lui résumais-je grossièrement. Je passais évidemment le fait que je l’avais insulté de tous les noms, sachant pertinemment que Fleur ne cautionnerait pas mon comportement. Je lui souris en lui tenant la main « Ne t’en fait pas Fleur, préoccupes-toi seulement de ta guérison, d’accord ? » lui demandais-je presque suppliant. Pour moi, la santé de Fleur était bien plus importante que mes différents avec Eibell.

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