trying just to figure it out -r.

Alek t'avait envoyé un message, tu n'avais pas eu de ses nouvelles depuis plusieurs jours. De toute façon tu pouvais dire que tu ne te souvenais pas de la dernière fois que tu l'avais vu puisque tu étais amnésique. Il te proposait de le retrouver sur la plage pour bronzer, passer du bon temps et discuter, tu acceptais en lui signalant que tu finissais bientôt à la boutique. Et lorsque ce fut fait, tu attrapais ton sac en filant tout droit à la plage, grâce à ta trottinette. Tu mis un peu de temps à le trouver parce qu'il y avait pas mal de monde aujourd'hui, même en hiver, il faisait beau à Bowen et la plage n'était jamais déserte. « Un jour t'arrêteras-tu de fumer ces cochonneries ? » Tu venais déposer un baiser sur sa joue avant d'étendre ta serviette et de t'installer à côté de lui. Il en profitait pour te proposer de prendre une bouffée et tu secouais vivement la tête en signe de protestation. Tu n'avais pas touché une seule fois à la clope et aux drogues en tout genre, ton seul vice c'était le poker avec un bon verre de whisky - qui te durait parfois toute la soirée tellement tu étais peu habituée à boire ce genre d'alcool - alors ce n'était pas aujourd'hui que tu allais t'y mettre, surtout quand tu essayais de faire sortir Alek de tout ça. « Tu vas finir par chopper un cancer et il sera pas joli, tu sais ça ? » Tu ne voulais pas le faire flipper, loin de toi cette idée et tu savais déjà ce qu'il pourrait répondre. Il n'y avait pas besoin de ça pour développer un cancer, le monde entier était malade. Tout de même, tu essayais, te disant qu'un beau jour, il aurait peut-être une prise de conscience. Tu ne voulais pas non plus agir comme l'amie reloue qui se prend pour sa mère, il devait déjà avoir assez de sa soeur sur le dos pour que tu t'y mette toi aussi. Tu voulais aborder une méthode plus cool et plus douce, pour le moment, ce n'était pas vraiment efficace. Mais ce n'était pas une raison pour abandonner.

Non, ça ne t'étonnait pas, pourquoi ça le ferait ? Depuis que tu le connaissais, il était comme ça et tu voulais essayer de le changer mais parfois tu avais le sentiment de le faire en vain. Tant qu'il ne serait pas décidé à changer, tu ne pourrais pas lui forcer la main et tu pouvais peut-être prendre le risque de lui confisquer tout ce qu'il avait sur lui, mais il trouverait sûrement le moyen d'en retrouver ailleurs, d'en acheter. C'était si simple de nos jours, il fallait juste avoir un bon contact, ce n'était pas tellement sorcier. Surtout sur le campus universitaire puisque tu ne pouvais pas faire un pas sans sentir l'odeur de la weed un peu partout. Ce qui était relativement dingue quand on y pensait. « Tu peux mourir de vieillesse et en bonne santé comme moi ! » proposais-tu doucement avec un immense sourire sur le visage. Tu faisais peut-être du sport et tu mangeais sainement mais tu étais une fumeuse passive et de là à ce qu'on te découvre un cancer du poumon, ça ne serait pas impossible. Et puis, tu n'étais pas vraiment en bonne santé, tu perdais la mémoire chaque jour et tu étais incapable de savoir ce que tu faisais de tes journées à moins de le noter quelque part pour dire d'en avoir une trace. Ce n'était pas non plus le rêve. « Comment tu vas sinon ? » Tu retirais alors tes vêtements pour faire apparaître ton maillot de bain, après tout vous étiez bien sur la plage pour faire bronzette, un petit plouf et savourer un cocktail au bar une fois que vous en aurez marre de vous prélassez et que vous voudrez passer à autre chose. « D'ailleurs, tu bosses jamais toi ? » demandais-tu avec un fin sourire parce qu'à chaque fois que tu suivais ton actualité sur les réseaux sociaux, tu voyais une photo d'Alek soit en train de boire, de profiter du soleil ou de fumer quoique ce soit parce que sur une photo, tu pouvais très difficilement différencier un joint d'une roulée alors qu'en vrai, l'odeur guidait pas mal ton choix.

Alek ne répondait rien mais tu savais qu'il avait entendu ce que tu lui disais. Même s'il ne suivait pas tes conseils, il prenait au moins la peine de t'écouter, ce qui n'était pas déplaisant. Surtout pour toi qui devait te répéter à chaque fois que tu le voyais. « Un peu fatiguée. » Tu soufflais doucement, essayant de réprimer un bâillement en même temps, tu devais avoir une tête bien drôle sur le moment parce que ce n'était pas évidement de souffler et bailler sans avoir l'air de faire une grimace. Ce qui n'était pas gênant puisque tu étais avec Alek et que ce n'était pas lui qui allait se moquer de toi. « Je vois qu’il y en a qui ont la belle vie. » Tu étais un peu envieuse de sa charge, tu aimerais bien pouvoir te la couler aussi douce que lui et même si tu n'avais pas un métier aussi fatiguant que lui - parce qu'être barman ce n'était pas de tout repos, il passait son temps à être debout, il devait connaître par coeur tous les cocktails qui existaient pour pouvoir les reproduire à n'importe quelle heure de la soirée et il devait aussi écouter les clients s’épancher sur leurs problèmes personnelles - mais le tien était quand même pas mal productif.  « Hé bien, le rythme est un peu soutenu, on voit que la fin d’année approche à grands pas ! Et on a pas mal de commande pour des montres à gousset, ça fait un travail de dingue. » Tu devais revoir le mécanisme d'au moins cinq montres en une heure et quand ça ne fonctionnait pas, tu devais tout démonter et ça devenait très minutieux mais c'est ce que tu aimais faire. « Et tu as vu Effy d’ailleurs ? Je lui ai envoyé un message et je n’ai pas encore eu de ses nouvelles. » demandais-tu doucement. Tu avais préparé ta liste de questions ou de choses à lui dire parce que tu n'avais pas de mémoire et que si tu ne le notais pas, tu ne pourrais pas le lui demander. Tu avais vérifié ton téléphone juste avant de venir pour être sûre de ne toujours pas avoir de réponse et pour être sûre aussi de l'endroit où il t'avait donné rendez-vous.

Il comprenait ce que tu lui disais. Il ne le vivait peut-être pas mais il devait en avoir un assez épuisant, il vivait de nuit et hibernait le jour. Il en profitait sûrement plus que toi des grasses matinées et du soleil sur l’an plage. Alors que toi, quand tu rentrais après le boulot, tu étais souvent fatiguée et tu te retrouvais comme une vieille mamie sous une polaire en pyjama avec un plateau télé pendant que lui sert des verres à toute vitesse. Autant dire que malgré votre amitié, vous étiez tellement différents. Tu faisais enfant sage et prude sur les bords mais c’est parce que tu te laissais moins aller qu’Alek ou même qu’Effy. Quand tu sortais avec les deux, tu étais plutôt vu comme la Sam du groupe parce que ce n'était pas eux qui seraient raisonnables. Mais c’est aussi ça que tu aimais puisqu’en leur compagnie tu pouvais te laisser un peu aller. Tu savais que tu pouvais profiter, ils étaient là pour veiller sur toi. « Elle doit avoir trouvé de la compagnie, être défoncée ou alors avoir un gros projet pour ses études. » Après elle pouvait avoir aussi simplement perdu son téléphone, elle a pu te prévenir, et toi avoir oublié. Mais si c'était aussi simple que ça, Alek te l’aurait sûrement dit. Sauf s’il est tête en l’air, il avait peut-être des choses qui le préoccupaient. Tu n’allais pas tarder à le savoir. « Quoi de beau sinon ? » demandais-tu avec un charmant sourire, tu avais levé le visage vers le soleil. Les lunettes sur le nez, tu profitais de la chaleur des rayons et du bien que ça te faisait d’être là.

Mathilda était ton point d'ancrage, la personne sur qui tu pourrais toujours compter quoi qu'il arrive. Elle faisait attention à toi, comme ta soeur pouvait le faire même si c'était encore plus poussé car elle te faisait des leçons de moral tout le temps, comme maintenant et sur ta façon de nourrir tes poumons de nicotine principalement. Cela te faisait rire, beaucoup rire. Car elle faisait attention à toi et tu trouvais ça touchant. Lorsque vous parliez d'Effy, tu avais un petit pincement au coeur car cela faisait longtemps que tu n'avais pas vu la jeune femme et qu'elle te manquait énormément. Alors tu souris tristement avant de lui répondre. « Surement » dis-tu simplement en haussant les épaules, car tu ne voulais pas t'attarder sur le sujet non plus. La jeune femme te demanda alors ce qu'il y avait de nouveau dans ta vie. Tu ne savais pas par quoi commencer. « J'ai une copine maintenant, eh oui, ça parait bizarre de ma part, non ? » répondis-tu à la jeune femme sur le ton de la blague. « Sinon la routine quoi, métro, boulot, pétard, dodo. Et toi ? » demandas-tu à ton amie en retour car tu n'avais pas eu de nouvelles depuis un moment sur sa vie à part que son boulot lui prenait tout son temps.

Il n'avait pas l'air d'en savoir plus que toi. La preuve qu'elle avait vraiment disparue des radars. En temps normal, ça pourrait être le genre de choses pour lesquels il faut s'inquiéter. Mais pas avec Effy. Elle était comme ça, parfois elle disparaissait pendant un temps et puis elle revenait après. Vous aviez l'habitude à force même si ça ne t'empêchait pas de te demandait ce qui pouvait bien se passer dans sa vie pour que ça arrive. Tu préférais passer à autre chose pour le moment, demandant ce qu'il y avait de nouveau dans la vie de ton ami et il ne tardait pas à te répondre. « Une copine ? Le genre vraie amoureuse que tu papouilles et qui rend mielleux ? » demandais-tu avec un grand sourire. Tu faisais l'idiote et ça te faisait bien trop rire pour rester sérieuse plus de trente seconde. Très vite, tu reprenais la parole, un charmant sourire sur le visage. « Je rigole, je suis vraiment contente pour toi ! Elle s'appelle comment ? Et je la rencontre quand ? » Là par contre, tu pensais bien ce que tu disais. Tu avais très envie de faire la connaissance de la jeune femme qui avait su voler le cœur de ton ami. Il n'avait pas crier haut et fort qu'il l'aimait, mais il était évident qu'il était épris d'elle. Sinon, il ne t'en aurait même pas parlé parce que ça n'aurait pas eu la moindre importance. Tu ne savais pas si tu étais la première à la savoir mais c'était une nouvelle qui te faisait vraiment plaisir. « Il n'y a même pas de métro ici. » Ce n'était qu'un détail idiot, mais c'était bien ton genre. Tiquer sur les petits détails, corriger les gens et les reprendre pour tout et n'importe quoi. Tu devais être barbante à agir de la sorte, mais c'était plus fort que toi, tu ne le contrôlais pas. « Je dirais pareil avec la perte de mémoire en plus. » Tu soupirais doucement. Tu n'aimais pas ne pas pouvoir te souvenir de tout ce que tu vivais depuis plus de six mois. Ne pas pouvoir te souvenir d'une personne déjà vu. Devoir lire des post-its et ton dossier médical chaque matin pour comprendre pourquoi c'est le trou noir. « Et je ne crois pas avoir de petit-ami, ou alors je l'ai noté nul part et le pauvre doit m'attendre quelque part ! » Tu rigolais doucement. C'était une pensée idiote mais ça avait le don de te faire rire lorsque tu l'imaginais.

Lorsque tu parlais de Lou à ton amie, tu étais comme un gamin. Oui, pour toi l'amour c'était quelque chose de mauvais, qui te faisait faire n'importe quoi et qui ne t'apportait rien d'autre que des emmerdes. Mais maintenant, tu avais une fille à qui tu tenais, pour qui tu ferais n'importe quoi et tu avais changé d'avis sur la question. Alors tu souris niaisement à ton amie lorsque tu parlais de ta belle. « Et merde, j'suis devenu un mec niais... » dis-tu en prenant ta tête dans tes mains avant d'y laisser échapper un petit rire. C'est vrai que tu avais légèrement changé, tu t'étais adoucie avec elle, mais il n'empêche que tu étais toujours le même. « Promis, tu la rencontreras vite ! » répondis-tu à ton amie avec un grand sourire. Elle était un peu comme une grande soeur pour toi, c'est pourquoi tu voulais absolument qu'elle l'a rencontre. Alors tu rigolais aux éclats lorsque tu dis à la demoiselle que ton quotidien c'était métro boulot dodo, Mathilda te souligna qu'il n'y avait pas de métro à Bowen. C'est pas faux, mais bon, c'était ton expression préférée. La brune te souligna que c'était pareil pour elle, sans compter la perte de mémoire. « Dans mes souvenirs, tu n'en as pas. A moins que tu me caches des choses » dis-tu en regardant la jeune femme lorsqu'elle te dit ne pas se souvenir d'un petit ami. Depuis sa perte de mémoire, tu avais essayer de tout faire pour l'aider à se souvenir, déjà de toi c'était pas mal.

HJ: