(Jaelou) who wants to live forever ?

« Je suis curieux de te voir en rousse, un jour. » C’est chose faite, Jaeden. Je suis rousse. Depuis ce fameux soir d’Halloween qui a fait couler de l’encre dans le ciel des rumeurs, j’ai retrouvé ma couleur naturelle. J’étais devenue officiellement une souris. Petite et enceinte, je me trouvai malgré moi au cœur des rumeurs les plus calomnieuses. Entre l’histoire CJ/Nevaeh et les Writers qui sous-entendaient que j’étais en couple avec mon ami : faux. Ou encore l’histoire avec Ciàran où je n’en voulais qu’à son compte en banque : faux. Je suis et resterai libre. Pour cause que j’avais senti l’électricité. Cette maudite électricité qui coulait toujours dans mes veines un mois après. Nous étions à la veille d’un très gros concert avec le conservatoire. Rejouer les musiques de film. Et l’organisme avait dû faire appel à des déménageurs pour déplacer les instruments les plus importants. Fort heureusement, mon fidèle violon ne prenait aucune place. A six mois de grossesse, j’étais devenue ce que je redoutais le plus. Grosse et laide. Coincée à vie dans ma plus grande peur : le noir. A moins qu’on aligne un gros chèque. « Je viendrai prendre de tes nouvelles. » Je ne lui en avais pas laissé le temps. Juste après qu’il ait passé le pas de la porte, j’avais fait de même pour dégager de cet hopital. Mes amies m’avaient forcé à revenir quelques heures après mais au moins, je n’avais pas revu Jaeden. Même si je pensais que le destin avait voulu m’adresser un signe en nous mettant face à face, je savais qu’il s’en mêlerait si nous étions destinés à être quelque chose. Je croyais au plus profond de moi que j’allais le revoir et que c’était pour bientôt. Debout dans l’auditorium, mes cheveux roux tombant de manière négligée sur mes épaules, j’entendais les autres qui discutaient de la chanson que nous devions répétée. « Je vote pour Lord of the rings ? » Bien sûr, la plus mouvementée. Laissant tomber mon étui au sol dans un bruit sourd, je tenais Strad dans une main et mon archet replié dans l’autre. D’un coup de poignet, ce dernier devint dur comme du bois et les autres acquiescèrent. Le piano devait arriver d’ici quelques minutes. Je n’avais pas rencontré les gars qu’on qualifiait de déménageurs et je n’étais pas d’humeur à le faire. Vêtue sobrement à la sauce conservatoire. Je ne portais sur moi qu’une longue robe blanche, trop grande pour moi qui trainait par terre. Retirant mes lunettes, je les posai à un endroit stratégique avant de me préparer à jouer, j’attachai par la même mes cheveux à l’aide d’un chouchou en chignon lâche. Les notes s’élevèrent d’une manière fluide dans l’imposant endroit, se répercutant sur les murs. Je sentais la présence des autres instruments à cordes à côté de moi. Pour quatre minutes nous n’allions former qu’un durant ce medley. Ce remix me filait toujours des frissons. J’avais toujours peur de jouer une mauvaise note. Libre de mes mouvements, je m’autorisai à bouger en toute fluidité, mes yeux toujours fermés. Ne voulant imposer mon regard vide aux autres. « When the storm of winter come, starless nights will come again. When the walking sun is gone again, we will walk in bitter lands but in dreams. » La musique se stoppa naturellement et je restai au milieu tandis que tout le monde se mit à parler du piano et des gars qui étaient dehors. Haussant les épaules, je repris Strad pour aller me chercher à boire en attendant qu’on me sollicite à nouveau. Me plaçant dans un coin, je me mis en tailleur sur ce qui semblait être une caisse, faisant tourner machinalement mon archet entre mes doigts d’un mouvement fluide, attendant que quelque chose se passe ou qu’on m’appelle.

Depuis son retour dans cette ville, le jeune homme se levait chaque jour pour aller supporter des cartons, déplacer ça aux envies des clients. Il n'était pas amoureux de son nouvel emploi et ne manquait pas de le crier sur tous les toits, s'en plaindre à chaque fois qu'il voyait sa sœur et se dire presque à chaque fin de journée qu'il devait trouver mieux. Mais l'envie de chercher n'y était pas, quand il s'agissait de ces choses, il préférait laisser à la flemme la place de reine dans son esprit. Pourtant, il n'avait pas besoin de travailler, son compte en banque était bien plus que rempli, trop pour une simple personne et s'il avait une famille maintenant, à sa mort, il resterait toujours de l'argent de trop. Il ne montrait rien, disant qu'il était dans la moyenne des gens alors qu'il pouvait s'offrir mieux. Avec une pensée aussi simple que Jaeden permettait d'économiser des grosses sommes, il n'était pas du genre à se faire des caprices, il préférait offrir aux autres quand l'envie lui venait. Il pourrait rester dormir autant que ses enfants lui permettaient, passer ses journées avec eux plutôt qu'avec des collègues à l'humour lourd. Mais il avait besoin de faire des choses, il ne pouvait pas rester toute une journée chez-lui, ça l'étouffait, le faisait sentir inutile. Appelé pour un déménagement d'instruments, c'était quelque chose dont il n'avait pas l'habitude et pour une fois, ça devenait presque intéressant, bien que les choses restaient les mêmes, qu'après avoir fait ça, il ne resterait pas, préférant partir que d'écouter les mélodies chatouiller ses oreilles ; pour ça, il avait ses écouteurs sur le chemin du retour, ça lui convenait très bien. Ses tympans vibraient déjà à l’écoute des répétitions que l’équipe faisait avant de s’arrêter. Curieux, sans doute un peu trop et aussi blasé par les discussions que pouvaient avoir ses collègues, le jeune brun décidait de se perdre à l’intérieur, une caisse dans les bras, il poussait la porte, s’approchant alors des musiciens qui s’affairaient à répéter, pour être les plus parfaits lors de leur performance un peu plus tard. Ça lui rappelait le milieu de son adolescence, lorsqu’il passait son temps derrière sa batterie, accompagné de deux de ses amis. Rien de sérieux, juste pour faire passer le temps et aussi parce qu’à l’époque, les garçons qui jouaient des instruments étaient mieux vus et qu’être populaire pouvait se révéler être attirant. Jaeden ça l’avait seulement amusé, il était déjà proche de se balader avec une femme au bras pour le restant de ses jours. Il reprenait un minimum de conscience, arrêter de se perdre dans ses souvenirs quand la musique cessait, ses yeux se perdaient dans la salle en quête de caisses similaires à celle qu’il tenait. Et alors qu’il repérait l’endroit où se trouvait une jeune femme assise sur l’une d’elle, son cerveau s’éteignait, son souffle s’arrêtait. Lou-Belle. Assise en face, s’il pouvait passer son chemin en posant simplement sa caisse et repartant travailler ailleurs, il restait ne rien faire, comme vide. Toutes les images revenaient dans son esprit, mais elles ne l’avaient jamais réellement quitter, parce qu’il n’y avait pas une journée sans qu’il ne s’en veuille, sans que ça le hante. Il ne pouvait en parler à personne, il ne voulait pas en parler, tout ça pour se protéger ou ne pas se faire voir comme le pire des enfoirés. Il aurait préféré ne pas la voir, passer à côté, mais ses yeux restaient braqués sur sa personne et sa honte l’empêchait de reculer. Il s’approchait, faisant presque claquer la caisse au sol, qu’importe ce qu’il y avait à l’intérieur et s’il risquait son job pour manque de soin. « Tu pourrais blesser quelqu'un avec ta ‘baguette'. » Il en était rien, il fallait vraiment le vouloir, être proche d'elle, pour se prendre un coup d'archet. Il était nul, il ne savait pas comment attirer l'attention des gens, il aurait bien trouvé un moyen, sauf que rien ne lui venait en tête. « Le roux te va bien. » Du coup, il ne se montrait pas du tout original, passant presque pour un gros lourd si elle ne reconnaissait pas sa voix.

48h sans dormir. Je pense qu’on peut dire aisément que tous les membres de ce groupe étaient complètement fous. Nous répétions et répétions d’arrache-pied pour le concert qui avait lieu demain soir. Donc encore une journée sans dormir à prévoir. De toute façon, depuis que j’étais devenue aveugle, je ne dormais quasiment plus. Quant à la nourriture, inutile de ramener le sujet sur le tapis. Entre Batman, Le seigneur des anneaux, on était passés par toutes les musiques. Mais le pianiste étant un véritable abruti, nous ne pouvions pas faire la pièce maitresse. Alors tandis que je jouais au centre sur la musique de Lord of the ring, j’entendis notre chef d’orchestre pester contre le musicien. Les cris fusaient mais j’avais l’habitude à force de jouer dans la rue. Ma longue robe blanche qui cachait mes courbes de femme enceinte, toujours pieds nus car je détestai porter des chaussures. Je n’en voyais pas l’intérêt, j’avais mes cheveux relevés. Je ne pouvais plus mettre de perruque et jouer avec les couleurs comme je le voulais. Le seul truc que j’avais de classe : mes lunettes répliques parfaites de celles de Matt Murdock. Dans la série, pas dans le film. J’aimais assez les lunettes rondes et le style steampunk de toute manière. Une fois que la musique fut terminée, j’allais m’asseoir sur une caisse lorsque j’entendis que le piano était enfin arrivé. Je relevai donc la tête avant de tâtonner pour chercher mon cache-misère. Mon regard perdu dans le vide pouvait en déconcerter quelques-uns. Je les enfilai lorsqu’on s’approcha de moi. J’avais appris à faire gaffe à ce genre de choses. J’esquissai un sourire en entendant la voix chaude comme du chocolat fondu qui hantait mes rêves et mes pensées depuis un mois. « Ô grand jamais une fée marraine ne blesserait quelqu’un avec sa baguette. » Si j’étais un faon ou une biche, je pense que je remuerai les oreilles mais à la place, je continue d’agiter mon archet dans un geste lorsqu’on indiqua que le piano était en place. « Merci. A la place d’être une souris, je me suis transformée en renard. » Aussi insaisissable et sauvage. Le chef se mit à hurler et je balançai ma tête en arrière avant de me remettre sur mes pieds. Je sentis le sol tanguer légèrement sous eux. Puis, d’un geste, je fais craquer ma nuque lorsqu’on m’appela. Je m’approche alors de Jaeden main tendue pour chercher son visage et déposer un baiser au coin de ses lèvres. « T’évapore pas, c’est le meilleur morceau du spectacle. Sauf si tu veux venir demain ? » Puis sans attendre la réponse, je me dirige vers le milieu avant de me baisser pour accueillir mon tricorne, détachant ma longue crinière rousse par la même occasion. La plus longue chanson avec celle de Batman. Quasiment sept minutes de musique que j’avais en mémoire. C’est dingue l’espace que j’aurai si je n’avais pas retenu tout ça. j’attends le tapotement familier de mon patron pour commencer à jouer les notes de musique. Vu ma cécité et ma faculté à bouger (avant je dansais maintenant, je virevolte juste), on avait dégagé l’espace. Morceau difficile. D’un niveau supérieur. Que j’avais passé des nuits à répéter dans les locaux froids du conservatoire. Véritable baroudeuse, je dormais à moitié là-bas et à moitié chez des amis. Brusquement le morceau s’achève et je reste un moment à reprendre ma respiration clignant des yeux derrière mes verres teintés pour retourner à ma place, le sol tournant légèrement sous mes pieds. Je fouille alors dans mon sac pour en sortir une sucette en forme de cœur que je colle dans ma bouche. « T’es encore là ou t’as choisi de prendre la fuite comme le pokémon rare que tu es ? » Battant des jambes et dodelinant de la tête encore au rythme de la musique, j’attends patiemment sa réponse en souriant comme une débile.

Lui aussi s'était dit qu'il ne blesserait jamais personne avec des simples gestes et il avait réussi à rendre quelqu'un aveugle. À faire quelque chose dont il s'en voudrait toute sa vie sans avoir le pouvoir de faire quelque chose, de changer le problème, il était condamné à vivre les bras ballants, regarder le spectacle de son erreur en espérant chaque jour qu'ils trouvent quelque chose à faire pour arranger ça, sa cécité. Lou-Belle était rayonnante à ses yeux, plus joyeuse encore, l'idée qu'il se faisait, parce qu'il ne l'avait vu qu'une unique fois dans une chambre d'hôpital où elle s'étendait parmi les tuyaux, les câbles, toutes ces affaires médicales dont il n'y connaissait pas grand-chose. Jaeden n'y avait jamais remi les pieds par la suite, parce qu'il avait essayé de fuir le problème, ces problèmes. Elle l'avait embrassée. Lui n'était pas prude, loin de là. Il ne comprenait pas et avait réagi comme le pire des cons, il avait ensuite mis le geste sur le coup des médicaments parce qu'il semblait irrationnel et il restait se conforter dans cette idée. « Je crois préféré les renards aux souris. » Il souriait légèrement, espérant que ça n'irait pas la vexer, parce qu'il ne connaissait pas assez son comportement, si ce n'est dire qu'il ne la connaissait pas du tout. Il y avait ce qu'elle disait, son caractère d'arc-en-ciel, mais il ne pouvait pas juger sans voir, il fallait que ça agisse comme ça. Il aimait bien analyser de lui-même. Bien qu'il ne pourrait jamais trop la juger, cette femme. Elle était trop particulière, sans qu'elle le sache, l'accident avait crée un lien invisible. Forcer Jaeden à ne jamais rompre tout contact avec elle, toujours chercher à savoir comment elle va, où elle est, si elle avait besoin de quelqu'un. Et elle semblait aller bien, n'avoir besoin de personne et s'être adaptée à son handicap causé par l'abruti qu'était Jaeden. Une nouvelle fois, une seconde fois, ses lèvres s’approchaient de celles du brun. Il soufflait, grognant intérieurement. « Je peux pas aller bien loin … » Si jamais l’idée de fuir le venait, son boulot le rattraperait bien vite. Il n’était pas ici pour la voir, de base, il était simplement là pour porter ses cartons et laisser sa curiosité musicale prendre le dessus. Son oreille serait tendue vers la symphonie qui s’échapperait des cordes des instruments. Demain il n’y serait pas à ce spectacle, en sachant qu’il y avait elle, il n’irait pas. Parce qu’il ne sortait que pour se déchirer la gueule, qu’il aurait l’impression d’avoir l’écriteau du coupable dans les mains, tandis qu’il regarderait la belle rousse valser parmi les appareils. La musique gagnait son crâne, il écoutait en la regardant, se perdant totalement, oubliant de travailler pour faire un minimum sérieux. « Je dois pas être si rare comme pokémon. » Il esquissait un léger sourire, gardant un ton calme. « Qu’est-ce que tu vois en moi, Lou ? » Doucement il s’arrêtait de parler, pinçant ses lèvres. « Je veux que tu arrêtes de te comportement comme tu le fais avec moi ou alors je veux savoir à quoi tu joues. Je suis complètement paumé, j’ai l’impression que je n’ai pas le droit de m’en vouloir pour ce que tu je t’ai fait parce que t’es … trop ‘bonne’ avec moi, alors que tu devrais m’en vouloir … ça irait tellement mieux dans ce sens, ça m’aiderait tellement plus. » Il serait moins malade de se lever chaque jour. Il en avait besoin, qu’elle lui en veuille, ou qu’elle lui dise clairement ce qu’elle voulait, pour qu’il arrête d’être perdue.

Si je m’étais attendue à tomber sur Jaeden. Si je m’étais attendue à le revoir un jour. Enfin voir est un bien grand mot puisque j’étais toujours aveugle. Mais en somme l’idée était là. ça ne me faisait pas aussi mal que je l’aurai cru. J’avais cru avoir le cœur brisé mais la preuve en est qu’il m’avait fait ressentir quelque chose. J’étais attirée par lui car il était pour moi une part d’ombre de moi-même. Celui qui m’avait plongée dans mon plus sombre cauchemar. Je ne lui en voulais pas. je pensais chaque mot sur le fait que ce n’était pas de sa faute. Mais après, il ne fallait pas non plus qu’il me pousse trop loin car j’allais sans doute sortir de mes gonds. Lorsque je finis la chanson, je ne peux m’empêcher de le chercher. De voir s’il était parti. S’il avait utilisé sa capacité fuite. Sa voix grave s’élève dans l’habitacle et mon cœur se détend un peu plus. Je souffle doucement avant de passer une main sur mon visage. « Bien sûr que t’es rare comme pokémon. Y’en a qu’un comme toi sur cette planète, dis-je avec un grand sourire. » Mon sourire était franc. Il n’était pas non plus des plus lascifs. Je ne cherchais pas à le draguer car j’en étais incapable. Je ne croyais pas en l’amour. Sa question me prend au dépourvu et mon sourire s’efface. Ainsi il s’attendait à ce que je lui en veuille, à ce que je lui face ressentir de la peine et de la souffrance. Ce qui n’était pas mon cas. Mais alors pas du tout. « Mais tu crois quoi ? Que je vais te blâmer pour un accident ? Mais non bon sang ! Ce n’est pas de ta faute. Je me suis trouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Enfin Jaeden… » je passe une main dans mes cheveux pour souffler un bon coup. Cette discussion allait devenir plus intense qu’il ne le faudrait. « je sais pas ce que j’attends de toi, ok ? Je suis attirée par toi et j’gnore pourquoi. Mais la seule chose que je peux dire c’est que je ne t’en veux pas. ce n’est pas de ta faute. Et s’il faut que je te le répète dans toutes les langues, je le ferai. » Ils me faisaient tous chier avec leur cas de conscience. « putain si t’as des soucis de conscience, va à l’église, à la synagogue, j’en sais rien mais me faites pas chier. Moi j’en veux à personne. j’en veux même à mon oncle alors qu’il a commis des atrocités pires que ça. je suis une atrocité à moi toute seule et je fais chier personne. »

Il n’était pas fier d’être unique. De la manière dont il l’était, il s’en voulait juste d’être lui et ça l’aurait sûrement rassuré de savoir qu’il y avait plusieurs cons comme lui qui peuplait la planète. Pas un mot, il se contentait d’un léger sourire sur le coin de ses lèvres, sans doute un peu gêné. Avec Lou-Belle, il ne savait pas réellement où se mettre et quoi penser, parce que voir son visage lui rappelait l’hôpital, sa culpabilité envers elle. Sa vue n’était plus à cause de son erreur et il pouvait pas s’arracher ça de la tête, ça le hantait. Il n’osait même plus prendre le volant de sa voiture, bien qu’il était toujours obligé. Il cauchemardait d’elle qui le maudissait. Ses pensées étaient trop loin, trop poussées, mais il s’était juré de ne plus faire de mal à personne, c’était pourquoi il avait quitté son ancien boulot après qu’une personne ait risquée sa vie en l’interpellant. Et si heureusement il avait pu faire quelque chose pour elle en se prenant les balles qu’elle allait se prendre, il ne pouvait pas sauver Lou dans ces pensées. Il ne pouvait pas se mettre à sa place. C’était lui le coupable, le méchant dans l’histoire. Bien qu’elle semblait rayonnante aujourd’hui, que ses gestes doux pouvaient emporter n’importe quel homme comme ça aurait dû le faire pour lui, Jaeden restait la mâchoire serrée, son regard ne quittant pas la rousse. Trop occupé à s’en vouloir pour profiter de l’attention féminine. Qu’est-ce qu’elle pensait de lui ? Pourquoi elle ne lui en voulait pas ? Elle répondait d’une traite et il n’en perdait pas un mot. Et comme une colère venait s’installer chez-lui, qui avait pourtant appris à garder son sang-froid grâce à son ancien boulot. Tout partait en vrille depuis ses échecs à répétition. « Attirée par moi. » Il riait pour lui-même. « Merde. » C'était quoi ça ? Par quelle magie avait-il attiré une personne dont il lui avait arraché une chose des plus importantes dans la vie. « J'aurais pu te tuer toi et ton bébé, puis … » Il la regardait, l'attirance, ce n'était pas de sa faute, il le savait bien. Sinon il ne resterait pas attiré et attaché par son ex-femme. « Laisse. » Avec ces mots, il tentait de se calmer des dernières paroles de la rousse. Sauf que c'était plus fort que lui cette fois. « Tu fais chier personne, hein ? En racontant tes histoires qui sont à glacer le sang, parler de ton oncle au premier inconnu qui vient, c'est totalement ce que tu fais. Moi ça me fait pas chier d'avoir des images en tête, tu crois ? D'avoir pourri la vie d'une fille qui avait déjà une vie gâchée ? Si ça m'emmerde d'avoir tes traumatismes dans l'crâne. » Disait-il sans s'emballer, sur un ton calme mais pinçant. Il allait sans doute trop loin, surtout que c'était purement que pour lui répondre. Jaeden lui avait dit ; il serait là tant qu'elle voudrait qu'il soit là. Il ne voulait pas devenir un con, pourtant c'était bien ce qu'il faisait. « Arrête de dire que t'es atroce, quand on pense comme toi Lou-Belle, on est une personne formidable. » Pas comme lui. La complimenter après l'avoir reproché des trucs, quel genre de débile devenait-il ? Il était totalement perdu avec elle, c'était certain.

" A moins que tu ne connaisses quelqu'un d'autre qui s'appelle Jaeden et qui a une voix semblable à la tienne ouais. " J'étais en colère à cause de la flopée d'hormones qui bouillonnaient en moi. je serre les dents lorsqu'il parle de mon oncle. Je m'étais confiée à lui sous le coup de la morphine. Je décide de ne pas répliquer à sa longue tirade car sinon j'allais lui rentrer dedans et je n'avais pas envie de ça. je soupire avant de passer une main sur mon visage. " Super, t'as raison, je suis formidable, railai-je. " je m'approche un peu plus de lui sentant le regard des autres sur nous. Nous n'allions pas faire une sècne ici non ? je le prends par la main pour déplier de l'autre ma canne blanche et l'emmener dans les coulisses. Les autres allaient sans doute me charrier mais je m'en foutais. Brusquement je le plaque contre le mur. " cesse de t'en vouloir. Je vais recouvrer la vie si ce gosse me tue pas et ta culpabilité partira. " puis sans réfléchir, je m'approche de lui pour plaquer à nouveau mes lèvres sur les siennes avec chaleur. J'étais attirée par lui comme un aimant. Mais je ne pouvais pas aller à l'encontre de mes pulsions. Des pulsions de femme enceinte. " tu veux bien me rendre ce petit service, dis-je contre ses lèvres, arrête de t'en vouloir. Fais moi ce cadeau. De toute façon, je vais mourir quand même. " je m'écarte pour passer une main dans mes cheveux roux. Je soupire de nouveau. " Ma grossesse est à risques. Je vais y passer et mettre au monde mon bébé. Le père s'en occupera et t'auras plus à entendre parler de moi. tu veux pas juste profiter un peu de ce que le destin nous accorde ? " au lieu de jouer les rabats-joie, putain.

Il savait bien qu'elle n'accepterait pas ses paroles, il connaissait des femmes narcissiques et arrogantes qui pouvaient bien confirmer qu'elles l'étaient. Mais Lou-Belle ne devait pas faire partie de ces femmes, elle n'en avait pas l'air de se rendre compte de la beauté qu'elle dégageait, de l'image qu'elle reflétait qui était portant si belle. Il y avait juste un point qui le mettait hors de lui et elle semblait s'en foutre, il aimerait en faire autant et se dire que si une femme le trouvait attirant il avait juste à sauter sur l'occasion et lui donner ce qu'elle avait envie. Mais il ne pouvait pas. Il voulait être présent pour elle, se débrouiller pour qu'elle retrouve la vue, mais pas de cette manière, c'était suffisamment le bordel dans sa vie et elle ne s'en rendait pas compte. « Si le gosse ne te tue pas ? » De quoi parlait-elle ? Si il lui enlevait la canne et la cécité, elle avait l'air d'être en forme, elle ne renvoyait pas les symptômes d'une mourante. Est-ce que c'était l'accident qui avait crée des problèmes ? Il désespérait de comprendre si c'était ça, comment est-ce qu'elle pouvait sentir en lui une personne attirante ? Il fermait les yeux quelques secondes pour reprendre ses esprits. Ça ne lui ressemblait pas, de s'en vouloir autant, dans le passé, il aurait probablement pris de ses nouvelles avant de partir. Mais il s'était promis de ne plus faire de mal aux gens. Il écoutait chacun de ses mots après qu'elle lui ait donnés un nouveau baisé. Son talent pour trouver l'emplacement de ses lèvres restaient toujours surprenant. « Quel destin ? » Demandait-il sérieux. « Je ne vais profiter de rien du tout et retourner bosser. » Il soufflait en se décalant, mentalement il était à des kilomètres de cette personne si mystérieuse. « Arrête de te voir comme une future morte, ça n'donne pas envie. » Il haussait les épaules, geste qu’elle ne pouvait pas, mais qui avait son importance et il tournait les talons. Un peu honteux de la laisser de cette manière, mais c’était plus fort que lui.