Payer ma dette {Nate}

Bon d’accord. Il se fout clairement de ma gueule là. Je roule les yeux au ciel, plus amusé par sa remarque qu’il n’y paraît. J’en reviens pas qu’il a le sens de l’humour.  «  Disons que c’est passé de mode paraît-il. » lui rétorquais-je prenant un air désolé bien que je ne l’étais pas.

Devant la voiture, je suis franchement perdu. Je n’y connais rien en mécanique parce que je ne m’y suis jamais intéressé. Et puis, mon père n’était pas vraiment un bricoleur, dès qu’il y avait un souci avec la voiture, il filait chez le garagiste.  C’était pas avec ça que j’allais apprendre quelque chose. Alors qu’il tire sur la languette pour ouvrir le capot, tu regardes sur le côté ou se trouve la poignée à lever ce qui étonne d’ailleurs Natanaël.

Je fis non de la tête avant de lui répondre. « Mon père n’y connaissait rien non plus je crois. Donc dès qu’il avait un souci avec la voiture il filait chez le garagiste. » lui répondis-je doucement. C’était toujours difficile de mentionner mon père, surtout dans l’état ou je l’avais trouvé ce jour noir de mai. « Et puis, j’avoue que j’étais pas du tout curieux de ça. » admis-je avec honnêteté. Je préférais largement m’occuper du réglage des skis, ou de préparer le matériel de camping ou de randonnée plutôt que de regarder ce qu’il y avait sous le capot d’une voiture. Chacun ses passes-temps.

Une fois penché sur le capot ouvert, je remarquais le bazar à l’intérieur. Des tubes, des boites des trucs que je n’avais probablement jamais vu, ni entendu parler de ma vie. Bref, j’étais largué. Heureusement, Natanaël vint à mon secours, m’indiquant la position des bougies. Il en dévissa une alors que je l’observais avec attention, puis il m’annonça qu’il allait chercher les nouvelles bougies et que je devais dévisser les autres. Aussitôt après, il partit.

* Oh merde. Bon bah… à moi de jouer. Ça n’avait pas l’air bien compliqué. Enfin, je vais bien voir.* Je me concentre sur le travail que ma donner mon nouveau boss, et je commence a en dévisser une. Niquel. Finalement, ça va c’est pas trop compliqué et j’enchaîne sur les deux autres en m’appliquant. Je termine de dévisser la dernière.

Concentré, je m’attends pas à son intervention, je sursaute légèrement et je lève les yeux vers lui. «Hein ? ah ! euh… oui oui ! C’est… bon. » dis-je en attrapant la dernière bougie que je viens de finir d’enlever. «  J’en fais quoi ? » demandais-je alors me retrouvant avec les bougies dans les mains.  «  Ca se recycle ou sa file à la poubelle ? » l’interrogeais-je avec curiosité. «  D’ailleurs, y a des choses qui se recycle sous le capot ? » ajoutais-je un peu perdu.

Comme je n’avais jamais mis les pieds dans un garage avant de rencontrer Natanaël, je ne pouvais que le croire sur parole. J’avais beau n’avoir que quinze ans, je savais par expérience que la malhonnêteté était partout et bien souvent là ou on s’y attendait le moins. «  Et vous ? Vous êtes situé ou sur l’échelle de l’honnêteté ? » le provoquais-je un peu en le défiant du regard.  Même si le comportement de Natanaël était exemplaire avec moi, je n’en restais pas moins méfiant. J’avais appris à me méfier des adultes et de leurs sombres secrets, puisque j’en avais fait les frais à mes dépends.

Bien que Natanaël me laissa croire que c’était la seule fois ou il allait me renvoyer ma connerie à la gueule, je n’y croyais pas vraiment. Si ça le faisait rire, moi, ça m’agacer un peu même si je l’avais probablement mérité. Après tout, c’était mes sautes d’humeurs qui m’avaient conduit ici. Par conséquent, je restais silencieux face au rire du patron.

J’acquiesçais d’un signe de tête,  «  Je fais du ski alpin et du football depuis mes quatre ans  et du Taekwondo et de l’escalade depuis mes cinq ans. » lui appris-je doucement «  Sans compter la randonnée que j’ai commencé dés que j’ai su marcher. » ajoutais-je en le suivant sur la voiture suivante.

Une fois la voiture aux problèmes de bougies terminées, le boss m’amena sur une autre voiture au pneu crevé. Il m’expliqua la procédure, et me montra l’objet qui allait aider à soulever la voiture «  Crique. » répétais-je pour moi-même afin de retenir ce nouveau mot que je ne connaissais pas. Natanaël entrepris de positionner le crique comme il fallait et commença à surélevé légèrement la voiture sous mon regard observateur. «  Comment savoir qu’il est bien placé et que ça va pas céder ? » lui demandais-je par curiosité alors que Natanaël se saisissait déjà de sa clé en croix.  Il me montra comment enlever les écrous et je l’observais à nouveau faire. « D’accord » lui dis-je en écoutant ses paroles. Il me confia la clé en croix pour que je retire les autres ce que j’entrepris de faire, avec un peu plus de difficulté puisqu’il fallait forcer un peu plus sur les bras au début par rapport aux bougies. Au fur et a mesure, il les enleva, les posant sur le plateau métallique pour ne pas les perdre, comme l’avait fait Natanaël juste avant.

Faire de son mieux n’était pas une garantie d’honnêteté et mon sourire narquois laisser suffisamment entrevoir ma pensée, celui d’un gamin sarcastique et légèrement paranoïaque sur les bords qui croyait difficilement  ce qu’il ne voyait pas. J’étais surtout sceptique face à la façon dont je percevais Natanaël, il était trop parfait pour être honnête et c’était flippant.

Mon regard s’assombrit malgré moi. J’adorais le sport, énormément. Pour un hyperactif comme moi, j’aimais bouger, me dépenser autant que je le pouvais. Mais depuis mon arrivée à Bowen, je n’avais pas eu l’occasion de me renseigner sur les clubs, et j’étais réaliste, je n’avais plus le temps. Le fait que je devais vivre dans une situation aussi précaire, et me débrouiller seul ne me permettait plus de m’amuser comme avant. « Non. Depuis que mes parents sont morts et qu’on m’a amené dans ce trou, j’ai pas eu l’occasion d’en refaire. » soufflais-je un peu abattu malgré moi. Même si mes parents étaient morts il y a quelques mois, ça m’était toujours douloureux de parler d’eux «  Et vous ? vous faites du sport ? » lui demandais-je alors pour lui renvoyer la question. Après tout, il n’y avait aucune raison pour qu’il n’y est que moi qui passe un interrogatoire.

Retirer la roue. Okay. Bon, la bonne nouvelle, c’est qu’une machine fait tout le boulot. La mauvaise… pour le moment je n’en ai pas. Ah si, il me demande quelle pneu il faut pour ce genre de véhicule, et honnêtement, je suis largué. « Parce qu’il y a plusieurs pneus différent ? Euh… j’y connais rien, mais par déduction… je dirais… pas des pneus neiges… » lui balançais-je avec un sourire innocent en le suivant vers la réserve ou il fallait prendre le nouveau pneu.

Je ne parlais presque jamais de la mort de mes parents, c’était trop douloureux. J’haussais donc les épaules sans m’étendre sur le sujet. Quant-a pratiqué à nouveau du sport, je n’avais pas vraiment le temps pour ça. Entre les cours, mon chien, les devoirs et maintenant le boulot que j’allais avoir au garage, je ne pouvais pas me permettre de m’y remettre. « J’ai plus le temps » répondis-je sans m’attarder sur ce sujet.                                                                                                                                                                                                                                   

Il cachait plutôt bien son jeu, et je le dévisageais un moment, un peu impressionné. « Comment vous faites à avoir ce genre de loisir avec votre travail ? » l’interrogeais-je avec curiosité. P’tre qu’il en profitait pour quitter le boulot de temps à autre, après tout, il pouvait se le permettre en tant que patron. «  J’aurai jamais cru que vous pratiquiez un sport de combat. » admis-je finalement. Les apparences étaient trompeuses, ça silhouette de grande asperge n’aidait pas à imaginer Natanael sur un tatami.

Dans la réserve, j’étais largué face au stock de pneu qu’il y avait. La plupart étaient de différentes tailles, plus larges, plus petit, plus gros… Bref, il y en avait une quantité astronomique et j’étais complètement largué. Heureusement, Natanaël eut pitié de mon ignorance et vint à ma rescousse en prenant le bon pneu m’expliquant que ça dépendant du type de voiture et de la marque. C’était bon à savoir, sauf que si on y connaissait rien en automobiles, ça compliquait les choses.

En retournant auprès de la voiture avec le bon pneu, le boss m’interroge. Je saisi le pneu réfléchissant. Logiquement, s’il fallait cette machine pour enlever un pneu, il la fallait certainement pour le remettre. Je pris le pneu et je le positionnais sur la machine. Une fois en place, je mis la machine en face de la roue, et je réfléchis à comment faire que la roue se mette. «  Euh… Je sais pas trop. Déjà, est-ce que jusqu’ici c’est bon ? Et maintenant… Je sais pas, faut que la machine face la même chose en sens inverse je pense… Mais comment ? et après remettre les écrous et les viser avec la clé de croix ? » suggérais-je, les sourcils froncés par la réflexion que j’avais eu. Pour le coup, on pouvait dire que j’étais concentré, même si j’étais pas certain que ce soit comme ça. Je regardais Natanaël, attendant qu’il m’explique et me corrige si nécessaire.