la maladresse c'est tout un art -r.

Tu hochais la tête en l'écoutant te donner sa vision des choses concernant son enfance. Il n'avait jamais ressenti de grandes frustrations, il faisait parti de ceux qui savaient rapidement ce qui était possible et ce qui ne l'était pas. Tu avais l'amour de ta mère, sa confiance en toi et sa douceur, tu avais rarement eu besoin de plus. Et elle t'avait soutenu pendant toute ton adolescence pour décrocher ton prêt pour ta boutique. Dès le plus jeune âge tu avais appris que dans la vie, ce n'était pas les choses matérielles qui procuraient le plus de bonheur. Pour toi, c'était la famille et les valeurs auxquelles tu t'accrochais. Même si parfois elles étaient heurter. « Si tu ne demandais pas la lune, il n'y avait sûrement pas besoin de le dire en effet. » C'était comme demander à un innocent d'avouer un crime dont il n'a pas la moindre connaissance. Puisqu'il était innocent. Un peu idiot en soit mais c'était ça aussi de discuter avec quelqu'un. Tout le monde avait un vécu différent, tout le monde avait une vision différente des choses et c'était toujours enrichissant de pouvoir en parler. « Je ne sais pas. » ajoutais-tu avec le même regard enfantin que tout à l'heure. Il marchait plutôt bien mais il ne fallait pas trop en user. Et ça dépendait aussi des personnes avec qui tu le faisais. Tu savais que sur Woody, ça n'aurait pas le moindre effet sauf cas exceptionnel. Bien qu'à ce jour, tu n'avais pas encore réussi à en trouver un plausible. « Il y avait quelques trucs ou jamais ? Moi ce qui m'impressionne autant c'est le budget du Maire, on dirait qu'il sort tout droit du chapeau de Mary Poppins ! » Tu rigolais en le disant mais tu te posais vraiment la question par moment. C'était quand même incroyable et tu savais que ça ne se chiffrait pas en dizaines de dollars, ni même en centaines. Vu le nombre de bouteilles d'alcools vidées à chaque soirée, les coups en électricité parce que y avait souvent des petites guirlandes. « Oh là, que je suis bête, j'avais vraiment pas compris comme ça ! » Tu avais eu l'esprit un peu étroit pour une fois. Tu avais carrément mis de côté cette histoire de sapin géant sur la place de la ville, pour que toute la communauté puisse le décorer et marquer le coup. Un vestige de chaque personne habitant la ville, faisant parti de la population. « Je pense que oui, il faut qu'on s'y atèle, ce serait vraiment chouette de pouvoir y laisser une petite trace de Lexi. » Celle de ta fille mais aussi de la défunte soeur de Nelligan. Parfois tu te disais que c'était étrange d'avoir choisi un tel prénom mais à la fin, tu étais ravie. Ce n'était pas parce qu'elle s'appelait Lexi qu'elle serait comme la soeur de Nelligan. Elle avait le loisir de devenir celle qu'elle voulait et vous alliez la soutenir dans ce façonnage.

Jake te faisait une confession sur son enfance et tu ne pouvais que trop bien comprendre son ressenti. « Je vois parfaitement, je me trouvais aussi dans ce cas de figure par moment, comme si ma mère voulait compenser l'absence de mon père. » Ce qu'elle n'avait pas besoin de faire, pour la simple raison que tu n'avais besoin de rien de plus que sa présence, que son amour. Ce qu'elle te donnait sans la moindre condition. Ta mère était le meilleur parent que tu aies eu. Pour avoir eu la chance de rencontrer ton père, tu étais ravie de ne pas l'avoir connu plus tôt. Ce n'était pas un homme qui méritait que tu te fasses un sang d'encre pour lui. Que tu fasses partie de sa vie alors qu'il t'avait clairement rejeté de la sienne pendant pas loin de vingt-cinq ans. « Une petite ville où tout le monde fini par s'y installer ! » Une petite ville qui faisait parler d'elle par tous les événements qu'elle organisait et qui donnait envie aux autres d'y venir vivre. En même temps c'était un vrai bout de paradis, tu aimais la vie que tu menais ici. Il faisait beau tout au long de l'année, pas toujours très chaud et puis c'était là que se trouvaient tes racines. « Que ce soit à la poubelle ou dans des caisses qui prendront la poussière, je pense qu'ils feraient mieux de demander aux gens de les récupérer à la fin. » Si tu venais à y mettre quelque chose qui symbolisait ton enfance, tu aimerais pouvoir le reprendre à la fin, surtout si tu sais que ça va finir stocké quelque part et que personne n'y retouchera jamais. Tu voulais offrir tout à Lexi, qu'elle puisse connaitre vos souvenirs d'enfants. « Mais non, sois positif, il ne va rien m'arriver d'autre ! » Tu aurais bien tenté une figure pour lui prouver que tu maîtrisais enfin les patins, mais tu t'abstenais. Tu ne savais pas faire grand chose à part avancer. Et un peu reculer mais ce n'était pas encore parfait.

Parler de ton père était toujours un peu délicat pour toi. Tu ne pouvais pas le blâmer, c'est toi qui avait mis le sujet sur le tapis. C'est de la curiosité, rien de plus normal. Dans la situation inverse, tu aurais demandé la même chose. « Je ne l'ai jamais vraiment connu pour tout te dire. » Tu décidais de ne pas tout raconter, sinon tu allais parler pendant de longues minutes. Tu l'avais rencontré et tu ne pouvais pas dire que ça c'était bien passé. Il voulait te voir uniquement pour avoir un rein. Tu n'étais pas compatible pour la greffe et il s'était simplement désintéressé de toi. A nouveau c'était silence radio. Tu ne pouvais décemment pas appeler ça un père. « La différence avec la fontaine, c'est qu'elle ne va pas disparaitre une fois la fin des fêtes. A choisir c'est préférable à une vie dans un vieux hangar ou pire, dans une poubelle. » avais-tu ajouté en rigolant. Ce n'était que vos suppositions, la ville avait peut-être une autre idée pour les décorations, vous ne le découvrirez qu'à la fin de l'événement. En tout les cas, c'était assez agréable à vivre et tu allais en profiter jusqu'à la fin. « Et on prendra plaisir à retenter d'apprivoiser les patins l'an prochain ! » En tout cas tu serais la première à te rendre sur place, pour mettre des patins et foncer sur la glace. Il y aurait une chance pour que tu te blesses comme tu avais pu le faire plus tôt et il y aurait quelqu'un pour venir s'inquiéter de ton état de santé. Tu espérais pour Jake que ce ne serait pas lui, l'heureux chanceux. « Je crois que ton rendez-vous est arrivée ! » affirmais-tu à Jake en faisant un signe de la main à Callie. Maintenant qu'elle était là, tu allais faire un tour de piste ou deux de plus et puis tu rentreras chez toi pour t'occuper de ta petite fille.