same but different (andeana)

Le vide prenait du terrain, son cœur si attaché à son aimé se permettait de se perdre dans les méandres sentimentales qui flottaient en dehors de chez-elle, de son confort. Les intensités étaient différentes, William, elle l’aimait toujours. Comme elle pouvait aimer plusieurs personnes en même temps, tout au long de sa vie elle avait put le prouver. Celle qui voulait trouver l’homme qui la comblerait pour le restant de ses jours ne pouvait pas aimer qu’une personne, elle n’y arrivait pas. Le problème n’était pas les autres, simplement elle qui se perdait elle-même, rêvant d’autres alors qu’elle se confinait au chaud dans son bonheur dans les bras d’un. Pas capable de se dégoûter d’elle-même puisqu’elle ne s’en rendait pas compte, parce qu’en fin de compte, elle finissait toujours par sauter de joie à l’idée d’organiser son mariage, de tout visualiser en avance. Pour la troisième fois elle allait se traîner dans une robe blanche devant un représentant, elle allait dire ‘oui’. À ce stade, ce mot n’avait plus réellement d’importance, on pourrait croire qu’elle le dit à n’importe qui tant que le moment était beau. Jamais elle n’oserait penser comme ça d’elle-même, se sentir un peu plus sale. Elle aimait ses compagnons, pas que pour un jour, pour des mois et des années.  Aujourd’hui elle se noyait dans sa perdition un peu plus qu’un autre jour, rester enfermée chez-elle ne faisait que la submerger. Alors elle sortait, dehors tout semblait plus claire, ses idées avaient toutes la place. Les gens s’attroupaient sur les plages qui se réchauffaient à mesure où l’été s’installait dans le pays, elle ne manquait pas à l’appelle, déambulant entre les gens en quête d’une place au calme, les yeux rivées sur les vagues qui s’écrasaient contre le sable plutôt que devant elle.  Happer de ses pensées par un livre qui tomba à ses pieds, elle décrochait ses pupilles de l’azur de la mer pour les planter dans le brun de l’homme qui se trouvait face à elle. « Ce n’est rien. » Disait-elle dans un doux sourire, se baissant pour rattraper le livre entre ses mains et  lui le tendre. « J’avais la tête ailleurs, j’ai dû écraser une tonne de personne sur mon passage. » Elle riait pour remettre la faute sur personne, plus au manque de place, alors qu’ils auraient pu éviter l’accident. « Je pensais que lire sur les plages était plus une activité de ... » Femme. Elle sortait n’importe quoi pour ne pas laisser le silence prendre place, sans se rendre compte que sa phrase pouvait sans doute être méchante. « … Excusez-moi. »

La blonde secouait doucement la tête. « Ce n'est rien. Mes pensées n'étaient pas intéressantes, vous m'avez sauvé d'un auto-ennui. » Elle riait pour elle-même, ça se passait toujours de cette manière, quand quelque chose n'allait pas, elle réfléchissait trop et ça finissait toujours de la même manière. Si cet homme ne lui avait pas fait tombé ce livre à ses pieds, alors elle aurait été percutée une autre personne plus loin. Ses yeux se perdaient dans ceux de son interlocuteur avant qu'elle coupe le contact visuel, elle ne voulait pas lui infliger un malaise. Ses paroles se montraient inhabiles, elle manquait de l'insulter, mais se stoppait avant la fin de sa phrase, jugeant simplement la fin inintéressante au cas où il se poserait des questions. Mais ça ne l'empêchait pas de le faire, lui demander de terminer sa phrase, auquel elle répondait d'un rire nerveux. « Une activité de … de ... » Elle fronçait des sourcils, relevant ses pupilles en lui offrant des yeux presque tristes. « Je … je ne sais même pas ce que j'allais dire. » Ce n'était qu'un petit mensonge, mais ça évitait sans doute un conflit, elle ne voulait pas se bagarrer sur la plage avec un inconnu. Avec personne, nulle part. Andeana évitait toujours ce genre de choses. Elle grimaçait, en espérant qu'il ne soit pas plus curieux avant de faire un semblant de rire forcé. Quelle débile. « Vous pouvez nager, faire des constructions avec du sable, faire du beach-volley, tenter de sauter d'une petite falaise en faisant attention de ne pas vous prendre le crâne sur une pierre ou … lire. » Disait-elle en souriant, elle parlait trop et pour rien dire, mais ça la sortait de la solitude qu’elle allait s’infliger, même si ce n’était que l’espace de deux minutes, qu’il s’ennuyait sans doute à écouter une blonde déblatérer des conneries. « Je vous comprends, ceci-dit ! Je n’aime pas, rien faire. » Bien que c’était ce qu’elle s’apprêtait à faire ; rien, simplement laisser sa peau coloré au soleil.

Andeana ne risquait pas de mourir cette fois, il n’était que le sauveur de ses pensées. Son réel sauveur se baladait quelque part dans une voiture de cette ville à traîner des gens à un point jusqu’à un autre. La sensible pouvait seulement devenir nocive pour elle-même à force de réfléchir. Elle regardait ailleurs avec un sourire qui trahissait son innocence lorsqu’il posait sa question, ce qui allait se montrer vexant ne l’était pas pour cet homme. Si elle n’avait osée rien dire, elle n’en restait pas moins ravie d’être tombée sur un homme qui ne se sentait pas attaqué pour un rien. Mais elle essayait de prendre des pincettes ces derniers-temps, parce qu’elle disait beaucoup de choses, les mots valsaient hors de la bouche d’Andeana tout au long de la journée, elle en oubliait parfois d’en mettre un filtre, même si elle n’était pas la plus méchante des personnes, loin de là. « À moins d’être vieux ou d’être une femme … la lecture n’est pas commune. » Avis stupide. Elle encourageait les gens qui lisaient en les traitant de vieux. « Mais peut-être avez-vous une crème anti-rides extraordinaire auquel cas, ça doit plus être votre quotidien cette occupation. » Lançait-elle en riant, il n’y avait aucun doute qu’il était jeune, sans doute plus qu’elle qui avait passé tout juste le cap de la trentaine. La blonde se faisait une liste des choses que les personnes pouvaient faire sur la plage, plutôt qu’à s’allonger sur une serviette, attendre de rôtir et d’avoir une peau soit brûlée, soit colorée. Les plages dans le pays étaient incontournables et pourtant, il y avait tellement de choses à faire qu’elle en oubliant une large partie. « J’oubliais, vous pouvez aussi faire comme 98 % des australiens ; faire du surf. » Loin l’idée d’elle de lui trouver à tout prix une occupation pour l’éloigner d’elle. Après tout, elle se sentait seule, il était arrivé au bon moment. « Me poser en regardant les vagues … sans doute ?  Aussi ennuyant que mes pensées. » Une nouvelle fois un souffle passait entre ses lèvres. Andeana ça ne la dérangeait pas de se poser face à la nature et la contempler, mais elle ne voulait pas passer pour une personne des plus étranges avec cet homme. « Je peux aussi vous inviter à boire quelque chose pour m’avoir sauver, si vous le souhaitez. » Son sourire décorait son visage, plus vif encore. « Rassurez-vous, je n’ai aucune idée derrière la tête ! »

Andeana n'était pas venue sur la plage pour juger les activités des autres, les siennes n'étaient sûrement pas meilleures. L'ennui en prévision, regarder les vagues, les gens qui barbotaient en sentant le sable sous ses pieds, personne ne risquait de l'envier. « Je m'en doutais. » Un sourire accompagnait sa phrase. En citant toutes les activités qu'une personne pouvait faire sur une plage, ça lui donnait presque envie de changer son programme, sauf qu'elle n'avait pas la tête à ça. Elle n'avait la tête à rien, elle se sentait comme malade d'elle-même ces derniers jours et ça n'allait pas en s'arrangeant. La folle Andeana laissait place à un Andeana moyenne presque médiocre. Et il fallait avouer que la compagnie lui manquait un peu, elle avait Jude chez-elle, certes, elle ne s'en plaignait pas, mais la vénézuélienne avait l'habitude d'être accompagnée de plusieurs personnes dans la journée, de parler à tout le monde, sauf qu'elle gardait un silence profond. Cet homme venait comme un message du destin, elle devait parler à quelqu'un et c'était avec lui qu'elle allait passer son après-midi. Enfin, s'il acceptait de reprendre sa lecture plus tard. « Comme vous, j'essaye de tenir un bon record sur une planche, pour l'instant je ne dépasse pas dix secondes, mais il y a un début à tout. » La reconversion dans le surf n'était pas pour la blonde qui pourtant aimerait réussir à faire quelque chose que tenir à plat ventre sur une planche, bien que c'était tout aussi agréable. « Je ne suis pas une vraie australienne de toute manière ! » Se trouvait-elle comme défense à ne pas savoir pratiquer le surf. Elle ne l'était qu'à moitié, même si elle avait vécue la plupart de sa vie dans cette ville, dans ce pays. Le reste du temps, elle s'était uniquement mise à voyager autour du monde, se posant que très rarement dans son pays d'origine, le Venezuela. « La vie ne m'ennuie pas, ce que je fais est ennuyant. » Se rectifia-t-elle, en espérant que ça donne du sens. « Je me sens un peu à l'ouest en ce moment, je réfléchis beaucoup trop. » Et ce n'était pas dans ses habitudes. Elle l'invitait à boire quelque chose, espérant une réponse positive en retour qui ne mettait pas longtemps à arriver, ce qui avait le don de lui donner un véritable sourire sur les lèvres. « Cool ! » Andeana attendait qu'il ramasse ses affaires avant de regarder autour d'elle. Elle slalomait autour des personnes, jetant un coup d'œil pour voir si l'homme la suivait toujours, puis s'arrêta sur une table libre du bar de la plage. « Ça vous va, ici ? » Dans cette tenue, elle ne pouvait pas réellement aller très loin et elle ne voulait pas le balader plus longtemps. Lorsque le serveur arriva à leur table, elle commanda un verre de jus de fruit, puisqu'elle ne buvait pas d'alcool pour le bien de sa santé et elle tournait ses yeux vers le brun, attendant sa réponse. « Je vais essayer d'être plus intéressante que votre livre. » Son rire reprenait de nouveau. « J'oubliais totalement ; je m'appelle Andeana. » Se présenter dès le début était une bonne option, ça enlevait un inconnu.

C'est ce qu'elle avait besoin au fond, qu'une personne prenne attention à elle, qu'on s'intéresse à elle. La solitude la pesait, ses questionnements hantaient son crâne et si elle était entourée d'amis, de proches, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir seule et abandonnée devant ses choix. Les effets de ses médicaments, ils étaient lourds, ils la rendaient triste pour un rien, elle qui était heureuse à chaque instant, à chaque minute, ça la chamboulait énormément. Cet homme venait au meilleur moment et elle ne voulait pas le lâcher pour le moment, elle venait à lancer un sujet et continuait sur les occupations d'une plage, ne manquant pas de passer par le surf, activité que tout australien semblait maîtriser alors qu'elle n'arrivait à tenir sur une planche plus de quelques secondes. Et pourtant, elle trouvait ça fascinant de pouvoir s'allier à la mer pour fendre les vagues avec grâce. Comme excuse, elle utilisait sa nationalité dans un rire. « Je suis née au Venezuela, mais j'ai bougée toute ma vie. » Avec sa mère, ce n'était qu'un détail. Son père après son divorce s'était installé en Australie, son pays d'origine pour se concentrer sur son entreprise à réputation florissante. Et il ne s'était pas raté, aujourd'hui son nom était dans les plus grands couturiers d'Australie et il venait à se reprendre dans le monde. Un avenir qu'elle aimerait prendre, faire de ses créations sa réputation et non pas ses photos. « Il y en a plusieurs à vrai dire, elles sont toutes stupides. » Ça ne répondait pas réellement à sa question, mais elle ne savait pas elle-même rassembler toutes les raisons de son mal-être qu'elle espérait temporaire. Andeana ne sentait pas le courage d'en parler, d'avouer qu'elle avait l'impression d'offrir de l'amour à un homme qui ne lui en redonnait pas et que ce n'était pas parce qu'il lui avait offert la bague au doigt qu'elle voulait tellement que ça allait camoufler cette blessure, ce manque. Sauf qu’elle l’aimait lui, malgré ses absences et qu’elle se perdait vite. Ils s’installèrent au bar de la plage, toujours avec une vue imprenable sur la plage, la mer et les gens qui s’amusaient, elle n’avait pas cherché loin, mais elle n’était pas là pour embêter le jeune homme. « Votre livre était si nul ? » Elle riait doucement, pour qu’il affirme qu’elle était plus intéressante alors qu’ils n’avaient pas réellement commencer une conversation, son livre devait être médiocre. Ou alors il cherchait à lui faire plaisir, ce qui ne l’étonnerait pas. Ce n'était pas dans ses habitudes de se dénigrer, noircir ses pensées de cette manière, mais c'était plus fort qu'elle, elle n'était pas à son maximum et ça se voyait. « Enchanté Elias. » Elle ne disait pas un mot par la suite pour ne pas dévoiler son métier qu’il finissait par trouver du premier coup. Elle se sentait flattée d’une certaine manière, puisqu’on ne trouvait pas ce métier à tout le monde. « Touché. Je suis designer mode pour une maison haute couture et je sers parfois de mannequin. » Parfois, c'était un petit mot comparé à tout les photo-shoots qu'elle avait accumulée au fil des années, mais comme pour tout le monde, elle le gardait secret. Généralement les personnes au courant étaient celles qui tombaient dessus et rien de plus, ni sa famille, ni ses exs n'avaient entendus de sa bouche qu'elle posait en lingerie pour des magazines, des sites et autres. Et ça ne filait pas d'entre ses lèvres, malgré le temps qu'ils passaient à faire connaissance. Si elle craignait ne pas avoir de conversation à lui faire, les minutes défilaient sans que la blonde puisse s'en apercevoir, elle fut presque triste de l'abandonner sur le pas de sa porte.