Bienvenue à Bowen, petite ville côtière du Nord-Est de l'Australie, abritant moins de 7 000 habitants. Si vous recherchez le calme, la bonne humeur et la joie de vivre, vous serez au paradis. Tous les habitants vous le diront, Bowen est l'endroit idéal pour se ressourcer. Et puis ne vous inquiétez pas pour l'intégration, ici tout le monde se connaît et les habitants adorent accueillir les nouveaux. › suite.
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Dim 14 Jan 2018 - 14:35
Beyond exploding stars.
Les paroles de Naveen m'avaiznt touché avant que je ne parte rejoindre Wyatt, j'avais même du marmonner à Naveen un simple « Moi aussi ! » qui était sincère, il me semblait être quelqu'un de très gentil, alors le revoir dans d'autres circonstances me paraissait être une bonne idée. Mais il aurait été déplacer de lui donner mon numéro de téléphone avant de voir Wyatt, il se serait sûrement fait des films alors je laissais le hasard faire les choses et nous réunir à nouveau lors d'une sortie peut être ?
J'avais préféré ne rien répondre aux reproches de Wyatt qui étaient non justifié. Il était en colère, c'est la colère qui parlait bien que je ne comprenais pas pourquoi il était en colère… Il n'avait aucune raison de l'être… Enfin, j'avais préféré le laisser tranquille. Le laisser rejoindre Naveen qui aurait sûrement besoin d'aide encore un peu avec ces patins.
Lorsque je déchaussais, je jetais un coup d’œil vers Naveen pour m'assurer que Wyatt était bien aller le rejoindre, et je fus soulagé de voir que oui, il ne risquerait pas de tomber comme ça. Quand j'ai eu, finis de retirer mes patins, j'allais au comptoir donnant mon ticket pour échanger mes patins contre mes baskets avant de me rasseoir les enfiler et je pars enfiler ma veste que j'avais récupérée au passage. J'avais l'art de disparaître facilement, surement une qualité que j'avais apprise dans ma carrière lorsqu'il fallait sortir rapidement et en toute discrétion.
Une fois les mains enfouis dans les poches de ma veste en jeans je ne m'attardais pas à la patinoire et la quitta d'un pas presser pour m'aventurer dans les rues de Bowen sans me retourner, me mélangeant a la foule, il ne me fallut que quelques minutes pour intercepter un taxi qui me déposa chez moi et la journée fut bouclé pour moi. Demain serait un nouveau jour, c'est pour ça que je ne pris pas la peine d'enfiler un pyjama, et dormis toute habiller.
La seule chose que je retenais de ma journée, c'était que j'avais fait la connaissance d'un ami à Wyatt et j'espérais que ce soit pas la dernière fois que je le voyais. Et j'espérais que Wyatt sera plus calme la prochaine fois ou je le verrais.
lumos maxima
Invité
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Dim 14 Jan 2018 - 19:45
Lentement, je réalise que j’ai perdu le contrôle et que j’ai pété les plombs. Je me suis montré jusqu’au bout infecte avec Neala alors qu’elle n’a visiblement rien fait, enfin, elle était quand même dans les bras de Naveen, je l’avais vu de mes propres yeux. Après un dernier coup d’œil à Neala, je me lève et me dirige vers qui se maintient sur la glace au niveau de la rambarde.
La colère qui m’a possédé durant ces trois interminables minutes à laisser place au goût amer de la honte et je la sens qui se repends dans mes veines à son tour. J’arrive près de Naveen et je me sens comme un enfant prit en faute après avoir fait une grosse bêtise. Pour autant, je suis adulte alors je dois assumer mes conneries et je dois commencer par le commencement. Alors que je viens lui demander pardon, Naveen prétends que c’est à Neala que je dois des excuses. Il n’a pas tort et elle en aura. Mais je lui en dois à lui aussi. « Je sais » soufflais-je honteux, « mais à toi aussi je t’en dois. » lui dis-je en me passant une main gênée dans les cheveux. Je suis la direction de son regard, et je vois qu’il regarde Neala, un nouveau pic de jalousie revint en moi, mais je ne dis rien. Je n’ai pas mon mot à dire. Je dois apprendre à faire avec. Neala et moi, c’était il y a longtemps. Je n’ai pas mon mot à dire sur les personnes qu’elles fréquentent. Quant-à Naveen, ce n’est pas comme si j’avais le choix. Si je voulais pouvoir continuer à le voir, j’allais devoir accepter le fait qu’il puisse être en couple avec des femmes. Mais c’était mieux que rien une amitié, n’est-ce pas ? « Il n’y a rien entre Neala et moi. » lui dis-je doucement, « Alors si… elle te plait… tu… tu fais ce que tu veux quoi… » soufflais-je sombrement tant ça m’était douloureux de dire ces quelques mots. J’avais envie de me taper la tête contre la glace à cet instant, j’aurai parié que ça m’aurait été moins douloureux.
Naveen prit la parole et c’était certainement le plus long monologue qu’il m’avait fait depuis qu’on s’était rencontrés. Lorsqu’il termina celui-ci en me disant que je devais pas la laisser partir si je l’aimais. Je soupirais avant de tourner une nouvelle fois la tête dans la direction ou se trouvait Neala. Elle venait de quitter le banc pour partir. Pour autant, je restais planté là aux côtés de Naveen, en silence « Je suis là ou je dois être. » murmurais-je doucement sans oser le regard alors que Neala disparaissait de notre vue. « Neala est… mon premier amour. » lui avouais-je à mi-voix en regardant la foule dans laquelle la jeune femme s’était évanouie. « Et le seul d’ailleurs. » ajoutais-je doucement. « Notre histoire ne s’est jamais officiellement finie. Après mon envoi à l’école militaire, je ne lui ai plus jamais donné de nouvelles… J’en garde un certain goût… d’inachevé à vrai dire... » admis-je alors en ancrant mon regard dans le sien, « Je tiens énormément a elle mais… A vrai dire, je suis relativement perdu en ce moment sur tout ce qui concerne mes sentiments. Je l’aime beaucoup, c’est certain, mais… est-ce que ce sont des sentiments amoureux que j’éprouve pour elle ? Je ne… sais pas… Je ne crois pas. » soufflais-je doucement. « Tu n’as pas à t’excuser Naveen, c’est moi qui ai pété les plombs… encore… » soufflais-je en soupirant. « Je peux t’aider à te sortir de là ? Ou tu préfères rester sur la glace et apprendre à patiner? » lui demandais-je alors que j’apercevais sa lente tentative de regagner le sol ferme. Je me doutais que j’avais gâché sa journée et qu’il risquait d’avoir le patinage en horreur à cause de mes sautes d’humeurs.
Invité
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Dim 14 Jan 2018 - 23:20
Après sa discussion avec Neala, Wyatt était revenu vers Naveen, toujours un peu perdu sur la glace, visiblement incapable de regagner le plancher par lui-même, ou pas assez rapide pour le faire. Il aurait préféré s’éclipser dans le plus grand des silences comme il savait si bien le faire depuis que son existence-même semblait parfois effacée, mais l’américain avait su être plus rapide que la fuite du syrien. Ce dernier écouta l’homme, ses excuses, ses justifications. Pourtant, il n’avait pas l’impression d’être la personne qui devait recevoir ses excuses. Cette personne-là, elle était assise seule sur un banc, prête à s’en aller. Wyatt suivit d’ailleurs le regard de Naveen jusqu’à Neala. Il était attristé que ça se termine de cette manière. C’aurait pu être une belle rencontre, c’aurait pu être une belle journée, mais elle serait à jamais assombrie par cet épisode qu’il ne comprenait pas encore. Wyatt lui affirma qu’il n’y avait rien entre Neala et lui, et que si elle lui plaisait, il faisait ce qu’il voulait. Naveen fronça les sourcils en dévisageant Wyatt un moment, surpris de ce commentaire. « Quoi ? Mais, non ! » Il s’était certes attendu à ce que la raison de sa colère découle d’une certaine jalousie, mais de là à croire que Naveen était à ce point intéressé par l’irlandaise, il ne s’attendait pas à ça. « Wyatt … j’ai perdu ma femme il y aura bientôt deux ans de ça, mais … je suis toujours amoureux d’elle. Tu sais, quand je l’ai mise dans ce bateau pour la Grèce, je ne lui ai dit qu’au revoir. Dans mon esprit, je la rejoignais quelques semaines plus tard. » Commença-t-il à expliquer, le cœur serré rien qu’à l’évocation de ces souvenirs. Sauf que c’était nécessaire, c’était nécessaire pour lui faire comprendre quelque chose de bien important. Alors, d’une voix chagrinée, il continua : « Je me surprends encore à oublier, parfois, que ce n’était pas qu’un au revoir. Que je ne la reverrai plus jamais. » Il haussa les épaules, son regard balayant la patinoire du regard, avant de reporter ses yeux vers Wyatt. « Alors … je ne suis pas prêt à tomber amoureux à nouveau. Ni même seulement à l’envisager. » Conclut-il. S’il avait laissé croire à tout autre chose, c’était parce que Naveen ne savait plus comment agir avec les femmes, justement parce que son cœur était trop meurtri, parce que chaque rapprochement lui rappelait ce qu’il avait perdu. Et pour éviter que Wyatt ne perde un lien bien spécial avec Neala, il lui conseilla de ne pas la laisser partir, s’il l’aimait. Et pourtant, il la laissa disparaître dans la foule. C’est lorsqu’ils n’arrivèrent plus à la distinguer parmi tout ce monde que Wyatt expliqua la nature de leur relation, à Neala et lui. « Je comprends. Je comprends ce goût d’inachevé. Mais je pense qu’il te faudra faire le point sur tes sentiments si tu veux pouvoir passer à autre chose. De ce que j’ai pu voir aujourd’hui … elle est encore bien présente dans ton cœur. » Une telle jalousie ne pouvait que s’expliquer par un amour trop grand. Naveen ignorait seulement que Neala n’était pas la seule à représenter ce sentiment dans le cœur de l’américain. « Je préférerais sortir. Ce n’est pas de ta faute, et ne le prends pas mal, mais … Je pense que j’en ai eu assez pour aujourd’hui. » Il esquissa un sourire, désolé. Il ne voulait pas terminer cette journée sur une note aussi maussade, mais il n’avait plus le cœur à jouer aux enfants.
Je dévisageais le brun en silence ne comprenant plus du tout la situation. Naveen s’était pourtant retrouvé dans les bras de Neala, je n’avais pas rêvé. Bon, visiblement, je m’étais planté sur toute la ligne et j’avais bel et bien loupé un épisode. « Je… Je croyais… Enfin vous étiez… alors j’ai cru que… » balbutiais-je mal à l’aise. Mais Naveen prends la parole, comme pour justifier le fait que je n’ai pas à m’inquiéter de lui. Il me parle de sa femme et mon cœur se serre. Toutefois, contrairement à précédemment, ce n’est pas de la jalousie qui m’assaille, mais de la peine. Je m’en veux aussi de m’être emporter comme je l’ai fait, parce qu’après ce que Naveen à traversé, je n’ai pas le droit de l’empêcher d’entrevoir un autre avenir. Mais en même temps, j’éprouve une sorte de soulagement. Parce que ça veut dire que je n’aurais pas à supporter de le voir avec une femme avant un moment, même s’il faudra bien que je me fasse à cette idée. « Je comprends Naveen. Je te demande pardon d’avoir supposé que… enfin… Que tu t’intéressais à Neala » souris-je doucement « Ta femme avait beaucoup de chance de t’avoir. » lui dis-je avec douceur. Mine de rien, j’étais attendri par l’amour que Naveen gardait pour elle. « Comment était-elle ? » me risquais-je à lui demander avec douceur. La seule fois qu’on en avait parlé, c’était lors de notre première rencontre. J’avais eu l’impression que Naveen me reprochait sa mort par l’intermédiaire de mon ancien métier. C’était d’ailleurs pour ça que j’étais mal à l’aise à l’idée d’aborder ce sujet. Je ne me sentais pas prêt à recevoir d’autres reproches de ce genre, surtout étant donné les sentiments qui grandissait en moi à l’égard du syrien.
En lui résumant mon histoire avec Neala en deux phrases et à la réflexion de Naveen, je compris qu’on avait encore une chose en commun. Certes, je n’avais pas perdu Neala dans un naufrage. Je n’avais pas non plus perdu une famille. Jamais je ne pourrais prétendre traverser la même chose que Naveen. La seule chose en commun c’était bien la fin d’une histoire que nous n’avions pas prévu, ni l’un, ni l’autre. « Tu es le mieux placé pour comprendre, effectivement » souris-je avec douceur. « J’essaie de faire le point. C’est juste difficile de savoir si… Si ce que j’éprouve pour elle n’est pas juste un rattachement au passé… Nous avions quinze ans lorsqu’on a commencé à se fréquenter. Un an après, on se disait au revoir à l’aéroport en pensant se revoir les vacances suivantes… » soufflais-je doucement, « On se retrouve quinze ans après. On a grandi… et… on a changé. J’ai changé. » marmonnais-je pensif. « Je crois que je garde une profonde affection pour elle, c’est certain. Elle aura toujours une place dans mon cœur. Mais je ne sais pas si c’est la même place qu’avant… C'est ça le problème. » affirmais-je en regardant Naveen. Je n’allais pas lui dire que c’était lui qui avait pris la place de roi, éjectant Neala de sa place de reine dans mon cœur. Surtout après ce qu’il avait dit au sujet de sa femme, et après les tensions qu’il y avait eu après Townsville.
Il préférait sortir, je pouvais le concevoir. J’avais foutu en l’air notre journée qui pourtant avait bien commencée. « laisse-moi t’aider ? » lui proposais-je avec hésitation. J’attrapais son bras en le regardant pour être sur qu’il était d’accord afin de le faire glisser le long de la rambarde pour qu’il puisse sortir de là plus vite. Je ne voulais pas risquer un contact physique avec lui qu’il ne voulait pas. Alors je voulais être sur qu’il était d’accord. « ça te dirait d’aller boire un café pour se réchauffer ? » lui proposais-je histoire de ne pas finir la journée sur une note aussi maussade alors que Naveen regagnait la terre ferme. « Allons enlevez ces patins, pas à dire les chaussures, c’est plus confortable quand même. » plaisantais-je pour détendre l’atmosphère. « Tu veux de l’aide pour marcher jusqu’au banc ? » lui demandais-je en le regardant à nouveau dans les yeux.
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Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Jeu 18 Jan 2018 - 18:00
Naveen esquissa un faible sourire, c’était une erreur honnête de la part de Wyatt, sans doute. Il savait ce que c’était que de voir le regard d’un autre homme posé sur sa femme, il savait le sentiment que cela avait déjà pu créer en lui, et sans doute aurait-il réagit tout aussi violemment. « Elle semble être une femme extraordinaire, Neala. Mais … » Il haussa les épaules, le visage de sa femme lui revenait en tête. Pouvait-on retomber amoureux quand son cœur était pris par un fantôme ? Naveen l’ignorait, et si jusqu’à ce jour il ne s’en était jamais inquiété, si jusqu’à maintenant ça ne lui avait jamais traversé l’esprit, sans doute qu’un jour il se verrait confronté à ce questionnement auquel il n’avait pour le moment aucune réponse. « … mais je n’en suis pas là. » Et peut-être ne le serait-il jamais, qui sait. Il avait tellement de difficulté à s’ouvrir aux autres, dorénavant. Il avait tout perdu, Naveen, et l’idée qu’on puisse encore une fois lui arracher ce à quoi il tenait plus que tout au monde l’effrayait démesurément. L’américain reprit la parole pour lui dire que sa femme avait eu de la chance de l’avoir. Le syrien esquissa un nouveau sourire, les jambes tremblantes, et encore une fois il n’aurait su dire s’il s’agissait des patins, ou de la question de Wyatt qui le replongeait dans d’innombrables souvenirs à la fois doux et douloureux. « Elle s’appelait Amena. Je ne sais pas si je te l’avais déjà dit … » Sans doute pas. Naveen ne prononçait que très rarement les prénoms de sa femme et de ses enfants à voix haute. Ça rendait leur absence trop réelle, et le trou béant dans son cœur ne faisait que s’accentuer, creusant le vide en lui dans une douleur atroce. « Elle était … tellement drôle, sans le vouloir. Elle me fusillerait du regard à m’entendre. Avec les enfants, on s’amusait si souvent à se moquer d’elle parce qu’elle était trop organisée. Tout était calculé à la seconde près, et si nous avions le malheur de ne pas la suivre d’assez près, elle s’emportait. » Lança Naveen avec la nostalgie dans le regard et dans le sourire. « Mais c’est elle qui m’a toujours gardé sur le droit chemin, grâce à ça. Et grâce à tout l’amour qu’elle me portait, et qu’elle portait à nos enfants. Elle était ce qui tenait notre famille en place, elle était notre pilier à tous. » Et quand ça avait été au tour de Naveen de les guider dans la nuit, de les conduire hors des horreurs de la guerre, il avait failli à sa tâche. Elle les avait toujours menés à bon port, tous les cinq, et Naveen n’avait pu être un phare à sa place. Il n’avait jamais eu cette même lumière qu’elle. Et plus jamais il n’aurait une quelconque lumière. Alors si Wyatt avait encore ne serait-ce qu’une infime chance de renouer avec celle qu’il aimait, le syrien ne pouvait que l’encourager à la saisir, cette chance. Trop rapidement il pouvait la perdre. « En as-tu parlé avec elle ? Peut-être qu’elle se sent comme ça, elle aussi. Peut-être qu’ensemble, vous pourriez en avoir le cœur net. » Ils étaient tous les deux les mieux placés pour le savoir, et c’est en partageant leurs sentiments, leurs craintes et leur confusion, qu’ils arriveraient à se sortir du brouillard. Si Naveen n’avait pas su se sortir du sien, il voyait mal comment il pourrait guider Wyatt hors du doute. Quand l’homme proposa finalement son aide pour l’aider à sortir de la patinoire, le syrien hocha la tête pour une fois, s’agrippant au bras de Wyatt pour se laisser glisser jusqu’à la sortie. « Pourquoi pas, oui. » Accepta-t-il, pour le café. Parler de sa femme, parler de l’amour perdu de Wyatt, ça l’avait mis dans une telle solitude qu’il se voyait mal rentrer chez lui avec cette boule au ventre. « Non, ça ira, je vais les enlever ici, je dois avouer que ce n’est effectivement pas très confortable, ces patins. » Et juste l’idée de devoir se rendre jusqu’au banc le rebutait. Il se maintint donc sur la rambarde, de l’autre côté de la glace, et se laissa glisser pour se retrouver sur les fesses, sans tomber cette fois. Il replia ses jambes pour que ses mains puissent atteindre les lacets des patins, et il s’en déchaussa rapidement. Ne marchant que dans ses chaussettes, Naveen alla récupérer ses souliers au comptoir d’emprunt, en échange des patins qu’il ne comptait pas remettre avant belle lurette. Il alla rejoindre Wyatt qui était, quant à lui, sur un banc.
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Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Ven 19 Jan 2018 - 9:39
Je laisse mon regard un peu protecteur parcourir le visage de Naveen. Plus je le regarde, plus je dois me faire violence pour ne pas le prendre dans mes bras. Son visage aux traits prononcés laisse entrevoir la dureté des épreuves que la vie lui a imposées. Il paraît aussi solide qu’un roc. Son visage inspire la sagesse et le respect, pour autant je sais qu’à l’intérieur c’est un homme brisé. Une âme qui survie dans un monde qui n’est pas le sien, hantait par les souvenirs de sa famille disparue. J’aimerai tellement l’aider, balayer ses souffrances et être celui qui lui permettrait de réapprendre à vivre, mais je sais bien que c’est impossible. « Je comprends, désolé. » soufflais-je avec un sourire réconfortant. C’était tellement égoïste de ma part, mais j’étais un peu soulagé. Je pourrais de ce fait, continuer à le voir en évitant le genre de crise que j’ai fait aujourd’hui, du moins je l’espère. Je ne peux pas le laisser entrevoir la façon dont je le vois. Je ne peux pas le laisser savoir quels sentiments brûlent en moi pour Lui. Jamais il ne le tolérerait, je le sais bien. Alors je me contenterais d’être une épaule pour lui et de répondre présent lorsqu’il en aura besoin et tant que mon cœur me le permettra.
Mon cœur, celui qui se serre à l’entendre parler ainsi de sa femme. Je ressens dans ses mots, tout l’amour qu’il pouvait lui porter, pour autant, je ne suis pas jaloux, je ne me le permettrais pas. Il se serre de douleur, en soutien à Naveen. Il se serre de douleur parce qu’il est incapable de soulager la sienne. Alors Il la partage. « Amina était vraiment exceptionnelle » souris-je doucement en l’entendant parler d’elle. « Elle doit être heureuse de te voir garder la tête hors de l’eau. De rester sur ce droit chemin qu’elle voulait pour toi. » lui fis-je remarqué doucement. « C’est probablement le plus bel hommage que tu peux lui faire, je suppose ?Elle reste ton pilier, même si elle n’est plus présente physiquement. Elle l’est dans ton cœur. » lui dis-je avec douceur. Et moi, j’essayerais d’être son soutien physique pour pouvoir le rattraper lorsqu’il en aurait besoin, pour lui rappeler qu’il devait être fort et vivre. A défaut d’avoir sa femme à ses côtés, il aura un ami.
Neala partit, je l’aidais à sortir de la patinoire, surpris et soulager qu’il accepte mon aide. Nous parlions d’ailleurs de l’irlandaise, et mon regard va s’ancrer dans celui de Naveen, indescriptible. Il m’encourageait à aller trouver Neala pour peut-être rebâtir quelque chose avec elle. J’avais presque envie de lui dire ‘le souci, c’est que t’a pris la clé de mon cœur, je fais comment pour la donner à Neala maintenant, mec ?’ mais je me contente de faire un sourire triste. « C’est compliqué Naveen. Même si elle est… aussi perdu que moi… Je dois d’abord régler mes problèmes avant de songer à… à me lancer dans une histoire. » soufflais-je doucement. C’était une façon d’esquiver la vérité, sans pour autant lui mentir. Ainsi, je n’avais pas besoin de lui dire que j’avais de sentiments pour lui qui m’empêcher d’entrevoir quelque chose de sain avec Neala, tout en lui rappelant que le traumatisme que je me trimballais ne me permettais pas non plus d’entrevoir une relation. « Je ne veux pas en venir à… la blesser. Je crois que tu es le mieux placé pour savoir que mes réactions peuvent être… disproportionnées. » soufflais-je doucement. « Je n’ai pas le droit de lui imposer ça… ni à quiconque d’ailleurs. » fis-je en haussant les épaules avec lenteur.
Naveen était enfin sortit de la patinoire, et se hâta d’enlever les patins alors que je lui lançais un sourire un brin moqueur avant de partir vers le banc pour terminer ma tâche de les enlever. Une fois mes chaussures enfilés et les patins rendus, je me tournais vers Naveen en souriant. « On y va ? » lui proposais-je en prenant la direction d’un des stands de nourriture et boissons chaudes. « Au fait, pourquoi dentiste ? » lui demandais-je en fronçant les sourcils. « Je veux dire… enfin… t’a… pas une tête de dentiste. » soufflais-je en souriant. « T’es un fétichiste des dents c’est ça? » demandais-je sur le ton de la plaisanterie, espérant retomber sur un sujet un peu plus léger.
Quand le prénom de sa femme fut prononcée par la voix de Wyatt, Naveen releva vers lui un regard saisi par la surprise. Ce prénom, il ne l’entendait maintenant plus qu’en écho dans sa propre tête, se répercutant sur les murs imaginaires de son esprit qui aurait voulu le faire résonner à l’infini, ce prénom qui avait encore la magie nécessaire pour faire battre son cœur et électrifier son corps au grand complet. Naveen avait fait d’elle son fantôme d’amour, au point où parfois il se perdait entre la réalité et l’inventé, se réveillant aux côtés de son doux visage songé, tendant la main pour aller toucher sa joue. Et se frapper au vide. Mais d’entendre son prénom prononcé par quelqu’un d’autre, entendre la voix d’un autre reconnaître son existence, cela la rendait bien réelle. Elle n’en était pas moins morte, mais elle était davantage présente. Autour d’eux, au-dessus d’eux. « Oui. C’est pour elle, et pour mes enfants, que j’essaie autant de m’en sortir. Que j’essaie de retrouver une vie, quelle qu’elle soit. On s’est tellement battu pour ça, on a tellement sacrifié pour y arriver. Je ne veux pas que ça ait servi à rien. » Ils avaient parcouru des kilomètres d’horreur, à pieds, dans la nuit. Ils s’étaient départi de tout ce qui leur était cher, de tout ce qui avait une valeur sentimentale. Ils avaient laissé derrière eux la seule vie qu’ils connaissaient, dans l’espoir de trouver mieux ailleurs. Au final, eux avaient trouvé la mort, et lui avait trouvé la solitude. Mais Naveen ne pouvait qu’espérer qu’un jour, il apprivoiserait cette nouvelle existence qu’il avait si longuement attendue. Alors il continuait d’avancer, un pied devant l’autre, sur ce fil de fer. Si le vent se levait, si le vent le balayait, il tomberait sans doute. Wyatt lui avait toutefois fait la promesse de le rattraper, alors Naveen ne craignait plus les tempêtes. Les deux hommes sortirent de la patinoire, parlant cette fois de Neala. Ils avaient chacun leur fantôme, seulement Neala en était un du passé de Wyatt. « Je comprends, évidemment … Est-ce que tu vois quelqu’un, pour ça ? » Pour Naveen, ce n’était pas aussi facile de s’ouvrir à l’idée d’étendre ses peurs et ses cauchemars à un parfait étranger, mais il savait que c’était une aide qui pouvait assurer une progression, une guérison. On lui avait d’ailleurs offert ce genre de service, à son arrivée en sol australien, pour palier aux traumatismes vécus pendant la guerre et pendant la fuite. Wyatt aussi avait vécu un traumatisme qui encore aujourd’hui le hantait. « Malgré cette impulsivité qui te contrôle parfois, t’es quelqu’un de bon, Wyatt. T’es profondément quelqu’un de bien. Tu n’as pas besoin de protéger les autres de toi-même, pas à ce point. » Il esquissa un sourire alors que ses pieds touchaient enfin le bois de la sortie de la patinoire. Chacun de leur côté, ils retirèrent leurs patins et les troquèrent pour leurs chaussures. Demeurant à l’intérieur du dôme d’hiver, les deux hommes allèrent s’installer à un stand de nourriture et de boissons chaudes. Alors qu’ils s’accoudaient au comptoir, Wyatt le questionna candidement sur son travail de dentiste, alors qu’ils n’avaient plus abordé le sujet depuis Townsville. Bien des choses n’avaient plus été abordées depuis Townsville et pourtant, ça restait dans leur mémoire, bien gravé, bien ancré. « Non, je suis pas un fétichiste des dents. » Il eut un rire, avant d’hausser les épaules. « Mon père était dentiste. Je pense que j’ai tout simplement voulu suivre ses traces, être à la hauteur, et offrir à mes enfants la vie qu’il m’avait permis d’avoir. » Au final, ça n’avait pas été le cas, mais s’il l’avait pu, Naveen aurait tout donné à ses enfants. « Ne t’en fais pas, je ne prenais pas un malin plaisir à être la personne qu’on a le moins envie d’aller voir. » Qui aimait aller chez le dentiste, pas vrai ?
Invité
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Jeu 25 Jan 2018 - 22:57
J’ai peur.
Peur de la réaction de Naveen lorsque je prononçais le prénom de sa femme.
Je garde en mémoire les reproches voilés au sujet de ma carrière militaire lors de notre première rencontre. Alors j’ai peur qu’il m’en veuille de prononcer le nom de sa femme, qu’il pense que je souille sa mémoire en la mentionnant. Mais je crois que je me suis planté sur toute la ligne. Naveen semble avoir mis son ressentiment de côté, et ça me soulage. Du moins, s’il me voit encore comme un bourreau, il ne le montre plus, c’est déjà ça. « Je comprends. » dis-je avec douceur. « d’ailleurs, en parlant de ta famille… Je me suis renseigner et… il n’y a pas de carré musulman à Bowen. Il y a peut-être une solution mais… je ne préfère pas m’avancer avant d’être sur. » lui avouais-je avec hésitation. A la base, je n’avais pas prévu de lui parler de ça aujourd’hui. Mais comme l’ambiance à bien changé après mon pétage de plomb, autant l’aborder maintenant. La discussion se centre alors sur Neala et mon problème de comportement. Ce foutu problème qui me poursuit depuis mon retour. Naveen me demande si je suis suivi pour ça et je soupire bruyamment, pas tellement fier de l’être. « Oui Naveen, je suis suivi régulièrement par un psy. » lui dis-je doucement. « Et si je respecte cette condition, j’ai le droit à un aller simple pour l’hôpital militaire de Fort Benning à environ quinze milles kilomètres d’ici. » soupirais-je, blasé par moi-même. « Pour autant, on peut pas dire que les thérapies fonctionnent à merveille. » soufflais-je en me renfrognant un peu. Et pourtant, j’en suivais deux. Une individuelle, et une en groupe.
Lorsque Naveen parle de moi, de la façon qu’il me perçoit, je sens mon cœur faire des bons dans ma poitrine. J’ai du mal à croire qu’il voit du bon en moi alors qu’il connait mon passé. Venant de lui, ça me touche bien plus que venant de n’importe qui. Pourtant, malgré le bonheur que ses mots me procurent, je redescends vite sur terre. « C’est nécessaire Naveen. Que ce soit vis-à-vis de Neala… ou de toi… je ne tiens pas à vous faire du mal… Tu as bien vu de quoi j’étais capable après tout… » mamonnais-je en détournant le regard. Je faisais allusion à notre dernière rencontre dans le bar, ou lorsqu’il m’avait accosté, je l’avais violemment plaqué contre le comptoir avec une technique militaire. Je ne voulais pas que ça se reproduise, sachant que je culpabilisais déjà suffisamment de l’avoir déjà agressé. « Et je ne veux faire de mal à personne. » admis-je doucement en lui faisant un sourire un peu désabusé. C’est d’ailleurs pour cela que je ne voulais pas trop me lier aux autres, j’avais trop peur de ce que je pouvais faire à des amis que je pouvais potentiellement me faire.
J’avais parlé de son ancien métier, sans savoir que cela pouvait faire remonter les souvenirs de Townsville à la surface. J’essayais juste d’avoir une conversation normale, un peu banale même, mais légère. Surtout par rapport aux conversations toujours un peu houleuses qu’on était habitués a avoir tout les deux. « D’accord, donc c’est plus pour rester dans les traces de ton père. » constatais-je avec douceur. Comme moi, sauf que contrairement à Naveen, c’était pas tellement par choix. Plus pour pouvoir rester dans le droit chemin et ne plus décevoir mes parents. « Attends, tu veux me faire croire que… t’as jamais essayé de faire peur à un gosse irrespectueux ? » l’interrogeais-je amusé. « Même au tout début de ta carrière ? » lui demandais-je surpris par le possible sérieux dont il aurait fait preuve. Après, en devenant parent, il était logique que sa façon de voir les choses aient changés.
Il fut surpris, Naveen. Quand Wyatt lui parla des renseignements qu’il avait obtenu à propos d’un carré musulman à Bowen, qui sans grande surprise, n’existait pas. Il était ému, au point où la tristesse en était presque complètement dissipée. Il lui avait demandé de l’aide, il avait demandé de l’aide à la personne la moins probable de lui tendre une main en retour, à l’époque. Et pourtant, Wyatt l’avait non seulement attrapée pour tenter de le hisser hors de ce gouffre dans lequel la guerre l’avait plongé, mais il avait en plus pris les devants pour remettre un peu de paix et de repos dans la vie du syrien. Un sourire profondément touché et un regard habité par l’émotion illuminèrent le visage du réfugié, qui plongea son regard dans celui de Wyatt, avant de secouer doucement la tête et d’hausser les épaules. « Ne perds pas ton temps avec ça, Wyatt. Il n’y en a pas, il n’y en a pas, l’histoire se termine là. De toute façon, leurs corps n’appartiennent pas à la terre mais à la mer, et peut-être est-ce préférable de laisser leurs âmes et leur mémoire avec. » Il esquissa un faible sourire, hochant doucement la tête en détournant le regard. Certes, leur mémoire, elle transcenderait le temps à travers l’existence de Naveen, qui les emmènerait avec lui là où il irait, là où ses pas le porteraient ensuite. Mais il réalisait que peut-être la vie lui envoyait-elle un signe, l’implorant de laisser l’océan les bercer dans l’au-delà. Venait un temps où il fallait laisser le passé dans le passé, quand aucun geste ne pouvait changer quoi que ce soit. Ce n’était pas le cas pour Wyatt, toutefois, qui lui pouvait encore modifier le cours de son histoire avec Neala, qui avait encore une voix et elle la capacité de l’entendre. Mais Wyatt avait ses démons, comme tout le monde, mais les siens étaient d’une noirceur qui l’enveloppait parfois au point où il en perdait le Nord, le contrôle. Naveen avait lui-même été témoin de cette rage intérieure qui menaçait constamment d’entrer en éruption dans l’être de l’ancien soldat. « Si tu respectes cette condition ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu retournerais là-bas ? » Aux États-Unis. À l’autre bout du monde. Ce monde qui était hors de portée pour Naveen. Ce monde qui les séparerait à jamais. « On ne peut s’attendre à des miracles, après ce qu’on a ... vu, et vécu. » Personne n’en ressortirait indemne. Et ce n’était pas quelques séances et quelques prises de conscience qui sauveraient un Homme d’un tel enfer. Wyatt avait déjà un pas d’avance sur d’autres, parce que lui laissait encore voir aux autres sa lumière, sa bonté, et ça, Naveen n’hésita pas à le lui souligner. « Alors tu passeras une vie à t’empêcher d’aimer, à t’empêcher d’être auprès de ceux que tu apprécies, et pour quoi ? Pour les protéger de toi-même ? J’parle que moi pour moi, et je ne sais pas ce que Neala est prête à traverser avec toi, mais de mon côté … I can take it. » Il se surprenait lui-même, Naveen, à affirmer avec tant de désinvolture qu’il saurait affronter même les côtés les plus sombres de l’américain si c’était pour rester auprès de lui. Townsville semblait si loin, maintenant, et pourtant, ils n’en avaient jamais été aussi près. Et les souvenirs demeuraient, et la honte peut-être, parce que Wyatt commanda lui aussi une version non-alcoolisée d’une boisson chaude, accompagnant Naveen dans cette sobriété qui était tout ce qu’il avait connu. « Et être au moins un aussi bon homme, un aussi bon père, qu’il l’a été. » Naveen esquissa un sourire en hochant la tête. Il y aurait eu d’autres moyens de le faire qu’en suivant exactement ses traces, mais il appréciait sa vie, Naveen. Il avait apprécié sa vie. Celle qu’il menait dorénavant n’avait rien à voir. « Mais non ! Au contraire, il fallait bien quelqu’un pour leur montrer que ce n’est pas si terrible que ça, le dentiste ! » Il éclata de rire, amusé par l’idée que Wyatt se faisait. Naveen s’imaginait mal effrayer les enfants, en vérité, mais il était vrai que son regard plus sombre et ses traits plus durs pouvaient maintenant lui donner un air sérieux qu’il n’arborait que très rarement, lorsqu’il était encore dans une Syrie relativement paisible. « Mais tout ça appartient à une autre vie, maintenant. » Lâcha finalement Naveen en prenant une gorgée de sa boisson qui venait d’arriver.
Alors que je lui explique rapidement ma découverte concernant le carré musulman et que j’ai peut-être une autre solution, la réponse de Naveen me fait froncer les sourcils. Pourquoi dit-il quelque chose comme ça alors qu’il s’agit de sa famille ? Celle qu’il pleure depuis longtemps maintenant. Comment peut-il dire qu’il ne faut pas perdre de temps avec ça ? J’ai mal au cœur pour lui. « Je t’ai dis que je t’aiderai. » Dis-je avec un calme apparent, bien que dans mes pensées, c’était plutôt la tempête. « Je ne perds pas mon temps, Naveen. Je ne le perds pas parce qu’il s’agit de ta famille. » dis-je avec force, lui montrant ainsi que sa famille avait de l’importance à mes yeux. Je ne les connaissais pas, mais ils étaient une part de Naveen, alors ça me suffisait pour vouloir faire ça pour eux. « Tu le penses vraiment ? » soufflais-je en fronçant les sourcils. J’avais du mal à croire que Naveen me demandait de laisser tomber, et qu’il était prêt à accepter de ne pas leur rendre un dernier hommage avec ne serait-ce qu’une stèle. Naveen ne comprenait pas, mais j'étais prêt à faire beaucoup de chose pour lui, pour qu'il soit bien à défaut d'être pleinement heureux. Il avait prit sans le savoir, une grande place dans mon coeur.
En parlant de mon problème, Naveen comprends ou je veux en venir. Tu acquiesces d’un signe de tête « Si je ne respecte pas cette condition, je devrais repartir, oui » Lui appris-je avec douceur. « Nous sommes d’accord » ajoutais-je doucement, « Tant que ma situation s’aggrave pas, ça va. Mais je reconnais que… Je suis inquiet. » marmonnais-je plus pour moi-même que pour Naveen. Je sais que je n’aurais pas mon mot à dire sur mon avenir. Je dépends de l’hôpital militaire, donc ils peuvent faire ce qu’ils veulent à mon sujet, la seule chose qui me permet d’être tranquille, c’est qu’avec le nombre de militaire traumatisés qui reviennent chaque semaine, ils n’ont pas que ça à faire de me regarder et de voir ce que je deviens.
Naveen a écrit:
« Alors tu passeras une vie à t’empêcher d’aimer, à t’empêcher d’être auprès de ceux que tu apprécies, et pour quoi ? Pour les protéger de toi-même ? J’parle que moi pour moi, et je ne sais pas ce que Neala est prête à traverser avec toi, mais de mon côté … I can take it. »
Au début de sa phrase, j’acquiesce d’un signe de tête. Si ça peut les protéger de mon comportement imprévisible et incontrôlable, ou est le mal ? « C’est normal de vouloir protéger ceux à qui on tient, non ? » dis-je en haussant les épaules avec désinvolture. Mais le reste de sa phrase me fait ouvrir la bouche et la refermer plusieurs fois sans qu’un son n’en sorte. Bordel, à quoi il joue ?! ça va pas de me dire ça comme ça ?! Je détourne le regard, trouvant soudain ma boisson fort intéressante à regarder et je tente de contrôler l’émoi en moi qui me prends aux tripes. Surtout ne pas rougir. Il se rends même pas compte de qu’il dit. De ce que ses mots provoquent en moi. Il me mets la tête à l’envers. Avec cet homme, j’ai l’impression d’être dans un ascenseur émotionnel à chacune de nos rencontres. Que dois-je répondre à ça honnêtement ? Si ça ne tenait qu’à moi, je plaquerais mes lèvres sur les siennes, mais je ne veux pas risquer de le perdre alors qu’il ne me voit que comme… un ami ? Et que je l’ai suffisamment choqué à Townsville avec mon comportement inacceptable à son égard. « Merci… Naveen » soufflais-je touché avec un sourire doux à son encontre. Je suppose que c’est la meilleure chose à faire, même si ça ne montre qu’une infime partie de ce que ça à provoqué en moi.
Nous étions prêt du stand de nourriture et de boissons chaudes, ces dernières à la main. Je me refusais à boire de l’alcool, estimant que ce n’était pas judicieux, déjà parce que je ne le tenais visiblement pas, mais aussi parce que j’étais en présence de Naveen et que je ne voulais pas faire offense à sa religion en sa présence. Il me parle alors de la vision qu’il a de son père, et j’ai un sourire triste quand je songe que je vois plus le mien comme un tyran que comme un père. Bon j’exagère peut-être un peu mais quand même. « Tu avais une belle relation avec lui, tu as eu beaucoup de chance. » soufflais-je un peu envieux malgré moi. « Au final, tu l’as été, j’en suis sur. » souris-je avec douceur. Naveen était plein de sagesse et de patience malgré tout ce qu’il avait traversé. Il aurait pu être furieux et en vouloir au monde entier à commencer par moi, mais il était aller au delà de tout ça, laissant une chance au monde occidental à qu’il aurait pu reprocher sa vie brisée. « Ouais, bah finalement, j’aurai préféré t’avoir en dentiste alors, plutôt que ce psychopathe dont je garde un mauvais souvenir. Traumatisé à vie ! » terminais-je en mettant une main sur mon cœur, prenant un air de désespoir théâtrale. « En fait, ça doit bien faire… dix ans que j’ai pas foutu les pieds dans un cabinet dentaire. » fis-je en y réfléchissant bien. « C’est grave docteur ? » demandais-je à Naveen qui devait s’y connaître bien. Mais je pensais pas que parler de ça marquerait Naveen. Je pose une main réconfortante sur son épaule. « Excuse-moi… Parlons d’autre chose » lui proposais-je avec douceur, culpabilisant de lui rappeler des souvenirs passés. « Tu as eu l’occasion de faire de nouvelles rencontres ? » lui demandais-je curieux. Je lui avais proposé de lui présenter des amis, mais je n’avais pas été préparé à mettre Neala et Naveen dans un même endroit en même temps. En revanche, il y avait bien Daemon que j’aurai pu lui présenter, mais j’appréhendais que Naveen se fasse des idées en découvrant que Daemon était gay. Nous commencions à peine à nous découvrir, je ne voulais pas le braquer directement, mais en même temps Daemon avait tellement d'importance à mes yeux que je me sentais coupable de penser ainsi.
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Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Ven 2 Mar 2018 - 3:20
Naveen n’avait même pas pris la peine d’entendre l’idée de Wyatt pour contrecarrer le fait qu’il n’y avait pas de carré musulman dans les environs, que déjà il baissait les bras. Un peu comme s’il abandonnait sa famille à nouveau, un peu comme s’il tirait un trait sur eux. Pourtant, ce n’était pas du tout ses intentions, à Naveen. Il voulait tout simplement pouvoir se décharger de ce fardeau qu’était leur mort, son deuil. Et pour s’en décharger, il n’allait certainement pas demander à Wyatt de tout prendre sur ses épaules. « Je ne sais pas … Je ne sais plus quoi penser. Je veux aller de l’avant, je veux tellement pouvoir … revivre. J’ai l’impression que si … si ces démarches sont trop complexes, trop demandantes, je … je serai juste en train de m’accrocher à ce qui est déjà à la dérive. » Dit-il dans un anglais approximatif, cette langue ne lui étant pas encore assez familière pour de telles poésies. Ce dernier hommage qu’il avait voulu faire à sa femme et à ses enfants, peut-être l’avait-il déjà fait là-bas, sur cette toute autre surface du monde. Les deux hommes changèrent de sujet, au moment opportun, et Wyatt se confia sur ses histoires de cœur, sur sa condition, son stress post-traumatique ainsi que ses séances d’aide avec un psychologue. Il semblait suivi de près, de si près qu’un simple écart pouvait lui coûter sa vie ici. Naveen le regarda tristement. Une des seules personnes desquelles il avait réussi à se lier d’une certaine amitié, ici à Bowen, et déjà on parlait de le lui enlever. Certes, ce n’était pas ce à quoi il songeait à ce moment précis, Naveen. C’était une pensée trop égoïste, lui pensait davantage au fait que l’armée était prête à déloger un ancien soldat pour le ramener au bercail et pourquoi ? Pour avoir un meilleur contrôle sur lui ? Pour le surveiller ? « … Ils ont le droit, de te ramener contre ton gré ? » Demanda-t-il, les sourcils froncés. Puis, il enchaîna : « De quoi es-tu inquiet ? » Est-ce que, justement, sa situation s’aggravait ? Naveen ne jugeait pas qu’il soit un cas extrême, ça avait dégénéré une fois entre eux et certes ça avait été provoqué par presque rien, une simple surprise, un mouvement trop brusque et imprévu de la part de Naveen, mais c’était un événement isolé. Mais peut-être pas tant que ça, au fond. Dans tous les cas, le syrien était prêt à affronter ce côté sombre de Wyatt si c’était pour qu’il reste ici, pour qu’ils continuent d’évoluer dans cette relation qui avait pourtant pris un bien mauvais départ. Il pouvait le prendre, Naveen. Il pouvait accepter Wyatt tel qu’il était. Après tout, c’était que ce que l’américain avait fait pour lui. « Bien sûr que c’est normal … Mais, ça me semble injuste pour toi de t’en priver totalement. » Il haussa les épaules, à son tour. Wyatt détourna le regard quand Naveen continua sur sa lancée, lui disant que de son côté, ça ne lui faisait pas peur, et qu’il pouvait gérer. Il fixait sa boisson chaude. Peut-être que le syrien était allé trop loin ? Peut-être était-ce des choses qui ne se disaient pas ? Il ne savait pas, il ne savait pas où tracer la ligne avec les autres, et encore moins avec Wyatt. « Tout va bien ? » Demanda-t-il malgré les remerciements de l’homme. Il esquissa un faible sourire, avant de souffler sur son café avant d’en prendre une gorgée. Ils parlèrent finalement de l’ancien métier de Naveen et de sa relation avec son père, qui avait influencé son choix de carrière. « Oui. J’ai eu beaucoup de chance de tomber dans une telle famille. » Il avait eu un peu moins de chance d’être né dans le pays où il était né, toutefois. Il avait eu un peu moins de chance d’avoir perdu sa famille au grand complet, aussi. « Dix ans !?!? » S’exclama Naveen, tout d’un coup bien sérieux, et soucieux. « Ils ne vous paient pas les traitements, à la base militaire ? » Il secoua la tête. « Certainement, que c’est grave, Wyatt. Il faudrait que tu ailles passer un examen, une évaluation. » Il ne devait pas avoir une très bonne santé dentaire, et ça pourrait poser de gros problèmes à l’avenir. Mais parler de tout cela réveillait en Naveen les jours maintenant révolus, et ça l’attristait, bien malgré lui. Wyatt changea donc de sujet, voyant à quel point ça pouvait le mettre dans un état bien moins joyeux. « J’ai rencontré quelques personnes, oui. Il y a une jeune femme, elle s’appelle Andeana. Je ne l’ai croisée qu’à quelques reprises mais … elle est une femme surprenante. » Il esquissa un sourire. Andeana était une bouffée d’air frais, un vent de renouveau. Puis, il secoua la tête. « Mais en près d’une année complète ici, vois-tu … c’est à peu près tout. Tu es … tu es ma seule constance. » Il releva le regard vers lui. Wyatt était à peu près le seul numéro qu’il avait dans son téléphone. Wyatt était à peu près la seule personne sur qui il pouvait penser compter.
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Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Mar 6 Mar 2018 - 0:23
Je sais que Naveen a vécu beaucoup de chose, pourtant, il m’a toujours paru si fort, inébranlable dans ses convictions que le voir perdu me semble irréaliste. C’est peut-être dans un moment comme celui-là qu’il attend qu’une main se tende pour l’aider. J’ai l’intention d’être cette personne pour lui, d’être cette épaule qu’il a besoin dans les moments difficiles. « Je comprends Naveen » lui dis-je avec douceur. Je pense qu’il a besoin d’avoir un lieu de recueillement, mais je ne vais pas en parler d’avantage. J’ai bien l’intention de poursuivre les démarches de mon côté, je suis si prêt du but que je m’en voudrais de renoncer maintenant. Et puis, c’est Pour Naveen que je le fais.
J’ai eu beaucoup de mal à accepter cette part de moi. Eprouver des sentiments pour un autre homme, c’est pas facile, surtout quand on est autant différent. Je me suis pas mal demandé si ce n’était pas de la pitié que j’éprouvais ? Ou bien de la culpabilité ? Mais j’ai eu beau y réfléchir souvent et même espérer que ce soit le cas, je me suis rendu à l’évidence, ce n’est ni l’un, ni l’autre. J’éprouve un véritable attachement pour Naveen, il me rappelle même celui que j’ai éprouvé pour Neala quelques années auparavant. C’est troublant.
Naveen a écrit:
« … Ils ont le droit, de te ramener contre ton gré ? »
La question de Naveen me sort de mes pensées égarées. Je me passe une main sur le visage avant de soupirer. « Ils le peuvent. » affirmais-je doucement. « Mais c’est compliqué. » ajoutais-je en soufflant un grand coup. « Disons que, en temps normal, les soldats ne sont pas aussi surveillés. » lui appris-je alors « Mais, l’Australie est plus regardante pour ses ressortissants étrangers. » lui révélais-je « Si j’en viens à représenter une réelle menace pour les citoyens Australiens, ils peuvent m’expatrier oui. Je suis une thérapie individuelle et aussi une thérapie de groupe. » marmonnais-je en soupirant. On pouvait pas dire que c’était une grande réussite, mais j’étais toujours ici, preuve que je ne représentais pas tant que ça une menace pour l’instant. Quand à ce qui m’inquiéter, c’était toujours ses pulsions incontrôlables que j’avais lorsqu’on me touchait brusquement, notamment le dos. « C’est évident non ? Je ne contrôle pas mes actes par moment. C’est particulièrement effrayant de se dire que je peux blesser une personne sans le vouloir, simplement parce que je suis… fou. J’ai l’impression que… Que dans ces moments là, je deviens une autre personne. Que je suis juste le spectateur de ma folie. » dis-je en me passant une main dans les cheveux. « Tu es bien placer pour le savoir, Naveen. Je m’en veux tellement de t’avoir fait du mal alors que… Tu ne m’as jamais rien fait. » lâchais-je la gorge nouée par la peine. Quand bien même Naveen avait vu juste, quand bien même tout ça était injuste, au moins je ne prendrais le risque de blesser personne, encore fallait-il que je m’en tienne à mes résolutions. « Oui, merci… c’est juste que… ça me fait plaisir. » soufflais-je touché par ses mots. Je m’abstins de lui dire que ça aurait tout aussi bien pu passer pour une belle déclaration, loin de moi l’idée de le mettre mal à l’aise et moi avec par la même occasion.
Naveen avait eu une vie de famille très heureuse, que ce soit avant son mariage ou après. Je le savais, il suffisait de l’entendre parler de sa famille, de sa femme, de ses enfants, de son père qu’il avait du chérir à un point que je ne pourrais jamais imaginer. « Est-ce que… tu sais s’ils… enfin si des membres de ta famille ont pus rejoindre des camps de refugiés ? » l’interrogeais-je alors, gêné d’aborder le sujet. Parler de camp, c’était ramener tout à la guerre, et aussi à leur grande différence. J’avais tellement peur de mentionner la guerre de Syrie avec Naveen, peur de me reprendre des reproches à peine contenus, bien que je pouvais comprendre sa colère. Je m’étais tellement attaché à lui que la moindre pique aurait le même effet qu’une lame tranchante enfoncée dans mon dos.
Bon, vue comment il s’emporte, je suppose que dix ans sans par la case dentiste, c’est pas bien. Je souris, me demandant s’il va pas me faire ouvrir la bouche là, sur place pour m’ausculter. Il oserait pas quand même ? Nan, il serait trop gêné. « Bah, on peut effectivement consulter un dentiste mais… c’est pas obligatoire. Du moins, ça ne l’est plus après la première fois… » souris-je doucement. « Et inutile de te dire que je ne courrais pas à mes visites dentaires conseillées ? » plaisantais-je pour détendre l’atmosphère… bon c’est p’tre pas le meilleur moyen en plaisantant sur la santé de mes dents avec un dentiste, mais bon. « Ok ! c’est bon, j’irais voir un dentiste… un de ses quatre… » capitulais-je en souriant.
Alors que la conversation dérive sur ses connaissances, je ne suis pas sur de vouloir en savoir plus lorsqu’il mentionne une certaine Andeanna. Je sais qu’il n’est pas prêt à ça, il me l’a fait comprendre lorsqu’on a parlé de Neala, mais je redoute de devenir aussi jaloux. Je dois apprendre à prendre sur moi pour le coup. Je dois bien commencer à m’habituer avant que Naveen se sente de nouveau prêt à rencontrer des femmes. « C’est bien ça ! » lui souris-je en essayant de ne pas me montrer trop tendu. « Surprenante ? Comment ça ?» m’enquis-je, un peu inquiet par ce que Naveen pourrait me dire à son sujet alors que je voyais ce sourire naissant sur son visage. Jalousie. Jalousie qui s’envole aussi vite que son ombre avait paru tandis que Naveen me dit que je suis sa seule constante. Autant j’éprouve de la peine pour lui, plongé dans sa solitude, autant je suis soulagé d’être la personne la plus proche de lui ici. Et je culpabilise tellement de ressentir ça. « Ca viendra Naveen, il ne faut pas te décourager. Rome ne s’est pas construit en un jour… parait-il » soufflais-je en souriant. « Est-ce que… tu as essayé d’inviter tes voisins à boire un café ? » lui demandais-je en réfléchissant à ce qu’il pourrait faire pour faire de nouvelles connaissance. « Il y en aura d’autres, ne t’en fait pas. Tu es une belle personne Naveen, laisse les autres découvrir qui tu es, et ça viendra tout seul. » souris-je avec douceur, en terminant mon café.
Invité
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Jeu 8 Mar 2018 - 3:37
Naveen lui-même avait du mal à se comprendre, du mal à suivre le fil de ses pensées qui s’égarait constamment dans les méandres de son esprit, mais Wyatt faisait au moins l’effort de ne pas chercher à le contredire, de ne pas le pousser à des réflexions auxquelles il n’était pas prêt à faire face. Ou alors le comprenait-il réellement, dans toute son incohérence, dans toute son incertitude ? Après tout, de toutes les personnes dont il avait croisé le chemin depuis son arrivée en sol australien, c’était certainement en Wyatt qu’il se retrouvait le plus. C’était avec Wyatt qu’il avait l’impression que sa douleur n’était pas totalement incomprise. C’était de lui qu’il se sentait le plus proche, et sans doute était-ce le fait que c’était vrai autant pour le niveau psychologique que physique qui tourmentait à ce point Naveen. Il ne voulait pas davantage y songer toutefois, parce que cette réflexion le perturbait et le plongeait dans d’interminables remises en question qui n’en terminaient plus de le hanter. Il avait vu l’occasion de parler des sentiments de Wyatt envers Neala comme une opportunité en or et il l’avait saisie, autant pour se dégager lui-même de ces conversations affligeantes concernant sa famille que pour permettre à Wyatt de voir plus clair dans son cœur. Malheureusement, les deux hommes n’avaient pas pour habitude de conserver un ton léger bien longtemps au cours d’une conversation. Forcément, une ombre se glisserait sur le tableau, répandant insidieusement son encre noire sur les couleurs déjà ternies par leur passé commun. Et ce passé pourrait le rattraper, Wyatt, en l’arrachant à cette vie qu’il connaissait maintenant, en l’arrachant à Naveen. « J’aurais dû m’en douter, oui. Tu ne m’apprends rien à ce propos. J’ai été détenu un peu plus de deux mois avant de pouvoir m’installer officiellement. Il fallait s’assurer que je ne sois pas une menace, moi non plus … » Il haussa légèrement les sourcils avant de baisser les yeux. Lui ancien soldat, lui réfugié de guerre, tous les deux des bombes à retardement aux yeux des autorités australiennes. Naveen avait intérêt à se tenir bien droit et bien sage pour ne pas s’attirer des ennuis. De toute façon, il n’avait lui-même aucun intérêt de faire autrement, ni l’envie d’ailleurs. Malgré ses traits durs, on ne craignait rien auprès de Naveen. « Ils en disent quoi, tes thérapeutes, et les autres personnes qui le vivent ou l’ont vécu ? Y’a des chances que tu parviennes à les contrôler un jour ? » Ses impulsions, ses actes de violence, ses écarts. Naveen, quant à lui, se montra prêt à risquer la clé de bras à nouveau si c’était pour ne pas perdre en Wyatt l’un des seuls amis qu’il avait désormais. Ça sembla toucher l’américain, bien plus que ce qu’il aurait pensé. Mais Naveen lui était touché seulement de la présence du blond à ses côtés, parce que son intégration lui avait bien rapidement montré que ce n’était pas aisé de se faire une place. Lui qui avait toujours été si bien entouré de ses amis, de sa famille, de ses voisins. « La plupart d’entre eux n’ont pas eu le temps ne serait-ce même que de songer à fuir. D’autres, comme moi, ont tardé. Il y a une de mes sœurs, Layal, qui a pris la fuite avec son mari et leurs enfants, bien avant nous. Je n’ai pas eu de nouvelles d’eux, pas même en arrivant en Jordanie. J’peux seulement garder espoir qu’ils aient trouvé refuge ailleurs. » Et qu’il les retrouverait un jour. Sa sœur, son beau-frère, ses neveux et ses nièces. Une partie de sa vie d’avant. Après tout, à force de parler avec Wyatt de son père, de son cabinet de dentiste, Naveen réalisait fort bien à quel point tout cela était tellement loin derrière. Ça lui manquait. Ça lui manquerait pour toujours et à jamais. Naveen secoua la tête quand l’américain parla de ses visites – inexistantes – chez le dentiste alors qu’il pouvait pourtant y avoir accès. « Si je pouvais encore pratiquer, crois-moi que je te traînerais de force à ma clinique. » Malheureusement, il irait voir un professionnel reconnu ici en Australie, qui avait un permis, qui était inscrit au registre. Qui avait tout ce qu’on avait refusé à Naveen. Les deux hommes parlèrent finalement des connaissances de Naveen, qui se comptaient sur les doigts d’une seule main et dont la seule personne qu’il pouvait vraiment considérer comme une amie dans le lot était Andeana. Et encore, ils laissaient leur relation évoluer au gré du hasard. « Elle est … tout ce que je ne suis pas. » Il eut un léger rire. « Elle a le sourire facile, elle voit la vie d’une manière si belle et inspirante, elle s’intéresse à tout avec la plus grande sincérité. » Il marqua une pause, esquissant un léger sourire en regardant sa boisson chaude. « Elle me rappelle l’homme que j’étais avant. » Il soupira doucement. Cet homme-là était bien enfoui dans la noirceur de Naveen, à présent. Et le voir ressortir s’avérait parfois douloureux. De toute façon, demain n’était pas le jour où il pourrait voir à ce point la vie en rose, surtout pas alors qu’il était plongé dans sa solitude, la majeure partie du temps. Wyatt semblait croire dur comme fer que ça ne durerait pas longtemps, et proposa même quelques pistes de solution. « Je n’ai pas l’impression que c’est pratique courante, ici, que de cogner chez les voisins pour un café … » Souligna-t-il seulement. Dans son immeuble, les gens n’ouvraient leur porte que pour rentrer et sortir de l’établissement, personne ne se parlait au détour d’un couloir, aucun sourire ne s’échangeait. C’était autant silencieux à l’intérieur qu’à l’extérieur de chez lui.
Invité
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Jeu 8 Mar 2018 - 12:01
Je savais que Naveen n’avait pas les mêmes chances qu’un occidental. Il partait avec un handicap majeur dans ce pays : ses origines. Pourtant il était droit dans ses bottes, il ne reniait rien de ce qu’il était et j’étais admiratif. Naveen était un battant, même s’il ne le voyait pas comme moi je le voyais. L’idée qu’on puisse voir Naveen comme une menace, ça me dépasse. Il suffit de passer un peu de temps avec lui pour voir qu’il n’y a rien de menaçant chez lui. Entre nous deux, je suis certainement le plus dangereux et j’ai pas eu de difficulté à venir ici. L’alliance des occidentaux. « Deux mois ? C’est terriblement long » soufflais-je navré pour lui. Oh oui ça l’est, surtout après tout ce qu’il a vécu pour en arriver là. Il a perdu tout ceux en quoi il tenait et il est tenu à l’écart pour s’assurer qu’il ne soit pas un soldat rebelle, un terroriste. C’est affligeant.
J’hausse les épaules. J’ai pas tellement envie de parler de ma thérapie. Pour ça faudrait-il encore que j’y participe correctement. Hors, je me rends aux séances par obligation, mais dès que le psy veut me faire parler d’un souvenir de là-bas, je me retranche dans un mutisme sourd. Il parle d’évitement. Parait que c’est courant dans un cas de SSPT. « De ce que j’ai compris, certain on réussi à s’en sortir. » répondis-je peu convaincu. « Mais… J’admets que… Je manque de courage pour… faire face à mon problème. » marmonnais-je en me passant une main sur le visage, dépité. « Peut-être mais… » soufflais-je à mi-voix « tant que je n’accepterais pas de parler de ce qui s’est passé… il n’y aura aucun progrés et… je n’y arrive pas. » dis-je en me sentant tellement honteux. Je rejette systématiquement toutes les pensées qui s’orientet sur ce que j’ai vécu en Irak, mais pour surmonter mon traumatisme, il faut que je puisse y faire face, c’est primordial parait-il.
Naveen est vraiment tenu dans l’ignorance. C’est horrible de ne pas savoir ce qui a pu arriver à sa famille. Je n’ai jamais été proche de la mienne. A part de mes grands-parents maternels. Ma mère aussi, mais pour autant, je sais ou ils sont, je sais qu’ils vont bien, et c’est le principal. Comment Naveen fait-il pour ne pas devenir fou ? Ne pas savoir, c’est pire que tout. Hésitant, je poses une main réconfortante sur son épaule, espérant qu’il ne la rejette pas. Il n’y a pas besoin de mot dans ce genre de situation. De toute façon, je suis bien trop nul pour ça. Alors avec ce geste, j’espère qu’il comprendra qu’il pourra me parler d’eux autant qu’il le souhaite si un jour, le poids de leur absence est trop lourd à porter pour lui.
Mon regard se fait plus amusé alors que je sens sa frustration de ne pas pouvoir m’ausculter les dents. Je lève les mains en signe de capitulation. « Demain, je prends rendez-vous avec un dentiste ! Sauf si tu veux vérifier par toi-même l’état de mes canines. » souris-je doucement. Qu’il est le droit ou non de pratiquer ça ne te dérange pas, tu es certain que Naveen connait son vrai métier, et ce n’est certainement pas un bout de papier qui dira le contraire. Et puis, peut-être que ça pourrait le motiver à reprendre une activité qu’il aime ? « Quoique… En fait, je veux que ce soit toi qui m’ausculte. » lui dis-je avec grand sérieux. « J’ai peur des dentistes, mais je sais qu’avec toi, je ne crains rien. » soufflais-je en souriant.
Je suis jaloux. Cette façon dont il parle d’Andeanna, c’est juste… Horriblement beau. Et savoir qu’Andeanna n’était pas si différente que l’homme qu’était Naveen avant la guerre. Ca leur fait un point commun fort. «Et bah. Je suis heureux que tu te sois fait une amie ! » souris-je « Tu le mérites ! Et vois-tu, je suis sur que ce n’est que le début. » lui dis-je confiant. « J’aurai aimé te connaître… avant la guerre. » soufflais-je plus pour moi-même que pour lui. Bien évidemment que ça ne se serait jamais fait. S’il n’y avait pas eu cette foutue guerre, jamais leurs chemins ne se seraient croisés. Mais j’aurais aimé voir le sourire de Naveen, le même que celui qu’il venait de lui décrire à propos d’Andeanna. Je sors de mes pensées alors qu’il me dit que ce n’est pas chose courante. J’arque un sourcil interrogateur. « Nan mais sérieusement ? Tu vis dans quel quartier ? » l’interrogeais-je surpris. « Bah, ça se fait, après, faut aussi oser aller vers les autres. » dis-je en haussant les épaules. « J’admets que… dans mon quartier, la plupart des résidents vivent ici depuis toujours, donc ils m’ont connus gamin lorsque je venais en vacances chez mes grands-parents, alors c’est plus simple mais… je pense que ça se fait… Essaye, tu verras bien. Qu’est-ce que tu as à perdre de toute façon ? » lui demandais-je en terminant mon café.
Alors qu’on flâne, il est bientôt l’heure de partir. L’évènement va bientôt fermer ses portes. A bien y réfléchir, ce n’est pas aujourd’hui non plus que notre rencontre s’est déroulé sans accro. Faut vraiment que j’apprenne à prendre sur moi, mais j’ai de gros problèmes à gérer mes relations. Probablement un effet de mon SSPT. Au moins, Naveen ne semble pas m'en vouloir, et c'est le principal à mes yeux. J'espère me montrer plus digne la prochaine fois de l'amitié qu'il me témoigne.
{J'ai pensé qu'on aurait pu se rapprocher de la fin de ce RP? Ca fait un moment que l’événement de noel est passé alors :) mais si tu veux qu'on continue, y a pas de soucis pour moi! }
Invité
Sujet: Re: beyond exploding stars (wyatt&neala) Dim 11 Mar 2018 - 22:51
Deux mois, c’était à la base terriblement long, oui, mais les heures en étaient davantage prolongées quand la solitude habitait un homme, quand ses conditions de vie étaient des plus médiocres et quand les seules personnes avec qui il pouvait converser l’assaillaient de questions sur sa vie d’avant et sur ses intentions quant à sa vie de maintenant. Naveen s’était senti comme un animal en cage, mais il était pourtant perçu comme une bombe à retardement. On le regardait comme s’il avait la rage, alors qu’il n’était que souffrance. Il n’avait même plus eu la force d’être en colère, Naveen, à ce moment-là. Il n’était qu’un homme complètement abandonné par la vie, laissé de côté, vulnérable, inoffensif. Les deux mains ouvertes vers le ciel. Réclamant sa seconde chance, son absolution. Lui qui n’avait pourtant rien fait. « Certes … mais c’est peut-être un mal nécessaire, pour le pays. » Pour la sécurité, pour le bien des habitants. C’était affligeant parce qu’il était un homme honnête et intègre. Ce le serait moins s’il était un rebelle, un terroriste. Pour ce qui était de la surveillance de Wyatt, toutefois, Naveen pouvait moins voir l’importance de le contrôler autant. Certes, il comprenait que les après-coups de la guerre pouvaient entraîner des conséquences fâcheuses sur sa personnalité, sur son ressenti, mais malgré ses excès de colère, Naveen ne voyait pas Wyatt comme un homme violent. Ne pouvait-on pas le délivrer de son passé, enfin, et le laisser regarder de l’avant ? « Donne-toi le temps. Et peut-être que … que tu n’arrives pas à leur en parler à eux d’abord, mais peut-être peux-tu en parler à d’autres. Et après, ce serait peut-être plus facile. » Il haussa les épaules, Naveen, ne voulant pas insister davantage en se proposant comme oreille, mais il espérait que Wyatt savait qu’il pouvait s’ouvrir à lui. Sans doute ne le savait-il pas. Il y avait bien trop de non-dits entre eux. Le syrien parla alors de sa famille, la grande majorité de celle-ci ayant perdu la vie, mais une partie infime ayant sans doute trouvé refuge ailleurs. L’ancien soldat se contenta de poser une main réconfortante sur l’épaule du réfugié, qui tourna la tête vers lui pour esquisser un faible sourire en hochant doucement la tête. Il n’y avait rien de plus à dire, rien de plus à faire. Sans doute valait-il mieux changer de sujet, d’ailleurs, et retrouver cette ambiance plus légère du début de la journée. Ils avaient le don d’assombrir la lumière, ces deux-là, mais plus ils apprenaient à se connaître, mieux ils arrivaient à la rallumer dans toute sa brillance. « Tu sais, j’peux pas pratiquer, du tout. Je pourrais m’attirer des ennuis. Alors on a beau jouer au dentiste, mon opinion ne vaudra rien, il faudra que tu ailles voir un vrai dentiste. » Un vrai dentiste. N’était-il pas un vrai dentiste, Naveen ? Non, plus ici, plus au regard du droit australien. Il devait se tourner vers autre chose, se tourner vers de nouveaux horizons. Heureusement, donc, qu’il rencontrait quelques personnes sur sa route, pour l’aider à aller de l’avant. Si Wyatt faisait partie de ces personnes, Andeana avait elle aussi son rôle à jouer dans sa vie. Elle le ramenait à qui il était avant. « J’aurais aimé que tu me connaisses aussi, avant. » Et que ça n’ait jamais lieu, surtout, ces guerres. Ainsi, Wyatt et lui n’auraient pas à marcher difficilement avec ce lourd fardeau d’un passé trop violent. « Je suis dans le quartier de Murrays Bay … » C’est-à-dire, le quartier le plus pauvre de Bowen. « T’as raison, je n’ai rien à perdre. » Il pouvait juste accumuler les portes qui se fermeraient sur son nez. Les deux hommes continuèrent à parler un moment, avant de réaliser que les employés et les bénévoles de l’événement commençaient à vider la place de son monde, et à commencer le nettoyage en vue de la réouverture le lendemain matin. « Bon, ça se termine ici je crois bien … » Il avait de toute façon terminé son café depuis un moment. Il se leva de sa chaise et, aux côtés de Wyatt, regagna la sortie de l’igloo gonflable. « Merci pour cette journée, Wyatt. Et pour cette rencontre avec Neala. Promis, la prochaine fois, je ferai plus attention. » Il esquissa un sourire, il avait dit cela en toute légèreté. Puis, leurs chemins se séparèrent une nouvelle fois. Mais cette fois il savait, c’était pour mieux se recroiser.