Je serai toujours là pour te rappeler que tu es mon enfoiré. [Orson]

Encore une fois, Orson allait avoir de la visite. Et encore une fois, il allait devoir faire face à une paire d'yeux tristes d'apprendre une nouvelle que personne n'attend. Surtout, Maxim ne se doutait d'absolument rien. Orson voulut lui dire en face, à force, c'était usant de tenter de s'exprimer par SMS et surtout, ce n'était pas une nouvelle facile à annoncer que ce soit par SMS ou en face. Mais par SMS au moins, il n'avait pas à affronter le visage de son interlocuteur. C'était vraiment pas courageux mais Orson n'avait pas vraiment eu le coeur à supporter davantage de douleur. Pour autant, il avait décidé d'affronter ça avec Maxim. Il ne voulait pas non plus le bousculer et voulait vraiment qu'il termine sa journée de cours. Mais il fut surpris de le voir arriver à sa chambre, enfin, il se doutait que c'était lui. Qui d'autre cela pouvait bien être de toute façon ?

Son regard surpris se posa sur lui et il fronça les sourcils. Visiblement, le jeune homme ne se doutait vraiment de rien. Orson laissa un silence s'installer le temps de trouver ses mots, puis il s'assit à côté de lui en soupirant longuement. « J'ai été renversé vendredi dernier. » Une bonne chose de faite. Mais le plus important restait à venir et Orson râlait déjà intérieurement au genre de question que Max pourrait lui poser. Dans le style "pourquoi tu ne m'as pas prévenu avant ?" « J'suis amnésique. » Orson était mal à l'aise. Il ne savait pas comment l'annoncer, il ne savait pas trouver les bons mots pour ne pas voir ses proches s'effondrer un à un. En y réfléchissant bien, Max pourrait croire à une blague alors il préféra clarifier les choses tout de suite. « C'est pas une blague. J'ai tout oublié, absolument tout. Jusqu'à ma propre identité. » Il se tourna, tendit son bras douloureux et attrapa le paquet qui était destiné au jeune à côté de lui, à qui il le tendit. « Je sais pas si c'est pour Noël ou pour ton anniversaire mais voilà. Oh et je sais pas non plus ce qu'il y a à l'intérieur. »

Alors là, il ne s'y attendait pas. Se faire engueuler, ça, c'était bien la première fois qu'on la lui faisait. Orson écarquilla les yeux. Mais c'est une putain de blague ? C'est qui ce gosse ? Comme s'il avait pu contrôlé tout ça. Il ne se souvient que du moment où il baignait dans son sang en plein milieu de la route. Et encore, c'était venu pendant la nuit, deux-trois jours après son réveil. J'y peux rien, calme toi tu me donnes mal au crâne. Les migraines partaient et revenaient les gens qui lui hurlaient dessus n'arrangeaient jamais les choses. Maxim n'a pas l'air de bien comprendre quand Orson lui dit qu'il était désormais amnésique. Mais le garçon ne lui en voulut pas pour autant. C'était un choc, une nouvelle surprenante et même pour lui. Et tout ce que pouvait faire Orson c'était de le fixer d'un regard triste et plus que sérieux.

Mais il ne fallait pas oublier le cadeau. Orson se dit que ça l'aiderait peut-être à se consoler, à mieux faire passer la pilule. C'est dans un acte totalement bienveillant qu'il le lui donna. Il était bien loin de s'imaginer ce qui allait se passer par la suite. Dans un petit sourire qui se voulut rassurant, il observa la moindre de ses expressions faciales, avant de ressentir une douleur infernale au crâne le faire hurler. Orson se tordit de douleur, jusqu'à s'allonger dans son lit, en position foetale les mains sur le bandage qui avait prit une couleur sang tant le coup était fort et bien placé. Il ne fit qu'entendre de loin les paroles de Maxim qui le mirent hors de lui.

D'un bond, il se redressa avec fureur et foudroya Max du regard en ayant toujours sa main sur son bandage ensanglanté. S'il n'avait pas eu autant mal, il l'aurait étranglé. A la place, il le poussa d'une main aussi fort qu'il le put et lui hurla dessus. « Putain mais t'es vraiment qu'un sale con !! T'as cru quoi, qu'on était dans un cartoon ou quoi ? Tu te fous de ma gueule ? Tu crois que j'souffre pas assez de cette putain de situation ?! T'es vraiment débile, retourne à ton phare avec ton putain de chien et m'emmerde pas ! » Orson se dirigea dans la salle de bains en claquant la porte et prit le temps d'observer sa blessure dans le miroir. Il eut un peu peur de l'enlever mais savait très bien que l'infirmière allait devoir recoudre les points qui ont pété suite au coup. En tout cas, le gamin avait bien visé et lui avait bien fait mal. « Putain de merde ... »

Orson le maudissait. Il avait vraiment frappé fort et ce gamin avait de la force, quoi qu'on en pense face à sa carrure de gosse. Enfermé dans la salle de bain, il jurait entre ses dents, grognant de douleur et retirant son bandage plein de sang pour découvrir qu'un point de suture avait sauté. Voilà pourquoi il saignait. Et tandis qu'il s'affairait à appliquer un linge qu'il avait trouvé là sur sa plaie, il écouta les paroles de Maxim qui le firent froncer les sourcils. Ca a marché ? Mais de quoi il parlait ? Orson fouilla dans sa mémoire. Il ne se souvenait toujours de rien. Il avait juste mal au crâne et beaucoup de mal à se concentrer. Sa tête tournait, il ouvrit la porte de la salle de bain et affronta le regard inquiet de Maxim. « Ouais, appelle une infirmière. Un de mes points a sauté. »

Le garçon eut bien du mal à rejoindre son lit pour s'y asseoir. Il soupira en tenant encore le linge sur sa tête, le saignement était en train de s'arrêter, il le sentait. Mais quelle plaie. « J'comprends pourquoi je t'appelle petit con tout le temps. T'as pas l'air d'en rater une. » Ce n'était pas un reproche mais ça n'était pas non plus un compliment. Bien sûr qu'il l'avait blessé. Mais c'était parti d'une bonne intention. Et puis, Orson n'avait pas été non plus très doux. Si bien qu'il se demanda s'il était comme ça tout le temps, à perdre son sang froid régulièrement. Finalement, il reposa son bras sur son genoux et releva les yeux sur Maxim avec un demi-sourire aux lèvres. « On doit bien s'entendre, toi et moi. »

Le constat était quand même terrible : cette douleur n'avait pas servi à grand chose, pour ne pas dire à rien. Certes, Orson avait évoqué le phare et le chien de Maxim mais rien d'autre n'était là. C'était juste deux petits détails qui sont arrivés comme ça, comme si c'était une habitude qu'ils soient là. « T'emballe pas, ma mémoire est pas revenue. Et c'est pas la peine de réessayer, ok ? » Il avait eu sa dose de coups aujourd'hui, il ne souhaitait pas retenter l'expérience. Il attrapa d'ailleurs le cadeau en constatant les dégâts. Le paquet était abîmé, défoncé à un certain endroit. Orson grimaça et le reposa sur le lit en soupirant. « Il a pris tellement cher. J'espère que c'est pas un truc fragile. Tu devrais l'ouvrir pour vérifier. Toute façon si tu le fais pas, je le ferai. »

En le voyant se rétamer de cette façon, Orson ne put s'empêcher de rire. Il eut d'ailleurs un fou rire, si bien qu'il dût placer sa main contre sa bouche pour tenter de camoufler le son de son rire. Hilare, il laissa Maxim l'engueuler sans y faire attention. Après tout, c'était à cause de lui, tout ça. Il n'aurait pas eu à se rendre dans la salle de bain si celui-ci ne lui avait pas fracassé le crâne à coup de ... Cadeau ? Il lui fallut quelques minutes avant de se calmer, installé sur son lit, il laissa le linge faire son travail pour arrêter le saignement. Il soupira longuement, cette douleur vive allait et venait intensément, il commençait à ne plus la supporter. Heureusement pour lui, l'infirmière n'allait pas trop tarder à arriver. Mais pour le moment ... Max s'étonna qu'il ne se souvienne toujours de rien. Orson eut envie de lui crier dessus encore une fois pour lui dire à quel point son idée avait été stupide mais il se ravisa en considérant que sa chute avait dû lui remettre les idées en place. « Non, c'est pas du tout définitif. Je suis censé m'en remettre ... » Censé. Le problème, c'est qu'il ne sait absolument pas quand il se souviendra de tout ça. Si ça se trouve, il retrouverait tout d'un coup, ou alors ça ne viendrait qu'un par un, au compte goutte.

Finalement, Orson tendit le paquet à Maxim en lui disant de l'ouvrir. Il faut quand même vérifier si le cadeau était toujours en bon état ... Et puis, il voulait aussi savoir ce que c'était, ça l'intriguait quand même assez, cette histoire. Ce paquet était gros, il pesait lourd, qu'est-ce que ça pouvait être ? Et surtout, il savait que ça lui donnerait des indications sur sa relation avec lui. Lorsqu'il vit l'ordinateur portable, il plissa les yeux. Alors il était proche de lui, visiblement assez pour lui faire des cadeaux de ce genre. Mais à en croire les paroles de Maxim, c'était lui qui avait abusé. Pour autant, ça lui fit quand même très plaisir de lui faire plaisir. Il sourit alors grandement et hocha la tête. « Ben avec plaisir. » Il n'eut le temps de rien dire d'autre que l'infirmière arriva et s'effraya de la tête d'Orson. Ce dernier grimaça et lorsque l'infirmière lui demanda comment il s'était fait ça, il fut tenté de raconter la vérité. Un regard glissé vers son ami plus tard, il haussa les épaules. « Je me suis levé trop vite et je suis tombé. » Il fit un clin d'oeil à Maxim alors que l'infirmière s'affairait à le désinfecter. De toute façon, elle ne lui poserait pas plus de question que ça. Il fit un geste discret à Max pour qu'il débarrasse le papier cadeau tâché de son sang. « Je veux pas paraître pervers mais vous avez une jolie poitrine ... C'est de la dentelle ? Ca a l'air confortable. » Orson tentait de détourner son attention en la déstabilisant, plus ou moins, il avait de la chance qu'elle sache qu'il était gay.

Maxim pouvait parler de retenue, il ne s’était pas retenu quand il a frappé Orson sans aucun remord juste pour lui faire se souvenir. Alors Orson pouvait bien rigoler, de toute façon il n’avait pas pu s’en empêcher. Le voir tomber ainsi sur le cul l’a fait rire comme un gamin. Enfin, maintenant, il s’était assis sur son lit et tenait le linge sur sa tête en exerçant une pression dessus pour arrêter le saignement. Mais il avait bien mal. Ca lui apprendra à vouloir faire les choses correctement plutôt que par SMS. « Ouais enfin je t’ai quand même oublié et je sais même pas quand ça va revenir. Si je m’étais souvenu de toi, j’aurais peut-être pu prédire ta réaction mh … » Orson grimaça. Il n’en était pas si sûr, vu le caractère de Maxim. De ce qu’il en voyait, il était un sacré petit con. « Tu m’aurais tué, donc … Sympa ! »

Alors que l’infirmière s’affairait à recoudre le crâne d’Orson, ce dernier essaya de la distraire pour que Max puisse cacher le papier cadeau plein de sang quelque part, autre part qu’à sa vue. Alors il parla de la première chose qu’il vit … Et ce fut le décolleté plongeant de l’infirmière. Chose que Maxim n’eut pas l’air de comprendre puisqu’il s’étonna de ses paroles en hurlant. Orson fronça les sourcils et soupira en levant les yeux au ciel. « C’est pas parce que je suis gay que je peux pas m’intéresser à la lingerie fine. Ca peut être utile au cas où je voudrais me travestir. » Traduction : « Putain Max t’abuses là, arrête tes conneries et remonte nous au lieu de nous enfoncer ! » Orson découvrait peu à peu les joies d’avoir des amis moins âgés et beaucoup plus naïfs que lui. Pour autant, il le trouva attachant et ne put s’empêcher de sourire. L’infirmière termina plus ou moins rapidement puis fila, les laissant seuls à nouveau. « T’es vraiment un petit con. Mais je pense fortement que c’est pour ça que je t’apprécie. » Il sourit puis s’approcha pour ébouriffer ses cheveux. Il avait fait exprès de ne pas mettre ça au passé parce que même maintenant il l’aimait bien ce gars. « Bon ! Et si tu me parlais de notre amitié, mh ? »

Bon. C’est vrai qu’Orson aurait pu éviter de rappeler à Maxim qu’il l’avait oublié. Mais bon, c’était juste la vérité, et si Maxim se réjouissait que son amnésie ne soit que temporaire, cela affectait gravement Orson qui ne savait plus où donner de la tête. Ses proches venaient trop souvent pour montrer leur tristesse et Orson avait déjà de quoi penser. Parce que oui, c’était un peu égoïste de le blâmer parce qu’il avait tout oublier, personne ne se rendait compte de combien c’était difficile pour lui puisqu’il ne savait même plus qui il était avant. Toute sa vie avait été passée aux oubliettes. « Mh … Bah désolé, la prochaine fois je préviendrais deux semaines à l’avance comme ça tu pourras t’y préparer, hein ! » Orson leva les yeux au ciel. Cela ne servait à rien de l’engueuler comme ça, il n’y pouvait rien, lui. Voilà que maintenant, il devenait un peu bougon et à la réaction de Maxim, il fronça les sourcils. « Ok ok, détends toi, ça va. Je plaisantais. » Parfois il se disait qu’il aurait été plus facile pour tout le monde qu’il y soit resté ce soir-là. Des fois plus longtemps que d’autres.

L’infirmière arriva pour réparer leurs conneries et heureusement pour Orson il avait toujours ce dont de sortir des phrases plus ridicules que les autres, créant une gêne intense chez les autres. Il coula un regard noir vers Maxim qui ne semblait toujours pas comprendre que c’était juste une immense blague pour la distraire du reste de la pièce. Mais finalement, il soupira de soulagement quand il s’y mit également. Lorsqu’elle fut partie, Orson en rit. « Oh ça c’est certain ! De toute façon je l’aime pas. Elle est pas douce, ni compatissante. » Dit-il dans une grimace représentative de ses pensées envers elle. Enfin, maintenant, il était de nouveau tout neuf. Il avait juste ce mal de crâne qui persistait mais bon, il avait l’habitude. « Ca peut pas être autre chose, c’est le trait de caractère qui ressort le plus chez toi. » Il le taquinait mais c’est vrai qu’il avait un don pour passer pour un petit con.

Orson lui demanda alors de lui décrire leur amitié, histoire de voir si quelque chose pouvait lui sembler familier. Il l’écouta attentivement, tiens donc, un nouveau mot pour le décrire : taré. Voilà autre chose ! Son propre caractère semblait se dessiner plus précisément au fil du temps. C’était déjà un bon point pour retrouver ce qu’il était mais peut-être qu’il était aussi très bien comme ça. « Genre, je te donne de l’alcool ? Mh … Quelque part ça me dérange pas. J’en suis pas fier non plus mais je sais pas pourquoi, ça me fait rire. Au moins c’est un échange plus ou moins équitable ! » Plus ou moins, oui, si on considère que les Cheetos ne détruisent pas la vie, pas autant que l’alcool en tout cas. « Et on fait que ça quand on se voit ? »

Orson ne releva pas les paroles de Maxim. Ce n’était qu’une blague de toute façon. Et il n’avait pas très envie de rire puisqu’il avait encore à ce moment-là le crâne ouvert et saignant. Belle image pour déconner ! Enfin, l’infirmière arriva et refit une santé à la tête d’Orson qui lui, tentait d’éviter les questions comme il le pouvait avec l’aide de Maxim. Lorsqu’elle fut partie, Maxim se mit à l’insulter après qu’Orson lui ait dit que son trait de caractère le plus ressortant était qu’il soit un petit con. Mais c’était vrai ! « Bordel, l’imagination que t’as pour me dire des choses pareilles ! » Dit-il en riant aux éclats. « Je veux bien te croire ! Comme tout le monde me dit que je suis aussi un petit con … »

Orson ne fut étonné qu’à moitié de lui donner de l’alcool. Quelque part, c’était quelque chose d’illégal mais en même temps, s’il pouvait aider, il le faisait. Puis ce n’était que des bières alors ça n’était pas si grave … Pas vrai ? D’ailleurs, Maxim ne manqua pas de rebondir là-dessus en insinuant qu’il était un goinfre par la même occasion. « Tu peux pas m’en vouloir, les cheetos, c’est trop bon … » Il en bavait presque. Faut dire que la nourriture de l’hôpital n’était pas fameuse. Elle était certes équilibrée mais pas fameuse du tout. Quand Maxim énonça qu’il lui avait aussi proposé de le faire fumer, il fronça les sourcils. Alors il ne manquait pas à sa réputation de petit con … « J’ai fait ça ? Merde … Tant mieux si t’as pas cédé. Si tu m’avais dit que tu avais cédé, je t’aurais certainement rendu ton coup. » Il sourit de toutes ses dents, fier de sa réplique quelque peu violente.

Et puis, il fut de nouveau choqué par les paroles de Maxim qui ne sembla pas se rendre compte de celles-ci. Attends, il avait vraiment dit qu’ils se roulaient des pelles ? C’était quel genre d’amitié, ça ? « Attends, quoi ? » Son visage trahit sa surprise. Son regard était des plus éloquent, et ce n’était pas par rapport à la fumette. « Comment ça on se roule des pelles ? On sort ensemble ? What … » De nouveau, Orson se mit à fouiller son cerveau à la recherche d’un quelconque souvenir pouvant lui donner ce genre d’information. Mais il savait que c’était en vain. Et en effet, sa recherche ne donna absolument que dalle.