(Phalentine) why are you so sad ?

Noyer son chagrin dans le travail. Certains le noyaient dans l’alcool ou le sexe, moi c’était dans le travail. Je pense que 2017 ne m’a rien apporté de bon. Entre la mort de Larà, puis celles de ma famille et de Sally, avec le départ d’Alfie, l’abandon de Scout et ma rupture avec Lorenzo, le bilan côté personnel n’était pas glorieux. Tandis que sur ma carrière avec un Golden Globes, un live movie en préparation et une nouvelle série qui sortirait en janvier, je réussissais. Tout ne peut pas être noir ou blanc. La vie est grise. Vêtue comme à mon habitude d’une robe assez ancienne, une ombrelle dans la main, je sors de l’hopital avec mon ordonnance pour mes médicaments. Sous antidépresseurs depuis ma tentative de suicide, j’allais voir un psychiatre une fois par semaine ainsi qu’un psychologue. J’avais également choisi d’interrompre cette grossesse non désirée après les fêtes passées. Je ne pouvais pas m’occuper d’un enfant. Je n’étais pas assez stable émotionnellement. Prenant mon temps, je soupire avant de voir un homme assis sur le banc devant l’édifice. Doucement, je me dirige vers lui. Il avait un certain charme mais son visage abattu entraina vers moi un élan d’humanisme. Fouillant dans la poche de ma robe en velours, j’en sors un mouchoir en tissus que je lui tends. Puis sans lui parler, je prends place à l’autre bout du banc, un sourire timide aux lèvres. J’ignorai la source de son chagrin mais il était similaire à celui que j’avais eu. Celui qui m’avait conduit à sauter d’un pont. Et à en finir avec la vie.

Elle était allongée dans un lit. Inconsciente. Les médecins t'avaient dit qu'elle avait eu son bébé et qu'à la suite de ça, elle était tombée dans le coma, manquant d'y laisser sa vie. C'était de ta faute tout ça, tu le savais bien. Si tu avais été là pour lui venir en aide comme promis plutôt que de fouiller l'Espagne à la recherche d'Alfie, elle n'aurait sûrement pas vécu tout ça. Tu avais le droit de la voir cinq minutes avant de te faire jeter de la chambre par Ciàran. Tu le connaissais, tu l'avais déjà vu avec Aisling il y a longtemps de ça. Tu étais sorti de là aussi vite que tu le pouvais. On était le 31, son bébé aurait dû naître que demain. Tu avais les mains tremblantes et une envie plus forte que jamais de te bourrer la gueule. Mais tu ne pouvais pas. Tu ne devais pas. Tu devais arrêter toutes ces conneries là, tu devais tenir la seule promesse que tu n'avais pas pu lui faire. Être là pour t'occuper de Gabriel, même si Ciàran ne te laisserait sûrement pas l'approcher. Après tout, c'était lui le père du bébé, il s'en foutait pas mal que tu sois ou non le parrain. Lou-Belle n'était pas là pour te défendre et tu n'étais pas vraiment qu'elle le ferait si elle le pouvait. Après tout ce que vous vous étiez dit, tu n'avais pas eu le cœur de la suivre à l'hôpital, pas eu le coeur de répondre à son message et maintenant tu avais des millions de choses sur le coeur, des choses que tu ne pouvais pas lui dire parce qu'on ne savait pas si elle entendait ou non. Et même si c'était le cas, tu voulais qu'elle puisse te répondre, qu'elle puisse t'engueuler et te traiter de tous les noms. Tu l'accepterais. Assis sur un banc, près de l'hôpital, tu pleurais. Tu laissais évacuer toutes les émotions que tu refoulais avec l'alcool. Tu te sentais au plus mal et vraiment seul. Tu n'avais personne vers qui te tourner. L'une était dans le coma et l'autre ne voulait que tu sortes de sa vie mais pas vraiment. Tu avais besoin de faire le vide dans ta tête et de remonter la pente. Vraiment cette fois-ci. Tu devais arrêter de fuir tes problèmes. Une jeune rousse venait s'asseoir à côté de toi, te proposant un mouchoir. Tu l'attrapais doucement sans oser la regarder. « Merci. » murmurais-tu légèrement. Tu venais essuyer les larmes qui coulaient encore le long de tes joues avant de te moucher un bon coup. Pas très élégant, mais tu t'en foutais pas mal, ce n'était pas ce qui avait la moindre importance en ce moment. « Moi c'est CJ. » Tu ne lui tendais pas la main parce qu'elle n'était pas très propre, mais tu prenais enfin le courage de lever ton regard vers elle et de lui dessiner un très mince sourire. Elle sortait de l'hôpital elle aussi, peut-être rendait-elle visite à un proche. Peut-être avait-elle eu une visite médicale. Tu n'en savais rien et tu n'allais pas le lui demander, ce n'était qu'une parfaite étrangère qui voulait juste te venir en aide.

j’avais besoin de m’éloigner des autres le 31. Je ne voulais pas faire la fête. Fêter quoi ? La mascarade qu’était devenue ma vie, fêter le fait que j’étais en vie. Tu parles. J’aspirai toujours autant à la mort qu’avant. La preuve, j’avais tué un être humain sans sourciller. Mon enfant. Mais je ne pouvais pas le garder. Il aurait une mère folle, un père absent. Folle. Dépressive serait plutôt le mot. Je savais sourire aux gens mais j’ignorai comment leur parler. L’intervention était prévue pour après les fêtes. Sans doute le temps que les médecins décuvent. Je suis sortie sans émotions aucune avant de voir un homme assis sur le banc. Il pleurait. Et ça a eu le don de me serrer le cœur. Doucement, je m’approche de lui pour tendre un mouchoir. Puis, je prends place sur le banc avant de lever la main. Pour quoi ? Je me mords doucement la lèvre inférieure avant de venir caresser le dos de cet inconnu. « ça va aller, murmurai-je doucement sans bégayer. » De toute façon, pourquoi est-ce que je bégayerai ? il pleurait et devait sans doute être sdf. Je lui rendis son sourire avant de voir que ça aurait pu être un bel homme s’il avait pris une douche. A l’évidence, il avait besoin d’un repas et d’un peu de compagnie. Je n’en recherchai pas particulièrement mais j’aimais bien rendre service aux autres. « Moi c’est Ruby, dis-je avec douceur, enchantée CJ. » Je me lève alors avant de lui tendre la main. « je ne sais pas pourquoi vous êtes là, ni pourquoi vous avez mal au cœur mais je peux vous proposer un peu de compagnie. » je me contentai de hausser les épaules. « Et un bon repas, ajoutai-je avec un sourire encourageant. »

Elle se présentait à son tour. Ruby. Elle avait le prénom d'une pierre précieuse, tu aimais beaucoup cette pensée, surtout avec sa chevelure rousse. Elle te proposait un peu de compagnie, tu y voyais une épaule sur laquelle tu pourrais pleurer sans être jugé de façon négative. D'ailleurs, tu exprimais cette idée assez rapidement. « Tu dois être la première à ne pas connaître les articles des Writers sur moi. » ajoutais-tu un peu surpris. Tu réalisais même que si tu n'avais pas dit cette phrase, ça aurait pu être mieux parce que ça allait sûrement attisé sa curiosité. Comme quoi, tu aurais mieux fait de te taire ou de réfléchir au lieu de penser à voix haute. « Je serais ravi pour le repas. » Tu esquissais un léger sourire, voulant être chaleureux avec ta mine de déterré. Tu aurais bien pris un repas liquide mais ce n'était pas le bon moment pour faire cela. Il fallait avoir un minimum de tenue. « Je crois que je devrais quitter cette ville. Je crois que je n'ai plus ma place. » Si tu laissais sous-entendre que tu voulais mourir, ce n'était pas du tout ton idée. Tu parlais de partir dans le sens de quitter cette maudite ville. Tu commençais à penser que tu avais fait une erreur en restant ici plus de six mois, en revenant tout court. Tu n'avais fait que faire du mal à toutes les personnes autour de toi. « J'dois avoir l'air d'un vieux dépressif qui sort d'une réunion pour pas mettre fin à sa vie. » Et tu n'imaginais pas à quel point ce que tu venais de dire pouvait être ironique. En même temps, pas sûr que si tu l'avais su, tu n'aurais pas sorti la même connerie. Tu n'étais pas assez bien pour te soucier de ce que tu disais, à qui tu le disais et surtout comment tu le disais.

Il n’avait pas l’air bien. Je suis beaucoup trop altruiste pour laisser quelqu’un dans le besoin. Certes, il ne sentait pas la rose non plus, ce n’était pas pour me faire peur. Sauf s’il avait prévu de me poignarder, ce qui n’avait pas l’air d’être le cas. Lorsqu’il leva les yeux vers moi, j’y décelai une douleur telle que ça me fit de la peine. J’avais la même ombre dans les yeux et je pris donc le temps de discuter avec lui. « A vrai dire, j’en ai rien à foutre de The Writers. Si j’en avais quelque chose à faire j’aurai la moitié de mes amis en moins. » Je haussai les épaules. Je me fichai de ce qu’il avait fait ou de ce qu’on avait cru qu’il avait fait. Il était dans la détresse et à l’heure actuelle, seul ça m’importait. Je lui fis un sourire timide. « Va pour un repas alors. Il faut voir ce qu’il y a d’ouvert le 31 mais sinon on pourra échouer au Mcdo, deux dépressifs devant un bigmac, je suis certaine que ça le fera. » Je lui fis un petit sourire engageant avant de lui tendre la main. J’avais pris la troisième voiture aujourd’hui, laissant l’Audi R8 au garage ainsi que la Lamborghini. Je me contentai de conduire la voiture de James Bond. Il fallait que j’arrête de compenser ma misère socio-affectif par des bagnoles. Enfin, j’étais certaine que ça ne déplairait pas à Orson. « Ça dépend si c’est pour des vacances. Je pense que chaque personne à sa place dans toute ville du monde, il faut juste se frayer un chemin et laisser le passé derrière soi. » Oh la grosse menteuse quand on savait que j’avais perdu toute ma famille et que j’étais dans un état dépressif depuis plusieurs semaines/mois. Je sortis une cigarette que j’allumais avant de me tourner vers mon nouvel ami. « J’ai fait une tentative de suicide en septembre dernier. » Je relève mes cheveux pour lui désigner la cicatrice qui ornerait à jamais mon front. « Je sais donc qu’on ne fait pas de réunions comme aux alcooliques anonymes. Non, on nous interne, on nous bourre de médocs en nous disant que la vie est merveilleuse, que le prince charmant existe et qu’il ne s’est pas tiré en Espagne. Connerie, connerie et connerie. » Je pose une main bienveillante sur son bras. « Et si on soulageait mutuellement nos consciences. Sans boire ou coucher mais je sens que t’as besoin de parler et j’ai toujours été très douée pour écouter. »

Assis sur un banc, prêt à aller dîner quelque part dans la ville avec une jeune femme qui semblait prête à t'offrir une oreille attentive et une épaule douillette sur laquelle tu pourrais pleurer toutes les larmes de ton corps. Autant dire que ce n'était pas banale comme genre de rencontres. Et tu pensais aussi que rien que ta tête faisait fuir toutes les femmes qui oseraient s'approcher de toi, réalisant qui tu étais et ce que tu avais fait. Mais pas elle. Elle ne fuyait pas, restant prêt de toi et te proposant même des plans pour la soirée. « Tu sais que je n'y ai jamais mangé ? » ajoutais-tu doucement parce que c'était un fun fact sur ta vie. Tu n'y avais jamais mis les pieds, tu n'avais jamais croqué un seul bigmac. Tu avais mangé beaucoup de choses dans ta vie, notamment des insectes, mais pas une fois tu avais mangé au McDonald's. Tu n'étais d'ailleurs pas sûr qu'ils s'appelaient comme ça en Australie. Mais ce n'était qu'un détail sans importance, ça par contre. « Et quand le passé semble impossible à effacer ? » Tu avais tellement de choses qui te hantaient aujourd'hui, que tu avais dû mal à sortir la tête de l'eau. Tu avais perdu pieds, l'impression de t'enfoncer un peu plus vers le bas sans avoir le moyen de remonter à la surface ou même de respirer. « Je viens d'aller en chercher un à Madrid, en Espagne, j'espère que c'est pas le tien ! » Tu en plaisantais mais tu mettais encore une fois le doigt là où ça faisait mal. Après tout, tu n'imaginais pas Alfie en couple avec cette fameuse Ruby. Au dernier nouvel il tournait autour de Naxa et ne semblait pas pouvoir s'en détacher. Mais la vie était assez imprévisible et elle avait disparu avant qu'il ne s'en aille, donc tu supposais que ça c'était fini, tout simplement. « Je suis désolé.. » Tu te pinçais les lèvres, encore étonné par ton manque d'adresse et tes mauvais choix de mots. Elle avait dit ça avec tant de libertés que tu étais surpris par son aisance à te le dire. Ce n'était pas quelque chose de normal. Mais à partir de là, tu ne devrais plus t'étonner de la vie et des rencontres que tu pouvais faire. « Tu es prête à être déprimée avec moi ? » demandais-tu en rigolant. Tu avais peut-être le sourire là, mais tu savais que dès que tu commencerais ton récit, tu aurais la tête d'un homme abattu, accablé par sa vie.

Lorsqu'il me dit ne jamais avoir mangé au mcdo, j'éclate de rire. Mais ce dernier se meurt dans ma bouche lorsque je repense à Alfie. Au fait que nous y étions allés la dernière fois pour soigner sa main et rire comme des baleines. " Il y a une première fois à tout. Un jour de l'an au mcdo, comme c'est classe. " après tout, je me fichai pas mal de ce qui était classe ou non. il avait juste besoin d'un bon repas tout comme moi. je n'avais pas eu la force d'aller voir le médecin pour vérifier ma grossesse. J'étais restée dans la salle d'attente sans bouger. Tétanisée. J'avais peur. " tu fumes des joints ? " J'avais dit ça sur le ton de la plaisanterie bien que j'en avais toujours un sur moi. ça permettait de s'évader. Je tends la main à mon nouvel ami pour aller jusqu'à ma voiture. Je reste sur place avant de le regarder. " Qu… qu… quoi ? " Il était allé chercher un espagnol. Mon petit cœur s'emballe. Mais ça m'étonnerait que ça soit. " nan c'est pas lui sauf s'il fait trois mètres de haut et tient un bar en ville. La coincidence serait un peu trop grande. Et si jamais c'est lui que t'as ramené, sois en certain, t'auras des cheeseburgers et mon amitié pour la vie. " je lui fais mon plus radieux sourire. il avait l'air gentil comme garçon. Un peu paumé mais gentil. Je lui donne un coup d'épaule comme si nous étions de bons vieux amis. " Si ça se trouve, tu déprimeras moins en ma compagnie. " je me stoppe devant l'Audi R8 un peu tape à l'œil. " mais avant, si tu vomis dans ma voiture, je te tue. Compris ? "

A l'entendre, elle te le vendait presque comme le truc à faire pour fêter dignement cette fin d'année et le début de la nouvelle. Tu pensais au début rentrer chez toi et te noyer dans une bouteille d'alcool mais ce n'était pas une bonne idée. Ce n'en était plus du tout une et il fallait vraiment que tu arrêtes ces conneries là. Ce n'était plus possible de vivre de cette façon. Première résolution de la nouvelle année à venir. « Je pense que c'est le mieux que je suis trouvé ! » Tu ne disais pas par là que tu le faisais par dépit mais au contraire, c'était vraiment la meilleure soirée que tu pourrais passer. Déjà, tu ne serais pas tout seul et ça c'était une bonne chose. Il y avait peu de chance pour que tu te saoules. Même si elle semblait te proposer autre chose. « Vraiment très rarement, je ne suis pas du genre à aller en chercher si tu veux tout savoir. » Tu avais déjà consommé avec Aisling et Isaiah mais très occasionnellement. Tu n'avais pris qu'une seule fois de l'ecstasy et tu ne pensais pas retenter l'expérience avant très longtemps. Ça avait mal tourné après ça que tu ne voulais pas le revivre. Elle t'avait sorti ça comme si elle voulait te proposer d'en fumer un et c'était un peu étrange mais après tout, pourquoi pas, elle aurait peut-être besoin pour passer aux travers de tes futures jérémiades. « Si ton prince charmant s'appelle Alfie, alors c'est lui ! » Et tu gardais ton mais pour toi. Tu le connaissais comme le mec qui n'arrivait pas à s'attacher. Avec Jordan, il s'entendait bien mais au final, il n'y avait jamais rien eu de vraiment officiel entre eux. Ce que tu ne savais pas en revanche, c'est de savoir si ça venait de lui, d'elle ou même des deux. D'autant plus que tu savais que Jordan n'était pas le genre de femme à craquer facilement. A côté de toi, elle était bien plus résistante alors peut-être qu'à l'usure, ça n'avait juste pas marché. « On verra ça ! » Tu ne savais pas quelle tournure allait prendre cette soirée et tu ne savais pas comment elle allait prendre ce que tu pourrais éventuellement dire. Tu hochais la tête comme signe de promesse avant de jeter un coup d'oeil à sa voiture. « Je ne sais pas ce que tu fais dans la vie mais je pense pouvoir dire sans me tromper que t'es pleine aux as. » Ce n'était pas une simple voiture. Tu n'étais pas un grand fan de l'automobile, c'était un sujet barbant pour toi, mais il y avait deux voitures que tu rêvais de conduire un jour. Une Ferrari, peu importe le modèle et une Audi R8. Elle en possédait une.

Je le regarde avec un sourire candide car c'est tout ce que je savais faire. Sourire comme une grosse niaise aux gens. Je rougis même lorsque je pense à ce sourire que je lui sers avant de pencher la tête sur le côté en fronçant les sourcils. " Ouais pis tu seras en bonne compagnie. " Ça, je n'en étais pas certaine. Lorsqu'il évoque Alfie, j'ouvre la bouche. Comme un poisson mort. Alors, je fais quelque chose d'insensé : je le prends dans mes bras. Même si je ne connais pas ce mec. Je me recule partiellement gênée par mon geste avant d'avoir un rire nerveux. " D… d… désolée. " Bonjour bégaiement, installe-toi. Il ne manquait plus que lui pour que je passe pour une pauvre débile. Je marche doucement avec lui vers la voiture sans ajouter quoique ce soit à propos de l'espagnol. Sans affirmer que c'était lui ou non. j'avais un espagnol à aller débusquer dans cette maudite ville. Punaise ! " Je suis… enfin… je suis actrice. " je rougis un peu plus avant de m'approcher de lui pour le regarder dans les yeux. il avait l'air sobre en dépit de son allure de clochard. Je faisais le coup à tout le monde et cet inconnu avait ramené Alfie alors je lui fais une nouvelle fois mon sourire le plus innocent. " Arrête de baver et passe derrière le volant. Tu seras mon chauffeur ce soir. " je lui glisse les clés dans la main avant de prendre place côté passager.

En bonne compagnie, tu ne savais pas trop encore. Pour le moment tu ne pouvais pas dire que sa compagnie était désagréable, bien au contraire, c'était même plutôt plaisant d'avoir quelqu'un avec qui passer le réveillon. De toute façon tu n'avais pas prévu de faire des folies ce soir, mais ça éviterait que tu broies du noir dans un coin et surtout que tu te bourres la gueule comme le poivrot que tu étais en ce moment. Il fallait vraiment que tu arrêtes ça, que tu arrêtes d'être aussi livide, aussi mort à l'extérieur. Et sans crier gare, elle te sautait dessus pour t'enlacer. Tu parlais d'Alfie que tu venais de ramener tout droit de Madrid et elle de l'espagnole qu'elle aimait. Il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre qu'il y avait bel et bien un lien. « J'imagine que j'ai ramené ton prince charmant, au moins tu auras sûrement le droit à un happy ending, c'est presque une bonne action ! » Tu affichais un léger sourire alors qu'elle s'excusait pour son geste. Il n'y avait pas de quoi. C'était agréable que quelqu'un te prenne dans les bras et se sente reconnaissant envers toi. Tu n'avais pas reformé son couple mais tu y contribuais pas mal. C'était un exploit pour toi, le Cupidon de ses dames. « Tu as joué dans quoi ? J'regarde pas tellement la télé alors j'avoue que je t'ai pas reconnu si je t'ai déjà vu. » Parce que là, rien n'était sûr. Tu n'avais pas une mémoire exceptionnelle quand il s'agissait d'acteur ou non. Tu les retenais quand tu les voyais dans plusieurs films ou plusieurs séries mais c'était tout. En tout cas, là comme ça, son visage ne te disait rien. Mais tu n'étais pas non plus dans le meilleur de ta forme et le monde alentour te semblait flou. « Je n'ai jamais conduit une voiture de ce genre, je sais pas si c'est vraiment prudent, surtout si tu tiens à ta vie ! » C'était une très belle voiture c'est vrai, mais ce n'était pas ton genre. Tu n'étais pas du genre à baver devant la mécanique ou la forme d'une voiture. En plus, tu conduisais très peu puisque tu te déplaçais soit en vélo, soit à pieds.