the boys are back (allen)

Si il y a bien une personne qu'il a cru ne plus jamais revoir, c'est Allen. Tous les deux ont toujours été des électrons libres, deux étrangers débarqués à Bowen après avoir fait le tour d'autres pays et qui avaient fini par s'y plaire, à rester, et à devenir deux partenaires particuliers. Alfie a longtemps considéré Allen comme le frère qu'il n'a jamais eu, son partenaire de conneries préféré avec qui, il s'en rappelle, il prenait plaisir à relever les défis les plus abrutis. Quand il est parti, Alfie n'a pas été triste. Il connait cet appel du voyage et de l'inconnu, il se disait qu'Allen finirait de toute façon par rentrer. Mais quand l'idée lui est venue que peut-être l'italien ne reviendrait pas, il a été pris d'une vague de nostalgie qu'il s'est empressé de cacher. À la minute où Alfie a appris que son ancien acolyte était de retour, il n'a pas attendu bien longtemps avant de se rendre à son appartement. Il n'a pris le temps de prévenir, ne trouvant de toute façon plus son portable depuis la veille. De toute façon, Allen doit encore être occupé à défaire ses affaires des cartons, il ne peut qu'être chez lui à l'heure qu'il est. Du moins, Alfie l'espère. Arrivé devant la porte, il toque trois coup avant que -heureusement- la porte s'ouvre. « J'ai entendu dire que le tombeur était de retour en ville, » lâche-t-il avec un sourire immense, se retenant dans un premier temps d'offrir une accolade à un de ses meilleurs copains.

Alfie Bartholomew. C'était devenu son meilleur pote au fur et à mesure de leurs escapades. Il adorait cet homme, une certaine bromance était née entre l'espagnol et l'italien. Lorsqu'il était venu à Bowen la première fois, il était là avec Alfie. Leurs conneries n'avaient cessé d'augmentée au fur et à mesure des jours. Toujours l'un fourré avec l'autre. Alors après ces quelques mois loin de Bowen, où l'italien avait décidé de repartir chez lui, à Naples, il ne pouvait pas quitter Bowen. Il y avait Andeana, la femme de sa vie, il y avait Freja, sa confidente à jamais et surtout, pas dessus tout, il y avait Alfie. Lorsqu'il était dans son appartement, le même qu'avant, entrain de déballer des cartons, quelqu'un sonna à la porte. Dans sa tête, le jeune homme espérait que ce soit son copain Alfie qui vienne l'accueillir. Sans plus attendre, il allait ouvrir la porte et il afficha un sourire colgate comme jamais. Evidemment, qu'il avait raison. « Alfie, mon frère, tu m'as manqué » répondit-il à son ami après avoir rit à sa blague. Il prit son meilleur ami dans ses bras, en signe d'affection. C'est vrai, Allen éprouvait énormément d'affection pour l'espagnol. Il l'a énormément aidé dans ses galères, et il a toujours été là pour lui. « Entre, j't'en prie, t'es chez toi après tout » dit-il en ouvrant grand la porte à son ami.

Retrouver Allen à Bowen, c'est un peu comme pouvoir souffler à nouveau. Il a toujours été celui capable de le faire rire jusqu'à en avoir mal au ventre, son compagnon de conneries et de soirées pizza jusqu'à pas d'heure, quitte à passer la journée suivante à dormir comme deux adolescents encore bourrés de la veille. L'italien et l'espagnol, les inséparables au sang chaud, deux types parfois gamins, parfois adultes. Après avoir franchi le seuil de la porte d'entrée, Alfie tend les bras en direction d'Allen afin de pouvoir lui offrir une accolade digne de leurs retrouvailles. « Toi aussi bro, je savais que tu pourrais pas te passer de moi trop longtemps. » Il rit à sa remarque dénuée de sérieux avant d'entrer suite à l'invitation d'Allen. Comme il le pensait, l'appartement est encore rempli de cartons non déballés, ou pas entièrement. « Comment ça se passe le retour ? Tu sais que si t'as besoin d'aide pour te ré-installer, t'es autorisé à m'appeler. » Ça lui ferait du bien après tout, passer un peu de temps avec un vieil ami pour se sortir la tête hors de l'eau.

C'était un bonheur pour Allen de retrouver Alfie sur le pas de sa porte ce soir. Il n'était revenu que depuis peu mais il avait entendu qu'Alfie, lui aussi avait rejoint sa patrie pour quelques temps. Comme ce qu'avait fait l'Italien, revoir Naples, ses soeurs et sa mère lui avait fait un bien fou. Tellement qu'il ne voulait pas repartir. Mais maintenant, sa vie était a Bowen, toute sa vie. Ses amies, son amour, son affaire. Il ne pouvait pas tout abandonner encore et tout laisser de côté. Alors il était revenu, tout sourire et tout joyeux. L'espagnol lui offrit une accolade, qu'Allen ne pu refuser. « Comme tu ne peux pas te passer moi, Bartholomew » dit-il en réglant légèrement. Son ami entra dans l'appartement et il fermait la porte derrière lui. Il alla dans la cuisine et revint avec deux bières, dont une qu'il donna à son meilleur pote.  « Ca te tente de déballer des cartons ? Je pense qu'on en a pour toute la nuit » ajouta-t-il simplement en jetant un oeil à la pièce remplie de ces derniers. Alors, Allen trinqua avec son ami avant de boire quelques gorgées de sa bouteille de bière. Il jeta un oeil vers son ami, puis vers les cartons et continua ce qu'il faisait avant qu'Alfie n'arrive.  « Comment ça va alors, depuis le temps ? demanda-t-il à son ami. Qu'est-ce que tu as fais comme bêtises pendant que j'était absent ? » rit-il simplement en jetant un regard malicieux à son ami.

Lui non plus n'aurait pas pu se séparer de Bowen plus longtemps. Cette ville aura été la première où il aura été capable de trouver ses marques, de créer ses repères à l'aide d'un bon nombre de personnes qui l'auront marqué en se créant une place dans sa tête et dans son coeur sans même qu'il ne s'en rende compte. Et voilà qu'aujourd'hui, l'éternel célibataire est en couple. Comme quoi, changer d'air lui aura aussi permis de changer totalement de vie. La réponse d'Allen à sa remarque lui tire un sourire amusé. « Tu me connais trop bien. » Il entre pour découvrir les différents cartons, parfois ouverts et parfois fermés, tous attendant d'être déballés. « À deux ça te prendrait moins de temps que tout seul, alors tu peux compter sur moi quitte à ce que ça nous prenne toute la nuit. » Il se portera toujours volontaire pour l'aider, en particulier quand il s'agit d'Allen. Après tout, il a plus moins trouvé en lui son âme-soeur masculin, même si jamais il ne le lui dira de manière aussi explicite. Allen risquerait soit de se foutre de lui, soit de prendre la grosse tête. Alfie prend la bière tendue par son meilleur pote et trinque avec lui avant d'en boire une longue gorgée. « Tu sais que je vais toujours bien, » lui dit-il en réponse à sa question, n'ayant jamais été du genre à se plaindre sur les aléas de sa vie. La question d'Allen le fait rire. « Alors déjà, j'ai ouvert un bar. Je serais vexé que t'en ait pas entendu parler, ça s'appelle "le Hendrix" et ça a même eu son article dans les journaux, » ajoute-t-il d'un air fier. « Sinon... Bah, rien de bien fou. J'ai traîné parfois avec Freja, parfois avec Nevaeh. J'ai même dû me la jouer réconfort quand son mec a fait le con avec elle. Puis je me suis mis en couple aussi. » Le mot couple sonne bizarre à ses oreilles, surtout parce qu'il n'a pas l'habitude de l'entendre de sa voix. « Et toi alors ? C'était comment chez toi ? »

Son emménagement à Bowen n'était pas prêt d'être terminé, et il savait qu'il pouvait compter sur l'espagnol pour l'aider. Alors il profita de sa présence pour lui demander un coup de main pour ouvrir les cartons. Accompagné d'une bière et d'un bon copain, ça pourrait forcément aller plus vite. Son meilleur ami accepta de suite, l'idée de l'aider comme ça Allen pourrait se réinstaller plus vite et profiter plus vite de son retour. L'italien demanda alors à l'espagnol comment il allait, ce qu'il avait fait pendant son départ. Allen était partit quelques mois, sans forcément donner de nouvelles à personnes. Lorsqu'Alfie lui dit qu'il allait toujours bien, un sourire s'écarta sur se lèvres. Il était content de voir son ami heureux, en tout cas il avait tout d'un homme heureux. De ses dires, il avait ouvert un bar, mais tu le savais déjà, tu avais fais ta fouine. Et en plus de cela, pour couronner le tout il était en couple. « Le Hendrix, je suis au courant, et je suis très fier de toi, bro, répondit-il simplement. Je vais pouvoir boire des coups à la santé du patron » finit-il en rigolant. Alors lorsqu'il émit le fait qu'il était en couple, il s'arrêta d'un coup. « Alfie Bartholomew en couple ? Mon dieu, mais que se passe-t-il ? JE VEUX TOUT SAVOIR » demanda-t-il à son ami. Forcément, l'italien voulait tout savoir sur sa mise en couple et sur la fille qu'il avait réussit à attraper dans ses filets. « J'ai revu la famille, ça m'a fait un bien fou. J'ai repris mon affaire ici, à Bowen et moi bah.... je suis toujours célibataire » dit-il à son ami en haussant les épaules.

Allen n'avait pas été là pour l'ouverture du Hendrix. Alfie ne lui en avait pas voulu, l'un comme l'autres avaient toujours été deux éternels voyageurs incapables de tenir en place trop longtemps. Ce qui compte à présent, c'est qu'il soit à nouveau là. Compte tenu des récents événements qui ont animé sa vie, Alfie s'est rendu compte que certaines personnes étaient bien plus importantes à ses yeux, et ça malgré sa politique du "sans attache" qui n'aura duré que jusqu'à son emménagement à Bowen. Évidemment, Allen fait partie de ces rares personnes qui ont rapidement su se faire une place dans la modeste existence menée par l'espagnol. Il a été un des premiers, le seul homme qui a réussi à être un ami plutôt qu'un ennemi cinq ans plus tôt. « Merci, ça fait toujours plaisir à entendre. Je crois que j'avais jamais autant bossé de toute ma vie, » ajoute-t-il en riant avant de retrouver un semblant de sérieux. « Attends, t'auras même droit à des verres offerts évidemment. Tu sais où ramener tes conquêtes si tu veux te faire une soirée pas trop chère, » dit Alfie en haussant un sourcil, un sourire amusé étirant ses lèvres et trahissant son envie de rire. Lorsqu'il mentionne sa vie sentimentale qui a jusque là toujours été un véritable désastre, il n'est pas étonné de voir la surprise d'Allen. En guise de réponse, il se contente dans un premier temps de hausser les épaules. « Et ouais, je commençais à me faire un peu vieux pour les coups d'un soir. » Encore de l'humour, une discussion légère pour un sujet qu'il a encore du mal à aborder, faute d'habituation. Il boit une gorgée de sa bière avant de se lancer. « Elle s'appelle Ruby. Elle m'a jeté la première fois qu'on s'est vus l'an passé, faut croire que mes talents de dragueur invétéré ont fini par rouiller. » Il rit, son regard perdu sur un carton. « Puis on s'est revus une fois, deux fois, je suis parti en Espagne quelques mois pour une histoire de famille et quand je suis revenu, elle est le premier visage que j'ai revu. » Il ne mentionne pas la lettre de suicide qu'elle lui avait laissé, ni même l'annonce de sa grossesse. Alfie préfère évoquer les beaux cotés afin de les rendre plus réels que les mauvais. Il regarde ensuite à nouveau Allen lorsque celui-ci lui parle des nouveautés de sa vie. Curieux, Alfie plisse légèrement les paupières. « Et cette fille, Andeana c'est ça ? Je sais que ça me regarde pas mais vous avez eu une histoire à un moment, nan ? » Ce n'est pas dans ses habitudes de parler romance et pourtant, Alfie a cru comprendre que cette fille avait occupé une place plutôt importante dans la vie d'Allen. Et en tant que meilleur ami, il se doit d'être au courant des hauts et des bas qu'a connu son coeur de tombeur.

Ecouter Alfie lui parler des évènements de sa vie qu'il a manqué, Allen en eu un pincement au coeur. C'est vrai, après tout, il n'avait pas été là pour le soutenir, il avait merdé d'une manière assez conséquente. Mais il savait très bien que l'espagnol ne lui en voulait pas et qu'au contraire, il était content que son italien soit revenu. Jamais Allen ne laissera Bowen, il reviendra toujours se terrer ici, dans son petit coin de paradis. Alors il était fier de son ami, fier du fait qu'il avait réussit à ouvrir son bar, à réaliser son rêve après tout. Alfie semblait soulagé, cela a du être une épreuve terrible à passer. L'italien pouffa de rire lorsque son ami lui dit qu'il pourra emmener ses conquêtes au Hendrix s'il ne veut pas payer une soirée trop cher. « C'est que tu me connais bien » répondit-il avec un sourire malicieux. La conversation entre les deux amis bifurqua sur les amours. Alfie, quant à lui, avait trouvé quelqu'un et son ami était très content pour lui mais en vrai, surtout très surpris. C'est rare qu'il est connu l'espagnol en couple, et c'est rare qu'il s'attache à une femme. Alors, il voulait tout savoir. De A à Z. Ruby... Tu connaissais ce prénom, tu en étais sûr. « Ruby ? Une belle jeune femme rousse, qu'on peut voir à la télé ? Mon gars, j'te félicite ! » dit-il en souriant jusqu'aux oreilles. Il écouta son ami lui raconter ce qu'il s'était passé et il lui donna une tape sur l'épaule du style bien joué, un jour j'ferais comme toi. Il avait déjà rencontré cette fille, lors d'un de ses anciens boulots. Elle était charmante et très gentille, alors Allen était heureux qu'Alfie ait trouvé quelqu'un de bien. Mais son sourire se dissipa lorsqu'il parla d'Andeana. L'italien n'avait évoqué son prénom qu'une fois à Alfie, et étant donné que c'est son meilleur ami, il voulait tout lui raconter. Allen s'assit près de la fenêtre et s'alluma une cigarette, c'était pas dans son genre. « Cette fille, c'est la femme de ma vie, mais j'arrive pas à la récupérer. J'ai fais le con, Alfie, t'imagines pas, j'regrette, j'ai fais trop d'erreurs » dit-il en scrutant le paysage depuis la fenêtre de son appartement.

Oh que oui il le connaît bien, ou du mien de surface. Étant donné qu'ils n'ont jamais été l'un comme l'autre habitués à parler de ce qui se cache sous les regards remplis de sous-entendus et les sourires en coin, Alfie ne connaît d'Allen que ce que celui-ci veut bien lui dire. Ça à longtemps été réciproque, à part le fait qu'il a deux soeurs jamais Alfie n'a parlé des problèmes rencontrés avec sa famille à son meilleur ami. Il est trop pudique sur ses propres sentiments pour ça, a l'impression que cela la réduirait à se montrer avec toutes ses fêlures, ses cicatrices, tout ce qui fait de lui un homme bien plus faible qu'il ne fait semblant de l'être. Et pourtant, voilà qu'il se met à parler de Ruby sans la moindre honte, fier même de pouvoir fréquenter une fille pareille. Il est cependant surpris d'apprendre que, visiblement, Allen la connait déjà. « Tu la connais ? J'veux dire, à part à la télé. Parce que moi avant de la rencontrer je savais même pas qu'elle tournait des séries et des films donc c'est même pas pour dire que je veux sa célébrité, » se défend-il alors qu'il n'a aucune raison de le faire. Alfie a toujours détesté ça, d'être sous le feu des projecteurs. La seule fois où il a marqué les esprits, c'est lorsqu'il a été cité à plusieurs reprises dans un article des Writers. Lorsqu'il vient à mentionner Andeana, il remarque bien que c'est un sujet sensible pour Allen qui s'éloigne de lui afin d'aller fumer à la fenêtre. Intrigué, Alfie s'assied sur le canapé et glisse une de ses jambes sous son derrière, son épaule appuyée contre le dos du siège afin de pouvoir voir son ami. « T'as merdé à ce point-là ? Parce que tu sais, je me suis rendu compte qu'une femme peut vraiment être clémente et est capable de pardonner pas mal, » ajoute-t-il, cherchant des mots de consolation même si il n'a jamais été très doué pour ça.

Les deux compères avaient toujours été très discret sur une part de leur vie privée. Ils ne se disaient pas tout, et des fois Allen le regrettait. Mais il gardait sa part de mystère, sa part de tristesse. Il ne voulait pas tout partager, il avait peur qu’on le juge. Mais l’italien s’était toujours confié à Alfie, c’était celui qui le connait le mieux en soi. Alors lorsqu’il lui parlait de Ruby, le bouclé sourit à bouche ouverte. « Oui, je l’ai rencontré l’année dernière ! Elle est charmante et très gentille, je suis content pour toi, lui dit-il avec un sourire amical. Je sais que t’es pas comme ça, buddy » ajouta-t-il en tapant sur l’épaule de son ami. Même s’ils étaient mystérieux tous les deux, ils se connaissaient un minimum. Mais lorsqu’il parla d’Andeana, le coeur d’Allen piqua. A la fenêtre, sa cigarette à la main, il débitait des paroles qu’il n’avait jamais confié à son meilleur ami. Soucieux, l’espagnol essayait de percer son copain pour trouver la faille et l’aider un peu. Alors, toujours le regard rivé vers la fenêtre et le paysage, il ajouta quelques mots. « Alfie, je l’ai trompé alors que je l’aimais. On était à Paris, j’étais bourré, j’ai merdé. J’avais peur, et maintenant, je regrette tout ce que j’ai fais. Elle est ici, à Bowen, je l’ai recroisé une fois, quand je suis arrivé, mais… l’italien tira une barre sur sa cigarette. Mais je sais qu’elle me pardonnera jamais » finit-il en soufflant sa fumée à travers la fenêtre. Allen l’avait toujours mauvaise, il avait peur, il ne savait plus quoi faire pour cette femme.