(Roson) to infinity and beyond...

” Whisky ! ” fis-je en tapotant tranquillement sur la table après avoir levé la main pour signaler ma présence au gars qui prend ma commande à distance. Je suis un habitué de ce coin et après avoir souri un peu, je lâche un gros soupir et m’affale contre ma chaise. Y avait un gars qui avait demandé s’il pouvait récupérer la chaise vide en face de moi, je l’en ai empêché parce que oui, j’attends quelqu’un. J’ai pu me libérer pour la soirée histoire de passer du temps avec ma petite soeur Rory, je ne la vois pas beaucoup en dehors de skype, elle est assez occupée avec ses répétitions du Le lac des cygnes. On se parle toujours régulièrement sur skype et malgré l’écran, elle me lit comme un livre ouvert. Décidément, faut vraiment que je me reprenne avant que Joyce ne se mette à remarquer que quelque chose ne va pas (à se demander comment et pourquoi Joyce n’a pas remarqué avant Rory, peut-être trop occupée à récolter de l’argent pour l’hôpital).

Le bruit ambiant me casse un peu les oreilles, mais j’ai l’habitude, l’Hendrix est toujours bondé les soirs de toute façon. Je regarde autour de moi en attendant Rory, un peu parti dans mes pensées sur comment comme un sacré con, j’ai tout foutu en l’air. Un cas d’apathie que j’aurai bien aimé avoir et m’en être occupé, mais je suis sur le point de laisser ça à un autre collègue... Quel idiot. Des fois je me dis que je suis plus qu’un idiot, mais j’ai l’impression que ça devient de plus en plus régulier. Pfff… Pourquoi je suis devenu aussi débile en ce moment ? Qu’est-ce qui m’arrive plus sérieusement ?

Un bisou sur la joue me fait revenir sur terre, je me redresse un peu et hausse les sourcils. ” Hey Rory !” fis-je avec un sourire, tout content de la voir. Je lui rendis le bisou avant de voir Phantom sortir sa tête du sac. Je lance un regard furtif autour, comme à mon habitude avant de saluer le chien avec une vraie caresse de bonjour, les deux mains avant de l’embrasser à la tête. Rah qu’est-ce que cette bête m’a manquée ! Qu’est-ce qu’elle m’a manquée ! C’est encore mieux de la voir en vrai que sur skype ! Je soupire maintenant en m’installant correctement sur la chaise, Rory prend la place en face de moi. Je soupire, l’air totalement blasé et ne dis pas un mot alors qu’elle me parle de la sale tête que je fais. Je détourne mon regard et remarque que je n’ai toujours pas mon verre. Je grogne à la réalisation et je suis passablement agacé. Bon sang, ça fait des minutes que je suis là en plus ! Le monde se ligue contre moi ou quoi…? Le contact à la main me fait oublier ce moment et je souris à moitié avant de faire face à la question… A laquelle je ne me suis pas vraiment préparé. ” Comme un idiot qui vient de laisser filer une grosse opportunité entre les doigts et qui ne fait que enchaîner des conneries depuis.”dis-je d’une traite sans trop réfléchir. Pas la peine de tourner autour du pot avec elle. Une pause et je regarde Phantom gigoter un peu dans le sac avec un petit sourire alors que je serre doucement sa main. ” Je sais que tu n’es pas trop dans les termes neurologiques, mais… J’avais un cas assez intéressant, quasiment rare même. J’avais une chance sur 1 million de l’obtenir et il a fallu que je tombe sur une patiente avec qui j’ai trompé ma femme.” dis-je tout d’un coup, ça fait assez d’informations là et je vois le serveur passer, j’en profite pour l’arrêter. ” Un verre de whisky s’il vous plaît et pour la demoiselle … ?” J’attends pour la commande avant que le serveur ne s’en aille pour s’en occuper cette fois-ci.

“ Une apathie. C’est fascinant de voir, comment une personne… Un être humain, ne puisse pas ressentir des émotions. C’est comme … Si quelque chose bloquait au fond d’elle tu sais ? Et qu’elle n’arrive pas à s'extérioriser. Je n’arrive même pas à imaginer ce que ça fait d’avoir une joie et être incapable de l’exprimer.” Lui dis-je assez passionné malgré le côté qui montre que je suis très embêté et rien qu’à voir son regard, Rory serait prête à me demander tout de suite pourquoi j’ai cette tête alors si j’ai un cas super génial, donc j’ai dit que j’ai couché avec cette patiente… Sans préciser que j’ignorai qu’elle serait ma future patiente. Je me pince les lèvres après avoir lâché la bombe assez vite, assez coupable de ce que j’ai fait quand même. Au moins, je l’ai dit et je sais tout simplement qu’avec Rory… Aussi adorable, mignonne qu’elle est, faut pas tourner autour du pot avec elle, elle sait vite les choses et elle ferait la tête si elle apprenait une sacré nouvelle qui me concerne par quelqu’un d’au… ” Aow !” Ma jambe a sursauté à la douleur que je me cogne contre la table et je grimace en grognant alors que ces bruits font retourner les personnes. Et à peine ai-je eu le temps de râler de la douleur à la jambe. ” Ma…” Oui, j’oublie qu’avec Rory, je ne peux pas toujours parler. Là, elle vient de m’embrasser toute contente pour ma femme. Je la regarde avec l’air de lui dire: tu ne peux pas être sérieuse Rory… Non mais, elle ne peut pas être sérieuse… Bon en même temps, c’est pas comme si je savais qu’elle déteste Joyce de tout son être depuis notre première rencontre. Je soupire quand elle parle déjà de la quitter… Seulement, ça se fait pas comme ça. ” Mais… Rory. Je me sens déjà mal à l’idée que j’ai pu tromper ma femme. Je veux dire, c’est mal et je ne peux pas la quitter comme ça, pour une jeune qui a plus ou moins ton âge…” Une pause, je fronce les sourcils et fais une moue. ”Mh… Elle a quasiment ton âge tout compte fait. Un an de différence.” Je passe ma main dans mes cheveux. En plus je trompe Joyce avec une jeune. Non, mais où va le monde en ce moment ? Le serveur arrive, je passe la commande et Rory aussi. La commande était prise et il s’en allait pour s’occuper de nous. ” Ahun. Je ne peux pas dire sa condition médicale.” Secret professionnel oblige. Surtout qu’elle n’est même pas au courant ce qu’elle a, je ne vais pas me mettre à dire à Rory avant la concernée de l’histoire quoi. Je montre les mains avec l’air désolé avant de sourire un peu. ” Mais elle est jolie oui. Elle a des cheveux argentés et franchement, entre nous, j’aime beaucoup.” finis-je par murmurer alors que le serveur arrive avec nos commandes. Oui j’aime beaucoup ses cheveux et on ne s’est rencontré que deux fois quoi… Décidément, y a un truc qui cloche avec moi. Je grogne en levant les yeux au ciel, un air faussement exaspéré alors que je me mets à bouger pour récupérer mon portefeuille ” Okey miss Powells !” finis-je par rire et je paye le montant des boissons. Je remercie le serveur et le regarde partir. Je reprends le sujet, en gardant le verre à la main dont je n’ai même pas pensé à quoi trinquer que le sujet me revint encore en tête. ” Mais plus sérieusement Rory. Toute cette histoire, ça ne m’aide pas dans les deux sens…. Je ne peux pas être son neurologue si elle ne me laisse pas indifférent. Ce n’est même pas déontologique, mais d’un côté, je sais que je vais m’en mordre les doigts si je laisse passer à quelqu’un d’autre qui va sûrement être à côté de la plaque du diagnostic et considérer l’apathie comme une maladie.” Une pause et un gros soupir. “ Le pire dans tout ceci, c’est que je ne l’ai vue que deux fois. Et plus je pense à elle, moins je me sens coupable d’avoir trompé Joyce. Mais plus je passe du temps avec ma femme, plus je me sens coupable et ne peux pas arrêter d’y penser.” Un vrai cauchemar… ” Heureusement que tu n’es pas dans une histoire d’amour aussi compliquée que la mienne. Je sens que j’vais perdre mes cheveux bien avant qu’ils ne deviennent blancs.” Pitié, qu’elle ne me dise pas qu’ils ont déjà commencé à blanchir.

”Je sais Rory… Je sais…” soupirai-je avant de me figer à sa moue qu’elle avait. Je penche ma tête avec un regard qui lui dit, non quand même pas… Elle n’a pas osé de s’aventurer dans ces pensées-là…? Je fronce les sourcils et secoue doucement la tête. Si Rory me lit comme un livre ouvert, moi aussi je sais la lire comme un livre ouvert. Je la désigne du doigt en rangeant vite mes jambes pour éviter une autre quelconque frappe. ” Nope. Je n’ai pas envie d’avoir des bleus aux jambes. Retiens tes pieds toi.” Je fronce les sourcils encore une fois de plus ” Je sais Rory. C’est ce que je me suis dit.” Et je suis un imbécile, encore une fois. Elle est gentille mais bon, c’est Rory, je ne peux pas la blamer pour ça. En fait c’est la seule qui peut se permettre...

” Hey. Je paye déjà dès le début avant je ne sois plus capable de compter. Parce que je compte bien ne pas rester sur un seul verre.” Une pause et je prends le verre, je trinque ” A nos histoires d’amour.” Et je bois quelques gorgées avant de grimacer et de soupirer de bien être ou tout simplement parce que l’alcool me brûle vraiment la gorge. Rah… Elle nourrit Phantom que je souris un peu avant de relever mon regard dès que Rory commence à rassembler les faits. Je ne vais pas aimer les écouter. Mhmh…” fis-je pour confirmer: oui j’ai bien couché avec une fille au cheveux argentés. Cela ne doit pas être commun de porter une telle teinture, mais en tout cas, niveau originalité. Elle gagne haut la main. C’est sûr. “ Quoi ?” fis-je en voyant son regard alors qu’elle n’a même pas continuer à récapituler. “ Mais… Qu’est-ce qu’il y a ? Rory dit quelque chose là.” fis-je en la voyant fouiller dans son sac comme si elle venait de se rappeler d’un truc et voilà qu’elle me montre le journal. Je fronce les sourcils en voyant la photo vite fait. ”Maiscékoicettemerde?” marmonnais-je dans ma barbe naissante tout en l’écoutant m’expliquer les faits. C’est vrai que Rory lit et écoute les rumeurs dans cette ville alors que je ne m’y prête absolument pas attention. Je trouve ça puéril et c’est écrit par les frustrés de la vie qui n’ont rien de mieux à faire que de pourrir celles des autres. Je me rapproche de la table pour me pencher vers elle, histoire de mieux l’entendre parce qu’avec tout le bruit autour, c’est assez embêtant bon sang… J’hausse les sourcils à peine surpris sur l’histoire des charmes. En même temps, c’est ce à quoi les danseuses de cabarets sont formées non ? Faire du charme, permettre aux clients de passer une bonne soirée ceci dit… Par contre les collègues qui fo…” Mais… Raah…” grognai-je à nouveau. Est-ce qu’elle a fini de me taper dessus oui ? Apparemment non et ce n’est pas mon léger regard noir qui va l’en empêcher. De toute façon, je la laisse toujours faire ça parce que elle fait ça dans le sens où je le mérite et là, je le mérite parce que ses paroles font mouches. Je soupire et finis par m’affaler sur la chaise en récupérant le verre au passage. ” Attends un peu Rory, on n’en est pas là. C’est sûr qu’elle mène une vie très pénible avec ses troubles, qui ne s’arrange pas du tout avec les personnes qui ont la jugeotte facile en lisant le journal sans se soucier des conséquences mais … Raaah. Pff. Je déteste quand t’as raison.” soupirai-je en croisant les bras, alors que je monte verre à mes lèvres pour boire d’autre gorgées.

Au moins, son histoire d’amour serait sûrement moins compliquée que la mienne. A l’entendre dire qu’elle se fait fréquemment sauté, j’arque un sourcil et pose les coudes sur la table (ainsi que le verre). ” Fréquemment sauter…? Tiens tiens, ma petite soeur aurait rencontré l’élu de son coeur…?” Je ricane un peu, l’air content d’elle alors que je fais mon possible pour ne pas l’imaginer dans sa petite tenue. Je devrais aller mollo sur la boisson peut-être. Enfin… ”J’espère que ce n’est pas le genre de gars qui t’a laissé tombé comme une pauvre merde la première fois.” Parce que sinon il aura affaire à moi. Enfin, même si c’est pas ce genre de gars là, il aura quand même affaire à moi.

Elle me tend le journal, en revenant sur le sujet sérieux. Je le récupère et regarde l’article avec la photo. Je relève mon regard vite fait à Rory. ” ça te dérange si je le garde ?” fis-je en soulevant à peine le journal de ma main avant de me remettre vite à la lecture, mais surtout m'attarder sur la photo, je souris un peu en voyant ses cheveux argentés. C'est vrai que ça lui va bien... Je soupire “ En même temps un tel journal, ça m’étonne pas que ça écrive des crasses… J’en lis même pas parce que j’aime pas ce genre de journal…” Je me tais et écoute d’une oreille attentive alors que je lis en même temps… Puis au final, je soupire ”Honnêtement, durant notre premier rendez-vous … Enfin si on peut appeler médical. Elle n’a pas arrêté de vouloir me séduire au lieu d’être une patiente. Elle est plus là par contrainte à cause de son père, donc pas de son plein gré. Si je la reprends et l’empêche de voir un autre neurologue et qu’elle continue, je ne peux pas faire grand chose si elle n’est pas capable de différencier la relation patient/médecin et ... “ Je m’interrompts, relève mon regard vers Rory et me mords intérieurement la lèvre avant de soupirer. ”.... Relation d’une nuit. J’aimerai bien l’aider, l’empêcher de mourir, mais si elle ne m’aide pas en retour, ça ne va pas le faire… Après, on ne peut pas tout juger d’un seul rendez-vous. Ceci dit, elle m’a donné une sorte de carte de visite du lieu où elle travaille quand j’aurai “craqué”... Ce serait mal de venir la voir au zoo en tant que médecin… Enfin bref… Je ne sais pas Rory. Je suis dans le flou total parce que y a bien une partie en moi qui est tentée de dire merde à tout ça et aller la voir sans réfléchir. Une autre plus calme, plus posée qui me dit de ne pas m’enfon… Oh.” m’interrompts-je en voyant le nom du journaliste qui a écrit et j’en ai le regard totalement surpris. ”Tu ne peux pas être sérieux là…” J’ai l’air blasé tout d’un coup et je laisse retomber le journal sur la table. Léo Emerson ? Sérieusement ? ” Je déteste des fois Bowen. Ca ne t’arrive pas de détester cette ville et regretter Sydney par moment ?” Une pause. ” J’irai la voir. Voilà, c’est décidé.” fis-je en récupérant mon whisky que je finis. Je recommande un autre dont cette fois-ci je laisse Rory payer, je prends un gâteau apéro que je mange tranquillement.

De l’eau ?
J’arque un sourcil avec cet air interrogateur, qu’est-ce qu’elle veut.. Ah. C’est pour Phantom, je réalise un peu tardivement que j’hoche la tête signe de compréhension. J’avais un petit sourire en regardant le chien à nouveau et je l’aurai encore caressé à coup sûr si nous étions pas dans un endroit public où les chiens n’étaient pas permis. Je soupire un peu et hoche la tête.  « Ouep. J’aurai la flemme de rentrer chez moi…» Rory peut le comprendre autrement: je préfère finir la soirée chez elle et la terminer un peu dans la bonne humeur. Joyce ne dit rien à ce propos, elle ne se fait pas des idées ceci dit, y en a pas besoin de toute manière. Elle sait que nous sommes vraiment comme un frère et une soeur de coeur, même si j’ai l’impression que ça l’agace, sûrement parce que Rory a toujours su se montrer assez familière avec moi. Je lâche un rictus à moitié amusé à sa réponse ceci dit.  « À mon merdier… »

 « Un… Deux… Les deux secondes sont passées. » Je croise son regard et je fais un faux-sourire. Je sais, ma blague est très nulle, mais au moins, je l’assume. Puis c’est vrai quoi, c’est assez inquiétant quand elle agit comme ça, ce n’est pas toujours bon signe, même si des fois, elle aime bien me faire peur ainsi. Enfin bref, ce n’était pas une bonne nouvelle, vu l’article. Je me penche vers Rory pour mieux l’entendre parce que le bruit ambiant n’aide pas du tout et ça m’énerve. Je plisse les yeux gêné par le bruit, mais je parviens tout de même à tout entendre. Je penche un peu la tête en écoutant les premières lignes. « Eh, c’est pas si mal ça… Et je confirme, je n’avais pas la moindre idée de ce que c’était comme endroit. Un collègue nous y a emmené pour nous changer les idées après une dure journ… » Elle continue la lecture alors que je ne termine même pas ce que je suis en train de dire et fronce les sourcils.  « Mh ?! » fis-je assez surpris, je tourne le journal vers moi pour le lire mais je n’ai pas eu le temps que Rory me dit que si elle finit par mourir, c’est de ma faute. Je fais tout mon possible pour dire le contraire et je lève la main avec un air exaspéré alors qu’elle me demande d’assumer. Je grogne quand je réalise qu’elle a raison. Ça m’énerve d’être à court d’argument et je ne garde pas ma mine renfrognée pour longtemps.  « J’ai un truc dans mon regard ? Ouh là. » Mais après ça, je suis resté silencieux quelques secondes, le temps que ça se cogne bien dans ma tête. Je ne contrôle pas totalement mon corps et il en va même à me trahir quand il s’agit de Svetlana, est-ce que c’est ce qu’on appellerait l’attirance ? C’est sûr que c’est différent de le ressentir et de le reconnaître théoriquement. Je soupire « En même temps… Je ne pouvais pas passer à côté. » marmonnai-je assez vaguement dans mes paroles. Le regard un peu dans le vide, j’étais plus ou moins reparti à cette soirée où nous nous sommes rencontrés pour la première fois.

Je plisse les yeux et hoche un peu la tête avant d’avoir eu un geste qui démontre ma surprise. « Tu es exclusive ? Ah oui donc, vous n’avez aucun engagement entre vous deux. Wow… J’ai dû louper une partie de ton évolution dans la matière d’amour. » fis-je avant de lui tapoter la main. « Oui donc, en évolution. À suivre… » Et je souris en coin avant qu’elle ne retourne le sujet me concernant. Bon bon, au moins j’ai pu prendre un peu de ses nouvelles, parce que je n’aime pas forcément parler de moi pendant toute la soirée, mais c’est ce qui va arriver en fait. Je regarde l’article au final et me mets à lire les mots. Je fronce les sourcils et ne pense pas que ce soit aussi méchant que ça, mais je me doute que les gens qui lisent ce journal n’ont pas assez de re… Je sursaute alors qu’elle tape la table. « Hey ! » Merde j’étais en train de lire ! Je lève les yeux au ciel et soupire.  « C’est bon, j’ai compris ! Je n’allais même pas dire ça, mais ces idiots qui lisent le journal n’ont pas forcément le même point de vue. Ils regardent toujours d’un mauvais oeil les nouvelles choses et les interprètent comme ils le veulent.» Une pause le temps que je récupère le verre et boive. « Et tu laisses mon joli cul tranquille merci. »

N’empêche que je reste tout de même perdu dans la situation à laquelle je me trouve. Ce n’est franchement pas agréable et je me sens assez … Dans le vague, le gros flou même. Elle tombée sous mon charme ? Elle ne fait pas les hommes mariés de toute manière. Elle … « Elle est peut-être contrainte par son père… Côté financier. C’est ce qu’aurait fait le mien si j’allais à l’encontre de ce qu’il attend de moi si sa solution préférée ne marche pas. » Et par solution préférée: lever la main sur moi. Je soupire profondément et repense à mon frère qui s’est suicidé, n’ayant plus d’argent, n’ayant plus le soutien de sa famille à part moi, mais qui ne pouvais pas faire grand chose. Il s’est suicidé alors que j’étais son dernier espoir… « Mmmh… » Seule dans la vie… Je soupire. « Ça ne m’étonnerait pas… Vu comment elle doit constamment faire face à tous les professionnels dans la médecine, j’aurai flippé si je me retrouvais comme sujet d’expérience… Un peu comme le rat de laboratoire. C’est même la parfaite définition de l’apathie. Tout le monde se focalise sur cela comme si c’était une maladie, personne ne regarde comme si c’était un symptôme et ça, c’est très dur pour la personne atteinte… Ouais… Se peut qu’elle soit seule contre tous. » Et je n’avais pas réalisé ça avant. Discuter avec Rory me permettait d’ouvrir les yeux. Heureusement qu’elle m’aide assez, parce que je ne sais pas ce que j’aurai fait si elle n’a pas été dans ma vie. En fait, je devrais remercier Joyce pour ça, sans elle, on ne se serait pas rencontrés.

Est-ce que je suis toujours attiré par elle ? Je réponds immédiatement à la question tout en hochant la tête. Je laisse mon coeur parler et non la tête. Je ne la regarde pas forcément quand elle me parle, mais elle sait que j’écoute en même temps que je suis dans mes pensées, en train de chercher une solution. « On ne vit qu’une fois n’est-ce pas…? » souris-je en fin de compte et relève mon regard vers elle. Puis je reviens sur l’article, je trouve un détail assez fâcheux et je me sens légèrement énervé sur le coup. « Des fois j’ai l’impression que Bowen est une petite ville et que je retrouve tout le monde, même ceux que j’aurai plutôt préférer éviter. Sydney a le mérite de m’éviter ça.» Et c’est la seule chose que je regrette de cette ville ceci dit. Je regarde sa photo en même temps qu’elle. « Elle est un arbre mort… C’est ce qu’elle n’arrête pas de dire. Elle voit les choses assez noires et… Ça ne m’étonne pas. » soupirai-je en posant mon coude sur la table, la main sur mon arrière du cou. J’attends mon autre verre tout en mangeant, je fais un geste que je termine de manger avant de lui répondre à la question « Le nom de la personne qui a écrit cet article. Je le connais. C’est un journaliste free-lance qui vent les articles au plus offrant, si j’ai bien compris ce mode de fonctionnement dans ce milieu… Enfin bref, cet homme sait des fois descendre les gens avec des mots bien choisis, il saurait même remuer le couteau dans la plaie. Puis, tout ce que tu me dis.. Pfff… Autant essayer de faire connaissance et m’assurer qu’elle va bien, je n’en dormirai pas la nuit si elle viendrait à décéder un jour… Mais cette fois-ci en tant que Mason et elle en tant que Svetlana, et non le médecin et Winter. » Le serveur arrive avec mon verre.  

 « Sérieux ? » fis-je en haussant les sourcils. À voir son regard, je détourne le mien et pose la main contre mon front. Ben merde alors… Faudrait vraiment pas que Joyce le remarque parce que sinon, c’en est vite fini de moi là sur le coup. Le mariage, pourquoi je me suis marié sérieusement…? Ah oui, ma famille. Décidément, cette famille me rend fou même en n’étant même pas là, n’ayant même pas une place dans ma vie quoi. C’est super agaçant. Sur le coup, je soupire et marmonne dans ma barbe, sans chercher à ce que Rory m’entende. Mon mariage devrait être vraiment pourri si Rory se met à penser que j’ai quelque chose avec une autre. Ceci dit, je n’ai pas pu m’empêcher de poser la question sur les amours de ma soeur et je souris quand elle m’en parle. Y a un engagement, mais sans engagement. Donc un mi-engagement…! Je pose la main devant ma bouche et l’écoute s’expliquer, je fronce un peu les sourcils en écoutant le mot appartenance… « En gros, tu n’as pas le droit d’aller voir ailleurs, mais lui oui… » Je suis assez perplexe sur le coup. Bon ceci dit, ma femme ne voit pas quelqu’un d’autre, mais moi oui… Sauf que je ne l’ai fait qu’une fois et je n’ai pas l’intention de la tromper une fois de plus, ce n’est pas possible. Enfin bref, ça aussi à suivre en plus de l’histoire de Ciaran et Rory. Ceci dit, s’il fait du mal à Rory, Ciaran risquerait de le regretter… Enfin, si on n’en vient pas aux poings, ça je ne peux pas.

« Fait pour être chiant, mais qui nous aiment quand même. Même si j’ai de gros doutes sur les miens. » Surtout mon père. Et c’est reparti pour l’alcool morose. Je fais un petit geste, le regard un peu dans le vide avant de la rassurer vite fait.  « Non non, t’inquiète. J’vais pas sur ce chemin là. » Je me redresse sur ces mots et j’ai commencé par soupirer en repensant à mon frère qui est aujourd’hui décédé. Je ne me sens pas bien à cette idée et je m’accoude à nouveau sur la table, la main sur ma joue et j’écoute Rory et fronce un peu les sourcils. « Mhmh… Ouais, maintenant que tu me le dis… C’est forcément possible. Ils se cachent derrière beaucoup de choses comme tu dis, le sexe, le travail… Enfin ce qui leur fait du bien un minimum ou les aide à penser à autre chose. » Et dire que dans mon cas, je bosse tellement et dans celui de Rory, la danse prend toute une place importante dans sa vie. Surtout qu’en ce moment, elle a un très grand rôle. Je fronce les sourcils, elle me parle de la chimie des deux corps ? C’est un cours que j’ai entendu y a des années, mais je n’avais pas trop prêté attention, mais je n’étais pas sans savoir ce que c’était. Juste que le vivre en vrai est plutôt différent de ce qu’on apprend en théorie. J’écoute attentivement son histoire avec Ciaran et j’hausse les sourcils avec l’air de lui demander: sérieusement ? Avec un homme marié ? Elle a vu mon regard qu’elle m’a tout de suite rassuré… Ouais, alors là, je le suis à moitié. Du moment où elle est heureuse et qu’elle va bien, je ne vais rien faire. Je lui ai déjà promis de ne jamais faire quoi ce que ce soit dans sa vie amoureuse, tout comme elle ne ferait rien qui pourrait briser mon couple avec Joyce. Juste donner des conseils…! Dans tous les cas, les paroles ne passaient pas d’une oreille et ressortait de l’autre. Je l’avais vraiment écoutée et forcément, à peine sorti de mes pensées j’ai posé une question idiote, mais pas si idiote que ça: on ne vit qu’une fois…! Mh. Et y aurait pas forcément de secondes chances, on ne refait pas le monde avec des si… Pas Bowen pas Rory, pas Rory pas Phantom. Elle marque un po… Oh ! Phantom ! Je souris quand elle me le passe pour finalement le retrouver dans mes bras. Enfin, le sac dans mes bras bien sûr… Je fais une moue et hausse les sourcils avec un regard vague alors que j’étais sur l’article qui m’énerve déjà de base. Je caresse discrètement le chien qui au final me lèche les doigts. « Carrément. Je n’aurai pas été aussi heureux là-bas que je ne le suis ici. » Et c’était vrai, je m’épanouis très bien ici malgré mon travail très prenant. Je fais ce que je peux, mais je n’ai pas de contraintes avec ma famille par exemple ou encore des soirées à y aller pendant des jours. Pas un moyen de se poser quoi…! En gros, soigner son apparence et ne pas devoir dériver. Sauf que là, j’ai plutôt bien dérivé. J’ai plutôt suivi mon coeur et mes sentiments, je les laisse plus facilement extérioriser contrairement à Svetlana. J’hausse les épaules alors que je mange vite pour ensuite parler. « Mmmh… Non, j’ai plutôt l’impression que c’est une fille qui est coincée entre les racines d’un arbre mort qu’elle peine à s’en libérer. » dis je d’une traite, faut savoir que j’ai pu réfléchir en mastiquant bien sûr. Je souris à l’animal «  Goudi gouda ! » Je le caresse des deux mains et ça m’aidait bien à me calmer et surtout à freiner sur ma consommation des verres. J’ai déjà expliqué la situation du journaliste et je soupire. «  Ouais. » Je donne le petit four que j’ai pris pour Phantom alors que je mange un autre qui était pour moi. J’arrête de bouger au final quand elle me pose la question. Je la regarde un peu bizarrement: est-ce que c’est une question ou juste une affirmation que Rory vient de me poser ou…? Elle s’amuse de mon regard qui se veut perdu, mais qui n’est pas si perdu que ça parce que je sais que dans le fond… Ouais hein, je l’aime bien. Seulement, ça devient vite sérieux. Elle attrape ma main qui trainait par là pour récupérer le verre et lève à peine les yeux au ciel quand je comprends où est-ce qu’elle veut en venir, ce qu’elle veut faire maintenant. Je pouffe de rire et la laisse faire où je serre le petit doigt. « Deal. » Promesse du petit doigt. Je voulais rester sérieux, mais je n’ai pas réussi à contenir mon sourire avant de sentir Phantom me lécher les doigts de la main libre. « Tu es un peu une mauvaise influence tu le sais ça ? » Et encore, je sais ce qu’elle va me dire: je ne suis pas heureux avec Joyce. Ce n’est pas un vrai mariage que nous avons ensemble. De toute façon, je vais faire connaissance avec Svetlana, pas en tant que médecin…! « Meh, voyons. Je suis sûr que mon comportement de gamin va finir par la fatiguer. » Je la désigne du doigt. « Toi t’es une exception. Je ne sais pas comment. En fait je sais plus. » J’ai un peu bu trop vite en fait. Je soupire totalement et hausse les épaules. « Je verrai comment ça se présente quand j’irai la voir… Je t’enverrai un message skype. »

Je souris quand je parle d’elle ? Ah oui, effectivement. Je souris là maintenant, mais c’est peut-être parce que Rory m’a dit que je souris alors ça me fait sourire ou tout simplement parce que je pense à Svetlana qui me fait sourire et que du coup ça me fait sourire. Ouh là, je me perds totalement…! Tout de même, je reste quand même dans le déni, je ne peux pas … Non, ce n’est pas possible que je puisse tomber amoureux de quelqu’un d’autre et que je préfère quelqu’un d’autre que Joyce. En même temps, connaissant Rory, elle ne serait pas surprise que je veuille voir ailleurs alors que moi… Ben, ouais, je reste surpris. C’est peut-être mieux que je parle de son copain, Ciaran de son nom. Qui est-ce gars et comment ils vivent leur relation de couple ensemble ? Sauf que, ce n’est pas quelque chose à laquelle je m’attendais: une personne possessive qui a bien le droit d’aller voir ailleurs, mais que ça ne dérange pas Rory tant qu’elle est au courant. Ce n’est pas si mal que ça comme concept en fait… J’hoche la tête tout de même perplexe, mais est-ce qu’il l’autorise tout de même à vivre et à faire ce qu’elle veut en fait ? C’est une question que je poserai sûrement plus tard… Plus tard, après notre sujet de conversation sur nos parents. Je soupire grandement quand Rory parle d’être un enfant médicament, je sais que nous avions déjà eu une conversation là-dessus, en fait plusieurs… Mais enfin, c’est une chose que nous sommes pas forcément d’accord. « J’ai du mal à croire que tes parents ne t’aiment ne serait-ce un peu Rory… Je ne sais pas comment le décrire, mais même si je déteste mon père, il a toujours eu un minimum d’affection pour moi et même ça me fait mal de l’admettre, moi aussi… Même que j’ai appris qu’une mère a un lien assez important avec son enfant après la naissance et qu’ils partagent l’amour. Peut-être que tu es née dans le but de sauver ta soeur, ça ne les a pas empêché de t’aimer un minimum… » Je lui caresse la main du mieux que je peux et je souris quand elle répond que c’est le sexe et le travail qui l’aide plutôt. « Suffit de regarder mon planning qui n’arrête pas de changer toutes les semaines et qu’enchaîner un minimum douze heures en moins de 24h ne me dérange pas. » Alors que Joyce avait des horaires tout à fait normal donc qui fait qu’elle ne comprend pas ce que ça fait d’être totalement fatigué. Très fatigué à un point que vouloir aller à une soirée n’est pas très tentant. Enfin bref, je m’occupe comme je peux avec le boulot, plus qu’avec le sexe…

« Ouais alors Rory. On n’en est pas encore là ! » fis-je en me redressant avec un petit rire et ce n’est pas envisageable. Je ne vais pas me débarrasser de Joyce comme ça parce que j’ai une fille qui me plait et que je ne peux pas… Enfin, je ne peux pas être avec elle, avoir une relation avec elle parce que ça finira toujours par savoir et je ne suis pas doué pour cacher mes émotions. Rory, même Joyce sauraient me lire comme un livre ouvert en fait. En fait, je ne sais pas si je peux me dire ça, mais j’ai l’impression qu’on ne se comprend plus comme avant. Je bois mon verre alors qu’elle me pose les questions sur mon mariage, je réponds pour l’instant par un haussement des épaules. Je n’en ai pas la moindre putain d’idée. Je n’ai pas eu le temps d’ouvrir la bouche qu’elle reprend la parole tout de même. « Eh ! » grognai-je alors que j’arrêtais de caresser Phantom. Putain, j’aime pas quand on me pointe le doigt que j’aurai quarante ans et que je n’ai rien à part un bon métier avec de bons revenus. Je finis par ricaner à la dernière phrase et pose mon verre contre mon front. « Rory. C’est mon mariage, nous sommes mariés depuis dix ans et nous traversons tous les deux une mauvaise passe. Joyce et moi sommes des amis d’enfance et nous avons vécus beaucoup de choses ensemble, que ce soit dans nos familles, que ce soit autrement… Pfff… Va pas me dire que je m’y connais rien à l’amour sinon … Je te confisque tous les gâteaux avec Phantom. » fis-je en conclusion tout en ramenant l’assiette vers moi avec un air déterminé et blasé à la fois… Boudeur peut-être ? Ch’ais plus quelle tête j’ai, de toute façon je m’en fiche. Je récupère le petit gâteau que je donne au chien pour soutenir mes paroles. Voilà. Fallait pas m’embêter avec le mariage.

Je soupire et réponds avec un petit sourire compréhensif. Il faudrait que j’essaye de lui montrer que je suis là, que je pourrai l’aider et que je veux essayer de la comprendre, mais… Je sais que d’un autre côté, je ne vais pas savoir me débrouiller comme il faut et que je vais la piétiner comme tout le monde. Je n’ai rien d’exceptionnel en fait, je suis juste… Un simple chirurgien neurologue, ayant quitté sa famille nocive, qui a perdu son frère dans un suicide, qui n’est même pas fichu de savoir s’imposer à sa femme… Et qui se bourre la gueule avec sa meilleure amie parce que je suis nul pour garder les secrets. M’enfin bref, je fais quand même la promesse du petit doigt pour essayer de la connaître, mais je sais que dans le fond, Rory espère que ça me fera quitter ma femme. « Oui en gros, tu me demandes de coucher avec elle en fait. Et laisse Ciaran tranquilleuuh. Je vais pas demander le divorce ! T’es pas possible toi ! Quand je te dis que t’es une mauvaise influence ! » fis-je en rigolant au final tout en la tapant gentiment son bras qui était sur la table. Non non, je ne me vexe pas du tout, je prends ça à la rigolade. C’est ça qui est cool avec Rory, c’est qu’on peut plaisanter tranquillement et qu’on ne se prend pas la tête. En fait, mieux vaut pas qu’on se prenne la tête parce qu’avec nos forts caractères, ça ne m’étonnerait pas qu’on finisse par se bouder pendant quelques jours avant de se réconcilier.

«  Peut-être ! Mais y a que toi qui peut supporter mon côté chiant pendant des semaines ! » fis-je en la désignant du doigt avant de boire mon nouveau verre tout en caressant discrètement Phantom. Je rigole dans mon verre quand je la regarde rire. Décidément, quand elle rit, je ris. Quand je ris, elle rit. On est définitivement sous l’effet de l’alcool, faudrait se calmer et qu’on se mette à manger là. Je passe la main sur mon front tout chaud, ouh là oui… J’ai assez chaud ici… Je voudrais bien sortir pour fumer une cigarette oui…! Je fronce les sourcils et la regarde à nouveau perplexe. « Sérieux ? » Il la gronderait parce qu’elle a trop bu ? Enfin, ceci dit, j’aurai fait de même si Joyce avait trop bu, mais ça ne lui était jamais arrivé… Du moins pas depuis des années. «  Attends attend attends Rory. Attends. Tu te ferais engueuler à cause de nos conneries ? Que tu ne manges pas assez ? Parce que tu n’aurais pas été sage ? » Je suis un peu perturbé sur le coup.  « Mais en fait, ce mec…? Il te contrôle totalement ou quoi ? Quand tu disais que tu lui appartiens, c’est jusqu’à savoir comment t’habiller et quoi manger dans la journée ? C’est pas un peu à la Christian Grey ? » Je soupire et mets la main sur ma joue, dépité. « Sérieux, le monde part en couille… »

Je vois bien que Mason est en proie à un conflit interne. Choisir entre sa psychobitch de femme et cette nouvelle fille dont je n'avais encore jamais entendu parler. Je dénigrai Joyce, je la détestai mais je n'étais pas la seule. Muller aussi la haïssait. C'était une femme froide et antipathique qui ne méritait pas quelqu'un comme Mason. Cependant, j'avais peur pour lui. J'avais peur qu'il retombe dans ses vieux travers et cette jeune femme ressemble comme deux gouttes d'eau à son épouse. Alors que la conversation dérive vers nos parents respectifs, je ne peux retenir un petit rire mauvais. Mes lèvres se retroussèrent dans une expression carnassière et je vidai mon verre de soft d'un coup. Mes parents ne m'aiment pas. Je l'avais dit à Zoé. et si Mason avait pu rencontrer Mère et Père, un jour, il le saurait également. Ma mère m'a forcée à donner un rein, se doutant que ça risquait de me tuer. Tu peux bien dire que ton père, à toi, avait de l'affection pour toi mais pas mes parents. A vrai dire, il ne savait pas de quoi il parlait. Je soupirai pour faire finalement signe au serveur de m'apporter quelque chose de plus fort. J'allais enfreindre ma règle la plus sacrée mais parler de Ciàran, de Joyce et de mes parents n'était pas un bon mélange pour passer une bonne soirée. J'éclate de rire lorsque mon ami me confirmait donc qu'il était un peu frustré. je fouille dans mon sac pour faire glisser un préservatif sur la table. Envoie-toi en l'air. Avec ta pouffe ou ta maitresse mais ça te fera du bien, je pense. Je n'aurai jamais cru dire ça un jour. Que le sexe détendait les gens. Je suis restée très longtemps sans le faire et je ne me considérai pas comme entièrement satisfaite de l'arrangement avec Ciàran mais c'était à prendre ou à laisser. Tôt ou tard, j'en souffrirai dû à ma grande crédulité mais pas maintenant. Je n'avais pas le temps pour ça. Mais il te faut quoi ? T'es heureux avec elle ? Genre vraiment heureux ? Parce que le simple fait que tu préfères dormir chez moi plutôt que chez toi prouve que tu ne l'es pas. je veux juste que tu sois épanoui. Comme toi aussi tu le désires pour moi, non ? Je penche un peu la tête sur le côté pour soupirer. Joyce allait donc parasiter nos vies encore un petit temps et je devrais faire avec. Je n'allais tout de même pas obliger mon meilleur ami à choisir entre sa femme et moi. ça serait tellement injuste et cruel. Confisque tes gâteaux, j'en ai pas mangé un seul. Mais t'y connais rien. J'ai été une fois amoureuse et je sais ce que ça fait. C'est quoi ton trip ? prendre ta femme en missionnaire tous les vendredi soir devant le Juste Prix ? passer plus de temps à t'engueuler avec elle qu'à avoir de l'affection ? Je savais qu'il se disputait beaucoup avec elle car il m'appelait à chaque fois. Je suis fatiguée. J'en ai marre de te voir si... putain mais faut quoi pour que t'ouvres les yeux ? Tu veux des enfants, elle en veut pas. tu veux un chien, elle en veut pas. Tu jettes des bombes à eaux sur les gens et elle a un manche à balai dans le cul. Certes, vous vous connaissez depuis l'enfance et alors ? J'irai pas épouser mon pote de couches uniquement parce que j'ai que lui. Je secoue la tête, en colère. Je crois que depuis le début de notre amitié, je n'avais jamais été aussi furieuse contre Mason. Non pas parce que je ne l'aimais pas mais parce qu'il n'aimait pas sa femme. Il se tuait au boulot et lorsqu'il rentrait chez lui, il n'avait même pas la paix. C'est ta vie, tu fais ce que tu veux, concluai-je. Car je n'avais pas le temps pour ces conneries. Lorsqu'on en vient à faire la promesse du petit doigt, je souris. Si ton pénis glisse dans son vagin, ça ne sera pas sur mon ordre. Je te demande d'être heureux, putain. Je m'approchai un peu pour sentir son souffle alcoolisé contre moi. On pourrait prendre tout ceci comme un simple rapprochement ambigu mais pas pour nous. je me redresse et pose mes lèvres sur son front comme je l'avais fait un milliard de fois. J'avais peur de le perdre à cause de tout ça. J'avais peur qu'il fasse une dépression ou je ne sais quoi. ça fait des années que je le supporte, fis-je en éclatant de rire. et tu supportes mon côté reine des glaces et de mal baisée. Bon le dernier terme n'était pas entièrement vrai mais il résumait assez mon caractère. J'étais joyeuse avant. j'essayai de le redevenir mais avec un mec aussi sombre et mon boulot qui me prenait un temps fou, je n'en avais plus le temps. Je vide un nouveau verre cul sec avant de secouer la tête. Christian Grey à côté, il est sympa. mais bon, c'est le seul mec qui veut de moi donc je n'ai pas trop le choix. je vais finir seule avec Phantom, sans enfants et sans attaches. Amen.

Le fait que les parents de Rory ne puissent pas l'aimer m'étonne beaucoup en fait, parce que je ne sais pas... Je ne m'y connais rien en parenté, parce que je n'ai jamais eu d'enfant et parce que Joyce refuse d'en avoir... Mais de là à savoir que les parents n'aiment pas leur enfant, de là à ne pas ressentir une once d'amour m'étonne énormément. C'est souvent un sujet où Rory et moi on se prend la tête et ça ne devrait pas me surprendre. Pourtant... Je trouve ça assez étonnant ouais... Peut-être que j'en saurais plus si je rencontrais ses parents en fait, tout comme elle devrait rencontrer les miens. Mais je ne me sens pas prêt pour cela. Je ne me sens pas prêt à revoir mon père tout court, même s'il m'aimait et même si j'ai une once d'amour pour lui, j'ai surtout de la pitié et de la haine pour ce qu'il m'a fait subir en fait. C'est tellement ... Je soupire grandement face à Rory qui reste fermée sur ce sujet, qui martèle que ses parents ne l'aiment pas. Soit. Je ne changerai pas d'avis tant que je ne l'aurai pas vu de mes propres yeux. Elle le sait, je suis un scientifique qui ne croit pas en Dieu, mais qui croit à ce qu'il voit.

J'éclate de rire quand elle pose le préservatif sur la table, alors que j'ai été interrogateur par le fait qu'elle cherchait un truc dans le sac, mais je ne savais pas quoi. Le coup du préservatif était plutôt inattendu que je finis tout de même par le prendre, non pas pour cacher cela à la vue de tous. Après tout, ce n'est pas nouveau que tout le monde nous prenne pour un couple, vu comment on a l'air proche l'un et l'autre, comment on se touche tous les deux (esprits pervers éloignez vous). " C'est sûr que le sexe a ses bienfaits, ça détend tellement..." Mais encore faut-il qu'on ai l'esprit pour ça, le temps aussi et l'énergie... Quoique, l'énergie ça ne compte pas trop. Mais voilà. On m'a compris quand même. " Mais ça m'étonne venant de toi quand même, toi qui est plutôt du genre à te focaliser sur ta carrière de ballerine...!" Après tout, cela devait venir sûrement de Ciaran, il la change, c'est sûr. Il lui fait découvrir d'autres choses, c'est d'autant plus sûr. Au moins, il a le mérite d'élargir sa vision sur le monde, mais j'ai aussi cette impression qu'elle pourrait sombrer.

" Si je viens dormir chez toi, c'est parce que tu sais que dans le fond... Quand je rentre un peu bourré, je suis intenable et je fais pas mal de conneries. Je n'aime pas commencer les matins avec Joyce qui me fait la tête eh." soupirai-je. Et je soupire encore une fois de plus alors que je cherchais à répliquer en fait, mais je n'y arrive pas. Tout simplement, je reste un peu affalé sur ma chaise...! " Mais je ne suis pas à plaindre à 100% dans le fond... Quoique..." Bon voilà, je me fais interrompre, je finis par lui confisquer les gâteaux et puis voilà. C'est pour moi et Phantom, d'ailleurs, il en profite pour grignoter quelques bouts de gâteaux que je lui donne en toute cachette. Je souris et lui tire la langue quand elle me balance qu'elle n'a pas mangé de gâteau. "Mon oeil je t'ai vu en choper un !" Avant de me faire fermer le clapet et adopter un air blasé, j'en détourne même mon regard agacé à chaque fois qu'elle parle de baiser avec Joyce, je me demande si c'est pas son cauchemar tous les soirs pour qu'elle se maintient réveillée, ou encore pour se dire qu'il y a pas pire comme situation que moi...! Je m'y connais rien en amour, non mais... ? Je ne m'y connais rien en amour. Je te jure elle...! " Tu n'as pas une putain d'idée de ce qu'on ressentait à l'époque et à quel point on se sentait proche. On était amoureux, pas parce qu'on partageaient des points en commun merde." Du moins, c'est ce que je crois, qu'on était amoureux quand même...! Je grogne et m'affale encore une fois sur la chaise, mais je ne reste pas énervé plus longtemps que je caresse Phantom qui lèche mes mains, sûrement parce qu'il reste des gâteaux dessus. Ah mais, qu'il se serve hein...!

Rory et moi, on rit, on fait des conneries, on s'engueule, mais on se réconcilie et on repart sur de bonnes bases en quelques secondes. On n'est jamais resté fâché aussi longtemps et je doute que ce soit ce soir en fait. Je baisse ma tête sous un rire et dont le sourire ne me quitte pas maintenant qu'elle me parle de ne pas être une mauvaise influence, elle me veut juste heureux. Et je devrais essayer... Au moins une fois, la voir au zoo, même si dans le fond, je sais que c'est une mauvaise idée. Ce serait me mener dans la spirale des pires sentiments en fait. Je ferme les yeux quand elle m'embrasse le front et me sens bien sur le coup. Je finis par mettre la main sur son épaule pour la pousser gentiment sur sa chaise maintenant qu'elle me dit que ça fait des années qu'elle supporte mon côté chiant. " Mais je t'emmerde." Avant d'arquer un sourcil et d'être moyennement d'accord que j'en fais un signe de main pas convaincu. " Mal baisée... Mh, tu te fais bien baiser par monsieur Ciaran que je n'ai jamais rencontré ceci dit..."

On revient sur Ciaran sur le coup. Je fronce les sourcils, assez intrigué et inquiet sur le coup. En fait, le monde part en couille et Rory surenchérit, elle parle et m'explique davantage. Sûrement grâce à l'alcool dont elle commence à ne plus tenir. Je crois qu'elle abuse un peu trop et faudrait que je la stoppe en fait. Je pose la main sur son poignet alors qu'elle dépose le verre. " Eh. Arrête de dire des conneries. C'est pas parce que Ciaran est le seul mec qui veut de toi que tu dois finir avec lui. T'en sais rien, si ça se trouve y en aura d'autres, mais qui n'ont pas autant d'audace à t'aborder directement quoi. J'aurai mis des années moi si je voulais aborder Svet si je n'étais pas marié..." Je fais une petite tape gentille sur son poignet. " Allez, on quitte ce bar... Je sais où on va après. On va prendre l'air, puis on va faire un karaoké, chanter faux, briser les tympans des gars." fis-je avec un petit sourire en coin encourageant. Et au final, on quitte tranquillement ce bar. Je pourrai enfin fumer en plus. Yey !